Bismilâhi r-Rahmâni r-Rahîm
Voici le 2è point de « Ousoûl as-Sounnah », commenté par Cheykh Rabî‘ AL MADKHALI– qu’Alâh le préserve. Il est intitulé :
« Le rang de la Sounnah et son rapport au Qour’ân »
Rappel : Le matn existe en pdf à l’adresse suivante :ici ; de même que son audio à cele-ci :
– 2 – Le rang de la Sounnah et son rapport au Qour’ân.
« La Sounnah, de notre point de vue, ce sont les âthâr du Messagerd’Alâh r. La Sounnah commente le Qour’ân, ele en est la signification.
Et il n’y a pas d’analogie dans la Sounnah. On ne lui oppose pas des exemples. Ce n’est pas le recours à la raison et aux passions qui permet de la comprendre. Il nous incombe uniquement de la suivre et de délaisser les passions. »
Il dit : « La Sounnah, de notre point de vue, ce sont les âthâr du Messager d’Alâh r » Qu’est-ce que la Sounnah ? « Les âthâr du Messager d’Alâh r », c’est-à-dire ses paroles, actes et approbations. Nous avons un Livre et aussi une Sounnah.
Qu’est-ce que la Sounnah ? Ce sont les âthâr du Messager, c’est-à-dire ses paroles, actes et approbations r, soit ce qu’Alâh nous a imposé de suivre et à quoi Il nous a imposé de nous attacher.
Il dit, montrant le rang de la Sounnah et son rapport au Qour’ân : « La Sounnah commente le Qour’ân, ele en est la signification ». La Sounnah éclaire le Qour’ân : {Et Nous avons fait descendre sur toi le Rappel pour que tu expliques aux gens ce qui leur a été révélé} [AN-NAHL, 44]. {Si vous êtes en désaccord sur un sujet, ramenez-le à Alâh et au
Messager} [AN-NISA’, 95]. « Ramener à Alâh », c’est-à-dire au Livre d’Alâh.
« Ramener au Messager », c’est-à-dire à lui de son vivant et à sa Sounnah après sa mort. [La Sounnah] est la référence des gens. Ele est au même niveau que le Qour’ân. Ele a force obligatoire au même titre que le Qour’an, dans les chapitres relatifs au dogme, aux préceptes religieux, au licite, à l’ilicite et dans tous les compartiments de la religion. C’est ainsi que lorsqu’on posait une question à un Salaf, il ne faisait pas de diférence entre les textes – coranique ou prophétique – et répondait par celui qui lui venait le premier à l’esprit. Nous en verrons plus loin des exemples tirés des Compagnons, tels que ‘Oumar, Aboû Bakr ou Ibn ‘Oumar.
« Ele en est la signification ». Ele explique ce qui [du Qour’ân] est résumé ; ele développe le concis ; ele éclaircit ce qui est vague ; ele apporte des limites à ce qui est dit de façon absolue ; ele spécifie le général. [Ainsi,] elle nous explique la prière : ses horaires ; sa quantité ; ses menus détails ; ce qu’on y récite; ce que l’on dit lors de l’inclinaison (roukoû‘); ce que l’on dit lors de la prosternation (soujoûd). Tout cela relève de la Sounnah. Alâh dit : {Et accomplissez la prière et donnez la zakâh} Il répète de nombreuses fois ce genre de phrases, tandis que la Sounnah nous a expliqué cela et l’a développé. Ele est la signification, l’exposé, l’éclaircissement des [points]
résumés du Qour’ân ; la spécification de ce qui y est général ; les limites de ce qui y est mentionné de façon absolue. Ainsi, ele « commente le Qour’ân »
comme l’a dit cet Imâm, « ele est la signification du Qour’ân » aussi, comme il l’a dit – qu’Alâh lui fasse Miséricorde.
« Et il n’y a pas d’analogie dans la Sounnah ». Cela signifie qu’il n’y a pas d’analogie dans la religion d’Alâh. « Lorsque vient le fleuve d’Alâh, le canal de
« Ma‘qil » devient inutile » (1). Pas d’analogie lorsque le texte vient : on ne lui oppose ni raison, ni raisonnement analogique, ni opinion, ni quoi que ce soit.
Pas d’autre choix que de se soumettre {Mais non, par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants, tant qu’ils ne t’auront pas institué juge de leurs différends, qu’ils n’auront éprouvé aucune gêne vis-à-vis de ta sentence et ne se seront soumis pleinement } [AN-NISA’, 65]. [Il arrive] qu’une certaine personne exagère dans l’analogie à un degré tel qu’elle en aboutit à rejeter les textes en disant : « Ce texte est en contradiction avec les fondements [du fiqh], ce texte est en contradiction avec l’analogie ». Ils ont considéré à outrance l’analogie !
L’Imâm Ahmed indique la réplique à [leur] adresser. Sinon, il existe [bien] une analogie a fortiori (qiyâs awlâ) ; mais comme on dit, c’est comme la bête
morte : on n’y a recours qu’en cas de nécessité. Mais [recourons] plutôt à cheykh al islâm Ibn Teymiyyah, qui a évoqué [ce qui suit] dans un petit livre qu’il a intitulé « Ma‘ârijou l-wousoûli ilâ bayâni anna ousoûla d-dîni wa fouroû‘ahou qad bayyanahâ r-Rasoûlou » (« Les escaliers à emprunter, pour
parvenir à la preuve que les fondements de la religion, de même que ses matières appliquées ont déjà été expliquées par le Messager ») : « [il résulte]
d’un examen minutieux, qu’il n’existe pas un ijmâ‘ sans que nous lui ayons trouvé un texte ». De la même façon, il n’est pas un groupe qui ait établi une analogie, sans qu’il existe un texte sur le thème même de cete analogie. Mais les gens n’ont pas tous les mêmes capacités à assimiler les textes, ou même à
s’approcher de leur assimilation exhaustive. Et rares sont ceux qui ont assimilé les textes ou s’en sont approché comme l’Imâm Ahmed – qu’Alâh lui fasse
Miséricorde. C’est pour cela que tu trouves chez de nombreux savants des raisonnements analogiques corrects – Alâh les a guidé vers une analogie
correcte –, mais s’ils s’étaient afairés plus largement à étudier la Sounnah, ils auraient alors trouvé un texte du Législateur. Car le Messager r a [efectivement] exposé les fondements et les matières appliquées, de sorte qu’il n’a rien délaissé : {Nous n’avons dans le Livre rien négligé} [AL AN‘AM, 38] ; {Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’islâm pour vous comme religion} [AL MA’IDAH, 3]. Notre religion est complète, dénuée de carence. [Il arrive qu’une] certaine personne fasse un effort personnel (ijtihâd) et applique un raisonnement analogique : son analogie est correcte, attachée à un texte, contient une cause (‘ilah) qu’on prend en considération (2). Mais il existe sur la question un texte qui ne lui est pas parvenu ; et s’il lui était parvenu, il l’aurait pris comme base légale et aurait abandonné l’analogie. Vient après lui quelqu’un qui a étudié la Sounnah dans les jawâmi‘, les masânîd, les ma‘âjim(3), etc. Et il trouve – Ibn Teymiyyah par exemple –, il trouve que [pour] cet ijmâ‘, il existait un texte. Ils ont abouti à un ijmâ‘ correct, conforme aux textes législatifs; s’ils avaient trouvé ce texte, ils l’auraient pris comme base légale, mais ils n’ont pas trouvé. Puis vint quelqu’un qui étudie avec soin – comme Ibn Teymiyyah ou un autre – par un examen minutieux et il trouva que par endroits, des consensus avaient été reconnus là où des textes
remontant au Prophète r existaient ; et qu’en d’autres endroits, des savants avaient établi des analogies – qui étaient correctes – mais que [là aussi] il existait des textes du noble Prophète r qui n’étaient pas parvenus à leur connaissance.
En tout état de cause, l’Imâm Ahmed repoussait durement l’analogie. Il rejetait nombre des afaires dans lesqueles on prétendait [à l’existence d’] un
ijmâ‘ ; de même que celui qui disait : « Les gens ont établi un consensus sur la question », à qui il répliquait : « Qui te dit [qu’il n’y a pas] là un désaccord ? »
Qu’il dise : « Je ne connais pas de désaccord dans tele afaire », mais qu’il s’abstienne de dire : « La communauté a établi un consensus dans cete afaire ». Il est plus correct de dire : « Je ne connais pas de désaccord », parce qu’il se peut qu’il y ait là un désaccord qui ne lui est pas parvenu et dont il n’avait pas été informé.
Il a dit : « Et on ne lui oppose pas des exemples ». si un texte te vient, soumets-toi : { Mais non, par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants, tant qu’ils ne t’auront pas institué juge de leurs différends, qu’ils
n’auront éprouvé aucune gêne vis-à-vis de ta sentence et ne se seront soumis pleinement } [AN-NISA’, 65]. Si quelqu’un t’apporte un texte [dont l’existence est] avérée – authentique (sahîh) ou bon (hasan) –, ne dis pas : « Walâh, walâh ! », c’est-à-dire pour lui opposer des exemples. C’est ce qu’a dit Aboû Houreyrah, comme [mentionné] dans l’introduction d’Ibn Mâjah(4). Il dit : « La purification s’impose à celui qui a mangé ce que le feu a touché ». Il a rapporté ce hadîth concernant l’ordre de se purifier de ce que le feu a touché, et l’un des Compagnons lui dit : « Vois-tu le hamîm – c’est-à-dire l’eau chaude –, est-ce que je dois m’en purifier ? ». Il répondit : « Cher neveu, s’il te parvient un hadîth du Messager d’Alâh, ne lui oppose pas des exemples », ce qui veut dire : « soumets-toi ». Ceci est une règle, qu’Alâh vous bénisse.
Il dit : « Ce n’est pas le recours à la raison et aux passions qui permet de la comprendre ». Cela veut dire qu’on ne la comprend pas par le recours à la raison et aux passions, mais par la narration (naql). Tu veux la Sounnah, tu veux la guidée ? Apprends, étudie ! Et si te vient la Sounnah, applique-toi à
l’acquisition de sa bonne compréhension (tafaqqah fîhâ) ; utilise ta raison pour [acquérir] sa bonne compréhension : « Celui à qui Alâh veut du bien, Il lui donne la bonne compréhension de la religion »(5). Par contre, que tu veuiles – sans les textes, sans la Sounnah – t’exprimer au sujet de la religion
d’Alâh, [revient] à parler d’Alâh sans science. { Dis : « Mon Seigneur a seulement interdit les monstruosités apparentes et cachées, le péché,
l’oppression injustifiée, que vous associez à Alâh alors qu’Il n’a rien révélé de probant à ce sujet ; et que vous disiez sur Alâh ce que vous ne savez pas } [AL A‘RAF, 33]. Il est impératif que le musulman fasse preuve de retenue dans [les points] de dogme, les adorations, le licite et l’ilicite. Dans les afaires de ce bas-monde, fais un efort personnel : « Vous êtes les plus savants dans les affaires de ce bas-monde qui vous concernent ». Mais le principe de base, en ce qui concerne la religion, est l’interdiction sauf pour
ce que le Législateur a autorisé. Si tu entres dans la religion avec ta raison, tu suivras ta passion et tu parleras sans science sur Alâh, ce qui fait partie des
plus grands péchés. Dans certains cas, cela aboutit à pire que le polythéisme – comme l’a dit Ibn al Qayyim lors du commentaire de ce verset –, parce que le texte contient une hiérarchie, du plus bas au plus élevé. Et le plus grave est de parler sans science sur Alâh : c’est plus grave que le polythéisme, parce qu’y entre le polythéisme et d’autres choses encore. Et qu’est-ce que le polythéisme, s’il ne fait pas partie des paroles des partisans du faux et de l’égarement ?
Atention, atention à ne pas parler dans la religion d’Alâh avec passion, en s’ilusionnant avec la raison, l’inteligence et la compréhension (fahm) ! La
bonne compréhension (fiqh) dans ce texte est exclusivement identique à la préoccupation qu’en avaient les Compagnons et les Tâbi‘în, et comme il l’a dit ici : « Il nous incombe uniquement de la suivre et de délaisser les passions ». Cela signifie que la raison ne doit pas prendre le dessus sur la religion d’Alâh, non plus que la passion. Il nous incombe uniquement de suivre [la Sounnah], de délaisser les passions et de nous consacrer à Alâh le Seigneur des mondes.
Traduction: Saïd,Aboû`Oubaydilâh.
(Tous droits réservés pour le traducteur).
NOTES
(1) NDT : Ma‘qil Ibn Yasâr Al Mouzanî, qu’Alâh l’agrée, était un Compagnon du Prophète r.
« Nahr Ma‘qil » est un des nombreux canaux d’Al Basrah, en Irâq, dont le nom est lié au
Compagnon, qu’Alâh l’agrée, parce que – entre autres raisons avancées – il l’aurait creusé (Cf.
« Mou‘jam al Bouldân », entrée Nahr Ma‘qil). Partant, l’assimilation du canal au Compagnon
est devenue proverbiale (Cf. « Tâj al ‘Aroûs », entrée « ‘A-Q-L »), Cheykh ‘Abdou l-Karîm Al
Khoudeyr – qu’Alâh le préserve – l’atribuant même à l’Imâm Mâlik – qu’Alâh lui fasse
miséricorde (Cf. Cheykh Al Khoudeyr, « Moukhtasar Al Khiraqî, Al Istitâbah wa l-hadath wa
âdâb qadâ’ou l-hâjah »). Ele est utilisée dans la science des Fondements du Fiqh (ousoûl al fiqh) pour montrer la prééminence du Texte religieux, et plus largement pour indiquer qu’on privilégie une chose à une autre.
(2) NDT : le recours à l’analogie est soumis à des conditions, parmi lesqueles un motif (‘ilah).
(3) NDT : Chacun de ces trois termes correspond à une façon de recueilir les ahâdîth. Les trois
se rejoignent sur le fait qu’ils en contiennent.
(4) « Sounan Ibn Mâjah », Introduction, Chapitre Le respect [dû au] Messager d’Alâh et le rudoiement de celui qui s’oppose à lui, had. n° (22) résumé ; Livre de la Purification et ses sounan, Chapitre Les ablutions suite à ce que le feu a altéré, had. n° (485). « Sounan at-Tirmidhî », Livre de la Purification, Chapitre Ce qui est parvenu concernant la purification suite à ce que le feu a altéré, had. n° (79). Cheykh Al Albânî l’a jugé « hasan ».
(5) « Al Boukhârî », Livre de la Science, Chapitre Celui à qui Alâh veut du bien, Il lui donne la bonne compréhension de la religion, had. n° (71). « Mouslim », Livre de la Zakâh, Chapitre
sur l’interdiction de demander, had. n° (1037)
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