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ÞÏíã 22 Jan 2012, 06:19 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'

Version résumée

(Partie 2)




Iqâma el hujjadans les questions du tabdî’ : des traditionalistes peuvent sombrer dans l’innovation, mais cela ne fait pas forcément d’eux des innovateurs, tant qu’ils ne fondent pas dessus leurs sentiments d’amour et de haine




« Si ce genre d’individus ne fondent pas à partir de leur innovation une tendance avec laquelle ils se séparent de l’union des musulmans et sur laquelle ils fondent leur alliance (l’amour et la haine en Dieu), celle-ci sera mise au compte de la simple erreur. En sachant qu’Allah (I)pardonne ce genre d’erreur aux croyants. Ce fut le cas de bon nombre de grandes références parmi les anciens, qui, suite à un effort d’interprétation, furent les auteurs d’opinion qui allaient à l’encontre du Coran et de la sunna. Ils étaient différents de ceux qui fondaient dessus leur alliance et qui divisaient les rangs des musulmans ; ces derniers taxaient de mécréants ou de pervers tous ceux qui n’allaient pas dans leur sens, et épargnaient tous ceux qui les rejoignaient dans leurs idées et leurs efforts d’interprétation. Ils autorisaient moralement le sang de leurs adversaires, et ne touchaient pas à ceux qui s’accordaient avec eux. Ces gens-là sont les adeptes de la division et de la divergence. »[1]




Contre ces derniers, il est indispensable d’établir la preuve céleste




Là où nous voulons en venir, c’est que l’innovation, et, en général, tout ce qui s’oppose au Coran et à la sunna peut provenir d’un individu qui est excusable, soit pour avoir fait un effort d’interprétation soit pour avoir suivi quelqu’un d’autre (taqlîd) dans les limites excusables. Il est possible également qu’il n’ait pas les moyens de parvenir à la vérité.[2]




Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit que les Textes divins concernant le mauvais devenir de l’homme (wa’îd) et les paroles provenant des grandes références de la religion sur les questions du takfîr (taxer quelqu’un d’apostat), du tafsîq(taxer quelqu’un de pervers), et autres, n’impliquent pas qu’ils faillent les appliquer à une personne en particulier sauf si celle-ci répond aux conditions pour le faire et si toute restriction en est exclue.[3]




« Il n’y a pas de différence en cela entre les questions fondamentales et les questions subsidiaires de la religion, pour ce qui est du châtiment divin dans l’au-delà. Tout individu passible de la menace divine (châtiment, malédiction, courroux)qu’elle soit perpétuelle ou non, ou portant des noms (ism) qui s’y rattachent comme mécréant (pour le takfîr)etpervers(pour le tafsîq). Nous pouvons faire entrer dans cette règle indistinctement les innovations (qu’elles soientdogmatiques ou rituelles)qui touchent à la religion, ou les actes de débauche qui touchent à la vie profane, et auxquels on donne le nom de perversité corporelle.




Quant aux différents statuts terrestres (hukm), nous pouvons dire la même chose. Autrement dit, le djihadlancé contre les mécréants doit être précédé de la prédication. Le châtiment s’applique uniquement, en effet, à celui qui a reçu la preuve céleste. Nous pouvons dire la même chose pour les punitions des pervers, soit qu’elle n’a pas lieu avant d’avoir établi contre eux la preuve céleste. »[4]




« Quiconque s’oppose aux enseignements établis par le Coran et la sunnadevient soit un mécréant, soit un pervers, soit, un désobéissant, sauf si c’est un croyant s’étant trompé suite à un effort d’interprétation. Il a droit à une récompense pour son effort, et son erreur lui est pardonnée. Il a droit à la même excuse s’il n’a pas reçu le savoir nécessaire ayant pour fonction d’établir la preuve céleste contre lui. Allah révèle en effet : [Nous n’allions châtier personne avant d’envoyer un messager].[5] Cependant, si la preuve céleste émanant des textes du Coran et de la sunnaest établie contre lui, et qu’il s’y oppose ensuite, il devra recevoir la punition correspondante à son cas, et pouvant aller jusqu’à la mise à mort. »[6]




Exemple d’iqâma el hujja dans les questions du tabdî’




On fit savoir à l’Imâm Ahmed : « Un homme qui retranscrit le hadîth est l’auteur des paroles : « Quiconque affirme de façon formelle que les « dix promis » sont au Paradis est un innovateur. » L’Imam n’apprécia pas ses paroles, et le fit savoir en disant : « C’est sûrement un ignorant qui ne sait pas de quoi il parle. »[7]




Il fut également interrogé au sujet d’un homme qui ne reconnaissait pas le khalifat d’Alî. Voici quelle fut sa réponse : « C’est une très mauvaise parole !

Ahmed ibn Hasan rapporte une version plus longue de cette conversation, et dans laquelle selon Bakr, selon père, on demanda ensuite à l’Imam : « Est-ce qu’il compte parmi les traditionalistes ?

- Je ne m’avance pas à l’exclure du traditionalisme, car il fut sûrement motivé par une erreur d’interprétation. »[8]




Ahmed ibn Munî’ el Baghawî affirme pour sa part : «Celui qui prétend que le Coran est créé est un jahmî, et celui qui ne se prononce pas sur le sujet parmi ceux qui ne comprennent rien (marchands, femmes, enfants), nous ne disons rien sur eux, et nous les instruisons sur la chose. »[9]




Comment se comporter avec un traditionaliste qui commet une erreur ?




Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Si l’un d’eux fait une mauvaise interprétation qui somme toute est plausible, il n’est pas permis de l’évoquer en mal ni de le critiquer ; si l’on sait qu’Allah lui a pardonné sa faute. Il incombe même au regard de la foi et de la piété qu’il renferme, de l’aimer et de s’allier à lui. Il faut remplir le devoir qu’Allah a imposé envers lui, qui consiste à l’évoquer en bien, à invoquer le pardon en sa faveur, etc. »[10]




« Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baïtou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre dans son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.

Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :

- Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.

- Ceux qui le condamnent et qui remettent en question, à cause de cette erreur, sa piété et son statut de wali. Ils font jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.

Or, ces deux voies opposées sont aussi égarées l’une que l’autre.

Les gens des passions parmi les kharijiteset les rafidhites, notamment, se sont égarés par cette porte. Quant aux traditionalistes qui suivent la voie de la modération, ils encensent tous ceux qui le méritent ; ils les aiment et les prennent pour alliés, tout en gardant la vérité entre les yeux. Ils encensent la vérité et sont cléments envers les hommes. Ils savent pertinemment qu’un même homme peut avoir des bons et des mauvais côtés (récompenses/péchés) ; il est louable d’un côté, et blâmable d’un autre côté ; il mérite une récompense d’un côté et est passible du châtiment d’un autre côté ; on l’aime d’un côté et on le déteste d’un autre côté. Cette tendance est celle des traditionalistes, et s’oppose notamment aux kharijiteset aux mu’tazilites. »[11]




Exemples d’effort d’interprétation excusable




L’Imâm ibn Khuzaïma remettait en question le hadîth disant qu’Allah avait créé Adam à Son Image. Selon lui, en allant ainsi à l’encontre du consensus des savants comme le stipule ibn Taïmiya,[12] l’image revenait à Adam. C’est exactement ce genre d’interprétation que l’Imam Ahmed attribuait aux jahmites.[13]




Pour sa défense, e-Dhahabî met en avant : « Ibn Khuzaïma tient une grande place dans nos cœurs. Nous les vouons un grand respect en raison de son savoir et de sa religiosité. Il était fidèle à la sunna. Dans son ouvrage e-tawhîd, épais d’un seul volume bien fourni, il interprète le hadîthde « l’Image ». Or, en règle générale, en interprétant certains Attributs, on est excusable.




Quant aux anciens, ils n’ont jamais eu recours à l’interprétation des textes (ta-wîl)… Néanmoins, si chaque erreur qui résulte d’un effort d’interprétation et venant d’un savant connu pour sa bonne croyance et sa soumission à la vérité, nous devions le détruire et le taxer d’innovateur, il y aurait très peu d’imamqui échapperait à notre courroux. »[14]




Le grand Mohammed el Karkhî, à son tour, voyait qu’après les questions de la tombe, le mort n’avait plus aucune sensation dans l’entre-deux monde (barzakh), et ne subissait donc aucun châtiment. Ibn Taïmiya fait remarquer qu’il était le seul parmi les grandes références à avoir fait cette interprétation qui allait à l’encontre de la grande majorité des anciens. Malgré cela, il gardait son rang d’Imam dans le sens où son erreur n’avait aucune conséquence sur sa crédibilité.[15]




Notons enfin qu’aux yeux d’ibn Taïmiya, l’erreur d’un Imam qui se noie dans l’océan de ses bonnes œuvres ne justifie pas qu’on l’imite sur son opinion. Ce dernier avait au moins l’excuse de ne pas connaitre la question dans tous ces détails, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de gens qui sont venus après lui. Ainsi, si on offre à la Mère des croyants l’excuse de contester que les morts puissent entendre dans la tombe, nous ne pouvons pas en dire autant de ceux qui, en toute âme et conscience, on reprit, après elle, cette tendance à leur compte. Nous devons donc bien appréhender cette règle qui est d’une extrême importance.[16] Quoi que ce dernier point reste complexe, je reviendrais dessus in shâ Allah dans un prochain article.




On peut toujours avancer que l’Imâm Ahmed a badda’ certains cas particuliers sans ne leur avoir donné, à priori, aucune circonstance atténuante




Ce à quoi nous répondons : bon nombre de réponses venant de l’Imam Ahmed ou d’autres références furent orientées en fonction de la question et de la situation de l’interlocuteur ; ou bien son discours était-il particulier à l’interlocuteur dont la situation lui était notoire. Cela est du même ordre que les décisions particulières que le Messager d’Allah (r) prit au sujet de certaines affaires. Il faudrait donc établir une loi correspondante pour chaque affaire analogue.[17]




La règle du hukm et du ism




Le takfîr et le tafsîq dépendent des questions du hukm (statut d’un cas particulier) et du ism (nom ou description d’un acte). Ils impliquent donc un certain nombre de choses :

- La menace divine dans l’au-delà,

- Les sentiments d’alliance (l’amour et la haine en Dieu),

- La sacralisation du sang sur terre, etc.[18]




Il faut donc distinguer entre l’acte ou la parole qui est une bid’a et leur auteur. À titre d’exemple, la Mère des croyants ‘Âisha – qu’Allah l’agrée – contestait à ibn ‘Abbâs et bien d’autres Compagnons que Mohammed (r) vit Son Seigneur la nuit de l’Ascension. Elle allait jusqu’à dire : « Quiconque prétend que Mohammed a vu Son Seigneur aura gravement menti sur Allah (I). »[19] Or, la majorité des savants de la communauté rejoignent ibn ‘Abbâs, mais ils n’ont pas taxé d’innovateurs tous ceux qui se sont mis du côté de la fille d’Abû Bakr – qu’Allah l’agrée – en contestant la chose.




Cette même ‘Âisha remettait vivement en cause que les Quraishites tombés la bataille de Badr aient entendu le sermon que le Prophète (r) leur prodigua. Après les hostilités, il avait pourtant prévenu ses Compagnons une fois que les corps avaient été rassemblés : « Vous n’entendez pas mieux qu’eux ce que je suis en train de leur dire. »[20] Celle-ci n’accordait pas que les morts puissent entendre, et prétexta qu’en fait, il voulait leur faire savoir que maintenant ils savent que je leur disais la vérité.[21]




Nul doute, toutefois, que les personnes mises en tombe entendent le départ du cortège.[22] En outre, il est certifié que le Prophète (r) est l’auteur des paroles : « Quand un mort, qui, dans sa tombe, reçoit le salut d’un passant qu’il connaissait de son vivant, on lui rend son âme afin qu’il puisse le lui rendre. »[23] Etc.

La Mère des croyants s’en ait fait sa propre interprétation, qu’Allah l’agréé ! Il est dit également que Mu’âwiya (t) pensait que le meilleur des hommes avait fait son Ascension avec son âme uniquement.[24] Des exemples de ce genre, il y en a beaucoup d’autres.




Nous ne parlons pas des divergences dans les lois pratiques de la religion, car là, elles sont trop nombreuses pour pouvoir les cerner. Si à chaque fois que deux musulmans qui divergent sur un point devaient ne plus se parler (hajr), il n’y aurait plus de fraternité ni d’immunité du groupe. Abû Bakr (t) et ‘Omar (t), les têtes de files de la communauté, s’opposaient sur certains points, mais avec une bonne intention.[25]




À suivre…








[1]Majmû’ el fatâwâ (3/349).

[2]Majmû’ el fatâwâ (10/371).

[3]Majmû’ el fatâwâ (10/372).

[4]Majmû’ el fatâwâ (10/372).

[5]Le voyage nocturne ; 15 voir les tafsîr d’e-Tabarî et d’ibn Kathîr.

[6]Majmû’ el fatâwa (1/113).

[7]E-sunna d’el Khallâl (1/369).

[8]E-sunna d’el Khallâl (1/428).

[9]E-lâlakâî (1/176).

[10]Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[11]Minhâj e-sunna (4/543).

[12]Bayân talbîs el jahmiya (6/373).

[13]Tabaqât el hanâbila d’Abû Ya’lâ (2/236).

[14]Siar a’lâm e-nubalâ (14/374-375).

[15]Bayân talbîs el jahmiya (6/398-406).

[16]Majmû’ el Fatâwâ (6/61).

[17]Majmû’ el Fatâwâ (28/ 213).

[18]Majmû’ el fatâwâ (12/468).

[19]Rapporté par el Bukhârî (4612), et Muslim (279).

[20]Rapporté par el Bukhârî (3976), et Muslim (279).

[21]Cette histoire est rapportée par el Bukhârî (3979, 3980, 3981).

[22]Lehadîth sur le sujet est rapporté par el Bukhârî (1338), et Muslim (2870).

[23]Rapporté par ibn ‘Abd el Barr dans el istidhkâr (1/231), selon ibn ‘Abbâs ; il n’en demeure pas moins controversé.

[24]Voir : fath el Bârî (7/196-197).

[25]Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).



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