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ÞÏíã 16 Nov 2011, 08:11 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'
(Partie 8)

La règle du hukm et du ism

Le takfîr et le tafsîq dépendent des questions du hukm (statut d’un cas particulier) et du ism (nom ou description d’un acte). Ils impliquent donc un certain nombre de choses :
  • La menace divine dans l’au-delà,
  • Les sentiments d’alliance (l’amour et la haine en Dieu),
  • La sacralisation du sang sur terre, etc.[1]

Il faut donc distinguer entre l’acte ou la parole qui est une bid’a et leur auteur. À titre d’exemple, la Mère des croyants ‘Âisha – qu’Allah l’agrée – contestait à ibn ‘Abbâs et bien d’autres Compagnons que Mohammed (r) vit Son Seigneur la nuit de l’Ascension. Elle allait jusqu’à dire : « Quiconque prétend que Mohammed a vu Son Seigneur aura gravement menti sur Allah (I). »[2] Or, la majorité des savants de la communauté rejoignent ibn ‘Abbâs, mais ils n’ont pas taxé d’innovateurs tous ceux qui se sont mis du côté de la fille d’Abû Bakr – qu’Allah l’agrée – en contestant la chose.

Cette même ‘Âisha remettait vivement en cause que les Quraishites tombés la bataille de Badr aient entendu le sermon que le Prophète (r) leur prodigua. Après les hostilités, il avait pourtant prévenu ses Compagnons une fois que les corps avaient été rassemblés : « Vous n’entendez pas mieux qu’eux ce que je suis en train de leur dire. »[3]Celle-ci n’accordait pas que les morts puissent entendre, et prétexta qu’en fait, il voulait leur faire savoir que maintenant ils savent que je leur disais la vérité.[4]

Nul doute, toutefois, que les personnes mises en tombe entendent le départ du cortège.[5]En outre, il est certifié que le Prophète (r) est l’auteur des paroles : « Quand un mort, qui, dans sa tombe, reçoit le salut d’un passant qu’il connaissait de son vivant, on lui rend son âme afin qu’il puisse le lui rendre. »[6]Etc.

La Mère des croyants s’en ait fait sa propre interprétation, qu’Allah l’agréé ! Il est dit également que Mu’âwiya (t) pensait que le meilleur des hommes avait fait son Ascension avec son âme uniquement.[7]Des exemples de ce genre, il y en a beaucoup d’autres.

Nous ne parlons pas des divergences dans les lois pratiques de la religion, car là, elles sont trop nombreuses pour pouvoir les cerner. Si à chaque fois que deux musulmans qui divergent sur un point devaient ne plus se parler (hajr), il n’y aurait plus de fraternité ni d’immunité du groupe. Abû Bakr (t) et ‘Omar (t) Les têtes de files de la communauté s’opposaient sur certains points, mais avec une bonne intention.[8]

Autre exemple qui illustre la règle du hukm et du ism : maudire un cas particulier

Sheïkh el Islamétablit la règle selon laquelle, les textes maudissant un acte ne s’adressent pas forcément à tous les cas possibles. À travers certains exemples, il deviendra plus facile de l’appréhender. Nous avons d’un côté certains hadîth qui maudissent toutes les formes d’usure (ribâ el fadhl et ribâ e-nasâ), et de l’autre côté, nous avons certains Compagnons, à l’instar d’ibn ‘Abbâs ayant légitimé ribâ el fadhl. Pourtant, il ne vient à l’esprit de personne de les maudire ou de maudire tous ceux qui les ont imités. Ils furent, en effet, motivé par un effort d’interprétation, qui, en gros, ne sortait pas du cadre toléré, et quand bien même ils s’étaient trompés.

‘Abd Allah Himâr était un buveur de vin. Lorsqu’on le fit comparaitre devant le Messager d’Allah (r), un homme dans l’assemblée proféra la malédiction contre lui. Puis, il enchaina : « Combien de fois fut-il emmené au Messager d’Allah (r).
  • Ne le maudit pas, répondit le Prophète (r), car il aime Allah et Son Messager. »[9]
Pourtant, lui-même a maudit dans son discours toute boisson enivrante, celui qui en boit, celui qui en vend, celui qui la presse, etc.

Même chose pour les savants de Koufa qui étaient convaincus que seul le vin à base de raisin ou de dates était passible de la malédiction. Ils ne voyaient pas d’inconvénient à boire du nabîdh (boisson fermentée) à base d’autres fruits, à condition, bien sûr, de ne pas en abuser sous peine de s’enivrer. Ainsi, la malédiction d’un cas particulier est soumise aux mêmes paramètres (condition à remplir et restriction à exclure) que le takfîr d’un cas particulier.[10] Par ailleurs, selon ibn Taïmiya, il est plus grave d’appliquer les textes de la menace divine (comme la malédiction) à grande échelle que de kaffar les auteurs des grands péchés à la manière des kharijites et des mu’tazilites ;[11]en sachant que le takfîr entre dans le domaine de la menace divine.[12]

Les anciens distinguaient entre deux sortes de mubtadi’

Les anciens punissaient d’exclusion tout individu qui affiche ouvertement des signes d’égarement comme l’innovation, notamment celui qui en fait la prédication, et les grands péchés. Le hajr ne s’applique pas à celui qui fait ses péchés en cachette ou qui n’expose pas sa mauvaise croyance à condition qu’elle ne fasse pas sortir de la religion. L’exclusion est une forme de punition, dans le sens où elle concerne uniquement ceux qui affichent la débauche dans la parole et les actes.

Quant à celui qui nous offre une bonne image de lui, nous nous contentons des apparences, et nous laissons son sort au Très-Haut. Au pire des cas, il est comparable aux hypocrites qui exhibaient une bonne apparence devant le Prophète (r). Après la bataille de Tabûk, ils étaient venus se racheter auprès de lui en jurant que seule une excuse les avait retenus de partir en guerre.

C’est la raison pour laquelle, l’Imâm Ahmed et la plupart des grandes références avant et après lui, à l’instar de Mâlik, refusaient la narration des innovateurs qui appelaient à leur croyance. Ils ne s’asseyaient pas avec eux. Cependant, ils avaient un autre comportement avec l’innovateur qui gardait le silence. Les auteurs des e-sahîh renferment un grand nombre de rapporteurs accusés d’innovation, mais sans en faire la propagande. En revanche, ils mirent de côté les innovateurs prédicateurs.[13]

Peut-on prendre la narration du hadîth ou le témoignage d’un mubtadi’ ?

La question ne se pose pas pour un innovateur mécréant ; il est interdit d’accepter son témoignage contre un musulman (en sachant que la question mérite plus de détails), comme il est interdit de prier derrière lui.[14]Les légistes s’entendent à refuser, à l’unanimité, le témoignage d’un individu connu pour mentir.[15]Le mensonge étant propre aux rafidhites, qui sont passés maitres dans l’art de diffamer contre leurs adversaires, leur témoignage n’a aucune valeur.[16]Abû Hanîfa et Shâfi’î notamment, ne rechignaient pas à prendre le témoignage des hérétiques à l’exception des Khattâbiya, une branche de la mouvance rafidhites.[17]Au demeurant, la divergence règne entre savants sur le témoignage des autres sectateurs ; certains l’acceptent sans condition, et, à l’opposé, d’autres la refusent sans condition. Une troisième opinion, à laquelle adhèrent la plupart des traditionnistes, fait la distinction entre l’innovateur prédicateur et le non-prédicateur. S’ils acceptent celui du second, nous ne pouvons pas en dire autant pour le premier.[18]

Ibn Taïmiya nous en donne la raison : « La correction est prévue contre celui qui délaisse ouvertement les obligations et enfreint les interdictions (renoncer à la prière, à la zakât, afficher l’injustice et la débauche, prêcher l’innovation qui s’oppose au Coran, à la sunna, et au consensus des anciens de la communauté, et qui est notoirement connue comme telle).

Cette tendance corrobore l’opinion des grandes références et des anciens condamnant les innovateurs prédicateurs à un certain nombre de mesures : on refuse leur témoignage, on ne prie pas derrière eux, on ne prend pas d’eux la science, et on ne les marie pas. Ces punitions ont pour ambition de les faire renoncer à leur innovation. C’est la raison pour laquelle, les traditionalistes distinguent entre le prédicateur et le non-prédicateur ; le premier mérite la punition, étant donné qu’il affiche la débauche, contrairement au second qui reste discret, et qui n’est pas pire que les hypocrites. Le Prophète (r), en effet, se contentait de leurs apparences et remettait leur sort entre les Mains d’Allah, bien qu’il fût au courant de la situation de bon nombre d’entre eux. »[19]

Ailleurs, il donne plus de détails sur la sagesse qui se cache derrière une telle distinction : « C'est pourquoi ils acceptent le témoignage des adeptes des sectes, et ils prient derrière eux. Certes, certains savants, à l’image de Mâlik et d’Ahmed, refusaient leur témoignage, non parce qu’ils considéraient qu’ils avaient commis un péché, mais, plutôt pour interdire le mal et mettre en quarantaine tous ceux qui affichaient leur innovation. Les punitions en question (le refus de leur témoignage, et de prier derrière eux, et la mise en quarantaine) ont une vocation dissuasive ; celles-ci éradiquent la propagation de la bid’a.

C’est ce qui explique pourquoi Ahmed distinguait des autres le prédicateur qui affichait ouvertement son innovation. C’est de cette façon également qu’il incombe de comprendre la parole d’el Kharqî« Il faut recommencer la prière faite derrière celui qui affiche son innovation ou la débauche. » »[20]

Pour mieux comprendre ce point, nous disons que le témoignage, pour être accepté, doit reposer sur la confiance et la sincérité. À l’unanimité des savants, le pervers auteur d’un péché (fâsiq bi el ma’siya) perd toute crédibilité. Son péché est dû à une certaine négligence dans son attachement à la religion ; il ne craint pas Dieu comme il se doit, et il n’est donc pas à l’abri de mentir. Nous nous faisons un mauvais soupçon de lui. Et cela, contrairement au pervers auteur d’une innovation (fâsiq bi el bid’a) ; en général, il est profondément religieux, et il ne s’oppose pas sciemment à la religion. Il est souvent animé dans son for intérieur par un scrupule religieux qui lui interdit de mentir. En général, il n’est pas enclin au mensonge, les commandements divins étant trop sacrés à ses yeux. Et cela, surtout s’il est convaincu, à l’instar des kharijites et les mu’tazilites que le mensonge, un grand péché, condamne à l’Enfer éternel. Nul doute qu’on est rassuré, d’entrée, avec lui !

Ainsi, si nous refusons le témoigne du pervers auteur d’un péché, nous acceptons celui du pervers auteur d’une innovation. La différence, c’est que le premier enfreint volontairement les commandements de la religion. Sauf bien sûr, si l’erreur du second est motivée par les passions. Dans ce cas, elle le fait rejoindre le premier, car, volontaire.
Toujours est-il qu’il faut établir le statut de « pervers » à un innovateur potentiel. Il faut déjà vérifier que son innovation atteint le degré de perversité. Et, quand bien même, ce serait le cas, cela ne suffirait pas. L’état de perversité est, en effet, soumis à certains facteurs (conditions à remplir et restrictions à évacuer). À titre d’exemple, l’erreur d’interprétation n’affecte en rien à sa crédibilité morale (‘adâla), et elle ne remet nullement en question son témoignage aux yeux des anciens.[21]

Si tout cela est clair, les traditionalistes ont finalement adopté un certain nombre de mesures contre l’innovateur prédicateur (mise en quarantaine, témoignage et narration refusée, refus de le concerter pour une fatwa et de prier derrière lui). Ces mesures ont probablement été motivées par la raison que nous venons d’évoquer. Autrement dit, celles-ci ont un effet de sanction et de punition dans le but de dissuader les musulmans de les imiter dans ce péché (l’innovation ou autre). Cela n’empêche pas, au même moment que l’un d’eux s’en soit repenti, ou qu’il soit excusable auprès d’Allah. La hijra renferme deux objectifs : soit renoncer aux péchés et à la présence de leurs auteurs, soit sanctionner leurs auteurs et leur donner des corrections exemplaires.[22]

Il devient clair que l’opinion qui refuse dans l’absolu le témoignage et la narration des innovateurs auteurs d’une erreur d’interprétation est faible. Le ta-wîl a touché plus d’un ancien dans des domaines extrêmement vastes. À l’inverse, l’opinion faisant les innovateurs prédicateurs des grandes références incontournables, sans les réfuter ni les dissuader et les mettre en quarantaine, est également faible.[23]

D’après el Khatîb, avec sa propre chaine narrative, selon Abû Dâwûd ibn el Ash’ath, j’ai demandé à l’Imâm Ahmed : « Est-ce qu’on peut retranscrire le hadîthd’un qadarî ?
  1. À condition qu’il ne soit pas un prédicateur. »[24]
Selon Ja’far ibn Mohammed, j’ai demandé à l’Imâm Ahmed : « Abû ‘Abd Allah ! Est-ce que tu retranscris le hadîthd’Abû Mu’âwiya, alors qu’il est un murjî ?
  1. Il n’est pas un prédicateur. »[25]
On demanda à l’Imâm Ahmed s’il est possible de retranscrire le hadîth d’un murjî, d’un qadarî, et autre. Ce dernier répondit : « Oui, à condition qu’il n’en fasse pas la prédication, et qu’il n’en fasse pas son sujet de conversation ; mais si c’est un prédicateur, alors non. »[26]

Dans une version d’Abû Dâwûd, l’Imam précise : « Tolérez la narration des murjites, et écrivez celle des qadarites qui ne sont pas des prédicateurs. » Il autorisa ici à prendre celle des murjites sans condition.[27]Je reviendrais peut-être sur ce point.

Quoi qu’il en soit, ibn Taïmiya conclut : « Il est interdit au prédicateur de prendre un poste à responsabilité, de faire imamdans la prière, comme il est interdit de prendre son témoignage, et sa narration en vue d’interdire le mal, non que sa prière ne soit pas acceptée ou que son témoignage et sa narration soient douteux. »[28]

Selon Ishâq, j’ai demandé à Abû Abd Allah : « Qu’en est-il de celui qui dit que le Coran est créé ?
  • Il est à mettre dans le même sac. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.
  • Doit-on être diplomate avec eux ou bien leur afficher notre intransigeance ?
  • Les gens du Khurasânne sont pas suffisamment forts pour leur faire front. »[29]

L’auteur de cette réponse est le même qui affirma au sujet des qadarites : « Si nous devions refuser la narration des qadarites, il ne resterait pas grand-chose venant de Bassora. » Il y avait un intérêt supérieur à conserver l’héritage prophétique. Lors de sa cabale, il était doux avec ces fameuxjahmites, et il se contentait de contrer scientifiquement leurs arguments. Cette réaction explique mieux ses autres positions (ses mises en quarantaine, ses interdictions de parler et de s’assoir avec eux). Il en vint à une certaine période, à boycotter plus d’un meneur soupçonné de proximité avec les jahmites. Il ordonna même aux musulmans de le faire.[30]

Conclusion de ce paragraphe

Les différentes paroles de l’Imam Ahmed nous enseignent que ce dernier faisait la distinction entre les formes d’innovation, entre les innovateurs prédicateurs et les autres, et, son avis peut changer en fonction des besoins. Certaines narrations, en effet, sont indispensables pour conserver le hadîth. Dans tous les cas, il ne considère pas que leur narration ne soit pas crédible, mais son seul souci est de les punir d’exclusion.[31]

Il n’est donc pas pertinent de dire qu’il craignait d’eux qu’ils puissent mentir, étant donné que les autres n’en sont pas moins à l’abri que les prédicateurs. En outre, l’interdiction ne concernerait pas uniquement les textes qui corroborent certaines innovations, mais on pourrait dire la même chose pour les questions de fiqh sur lesquelles règne la divergence entre savants. Le but, donc, c’est de stigmatiser les prédicateurs et de les mettre au bain du corps des savants.[32]

À suivre…







[1]Majmû’ el fatâwâ (12/468).
[2]Rapporté par el Bukhârî (4612), et Muslim (279).
[3]Rapporté par el Bukhârî (3976), et Muslim (279).
[4]Cette histoire est rapporté par el Bukhârî (3979, 3980, 3981).
[5]Lehadîth sur le sujet est rapporté par el Bukhârî (1338), et Muslim (2870).
[6]Rapporté par ibn ‘Abd el Barr dans el istidhkâr (1/231), selon ibn ‘Abbâs ; il n’en demeure pas moins controversé.
[7]Voir : fath el Bârî (7/196-197).
[8]Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).
[9]Rapporté par el Bukhârî, selon ‘Omar.
[10]Majmû’ el fatâwa (20/386-388).
[11]Voir : majmû’ el fatâwa (20/263-264).
[12]Idem. (3/231).
[13]Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).
[14]Manhâj e-sunna(5/87).
[15]Manhâj e-sunna(1/62).
[16]Manhâj e-sunna(1/59-61).
[17]Manhâj e-sunna(5/87).
[18]Manhâj e-sunna(1/62).
[19]Majmû’ el fatâwâ(35/414).
[20]Majmû’ el fatâwâ(13/125).
[21]Voir : Mawqif ahl e-sunna wa el jamâ’a min ahl el ahwâ wa el bida’ de notre cher frère le Docteur Ibrahîm e-Ruhaïlî (2/652-653). Ce livre est à la fois grandement intéressant et très important dans son registre (e commentaire vient de Sheïkh ‘Abd e-Salâm e-Suhaïmî dans son fameux kun salafiyan ‘alâ el jadda).
[22]Majmû’ el fatâwâ (10/377).
[23]Manhâj e-sunna (1/65).
[24]El kifâya (p. 128).
[25]El kifâya (p. 128).
[26]Tabaqât el hanabila d’ibn Abî Ya’lâ (1/250).
[27]El muswaddad’ibn Taïmiya (p. 267).
[28]Majmû’ el fatâwâ(23/343).
[29]E-sunnad’el Khallâl.
[30]Majmû’ el fatâwâ (28/210-213).
[31]El muswaddad’ibn Taïmiya (p. 264).
[32]El muswaddad’ibn Taïmiya.
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  #2  
ÞÏíã 17 Nov 2011, 09:28 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'
(Partie 9)

Le tabdî’ et le hajr de quelqu’un en particulier relève du domaine de l’ijtihâd avec les aléas que cela implique

Il est possible que l’une des parties qui divergent s’oppose à son adversaire jusqu’à le taxer de kâfir (mécréant) ou mubtadi’ (innovateur) fâsiq (pervers) passible d’une mise en quarantaine (hajr), bien qu’elle ait tort. Cependant, là aussi, elle est motivée par un effort d’interprétation.

Il est possible également que la dureté soit de mise envers certaines personnes ou dans certains contextes, quand notamment la sunna qui voue à la mécréance tous ceux qui s’opposent, est forte, et quand l’auteur de l’autre opinion, que nous taxons d’innovateur, représente un danger. L’homme sensé doit tenir compte de tous ses paramètres ; la bonne opinion est vue sous le prisme de ses caractéristiques constantes et permanentes qui, en les appliquant, doivent être conformes à la réalité.

Ensuite, le fait que chez celui qui l’entende, elle soit connue, approximative, ignorée, formelle, ou probable ; ou qu’il incombe de suivre ou de ne pas suivre, ou qu’elle voue ou non à la mécréance celui qui la renie, ce sont des lois pratiques qui varient en fonction des personnes et des situations.[1]

Il est sûr que certains traditionalistes ont recours à des hadîth ou des annales faibles, des raisonnements aberrants, des mauvaises interprétations. Il est même possible qu’ils s’inspirent de texte du Coran et de la sunna dont ils ne pénètrent pas le sens, ou à mauvais escient. Ils sont même capables de taxer de mécréants, d’innovateurs ou d’ignorants de grandes références de la communauté. Ainsi, soit ils dévient de la vérité soit ils s’attaquent impunément à leurs frères, indépendamment de savoir si certains d’entre eux sont excusables ou non. Ils sont même capables de sombrer dans l’innovation et l’égarement passibles des pires punitions. Seuls un ignorant ou un injuste peuvent contester ce constat amer ![2]

Ainsi, être innovateur est une chose et subir la punition du hajr en est une autre

Plusieurs punitions sont prévues en vue de dissuader les innovateurs prédicateurs ; leur témoignage est refusé, on ne prie pas derrière eux, on ne prend pas la science d’eux, et on ne les marie pas. Les anciens distinguaient donc entre les prédicateurs et les autres innovateurs.

La punition concerne les personnes qui affichent un manquement aux prescriptions et qui enfreignent les interdictions à l’instar de celles qui ne font pas la prière ou ne versent pas l’aumône, celles qui affichent l’injustice ou la perversité, ou celles qui prêchent l’innovation allant à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus pour les innovations notoires. Voici le sens des paroles des anciens et des grandes références disant que le témoignage des prêcheurs innovateurs n’est pas accepté, qu’il ne faut pas prier derrière eux, ni prendre d’eux les sciences, ni les préposer en mariage ; telle est leur punition jusqu’à ce qu’ils mettent fin à leurs agissements. C'est pourquoi ils faisaient la distinction entre le prédicateur et le non-prédicateur étant donné que le premier d’entre eux affiche sa corruption ; il méritait ainsi la punition à l’inverse de la personne discrète. Celle-ci n’est pas pire que les hypocrites (…) il faut donc condamner les fautes qui sont exhibées indépendamment de celles qui sont cachées, car la punition concerne ici leur auteur uniquement.[3]

Quant à celui qui exhibe la corruption, il incombe de le contester en public. Il n’est plus question envers lui de médisance. Il incombe de le punir en public en lui infligeant les punitions capables de le dissuader de faire du mal, comme l’exclusion ou autre. Il ne faut plus le saluer ni répondre à son salut dans la condition où la personne qui en prend l’initiative est capable de le faire, et sans qu’aucun désavantage ne soit prépondérant à cela.[4]Quant à celui qui cache ses péchés ou qui est discret dans son innovation non taxée d’apostasie, l’exclusion ne s’applique pas à ce dernier. Néanmoins, elle concerne le prédicateur innovateur étant donné que l’exclusion est une forme de punition.[5]

Le Prophète (r) mit en quarantaine Ka’b ibn Mâlik et ses deux compagnons (y), car ils s’étaient désistés de la bataille de Tabûk. Ils affichaient ainsi la désobéissance et l’on craignit qu’ils deviennent des hypocrites. D’où la décision de les exclure du groupe (hajr) en ordonnant tous les citoyens à y participer. Il leur fut même enjoint de s’éloigner de leurs femmes, mais sans les divorcer. Après cinquante nuits, la révélation céleste, qui annonça leur repentir, mit fin à la sentence.[6]
Dans ce registre, nous avons l’histoire où ‘Omar (t) ordonna aux musulmans de mettre en quarantaine Subaïgh ibn ‘Asal e-Tamîmî qui était à l’affut de Versets ambigus.[7]Au bout d’un an, comme il affichait un repentir sincère, le second Khalife leva la punition.[8]

Selon une règle extraordinaire, tous les péchés dont les méfaits se répandent aux autres, méritent une plus grande punition sur terre ; et tous les péchés dont les méfaits reviennent uniquement aux fautifs peuvent mériter un châtiment plus grand dans l’au-delà, bien que rien n’est prévu contre eux sur terre.[9]

L’exclusion de l’innovateur est une forme de punition, qui est, donc soumise à des conditions à respecter ; elle doit notamment faire la balance des avantages et des inconvénients avant d’être prononcée

Sheïkh el Islamibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – précise : « … étant donné que l’exclusion était une forme de punition, celle-ci concerne uniquement les personnes qui affiche la perversité dans les paroles et les actes. »[10]
Ailleurs, il donne plus de détails : « Dans le cas où ni la personne mise en quarantaine ni quiconque ne s’en dissuade. Elle serait plutôt tentée de faire pire, en sachant que les auteurs de la sanction ne sont pas dans une posture favorable, de sorte que les inconvénients peuvent devenir prépondérants aux avantages, le cas échéant, il ne faut aucunement avoir recours à tel procédé. Il existe parfois des situations où il vaut mieux se concilier certaines personnes que de chercher à les punir. À l’inverse, il est possible que l’exclusion soit plus efficace que la conciliation.

C'est pourquoi le Prophète(r)conciliait certains gens comme il en excluait d’autres ; à l’instar des trois qui ont subi cette punition, ils valaient mieux que la plupart des gens dont le Prophète voulait concilier les cœurs. Étant donné que ces gens-là représentaient les notables de leurs tribus respectives, il était de l’intérêt de la religion de se les concilier, tandis que les premiers étaient de véritables croyants. Or, des croyants, il y en avait beaucoup d’autres. Leur exclusion profitait donc à la religion en lui permettant de se consolider d’une part, tout en permettant à ces derniers de se purifier de leurs péchés. Dans cet ordre, il est légiféré parfois de se mettre en guerre contre l’ennemi, et d’autres fois de nouer des traités de paix ou de se contenter d’un tribut. Tout cela est fonction de la situation et des intérêts escomptés. »[11]

« C'est pourquoi les anciens faisaient la différence entre les endroits où l’innovation était répandue à l’instar des qadaritesà Bassora, des astrologues à Khurasân, et des shiitesà Kûfa, et les endroits où il en était autrement. Il est important également de distinguer entre leurs chefs et les autres. Si l’on pénètre mieux les intentions de la religion, il devient plus facile d’emprunter le chemin le plus adéquat pour y parvenir. »[12]

Il est notoire que l’Imam Ahmed, et nombre de grandes références anciennes, encourageait à ne pas saluer les innovateurs quoique musulmans ; lui-même mit en pratique ce principe en ayant refusé de saluer à certains d’entre eux. Pourtant, ce même Ahmed émit l’avis, comme le certifie une annale, de pouvoir donner le salut à des partisans de certaines sectes. Abû Dâwûd – qu’Allah lui fasse miséricorde – rapporte en effet : « J’ai expliqué à Ahmed pour le consulter : nous avons des proches en terre du Khurasânqui adhèrent à la tendance murjite. Lorsque nous envoyons des courriers là-bas, nous leur faisons passer le salem.
  • Gloire à Allah ! S’exclama-t-il, pourquoi ne le feriez-vous pas ? »[13]

L’exclusion et la conciliation ont la propension de réaliser le dessein légitime de remédier au mal que l’érudit est à même de déceler à travers ces deux procédés afin de parvenir à la solution la plus efficace et le plus propice pour la société ; cela, en tenant compte de la situation de la personne en question et des conditions de l’époque. « Le but étant d’appeler les hommes à la soumission d’Allah en ayant recours au chemin le plus adéquat ; il est possible de donner espoir si ce moyen est désigné ou d’instaurer la crainte si ce moyen est plus efficace. »[14]

L’exclusion est soumise, au même titre que n’importe quel acte d’adoration, à deux conditions immuables : la sincérité exclusive à Allah et la conformité aux enseignements prophétiques

L’exclusion entre dans le registre des punitions légitimes ; elle est du même ressort que la Guerre sainte (ledjihad). Si on y a recourt, c’est dans l’intention que la Parole d’Allah soit la plus haute et que la religion soit tout entière au Seigneur. Il incombe au croyant de haïr et d’aimer en Dieu.[15]

Si l’enseignant ou le maître ordonnait d’exclure une personne, de l’éliminer,[16]de le faire tomber,[17]ou de l’éloigner,[18]ou autre, il faut examiner la chose. S’il s’avère que l’individu en question a commis une faute au regard de la Loi, il doit être puni en fonction de sa faute sans rien n’ajouter à la sentence. Mais si toutefois il n’a pas commis de faute légitimement blâmable, il n’est pas tolérable de le punir illégitimement sous prétexte de plaire à l’enseignant ou autre. Il n’est pas concevable pour un enseignant de former un Hizb (parti) autour de lui en faisant faire aux gens ce qui engendrerait la haine et l’animosité. Ils doivent plutôt se comporter en tant que frères, solidaires les uns les autres dans le bien et la piété comme nous l’enjoint le Seigneur : (Aidez-vous mutuellement au bien et à la piété et ne vous aidez pas dans la faute et la tyrannie).[19]

Quiconque veut faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) doit s’armer de science, de douceur, et de sagesse (…) la science doit précéder le sermon, la douceur doit précéder le sermon, et la sagesse doit précéder le sermon. Il ne convient pas à quiconque s’aventure à le faire sans science de s’avancer sur des choses qu’il ignore. S’il était un savant dépourvu de douceur, il serait comme un médecin dont le patient refuserait les soins en raison de sa dureté.

… Il incombe à quiconque veut faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) que son initiative soit vouée à Allah, que son intention soit pour Allah : Il doit avoir pour ambition de réformer la personne à qui son sermon est adressé, il doit lui faire parvenir la vérité sans pour autant chercher le pouvoir pour lui-même ou pour son groupe ou encore à humilier autrui.[20]

… Si l’on sait cela, il faut savoir que l’exclusion légitime compte parmi les œuvres ordonnées par le Coran et la sunna. L’obéissance au Seigneur doit absolument être fondée sur la sincérité à Allah et la conformité à Son Ordre ; elle doit donc être sincère et pertinente. Ainsi, quiconque a recourt à l’exclusion à des fins personnelles ou à travers un procédé non conforme, il est sorti de ce cadre. Combien de gens ont l’impression de plaire à Allah alors qu’en réalité, ils obéissent à leurs passions ![21]


La punition peut aller jusqu’à la peine de mort si le besoin le réclame

Cette tendance est notamment celle de Mâlik, une partie des adeptes de Shâfi’î, et d’Ahmed,[22]mais uniquement en cas de force majeure, en s’en prenant uniquement aux plus dangereux. Toutefois, il faut renoncer à la sentence dans la situation où celle-ci engendre des inconvénients prépondérants aux avantages escomptés. C’est la raison pour laquelle, le Prophète (r) ne jugea pas bon de mettre à mort le premier kharijite qui contesta ses décisions. On aurait pensé en effet qu’il s’en prenait à ses Compagnons. Les campagnes de répression contre les hérétiques peuvent également engendrer des inconvénients à grande échelle. L’Imam ‘Alî l’avait bien compris ; à l’avènement des kharijites, il resta tout d’abord sur l’expectative, car, en face, ils étaient nombreux. Et cela, d’autant plus qu’ils avaient fait allégeance au groupe, et ne montraient aucun signe d’animosité. En outre, il n’était pas sûr à l’époque que la prédiction prophétique faisait allusion à eux.[23]

La peine de mort n’épargne pas l’innovateur non apostat si le besoin s’en fait ressentir

Le but, c’est d’épargner la société de son mal. En cela, il n’est pas différent des insurgés, qui, malgré leur révolte, restent dans le giron de l’Islam. Certains condamnés à mort n’étaient pas des apostats. Il est même possible que Ghilân le qadarite entre dans cette catégorie,[24]ou tout au moins, selon une opinion, comme nous l’expliquerons dans un prochain article, in shâ Allah ! On somme au coupable de se repentir et lui donne les moyens d’avoir accès à la preuve céleste, comme ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz le fit avec Ghilân. ‘Alî, lui, avait envoyé ibn ‘Abbâs en ambassadeur chez les insurgés de Nahrawân. La moitié d’entre eux revinrent à la raison, et le reste fut passé au fil de l’épée.[25]

On peut à la fois être excusable devant Dieu et punit par les hommes

Le but de la punition, c’est de garder la société saine, mais, au même moment, il est possible que le coupable soit excusable soit en raison de son effort d’interprétation, ou, tout simplement, en ayant suivi aveuglément l’opinion d’un autre.[26]

De la même manière qu’on peut être puni sans perdre sa crédibilité

L’Imâm Ahmed n’a pas hajar que des gens ayant commis une bid’a.Il y avait parmi eux de grands savants qui avaient cédé à l’inquisition khalifienne avant qu’on ait mis la main sur eux, et même ceux qui s’en repentirent une fois que la situation s’était desserrée. Il fut suivi dans son initiative par ses concitoyens. Tous ses nobles gens n’étaient pas différents des trois hommes qui furent mis en quarantaine à l’époque du Prophète (r). Il est même dit que deux d’entre eux avaient participé à la bataille de Badr. Tout le monde connait le fameux hadîth : Qui te dit qu’Allah n’a pas contemplé les combattants de Badr, avant de leur dire : faites ce que vous voulez, Je vous ai tout pardonné. »[27]
Ainsi, la peine peut très bien être prononcée contre un homme crédible ou tout simplement pieux.[28]

Les Compagnons se sont entretués aux batailles du chameau et de Siffîn, mais cela ne les empêcha pas de garder leur sentiment d’alliance religieuse. Ils ne se détestaient pas comme on déteste un mécréant. Ils acceptaient leurs témoignages mutuels, s’échangeaient le savoir, s’héritaient et se mariaient entre eux ; ces relations sont propres aux musulmans. Pourtant, ils étaient déchirés et allaient parfois jusqu’à se maudire les uns les autres.[29]

À suivre…







[1]Majmû’ el fatâwâ (30/80) et (20/207).
[2]Majmû’ el Fatâwâ (4/9-23).
[3]Majmû’ el fatâwâ (voir : 28/203-210).
[4]Idem.(voir : 28/217-218).
[5]Idem.(voir : 24/175).
[6]Les détails de cette histoire sont rapportés par el Bukhârî (4418), et Muslim (2769).
[7]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).
[8]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).
[9]Majmû’ elfatâwâ (10/373) ; voir également : (24/181).
[10]Majmû’ elfatâwâ (24/185).
[11]Majmû’ el Fatâwâ (28/206).
[12]Majmû’ el fatâwâ (28/206-207).
[13]Masâîl el Imam Ahmed écrit par Abû Dâwûd e-Sijistânî (p. 276).
[14]Sheïkh el Islam ibn Taïmiya dans Minhâj e-sunna (1/65).
[15]Majmû’ el fatâwâ (voir : 28/ 203-210).
[16]Dans le sens de l’exécuter physiquement, cela peut aussi avoir le sens de l’humilier. (N. du T.)
[17]Probablement dans le sens de discréditer. (N. du T.)
[18]Cela peut être compris dans le sens propre du terme, autrement dit de l’expulser. (N. du T.)
[19]Majmû’ el fatâwâ (28/15-16).
[20]El Amr bil Ma’rûf wa e-Nâhi ‘an el Munkar de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (à partir de la page 14 et plus).
[21]Idem. (Voir : 28/203-210).
[22]Majmû’ el fatâwâ (28/346-347).
[23]Majmû’ el fatâwâ (28/499-500).
[24]Majmû’ el fatâwâ (23/350).
[25]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (7/173).
[26]Majmû’ el fatâwâ (10/275).
[27]Rapporté par el Bukhârî (5/297), et Muslim (4/1941).
[28]Majmû’ el fatâwâ (10/377).
[29]Majmû’ el fatâwâ (10/377).
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  #3  
ÞÏíã 18 Nov 2011, 09:49 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'
(Partie 10)

La divergence sur le tabdî’ du suiveur

Voici ce que nous trouvons dans kashf el qinâ’ : « Considéré pervers (tafsîq)le suiveur auteur d’une innovation pour laquelle nous taxons le prédicateur de mécréant est la tendance de Majd [le grand-père d’ibn Taïmiya]. Dans sa lettre à l’auteur d’e-tarkhîs, el Muwaffaq [ibn Qudâma]pour sa part, opte pour le non takfîrdu prédicateur qui est motivé par un effort d’interprétation. Il se base sur la réaction d’Ahmed envers el Mu’tasim qu’il appelait : prince des croyants ! »[1]

Sheïkh‘Abd Allah Abâ Btîn confirme la position de Majd ibn Taïmiya dans le passage suivant : « El Majd – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Toute innovation pour laquelle nous faisons le takfîr des prédicateurs, nous donnons le statut de « pervers » (fâsiq) aux suiveurs. Ex. : dire que le Coran est créé, que les Noms d’Allah sont créés, qu’on ne peut le voir dans l’au-delà, proférer des insultes contre les Compagnons avec une intention religieuse, dire que la foi se confine dans la croyance, etc.

Toute personne qui a connaissance de ces innovations, qui les prêchent, et qui polémique à leur sujet est jugée mécréante, comme le stipule Ahmed dans plusieurs passages. »Fin de citation. Voyez, comment les a-t-il kaffar, bien qu’ils sont des ignorants. »[2]

Certaines annales venant des anciens semblent corroborer cette tendance. Ibn Abî Hâtim témoigne en effet : « J’ai interrogé Abû Zur’a et mon père au sujet de la tendance des traditionalistes dans les bases fondamentales (usûl) de la religion, et celle des savants qu’ils ont connue à travers toutes les contrées (le hijâz, l’Iraq, le Shâm, et le Yémen) ; ils m’ont répondu notamment : la foi est composée des paroles et des actes, elle peut monter et descendre… Celui qui prétend que le Coran est créé commet un acte de mécréance qui le fait sortir de la religion ; celui qui doute de sa mécréance parmi ceux qui comprennent est un mécréant également ; celui qui doute sur la Parole d’Allah (U) et qui ne se prononce pas par doute en disant qu’il ne sait pas si celle-ci est créée ou non est un jahmî ; pour celui qui ne se prononce pas au sujet du Coran par ignorance (jâhilan), il incombe de l’instruire et de le taxer d’innovateur, sans qu’il ne sorte pour autant de l’Islam. »[3]

Or, il incombe de relativiser cette tendance, et cela, pour plusieurs raisons :

1- Ibn Qudâma lui-même relativise sur le takfîr du prédicateur, comme le démontre le premier passage cité ci-dessus.

2- Nous avons également ramené une annale plus-haut relativisant la chose, et que nous remettons ici : Ahmed ibn Munî’ el Baghawî affirme : «Celui qui prétend que le Coran est créé est un jahmî, et celui qui ne se prononce pas sur le sujet parmi ceux qui ne comprennent rien (marchands, femmes, enfants), nous ne nous disons rien sur eux, et nous les instruisons sur la chose. »[4]

3- Le grand-père d’ibn Taïmiya fait la distinction entre le prédicateur et le suiveur dans les questions du takfîr. Cependant, s’il range le muqallid dans le cercle des innovateurs sans prendre la peine de faire l’iqâma el hujja, c’est uniquement pour les innovations aggravées (ghalîzha) faisant sortir de la religion. C’est, en tout cas, ce qu’il laisse entendre, wa Allah a’lam !

4- Il vaut se méfier de la croyancemu’atazilite selon laquelle les notions du bien et du mal peuvent être perceptibles sans passer par la Révélation ; comprendre que l’iqâma el hujja n’est pas indispensable à leurs yeux. Ces mêmes mu’atazilites s’accordent, avec certains ash’arites, à refuser la foi du muqallid sous prétexte que chacun est intellectuellement capable de parvenir à la vérité par la réflexion. Or, nous avons vu que l’homme était responsable uniquement dans les limites de ses possibilités et de ses connaissances. Malgré ses bonnes attentions, le pauvre muqallid ne sait pas s’il a tort ou raison, surtout qu’il est perdu devant une multitude d’opinions, et qu’il n’est pas capable de pénétrer les subtilités et les nuances auxquelles il est confronté pour une question donnée.[5]

5- Il existe plusieurs sortes de muqallid qui partent du savant d’une école, du muftî et du dhî pour arriver aux gens simples incapables de regarder dans les textes. Certes, les premiers sont inexcusables s’ils entêtent à suivre leur imâm dans l’erreur en toute connaissance de cause, mais les derniers n’ont pas les outils en main pour détecter sur quels principes se base leur Imam pour arriver à ses conclusions.[6]Ils ne seraient même pas en mesure de faire une liste des savants de leur école.

6- Certains érudits, à l’image d’el Mardâwî, avancent explicitement que le muqallid ne devient, suite à une erreur, ni un mécréant ni un pervers. Voici la teneur de ses propres : « Afficher son innovation, cela revient à l’exhiber ouvertement, contrairement à l’innovateur discret, et à en faire la prédication, et, si besoin est, à polémiquer pour la défendre. C’est de cette façon notamment que l’auteur et son commentateur l’ont défini. Le Qâdhî a dit : « L’innovateur qui affiche sa bid’a s’appuie dans sa conviction sur un certain nombre d’arguments, contrairement au suiveur. » Il souligne également au sujet de ce dernier : « Le suiveur ne devient ni un mécréant ni un pervers. » ».[7]

Ibn el Qaïyim a un discours qui va dans ce sens (nous avons ramené plus haut plusieurs passages de son maitre corroborant cette tendance). Il précise en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila,murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[8]

Vu l’importance de ses paroles, je me permets de mettre le passage où il en parle en entier : « La première catégorie :le suiveur ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; ce dernier ne devient ni mécréant ni pervers, et son témoignage n’est pas refusé ; dans la situation où il est incapable d’étudier et de distinguer la bonne voie. Il a le même statut que les gens faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants : [qui n’ont pas trouvé de moyen ni aucun chemin. Ceux-là, Allah peut leur pardonner ; Allah est certes Compatissant et Absoluteur].[9]

La deuxième catégorie :celui qui est capable de se renseigner, de chercher et de trouver la vérité, mais qui, pour une raison ou pour une autre (occupations mondaines, quête de pouvoir de plaisir, et du bien-être, etc.), s’en détourne. Celui-là est concerné par la punition divine en raison de son laisser-aller ; il mérite un péché pour avoir négligé son devoir, car il lui est enjoint de craindre Allah dans la mesure du possible ; ce qu’il n’a pas fait. Son statut est le même que les désobéissants ayant délaissé certaines obligations. Ensuite, il faut voir s’il a un plus grand ascendant pour l’innovation et les passions que la sunnaet la bonne direction ; dans ce cas, son témoignage est refusé, sinon, il sera accepté.

La troisième catégorie : celui qui se renseigne, qui recherche et qui est en mesure de trouver la vérité, mais qui la délaisse par suivisme, chauvinisme, ou par animosité envers ses tenants. Au meilleur des cas, celui-ci est considéré comme un pervers. Il peut atteindre le degré de mécréance en regard des différents points de vue et des différentes conclusions. Si, en plus de cela, il compte parmi les prédicateurs, son témoignage, ses fatwaset ses jugements seront refusés, sauf en cas de force majeure ; soit, dans la situation où ce genre d’individus est en surnombre et qu’ils sont en position de force.
Si les juges, les muftis, et les différents témoins proviennent de leurs rangs, il serait très difficile d’en faire abstraction, compte tenu des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrerait. Dans ce cas de figure, nécessité fait loi. »[10]

7- Nous avons vu précédemment que l’Imâm Ahmed s’était abstenu de taxer d’innovateurs plusieurs cas qui lui furent soulevés. Voici ici un exemple où il tient explicitement compte de l’ignorance dans les questions du tabdî’. D’après ibn Hânî, l’Imâm fut interrogé sur le fait de prier derrière quelqu’un qui préfère ‘Alî aux deux premiers Khalifes (Abû Bakr et ‘Omar). Celui-ci répondit : « Dans la situation où il est ignorant et inculte, je pense qu’il n’y a pas de mal à le faire. »[11]

Synthèse

Il incombe de distinguer entre le statut de l’acte et le statut d’un cas particulier

L’ism :En regard de la religion, l’innovation est condamnable et mise au compte des grands péchés. Celle-ci se range dans le grand ensemble de la « perversité » dans lequel entre toute désobéissance au Très-Haut. En d’autres termes, la perversité englobe toute entrave à l’obéissance à Dieu. L’innovation est donc soumise aux mêmes lois ; un pervers est quelqu’un qui contrevient sciemment à une croyance (ex : boire de l’alcool en sachant que c’est interdit), et, par conséquent, un innovateur se définit selon le même critère.
En outre, il incombe de distinguer entre l’innovation et son auteur. Toutes les explications que nous avons données auparavant touchent à l’innovateur, non à la bid’a. Dans tous les cas, l’innovation reste condamnable ; l’acte en lui-même est interdit par la religion, et, comme pour toute interdiction, nous avons le devoir de la réprimer. Son éradication est une fin en soi, car rivalisant avec la religion. Cependant, son auteur n’est condamnable qu’à condition qu’il ait conscience d’enfreindre un interdit. Il est possible, certes, de légalement le punir, mais c’est uniquement pour protéger la société. Ainsi, toute sanction prévue contre l’innovateur (mise en garde, mise en quarantaine) découle du principe de devoir sanctionner l’innovation. Sans n’être une fin en soi, elle n’est qu’un moyen de l’éradiquer.

Les traditionalistes sont unanimes sur les limites de l’innovation, surtout dans le domaine du crédo (celles des kharijites, mu’tazilites, jahmites, qadarites, jabarites, shiites, sibîtes, etc.). Chacune de ses sectes renferme de multiples hérésies. Quand on dit qu’un innovateur peut garder sa crédibilité morale (‘adâla), ce n’est nullement dans le but de minimiser sa faute. Cela ne veut pas dire non plus qu’on ne doit pas dans l’absolu le qualifier de mubtadi’. Il incombe, en effet, de distinguer entre un traditionaliste conformiste (fidèle aux textes et au consensus) ayant sombré dans la faute. Dans ce cas, on dit que son acte est une bid’a, mais il n’en est pas pour autant un innovateur. On reconnait simplement qu’il a commis une erreur.

En revanche, les adeptes des sectes qui furent condamnées par les anciens sont des innovateurs, bien qu’en réalité, certains d’entre eux soient sûrement excusables auprès d’Allah, en raison soit de leur ijtihâd soit de leur taqlîd à condition qu’il soit toléré.

Par ailleurs, quand on parle de bida’ on fait allusion à un genre, non à une seule unité. Ex. : l’i’tizâl est un genre qui renferme de multiples unités. Un traditionaliste peut éventuellement renier ou interpréter un Attribut (une unité), mais tout en s’alignant avec l’orthodoxie pour le reste. Dans ce cas, on parle d’erreur, mais son acte reste condamnable à l’unanimité des traditionalistes. On n’applique pas la peine de mort sur l’auteur d’un homicide involontaire, mais cela n’atténue en rien la gravité de son acte qui a abouti à une mort d’homme.
Ainsi, l’acte de la bid’a ne fait pas forcément de son auteur un mubtadi’ si ce n’est que pour décrire son acte (de façon ponctuelle), non qu’elle soit une dénomination ou une caractéristique constante. Or, le contraire n’est pas vrai. Autrement dit, quand on désigne quelqu’un d’innovateur, cela implique qu’il est l’auteur d’un acte d’innovation.

Le hukm : le statut d’innovateur et tout ce qu’il entraine n’a pas lieu avant d’avoir informé un coupable éventuel et d’avoir établi contre lui la preuve céleste. Nous avons vu qu’il est possible de punir quelqu’un qui est excusé devant Dieu pour son erreur commise. Cependant, en ce qui nous concerne, nous tenons compte de l’intérêt supérieur de la société ; nous nous fions uniquement aux apparences et nous nous en tenons au fait.

Selon la règle, l’homme n’est responsable qu’à partir du moment où le message lui a été transmis, à condition qu’aucune entrave ne vienne l’interférer. En d’autres termes, la responsabilité de chacun est soumise à deux conditions : le savoir et la capacité de le mettre en pratique.
C’est ce qui nous pousse à faire une distinction entre le ism et le hukm. Nous disons donc que l’innovation est blâmable en permanence, que ce soit avant ou après avoir reçu le message, que ce soit avant ou après que la preuve céleste soit établie contre un cas particulier. Cependant, cela ne veut pas dire que chaque fautif est passible de la punition sur terre et dans l’au-delà. Désigner une chose est une chose et le statut qui en découle en est une autre.

Tous les textes sur la menace divine (malédiction, takfîr) sont à prendre dans l’absolu, et donc, soumis à des conditions à remplir et à des restrictions à exclure avant de pouvoir les appliquer à un cas particulier.

L’intérêt de ces textes, c’est de dénoncer les causes qui sont à l’origine du châtiment. Or, une cause quelconque n’est pas effective sans remplir certaines conditions et évacuer certaines restrictions. Les textes de la menace divine contre l’auteur d’un péché sont applicables à un cas particulier à condition qu’il ait en mains, ou pour le moins, qu’il ait les moyens d’avoir en mains le texte informant de cette interdiction, ou, en d’autres termes, qu’il sache que tel acte est interdit par la Loi céleste.

Nous avons donné l’exemple plus haut de la malédiction divine. Ibn Taïmiya nous offre à ce sujet une analyse d’une subtilité incroyable, comme il en a le secret ; analyse aussi déroutante qu’envoûtante : « Neuvièmement : la raison à cela, c’est que l’excuse empêche la malédiction d’atteindre un cas particulier. Nous avons vu précédemment que les hadîthsur la menace divine ont uniquement pour fonction de montrer que tel acte engendre la malédiction ; il est la cause à l’origine de la malédiction.
On peut toujours avancer que cela n’implique nullement d’applique le statut correspondant à chaque individu l’ayant commis, mais cela implique que la cause est présente, sans pour autant engendrer le statut qu’il l’entraine ; cela veut dire qu’il n’y aurait aucun mal à le faire.
Nous avons établi précédemment que le mujtahidn’est pas condamnable. Mieux, il est plus grave d’autoriser moralement un péché que de la commettre. Pourtant, l’excuse est valable pour tout le monde.

On peut avancer également qu’on ne peut être qu’un mujtahidet un muqallidpour faire un péché, en sachant que ces deux sont excusables, cela veut dire que personne n’est condamnable !

Ce à quoi nous répondons : la réponse peut se voir sous plusieurs angles :

L’un : l’ambition est de montrer que tel acte est à l’origine de la punition indépendamment de se soucier qu’il existe quelqu’un pour le faire. Dans l’hypothèse où tous les fautifs ne remplissent pas les conditions pour recevoir la punition ou que celle-ci soit annulée en raison d’une restriction quelconque, cela ne remet nullement en question que ce péché soit interdit par la religion.
L’essentiel est de savoir ou de se rendre compte qu’il est interdit en vue de s’en éloigner. Néanmoins, la miséricorde divine veut qu’un fautif éventuel soit excusable pour une raison ou pour une autre. Sur ce principe, nous avons les petits péchés, qui, bien qu’ils soient interdits, sont expiables à condition d’éviter les grands péchés. Ce principe est le même pour tous les péchés qui ne font pas l’unanimité ; notre rôle consiste à les dénoncer, mais, au même moment un fautif motivé par l’ijtihadou le taqlîdpeut être excusable. Cela ne nous empêche nullement d’être convaincus que ce péché reste un péché.

Vu sous un autre angle, quand on met en lumière son statut, c’est en vue de dissiper toute ambiguïté faisant obstacle à la punition. Quand on est excusable en raison de sa mauvaise croyance, cela ne veut nullement dire qu’on doit rester ainsi, sans faire l’effort de se renseigner dans la mesure du possible. Sinon, cela remettrait en question le devoir de propager la science ; cela signifierait qu’il vaudrait mieux dans l’intérêt des gens de les laisser ignorants. Il n’y aurait plus aucun intérêt à expliquer, avec preuves à l’appui, les questions ambigües.

Sous un troisième angle, dévoiler le statut et la menace qui plane sur un péché conforte les gens sains à s’en éloigner ; sans cette campagne de sensibilisation, ce péché prendrait du terrain dans les rangs.

Sous un quatrième angle, quand on parle d’excuse, on fait naturellement allusion à celui qui n’est pas capable d’y remédier. Sinon, dès lors qu’il est en mesure de connaitre la vérité, il n’est plus excusable pour son laisser-aller.

Sous un cinquième angle, il n’est pas évident de dire que l’ijtihâdet le taqlîdsont une excuse dans l’absolu. Il y a des cas où ils ne sont pas tolérés. Pour eux, la cause à l’origine de la menace divine est bel et bien effective, et l’ijtihâdet le taqlîdne constituent plus une restriction dans leur cas. Ils sont donc passibles de la punition, celle-ci est même toute désignée, sauf, bien sûr, si aucune autre restriction ne vient intercéder en leur faveur (repentir, bonnes œuvres expiatrices, etc.).

De plus, l’ijtihâdet le taqlîdne sont pas des notions constantes. Quelqu’un peut être motivé dans son acte par l’un de ses deux facteurs en pensant qu’il est en droit de le faire, mais le fait est qu’il peut soit avoir tort soit avoir raison. L’essentiel, c’est de garder la vérité entre les yeux, et de mettre les passions de côté ; auquel cas, Allah n’impose rien à l’homme qui soit au-dessus de ses forces. »[12]

Conclusion

Établir l’existence d’une chose (ism) ou d’une action (sifa) ne revient pas forcément à établir le statut qui en découle. On ne taxe pas quelqu’un d’innovateur sous le simple prétexte qu’il a commis une innovation. Une enquête s’impose en examinant si toutes les conditions pour se prononcer sont remplies, et si, en même temps, aucune restriction ne vient faire entrave à notre jugement.

En parallèle, rien ne nous empêche de dénoncer ses agissements et de mettre en garde contre leur impertinence et leurs méfaits. Dans le cas d’un traditionaliste, nous disons qu’il s’est trompé et qu’il est l’auteur d’une innovation. Avec lui on parle de sifa, tandis qu’avec les partisans des sectes qui commettent le même acte, nous parlons du ism. Autrement dit, ce sont des innovateurs. C’est règle est connue sous le nom de masâil el asmâ wa el ahkâm.

Ainsi, nous ne sommes pas toujours en mesure de savoir si l’innovateur fut motivé par les passions, l’ijtihâd ou le taqlîd. Cependant, le seul outil tangible que nous avons en mains est l’orientation et l’iqâma el hujja. En parallèle, nous dénonçons l’innovation et ses méfaits en vue de protéger les musulmans, ce qui est une fin en soi, et de parer à toute excuse. La punition du mubtadi’ est à même de remplir cette fonction, à condition, bien sûr, d’être en mesure de le faire.

Si nous étalons tous ses détails, ce n’est nullement en vue de minimiser l’innovation en donnant des excuses à leurs auteurs. Néanmoins, le but suprême, c’est de mettre en lumière la cause qui est à l’origine d’une éventuelle excuse. Cerner les symptômes est la première étape du remède. S’il est excusable, c’est que dans son esprit, il n’a fait aucun mal ; de son point de vue, sa croyance et sa conscience sont intactes. Notre rôle est de dénoncer la bid’a dans laquelle il a sombré en la confrontant aux textes du Coran et de la sunna.

L’erreur provient de plusieurs facteurs : de la méconnaissance des textes (dans ce cas, le remède consiste à vulgariser le savoir afin de le rendre accessible à tous) ; soit elle est due à un problème de méthodologie en s’appuyant sur des mauvaises sources (dans ce cas, le remède consiste à mettre en valeur les références incontournables des musulmans : les textes scripturaires et le consensus) ; soit elle repose sur un taqlîd illégitime (dans ce cas, le remède peut consister à remettre en question la compétence du meneur). Ces détails offrent une vision large de l’iqâma el hujja.[13]

Wa Allah a’lam !

J’ai écrit cette analyse tout en veillant à rester dans les limites du bon sens. Je ne désire rien d’autre que d’apporter la réforme dans les limites du possible, et Allah est Seul garant du résultat !
















[1]Kashf el qinâ’ (6/420).
[2]El intisâr li hisb Allah el muwahhidîn(p. 16-18).
[3]el hujja fî bayân el mahajjade Qawwâm e-sunna (2/424).
[4]E-Lâlakâî (1/176).
[5]Voir : e-sîl el jarrâh de Shawkânî (1/103).
[6]Voir : i’âna e-tâlibîn (4/217).
[7]El insâf d’el Mardâwî (2/254).
[8]El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).
[9]Les femmes ; 98
[10]E-turuq el hakamiya (1/255).
[11]El insâf d’el Mardâwî (2/48).
[12]Majmû’ el fatâwâ.
[13]El Maqrîzî s’inspire de nombreuses références, dont plus particulièrement deux ouvrages illustres, tous deux d’ibn el Qaïyim el Jawziya. Il s’agit en l’occurrence d’el Jawâb el Kâfî pour la première partie et de Madârij e-Sâlikîn pour la deuxième partie. Ce dernier n’impute pas ces fameux textes à son auteur attitré, comme a pu le faire également ibn ‘Abi el ‘Izz dans son explication d’el ‘aqîda e-tahâwiya avec les œuvres d’ibn Taïmiya. Son intention en cela ne fut pas de piller les ouvrages d’autrui en vue de se les donner pour sien comme un vulgaire plagiat. C’est plutôt le climat de l’époque dans lequel il évoluait qui était hostile à toute production littéraire ayant l’empreinte d’ibn Taïmiya et de ses élèves (et plus particulièrement ibn Qaïyim). Il fallait ménager la dynastie fatimide ‘Ubaïdite régnante en Égypte. Lui-même condamne le principe du plagiat dans sa fameuse encyclopédie d’histoire. [Voir : El Khutat el Maqrîzî (1/7).]
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