ÇáãæÖæÚ: Ibn Taïmiya et le taqlîd
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ÞÏíã 23 Oct 2011, 07:42 PM
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Ibn Taïmiya et le taqlîd
(Partie 2)

…Ces comportements sont caractéristiques au genre humain ; à l’origine des conflits, des querelles, des divisions, et des troubles (fitna), nous avons un clan en faveur de Zaïd contre ‘Amr et inversement, où chacun est motivé par ses intérêts. S’ils parviennent à leurs intérêts et à leurs exigences du côté de leur clan et de Zaïd, ils se tournent vers ‘Amr. En parallèle, les partisans de ‘Amr font la même chose comme nous pouvons le constater à travers les différentes catégories d’individus…
Ibn Taïmiya (Majmû’ el fatâwâ 10/602).


Ce qui est clair pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres

Tout ce qui touche à la religion doit être vu sous le prisme du Coran et de la sunna. Il incombe de se soumettre à tous les enseignements textuels dans le domaine des commandements (obligations/interdictions), sans se tourner vers un avis contraire quel que soit son auteur. Il n’est pas permis de suivre un savant qui qu’il soit qui va à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus de la communauté...

« Tous les hommes en dehors du Prophète (r)ont des paroles qu’il est possible de prendre ou de rejeter. » N’importe quel Imam est forcément l’auteur de paroles ou d’actes allant à l’encontre du Coran et de la sunna et dans lesquels il ne faut pas le suivre, même s’il n’en est pas pour autant condamnable…

Il existe toutefois des questions qui ne s’opposent pas de façon évidente aux textes. Elles relèvent plutôt de l’effort d’interprétation (ijtihâd). Domaine dans lequel il règne une divergence entre savants. Il est possible qu’aux yeux de certains d’entre eux, ces questions soient claires comme l’eau de roche, et qu’Allah leur ait montré la vérité sur celles-ci. Cependant, cela ne leur donne pas le droit de les imposer à ceux pour qui la chose n’est pas aussi claire…

Il est possible également qu’ils y aillent de leurs propres efforts d’interprétations. Ce qui est tout à fait compréhensible de la part de ceux qui en ont la compétence et de ceux qui font leur taqlîd… Autrement dit, ils ne sont pas condamnables…
Pour être condamnable, il faut négliger une obligation ou transgresser une interdiction, sans n’être motivé par une erreur d’interprétation tolérable ou une excuse légitime. Dans ce cas de figure, nous avons ceux qui affichent une tendance allant en opposition avec le Coran et la sunna...

Néanmoins, parfois, la chose est ambiguë. Nous ne pouvons affirmer avec certitude que telle parole ou tel acte est passible ou non d’une punition. Dans ce cas, il vaut mieux s’abstenir et laisser la chose en suspens, car : « Il vaut mieux pardonner par erreur que de punir par erreur. »[1] »[2]

Pour certaines questions, il suffit d’exposer la vérité sans l’imposer aux autres

Il ne convient pas de réprimer avec la main les auteurs de ce genre de questions qui sont le fruit d’un effort d’interprétation. Il ne convient pas non plus d’imposer aux autres d’y adhérer. La bonne démarche consiste à exposer les arguments scientifiques sur le sujet ; on a le choix soit de prendre la bonne opinion pour celui chez qui la chose devient claire, soit de prendre l’autre opinion uniquement par suivisme (taqlîd), ce qui, en soi, n’est pas condamnable.[3]

Le tabdî’ et le hajr de quelqu’un en particulier relève du domaine de l’ijtihâd

Il est possible que l’une des parties qui divergent s’oppose à son adversaire jusqu’à le taxer de kâfir (mécréant) ou mubtadi’ (innovateur) fâsiq (pervers) passible d’une mise en quarantaine (hajr), bien qu’elle ait tort. Cependant, là aussi, elle est motivée par un effort d’interprétation.

Il est possible également que la dureté soit de mise envers certaines personnes ou dans certains contextes, quand notamment la sunna qui voue à la mécréance tous ceux qui s’opposent, est forte, et quand l’auteur de l’autre opinion, que nous taxons d’innovateur, représente un danger. L’homme sensé doit tenir compte de tous ses paramètres ; la bonne opinion est vue sous le prisme de ses caractéristiques constantes et permanentes qui, en les appliquant, doivent être conformes à la réalité.

Ensuite, le fait que chez celui qui l’entende, elle soit connue, approximative, ignorée, formelle, ou probable ; ou qu’il incombe de suivre ou ne de pas suivre, ou qu’elle voue ou non à la mécréance celui qui la renie, ce sont des lois pratiques qui varient en fonction des personnes et des situations.[4]

La divergence nait souvent suite à un malentendu

Il est possible de mal se représenter le débat, en sachant que la vérité n’est pas forcément avec l’une des parties de la polémique, ou en d’autres termes qu’elle ne soit ni avec l’une ni avec ni l’autre, mais avec une troisième partie qui, elle, est extérieure au débat. Cependant, les deux parties en présence sont excusées pour leur erreur ou leur incompréhension, à condition de garder une intention saine. Le problème, c’est lorsque des ignorants s’en mêlent.[5]Ces derniers n’ont pas suivi le courant des choses ; ils n’ont pas en mains tous les éléments à même de leur donner un bon jugement ; ils se représentent mal la divergence, et beaucoup de détails leur en échappent. Ils poussent le ridicule jusqu’à prendre à partie leur adversaire, qui, pourtant, a le même discours que celui qu’ils défendent. Comme ils se font une bonne opinion de lui, ils lui donnent automatiquement raison. Ils trahissent ainsi qu’ils ont plus le souci de juger les personnes que leur discours.[6]

C’est pourquoi, il incombe pour s’initier dans ces polémiques de s’armer de deux outils indispensables :
  1. une connaissance étendue des textes du Coran et de la sunna,
  2. et une connaissance étendue du vocabulaire des uns et des autres avec l’objectif de les distinguer à la lumière des textes à même de trancher entre tous les litiges.[7]
La rigueur scientifique réclame de faire une étude exhaustive de toutes les opinions en vue de mettre en lumière celle qui est conforme à la vérité et aux textes.[8]

Chacune des parties en litige peut également mal se représenter les arguments de son adversaire. Avoir un avis différent ne signifie pas forcément qu’on ait tort, mais chacun prend une partie de la vérité. Ainsi, les uns et les autres ont raison sous un certain angle, mais le problème, c’est de rejeter la vérité qui se trouve chez l’autre.[9]
Il est possible également que chaque partie exprime mal son opinion ; il incombe donc d’entrer dans les détails pour en dégager la vérité.[10]

Il existe trois sortes d’opinions :
  • entièrement vraie,
  • entièrement fausse,
  • ni vraie ni fausse, ou vraie sous un certain angle et fausse sous un certain angle. Cette dernière sorte est malheureusement à l’origine de la plupart des divergences.

C’est la raison pour laquelle toute réfutation objective réclame de regarder deux choses :
  • L’opinion en elle-même,
  • Et le jugement que l’on porte sur cette opinion, et qui sera différent en fonction de la situation, du contexte, des détails que l’on en donne, et des personnes qui y adhèrent.[11]
Il est donc erroné d’avoir une position uniforme pour tous les cas rencontrés.[12]

Imposer aux autres ce qu’Allah ne leur a pas imposé est une forme d’injustice

Ainsi, pour entrer dans les détails, il incombe de parler avec le savoir qui nous a été tracé par Allah et Son Messager ; c’est celui-ci que nous avons le devoir de rechercher. Néanmoins, il est condamnable de parler sans savoir. C’est le cas notamment quand notre opinion s’oppose au Coran et à la sunna. Il est possible de parler d’une chose en pensant que c’est du savoir, soit en mettant en avant son propre avis, soit en s’inspirant d’un texte qu’on a en main, ou tout simplement en parlant sans savoir.

Parfois, l’auteur d’une telle parole est excusable, bien qu’au même moment nous ne la suivons pas. D’autres fois, il est condamnable dans la situation où il commet une injustice envers un tiers, et que, par animosité, il rejette la vérité qui est chez lui.

Allah blâme ce comportement dans le Verset : [Les gens du Livre ne se sont divisés après avoir reçu le savoir, que par animosité les uns envers les autres].[13]
Ainsi, l’animosité est blâmable dans l’absolu ; que ce soit en imposant aux autres des choses auxquelles ils ne sont pas tenus de suivre, ou en les condamnant pour les avoir délaissés, ou encore en les condamnant alors qu’ils sont excusables – Allah leur pardonne leur erreur –. Condamner les autres et leur infliger une punition sans qu’Allah ne les condamne ni ne les punisse est une forme d’animosité, surtout quand celle-ci est motivée par les passions.[14]

En dehors du Prophète (r), les traditionalistes n’imposent de suivre personne en particulier

Ibn Taïmiya souligne dans minhâj e-sunna : « Toutefois, la plupart des savants n’imposent pas au commun des gens de suivre aveuglément quiconque dans tous ses dires en dehors du Prophète (r). Allah se porte garant de préserver sa communauté de l’erreur. Grâce au grand nombre de savants, cette immunité peut ainsi se perpétuer. Si l’un d’eux se trompe sur une question donnée, il n’en sera pas forcément le cas pour les autres. Ainsi, la vérité sera préservée. C’est pourquoi, lorsque les opinions de certains érudits étaient sujettes à l’erreur sur certaines questions comme celles que l’auteur a ramenées (précédemment)en l’occurrence, la bonne réponse se trouvait chez l’autre tendance. Les traditionalistes ne peuvent en tout état de cause s’accorder à tomber dans l’erreur. Quant aux erreurs individuelles relatives à certains points donnés, nous avons déjà vu plus d’une fois que cela est sans conséquence tout comme les péchés commis par n’importe quel musulman. »[15]

Le Prophète (r) est la seule personne dans l’absolu sur laquelle il incombe de fonder les sentiments d’alliance (el walâ wa el barâ)

Personne ne peut imposer aux gens d’adhérer aux idées d’une personne, par l’intermédiaire desquelles se désigneraient les alliés et les ennemis en dehors du Prophète (r). Personne n’a le droit non plus d’imposer un discours qui ferait la part entre les alliés et les ennemis en dehors des Paroles d’Allah, celles de Son Messager, et celles qui font l’unanimité de la nation. Cette particularité est plutôt propre aux innovateurs, ceux qui se désignent une personne ou des paroles qui auraient pour fonction de trancher ou de diviser entre les membres de la communauté. Leurs alliés seraient ceux qui adhèrent à cette personne ou à ce discours, et en fonction de cela seraient désignés les ennemis.[16]

À suivre…








[1]La première partie du hadîth est devenue une règle de fiqh, bien que les termes ne remontent pas au Prophète, mais ils viendraient plus probablement des Compagnons. En outre, sa chaine narrative est controversée ; voir : irwâ el ghalîl (2355), et dha’îf el jâmi’ e-saghîr (259) tous deux de Sheïkh el Albânî.
[2]Majmû’ el Fatâwâ (10/383-385).
[3]Majmû’ el Fatâwâ (30/80) et (20/207).
[4]Majmû’ el Fatâwâ (30/80) et (20/207).
[5]E-sârim el maslûl (2/512).
[6]Minhâj e-sunna (2/474).
[7]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/75).
[8]Majmû’ el fatâwâ (13/368).
[9]Majmû’ el fatâwâ (12/114).
[10]E-tis’iniya (2/531-532).
[11]Majmû’ el fatâwâ (6/61).
[12]Majmû’ el fatâwâ (13/65) ; voir également : (6/61).
[13]La famille d’Imrân ; 19
[14]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql d’ibn Taïmiya (8/408-409).
[15]Minhâj e-sunna (3/408, 409).
[16]Majmû’ el Fatâwâ (6/60).

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