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ÞÏíã 19 Jan 2012, 05:04 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Le tabdî' Version résumée






Voici la version d'un article précédent :

Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'
Version résumée
(Partie 1)

Louange à Allah, le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières d’Allah et Son Salut soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

Introduction

Ce n’est pas le genre de questions (celle selon laquelle les mécréants verront ou non Leur Seigneur le Jour de la résurrection ndt.) qui, à ma connaissance, a engendré la séparation et l’exclusion entre ceux qui s’y initièrent. La plupart comptaient, en effet, dans les rangs des traditionalistes… L’Imâm Ahmed avait des discussions houleuses sur le fait d’affirmer de façon formelle que les « dix promis » étaient au Paradis. Lui, et tant d’autres pensaient que c’était effectivement le cas, mais, jamais, ils ne mirent en quarantaine quelqu’un de la partie adversaire dans cette question.[1]

Les dangers du tabdî’

Un article précédent mettait en lumière les dangers du takfîr (taxer quelqu’un de mécréant), il serait bien ici de faire la même chose, mais en plus résumé, avec la question du tabdî’ (taxer quelqu’un d’innovateur). Il est, en effet, extrêmement grave de sortir les gens du giron de la sunna.[2]L’Imam e-Dârimî nous décrit ce symptôme en ces termes : « L’innovation est un domaine extrêmement grave. Tout individu y étant affilié prend une mauvaise place au milieu des musulmans. Évitez donc de vous précipiter à taxer quelqu’un d’innovateur, mais prenez le temps de vérifier, et de vous enquérir que le discours de l’une des deux parties en dispute soit conforme ou non à la vérité.
Comment pouvez-vous faire des conclusions hâtives sur un groupe sans savoir s’il a raison ou non, et sans n’être en mesure, du point de vue de votre école, de dire à l’une des deux parties qu’elle s’est trompée, et que la vérité se trouve ailleurs !

Il est vraiment aberrant et inculte de pointer du doigt un groupe tout en étant incapable d’être formel sur la teneur de ses propos, et sans n’être à l’abri au même moment, du point de vue de son école, que l’une des deux parties soit conforme à la vérité et à la sunna. Comment peut-on alors la taxer de mubtadi’sans n’être à l’abri d’inverser les valeurs ni distinguer entre le vrai et le faux, et de, tout bonnement, condamner sans s’en rendre compte, une sunna. Cette approche est plus que ténébreuse, et il serait très périlleux de minimiser un tel niveau d’ignorance. »[3]

En outre, bon nombre de gens qui parlent des sectes fondent leur jugement sur des suspicions et sur les passions. Ils mettent dans le camp des traditionalistes leur groupe et leur meneur auxquels ils s’affilient et vouent leur alliance. Dans le camp des innovateurs, ils comptent tous leurs adversaires. Il est clair que cette approche est ténébreuse. Les traditionalistes, en effet, n’ont aucun meneur en dehors du Messager d’Allah (r) ; celui-là même qui ne parle pas sous l’effet des passions, mais qui est inspiré par la Révélation. Il incombe de croire à tous ses enseignements et d’obéir à tous ses commandements. Aucun Imam après lui ne jouit de ce statut. « Tous les hommes en dehors du Prophète (r)ont des paroles qu’il est possible de prendre ou de rejeter. »



[Les traditionalistes] n’ont d’autre meneur que le Messager d’Allah (r) qu’ils suivent aveuglément. Eux, qui connaissent mieux que quiconque ses paroles et ses faits et gestes. Ils sont le plus à même de faire le tri entre les hadîth faibles et authentiques. Leurs grandes références pénètrent la sunna sur le bout des doigts ; légistes incontestables, ils en connaissent l’explication ; ils en sont les plus fidèles dans les actes, en y donnant foi, et en fondant dessus leur sentiment d’alliance (l’amour et la haine en Dieu).[4]

Les traditionalistes sont ceux qui suivent le Coran, la sunna, et le consensus des anciens

Ibn Taïmiya définit les traditionalistes comme suit : « Ils représentent ceux qui s’attachent au Livre d’Allah, à la Tradition de Son Messager (r), au consensus des premiers et devanciers parmi les Émigrés mecquois, les Auxiliaires médinois, et leurs fidèles successeurs. »[5]
Le signe distinctif des traditionalistes, c’est de prendre les textes et le consensus en référence.[6]Ces derniers suivent fidèlement les pieux Prédécesseurs ne se prononcent sur aucune chose relevant du domaine de la religion sans s’inspirer du Messager (r) ; soit, conformément aux enseignements du Coran et de la sunna. Quant aux innovateurs, ils ne s’inspirent ni du Coran ni de la sunna et ni des annales remontant aux pieux Prédécesseurs. Ils se tournent plutôt vers la pensée, la langue, et la philosophie.[7]

Qu’est-ce que l’innovation ?

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit : « La bid’a(l’innovation ndt.)[8]par laquelle nous pouvons considérer que son auteur est un mubtadi’ (innovateur ndt.)correspond à toute initiative connue chez les savants traditionalistes pour être contraire au Coran et à la sunnaà l’exemple de la bid’ades kharijites, des râfidhites, des qadarites, et des murjites. »[9]

L’innovation incarne : « tout ce qui va à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus des anciens dans le domaine de la croyance ou de l’adoration. »[10]Ou, en d’autres termes : « tout ce qu’Allah n’a pas légiféré dans le domaine de la religion… Toute action que l’on prend pour religion, et qu’Allah n’a pas légiféré relève de l’innovation, quand bien même celle-ci serait motivée par une mauvaise interprétation. »[11]

En allant à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus, dans des questions où la divergence n’est pas tolérable et où leur auteur n’est pas excusable, on devient un innovateur

« Quiconque va à l’encontre du Coran clair, de la sunnarépandue, ou du consensus des anciens de la communauté, de sorte qu’il ne soit pas excusable, sera traité comme un innovateur. »[12]

Ainsi, l’innovateur est celui qui est connu pour être des gens des passions et de l’innovation, quand bien même son erreur serait pardonnable et qu’il ne mériterait aucune punition. Il reste, malgré tout, un égaré animé par ses passions. Il est capable de délaisser la vérité qui va à leur encontre. Il est possible au même moment qu’il ne sache pas qu’il s’oppose au Messager (r), mais il n’en décèle pas moins de l’hypocrisie et de l’innovation qui sera fonction de son degré d’affront envers Allah et Son Messager,[13]et de son éloignement du Coran et de la sunna.[14]

En outre, il se caractérise pour suivre quelqu’un d’autre que le Messager d’Allah (r), parmi ses pères et ses ancêtres, et envers qui il fonde ses sentiments d’amour et de haine ; il aime tous ceux qui sont en accord avec lui, et déteste tous ceux qui sont en désaccord avec lui.[15]Il n’est pas enclin à se cramponner au Coran, à la sunna, et au consensus.[16]Les innovateurs ne rapportent pas leurs litiges aux textes scripturaires de l’Islam ; ils sont déchirés par des conflits qui sont souvent verbaux, mais qui peuvent aussi être physiques.[17]Leur signe distinctif est de délaisser le chemin des anciens.[18]Ils ne suivent que des conjectures et leurs passions,[19]et, surtout, ils ne prennent pas en référence les textes et le consensus des anciens.[20]

En outre, quand on parle de consensus, on fait allusion, plus infaillible, à celui des anciens,[21]conformément au hadîth : « Je vous recommande de craindre Allah (U), d’écouter et d’obéir au gouverneur, même s’il est esclave [abyssin]. Celui qui vivra parmi vous assistera à de nombreuses divergences. Accrochez-vous donc à ma tradition et à celle des nobles khalifes bien guidés. Tenez-la bien et prenez-la fermement par les molaires. Et méfiez-vous des choses nouvelles, car toute nouveauté est innovation et toute innovation est égarement. » E-Tirmidhî a fait ensuite le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et authentique. »[22]

Ce principe fut établi par l’Imâm Ahmed,[23]et recensé par les grandes références traditionalistes après lui, à l’image d’el Barbahârî.[24]

Exemples de questions qui font sortir de la sunna

La panoplie est vaste, elle s’étend sur tous les domaines de la religion : renier les Noms et Attributs divins, le destin, l’excès dans la religion, la révolte contre les autorités en place, passer ses mains sur ses chaussures au cours des ablutions, etc.[25]

Certains anciens, à l’instar de Sufiyân ibn ‘Uaïyna,[26]et ‘Alî el Madînî,[27]dressaient leur propre liste de questions incontournables. Ibn Qutaïba souligne que les anciens vouaient à l’innovation et à l’exclusion tous ceux qui contrevenaient à ces questions fondamentales.[28]

Exemples de questions qui ne font pas sortir de la sunna

L’Imâm Ahmed fut interrogé au sujet d’un homme qui classait les quatre khalifes, selon l’ordre de préférence de la façon suivante : Abû Bakr, ‘Omar, ‘Alî, ‘Uthmân. Voici quelle fut sa réponse : « Cette parole ne me plait pas !
  • Est-ce qu’on peut dire que son auteur est un innovateur, insista-t-on ?
  • J’appréhende de le considérer comme un innovateur ayant commis une innovation grave.
  • D’accord. Et celui qui dit Abû Bakr, ‘Omar, ‘Alî sans n’aller plus loin, et sans faire de préférence pour aucun d’entre eux.
  • Cette parole ne me plait pas non plus !
  • Est-ce qu’on peut dire qu’il est un innovateur ?
  • Cette parole ne me plait pas. »[29]

Ibn Taïmiya explique que la question de savoir qui est le meilleur entre ‘Uthmân et ‘Alî n’entre pas, aux yeux de la majorité des traditionalistes, dans les questions fondamentales qui vouent à l’égarement tout réfractaire ; et cela, contrairement à l’ordre du Khalifat.[30]

Abû el Qâsim e-Taïmî corrobore ce principe : « selon certains savants, les questions subsidiaires de la religion qui relève de l’effort d’interprétation ne condamnent pas leur auteur à l’innovation ni au blâme. »[31]

Shâtibî fait remarquer cette distinction dans les questions du tabdî’ entre les règles et les questions fondamentales (asl kulli) et les questions subsidiaires (juz-î min el juz-iyât). Il explique notamment que les divergences qui eurent lieu entre les Compagnons relevaient exclusivement du domaine de l’ijtihâd.[32]Plus loin, il précise qu’en multipliant les erreurs dans les questions subsidiaires à la manière des hérétiques, on est autant blâmable que celles commises dans les questions fondamentales.[33]

Juste avant cela, il parle du hadîth : « Quant à cette communauté, elle va se diviser en soixante-treize sectes ; toutes sont vouées à l’Enfer à l’exception d’une seule.
  • LaquelleMessager d’Allah, demandèrent les Compagnons ?
  • C’est la voie sur laquelle nous sommes mes Compagnons et moi. » » Rapporté par e-Tirmidhî.[34]

Il explique ensuite que la division en question ne concerne pas les questions subsidiaires à l’unanimité des savants.[35]

À suivre…








[1]Voir : Jâmi’ e-rasâil d’ibn Taïmiya avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/101-102).
[2]E-sunna d’el Khallâl (2/373).
[3]E-radd ‘alâ el jahmiya (p. 193).
[4]Majmû’ el Fatâwâ (3/346-347).
[5]Majmû’ el fatâwâ (2/375) ; voir chez des références plus anciennes : el hujja fî bayân el mahajja de Qawwâm e-sunna (2/410).
[6]Majmû’ el Fatâwâ (3/346-347).
[7]Cet extrait est retranscrit en résumé : voir notamment : muwafaqat sarîh el ma’qûl li sarîh el manqûl en annotation à manhâj e-sunna (1/222).
[8]Sheïkh Ibrahim e-Ruhaîlî a retenu la définition suivante de l’innovation : c’est toute voie inventée dans la religion qui vient s’opposer à la Législation avec l’intention pour celui qui l’emprunte d'amplifier l’adoration d’Allah.
[9]Majmû’ el fatâwâ (35/414).
[10]Majmû’ el fatâwâ (414/35).
[11]El istiqâma (1/42).
[12]Majmû’ el fatâwâ (24/172).
[13]Majmû’ el fatâwâ (13/63).
[14]Majmû’ el fatâwâ (12/464).
[15]Majmû’ el fatâwâ (3/346-347).
[16]Majmû’ el fatâwâ (12/465).
[17]Majmû’ el fatâwâ (17/311-313).
[18]Majmû’ el fatâwâ (4/155).
[19]Majmû’ el fatâwâ (10/370-371).
[20]Majmû’ el fatâwâ (13/62-63).
[21]Majmû’ el fatâwâ (3/157).
[22]Rapporté par Abû Dâwûd (4607), ibn Mâja (42, 43), e-Tirmidhî (2676), et Ahmed dans son musnad (17145) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa recension de sunan abî Dâwûd, ainsi qu’ibn Taïmiya dans Majmû’ el fatâwâ (18/190).
[23]Voir : usûl e-sunna de l’Imâm Ahmed,
[24]Sharh e-sunnad’el Barbahârî (p. 59).
[25]Majmû’ el fatâwâ(28/105-106).
[26]Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunnad’e-Lalakâî (2/174).
[27]Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunnad’e-Lalakâî (2/185).
[28]Ta-wîl mukhtalaf el hadîth(p. 64).
[29]E-sunnad’el Khallâl (1/378).
[30]Majmû’ el fatâwâ(3/153).
[31]El hujja fî bayân el mahajja(2/411).
[32]El i’tisâm (2/177-178).
[33]El i’tisâm (2/201).
[34]Rapporté par e-Tirmidhî (2641) qui a fait le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et singulier. » ; un autre hadîth-témoin vient le renforcer ; il est rapporté par Mu’âwiya chez Ahmed (16937), et Abû Dâwûd (4597), avec une chaine narrative jugée bonne ; il est rapporté également par Anas ibn Mâlik chez ibn Mâja (3993), avec une chaine narrative jugée potable ; il est enfin rapporté par ‘Awf ibn Mâlik chez ibn Mâja (3992) ; ainsi, en regard de toutes ses chaines narratives, il est considéré authentique.
[35]El i’tisâm (2/161-162).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #2  
ÞÏíã 22 Jan 2012, 06:19 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'

Version résumée

(Partie 2)




Iqâma el hujjadans les questions du tabdî’ : des traditionalistes peuvent sombrer dans l’innovation, mais cela ne fait pas forcément d’eux des innovateurs, tant qu’ils ne fondent pas dessus leurs sentiments d’amour et de haine




« Si ce genre d’individus ne fondent pas à partir de leur innovation une tendance avec laquelle ils se séparent de l’union des musulmans et sur laquelle ils fondent leur alliance (l’amour et la haine en Dieu), celle-ci sera mise au compte de la simple erreur. En sachant qu’Allah (I)pardonne ce genre d’erreur aux croyants. Ce fut le cas de bon nombre de grandes références parmi les anciens, qui, suite à un effort d’interprétation, furent les auteurs d’opinion qui allaient à l’encontre du Coran et de la sunna. Ils étaient différents de ceux qui fondaient dessus leur alliance et qui divisaient les rangs des musulmans ; ces derniers taxaient de mécréants ou de pervers tous ceux qui n’allaient pas dans leur sens, et épargnaient tous ceux qui les rejoignaient dans leurs idées et leurs efforts d’interprétation. Ils autorisaient moralement le sang de leurs adversaires, et ne touchaient pas à ceux qui s’accordaient avec eux. Ces gens-là sont les adeptes de la division et de la divergence. »[1]




Contre ces derniers, il est indispensable d’établir la preuve céleste




Là où nous voulons en venir, c’est que l’innovation, et, en général, tout ce qui s’oppose au Coran et à la sunna peut provenir d’un individu qui est excusable, soit pour avoir fait un effort d’interprétation soit pour avoir suivi quelqu’un d’autre (taqlîd) dans les limites excusables. Il est possible également qu’il n’ait pas les moyens de parvenir à la vérité.[2]




Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit que les Textes divins concernant le mauvais devenir de l’homme (wa’îd) et les paroles provenant des grandes références de la religion sur les questions du takfîr (taxer quelqu’un d’apostat), du tafsîq(taxer quelqu’un de pervers), et autres, n’impliquent pas qu’ils faillent les appliquer à une personne en particulier sauf si celle-ci répond aux conditions pour le faire et si toute restriction en est exclue.[3]




« Il n’y a pas de différence en cela entre les questions fondamentales et les questions subsidiaires de la religion, pour ce qui est du châtiment divin dans l’au-delà. Tout individu passible de la menace divine (châtiment, malédiction, courroux)qu’elle soit perpétuelle ou non, ou portant des noms (ism) qui s’y rattachent comme mécréant (pour le takfîr)etpervers(pour le tafsîq). Nous pouvons faire entrer dans cette règle indistinctement les innovations (qu’elles soientdogmatiques ou rituelles)qui touchent à la religion, ou les actes de débauche qui touchent à la vie profane, et auxquels on donne le nom de perversité corporelle.




Quant aux différents statuts terrestres (hukm), nous pouvons dire la même chose. Autrement dit, le djihadlancé contre les mécréants doit être précédé de la prédication. Le châtiment s’applique uniquement, en effet, à celui qui a reçu la preuve céleste. Nous pouvons dire la même chose pour les punitions des pervers, soit qu’elle n’a pas lieu avant d’avoir établi contre eux la preuve céleste. »[4]




« Quiconque s’oppose aux enseignements établis par le Coran et la sunnadevient soit un mécréant, soit un pervers, soit, un désobéissant, sauf si c’est un croyant s’étant trompé suite à un effort d’interprétation. Il a droit à une récompense pour son effort, et son erreur lui est pardonnée. Il a droit à la même excuse s’il n’a pas reçu le savoir nécessaire ayant pour fonction d’établir la preuve céleste contre lui. Allah révèle en effet : [Nous n’allions châtier personne avant d’envoyer un messager].[5] Cependant, si la preuve céleste émanant des textes du Coran et de la sunnaest établie contre lui, et qu’il s’y oppose ensuite, il devra recevoir la punition correspondante à son cas, et pouvant aller jusqu’à la mise à mort. »[6]




Exemple d’iqâma el hujja dans les questions du tabdî’




On fit savoir à l’Imâm Ahmed : « Un homme qui retranscrit le hadîth est l’auteur des paroles : « Quiconque affirme de façon formelle que les « dix promis » sont au Paradis est un innovateur. » L’Imam n’apprécia pas ses paroles, et le fit savoir en disant : « C’est sûrement un ignorant qui ne sait pas de quoi il parle. »[7]




Il fut également interrogé au sujet d’un homme qui ne reconnaissait pas le khalifat d’Alî. Voici quelle fut sa réponse : « C’est une très mauvaise parole !

Ahmed ibn Hasan rapporte une version plus longue de cette conversation, et dans laquelle selon Bakr, selon père, on demanda ensuite à l’Imam : « Est-ce qu’il compte parmi les traditionalistes ?

- Je ne m’avance pas à l’exclure du traditionalisme, car il fut sûrement motivé par une erreur d’interprétation. »[8]




Ahmed ibn Munî’ el Baghawî affirme pour sa part : «Celui qui prétend que le Coran est créé est un jahmî, et celui qui ne se prononce pas sur le sujet parmi ceux qui ne comprennent rien (marchands, femmes, enfants), nous ne disons rien sur eux, et nous les instruisons sur la chose. »[9]




Comment se comporter avec un traditionaliste qui commet une erreur ?




Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Si l’un d’eux fait une mauvaise interprétation qui somme toute est plausible, il n’est pas permis de l’évoquer en mal ni de le critiquer ; si l’on sait qu’Allah lui a pardonné sa faute. Il incombe même au regard de la foi et de la piété qu’il renferme, de l’aimer et de s’allier à lui. Il faut remplir le devoir qu’Allah a imposé envers lui, qui consiste à l’évoquer en bien, à invoquer le pardon en sa faveur, etc. »[10]




« Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baïtou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre dans son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.

Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :

- Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.

- Ceux qui le condamnent et qui remettent en question, à cause de cette erreur, sa piété et son statut de wali. Ils font jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.

Or, ces deux voies opposées sont aussi égarées l’une que l’autre.

Les gens des passions parmi les kharijiteset les rafidhites, notamment, se sont égarés par cette porte. Quant aux traditionalistes qui suivent la voie de la modération, ils encensent tous ceux qui le méritent ; ils les aiment et les prennent pour alliés, tout en gardant la vérité entre les yeux. Ils encensent la vérité et sont cléments envers les hommes. Ils savent pertinemment qu’un même homme peut avoir des bons et des mauvais côtés (récompenses/péchés) ; il est louable d’un côté, et blâmable d’un autre côté ; il mérite une récompense d’un côté et est passible du châtiment d’un autre côté ; on l’aime d’un côté et on le déteste d’un autre côté. Cette tendance est celle des traditionalistes, et s’oppose notamment aux kharijiteset aux mu’tazilites. »[11]




Exemples d’effort d’interprétation excusable




L’Imâm ibn Khuzaïma remettait en question le hadîth disant qu’Allah avait créé Adam à Son Image. Selon lui, en allant ainsi à l’encontre du consensus des savants comme le stipule ibn Taïmiya,[12] l’image revenait à Adam. C’est exactement ce genre d’interprétation que l’Imam Ahmed attribuait aux jahmites.[13]




Pour sa défense, e-Dhahabî met en avant : « Ibn Khuzaïma tient une grande place dans nos cœurs. Nous les vouons un grand respect en raison de son savoir et de sa religiosité. Il était fidèle à la sunna. Dans son ouvrage e-tawhîd, épais d’un seul volume bien fourni, il interprète le hadîthde « l’Image ». Or, en règle générale, en interprétant certains Attributs, on est excusable.




Quant aux anciens, ils n’ont jamais eu recours à l’interprétation des textes (ta-wîl)… Néanmoins, si chaque erreur qui résulte d’un effort d’interprétation et venant d’un savant connu pour sa bonne croyance et sa soumission à la vérité, nous devions le détruire et le taxer d’innovateur, il y aurait très peu d’imamqui échapperait à notre courroux. »[14]




Le grand Mohammed el Karkhî, à son tour, voyait qu’après les questions de la tombe, le mort n’avait plus aucune sensation dans l’entre-deux monde (barzakh), et ne subissait donc aucun châtiment. Ibn Taïmiya fait remarquer qu’il était le seul parmi les grandes références à avoir fait cette interprétation qui allait à l’encontre de la grande majorité des anciens. Malgré cela, il gardait son rang d’Imam dans le sens où son erreur n’avait aucune conséquence sur sa crédibilité.[15]




Notons enfin qu’aux yeux d’ibn Taïmiya, l’erreur d’un Imam qui se noie dans l’océan de ses bonnes œuvres ne justifie pas qu’on l’imite sur son opinion. Ce dernier avait au moins l’excuse de ne pas connaitre la question dans tous ces détails, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de gens qui sont venus après lui. Ainsi, si on offre à la Mère des croyants l’excuse de contester que les morts puissent entendre dans la tombe, nous ne pouvons pas en dire autant de ceux qui, en toute âme et conscience, on reprit, après elle, cette tendance à leur compte. Nous devons donc bien appréhender cette règle qui est d’une extrême importance.[16] Quoi que ce dernier point reste complexe, je reviendrais dessus in shâ Allah dans un prochain article.




On peut toujours avancer que l’Imâm Ahmed a badda’ certains cas particuliers sans ne leur avoir donné, à priori, aucune circonstance atténuante




Ce à quoi nous répondons : bon nombre de réponses venant de l’Imam Ahmed ou d’autres références furent orientées en fonction de la question et de la situation de l’interlocuteur ; ou bien son discours était-il particulier à l’interlocuteur dont la situation lui était notoire. Cela est du même ordre que les décisions particulières que le Messager d’Allah (r) prit au sujet de certaines affaires. Il faudrait donc établir une loi correspondante pour chaque affaire analogue.[17]




La règle du hukm et du ism




Le takfîr et le tafsîq dépendent des questions du hukm (statut d’un cas particulier) et du ism (nom ou description d’un acte). Ils impliquent donc un certain nombre de choses :

- La menace divine dans l’au-delà,

- Les sentiments d’alliance (l’amour et la haine en Dieu),

- La sacralisation du sang sur terre, etc.[18]




Il faut donc distinguer entre l’acte ou la parole qui est une bid’a et leur auteur. À titre d’exemple, la Mère des croyants ‘Âisha – qu’Allah l’agrée – contestait à ibn ‘Abbâs et bien d’autres Compagnons que Mohammed (r) vit Son Seigneur la nuit de l’Ascension. Elle allait jusqu’à dire : « Quiconque prétend que Mohammed a vu Son Seigneur aura gravement menti sur Allah (I). »[19] Or, la majorité des savants de la communauté rejoignent ibn ‘Abbâs, mais ils n’ont pas taxé d’innovateurs tous ceux qui se sont mis du côté de la fille d’Abû Bakr – qu’Allah l’agrée – en contestant la chose.




Cette même ‘Âisha remettait vivement en cause que les Quraishites tombés la bataille de Badr aient entendu le sermon que le Prophète (r) leur prodigua. Après les hostilités, il avait pourtant prévenu ses Compagnons une fois que les corps avaient été rassemblés : « Vous n’entendez pas mieux qu’eux ce que je suis en train de leur dire. »[20] Celle-ci n’accordait pas que les morts puissent entendre, et prétexta qu’en fait, il voulait leur faire savoir que maintenant ils savent que je leur disais la vérité.[21]




Nul doute, toutefois, que les personnes mises en tombe entendent le départ du cortège.[22] En outre, il est certifié que le Prophète (r) est l’auteur des paroles : « Quand un mort, qui, dans sa tombe, reçoit le salut d’un passant qu’il connaissait de son vivant, on lui rend son âme afin qu’il puisse le lui rendre. »[23] Etc.

La Mère des croyants s’en ait fait sa propre interprétation, qu’Allah l’agréé ! Il est dit également que Mu’âwiya (t) pensait que le meilleur des hommes avait fait son Ascension avec son âme uniquement.[24] Des exemples de ce genre, il y en a beaucoup d’autres.




Nous ne parlons pas des divergences dans les lois pratiques de la religion, car là, elles sont trop nombreuses pour pouvoir les cerner. Si à chaque fois que deux musulmans qui divergent sur un point devaient ne plus se parler (hajr), il n’y aurait plus de fraternité ni d’immunité du groupe. Abû Bakr (t) et ‘Omar (t), les têtes de files de la communauté, s’opposaient sur certains points, mais avec une bonne intention.[25]




À suivre…








[1]Majmû’ el fatâwâ (3/349).

[2]Majmû’ el fatâwâ (10/371).

[3]Majmû’ el fatâwâ (10/372).

[4]Majmû’ el fatâwâ (10/372).

[5]Le voyage nocturne ; 15 voir les tafsîr d’e-Tabarî et d’ibn Kathîr.

[6]Majmû’ el fatâwa (1/113).

[7]E-sunna d’el Khallâl (1/369).

[8]E-sunna d’el Khallâl (1/428).

[9]E-lâlakâî (1/176).

[10]Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[11]Minhâj e-sunna (4/543).

[12]Bayân talbîs el jahmiya (6/373).

[13]Tabaqât el hanâbila d’Abû Ya’lâ (2/236).

[14]Siar a’lâm e-nubalâ (14/374-375).

[15]Bayân talbîs el jahmiya (6/398-406).

[16]Majmû’ el Fatâwâ (6/61).

[17]Majmû’ el Fatâwâ (28/ 213).

[18]Majmû’ el fatâwâ (12/468).

[19]Rapporté par el Bukhârî (4612), et Muslim (279).

[20]Rapporté par el Bukhârî (3976), et Muslim (279).

[21]Cette histoire est rapportée par el Bukhârî (3979, 3980, 3981).

[22]Lehadîth sur le sujet est rapporté par el Bukhârî (1338), et Muslim (2870).

[23]Rapporté par ibn ‘Abd el Barr dans el istidhkâr (1/231), selon ibn ‘Abbâs ; il n’en demeure pas moins controversé.

[24]Voir : fath el Bârî (7/196-197).

[25]Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).



ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #3  
ÞÏíã 23 Jan 2012, 06:11 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'
Version résumée
(Partie 3)


Les anciens distinguaient entre deux sortes de mubtadi’


Les anciens punissaient d’exclusion tout individu qui affiche ouvertement des signes d’égarement comme l’innovation, notamment celui qui en fait la prédication, et les grands péchés. Le hajr ne s’applique pas à celui qui fait ses péchés en cachette ou qui n’expose pas sa mauvaise croyance à condition qu’elle ne fasse pas sortir de la religion. L’exclusion est une forme de punition, dans le sens où elle concerne uniquement ceux qui affichent la débauche dans la parole et les actes.


Quant à celui qui nous offre une bonne image de lui, nous nous contentons des apparences, et nous laissons son sort au Très-Haut. Au pire des cas, il est comparable aux hypocrites qui exhibaient une bonne apparence devant le Prophète (r). Après la bataille de Tabûk, ils étaient venus se racheter auprès de lui en jurant que seule une excuse les avait retenus de partir en guerre.


C’est la raison pour laquelle, l’Imâm Ahmed et la plupart des grandes références avant et après lui, à l’instar de Mâlik, refusaient la narration des innovateurs qui appelaient à leur croyance. Ils ne s’asseyaient pas avec eux. Cependant, ils avaient un autre comportement avec l’innovateur qui gardait le silence. Les auteurs des e-sahîh renferment un grand nombre de rapporteurs accusés d’innovation, mais sans en faire la propagande. En revanche, ils mirent de côté les innovateurs prédicateurs.[1]


Peut-on prendre la narration du hadîth ou le témoignage d’un mubtadi’ ?


La question ne se pose pas pour un innovateur mécréant ; il est interdit d’accepter son témoignage contre un musulman (en sachant que la question mérite plus de détails), comme il est interdit de prier derrière lui.[2] Les légistes s’entendent à refuser, à l’unanimité, le témoignage d’un individu connu pour mentir.[3] Le mensonge étant propre aux rafidhites, qui sont passés maitres dans l’art de diffamer contre leurs adversaires, leur témoignage n’a aucune valeur.[4] Abû Hanîfa et Shâfi’î notamment, ne rechignaient pas à prendre le témoignage des hérétiques à l’exception des Khattâbiya, une branche de la mouvance rafidhites.[5] Au demeurant, la divergence règne entre savants sur le témoignage des autres sectateurs ; certains l’acceptent sans condition, et, à l’opposé, d’autres la refusent sans condition. Une troisième opinion, à laquelle adhèrent la plupart des traditionnistes, fait la distinction entre l’innovateur prédicateur et le non-prédicateur. S’ils acceptent celui du second, nous ne pouvons pas en dire autant pour le premier.[6]


Ibn Taïmiya nous en donne la raison : « La correction est prévue contre celui qui délaisse ouvertement les obligations et enfreint les interdictions (renoncer à la prière, à la zakât, afficher l’injustice et la débauche, prêcher l’innovation qui s’oppose au Coran, à la sunna, et au consensus des anciens de la communauté, et qui est notoirement connue comme telle).


Cette tendance corrobore l’opinion des grandes références et des anciens condamnant les innovateurs prédicateurs à un certain nombre de mesures : on refuse leur témoignage, on ne prie pas derrière eux, on ne prend pas d’eux la science, et on ne les marie pas. Ces punitions ont pour ambition de les faire renoncer à leur innovation. C’est la raison pour laquelle, les traditionalistes distinguent entre le prédicateur et le non-prédicateur ; le premier mérite la punition, étant donné qu’il affiche la débauche, contrairement au second qui reste discret, et qui n’est pas pire que les hypocrites. Le Prophète (r), en effet, se contentait de leurs apparences et remettait leur sort entre les Mains d’Allah, bien qu’il fût au courant de la situation de bon nombre d’entre eux. »[7]


Ailleurs, il donne plus de détails sur la sagesse qui se cache derrière une telle distinction : « C'est pourquoi ils acceptent le témoignage des adeptes des sectes, et ils prient derrière eux. Certes, certains savants, à l’image de Mâlik et d’Ahmed, refusaient leur témoignage, non parce qu’ils considéraient qu’ils avaient commis un péché, mais, plutôt pour interdire le mal et mettre en quarantaine tous ceux qui affichaient leur innovation. Les punitions en question (le refus de leur témoignage, et de prier derrière eux, et la mise en quarantaine) ont une vocation dissuasive ; celles-ci éradiquent la propagation de la bid’a.


C’est ce qui explique pourquoi Ahmed distinguait des autres le prédicateur qui affichait ouvertement son innovation. C’est de cette façon également qu’il incombe de comprendre la parole d’el Kharqî« Il faut recommencer la prière faite derrière celui qui affiche son innovation ou la débauche. » »[8]


Pour mieux comprendre ce point, nous disons que le témoignage, pour être accepté, doit reposer sur la confiance et la sincérité. À l’unanimité des savants, le pervers auteur d’un péché (fâsiq bi el ma’siya) perd toute crédibilité. Son péché est dû à une certaine négligence dans son attachement à la religion ; il ne craint pas Dieu comme il se doit, et il n’est donc pas à l’abri de mentir. Nous nous faisons un mauvais soupçon de lui. Et cela, contrairement au pervers auteur d’une innovation (fâsiq bi el bid’a) ; en général, il est profondément religieux, et il ne s’oppose pas sciemment à la religion. Il est souvent animé dans son for intérieur par un scrupule religieux qui lui interdit de mentir. En général, il n’est pas enclin au mensonge, les commandements divins étant trop sacrés à ses yeux. Et cela, surtout s’il est convaincu, à l’instar des kharijites et des mu’tazilites que le mensonge, un grand péché, condamne à l’Enfer éternel. Nul doute qu’on est rassuré, d’entrée, avec lui !


Ainsi, si nous refusons le témoigne du pervers auteur d’un péché, nous acceptons celui du pervers auteur d’une innovation. La différence, c’est que le premier enfreint volontairement les commandements de la religion. Sauf bien sûr, si l’erreur du second est motivée par les passions. Dans ce cas, elle le fait rejoindre le premier, car, volontaire.
Toujours est-il qu’il faut établir le statut de « pervers » sur un innovateur potentiel. Il faut déjà vérifier que son innovation atteint le degré de perversité. Et, quand bien même, ce serait le cas, cela ne suffirait pas. L’état de perversité est, en effet, soumis à certains facteurs (conditions à remplir et restrictions à évacuer). À titre d’exemple, l’erreur d’interprétation n’affecte en rien à sa crédibilité morale (‘adâla), et elle ne remet nullement en question son témoignage aux yeux des anciens.[9]


Si tout cela est clair, les traditionalistes ont finalement adopté un certain nombre de mesures contre l’innovateur prédicateur (mise en quarantaine, témoignage et narration refusée, refus de le concerter pour une fatwa et de prier derrière lui). Ces mesures ont probablement été motivées par la raison que nous venons d’évoquer. Autrement dit, celles-ci ont un effet de sanction et de punition dans le but de dissuader les musulmans de les imiter dans ce péché (l’innovation ou autre). Cela n’empêche pas, au même moment que l’un d’eux s’en soit repenti, ou qu’il soit excusable auprès d’Allah. La hijra renferme deux objectifs : soit renoncer aux péchés et à la présence de leurs auteurs, soit sanctionner leurs auteurs et leur donner des corrections exemplaires.[10]


Il devient clair que l’opinion qui refuse dans l’absolu le témoignage et la narration des innovateurs auteurs d’une erreur d’interprétation est faible. Le ta-wîl a touché plus d’un ancien dans des domaines extrêmement vastes. À l’inverse, l’opinion faisant les innovateurs prédicateurs des grandes références incontournables, sans les réfuter ni les dissuader et les mettre en quarantaine, est également faible.[11]


D’après el Khatîb, avec sa propre chaine narrative, selon Abû Dâwûd ibn el Ash’ath, j’ai demandé à l’Imâm Ahmed : « Est-ce qu’on peut retranscrire le hadîthd’un qadarî ?
- À condition qu’il ne soit pas un prédicateur. »[12]
Selon Ja’far ibn Mohammed, j’ai demandé à l’Imâm Ahmed : « Abû ‘Abd Allah ! Est-ce que tu retranscris le hadîthd’Abû Mu’âwiya, alors qu’il est un murjî ?
- Il n’est pas un prédicateur. »[13]
On demanda à l’Imâm Ahmed s’il est possible de retranscrire le hadîth d’un murjî, d’un qadarî, et autre. Ce dernier répondit : « Oui, à condition qu’il n’en fasse pas la prédication, et qu’il n’en fasse pas son sujet de conversation ; mais si c’est un prédicateur, alors non. »[14]


Dans une version d’Abû Dâwûd, l’Imam précise : « Tolérez la narration des murjites, et écrivez celle des qadarites qui ne sont pas des prédicateurs. » Il autorisa ici à prendre celle des murjites sans condition.[15] Je reviendrais peut-être sur ce point.


Quoi qu’il en soit, ibn Taïmiya conclut : « Il est interdit au prédicateur de prendre un poste à responsabilité, de faire imamdans la prière, comme il est interdit de prendre son témoignage, et sa narration en vue d’interdire le mal, non que sa prière ne soit pas acceptée ou que son témoignage et sa narration soient douteux. »[16]


Selon Ishâq, j’ai demandé à Abû Abd Allah : « Qu’en est-il de celui qui dit que le Coran est créé ?
- Il est à mettre dans le même sac. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.
- Doit-on être souple avec eux ou bien leur afficher notre intransigeance ?
- Les gens du Khurasânne sont pas suffisamment forts pour leur faire front. »[17]


L’auteur de cette réponse est le même qui affirma au sujet des qadarites : « Si nous devions refuser la narration des qadarites, il ne resterait pas grand-chose venant de Bassora. » Il y avait un intérêt supérieur à conserver l’héritage prophétique. Lors de sa cabale, il était doux avec ces fameuxjahmites, et il se contentait de contrer scientifiquement leurs arguments. Cette réaction explique mieux ses autres positions (ses mises en quarantaine, ses interdictions de parler et de s’assoir avec eux). Il en vint à une certaine période, à boycotter plus d’un meneur soupçonné de proximité avec les jahmites. Il ordonna même aux musulmans de le faire.[18]


Conclusion de ce paragraphe


Les différentes paroles de l’Imam Ahmed nous enseignent que ce dernier faisait la distinction entre les formes d’innovation, entre les innovateurs prédicateurs et les autres, et, son avis peut changer en fonction des besoins. Certaines narrations, en effet, sont indispensables pour conserver le hadîth. Dans tous les cas, il ne considère pas que leur narration ne soit pas crédible, mais son seul souci est de les punir d’exclusion.[19]
Il n’est donc pas pertinent de dire qu’il craignait d’eux qu’ils puissent mentir, étant donné que les autres n’en sont pas moins à l’abri que les prédicateurs. En outre, l’interdiction ne concernerait pas uniquement les textes qui corroborent certaines innovations, mais on pourrait dire la même chose pour les questions de fiqh sur lesquelles règne la divergence entre savants. Le but, donc, c’est de stigmatiser les prédicateurs et de les mettre au ban du corps des savants.[20]


Le tabdî’ et le hajr de quelqu’un en particulier relève du domaine de l’ijtihâd avec les aléas que cela implique


Il est possible que l’une des parties qui divergent s’oppose à son adversaire jusqu’à le taxer de kâfir (mécréant) ou mubtadi’ (innovateur) fâsiq (pervers) passible d’une mise en quarantaine (hajr), bien qu’elle ait tort. Cependant, là aussi, elle est motivée par un effort d’interprétation.


Il est possible également que la dureté soit de mise envers certaines personnes ou dans certains contextes, quand notamment la sunna qui voue à la mécréance tous ceux qui s’opposent, est forte, et quand l’auteur de l’autre opinion, que nous taxons d’innovateur, représente un danger. L’homme sensé doit tenir compte de tous ses paramètres ; la bonne opinion est vue sous le prisme de ses caractéristiques constantes et permanentes qui, en les appliquant, doivent être conformes à la réalité.


Ensuite, le fait que chez celui qui l’entende, elle soit connue, approximative, ignorée, formelle, ou probable ; qu’il incombe de suivre ou de ne pas suivre, ou qu’elle voue ou non à la mécréance celui qui la renie, ce sont des lois pratiques qui varient en fonction des personnes et des situations.[21]


Il est sûr que certains traditionalistes ont recours à des hadîth ou des annales faibles, des raisonnements aberrants, des mauvaises interprétations. Il est même possible qu’ils s’inspirent de texte du Coran et de la sunna dont ils ne pénètrent pas le sens, ou à mauvais escient. Ils sont même capables de taxer de mécréants, d’innovateurs ou d’ignorants de grandes références de la communauté. Ainsi, soit ils dévient de la vérité soit ils s’attaquent impunément à leurs frères, indépendamment de savoir si certains d’entre eux sont excusables ou non. Ils sont même capables de sombrer dans l’innovation et l’égarement passibles des pires punitions. Seuls un ignorant ou un injuste peuvent contester ce constat amer ![22]


À suivre…







[1]Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).

[2]Manhâj e-sunna(5/87).

[3]Manhâj e-sunna(1/62).

[4]Manhâj e-sunna(1/59-61).

[5]Manhâj e-sunna(5/87).

[6]Manhâj e-sunna(1/62).

[7]Majmû’ el fatâwâ(35/414).

[8]Majmû’ el fatâwâ(13/125).

[9]Voir : Mawqif ahl e-sunna wa el jamâ’a min ahl el ahwâ wa el bida’ de notre cher frère le Docteur Ibrahîm e-Ruhaïlî (2/652-653). Ce livre est à la fois grandement intéressant et très important dans son registre (ce commentaire vient de Sheïkh ‘Abd e-Salâm e-Suhaïmî dans son fameux kun salafiyan ‘alâ el jadda).

[10]Majmû’ el fatâwâ (10/377).

[11]Manhâj e-sunna (1/65).

[12]El kifâya (p. 128).

[13]El kifâya (p. 128).

[14]Tabaqât el hanabila d’ibn Abî Ya’lâ (1/250).

[15]El muswaddad’ibn Taïmiya (p. 267).

[16]Majmû’ el fatâwâ(23/343).

[17]E-sunnad’el Khallâl.

[18]Majmû’ el fatâwâ (28/210-213).

[19]El muswaddad’ibn Taïmiya (p. 264).

[20]El muswaddad’ibn Taïmiya.

[21]Majmû’ el fatâwâ (30/80) et (20/207).

[22]Majmû’ el Fatâwâ (4/9-23).



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  #4  
ÞÏíã 24 Jan 2012, 06:57 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'

Version résumée

(Partie 4)




Ainsi, être innovateur est une chose et subir la punition du hajr en est une autre




Plusieurs punitions sont prévues en vue de dissuader les innovateurs prédicateurs ; leur témoignage est refusé, on ne prie pas derrière eux, on ne prend pas la science d’eux, et on ne les marie pas. Les anciens distinguaient donc entre les prédicateurs et les autres innovateurs.




La punition concerne les personnes qui affichent un manquement aux prescriptions et qui enfreignent les interdictions à l’instar de celles qui ne font pas la prière ou ne versent pas l’aumône, celles qui affichent l’injustice ou la perversité, ou celles qui prêchent l’innovation allant à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus pour les innovations notoires. Voici le sens des paroles des anciens et des grandes références disant que le témoignage des prêcheurs innovateurs n’est pas accepté, qu’il ne faut pas prier derrière eux, ni prendre d’eux les sciences, ni les préposer en mariage ; telle est leur punition jusqu’à ce qu’ils mettent fin à leurs agissements.

C'est pourquoi ils faisaient la distinction entre le prédicateur et le non-prédicateur étant donné que le premier d’entre eux affiche sa corruption ; il méritait ainsi la punition à l’inverse de la personne discrète. Celle-ci n’est pas pire que les hypocrites (…) il faut donc condamner les fautes qui sont exhibées indépendamment de celles qui sont cachées, car la punition concerne ici leur auteur uniquement.[1]




Quant à celui qui exhibe la corruption, il incombe de le contester en public. Il n’est plus question envers lui de médisance. Il incombe de le punir en public en lui infligeant les punitions capables de le dissuader de faire du mal, comme l’exclusion ou autre. Il ne faut plus le saluer ni répondre à son salut dans la condition où la personne qui en prend l’initiative est capable de le faire, et sans qu’aucun désavantage ne soit prépondérant à cela.[2]




Quant à celui qui cache ses péchés ou qui est discret dans son innovation non taxée d’apostasie, l’exclusion ne s’applique pas à ce dernier. Néanmoins, elle concerne le prédicateur innovateur étant donné que l’exclusion est une forme de punition.[3]




Le Prophète (r) mit en quarantaine Ka’b ibn Mâlik et ses deux compagnons (y), car ils s’étaient désistés à la bataille de Tabûk. Ils affichaient ainsi la désobéissance et l’on craignit qu’ils deviennent des hypocrites. D’où la décision de les exclure du groupe (hajr) en ordonnant à tous les citoyens d’y participer. Il leur fut même enjoint de s’éloigner de leurs femmes, mais sans les divorcer. Après cinquante nuits, la révélation céleste, qui annonça leur repentir, mit fin à la sentence.[4]

Dans ce registre, nous avons l’histoire où ‘Omar (t) ordonna aux musulmans de mettre en quarantaine Subaïgh ibn ‘Asal e-Tamîmî qui était à l’affut de Versets ambigus.[5] Au bout d’un an, comme il affichait un repentir sincère, le second Khalife leva la punition.[6]




Selon une règle extraordinaire, tous les péchés dont les méfaits se répandent aux autres méritent une plus grande punition sur terre ; et tous les péchés dont les méfaits reviennent uniquement aux fautifs peuvent mériter un châtiment plus grand dans l’au-delà, bien que rien n’est prévu contre eux sur terre.[7]




La punition peut aller jusqu’à la peine de mort si le besoin le réclame




Cette tendance est notamment celle de Mâlik, une partie des adeptes de Shâfi’î, et d’Ahmed,[8] mais uniquement en cas de force majeure, en s’en prenant uniquement aux plus dangereux. Toutefois, il faut renoncer à la sentence dans la situation où celle-ci engendre des inconvénients prépondérants aux avantages escomptés. C’est la raison pour laquelle, le Prophète (r) ne jugea pas bon de mettre à mort le premier kharijite qui contesta ses décisions. On aurait pensé en effet qu’il s’en prenait à ses Compagnons. Les campagnes de répression contre les hérétiques peuvent également engendrer des inconvénients à grande échelle. L’Imam ‘Alî l’avait bien compris ; à l’avènement des kharijites, il resta tout d’abord sur l’expectative, car, en face, ils étaient nombreux. Et cela, d’autant plus qu’ils avaient fait allégeance au groupe, et ne montraient aucun signe d’animosité. En outre, il n’était pas sûr à l’époque que la prédiction prophétique faisait allusion à eux.[9]




La peine de mort n’épargne pas l’innovateur non apostat si le besoin s’en fait ressentir




Le but, c’est d’épargner la société de son mal. En cela, il n’est pas différent des insurgés, qui, malgré leur révolte, restent dans le giron de l’Islam. Certains condamnés à mort n’étaient pas des apostats. Il est même possible que Ghilân le qadarite entre dans cette catégorie,[10] ou tout au moins, selon une opinion, comme nous l’expliquerons dans un prochain article, in shâ Allah ! On somme au coupable de se repentir et lui donne les moyens d’avoir accès à la preuve céleste, comme ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz le fit avec Ghilân. ‘Alî, lui, avait envoyé ibn ‘Abbâs en ambassadeur chez les insurgés de Nahrawân. La moitié d’entre eux revinrent à la raison, et le reste fut passé au fil de l’épée.[11]




On peut à la fois être excusable devant Dieu et punit par les hommes




Le but de la punition, c’est de garder la société saine, mais, au même moment, il est possible que le coupable soit excusable soit en raison de son effort d’interprétation, ou, tout simplement, en ayant suivi aveuglément l’opinion d’un autre.[12]




De la même manière qu’on peut être puni sans perdre sa crédibilité




L’Imâm Ahmed n’a pas hajar que des gens ayant commis une bid’a.Il y avait parmi eux de grands savants qui avaient cédé à l’inquisition khalifienne avant qu’on ait mis la main sur eux, et même ceux qui s’en repentirent une fois que la situation s’était desserrée. Il fut suivi dans son initiative par ses concitoyens. Tous ses nobles gens n’étaient pas différents des trois hommes qui furent mis en quarantaine à l’époque du Prophète (r). Il est même dit que deux d’entre eux avaient participé à la bataille de Badr. Tout le monde connait le fameux hadîth : Qui te dit qu’Allah n’a pas contemplé les combattants de Badr, avant de leur dire : faites ce que vous voulez, Je vous ai tout pardonné. »[13] Ainsi, la peine peut très bien être prononcée contre un homme crédible ou tout simplement pieux.[14]




Les Compagnons se sont entretués aux batailles du chameau et de Siffîn, mais cela ne les empêcha pas de garder leur sentiment d’alliance religieuse. Ils ne se détestaient pas comme on déteste un mécréant. Ils acceptaient leurs témoignages mutuels, s’échangeaient le savoir, s’héritaient et se mariaient entre eux ; ces relations sont propres aux musulmans. Pourtant, ils étaient déchirés et allaient parfois jusqu’à se maudire les uns les autres.[15]




La divergence sur le tabdî’ du suiveur




Voici ce que nous trouvons dans kashf el qinâ’ : « Considéré pervers (tafsîq)le suiveur auteur d’une innovation pour laquelle nous taxons le prédicateur de mécréant est la tendance de Majd [le grand-père d’ibn Taïmiya]. Dans sa lettre à l’auteur d’e-tarkhîs, el Muwaffaq [ibn Qudâma]pour sa part, opte pour le non-takfîr du prédicateur qui est motivé par un effort d’interprétation. Il se base sur la réaction d’Ahmed envers el Mu’tasim qu’il appelait : prince des croyants ! »[16]




Sheïkh‘Abd Allah Abâ Btîn confirme la position de Majd ibn Taïmiya dans le passage suivant : « El Majd – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Toute innovation pour laquelle nous faisons le takfîr des prédicateurs, nous donnons le statut de « pervers » (fâsiq) aux suiveurs. Ex. : dire que le Coran est créé, que les Noms d’Allah sont créés, qu’on ne peut le voir dans l’au-delà, proférer des insultes contre les Compagnons avec une intention religieuse, dire que la foi se confine dans la croyance, etc.




Toute personne qui a connaissance de ces innovations, qui les prêchent, et qui polémique à leur sujet est jugée mécréante, comme le stipule Ahmed dans plusieurs passages. »Fin de citation. Voyez, comment les a-t-il kaffar, bien qu’ils sont des ignorants. »[17]




Certaines annales venant des anciens semblent corroborer cette tendance. Ibn Abî Hâtim témoigne en effet : « J’ai interrogé Abû Zur’a et mon père au sujet de la tendance des traditionalistes dans les bases fondamentales (usûl) de la religion, et celle des savants qu’ils ont connue à travers toutes les contrées (le hijâz, l’Iraq, le Shâm, et le Yémen) ; ils m’ont répondu notamment : la foi est composée des paroles et des actes, elle peut monter et descendre… Celui qui prétend que le Coran est créé commet un acte de mécréance qui le fait sortir de la religion ; celui qui doute de sa mécréance parmi ceux qui comprennent est un mécréant également ; celui qui doute sur la Parole d’Allah (U) et qui ne se prononce pas par doute en disant qu’il ne sait pas si celle-ci est créée ou non est un jahmî ; pour celui qui ne se prononce pas au sujet du Coran par ignorance (jâhilan), il incombe de l’instruire et de le taxer d’innovateur, sans qu’il ne sorte pour autant de l’Islam. »[18]




Or, il incombe de relativiser cette tendance, et cela, pour plusieurs raisons :




1- Ibn Qudâma lui-même relativise sur le takfîr du prédicateur, comme le démontre le premier passage cité ci-dessus.




2- Nous avons également ramené une annale plus-haut relativisant la chose, et que nous remettons ici : Ahmed ibn Munî’ el Baghawî affirme : «Celui qui prétend que le Coran est créé est un jahmî, et celui qui ne se prononce pas sur le sujet parmi ceux qui ne comprennent rien (marchands, femmes, enfants), nous ne disons rien sur eux, et nous les instruisons sur la chose. »[19]




3- Le grand-père d’ibn Taïmiya fait la distinction entre le prédicateur et le suiveur dans les questions du takfîr. Cependant, s’il range le muqallid dans le cercle des innovateurs sans prendre la peine de faire l’iqâma el hujja, c’est uniquement pour les innovations aggravées (ghalîzha) faisant sortir de la religion. C’est, en tout cas, ce qu’il laisse entendre, wa Allah a’lam !




4- Il vaut se méfier de la croyancemu’atazilite selon laquelle les notions du bien et du mal peuvent être perceptibles sans passer par la Révélation ; comprendre que l’iqâma el hujja n’est pas indispensable à leurs yeux. Ces mêmes mu’atazilites s’accordent, avec certains ash’arites, à refuser la foi du muqallid sous prétexte que chacun est intellectuellement capable de parvenir à la vérité par la réflexion. Or, nous avons vu que l’homme était responsable uniquement dans les limites de ses possibilités et de ses connaissances. Malgré ses bonnes attentions, le pauvre muqallid ne sait pas s’il a tort ou raison, surtout qu’il est perdu devant une multitude d’opinions, et qu’il n’est pas capable de pénétrer les subtilités et les nuances auxquelles il est confronté pour une question donnée.[20]




5- Il existe plusieurs sortes de muqallid qui partent du savant d’une école, du muftî et du dhî pour arriver aux gens simples incapables de regarder dans les textes. Certes, les premiers sont inexcusables s’ils entêtent à suivre leur imâm dans l’erreur en toute connaissance de cause, mais les derniers n’ont pas les outils en main pour détecter sur quels principes se base leur Imam pour arriver à ses conclusions.[21] Ils ne seraient même pas en mesure de faire une liste des savants de leur école.




6- Certains érudits, à l’image d’el Mardâwî, avancent explicitement que le muqallid ne devient, suite à une erreur, ni un mécréant ni un pervers. Voici la teneur de ses propres : « Afficher son innovation, cela revient à l’exhiber ouvertement, contrairement à l’innovateur discret, et à en faire la prédication, et, si besoin est, à polémiquer pour la défendre. C’est de cette façon notamment que l’auteur et son commentateur l’ont défini. Le Qâdhî a dit : « L’innovateur qui affiche sa bid’a s’appuie dans sa conviction sur un certain nombre d’arguments, contrairement au suiveur. » Il souligne également au sujet de ce dernier : « Le suiveur ne devient ni un mécréant ni un pervers. » ».[22]




Ibn el Qaïyim a un discours qui va dans ce sens (nous avons ramené plus haut plusieurs passages de son maitre corroborant cette tendance). Il précise en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila,murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[23] Vu l’importance de ses paroles, je me permets de mettre le passage où il en parle en entier : « La première catégorie :le suiveur ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; ce dernier ne devient ni mécréant ni pervers, et son témoignage n’est pas refusé ; dans la situation où il est incapable d’étudier et de distinguer la bonne voie. Il a le même statut que les gens faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants : [qui n’ont pas trouvé de moyen ni aucun chemin. Ceux-là, Allah peut leur pardonner ; Allah est certes Compatissant et Absoluteur].[24]




La deuxième catégorie :celui qui est capable de se renseigner, de chercher et de trouver la vérité, mais qui, pour une raison ou pour une autre (occupations mondaines, quête de pouvoir, de plaisirs, et du bien-être, etc.), s’en détourne. Celui-là est concerné par la punition divine en raison de son laisser-aller ; il mérite un péché pour avoir négligé son devoir, car il lui est enjoint de craindre Allah dans la mesure du possible ; ce qu’il n’a pas fait. Son statut est le même que les désobéissants ayant délaissé certaines obligations. Ensuite, il faut voir s’il a un plus grand ascendant pour l’innovation et les passions que la sunnaet la bonne direction ; dans ce cas, son témoignage est refusé, sinon, il sera accepté.




La troisième catégorie : celui qui se renseigne, qui recherche et qui est en mesure de trouver la vérité, mais qui la délaisse par suivisme, chauvinisme, ou par animosité envers ses tenants. Au meilleur des cas, celui-ci est considéré comme un pervers. Il peut atteindre le degré de mécréance en regard des différents points de vue et des différentes conclusions. Si, en plus de cela, il compte parmi les prédicateurs, son témoignage, ses fatwaset ses jugements seront refusés, sauf en cas de force majeure ; soit, dans la situation où ce genre d’individus est en surnombre et qu’ils sont en position de force.




Si les juges, les muftis, et les différents témoins proviennent de leurs rangs, il serait très difficile d’en faire abstraction, compte tenu des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrerait. Dans ce cas de figure, nécessité fait loi. »[25]




7- Nous avons vu précédemment que l’Imâm Ahmed s’était abstenu de taxer d’innovateurs plusieurs cas qui lui furent soulevés. Voici ici un exemple où il tient explicitement compte de l’ignorance dans les questions du tabdî’. D’après ibn Hânî, l’Imâm fut interrogé sur le fait de prier derrière quelqu’un qui préfère ‘Alî aux deux premiers Khalifes (Abû Bakr et ‘Omar). Celui-ci répondit : « Dans la situation où il est ignorant et inculte, je pense qu’il n’y a pas de mal à le faire. »[26]




À suivre…














[1]Majmû’ el fatâwâ (voir : 28/203-210).

[2]Idem.(voir : 28/217-218).

[3]Idem.(voir : 24/175).

[4]Les détails de cette histoire sont rapportés par el Bukhârî (4418), et Muslim (2769).

[5]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).

[6]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).

[7]Majmû’ elfatâwâ (10/373) ; voir également : (24/181).

[8]Majmû’ el fatâwâ (28/346-347).

[9]Majmû’ el fatâwâ (28/499-500).

[10]Majmû’ el fatâwâ (23/350).

[11]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (7/173).

[12]Majmû’ el fatâwâ (10/275).

[13]Rapporté par el Bukhârî (5/297), et Muslim (4/1941).

[14]Majmû’ el fatâwâ (10/377).

[15]Majmû’ el fatâwâ (10/377).

[16]Kashf el qinâ’ (6/420).

[17]El intisâr li hisb Allah el muwahhidîn (p. 16-18).

[18]el hujja fî bayân el mahajja de Qawwâm e-sunna (2/424).

[19]E-Lâlakâî (1/176).

[20]Voir : e-sîl el jarrâh de Shawkânî (1/103).

[21]Voir : i’âna e-tâlibîn (4/217).

[22]El insâf d’el Mardâwî (2/254).

[23]El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).

[24]Les femmes ; 98

[25]E-turuq el hakamiya (1/255).

[26]El insâf d’el Mardâwî (2/48).



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  #5  
ÞÏíã 25 Jan 2012, 06:09 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'

Version résumée

(Partie 5)




Synthèse




Il incombe de distinguer entre le statut de l’acte et le statut d’un cas particulier




L’ism :En regard de la religion, l’innovation est condamnable et mise au compte des grands péchés. Celle-ci se range dans le grand ensemble de la « perversité » dans lequel entre toute désobéissance au Très-Haut. En d’autres termes, la perversité englobe toute entrave à l’obéissance à Dieu. L’innovation est donc soumise aux mêmes lois ; un pervers est quelqu’un qui contrevient sciemment à une croyance (ex : boire de l’alcool en sachant que c’est interdit), et, par conséquent, un innovateur se définit selon le même critère.




En outre, il incombe de distinguer entre l’innovation et son auteur. Toutes les explications que nous avons données auparavant touchent à l’innovateur, non à la bid’a. Dans tous les cas, l’innovation reste condamnable ; l’acte en lui-même est interdit par la religion, et, comme pour toute interdiction, nous avons le devoir de la réprimer. Son éradication est une fin en soi, car rivalisant avec la religion. Cependant, son auteur n’est condamnable qu’à condition qu’il ait conscience d’enfreindre un interdit. Il est possible, certes, de légalement le punir, mais c’est uniquement pour protéger la société. Ainsi, toute sanction prévue contre l’innovateur (mise en garde, mise en quarantaine) découle du principe de devoir sanctionner l’innovation. Sans n’être une fin en soi, elle n’est qu’un moyen de l’éradiquer.




Les traditionalistes sont unanimes sur les limites de l’innovation, surtout dans le domaine du crédo (celles des kharijites, mu’tazilites, jahmites, qadarites, jabarites, shiites, sibîtes, etc.). Chacune de ces sectes renferme de multiples hérésies. Quand on dit qu’un innovateur peut garder sa crédibilité morale (‘adâla), ce n’est nullement dans le but de minimiser sa faute. Cela ne veut pas dire non plus qu’on ne doit pas dans l’absolu le qualifier de mubtadi’. Il incombe, en effet, de distinguer entre un traditionaliste conformiste (fidèle aux textes et au consensus) ayant sombré dans la faute. Dans ce cas, on dit que son acte est une bid’a, mais il n’en est pas pour autant un innovateur. On reconnait simplement qu’il a commis une erreur. En revanche, les adeptes des sectes qui furent condamnées par les anciens sont des innovateurs, bien qu’en réalité, certains d’entre eux soient sûrement excusables auprès d’Allah, en raison soit de leur ijtihâd soit de leur taqlîd à condition qu’il soit toléré.




Par ailleurs, quand on parle de bida’ on fait allusion à un genre, non à une seule unité. Ex. : l’i’tizâl est un genre qui renferme de multiples unités. Un traditionaliste peut éventuellement renier ou interpréter un Attribut (une unité), mais tout en s’alignant avec l’orthodoxie pour le reste. Dans ce cas, on parle d’erreur, mais son acte reste condamnable à l’unanimité des traditionalistes. On n’applique pas la peine de mort sur l’auteur d’un homicide involontaire, mais cela n’atténue en rien la gravité de son acte qui a abouti à une mort d’homme.




Ainsi, l’acte de la bid’a ne fait pas forcément de son auteur un mubtadi’ si ce n’est que pour décrire son acte (de façon ponctuelle), non qu’elle soit une dénomination ou une caractéristique constante. Or, le contraire n’est pas vrai. Autrement dit, quand on désigne quelqu’un d’innovateur, cela implique qu’il est l’auteur d’un acte d’innovation.




Le hukm : le statut d’innovateur et tout ce qu’il entraine n’a pas lieu avant d’avoir informé un coupable éventuel et d’avoir établi contre lui la preuve céleste. Nous avons vu qu’il est possible de punir quelqu’un qui est excusé devant Dieu pour son erreur commise. Cependant, en ce qui nous concerne, nous tenons compte de l’intérêt supérieur de la société ; nous nous fions uniquement aux apparences et nous nous en tenons au fait.




Selon la règle, l’homme n’est responsable qu’à partir du moment où le message lui a été transmis, à condition qu’aucune entrave ne vienne l’interférer. En d’autres termes, la responsabilité de chacun est soumise à deux conditions : le savoir et la capacité de le mettre en pratique.




C’est ce qui nous pousse à faire une distinction entre le ism et le hukm. Nous disons donc que l’innovation est blâmable en permanence, que ce soit avant ou après avoir reçu le message, que ce soit avant ou après que la preuve céleste soit établie contre un cas particulier. Cependant, cela ne veut pas dire que chaque fautif est passible de la punition sur terre et dans l’au-delà. Désigner une chose est une chose et le statut qui en découle en est une autre.




Tous les textes sur la menace divine (malédiction, takfîr) sont à prendre dans l’absolu, et donc, soumis à des conditions à remplir et à des restrictions à exclure avant de pouvoir les appliquer à un cas particulier.




L’intérêt de ces textes, c’est de dénoncer les causes qui sont à l’origine du châtiment. Or, une cause quelconque n’est pas effective sans remplir certaines conditions et évacuer certaines restrictions. Les textes de la menace divine contre l’auteur d’un péché sont applicables à un cas particulier à condition qu’il ait en mains, ou pour le moins, qu’il ait les moyens d’avoir en mains le texte informant de cette interdiction, ou, en d’autres termes, qu’il sache que tel acte est interdit par la Loi céleste.




Nous avons donné l’exemple plus haut (dans l’original) de la malédiction divine. Ibn Taïmiya nous offre à ce sujet une analyse d’une subtilité incroyable, comme il en a le secret ; analyse aussi déroutante qu’envoûtante : « Neuvièmement : la raison à cela, c’est que l’excuse empêche la malédiction d’atteindre un cas particulier. Nous avons vu précédemment que les hadîthsur la menace divine ont uniquement pour fonction de montrer que tel acte engendre la malédiction ; il est la cause à l’origine de la malédiction.

On peut toujours avancer que cela n’implique nullement d’applique le statut correspondant à chaque individu l’ayant commis, mais cela implique que la cause est présente, sans pour autant engendrer le statut qui l’entraine ; cela veut dire qu’il n’y aurait aucun mal à le faire.

Nous avons établi précédemment que le mujtahidn’est pas condamnable. Mieux, il est plus grave d’autoriser moralement un péché que de la commettre. Pourtant, l’excuse est valable pour tout le monde.

On peut avancer également qu’on ne peut être qu’un mujtahidet un muqallidpour faire un péché, en sachant que ces deux sont excusables, cela veut dire que personne n’est condamnable !




Ce à quoi nous répondons : la réponse peut se voir sous plusieurs angles :




L’un : l’ambition est de montrer que tel acte est à l’origine de la punition indépendamment de se soucier qu’il existe quelqu’un pour le faire. Dans l’hypothèse où tous les fautifs ne remplissent pas les conditions pour recevoir la punition ou que celle-ci soit annulée en raison d’une restriction quelconque, cela ne remet nullement en question que ce péché soit interdit par la religion.

L’essentiel est de savoir ou de se rendre compte qu’il est interdit en vue de s’en éloigner. Néanmoins, la miséricorde divine veut qu’un fautif éventuel soit excusable pour une raison ou pour une autre. Sur ce principe, nous avons les petits péchés, qui, bien qu’ils soient interdits, sont expiables à condition d’éviter les grands péchés. Ce principe est le même pour tous les péchés qui ne font pas l’unanimité ; notre rôle consiste à les dénoncer, mais, au même moment un fautif motivé par l’ijtihadou le taqlîdpeut être excusable. Cela ne nous empêche nullement d’être convaincus que ce péché reste un péché.




Vu sous un autre angle, quand on met en lumière son statut, c’est en vue de dissiper toute ambiguïté faisant obstacle à la punition. Quand on est excusable en raison de sa mauvaise croyance, cela ne veut nullement dire qu’on doit rester ainsi, sans faire l’effort de se renseigner dans la mesure du possible. Sinon, cela remettrait en question le devoir de propager la science ; cela signifierait qu’il vaudrait mieux dans l’intérêt des gens de les laisser ignorants. Il n’y aurait plus aucun intérêt à expliquer, avec preuves à l’appui, les questions ambigües.




Sous un troisième angle, dévoiler le statut et la menace qui plane sur un péché conforte les gens sains à s’en éloigner ; sans cette campagne de sensibilisation, ce péché prendrait du terrain dans les rangs.




Sous un quatrième angle, quand on parle d’excuse, on fait naturellement allusion à celui qui n’est pas capable d’y remédier. Sinon, dès lors qu’il est en mesure de connaitre la vérité, il n’est plus excusable pour son laisser-aller.




Sous un cinquième angle, il n’est pas évident de dire que l’ijtihâdet le taqlîdsont une excuse dans l’absolu. Il y a des cas où ils ne sont pas tolérés. Pour eux, la cause à l’origine de la menace divine est bel et bien effective, et l’ijtihâdet le taqlîdne constituent plus une restriction dans leur cas. Ils sont donc passibles de la punition, celle-ci est même toute désignée, sauf, bien sûr, si aucune autre restriction ne vient intercéder en leur faveur (repentir, bonnes œuvres expiatrices, etc.).

De plus, l’ijtihâdet le taqlîdne sont pas des notions constantes. Quelqu’un peut être motivé dans son acte par l’un de ses deux facteurs en pensant qu’il est en droit de le faire, mais le fait est qu’il peut soit avoir tort soit avoir raison. L’essentiel, c’est de garder la vérité entre les yeux, et de mettre les passions de côté ; auquel cas, Allah n’impose rien à l’homme qui soit au-dessus de ses forces. »[1]

Conclusion




Établir l’existence d’une chose (ism) ou d’une action (sifa) ne revient pas forcément à établir le statut qui en découle. On ne taxe pas quelqu’un d’innovateur sous le simple prétexte qu’il a commis une innovation. Une enquête s’impose en examinant si toutes les conditions pour se prononcer sont remplies, et si, en même temps, aucune restriction ne vient faire entrave à notre jugement.




En parallèle, rien ne nous empêche de dénoncer ses agissements et de mettre en garde contre leur impertinence et leurs méfaits. Dans le cas d’un traditionaliste, nous disons qu’il s’est trompé et qu’il est l’auteur d’une innovation. Avec lui on parle de sifa, tandis qu’avec les partisans des sectes qui commettent le même acte, nous parlons du ism. Autrement dit, ce sont des innovateurs. Cette règle est connue sous le nom de masâil el asmâ wa el ahkâm.




Ainsi, nous ne sommes pas toujours en mesure de savoir si l’innovateur fut motivé par les passions, l’ijtihâd ou le taqlîd. Cependant, le seul outil tangible que nous avons en mains est l’orientation et l’iqâma el hujja. En parallèle, nous dénonçons l’innovation et ses méfaits en vue de protéger les musulmans, ce qui est une fin en soi, et de parer à toute excuse. La punition du mubtadi’ est à même de remplir cette fonction, à condition, bien sûr, d’être en mesure de le faire.




Si nous étalons tous ses détails, ce n’est nullement en vue de minimiser l’innovation en donnant des excuses à leurs auteurs. Néanmoins, le but suprême, c’est de mettre en lumière la cause qui est à l’origine d’une éventuelle excuse. Cerner les symptômes est la première étape du remède. S’il est excusable, c’est que dans son esprit, il n’a fait aucun mal ; de son point de vue, sa croyance et sa conscience sont intactes. Notre rôle est de dénoncer la bid’a dans laquelle il a sombré en la confrontant aux textes du Coran et de la sunna.

L’erreur provient de plusieurs facteurs : de la méconnaissance des textes (dans ce cas, le remède consiste à vulgariser le savoir afin de le rendre accessible à tous) ; soit elle est due à un problème de méthodologie en s’appuyant sur de mauvaises sources (dans ce cas, le remède consiste à mettre en valeur les références incontournables des musulmans : les textes scripturaires et le consensus) ; soit elle repose sur un taqlîd illégitime (dans ce cas, le remède peut consister à remettre en question la compétence du meneur). Ces détails offrent une vision beaucoup plus large de l’iqâma el hujja.[2] Wa Allah a’lam !




















[1]Majmû’ el fatâwâ.

[2]El Maqrîzî s’inspire de nombreuses références, dont plus particulièrement deux ouvrages illustres, tous deux d’ibn el Qaïyim el Jawziya. Il s’agit en l’occurrence d’el Jawâb el Kâfî pour la première partie et de Madârij e-Sâlikîn pour la deuxième partie. Ce dernier n’impute pas ces fameux textes à son auteur attitré, comme a pu le faire également ibn ‘Abi el ‘Izz dans son explication d’el ‘aqîda e-tahâwiya avec les œuvres d’ibn Taïmiya. Son intention en cela ne fut pas de piller les ouvrages d’autrui en vue de se les donner pour sien comme un vulgaire plagiat. C’est plutôt le climat de l’époque dans lequel il évoluait qui était hostile à toute production littéraire ayant l’empreinte d’ibn Taïmiya et de ses élèves (et plus particulièrement ibn Qaïyim). Il fallait ménager la dynastie fatimide ‘Ubaïdite régnante en Égypte. Lui-même condamne le principe du plagiat dans sa fameuse encyclopédie d’histoire. [Voir : El Khutat el Maqrîzî (1/7).]



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