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ÞÏíã 15 Oct 2014, 12:37 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Le kharijisme

Le kharijisme
(Partie 1)


Sahl e-Tusturî : « Cette nation se divise en soixante-treize sectes ; soixante-douze d’entre elles sont vouées à la perdition, toutes haïssent le sultan ; la secte sauvée est la seule qui est avec le sultan. » [Voir : qût el qulûb (2/242) d’abû Tâlib el Makkî.]


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


[Quand la vérité est venue, le faux fut anéanti ; le faux devait s’anéantir].[1] [Nous lançons la vérité contre le faux afin qu’elle le transperce, et le voici anéanti].[2]


Kharijite avec les prédicateurs et murjites avec les gouverneurs ?


Que disent les textes et les anciens sur les Kharijites ?


(Quiconque se détourne du Messager après avoir connu la bonne voie, en voulant suivre un chemin différent de celui des croyants, Nous lui ferons subir les fruits de son abandon, et allons lui assigner la Géhenne et quelle bien vilaine destinée est-elle !) [Les femmes ; 115].


Dhû el Khuwaïsira interpella le meilleur des hommes (r) en ces termes en ces termes : « Sois juste ! Tu n’as pas été juste.
  • Malheur à toi, lui lança-t-il, qui peut se vanter d’être juste si je ne le suis pas. »


Après le départ de cet individu, le Messager (r) prévint : « Il y aura dans la postérité de cet homme, des gens devant la prière desquels vous aurez honte, et devant l’adoration desquels vous aurez honte. Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[3]


• Selon une version : « Ce partage ne fut pas motivé pour le Visage d’Allah. »[4]


• Une version précise : « Si je parvenais à leur époque, je les exterminerais comme le peuple de ‘Âd. »


• Selon un hadîth : « Toutes les fois qu’ils montrent une corne, on la leur coupe. »[5]
• Selon une version : « Toutes les fois qu’ils montrent une corne, on la leur coupe. Cela se reproduira plus de vingt fois jusqu’à ce que l’Antéchrist sorte au milieu d’eux. »[6]


• Un autre hadîth nous les décrit ainsi : « Ils tuent les adeptes de l’Islam et épargnent les païens. »[7]


• Selon Abû Umâma : « … Chiens de l’Enfer ! Chiens de l’Enfer ! Chiens de l’Enfer ! Ils sont les pires des hommes qu’on tue sous la voûte céleste… Heureux sont ceux qui les tuent ou qui se font tuer par eux ! »[8]


• D’après el Bukhârî et Muslim en effet, selon ‘Ali (r), j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « À la fin des temps, il y aura des hommes qui seront jeunes en âge et faibles d’esprit. Ils auront les meilleures paroles qui puissent être, mais leur foi ne dépassera pas leur gosier et ils sortiront de la religion comme la flèche transperce sa proie. Combattez-les où qu’ils soient, car il y aura une récompense le Jour de la Résurrection pour celui qui les aura combattus. »[9]


• Selon Hudhaïfa (t) : « Les gens interrogeaient le Prophète (r) sur le bien, tandis que moi, je le questionnais sur le mal pour éviter qu’il m’atteigne. Je lui demandai : Messager d’Allah, nous étions dans le paganisme et le mal avant qu’Allah nous ramène le bien. Mais est-ce qu’après ce bien, il y aura un mal ?
  • Oui, me répondit-il.
  • Est-ce qu’après ce mal, le bien reviendra à nouveau ?
  • Oui, mais il y aura de la fumée.
  • Quelle sera cette fumée ?
  • Des gens qui suivront une autre tradition que la mienne, et une autre voie que la mienne. Ils feront des choses que vous apprécierez en d’autres que vous apprécierez moins.
  • Après le retour de ce bien, est-ce que le mal reviendra ?
  • Oui, des troubles aveugles ! des prêcheurs aux portes de la Géhenne ; ils y propulseront ceux qui répondront à leur appel.
  • Messager d’Allah ! Décris-les-moi.
  • Ils feront parties des nôtres et parleront notre langue.
  • Que m’ordonnes-tu de faire si je parviens à cette époque ?
  • Reste avec le groupe et son imam.
  • Et s’il n’y a ni groupe ni imam ?
  • Écarte-toi de tous les groupes existants, lui répondit-il, même si tu devais t’agripper à la racine d’un arbre, et rester ainsi jusqu’à la mort. »[10]


• Une version d’Abû Dâwûd ajoute : « Après cela, qu’est-ce qu’il y aura ?
  • L’antéchrist qui aura avec lui un fleuve et un feu ; celui qui plongera dans son feu aura sa récompense et ses fautes pardonnées, mais celui qui plongera dans son fleuve aura ses fautes sur son compte, et sa récompense effacée.
  • Et après cela, qu’est-ce qu’il y aura ?
  • Après cela, il y a aura la fin du monde. »[11]


• « Lorsque l’épée sera brandie contre eux, elle ne sera plus rengainée jusqu’à la fin des temps. »[12]


• « La main d’Allah est sur le groupe, celui qui s’en sépare, c’est pour aller en Enfer. »[13]


• Le Prophète (r) a dit : « Le sang du musulman est sacré, sauf dans trois cas : l’homme marié adultère, le meurtrier, et celui laisse sa religion et qui s’écarte de la communauté. »[14]


• « Celui qui va à l’encontre du groupe délie l’Islam de son cou. »[15]


• D’après e-sahîh : « Celui qui meurt en s’étant écarté du groupe d’un empan connaitra une mort païenne. »[16]


• « Ils sont jeunes et simples d’esprit. »[17]


• D’après e-Dârimî, selon el Hakam ibn el Mubârak, selon ‘Amr ibn Yahyâ, j’ai entendu dire mon père des paroles qu’il a prise de son père : nous avions l’habitude de nous assoir devant la porte d’ibn Mas’ûd (t) avant la prière du ghadât. Dès qu’il sortait, nous l’accompagnions à la mosquée. Un jour, Abû Mûsâ el Ash’arî (t) vint nous voir pour nous demander : « Est-ce qu’Abû ‘Abd e-Rahmân est sorti ?
  • Non, lui avions-nous répondu ? »
Il s’assit alors avec nous jusqu’au moment où il fit son apparition. Nous nous levâmes ensemble et nous prîmes la direction de la mosquée. En cours de route, Abû Mûsâ prit la parole pour dire : « Abû ‘Abd e-Rahmân ! Je viens de voir un peu plus tôt à la mosquée une chose qui m’a paru étrange, mais qu’Allah soit loué, qui n’était que du bien.
  • Et qu’est-ce que tu as vu ?
  • Si tu restes en vie, tu le verras toi-même. »
Puis, il expliqua : « J’ai vu dans la mosquée plusieurs groupes assis en attente de la prière. À la tête de chaque groupe, il y avait un homme qui donnait des instructions à ses membres ayant tous des pierres à la main. « Dites cent fois Allah akbar ! lançait-il. » Ils s’exécutaient, puis il disait : «« Dites cent fois lâ ilâh illâ Allah ! » Ils s’exécutaient, puis, il disait : « Dites cent fois subhâna Allah ! »
  • Que leur as-tu dit, demanda ibn Mas’ûd ?
  • Rien du tout ! J’ai préféré attendre tes instructions ou d’avoir ton avis.
  • Tu aurais pu leur dire de compter leurs péchés, en leur garantissant qu’aucune de leurs récompenses ne sera négligée. »


Puis, il continua sa route, et nous en fîmes de même. En entrant, il rejoignit l’un de ces groupes devant lequel il s’arrêta, avant de lancer : « Qu’est-ce que vous êtes en train de faire devant mes yeux ?
  • Abû ‘Abd e-Rahmân ! Nous comptons avec nos pierres nos takbîr (dire Allah akbar ndt.), tahlîl (dire lâ ilâh illâ Allah ndt.), et nos tash (dire subhâna Allah ndt.) !
  • Comptez plutôt vos péchés, et moi, je vous garantis qu’aucune de vos récompenses ne sera négligée. Malheur à vous, vous la nation de Mohammed ! Comment pouvez-vous courir aussi vite à la perdition ? Les Compagnons de votre Prophète (r) sont encore nombreux, ses habits n’ont pas encore été usés, et ses couverts n’ont pas encore été cassés. Par Celui qui détient mon âme dans Sa Main ! Soit, votre religion est meilleure que celle de Mohammed, soit vous êtes en train d’ouvrir une porte à l’égarement !
  • Abû ‘Abd e-Rahmân ! Nous ne voulions faire que du bien.
  • Combien de gens veulent-ils faire le bien sans n’y parvenir ! Le Messager d’Allah nous a rapporté : « Le Coran ne dépassera pas le gosier de certains gens qui le liront » Par Allah ! Je me demande si la plupart d’entre eux ne seront pas des vôtres. »
Puis, il se détourna d’eux. ‘Amr ibn Salima a dit : « J’ai vu la plupart d’entre eux brandir leur épée contre nous à la bataille de Nahrawân dans les rangs des kharijites. »[18]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] Le voyage nocturne ; 81

[2] Les prophètes ; 18

[3] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[4] Rapporté par el Bukhârî (3150) et Muslim (1062), selon ibn Mas’ûd (t).

[5] Rapporté par ibn Mâja (174), selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar – qu’Allah les agréé son père et lui –.

[6] Rapporté par ibn Mâja (174), selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar – qu’Allah les agréé son père et lui – ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sahîh sunan ibn Mâja (144).

[7] Rapporté par el Bukhârî (3344) et Muslim (1064), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).

[8] Rapporté par e-Tirmidhî (3000), et el Âjjurî à qui revient l’énoncé ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sahîh sunan e-Tirmidhî (2398).

[9] Sahîh el Bukhârî (2930), et Muslim (1066).


[10] Rapporté par el Bukhârî (3606), Muslim (1847) ; l’expression « des troubles aveugles » ne se trouve pas dans ses deux recueils, mais dans le musnad d’Ahmed (23282).

[11] Rapporté par Abû Dâwûd (4244) et Ahmed dans el musnad (23429), selon Hudhaïfa ibn el Yamân (t).

[12] Rapporté par Ahmed (5/278), selon Thawbân (t).

[13] Rapporté par el Hâkim dans el mustadrak (1/115), selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar – qu’Allah les agrée son père et lui –.

[14] Rapporté par el Bukhârî (6878) et Muslim (1676), selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd (t).

[15] Rapporté par Abû Dâwûd (4758) ; il compte parmi les compléments d’Abd Allah le fils d’Ahmed dans le musnad de son père (21570), selon Abû Dharr (t).

[16] Rapporté par el Bukhârî (7054) et Muslim (1849), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.

[17] Extrait du hadîth d’Alî dont nous avons évoqué précédemment les références.

[18] Rapporté par e-Dârimî dans son recueil e-sunan (210).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
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ÞÏíã 16 Oct 2014, 04:33 PM
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Le kharijisme

(Partie 2)


• Ibn Wadhdhâh cite également selon Ayyûb : « Il y avait un homme chez nous qui délaissa sa mauvaise opinion. Je me rendis chez Mohammed ibn Sirîn pour lui dire : « Est-ce que tu penses qu’un tel a renoncé à son opinion ?
Il faut plutôt regarder sa nouvelle opinion, répondit-il, car à leur fin de parcours, ils sont pires qu’à leur début : Ils sortiront de la religion sans ne plus jamais y revenir. »[1]


• Selon Mohammed ibn Wadhdhâh, ce dernier entrait dans la mosquée et se tenait devant les assemblées pour dire, etc. ibn Wadhdhâh a dit : selon ibn ‘Uyaïna, selon Mujâlid, selon e-Sha’bî, selon Masrûq, ‘Abd Allah – en parlant d’ibn Mas’ûd – a dit : « Chaque année est pire que la précédente ; je ne dis pas qu’il y pleut moins, qu’elle est moins fertile, ou que le nouvel émir est moins bien que le précédent. Je parle du départ de vos savants et de votre élite. Puis, après leur départ, des nouvelles générations, qui mesurent les choses selon leurs propres pensées, les succèderont. C’est alors que l’Islam se détériorera et s’effritera. »[2]


• Ibn ‘Abbâs dépeint le profil des kharijites en ces termes : « Ils donnent foi aux Versets formels, mais les Versets ambigus les égarent. » Puis, il récita : [personne ne connait leur interprétation en dehors d’Allah. Ainsi que les savants érudits qui disent : nous y donnons foi, tout vient de Notre Seigneur].[3]


• D’après ibn Wahb, selon Bukaïr, ce dernier demanda à Nâfi’ : « Quelle est l’opinion d’ibn ‘Omar sur les Harûrites ?
  • Pour lui, ils sont les pires des hommes, répondit-il, car ils utilisent contre les musulmans des Versets qui furent révélés sur les mécréants. »


Très content de cette réponse, Sa’îd ibn Jubaïr fit le commentaire suivant : « Parmi les Versets ambigus que les harûrites utilisent, nous avons : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants][4] ; un Verset auquel ils font joindre : [Après cela, les mécréants lui donnent des égaux].[5] Dès qu’ils voient que l’Imam ne gouverne pas avec justice, ils prétendent qu’il devient mécréant. Or, étant donné que la mécréance consiste à donner des égaux au Seigneur, cela revient à commettre l’association. Ainsi, à leurs yeux, les membres de cette communauté sont des païens.
C’est alors qu’ils – les harûrites – s’insurgent et répandent le meurtre, comme nous avons pu le voir, en raison de l’interprétation erronée qu’ils font de ce Verset. »[6]


Selon Abû Umâma, comme le relate Shâtibî,[7] les kharijites sont notamment concernés par le Verset : [Quant à ceux qui ont les cœurs égarés, ils s’attachent aux Versets ambigus en vue de semer la discorde et de les interpréter à leur façon ; mais personne ne connait leur interprétation en dehors d’Allah. Ainsi que les savants érudits qui disent : nous y donnons foi, tout vient de Notre Seigneur].[8]


• Bon nombre d’entre eux comptaient dans l’armée d’Alî (t) à la bataille de Siffîn. Lorsque le dernier khalife et Mu’âwiya (t) s’en remirent à l’arbitrage d’un tiers au mois de ramadhan de l’année 37 de l’Hégire, mais les Kharijites s’opposèrent à ce règlement. Dès lors, ils blâmèrent à outrance le gendre du Prophète (r) en lui lançant : « Tu as pris des hommes pour juger à partir du Livre d’Allah alors qu’il n’y a d’autre Juge que Lui. » Puis, ils « l’excommunièrent » explicitement.[9]


• C’est cet argument que le mujrim ’Abd e-Rahmân ibn Muljim prit à son compte avant d’assassiner le troisième khalife qui prononça sa phrase célèbre avant de mourir ; une phrase qui deviendra une règle en or chez les savants : « C’est prêcher le vrai pour faire passer le faux. »[10]


• Après la bataille de Siffîn, douze milles insurgés se séparèrent de l’armée d‘Alî (t) pour se réfugier dans la montagne de Harûrâ ; c’est ainsi qu’ils furent nommés Harûrites. Le gendre du Prophète (r) envoya ibn ‘Abbâs (t) en vue de parlementer avec eux. La moitié d’entre eux revinrent à la raison, mais ceux qui restèrent pillèrent les troupeaux et s’attaquaient impunément au sang des innocents. Ils assassinèrent ‘Abd Allah ibn Khabbâb ibn el Aratt, ils entrèrent ensuite dans sa maison pour tuer son fils et sa mère qui était sa servante. Selon certaines versions, ils lui ouvrirent le ventre alors qu’elle était enceinte. Puis, ils firent campement à Nahrawân où ‘Alî les rejoignit à la tête d’un détachement de quatre mille hommes. Une fois sur place, il dépêcha quelqu’un pour leur réclamer de lui livrer le meurtrier de ‘Abd Allah ibn Khabbâb, mais ils répondirent que toute leur bande était responsable de son crime. Dès lors, ‘Alî déclencha l’assaut et les passa tous au fil de l’épée à l’exception de neuf survivants qui réussirent à s’échapper. Sept soldats de l’armée de ‘Alî – ou neuf selon d’autres annales – trouvèrent la mort au combat.[11]


Après la bataille, ‘Alî marcha au milieu des cadavres contre lesquels il s’écria : « Malheur à vous ! Ceux qui vous ont leurré sont à l’origine de votre malheur !
  • Ô Prince des croyants ! Mais qui donc les ont-ils leurrés ainsi ?
  • C’est Satan et leurs mauvais penchants ; ils les ont abusés par de vains espoirs, ils leur ont embelli la faute, et ils leur ont promis qu’ils seront les vainqueurs. »[12]


• Il chercha dans les cadavres la dépouille du kharijite auquel le hadîth authentique faisait mention, et qui fut rapporté par e-sahîh de Muslim, et d’autres recueils parmi les auteurs des sunan. Lorsqu’il le trouva, il ressentit une joie immense. Il se prosterna même par reconnaissance envers Allah, Lui qui lui avait permis de réaliser cette prophétie. Puis, il déclara : « Si les combattants qui matèrent ces rebelles savaient quelles récompenses Mohammed a promises pour ceux qui y participaient, ils s’arrêteraient de faire de bonnes œuvres. » Pourtant, ils étaient connus pour être les plus fervents dans l’adoration (prière, jeûne, etc.).[13]


• Ibn Abî Tâlib avait demandé qu’on fouille le champ de bataille à la recherche d’un manchot. Comme personne ne le localisa, il se mit lui-même à l’œuvre. Quand il mit la main sur lui, il s’écria : « Allah a dit vrai, et Son Messager a bien transmis son message. »[14] Autrement dit, le Messager d’Allah (r) avait prédit que ce manchot comptera parmi les kharijites morts au combat. Il précisa même que l’expédition punitive montée contre eux sera menée par le camp le plus proche de la vérité.[15]


• Après cet épisode, la tendance takfirî se perpétua dans l’Histoire de l’Islam. On demanda à ‘Alî s’il pensait que les kharijites, qui sortaient impunément les musulmans de la religion, étaient eux-mêmes des mécréants. Voici ce que fut sa réponse : « Ils ont plutôt fui la mécréance. »[16] Puis, il expliqua : « Ils sont nos frères qui se sont retournés contre nous. »[17]


• Selon un hadîth « Deux loups au milieu des moutons ne sont pas plus nuisibles pour la religion de l’individu que son attachement aux biens et aux honneurs. »[18]


• Selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) a prédit : « À la fin des temps, il y a aura un peuple qui va mélanger la religion avec les choses de ce bas monde. Ils feront passer aux yeux des gens la peau de chèvre pour du poil doux. Leur langue sera plus mielleuse que le sucre, mais ils auront des cœurs de loups. Allah (U) révèle : « Osez-vous mentir sur Moi ? Osez-vous vous ériger contre Moi ? Par Moi ! Je jure que Je vais envoyer une épreuve à ces gens-là ébahissant le plus posé d’entre eux. » »[19]
• D’après el Khallâl, l’Imam Ahmed a affirmé : « Les Kharijites sont des gens mauvais ; je ne connais pas de gens plus mauvais qu’eux sur terre. Certains hadith authentifiés du Prophète (r) leur sont consacrés, et ils les blâment selon dix aspects. »[20] Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a fait savoir en commentaire à cette annale : « Ces hadith sont rapportés par Muslim dans son recueil e-sahîh, Bukhârî en a aussi rapporté quelques-uns. »[21]


• Selon ‘Âichâ – qu’Allah l’agrée –, le Messager (r) récita le Verset : (Il est Celui qui vous a descendu le Livre ; celui-ci contient des versets explicites qui incarnent la mère du Livre ; d’autres sont ambigus. Quant à ceux qui ont les cœurs fourbes, ils s’en tiennent à la partie ambiguë pour semer le désordre et pour en faire une mauvaise interprétation).[22] Puis, il expliqua : « Si vous voyez des gens suivre les Versets ambigus, sachez qu’Allah les a dénoncés dans Son Livre ; alors, méfiez-vous d’eux. »[23]


• Abû Huraïra (t) a dit : « Il y aura à la fin des temps, des gens qui tiendront un discours que vous n’aurez jamais entendu ni vous ni vos pères, alors méfiez-vous d’eux. »[24]


• Selon Nâfi’, le captif d’ibn ‘Omar : « Subaïgh l’Iraquien s’interrogerait sur certaines choses du Coran au milieu des troupes musulmanes. Quand il se rendit en Égypte, ‘Amr ibn el ‘Âs le fit envoyer à ‘Omar ibn el Khattâb. Quand le messager lui remit la lettre, ‘Omar la lut et demanda après cet homme.
  • Il est en route, répondit le messager.
  • Fais attention à ne pas le laisser partir, s’écria ‘Omar, sinon tu risques de recevoir de ma part une punition douloureuse.
Après l’avoir ramené, ‘Omar interpella l’intéressé : « Tu es en quête de nouveautés ? » Il se fit apporter sur-le-champ des tiges de palmiers fraîches pour le frapper à tel point qu’il lui laissa des marques sur le dos.


Ensuite, il le laissa se rétablir pour le corriger à nouveau. Quand il se rétablit après sa deuxième correction, il le convoqua pour le corriger une troisième fois, mais Subaïgh l’en empêcha en s’exclamant : « Si tu veux me tuer alors, fais-le proprement, mais si tu veux me soigner, sache par Allah ! Que c’est déjà fait. » Dès lors, il le laissa retourner sur ses terres. Il écrivit à Abû Mûsa el Ash’arî de ne laisser personne s’assoir avec cet homme ; cela fut pour lui d’autant plus pénible. »[25] Sheïkh el Islam ibn Taïmiya précise que le deuxième Khalife leva cette mise en quarantaine quand il apprit que l’intéressé s’était repenti de ses maux. Cette punition lui servit plus tard quand les Kharjites vinrent frapper à sa porte. Il leur fit savoir que le sermon du serviteur vertueux (‘Omar) fit ses effets.[26]


À suivre…


Par : Karim Zentici
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[1] Rapporté par el Bukhârî (7562), selon Abu Sa’îd el Khudhrî et Muslim (1067), selon Abû Dharr
[2] Rapporté par ibn Wadhdhâh dans el bida’ wa e-nahi ‘anhâ (p. 40), et Abû ‘Amr e-Dânî dans e-sunan el wârida fî el fitan (210) ; el Hâfizh ibn Hajar l’a imputé à el Baïhaqî dans el fath (13/283).
[3] La famille d’Imrân ; 7 voir : El musannif d’ibn Abî Shaïba (15/313) et e-sharî’a d’el Ajûrrî (1/343).
[4] Le repas céleste ; 44
[5] Le bétail ; 1
[6] Voir : el i’tisâm de Shâtibî (2/692), e-sharî’a d’el Âjûrrî (1/341-342), et e-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (23/334-335). Il va sans dire que cette accusation ne vise pas les savants traditionalistes qui prennent ces Versets à leur compte pour kaffar celui qui forge des lois.
[7] Voir : el i’tisâm (1/32, 77) et Qawt el Qulûb d’Abû Tâlib el Makkî (2/246).
[8] La famille d’Imrân ; 7
[9] Voir : el farq baïna el firaq d’el Baghdâdî (p. 74-76), el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (10/577), et majmû’ el fatâwâ de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (13/208).
[10] Rapporté par Muslim (1066).
[11] Voir : el farq baïna el firaq (p. 75-78) et Majmû’ el fatâwâ (13/208).
[12] El bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (10/588).
[13] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, qui fut édité avec les annotations de Sheïkh D. ‘Abd e-Salâm ibn Barjas – qu’Allah lui fasse miséricorde –.
[14] Rapporté par Muslim (1066), selon Alî ibn Abî Tâlib (t).
[15] Rapporté par Muslim (1065), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).
[16] Rapporté par ‘Abd e-Razzâq dans son recueil el musannif (18656).
[17] Rapporté par ibn Abî Shaïba dans son recueil el musannif (37763).
[18] Rapporté par e-Tirmidhî (2376) et Ahmed (3/456), selon Ka’b ibn Mâlik (t).
[19] Rapporté par e-Tirmidhî (2404) et el Baghawî dans sharh e-sunna (14/394).
[20] E-sunna d’el Khallâl (1/145) ; selon l’auteur de la recension, sa chaîne narrative est authentique.
[21] Voir : Majmû’ el fatâwâ (3/279).
[22] La famille d‘Imrân ; 7
[23] D’après el Bukhârî et Muslim dans leurs recueils e-sahîh.
[24] Voir : l’introduction de Muslim.
[25] Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).
[26] Voir : Majmû’ el fatâwa (4/3-4).
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ÞÏíã 17 Oct 2014, 05:51 PM
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Le kharijisme
(Partie 3)


Que disent les textes sur les gouverneurs et l’union des musulmans ?


[Ô croyants ! Si vous suivez une partie des gens qui ont reçu le Livre, ils vont vous ramener à la mécréance, après que vous ayez goûté à la foi • Comment pourriez-vous renier, alors que les Versets d’Allah vous sont récités, et que Son Messager est au milieu des vôtres ? Celui qui s’accroche à Allah est alors guidé sur un droit chemin • Ô croyants ! Craignez Allah comme il se doit, et vous devez mourir en tant que musulmans • Accrochez-vous tous ensemble à la corde d’Allah et ne vous divisez point Souvenez-vous des bienfaits qu’Allah vous a prodigués lorsqu’Il a réuni vos cœurs, alors que vous étiez des ennemis ; par Sa faveur, vous êtes devenus des frères. Vous étiez auparavant aux bords de l’Enfer, mais Il vous en a sauvé. C’est ainsi qu’Allah vous montre Ses Signes, ainsi serez-vous guidés • Qu’un groupe d’entre vous appelle au bien, qu’ils ordonnent le bien et qu’ils interdisent le mal ; ceux-là seront les bienheureux • Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et qui ont divergé, après qu’ils aient reçu les preuves évidentes ; Ceux-là auront un châtiment immense • Le jour où des visages seront blancs et des visages seront noirs][1] ; ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui – a fait le commentaire suivant : « Le visage des adeptes de la tradition et de l’union sera blanc, et celui des adeptes de l’innovation et de la division sera noir. »[2]


• D’après ‘Abd Allah ibn ‘Amr – qu’Allah les agrée son père et lui –, le Messager d’Allah (r) a dit : « Vous allez suivre les coutumes des enfants d’Israël empan par empan, à tel point que si l’un d’entre eux avait des relations avec sa mère en public, il y en aurait parmi vous pour l’imiter. Les enfants d’Israël se sont divisés en soixante-douze sectes. » Puis, le hadith conclut : « Quant à cette communauté, elle va se diviser en soixante-treize sectes ; toutes sont vouées à l’Enfer à l’exception d’une seule.
  • Laquelle Messager d’Allah, demandèrent les Compagnons ?
  • C’est la voie sur laquelle nous sommes mes Compagnons et moi. » » Rapporté par e-Tirmidhî.[3]


• [Quand leur vient une nouvelle qui est soit rassurante soit alarmante, ils la répandent. S’ils avaient ramené la chose au Messager et aux responsables de l’autorité parmi eux, les personnes compétentes auraient su comment la gérer. Si ce n’était la Faveur d’Allah à votre égard et Sa Miséricorde, vous auriez suivi Satan excepté un petit nombre d’entre vous].[4]
• [Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous. Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous].[5]


• Le Prophète (r) explique : « Accrochez-vous au groupe, car le loup s’attaque aux brebis égarées. »[6]


• Selon ibn Mas’ûd (t), le Messager d’Allah (r) a dit : « Qu’Allah fasse resplendir le visage de l’individu qui a compris mes propos après les avoir entendus et mémorisés avant de les transmettre ! Il se peut qu’un porteur d’un savoir ne soit pas savant, ou bien qu’il le transmettre à quelqu’un de plus savant que lui. Il y a trois choses grâce auxquelles le cœur du musulman ne renferme aucune rancune : vouer toutes ses actions avec une sincérité exclusive à Allah, prodiguer le bon conseil aux musulmans, et rester dans leurs rangs, car leur prêche (ou leur invocation) est, pour eux, un rempart. »[7]


• Selon el ‘Irbâdh ibn Sâriya (t), le Messager d’Allah (r) nous fit un sermon émouvant, qui bouleversa les cœurs et qui fit couler des larmes. Nous décidâmes de lui demander : « Messager d’Allah ! On n’a l’impression que c’est un sermon d’adieu. Qu’est-ce que tu nous recommandes avant de nous quitter ?
Je vous recommande de craindre Allah (U), d’écouter et d’obéir au gouverneur, même s’il est esclave [abyssin]. Celui qui vivra parmi vous assistera à de nombreuses divergences. Accrochez-vous donc à ma tradition et à celle des nobles khalifes bien guidés. Tenez-la bien et prenez-la fermement par les molaires. Et méfiez-vous des choses nouvelles, car toute nouveauté est innovation et toute innovation est égarement. » E-Tirmidhî a fait ensuite le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et authentique. »[8]


Selon el Hârith el Ash’arî (t), le Prophète (r) a dit : « Je vous donne cinq commandements qu’Allah m’a ordonné : l’obéissance aux autorités, le djihâd, l’émigration, et l’union de la communauté. En déviant de cette union d’un empan, on délie l’Islam de son cou jusqu’à ce qu’on y revienne. Et en revendiquant des noms de l’ère païenne, on compte parmi les gens de l’Enfer. » Un homme s’exclama : « Messager d’Allah ! Même si on fait la prière et le jeûne ?
  • Même si on fait la prière et le jeûne. Donnez-vous les noms qu’Allah vous a donnés ; Il vous a appelés musulmans, croyants et serviteurs d’Allah ! »
Rapporté par Ahmed et e-Tirmidhî qui a fait le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et authentique. »[9]


• Le Prophète (r) dit : « Vos meilleurs émirs sont ceux qui vous aiment et que vous aimez ; ils prient sur vous et vous priez sur eux. Et vos pires émirs sont ceux qui vous détestent et que vous détestez ; ils vous maudissent et vous les maudissez.
  • Messager d’Allah ! Ne devons-nous prendre l’épée contre eux, lui demanda-t-on ? Non, tant qu’ils font la prière. »[10]


• « Faites obéissance à votre émir, même s’il était un esclave abyssin qui vous mène par le Livre d’Allah. »[11]


« … Sauf si vous constatez une mécréance qui est claire et limpide. »[12]


• « Quiconque se rebelle contre l’émir et s’écarte de la communauté, et qu’il vienne à mourir dans cette situation, il meurt selon les coutumes de l’ère païenne. »[13] Une autre version précise : « Il retire de son cou le lien qui le lie à l’Islam. »[14]


• « Nulle obéissance à la créature qui réclame de désobéir au Créateur. »[15]


• « Si un hâkim (juge, gouverneur, savant, etc.) donne une bonne sentence à la suite d’un effort d’interprétation, il a deux récompenses, mais s’il se trompe, à la suite de cet effort, alors il n’en aura qu’une. »[16]


• Selon Ziâd ibn Hudaïr (t), ibn ‘Omar m’a dit : « Sais-tu qui peut ruiner l’Islam ?
  • Non, répondis-je !
  • Un savant qui commet une erreur, un hypocrite qui se sert du Coran pour polémiquer, et des émirs égarés au pouvoir. »[17]


• Selon une version du hadîth de Hudhaïfa (t) cité plus haut : « Après moi, il y aura des émirs qui ne suivront pas ma voie et qui ne seront pas fidèles à ma tradition. Il y en aura parmi eux qui auront des cœurs de démon dans une carapace humaine.
  • Que dois-je faire, Messager d’Allah, si je parviens à cette époque ?
  • Obéis à l’émir, même s’il te frappe le dos et s’il prend ton argent, fais-lui obéissance. »[18]


• Le Prophète (r) a dit : « Mettez à mort quiconque veut s’introduire au milieu des vôtres, alors que vous êtes réunis autour d’un seul homme, pour diviser les rangs et vous désunir. »[19]
• Un jour, Usâma ibn Zaïd (t) fut interpellé en ces termes : « Ne devrais-tu pas te rendre chez ‘Uthmân pour lui parler ?
  • Pensez-vous que je devrais attendre pour lui parler de le faire en votre présence, fustigea-t-il ? Par Allah ! Je lui ai parlé entre lui et moi, sans pousser une porte que je n’aimerais pas être le premier à ouvrir. »([20])
En commentaire à cette annale, el Qâdhî ‘Iyâdh – qu’Allah lui fasse miséricorde – explique : « Usâma veut dire qu’il ne veut pas ouvrir la porte de la condamnation publique de l’Imam car il a conscience des mauvaises conséquences que cela peut engendrer. Prodiguer un conseil avec douceur et en privé est plus à même de porter ses fruits. »([21])
• Selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les préserve son père et lui –, le Messager d’Allah (r) a dit : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer, car celui qui vient à mourir en s’ayant écarté d’un empan du groupe, meurt à l’état de l’ère païenne. »([22])
• Selon ‘Iyâdh ibn Ghanm (t), le Messager d’Allah (r) affirme : « Celui qui veut donner conseil au sultan, il ne doit pas le faire en public, mais il doit le prendre [seul ndt.] par la main. S’il accepte, c’est tant mieux, sinon il aura accompli son devoir. »([23])
• Selon Anas ibn Mâlik (t), les grands parmi les Compagnons nous ont avertis en ces termes, le Messager d’Allah (r) préconise : « N’insultez pas vos émirs, ne les trompez pas, ne les détestez pas, mais craignez Allah et patientez, car le moment est proche. »([24])
• Selon Ziyâd el ‘Adawî, j’étais avec Abû Bakra au pied du minbar (chaire ndt.) d’ibn ‘Âmir qui faisait un sermon. Comme il portait un vêtement transparent, Abû Bilâl s’exclama : « Regardez l’émir, il porte les habits des pervers !
- Tais-toi ! Répondit aussitôt Abû Bakra. J’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Allah méprise quiconque méprise le pouvoir (sultan) d’Allah sur terre. »([25])
J’aimerais conclure ce chapitre avec deux annales extraordinaires qui résument ce sujet.


• Sahl e-Tusturî a dit : « Les gens vivront bien tant qu’ils encenseront les sultans et les savants. En faisant cela, Allah leur améliorera leur vie religieuse et leur vie matérielle. Cependant, en les dénigrant, ils mettront à mal leur vie présente et leur vie future. »[26] Nous comprenons mieux maintenant pourquoi notamment les kharijites sont-ils les pires des hommes, étant donné qu’ils s’acharnent inlassablement contre ses deux catégories d’individus par lesquels se maintient pourtant l’équilibre des sociétés.


• El Barbahârî a dit : « Si tu vois un homme invoquer Dieu contre le sultan, alors sache qu’il est un innovateur, et si tu vois un homme invoquer Dieu pour le sultan, alors sache qu’il est un traditionaliste. »[27] ou un « pseudo salafi » ou « talafi » c’est selon !


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] La famille d’Imrân ; 100-106

[2] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna d’e-Lâlakâi (1/72).

[3] Rapporté par e-Tirmidhî (2641) qui a fait le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et singulier. » ; un autre hadîth-témoin vient le renforcer ; il est rapporté par Mu’âwiya chez Ahmed (16937), et Abû Dâwûd (4597), avec une chaine narrative jugée bonne ; il est rapporté également par Anas ibn Mâlik chez ibn Mâja (3993), avec une chaine narrative jugée potable ; il est enfin rapporté par ‘Awf ibn Mâlik chez ibn Mâja (3992) ; ainsi, en regard de toutes ses chaines narratives, il est considéré authentique.

[4] Les femmes ; 83

[5] Les femmes ; 59

[6] Rapporté par Abû Dâwûd (547), e-Nasâî (847), et Ahmed (6/446), selon Abû e-Dardâ (t).

[7] Rapporté par Shâfi’î dans son musnad (1190), el Baïhaqî dans e-dalâil (1/23), e-Tirmidhî (2658), selon ibn Mas’ûd (t) ; il est rapporté par Ahmed (21590), ibn Mâja (230), et Dârimî (229), selon Zaïd ibn Thâbit (t).

[8] Rapporté par Abû Dâwûd (4607), ibn Mâja (42, 43), e-Tirmidhî (2676), et Ahmed dans son musnad (17145).

[9] Rapporté par Ahmed (22910) et e-Tirmidhî (2863).

[10] Rapporté par Muslim (1855), selon ‘Awf ibn Mâlik (t).

[11] Rapporté par Muslim (1298), selon Umm el Husaïn el Ahmisiya – qu’Allah l’agrée –.

[12] Rapporté par el Bukhârî (7056) et Muslim (1709).

[13] Rapporté par Muslim (1848), selon Abû Huraïra (t).

[14] Rapporté par Abû Dâwûd (4758) et Ahmed (5/180), selon Abû Dharr (t).

[15] Rapporté par Ahmed (3889), selon ‘Alî ibn Abi Talib (t).

[16] Rapporté par el Bukhârî (7352), et Muslim (1716), selon ‘Amr ibn el ‘Âs (t).

[17] Rapporté par e-Dârimî dans e-sunna (99).

[18] Rapporté par Muslim (1847).

[19] Rapporté par Muslim (1582), selon ‘Arfaja ibn Shuraïh (t).

([20]) Rapporté par Ahmed dans el musnad 36/117 (21784), el Bukhârî (3267) et Muslim (2989) auquel les termes cités en haut reviennent.

([21]) Fath el Bârî 13/67 (7098).

([22]) Rapporté par Ahmed 4/290 (2487), el Bukhârî (7054), et Muslim (55, 1849).

([23]) Rapporté par Ahmed 24/48-49 (15333), et ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna 2/507 (1096).

([24]) Rapporté par ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna 2/474 (1015), et el Baïhaqî dans el jâmi’ li shu’ab el îmân 10/27 (7117).

([25]) Rapporté par Ahmed dans el musnad 34/79 (20433), et e-Tirmidhî auquel les termes cités en haut reviennent et qui a fait ensuite le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et singulier. »

[26] Tafsîr el Qurtubî (5/260).

[27] Sharh e-sunna (p. 113).
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ÞÏíã 18 Oct 2014, 06:13 PM
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Le kharijisme
(Partie 4)


Qu’est-ce qu’un kharijite ?


Pour el Barbahârî, un kharijite est toute personne qui se révolte (kharaja) contre une autorité musulmane en place, et qui se démarque des (ou qui divise les) rangs, tout en allant à l’encontre des textes.[1] E-Sharistânî a des paroles qui vont dans ce sens.[2] El Âjurrî va plus loin en ajoutant qu’en plus de cela, il autorise impunément à verser le sang des musulmans.[3]


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya souligne à cet effet : « C’est pourquoi, il faut prendre garde à ne pas taxer les musulmans d’apostasie à cause de leurs erreurs ou de leurs péchés, car c’est la première innovation apparue dans l’Islam. Ces adeptes ont exclu les musulmans de la religion et ils se sont légitimés leurs biens et leur sang. »[4]


Ailleurs, il explique que les kharijites se distinguent par deux caractéristiques :
  1. Ils s’insurgent contre les textes et la sunna en inversant les valeurs ; leur père spirituel Dhû el Khuwaïsira e-Tamîmî en est le meilleur exemple, lui qui interpella le meilleur des hommes en ces termes : « Sois juste ! Tu n’as pas été juste.
  • Malheur à toi, lui lança-t-il, qui peut se vanter d’être juste si je ne le suis pas. »[5]


  1. Ils sortent dans un premier temps, les musulmans de l’Islam à cause de leurs erreurs ou de leurs péchés. Puis, ils légitiment leurs biens et leur sang, et considèrent qu’ils ne vivent pas en terre d’Islam.[6]


Ibn Hajar affirme, pour sa part, qu’ils doivent leur nom à deux caractéristiques :
  1. Ils sortent (khurûj) de la religion.
  2. Ils sortent (khurûj) contre les gouverneurs musulmans.[7]


Il fait remarquer également qu’ils reprochèrent à ‘Alî d’avoir soumis son jugement à des hommes. C’est ce qui les poussa à se désolidariser de lui et de sa descendance, en prenant les armes contre eux. Ils s’étaient déjà désolidarisés du Khalife avant lui, ‘Uthmân. Les ultras parmi eux vont jusqu’à les sortir de la religion.[8]


Or, en réalité, pour être plus précis, il incombe de dire qu’il existe deux sortes d’insurgés.
Les kharijites proprement dit : que le Prophète décrit en ces termes : « … ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. »[9] Ces derniers sortent contre les sultans en étant motivés, dans un élan de zèle, par des raisons religieuses et pour rétablir la morale. Autrement dit, la croyance selon laquelle les péchés font sortir de la religion. Et, en règle générale, tous les innovateurs qui s’insurgent contre la sunna au profit de leurs passions. E-Dhahhâq précise sur ce point : « … les révoltés de Nahrawân ont interprété certains Versets du Coran à l’encontre des adeptes de l’Islam, bien qu’ils concernaient les « gens du Livre ». Ce savoir leur ayant échappé, ils ont alors versé le sang des musulmans, ils se sont emparés de leurs biens, et ils ont témoigné que nous étions égarés. »[10] Sheïkh el Islam explique : « Les Kharijites ont interprété certains Versets du Coran en fonction de leur croyance et ont considéré mécréante toute personne s’opposant à celle-ci. »[11]
Ailleurs, il souligne également : « Bon nombre d’innovateurs à l’instar des Kharijites, rafidhîtes, qadarites, jahmites, mumaththilites (assimilateurs ndt.) ont des croyances erronées qu’ils s’imaginent correspondre à la vérité, tout en considérant comme mécréant quiconque s’oppose à celles-ci. »[12]


Les bughât qui prennent les armes contre les sultans pour des raisons profanes. Ils aspirent au pouvoir sans revendiquer particulièrement qu’ils agissent au nom de la religion. Par extrapolation, ibn Taïmiya range dans cette catégorie ceux qui participèrent aux batailles d’el Jumal, Siffîn, el Hurra, el Jamâjim, etc. Ces derniers pensaient que la guerre était la meilleure solution. Ils ne voyaient pas dès lors les inconvénients énormes qu’elle allait engendrer. D’ailleurs, ils le regrettèrent après coup, et surent par l’expérience ce dont les textes mettaient en garde depuis le début. En résumé, nous pouvons recenser quatre raisons à travers l’Histoire ayant poussé les savants à l’erreur dans ce domaine.
  • Certains d’entre eux n’avaient tout bonnement pas eu accès aux textes.
  • D’autres remettaient en question leur authenticité.
  • D’autres, à l’image d’ibn Hazm, pensaient qu’ils étaient abrogés.
  • D’autres les interprétaient à leur façon, comme tout mujtahid.[13]


Ibn Hajar rejoint exactement ce discours, et met dans la première catégorie les insurgés qui prirent les armes contre ‘Alî, et leurs héritiers à l’instar des azâriqa.
Il subdivise la seconde catégorie en deux ensembles. Dans le premier, il insère les partisans de la vérité qui combattirent l’injustice et la tyrannie des émirs. Dans ce camp, il compte el Hasan ibn ‘Alî, les insurgés d’el Harra, et les opposants à el Hujjâj ibn Yûsaf. Dans le second, il fourre tous les coups d’État qui sont motivés par la prise de pouvoir, indépendamment de savoir s’ils sont appuyés par des arguments légitimes ou non. C’est de ce dernier ensemble qu’il s’agit lorsqu’on parle de bughât.[14]


Il est vrai qu’on leur donne le nom de kharijites, mais c’est uniquement dans la mesure où ils se révoltent, au lieu de suivre les prescriptions prophétiques les enjoignant à veiller à l’union des musulmans et à patienter face à la tyrannie des sultans tant qu’ils n’affichent pas une mécréance claire et insoupçonnable. Ils ne sont donc pas aussi blâmables que les kharijites attitrés, et ne méritent pas d’être confondus aux « chiens de l’enfer ».


Il n’en demeure pas moins des innovateurs aux yeux de certains anciens, même s’ils ne sortent pas les musulmans de la religion, comme nous l’avons vu plus haut avec notamment la référence à el Barbahârî. L’Imam Ahmed a des paroles claires à ce sujet. Il affirme en effet : « Il n’est permis à personne de combattre le sultan ni de se rebeller contre lui, sous peine de devenir un innovateur ayant dévié de la sunna et de la bonne voie. »[15]


Ainsi, sortir les musulmans de la religion n’est pas une condition pour rejoindre les kharijites qui furent les premiers à ouvrir cette mauvaise voie. Un hadîth est sans appel : « Celui qui meurt en s’étant écarté du groupe d’un empan connaitra une mort païenne. »[16]


El Qurtubî impute à la majorité des savants l’opinion selon laquelle il vaut mieux endurer le mal des sultans que de répandre le sang, de semer l’anarchie et le désordre sur terre. L’autre opinion, à ses yeux, est celle des kharijites et de certaines tendances mu’tazilites qui ne voient pas d’inconvénient à brandir l’épée contre les gouverneurs injustes.[17]


La différence entre les bughât et les vrais kharijites


Certains savants ont kaffar les kharijites. Bien que l’ensemble des Compagnons ne concèdent pas ce statut, l’essentiel est de savoir que personne parmi les savants de référence, n’a voué les bughât à l’apostasie.


Il existe un autre point de différence entre ces deux catégories d’individus, et qui est la raison qui motive les expéditions punitives lancées contre eux. Les kharijites commettent deux crimes ; d’une part, ils sortent [des enseignements] de la religion, et d’autre part, ils s’insurgent contre les musulmans. Tandis que les bughât se contentent de se rebeller contre l’autorité de tel gouverneur. C’est la raison pour laquelle, les lois du combat ne seront pas les mêmes en fonction du statut des insurgés (kharijites ou bughât) ; achever les blessés, poursuivre les fuyards, etc.


Comme à son accoutumé, ibn Taïmiya se lance dans une analyse extraordinaire dans laquelle il dessine le portrait des « chiens de l’Enfer ». En voici un passage : « Il n’est pas pertinent qu’il fut légiféré de les combattre, juste parce qu’ils tuent les gens, comme on repousse des agresseurs (bandits de grand chemin, etc.), ou de simples insurgés (bughât). Le but, en effet en combattant les seconds, c’est d’éradiquer leur mal, de disloquer leur groupe, et de les ramener à l’ordre. Il n’est donc pas légiféré de les tuer où qu’ils se trouvent, ni de les exterminer jusqu'au dernier comme le peuple de Hâd ; ils ne sont pas non plus les pires des hommes qui sont sous la voûte céleste, et il ne fut pas légiférer de les combattre sans condition, mais en dernière instance. Il y a donc une autre raison qui se cache derrière l’obligation de combattre les kharjites. Ils sont en effet les plus prompts à sortir de la religion à cause de l’excès qu’ils font, comme nous l’informe le hadîth d’Alî : « Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[18] Ainsi, si on les tue, c’est parce qu’ils sortent de la religion…
(…) Ainsi, nous les tuons en raison de leur caractéristique qui est de sortir de la religion (et qui est présente aussi bien chez l’un que chez un grand nombre d’entre eux), non parce qu’ils s’insurgent et prennent les armes contre les musulmans.
S’il est vrai qu’Alî (t) ne les a pas combattu dès leur émergence, mais c’est uniquement, car il ne savait pas à qui il avait à faire. Il a fallu qu’ils mettent un terme à la vie d’ibn Khubbâb, et qu’ils sèment le pillage pour qu’il comprenne qu’il s’agissait de ceux dont fait allusion le hadîth : « Ils tuent les adeptes de l’Islam et épargnent les païens. »[19] Il a su dès lors qu’ils étaient les fameux kharijites.
L’autre raison qui l’a empêché de les tuer, avant qu’ils ne fassent couler le sang, c’est que leurs tribus auraient pu, par chauvinisme, quitter les rangs d’Alî (t)… »[20]


Dans son harangue guerrière qui visait à convaincre ses concitoyens de monter une armée contre l’envahisseur tatar, il fustige : « Ces gens-là, aux yeux des grands spécialistes, ne sont pas à mettre au même rang que les insurgés (bughât) que se rebellent contre l’Imam en place, ou qui sortent de son obéissance, comme ce fut le cas des habitants du Shâm qui sortirent de l’autorité d’Alî ibn Abî Tâlib (t) ; non, les bughât se contentent de se rebeller contre l’autorité de tel gouverneur, voire de le renverser. Quant aux tatars, ils sont sortis de l’Islam, à la manière des rebelles qui refusent de verser la zakât, et des kharijites qu’Alî réprima. Ce dernier n’avait pas la même approche en fonction de l’armée qu’il avait en face de lui ; sur un front, il avait pour adversaire l’armée du Shâm et de Basra et sur l’autre front, les révoltés de Nahrawân. Avec les premiers, ils se comportaient comme un frère qui s’était disputé avec son frère, mais il avait un autre comportement avec les kharijites. »[21] Il explique ensuite que conformément aux textes prophétiques, les Compagnons s’entendirent finalement à l’unanimité à combattre sous les ordres d’Abû Bakr, les rebelles à la zakât, et, plus tard, les kharijites. En revanche, bien que les textes en parlent, la querelle qui opposa le troisième khalife à la Syrie ne fit pas consensus chez les Compagnons et leurs successeurs.[22]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/

[1] Sharh e-sunna (p. 76).

[2] El milal wa e-nihal (1/105).

[3] E-sharî’a (p. 24).

[4] Majmû’ el fatâwâ (13/31, 3/279, 7/481), voir également : sharh el asfahâniya (p. 225).

[5] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[6] Majmû’ el fatâwâ (19/72).

[7] Fath el Bârî (12/296).

[8] Hadî e-sârî (p. 459).

[9] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[10] Tafsîr el Baghawî (1/256-257).

[11] Majmû’ el fatâwâ (20/164), voir également : Dar ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/276).

[12] Majmû’ el fatâwâ (13/466, 467).

[13] Minhâj e-sunna (4/538).

[14] Fath el Bârî (12/298).

[15] Sharh usûl el i’tiqâd (1/161) d’e-Lalakâî

[16] Rapporté par el Bukhârî (7054) et Muslim (1849), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.

[17] Tafsîr el Qurtubî (2/109).

[18] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[19] Rapporté par el Bukhârî (3344) et Muslim (1064), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t)

[20] E-sârim el maslûl (2/347).

[21] Majmû’ el fatâwâ (28/503).

[22] Idem. Cette dernière partie est un peu obscure, ce qui rend la traduction quelque peu aléatoire.
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  #5  
ÞÏíã 19 Oct 2014, 07:12 PM
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Le kharijisme
(Partie 5)


Le critère pour définir un kharijite


Abû el Hasan el Ash’arî établit : « Les kharijites sont unanimes à « excommunier » ‘Alî ibn Abî Tâlib (t) pour s’être tourné vers le jugement des hommes. Ils divergent toutefois sur la question de savoir si son apostasie porte sur l’association ou non. Quoi qu’il en soit, ils sont unanimes à dire que tout grand péché est un acte de mécréance à l’exception des najdât qui n’adhèrent pas à cette opinion. »[1] Selon certains grands hérésiographes, les kharijites excluent de la religion à l’unanimité ‘Alî, ‘Uthmân, tous ceux qui ont participé à la bataille du Chameau, les deux arbitres entre les armées d‘Alî et de Mu’âwiya, tous ceux qui consentent à cet arbitrage, et qui donnent raison à ces auteurs ou à l’un des deux. ils assument par ailleurs qu’il est tout à fait légitime de s’insurger contre les autorités en place.[2]


Certains émettent la condition pour devenir kharijite de kaffar les Compagnons, ce qui en soit n’est pas propre aux kharijites ; nous avons vu que les râfidhîtes notamment les rejoignent en tout ou en partie sur ce point.[3] Sans compter que cela reviendrait à confiner les kharijites dans les derniers bastions ibadhites qui sont dispersés à traves le monde (Algérie, Tunisie, Lybie, Oman, etc.).


Sheïkh el Fawzân est plus précis : « quiconque adhère, et appelle à la pensée kharijite qu’il est possible de résumer en trois points, compte parmi eux :
Primo : sortir de la religion les musulmans qui commettent des grands péchés en dehors de l’association est propre à la tendance kharijite.
Secundo : se rebeller contre les autorités musulmanes en place et trahir le pacte d’obéissance qui les lie à ces dernières.
Tercio : s’autoriser moralement (istihlâl) le sang des musulmans, comme l’informe le Prophète (r) : « Ils tuent les adeptes de l’Islam et épargnent les païens. »[4]


Or, la chose est peut-être un peu plus complexe, et il incombe de nuancer quelque peu en proposant un critère beaucoup plus cohérent, soit :


Un kharijite est toute personne qui s’arroge le droit de faire le takfîr non fondé des musulmans, et qui, à la suite de quoi, se rebelle contre les autorités en place, et verse impunément le sang des musulmans.[5]




Explication


« le takfîr non fondé » : nous enseigne deux choses :
La première : il est plus vaste que le takfîr des péchés, étant donné qu’Alî et Muwâya avaient cherché une solution pacifique au conflit, ce qui en soi est louable (toléré, voire recommandé par la religion, et même obligatoire s’il s’agit de préserver la vie des musulmans). Pourtant, cela ne les empêcha pas de subir la vindicte des premiers kharijites.
La seconde : il englobe tout ceux qui kaffar les gens ne serait-ce que pour une seule chose. Il est connu que la plupart des kharijites font sortir de l’Islam les auteurs des grands péchés (le takfîr bi el kabîra). C’est pourquoi, et cela est d’une importance essentielle, il est faux de dire que la condition pour être un kharijite, c’est de kaffar bi el kabîra.


En voici la preuve :


1- Les premiers kharijites n’ont pas fait le takfîr bi el kabîra (adultère, boisson enivrante, etc.), mais en raison du tahkim qui déboucha sur la réconciliation des musulmans.[6]


Ce sont les kharijites ultra (ghulât) qui ont innové le takfîr bi el kabîra. Abû Bakr ibn el ‘Arabî distingue deux sortes :
  • Ceux qui kaffar ‘Uthmân, ‘Alî, et tous ceux qui ont participé à la bataille du chameau.
  • Ceux qui vouent à l’Enfer éternel les adeptes de la communauté mohammadienne pour les péchés qu’ils ont commis.[7]


Sheïkh ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân entre un peu plus dans les détails en disant : « Voici en résumé leur histoire. Vous connaissez désormais leurs arguments ambigus qui les leur donnèrent la certitude que ‘Alî, Mu’âwiya et les fidèles des deux côtés sont des mécréants. Après l’événement, leur tendance se dispersa avec les fuyards qui restèrent en vie. Les ghulât parmi eux se mirent à sortir les musulmans de la religion à cause des péchés (takfîr bi e-dhunûb). Puis, ils réussirent à se réorganiser et fondèrent un État. El Muhallib ibn Abî Sufra se chargea de les combattre ; el Hujjâj ibn Yûsaf prit ensuite la relève, mais avant cela, ibn e-Zubaïr les passa au fil de l’épée à l’époque de son frère ‘Abd Allah. Ils furent connus par la suite pour le takfîr bi e-dhunûb, c’est-à-dire tous les péchés en dehors de l’association. »[8]


Ibn Hajar y va de son explication : « Les kharijites sont ceux qui reprochèrent à ‘Alî le tahkîm, qui se désolidarisèrent de lui et qu’ils combattirent, mais aussi de ‘Uthmân et de sa descendance. Ce sont les Les ghulât parmi eux qi ajoutent à cela leur takfîr. »[9]


2- Tous les hadîth qui décrivent les kharijites ne font nullement cette restriction du takfîr bi el kabîra. Une chose est sûre, c’est qu’ils se caractérisent pour dénigrer les émirs et les savants, interpréter le Coran à leur façon, faire le takfîr non fondé des musulmans, à la suite de quoi, de se rebeller contre les autorités en place, et de verser impunément le sang des musulmans, et de violer leur honneur et leurs biens. Ainsi, une menace terrible plane sur ceux qui les imitent.[10] Shâtibî va plus loin en reprochant qu’on accole les hadîth sur les kharijites à un groupe en particulier, alors que les savants les utilisent pour condamner tous les innovateurs sans exception.[11]


3- Nous avons vu avec la citation d’Abû el Hasan el Ash’arî que les kharijites ne sont pas unanimes à sortir de la religion les auteurs des grands péchés. Les najdâtes en effet n’adhèrent pas à ce principe, ce qui conforte d’autant plus la thèse que nous soutenons.


L’interdiction de sortir contre un gouverneur pervers à l’unanimité des savants


En regard des hadîth précédemment cités sur le sujet et tant d’autres, les savants en ont conclu qu’il est strictement interdit de prendre les armes contre un gouverneur tyran, tant qu’il reste musulman. La seule condition pour le faire, c’est, comme l’indiquent les textes, qu’il soit l’auteur d’une mécréance qui ne fait aucun doute et qui est claire comme l’eau de roche. C’est question est tellement importante que les traditionalistes, appelés de nos jours par ses opposants pseudo salafis, ou de façon beaucoup moins reluisante « talafi », en ont fait un point central de leur prédication, et un signe distinctif des partisans de la vérité, étant donné que la majorité des innovateurs, avec à leur tête les kharijites, le leur contestent. Cette question est tellement importante que pratiquement tous les recueils de ‘aqîda étalent ce crédo.


Ibn Battâl est l’un des légistes qui rapportent ce consensus.[12] E-Nawawî va plus loin en pointant un doigt accusateur contre les partisans de son école, mais aussi contre les mu’tazilites qui dérogent ce consensus. Puis, il conclut avec une parole d’el Qâdhî dont voici les termes : « Il est dit que si divergence il y a eu, c’était au début, mais, avec le temps, un consensus se dégagea sur l’interdiction de se rebeller. »[13]


Ibn Taïmiya établit : « L’élite des musulmans interdisait de se rebeller et de prendre les armes en période de troubles. ‘Abd Allah ibn ‘Omar, Sa’îd ibn el Musaïb, ‘Alî ibn el Husaïn, etc. défendaient de sortir contre Yazîd, l’année d’el Harra. El Hasan el Basrî, Mujâhid, et tant d’autres défendaient de participer à la campagne (fitna) d’ibn el Ash’ath. Par la suite, un crédo se dessina chez les traditionalistes qui appelaient à ranger l’épée dans son étui en période de troubles. Ils se conformaient ainsi aux hadîth authentiques imputés de façon certifiée au Prophète. Ils prirent l’habitude de l’évoquer dans leur crédo, et incitaient à la patience face à la tyrannie des sultans, et à ne pas prendre les armes contre eux. »[14]


Ailleurs, il signe : « C’est pourquoi, l’un des principes traditionalistes invite à renoncer à prendre les armes contre les sultans, et à participer à des troubles, contrairement aux mu’tazilites, qui voient en cela, l’un des grands principes de leur religion. »[15]


Même « son de cloche » chez ibn Hajar qui considère, que dans un premier temps, les anciens voyaient l’épée, mais, s’étant rendu compte des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrait, notamment lors des compagnes d’el Harra, et d’ibn el Ash’ath, en fin compte, ce qui allait devenir l’un de leurs principes, ils y renoncèrent définitivement.[16]


Y a-t-il exception à la règle ?


On peut toujours avancer que certains anciens prirent les armes contre les autorités en place à l’instar d’el Husaïn, des habitants de Médine qui se soulevèrent contre Yazîd, et de certains savants dont Sa’îd ibn Jubaïr, qui prêtèrent main forte à ibn el Ash’ath, etc.


Or, cet argument ne tient pas pour les raisons suivantes :


Premièrement : Les textes sont clairs sont la chose.[17]


Les traditionalistes ne font passer rien ni personne avant les textes. Je ne vais pas m’étaler sur ce principe tant celui-ci est évident, mais j’aimerais juste évoquer deux textes et deux, voire trois règles qui en découlent. Pour le premier texte, il s’agit du Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous].[18] Voici la règle qui en découle : Ibn el Qaïyim souligne à cet effet : « S’il n’existait pas dans le Livre d’Allah et la Tradition de Son Messager des lois venant trancher entre les différents litiges, et si cela, en outre, n’était pas suffisant, il n’aurait pas été enjoint de s’y référer en cas de litige. Il est impossible qu’Allah (I) ordonne de ramener les litiges à des références non en mesure de les trancher. »[19]


Voici le second Verset et la règle qui en découle : (Voici Mon Chemin droit alors empruntez-le, et ne suivez pas les sentiers qui vous en feront dévier).[20] Ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – fait le commentaire suivant : « Un seul chemin mène à Allah. Il correspond à la révélation et aux Livres qu’Il a descendus aux envoyés. Il n’est pas possible de parvenir à lui par un autre chemin. Si les hommes affluaient de toutes les routes et s’ils frappaient à toutes les portes, elles leur seraient toutes obstruées et fermées, à l’exception d’une seule ; celle-ci est reliée et mène directement à Allah. »[21]


Voici sur le sujet, une dernière parole extraordinaire d’ibn el Qaïyim et dont voici les termes: « Il n’incombe nullement à la nation de suivre ou de s’en remettre au jugement de quiconque inaugure un discours et établit des règles en fonction de sa propre compréhension et interprétation. Il importe avant tout d’exposer son discours aux enseignements du Messager. S’il correspond et est conforme à ceux-ci, on peut dans ces conditions témoigner de sa véracité et l’approuver. Sinon, il est impératif de le réfuter et de le rejeter. Dans le cas où on ne peut ni y distinguer la conformité ni la non-conformité, il faudra le laisser en suspens. Quand bien même il serait légitimé de s’en servir comme loi ou comme fatwa, il le serait tout autant de le mettre de côté. »[22]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] Maqâlât el Islâmiyîn (1/167).

[2] Voir : el farq baïna el firaq (p. 73), e-tabsîr fî e-dîn d’el Isfarânî (p. 45).

[3] Voir : el khawârij (p. 51) de Sulaïmân el Ghusn.

[4] Rapporté par el Bukhârî (3344) et Muslim (1064), selon Abû Sa’îd (t).

[5] Haqîqa el khawârij (p. 34-38) de Faïsal el Jâsim

[6] Voir : ‘âridh el ahwadhî (9/38) d’Abû Bakr ibn el ‘Arabî

[7] Idem.

[8] E-durar e-saniya (9/229).

[9] Hadî e-sârî (p. 483).

[10] El i’tisâm de Shâtibî (2/726).

[11] Idem.

[12] Sharh el Bukhârî d’ibn Battâl (10/8).

[13] Sharh Muslim (12/469).

[14] Minhâj e-sunna (12/297).

[15] Majmû’ el fatâwâ (28/503).

[16] Tahdhîb e-tahdhîb (2/288).

[17] Sharh Muslim d’el Ubaï (5/196).

[18] Les femmes ; 59

[19] I’lâm el mawqi’în (1/49).

[20] Le bétail ; 153

[21] E-tafsîr el qaïyim (14-15).

[22] Zâd el ma’âd (1/38).
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  #6  
ÞÏíã 20 Oct 2014, 04:56 PM
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Le kharijisme

(Partie 6)


Deuxièmement : les traditionalistes qui sont allés à l’encontre de ces textes sont excusables


Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Secundo : il y a ceux qui prennent les armes non pour défendre une croyance contraire au traditionalisme. Nous pouvons compter dans cette catégorie ceux qui participèrent aux batailles d’el Jumal, Siffîn, el Harra, el Jamâjim, etc. Ces derniers pensaient simplement que la guerre était la meilleure solution, bien que ce ne fût pas le cas. Ils ne voyaient pas dès lors les inconvénients énormes qu’elle allait engendrer. D’ailleurs, ils le regrettèrent après coup, et surent par l’expérience ce que les textes mettaient en garde depuis le début. »[1]


Puis, il explique qu’en résumé, nous pouvons recenser quatre raisons à travers l’Histoire ayant poussé certains savants à l’erreur dans ce domaine.
  • Certains d’entre eux n’avaient tout bonnement pas eu accès aux textes.
  • D’autres remettaient en question leur authenticité.
  • D’autres, à l’image d’ibn Hazm, pensaient qu’ils étaient abrogés.
  • D’autres les interprétaient à leur façon, comme tout mujtahid.[2]


Il explique également : « Quant aux partisans d’el Harra, d’ibn el Ash’ath, d’ibn el Muhallib, etc. ils connurent la défaite ; ils ne parvinrent ni à maintenir la religion ni à épargner le profane. Alors que le Très-Haut n’ordonne rien qui ne rapporte aucun effet ni pour la religion ni pour la vie matérielle. S’il est vrai au même moment, que les acteurs d’une telle initiative soient des pieux, des élus d’Allah promis au Paradis. Cependant, ils ne sont pas meilleurs qu’Alî, ‘Âisha, Talha, Zubaïr, etc. dont la participation aux troubles ne fut pas louable. Pourtant, ils ont un rang plus élevé auprès d’Allah et ont une meilleure intention que n’importe qui d’autre. Nous pouvons dire autant pour les partisans d’el Harra qui comptaient dans leur rangs bon nombre de savants et de pieux. Même chose pour les partisans d’ibn el Ash’ath, qu’Allah leur pardonne à tous ! »[3]


« Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baït ou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre sur son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.


Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :
  • Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.
  • Ceux qui le condamnent et qui remettent en question à cause de cette erreur sa piété et son statut de wali. Ils font jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.
Or, ces deux voies opposées sont aussi égarées l’une que l’autre. »[4]


Troisièmement : de nombreux savants et pieux sont revenus sur leurs erreurs


Certains d’entre eux, à l’image d’el Husaïn, ne sont pas allés jusqu’au bout de leur projet, bien que dans le cas de ce dernier, il était déjà trop tard. D’autres l’ont regretté après coup.


Ibn Taïmiya enchaine dans son analyse : « ‘Alî se rendit compte, en fin de compte, qu’il aurait mieux valu éviter les conflits armés tant les inconvénients à s’y mêler étaient prépondérants aux avantages. El Husaïn également, qui connut le martyr à travers une mort injuste, renonça à son projet de prendre le pouvoir. Il fit la requête soit de retourner sur ses terres, soit d’être envoyé au front (pour garder les frontières) soit auprès de Yazîd, qui était, à cette époque, à la tête des musulmans.


On peut toujours avancer qu’Alî et son fils renoncèrent à leur projet, tout simplement, car ils n’avaient pas les moyens d’aller au bout ; ils n’avaient pas en effet suffisamment d’alliés de leur côté. Ils avaient conscience que beaucoup de sang aurait été versé sans parvenir à l’intérêt escompté.


Ce à quoi nous répondons : c’est exactement la sagesse dont le Législateur tint compte en interdisant de sortir l’épée contre l’émir, et en encourageant à ne pas participer aux troubles. Peu importe que l’on sorte au nom de la morale (ordonner le bien et interdire le mal), comme ce fut le cas pour les partisans d’el Harra, et Daïr el Jamâjim qui se soulevèrent contre Yazîd, el Hajjâj, etc. On n’enlève pas un mal par un plus grand mal, ce qui en soi est un mal, de la même façon, on ne recherche pas un bien, en passant par un mal plus grand que l’intérêt escompté à travers ce bien, ce qui en soi est également un mal. »[5]


Le grand Sha’bî qui s’était laissé embarquer dans la cabale d’el Ash’ath le regretta amèrement au bout du compte, lui l’auteur d’une parole célèbre : « Nous avons succombé à une épreuve dans laquelle nous n’étions ni des pieux pour craindre Dieu ni des pervers suffisamment forts pour pouvoir lutter ! »[6]




Quatrièmement : certains insurgés pensaient qu’ils avaient à faire à un gouverneur mécréant


• Selon el Awzâ’î, j’ai entendu dire el Qâsim ibn Mukhaïmira : « El Hujjâj déliait les liens de l’Islam… »
• Selon Abû Bakr ibn ‘Iyyâsh a dit, selon ‘Âsim : « Il ne restait plus aucun interdit d’Allah sans qu’el Hujjâj ibn Yûsaf ne l’avait transgressé. »
• Yahyâ ibn ‘ÃŽsâ e-Ramlî a dit, selon el A’mash : « Comme certains ne s’étaient pas entendu sur le cas d’el Hujjâj, ils interrogèrent Mujâhid qui leur répondit : « Vous vous posez des questions au sujet de ce Sheïkh mécréant ! » »
• D’après ibn ‘Asâkir, selon Sha’bî : « El Hujjâj croit au jibt wa e-tâghût, et il mécroit en Dieu L’Immense. » Voici ces paroles, wa Allah a’lam !
• Selon Thawrî, selon Ma’mar, selon Tâwûs, selon son père : « Il est étonnant que nos frères d’Irâq donnent encore le nom de croyant à el Hujjâj. »[7]


Si, aux yeux d’ibn Kathîr, el Hujjâj n’en demeure pas moins un tyran, il tient tout de même à relativiser ce discours. Il est possible en effet que la main shiite se cache derrière certaines accusations qui lui furent imputées.[8]


Voici un témoignage de Qâdhî ‘iyâdh : « … La révolte contre el Hujjâj ne fut pas uniquement motivée par son statut de pervers, mais il ne faut pas oublier qu’il changea la religion, afficha la mécréance… »[9]


Cinquièmement : l’avis de savants plus illustres


Des Compagnons comme ibn ‘Abbâs, ibn ‘Omar, ibn e-Zubaïr, Abû Sa’îd el Khudrî s’inspirèrent des hadîth précédemment cités afin de dissuader el Husaïn son projet de révolte.[10]


Nous avons vu plus haut également sur le sujet un passage d’ibn Taïmiya que nous remettons ici : « L’élite des musulmans interdisait de se rebeller et de prendre les armes en période de troubles. ‘Abd Allah ibn ‘Omar, Sa’îd ibn el Musaïb, ‘Alî ibn el Husaïn, etc. défendaient de sortir contre Yazîd, l’année d’el Harra. El Hasan el Basrî, Mujâhid, et tant d’autres défendaient de participer à la campagne (fitna) d’ibn el Ash’ath. Par la suite, un crédo se dessina chez les traditionalistes qui appelaient à ranger l’épée dans son étui en période de troubles. Ils se conformaient ainsi aux hadîth authentiques imputés de façon certifiée au Prophète. Ils prirent l’habitude de l’évoquer dans leur crédo, et incitaient à la patience face à la tyrannie des sultans, et à ne pas prendre les armes contre eux. »[11]




Jeter le discrédit sur les héritiers du Prophète


• ‘Alî ibn Abî Talib a dit : « La terre ne sera jamais dépourvue d’individus qui établissent la preuve céleste, pour ne donner aucune excuse aux hommes. »[12]




• Selon un hadîth : « Il y aura toujours une partie de ma communauté maintenue sur la vérité… »[13]



• « Les savants sont les héritiers des prophètes qui ne léguaient ni dirham ni dinar. Ils laissaient derrière eux uniquement le savoir ; celui qui s’en empare aura gagné une grande part de leur héritage. »



•« Les savants sont comme les étoiles dans le ciel qui permettent de guider les hommes sur terre et sur mer dans les ténèbres de la nuit. Quand les étoiles disparaitre, ceux qui cherchent leur chemin vont droit à l’égarement.»



•« Allah ne reprend pas le savoir en l’enlevant de la poitrine des hommes, mais Il le reprend en faisant mourir les savants. Et lorsqu’il n’y aura plus de savants, les hommes se tourneront vers les chefs de file des ignorants qui émettront des opinions sans aucune science ; égarés, ils égareront les autres. »



Or, il est caractéristique aux innovateurs de dénigrer les savants dans le but de prendre leur place, et, en général, de sortir tous leurs opposants de la religion.


Dans son livre Talbîs Iblîs, ibn el Jawzî évoque de quelle manière Satan a rusé avec les kharijites. Après avoir relaté certains épisodes de leur histoire, il a fait le constat suivant : « Notre intention est de porter l’attention sur les astuces et les malices qu’Iblis utilise afin d’égarer ce genre d’imbéciles, qui se sont aventurés dans ce genre d’impasse. Ils se mirent à croire dans un premier temps qu‘Alî ibn Abî Tâlib – qu'Allah honore son visage –[17] était dans l’erreur en comptant tous les muhâjirîns et les ansârs qui se trouvaient avec lui. En pensant qu’ils étaient sur la vérité, ils s’autorisèrent ensuite à verser le sang des enfants et à manger des fruits sans en donner le prix. »[18]


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya affirme : « Bon nombre d’innovateurs à l’instar des kharijites, râfidhîtes, qadarites, jahmites, mumaththilites (assimilateurs) ont des croyances erronées qu’ils s’imaginent correspondre à la vérité, tout en considérant comme mécréant quiconque s’opposent à celles-ci. »[19] Il a dit également : « Les « hérétiques » ont la particularité d’innover des tendances qu’ils considèrent comme les obligations de la religion, voir comme faisant partie intégrante de la foi ; ils taxent de mécréance et légitiment le sang de toute personne qui n’y adhère pas comme c’est le cas pour les kharijites, les jahmites, les râfidhîtes, les mu’tazilites, etc. À l’inverse, les traditionalistes n’innovent pas de nouvelles idées et ne condamnent pas d’apostasie ceux qui commettent une erreur d’interprétation ou qui sont en désaccord avec eux, bien qu’eux-mêmes se permettent de les condamner d’apostasie et de légitimer leur sang. Les Compagnons n’ont pas sorti les kharijites de la religion bien que ces derniers ont taxé d’apostasie ‘Uthmân, ‘Ali et tous ceux qui ont reconnu leur autorité (ou qui s’en font les alliés ndt.), et bien qu’ils aient légitimé de verser le sang des musulmans. »[20]


« L’une des pratiques les plus ignobles, c’est de voir les ignorants taxer les savants musulmans d’apostats. Une telle pratique vient à l’origine des kharijites et des râfidhîtes qui condamnaient les responsables musulmans d’apostats. »[21] Ce n’est pas étonnant que l’Imam ibn Bâz n’ait pas échappé à leur vindicte, bien que ce soit plutôt une bonne nouvelle, car, comme le souligne ibn Abî Hâtim : « Les signes distinctifs d’ahl el bida’ (les innovateurs ndt.), c’est de dire du mal d’ahl el athar (les traditionalistes ndt.). »[22]


Au cours des lignes où il réfute el Bakrî, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fait le constat suivant : « La voie empruntée par cet homme et tous ceux qui lui ressemblent, est celle des innovateurs qui sont imprégnés à la fois de l’ignorance et de l’injustice. Dans un premier temps, ils innovent une chose allant à l’encontre des Textes du Coran, de la sunna, et du consensus. Ensuite, ils traitent d’apostats tous ceux qui s’opposent à leur innovation.
Quant aux traditionalistes, imprégnés par la foi et la connaissance, ils sont motivés par la science, la justice, et la compassion à l’égard des autres. Ils connaissent la vérité qui leur permet de se conformer au Coran et à la sunna et de les préserver de la bid’a, mais ils sont justes à l’encontre de leurs opposants et ils ne font nullement preuve d’injustice à leur égard. »[23]


« Les kharijites kaffar la jamâ’a (les traditionalistes ou les musulmans, ou peut-être les Compagnons ndt.), comme les mu’atazilites et les râfidhites kaffar leurs opposants : au meilleur des cas, ils les considèrent comme des pervers (tafsîq). Ainsi, les gens des passions innovent une tendance et vouent à l’apostasie tous ceux qui s’y opposent. Quant aux traditionalistes, ils suivent la vérité de leur Seigneur qui leur est venu du Messager (r). Ils ne kaffar par leurs opposants ; ils sont les plus savants des hommes, et sont les plus cléments envers les hommes. »[24]


Ibn el ‘Abbâs l’avait bien compris, lui qui fit remarquer aux insurgés de Nahrawân qu’il n’y avait aucun Compagnon dans leurs rangs ![25]


‘Amr ibn ‘Ubaïd et Wâsil ibn ‘Atâ se moquaient d’el Hasan el Basrî et d’ibn Sirîn en résumant leur savoir dans un tissu de menstrues à jeter. Un grand leader hérétique, qui préférait le kalâm au figh assurait sans vergogne que toute la science de Shâfi’î et d’Abû Hanîfa ne dépassait pas le pantalon des femmes.[26]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] Minhâj e-sunna (4/538).

[2] Minhâj e-sunna (4/538).

[3] Minhâj e-sunna (4/528).

[4] Minhâj e-sunna (4/543).

[5] Minhâj e-sunna (4/535).

[6] Rapporté par el Baïhaqî dans el kubrâ (6/412), et Abû Nu’aïm dans el Huliya.

[7] Voir pour toutes ces annales : el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (9/136).

[8] El bidâya wa e-nihâya (/9132).

[9] Sharh Muslim d’el Ubaï (5/180).

[10] Voir : târîkh e-Tabarî.

[11] Minhâj e-sunna (12/297).

[12] Rapporté par Abû Na’îm dans el huliya (1/80).

[13] Rapporté par Muslim (1920).

[14] Hadîth rapporté par Ahmed (21715), Abû Dâwûd (3641), ibn Mâja (2234), et e-Tirmidhî (2682), selon Abû Dardâ (t).

[15] Hadîth rapporté par Ahmed (12600), selon Anas (t).

[16] Rapporté par el Bukhârî (100) et Muslim (2673), selon ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn el ‘Âs.

[17] Cette formule héritée des shiites et employée à chaque fois que le nom du Khalife ‘Ali –qu'Allah lui fasse miséricorde – est évoqué est contestable pour deux raisons ; la première est qu’ils revendiquent que ce noble compagnon, dont le visage ne s’est jamais prosterné devant une idole, mérite tous les honneurs. Nous leur concevons certes cette particularité, mais il n’est pas le seul à s’en être doté. Bien que cela n’enlève rien à son mérite, des personnes plus prestigieuses que lui à l’image d’Abû Bakr et de ‘Uthmân, ne l’ont jamais fait non plus. La deuxième raison, c’est qu’ils évoquent cette formule lorsqu’ils entendent son nom uniquement. Pour la raison que nous avons déjà évoquée, nous ne pouvons leur concéder cette particularité, surtout si nous considérons, et cela pourrait servir de troisième raison, que les anciens n’ont jamais eu recours à ce genre de formule ni pour ‘Ali ni pour quiconque ! (N. du T.)

[18] Talbîs Iblîs (p. 131).

[19] Majmû’ el fatâwâ (13/466, 467).

[20] Minhâj e-sunna (5/95), voir certains passages importants des paroles de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya allant dans ce sens, dans Majmû’ el Fatâwâ (19/73-75), Minhâj e-Sunna (5/158 et 239, 240), e-Rad ‘ala el Bakrî (2/487-490).

[21] Majmû’ el fatâwa (35/100).

[22] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna d’e-Lâlakâî (1/179). Quand bien même ibn Bâz se serait trompé sur certaines de ses opinions, la bonne marche à suivre consiste à montrer les erreurs sans forcément condamner d’apostat leur auteur.

[23] E-rad ‘alâ el Bakrî (2/487-490).

[24] Minhâj e-sunna (5/158).

[25] Rapporté par el Hâkim dans el mustadrak (2/150), et el Baïhaqî dans el kubrâ (8/309).

[26] El i’tisâm de Shâtibî (2/726).

ÇáÊÚÏíá ÇáÃÎíÑ Êã ÈæÇÓØÉ ßÑíã ÒäÊíÓí ; 20 Oct 2014 ÇáÓÇÚÉ 05:08 PM
ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #7  
ÞÏíã 21 Oct 2014, 08:16 PM
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ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
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Le kharijisme
(Partie 7)


Cette caractéristique est propre aux râfidhites et aux innovateurs en général



Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous fait le constat suivant : « Les râfidhîtes taxent de mécréance Abû Bakr, ‘Omar, ‘Uthmân, la majeure partie des muhâjirins (émigrés mecquois) et des ansârs (auxiliaires médinois), et leurs fidèles successeurs, alors qu’Allah les agrée et qu’à leur tour ils L’agréent. Ils ont ainsi sorti de la religion la plupart des adeptes de la communauté de Mohammed parmi les premières et les dernières générations. Ils considèrent comme non musulmane toute personne convaincue qu’Abû Bakr, ‘Omar, les muhâjirins et les ansârs sont crédibles et justes, qui les agréent comme Allah les a agréés, ou qui leur implore le pardon d’Allah comme Lui-même a demandé de le faire. ainsi, ils « excommunient » les grandes autorités de la religion musulmane à l’exemple de Sa’îd ibn el Musaïb, Abû Muslim el Khawlânî, Uwaïs el Qurnî, ‘Ata ibn Abî Rabâh, et Ibrahim e-Nakha’î. Il en est de même concernant Mâlik, el Awzâ’î, Abû Hanîfa, Hammâd ibn Zaïd, Hammâd ibn Salama, e-Thawrî, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, Fudhaïl ibn ‘Iyâdh, e-Sulaïmân e-Dârânî, Ma’rûf el Karkhî, el Junaïd ibn Mohammed, Sahl ibn ‘Abd Allah e-Tusturî, etc.


Ils estiment notamment que ces gens-là sont plus mécréants que les juifs et les chrétiens, car il est plus grave d’avoir renoncé à sa religion que de n’y être jamais entré ; à l’unanimité des savants en effet l’apostat est plus condamnable que le mécréant d’origine. »[1]


Tous les innovateurs voient l’épée


La prochaine étape consiste à verser le sang des musulmans.


Abû Qilâba est l’auteur de paroles extraordinaires : « Tout groupe qui innove une innovation voit obligatoirement l’épée. »[2]


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit à ce sujet : « À l’origine de leur égarement, nous pouvons constater que, dans un premier temps, ils sont convaincus que les grandes références de la religion et la communauté musulmane ne sont plus crédibles en raison de leur injustice. Ils les voient comme des égarés. Cette vision est caractéristique à tous les opposants à la sunna, parmi notamment les râfidhites. La deuxième étape consiste à faire passer ce qu’ils voient être de l’injustice pour de la mécréance. Puis, par rapport à ce statut, ils mettent en pratique certains principes qu’ils ont innovés. Voici les trois étapes par lesquelles passent ceux qui sortent de la religion (mâriqîn) parmi les harûrites et les râfidhites. »[3]


Quand est-ce que le khurûj devient légitime ?


Pour devenir légitime, un coup d’État doit remplir trois conditions immuables ; l’une en relation avec le gouverneur lui-même, l’une en relation avec les conditions du takfîr, et l’une enfin en relation avec la capacité militaire des insurgés et des conséquences de leur action.


La première : le takfîr du gouverneur


Les savants établissent que la takfîr a lieu sur des choses qui sont claires, et qui n’offrent aucune circonstance atténuante au fautif. Ils font une distinction entre ce que l’on appelle mâ yudhâd el iman mi kulli wajh (qui s’oppose à la foi à tous les niveaux) pour lequel le fautif devient un kâfir si les conditions sont réunies et les restrictions exclues et mâ lâ yudhâd el iman mi kulli wajh (qui ne s’oppose à la foi à tous les niveaux). Quant au deuxième cas, il incombe de l’interroger sur ses intentions, comme le Prophète l’a fait avec Hâtib ibn Abî Balta’a.[4]


Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Le takfîr ne peut s’avérer pour des choses où plusieurs hypothèses sont possibles. »[5] La preuve, comme le souligne ibn Taimiya, c’est que celui qui se prosterne devant une idole avec le cœur tourné vers Allah ne devient pas un kâfir, bien que ce soit une bid’a et du shrik asghar.[6] Le Comité des grands savants d’Arabie Saoudite a une fatwa (nº 9879) qui va dans ce sens, et qui fut rédigée sous l’autorité de Sheikh ibn Bâz, au sujet des quburiyins. L’ancien mufti Mohammed ibn Ibrahim rejoint ce principe dans une fatwa où il parle de ceux qui égorgent devant des mausolées.[7] Même chose, pour celui qui prie devant un mausolée.[8] Ce dernier va plus loin, dans une fatwa traitant du cas de quelqu’un ayant insulté la religion d’un autre. Ce n’est pas évident, selon lui, qu’il voulait insulter l’islam. Il explique qu’il fallait tenir compte de la présomption d’innocence avant d’appliquer les peines corporelles.[9]


Sheïkh el Albani a la même fatwa sur celui qui égorge devant une tombe.[10] Sheïkh el ‘Uthaïmîn distingue entre ceux qui se moquent des barbus en parlant de leur personne et ceux qui s’attaquent réellement à la religion, bien que de toute façon la chose reste très périlleuse.[11]


C'est pourquoi ibn el Qaïyim souligne que le kufr au niveau des actes se partage entre ceux qui s’opposent à la foi à tous les niveaux et ceux qui ne s’y opposent pas, comme nous l’avons déjà vu dans un article précédent.[12] Ibn Rajab dira plus tard que même au niveau des paroles, il faut tenir compte des intentions.[13] El Albânî également à un discours qui va dans ce sens, et qui fut d’ailleurs peut-être mal interprété, wa Allah a’lam !


L’Imam Ahmed lui-même, comme le mentionne ibn el Qaïyim dans el badâi’ fut interrogé au sujet d’un homme qui traita de menteur le muézin au moment où ce dernier disait : ashhadu anna Mohammed rasûl Allah ! Il est possible, répondit-il, qu’il parlât du muézin sans faire allusion aux paroles qu’il prononçait.[14]


C'est pourquoi le musulman scrupuleux ne s’aventure pas sur un terrain aussi glissant. L’Imam ibn ‘Abd el Wahhâb l’a bien compris, quand il dit qu’il ne kaffar que pour les choses où règne le consensus, en parlant de l’attestation de foi. Il ne le faisait même pas pour le tarik e-salât par fainéantise, bien qu’il existe des textes sur la question, et que la tendance qui penche vers le takfîr est très forte.[15]


Dans riyâdh e-sâlihîn, e-Nawawî pour sa part explique au sujet du terme bawâh que pas la moindre ambigüité ne doit régner pour le devenir. Enfin, dans sharh qawâ’id el muthlâ, Sheikh el ‘Uthaïmîn est très sévère sur la question de kaffar les gouverneurs au premier abord, dans la mesure où ces derniers n’affichent pas ouvertement qu’ils autorisent moralement l’usure ou autre. La plupart du temps, ils sont ignorants et sont influencés par un mauvais entourage, et parfois même malheureusement par des mauvais savants.


Ainsi, pour la question qui nous concerne, la prononciation verbale ou écrite de l’istihlâl (ou du tabdîl, juhûd, tafdhîl, etc.) est la seule cause légale sur laquelle règne un consensus des savants musulmans. Il existe certes certains indices extérieurs qui confirment l’istihlâl, comme refuser par exemple de prier sous la menace de l’épée ou de payer la zakât par la force, ou d’appliquer les Lois d’Allah sous la menace des armées du chef d’État, comme l’a expliqué Sheïkh ibn Bâz à Salmân el ‘Awda et consorts. Ces indices légaux sont approuvés à l’unanimité des savants. Certains savants contemporains comme Sheïkh Mohammed ibn Ibrahim semblent considérer que la législation des lois humaines (qawânîn el wadhiya) est un indice extérieur de l’istihlâl. Or, cette tendance ne fait pas l’unanimité des savants. Dans la même rencontre citée plus haut, ibn Bâz explique que les implications d’une loi ne font pas loi (lâzim el hukm laïsa bi hukm).


Ainsi, pour une question aussi grave et aussi complexe, il incombe de mettre en avant le principe de précaution qui est chère aux anciens, et de condamner un coupable à l’apostasie uniquement pour les annulations légales qui ont reçu un consensus, comme nous l’avons vu.


Cette condition est valable pour le statut d’un acte dans l’absolu, mais aussi pour un cas particulier. L’Imam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb rappelle que, contrairement aux allégations de ses détracteurs, on ne peut kaffar une personne ayant adhéré à l’Islam avec certitude sur une simple présomption.[16] L’acte en lui-même doit clairement entrer dans les annulations de l’Islam. Il ne convient pas de sortir quelqu’un de l’Islam en raison des implications de son discours.[17] Contrairement à certaines idées reçues, certains actes ne sont pas à mettre sur le compte de l’apostasie.[18]


Ainsi, le takfîr est soumis à de deux paramètres :


  1. L’énoncé explicite des Textes que telle parole ou tel acte relève du kufr.
  2. Que le statut en question (takfîr) soit applicable à une personne en particulier de sorte que les conditions pour le faire soient remplies et que toute restriction y faisant obstacle soit exclue.[19]


C’est ce qui nous ramène à la seconde condition.


La seconde : les conditions du takfîr


Selon ibn Taïmiya, il est interdit de taxer un ignorant d’apostat sans auparavant avoir fourni contre lui les preuves prophétiques (el hujja e-risâliya) lui éclaircissant qu’il va à l’encontre de la loi divine. C’est valable pour n’importe quel auteur d’une parole qui, en elle-même, relève de la mécréance. En sachant que certaines hérésies (bid’a) sont plus graves que d’autres et que certains innovateurs ont une foi plus ancrée que d’autres. Personne n’est habilité à taxer de mécréant n’importe quel musulman qui a commis une erreur. Il ne convient pas de le faire avant de lui expliquer son erreur et d’établir toutes les preuves contre lui. Lorsque la foi est avérée chez un individu avec certitude, on ne peut la lui retirer sur une simple suspicion. La seule chose qui permet de le faire, c’est d’établir toutes les preuves contre lui et de dissiper de son esprit toute ambigüité (iqâmat el hujja wa izâlat e-shubha).[20]


Les Textes divins concernant le mauvais devenir de l’homme (wa’îd) et les paroles provenant des grandes références sur les questions du takfîr (taxer quelqu’un d’apostat), du tafsîq (taxer quelqu’un de pervers), et autres, n’impliquent pas qu’ils faillent les appliquer à une personne en particulier sauf si celle-ci répond aux conditions pour le faire et si toute restriction en est exclue.[21]


Ainsi, quelqu’un est susceptible de prononcer une parole qui relève de la mécréance, car il n’a pas en main les textes lui permettant de parvenir à la vérité ; ou bien même en sa possession, il remet en question leur sens ou leur authenticité ; ou il n’est pas en mesure de les comprendre correctement ; ou encore est-il accroché a des arguments ambigus qui font obstacle à la bonne compréhension et qui font qu’il est excusable. Allah pardonne au croyant qui qu’il soit, lorsqu’il commet une erreur malgré ses efforts à la recherche de la vérité. Il n’y a pas de différence en cela, entre les questions théoriques (usûl ndt.) ou pratiques (furû’ ndt.) ; cette tendance est celle des Compagnons et de la plupart des grandes références de l’Islam.[22] Allah ne tient pas rigueur de l’erreur et de l’oubli et l’état de mécréance ne peut être constaté avant l’étape d’éclaircissement ou avant d’en fournir les preuves.[23]


Il affirme notamment : « Celui qui fait une mauvaise interprétation des textes, mais dont les intentions sont de suivre scrupuleusement le Messager (r), il ne devient pas mécréant ni pervers, s’il se trompe à la suite d’un effort d’interprétation. Ce principe est notoire pour les questions pratiques (furû’ ndt.). Quant aux questions liées au dogme (usûl ndt.), bon nombre de gens ne donnent pas d’excuse à celui qui se trompe dans ce domaine. Or, cette tendance n’est connue par aucun Compagnon ni par leurs fidèles successeurs ni par les grandes références de l’Islam. Elle prend son origine chez les innovateurs qui innovent des principes et qui sortent de l’islam tous ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, à l’image des kharijites, des mu’atazilites, et des jahmites. Bon nombre d’adeptes des quatre écoles l’ont adoptée, comme certains malikites, certains shafi’ites, certaines hanbalites, et d’autres. »[24]
Il explique ailleurs : « Quant à moi, - ceux qui s’assoient avec moi le savent très bien –, je compte parmi les gens qui défendent avec le plus d’acharnement de condamner une personne en particulier d’apostat, de pervers, ou de désobéissant sauf s’il devient certain que les arguments prophétiques ont été fournis contre elle (qâmat el hujja e-risâliya) de sorte que toute personne qui les contredit soit condamnable d’être soit apostat, soit pervers ou soit désobéissant. J’ai par ailleurs établi qu’Allah pardonne les erreurs commises par les membres de cette communauté : Cela concerne aussi bien les erreurs qui relèvent des masâil el khabariya el qawliya (el usûl pour certains ndt.) que les masâil el ‘ilmiya (el furû’ pour certains ndt.). les anciens se divisent encore sur ces questions. Personne n’a condamné l’un d’entre eux au kufr, au fisq ou à la ma’siya (…) j’expliquais que les paroles des anciens et des grandes références qui parlent du takfir el mutlaq en disant : celui qui fait telle et telle choses est un kafir ; j’expliquais qu’elles étaient justes, mais qu’il incombait également de faire la différence entre le mutlaq (le cas général) et le mu’ayin (le cas particulier). »[25]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/

[1] Majmû’ el fatâwâ (28/477, 478).

[2] Rapporté par ‘Abd e-Razzâq dans el musannif (10/151), et e-Lâlakâî Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna (1/134).

[3] Majmû’ el fatâwâ (28/497).

[4] Voir : el umm de Shâfi’î (4/250).

[5] Voir : e-sârim el maslûl (3/963).

[6] Voir : majmû’ el fatâwâ (14/120).

[7] Voir : el fatâwa (1/131).

[8] Idem. (1/132)

[9] Idem. (12/186).

[10] Ahkâm el janâiz (p. 203).

[11] El majmû’ e-thamîn (1/65).

[12] E-salât (p. 55).

[13] Fath el Bârî (1/114).

[14] El badâi’ (4/42).

[15] E-durar e-saniya (1/102).



[16] E-rasâil e-shakhsiya inclues dans majmû’ muallafât e-Sheïkh (3/2/13-14).

[17] Voir : mish e-zhalâm d’Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân (p. 371).

[18] Majmû’ e-rasâil wa el masâil (1/310-311).

[19] Voir : El qawâ’id el muthlâ fî Sifât Allah wa Asmâihî de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (p. 88) et minhâj e-ta-sîs (p. 186).

[20] Majmû’ el fatâwa (12/393).

[21] Idem. (10/372).

[22] Majmû’ el fatâwa (23/326).

[23] Idem. (12/523-524). Des textes de ce genre, il en existe beaucoup d’autres. Le D. ‘Abd el Majîd el Mish’abî est l’auteur d’une thèse ayant pour titre ; manhaj ibn Taïmiya fî mas-alat e-takfîr (1/251-261) où il démontre, avec de nombreux textes d’ibn Taïmiya à la clef, que ce dernier tient compte du ‘udhr bi el jahl dans iqâmat el hujja ; voir notamment en vrac : majmû’ el fatâwa (3/231), (5/538), (6/61), (11/406), (11/409-410) (11/412-413), (20/36), (35/165-166), e-rad ‘alâ el Akhnâî (p. 61-62), e-Safdiya (1/233), e-rad ‘alâ el bakrî (p. 259), bughiya el murtâd (p. 311), el istiqâma (1/30), dur e-ta’ârudh (8/238), et el Asfahâniya (p. 127-128).

[24] Voir : minhâj e-sunna (5/240).

[25] Dans majmû’ el fatâwa (3/229).
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  #8  
ÞÏíã 22 Oct 2014, 05:43 PM
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Le kharijisme
(Partie 8)


La dernière est en relation avec la situation


Une fois que le takfîr du gouverneur est établi, cela ne suffit pas pour sortir contre lui. Il incombe en effet encore de tenir compte de deux autres conditions ; l’une touchant aux moyens (la capacité matérielle de faire un coup d’État), et l’autre touchant aux conséquences d’une éventuelle action, en pesant notamment le pour et le contre.



Pour la première condition, nous avons la règle : « Il ne faut ni causer ni subir un préjudice. »[1] [Ne causez pas votre perte][2] ; [Craignez Allah dans la mesure du possible][3] ; [Allah n’impose rien au-dessus des capacités].[4]


Pour la seconde condition :


Selon la règle : il est plus important de parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages


Les preuves textuelles venant corroborer cette règle


1- le Verset suivant : (N’insultez pas ceux qui invoquent une fausse divinité, car leur animosité va les pousser à insulter Allah sans se fonder sur aucun savoir).[5] Allah interdit de s’en prendre aux idoles qui a pourtant l’avantage d’irriter les païens. Le but, c’est de ne pas les pousser au blasphème. Il faut mieux éviter qu’ils blasphèment que de dénigrer leurs faux dieux.


2- Selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –, le Prophète (r) a dit notamment : « Si ton peuple ne s’était pas récemment converti, j'aurai fait détruire la Ka’ba (la Maison sacrée ndt.) pour lui réinsérer la partie qui lui a été enlevée, et je l’aurais mise à même le sol…»[6] Ce hadîth confirme la règle étant donné que le Prophète (r) a renoncé à la reconstruction du Temple d’après les fondations d’Ibrahim (r) – ce qui en soi est un avantage – pour parer à un inconvénient. Autrement dit, il ne voulait pas faire fuir les gens de l’Islam ni pousser les novices à apostasier. Il (r) a donc tenu compte des inconvénients qui étaient prépondérants aux avantages.


3- Le Prophète (r) n’a pas tué les hypocrites, bien qu’il y ait un intérêt à le faire, car il ne voulait pas faire fuir les gens susceptibles de penser qu’il éliminait ses propres adeptes.
4- Il (r) a notamment interdit toute rébellion contre les gouverneurs injustes, à condition qu’ils observent la prière. Il y a un inconvénient immense à se lancer dans ce genre d’initiative. Les méfaits d’une insurrection sont bien plus considérables que ceux engendrés par la tyrannie des personnes au pouvoir. Les conséquences négatives dans les rangs des musulmans, à travers l’histoire, s’en font ressentir jusqu’aujourd’hui. C’est pour éviter cela que le Prophète (r) a prescrit : « Si l’allégeance est donnée à deux Khalifes, alors combattez le dernier venu. » Voici en résumé ce que Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit sur la question.


Après avoir développé certains points subsidiaires à la règle disant qu’il vaut mieux parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages, et qu’en cas d’opposition entre les intérêts et les inconvénients, il faut orienter le choix vers la solution la plus avantageuse, Sheïkh el Islam a poursuivi : « Entre autres : parmi les principes des traditionalistes, nous pouvons recenser la nécessité de conserver l’union, de ne pas s’attaquer aux détenteurs de l’autorité – les tyrans parmi eux –, et de ne pas participer aux affrontements en période de troubles. Nous pouvons introduire ses principes dans le cadre de la règle générale concernant l’encombrement ou l’opposition entre les avantages et les inconvénients, entre les bienfaits et les méfaits. Le cas échéant, il faut mettre en avant la solution la plus avantageuse, soit dans la situation où le pour et le contre s’opposent ou s’encombrent.


Bien que les obligations et les interdictions impliquent en effet de concéder un intérêt et de repousser un inconvénient, il faut cependant se pencher sur les cas où les deux situations se réunissent. Si on laisse échapper un intérêt ou si celui-ci engendre un mal plus grand, il ne devient plus une obligation. Il devient plutôt une interdiction dans la mesure où il concède plus d’inconvénients que d’avantages. Les avantages et les inconvénients doivent être considérés selon la balance de la Législation.


Ainsi, si une personne ou un groupe font à la fois le bien et le mal de sorte qu’ils ne font pas la distinction entre les deux, et qu’ils ne peuvent les séparer (en les faisant ou en les délaissant tous les deux), il n’est pas permis en pareil cas de leur faire la morale (ni de leur ordonner le bien ni de leur interdire le mal). Il faut plutôt considérer la situation. Si le bien est prépondérant au mal, il faut l’ordonner bien qu’il implique à une moindre mesure de tolérer le mal qu’ils font. En parallèle, il ne faut pas leur interdire un mal si cela implique de leur faire délaisser un bien prépondérant.


Dans un tel cas de figure, interdire le mal consisterait à entraver au chemin d’Allah, à empêcher qu’on Lui obéisse, qu’on obéisse à Son Messager, et à mettre un terme aux bonnes actions. Or, si le mal est prépondérant au bien, il faut l’interdire quand bien même cela consisterait à laisser un bien de moindre importance. Dans ce cas de figure, il serait mal d’ordonner le bien qui impliquerait un mal plus important. Cela encouragerait à désobéir à Allah et à Son Messager.


Si toutefois, le bien et le mal s’engendrent mutuellement, il ne faut dans ce cas ni les ordonner tous les deux ni les interdire tous les deux étant donné que l’un est le fruit de l’autre. Cela est valable bien sûr pour certains cas. Néanmoins, en règle générale, il faut ordonner le bien dans l’absolu et interdire le mal dans l’absolu. Si l’on considère un individu ou un groupe quelconque, il faut ordonner le bien qu’ils concèdent et interdire le mal qu’ils concèdent ; il faut approuver leurs bons côtés et condamner leurs mauvais côtés de sorte que d’ordonner le bien, cela n’implique pas de laisser passer un bien plus grand ou d’engendrer un mal prépondérant. En parallèle, l’interdiction d’un mal ne doit pas impliquer un mal plus grand ni laisser échapper un bien prépondérant.


Dans ce registre, le prophète (r) ne s’en est pas pris à ‘Abd Allah ibn Ubaï ibn Salûl, et d’autres chefs de file des hypocrites et pervers, car ils avaient un soutien. Si un genre de punition avait pu mettre fin à un certain mal, cela aurait impliqué de laisser passer un bien plus important, étant donné qu’elle aurait attisé la colère et la vengeance de leurs tribus. Sans compter que les gens auraient pu fuir s’ils avaient entendu que Mohammed tuait ses Compagnons. »[7] Fin de citation.


Djihad ou khurûj ?


Certains contemporains se servent des textes d’ibn Taïmiya dans lesquels il parle des expéditions punitives, voire du djihâd défensif pour justifier les coups d’État. Or, l’analyse précédente remet littéralement en question cette conception. Ce même ibn Taïmiya, comme nous l’avons vu explique que certaines expéditions punitives étaient tournées contre… les kharijites !


Nous ajoutons ici deux passages de ses ouvrages, que nous ferons suivre d’un passage de son élève ibn el Qaïyim, rendant encore plus invraisemblable cette allégation.


Il dit en effet : « C’est pourquoi, il est notoire que la tendance traditionaliste ne voit pas ni la rébellion ni l’épée contre les émirs en place, même s’ils répandent l’injustice. Et cela, conformément aux hadîth prophétiques authentiques et communément transmis sur le sujet. Le désordre qu’engendrent les guerres intestines et les troubles est plus grand que le mal et l’injustice venant des émirs en temps de paix. On ne confronte pas un plus grand mal en se contentant d’un mal moindre (sic).


À travers l’Histoire, les révoltes ont pratiquement toujours ramené un mal plus grand que celui qu’elles avaient enlevé. Or, Allah ne nous a pas ordonné de combattre tous les tyrans et les injustices quoiqu’il arrive. Il ne nous a pas demandé non plus de combattre d’entrée les rebelles, mais Il nous enjoint d’attendre : [Lorsque deux groupes parmi les croyants se querellent, réconciliez entre eux ; mais si l’un d’eux s’acharne contre l’autre, alors combattez celui qui s’acharne jusqu’à ce qu’il se plie à l’ordre d’Allah • une fois qu’il s’y plie, alors réconciliez entre eux avec équité, et soyez justes, car Allah aime les justes].[8] S’il n’a pas demandé de combattre d’entrée des rebelles, alors comment l’aurait-Il demandé pour les émirs ? »[9]


Ailleurs, il va plus loin en disant : « Peu furent les révoltes qui, dans l’Histoire, n’engendrèrent pas un mal plus grand que le bien escompté. Nous avons comme exemple, ceux qui s’insurgèrent contre Yazîd à Médine, ibn el Ash’ath qui s’insurgea contre ‘Abd el Mâlik en Iraq, ibn el Muhallib qui s’insurgea contre son fils dans le Khurasân, Abû Muslim sâhib e-da’wa qui prit également contre eux les armes dans le Khurasân, et ceux qui se révoltèrent contre el Mansûr à Médine et à Bassora, etc.
Le mieux qu’il peut leur arriver, quand ils ne sont pas vaincus, c’est de triompher, mais, tôt au tard, ils perdent le pouvoir, et jamais ils ne laissent d’héritier. ‘Abd Allah ibn ‘Alî et Abû Muslim attentèrent à la vie d’un nombre incroyable de personnes, pourtant, tous les deux finirent entre les mains d’Abû Ja’far el Mansûr. Quant aux partisans d’el Harra, d’ibn el Ash’ath, d’ibn el Muhallib, etc. ils connurent la défaite ; ils ne parvinrent ni à maintenir la religion ni à épargner le profane. Alors que le Très-Haut n’ordonne rien qui ne rapporte aucun effet ni pour la religion ni pour la vie matérielle. S’il est vrai au même moment, que les acteurs d’une telle initiative soient des pieux, des élus d’Allah promis au Paradis. »[10]


Voici le passage en question d’ibn el Qaïyim : « Dans la condition où interdire le mal engendre un mal plus grand, et plus détesté pas Allah et Son Messager, il n’est pas pertinent de l’interdire, bien qu’au même moment, Allah déteste et est courroucé contre ses instigateurs. Dans cet ordre, nous avons les rois et les gouverneurs contre qui on prend les armes, sous prétexte d’interdire le mal. Ce genre d’initiative est à la base de tous les maux de la terre jusqu’à la fin du monde. Les Compagnons demandèrent l’autorisation au Messager d’Allah de se révolter contre les émirs qui retardent simplement l’heure de la prière : « Ne devons-nous prendre l’épée contre eux, lui demanda-t-on ?
  • Non, tant qu’ils font la prière. »[11]
Le meilleur des hommes dit également : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer sans jamais sortir sa main de son obéissance. »
En méditant sur tous les troubles, du plus grand au plus petit, qui ont déchiré la Nation à travers l’Histoire, on se rendra compte qu’ils viennent en résultat au non-respect de ce principe, et au manque de patience face au mal. À vouloir absolument l’éradiquer, on engendre un mal encore plus grand. »[12]


Quant au djihad défensif, c’est encore un autre sujet qui mérite une étude à part.


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] Rapporté par Ahmed (2865), el Baïhaqî (6/69), ibn Mâja (2341), e-Dâraqutnî (4/228), e-Tabarânî (11806), selon ibn ‘Abbâs ; des hadîth-témoins rapportés par plusieurs Compagnons viennent le conforter.

[2] La vache ; 195

[3] E-taghâbun ; 16

[4] La vache ; 286

[5] Le bétail ; 108

[6] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

[7] Sheïkh el Islam ibn Taïmiya est l’auteur de ce discours dans Majmû’ el fatâwâ (28/128-131) et dans El amr bi el ma’rûf wa e-nahî ‘an el munkar (p. 21) du même auteur.

[8] Les appartements ; 9

[9] minhâj e-sunna (3/391).

[10] Minhâj e-sunna (4/528).

[11] Rapporté par Muslim (1855), selon ‘Awf ibn Mâlik (t).

[12] I’lâm el mawqi’în (3/15).
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  #9  
ÞÏíã 23 Oct 2014, 03:24 PM
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Le kharijisme

(Partie 9)


Les wahhabites sont-ils des kharijites ?


L’amalgame est malheureusement souvent fait par les détracteurs au grand réformateur Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb. Mais, souvent aussi, de pauvres illuminés qui se revendiquent de sa prédication n’aident certainement pas à le dissiper. C’est pourquoi, il serait intéressant ici de tracer la ligne de démarcation entre celle-ci et entre celle des kharijites. C’est ce que nous verrons dans les points suivants :


1- la plupart des kharijites ne tiennent pas compte des critères du takfîr, et plus particulièrement d’iqâma el hujja (établir la preuve céleste contre un cas particulier). À leurs yeux, il suffit qu’un cas particulier commette une annulation de l’Islam pour devenir apostat. Les najdâd partagent la religion en deux catégories :
  1. La connaissance d’Allah et de Son Messager, le caractère sacré du sang et des biens des musulmans, et la reconnaissance globale des enseignements de l’Islam. Dans ces domaines, l’excuse de l’ignorance n’est pas accordée.
  2. Les autres domaines de l’Islam pour lesquels l’ignorance est prise en considération dans l’iqâma el hujja.


En d’autres termes, ils n’accordent pas l’excuse de l’ignorance pour les questions sur lesquelles règne un consensus.[1] Mohammed ibn Yûsuf Itfîsh de la secte ibâdhite a un discours qui va dans ce sens, sauf qu’il émet une nuance : « … Certains de notre tendance accordent l’excuse de l’ignorance pour les domaines qui ne touchent pas au tawhîd (l’unicité) »[2] Ainsi, le shirk (association) n’offre aucune excuse de l’ignorance selon leur tendance. Certains mouvements contemporains, influencés par la pensée kharijites, reprennent le flambeau de la secte.


El jawâb el mufîd fî hukm jâhil e-tawhîd qui est l’un des ouvrages de prédilection de la mouvance e-takfîr wa el hijra en est le meilleur témoin. On y trouve la répartition suivante : la religion se divise en deux parties :


  1. Une partie fondamentale (asl) qui touche au tawhîd, et au grand fondement de l’Islam (asl el islâm) ; il est constant et ne varie pas d’un prophète à un autre.
  2. Une partie subsidiaire (far’) qui représente les différentes législations des prophètes. Celles-ci varient en fonction des peuples et des époques.


L’excuse de l’ignorance est accordée avant l’iqâma el hujja pour les erreurs qui touchent à cette dernière partie. En revanche, personne n’est excusable pour celles qui touchent au premier fondement, peu importe qu’on soit ignorant ou non. Autrement dit, l’iqâma el hujja contre un cas particulier n’intervient pas dans ce domaine. Il est imposé à tous les musulmans d’avoir le même niveau de connaissance pour les points qui touchent à ce domaine, car la vérité dans ses détails est vulgarisée et est disponible à tout le monde. C’est la raison pour laquelle, les musulmans contemporains sont sortis de la religion, étant donné que leur croyance, prétendent-ils, est corrompue.[3]


Quant aux traditionalistes, qui sont les plus cléments, mais aussi les plus savants des hommes ne vouent personne à l’apostasie, sans tenir comptes d’iqâma el hujja ; soit, des conditions à remplir et des restrictions à exclure avant de se prononcer sur un cas particulier. L’un des principes traditionalistes veut que la réception du message divin soit une condition rendant un homme responsable de ses actes devant Dieu.


Néanmoins, il existe une divergence entre les traditionalistes dans la façon dont cela se matérialise dans la pratique. Les savants de aimmat da’wa eux-mêmes n’ont pas une position uniforme sur la question, comme nous l’avons vu ailleurs. L’essentiel est de savoir ici qu’ils adhèrent au principe d’iqâma el hujja.


2- Les kharijites se caractérisent pour sortir les auteurs des grands péchés de la religion, mais aussi pour kaffar sans condition les musulmans ayant commis une annulation de l’Islam. Ils appliquent sans distinction des règles générales sur tous les cas particuliers possibles ou presque. Ils ne prêtent pas attention aux conditions et aux restrictions du takfîr, qui sont pourtant indispensables dans un domaine aussi grave. Certaines tendances kharijites poussent l’obsession jusqu’à ne pas considérer la contrainte comme une excuse. Les shurrâ en effet n’accordaient aucune excuse aux qa’diya qui prétextaient pourtant avoir été retenus par la contrainte et l’incapacité à prendre les armes. La mouvance e-takfîr wa el hijra, l’un des portes-flambeaux du takfîr contemporain, s’inscrit dans leur continuité.


Celle-ci ne donne aucune importance à la contrainte. Lorsqu’elle était encore à ses balbutiements, elle fut confrontée à un cas de conscience. Sous la pression de l’État égyptien qui lui somma de déposer les armes, elle se divisa en deux groupes ; les uns se rendirent tandis que les autres ne se laissèrent pas impressionner par la menace qui pesait sur leur tête. Ils allèrent jusqu’à kaffar ceux qui obtempérèrent, malgré la disproportion des forces. Pour eux, l’Islam n’admet aucune contrainte. Personne n’a le droit de faire la moindre complaisance à l’égard des Pouvoirs en place sous peine de sortir de la religion, même si c’est pour sauver sa vie.[4]


Quant aux traditionnalistes, ils tiennent compte des conditions à remplir et des restrictions à exclure avant de se prononcer sur un cas particulier. Avant de condamner une personne de kâfir, ils prennent en considération deux paramètres comme nous l’avons vu :


  • L’énoncé explicite des Textes que telle parole ou tel acte relève du kufr.
  • Que le statut en question (takfîr) soit applicable à une personne en particulier de sorte que les conditions pour le faire soient remplies et que toute restriction y faisant obstacle soit exclue.[5]


3- Les kharijites ne font pas la distinction entre le statut d’un acte et le statut de son auteur, entre le statut absolu (kufr el mutlaq) et un cas particulier (kufr el mu’aïyin). Ils appliquent ainsi un jugement général sur tous les cas particuliers possible sans tenir compte des critères du takfîr (les conditions à remplir et les restrictions à exclure). La mouvance e-takfîr wa el hijra s’inscrit à contre-courant du traditionalisme, qui ne verrait pas, à ses yeux, le takfîr el mu’aïyin.[6]


Il est très dangereux de sortir les musulmans de la religion sans respecter un certain nombre de critères. Selon ibn Taïmiya, il est plus grave d’appliquer les textes de la menace divine (comme la malédiction) à grande échelle que de kaffar les auteurs des grands péchés à la manière des kharijites et des mu’tazilites ;[7] en sachant que le takfîr entre dans le domaine de la menace divine.[8]


Or, les savants de aimmat e-da’wa établissent qu’il ne faut pas confondre entre le takfîr à grande échelle et le takfîr ciblé. Le premier condamne indistinctement les savants et les ignorants, qu’ils aient reçu la hujja ou non. Quant au deuxième, il s’attaque uniquement à ceux contre qui la hujja est établie. Il est possible de kaffar une citée, un pays, une tendance dans l’ensemble, mais sans désigner chaque habitant ou chaque adepte en particulier. Le principe de précaution nous astreint à nous abstenir de le faire, étant donné que certains d’entre eux peuvent être excusables pour une raison ou pour une autre.[9] Les anciens et leurs fidèles successeurs font la différence entre le cas absolu et le cas particulier.


4- Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb réfute dans ses ouvrages l’allégation de ses détracteurs selon laquelle il kaffar sans faire de détails à la manière des kharijites.[10] Ses élèves se sont également chargés de rectifier cette conception erronée.[11] Les néo-kharijites qui se revendiquent de l’héritage du premier homme de la da’wa najdite condamnent à la mécréance tous les États et les peuples musulmans sans tenir compte des critères du takfîr. Leur vindicte n’épargne même pas les savants et les pieux, accusés de complicité ou de passivité. Seuls ceux qui se rangent sous leur bannière gardent le privilège de rester musulmans.


Le takfîr à grande échelle consiste notamment à kaffar les citoyens qui vivent sous l’autorité d’un État jugé apostat. Sous l’impulsion de Saïd Qutb, certains mouvements contemporains considèrent qu’il n’y a plus sur la surface de la Terre un seul État musulman ni même une seule société musulmane digne de ce nom.[12]


Malheureusement, certains détracteurs stigmatisent les adeptes de la da’wa najdite et font semer la confusion dans les rangs des musulmans en les faisant passer pour des kharijites. ‘Abd e-Latîf souligne que la prédication « wahhabite » ne s’aventure pas à sortir les musulmans de la religion à grande échelle. Elle se contente de condamner l’adoration des tombes, qui, effectivement, est une annulation de l’Islam. Puis, après avoir transmis le message, et seulement à ce moment-là, elle voue à l’apostasie ceux qui refusent de se soumettre à la vraie religion.[13] Son élève, Sulaïmân ibn Sahmân reproche à certains de ses contemporains d’être imprégné par la croyance kharijite et de kaffar les musulmans de façon anarchique.[14]


Ibn ‘Abd el Wahhâb rappelle que les grandes références traditionalistes à l’exemple de l’Imam Ahmed faisaient la distinction entre le cas général et le cas particulier.[15] Juger qu’une pratique relève de la mécréance ne nécessite pas forcément de taxer de mécréants tous ceux qui la font. Il alla jusqu’à s’abstenir de kaffar les auteurs de certaines poésies contenant du kufr, car il n’était pas formel sur leur cas. Il ne se prononçait pas sur les morts ; il y avait toujours l’éventualité, aussi faible était-elle, que certaines excuses jouaient en leur faveur. Il se contentait de juger ceux qui refusaient sa prédication par orgueil et obstination. Contre ceux-là, oui, son jugement était imparable.[16]


5- Sortir injustement un musulman de l’Islam (takfîr) est un péché grave. S’il peut être motivé par des raisons matérielles ou sous l’effet de la colère, il devient plus condamnable quand il est dicté par les passions et une ambition perfide. Le statut d’apostat engendre de lourdes conséquences contre la personne condamnée, comme nous l’avons vu dans Les restrictions au takfîr. Ces lois s’appliquent à un simple citoyen, mais le takfîr du responsable de l’autorité engendre des conséquences encore plus lourdes. Il est à même de déstabiliser tout un pays et de le livrer en pâture aux nombreux prédateurs à l’affut. En proie aux guerres intestines, la société se déchire. Tout au long de l’Histoire musulmane, les kharijites ont représenté une épine pour leurs concitoyens.


Encore aujourd’hui, ils sévissent dans de nombreux pays musulmans à la grande joie des ennemis de l’Islam, qui voient en cela un moyen très efficace pour exercer sur eux des pressions et un lourd chantage.


Les savants musulmans ont depuis toujours, fait front à ce fléau. Ceux de aimmat e-da’wa n’ont pas échappé à la règle. De nombreux passages de leurs ouvrages mettent en garde les non-initiés de s’aventurer dans un domaine aussi épineux.


L’Imam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb utilise plusieurs hadîth qui condamnent le takfîr illégitime.[17] Selon Abû Dharr notamment, le Prophète (r) prévient : « Si l’accusation de pervers ou de mécréant est infondée, elle se retourne contre son auteur. »[18] Toujours selon Abû Dharr, un autre hadîth nous apprend : « Si on traite quelqu’un à tort de mécréant ou d’ennemi d’Allah, cela se retourne contre soi. »[19] Sheïkh Sulaïmân ibn ‘Abd Allah Âl e-Sheïkh met vivement en garde de traiter son frère musulman d’hypocrite pour un intérêt matériel ou par esprit de clan, etc.[20]


D’autres hadîth dénoncent de telles accusations infondées. Nous avons notamment :
« Taxer un croyant de mécréant, c’est comme si on l’avait tué. »[21]
« L’accusation de mécréant contre son frère s’applique obligatoirement sur l’un des deux. »[22]
Dans un autre article, nous avons donné l’explication de ces hadîth, qui sont, malheureusement, souvent des sources de confusion dans certains camps !


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/



[1] Voir : el farq baïna el firaq d’el Baghdâdî (p. 97).

[2] El jâmi’ e-saghîr (p. 29-30).

[3] Voir : shubuhât e-takfîr du D. ‘Omar Quraïshî (p. 29).

[4] Voir : shubuhât e-takfîr du D. ‘Omar Quraïshî (p. 397).

[5] Voir : El qawâ’id el muthlâ fî Sifât Allah wa Asmâihî de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (p. 88) et minhâj e-ta-sîs (p. 186).

[6] Voir : el jawâb el mufîd fî hukm jâhil e-tawhîd (p. 109) ; voir également : shubuhât e-takfîr du D. ‘Omar Quraïshî (p. 358).

[7] Voir : majmû’ el fatâwa (20/386-388).

[8] Idem. (3/231).

[9] Voir : majmû’ e-rasâil wa el masâil (1/44).

[10] Voir : e-rasâil e-shakhsiya comprise dans majmû’ muallafat e-Sheïkh (3/3/29, 33, et 58) ; voir également : e-dhiyâ e-shâriq (p. 88, 93-94), et e-durar e-saniya (1/63).

[11] Voir : e-durar e-saniya (1/131-132), e-dhiyâ e-shâriq (p. 72),

[12] Voir : zhilâl el Qur-ân (4/4122).

[13] Voir : e-durar e-saniya (10/131)

[14] Voir : minhâj ahl el haqq wa el ittibâ’ (p. 74).

[15] Mukhtasar e-sharh el kabîr wa el insâf comprise dans majmû’ muallafat e-Sheïkh (4/511).

[16] Ta-yîd el Malik el Manân fî naqdh dhalâlât Dahlân (p. 124).

[17] Voir : kitâb el kabâir inclus dans majmû’ mu-allafât e-Sheïkh (6/293).

[18] Rapporté par el Bukhârî (6045).

[19] Rapporté par Muslim (112).

[20] E-durar e-saniya (8/165-166).

[21] Rapporté par el Bukhârî (6652).

[22] Rapporté par Muslim (111).
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  #10  
ÞÏíã 25 Oct 2014, 10:56 AM
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Le kharijisme
(Partie 10)


Murjites ou kharijites ?


Il est vrai que, selon l’expression d’un ancien, les murjites sont les juifs de la qibla. Il s’agit de Sa’îd ibn Jubaïr, comme le rapportent certains recueils de sunna (mais cela ne veut pas dire qu’il faut l’imputer à tous les anciens). Il est vrai également que les détracteurs des pseudos-salafis murjito-jahmite, font tourner cette annale dans les forums, mais sans connaitre réellement de quoi il en retourne, wa bidûn tahqîq !


Ensuite, il est possible de deviner ses intentions, ou pour le moins d’essayer d’en dessiner les contours, en cherchant du côté de la caractéristique des murjites, ou des implications de leurs croyances ; cette tendance ouvre en effet la porte au libertinage et à la zandaqa, peut-être un peu à la manière de Paul le juif qui introduisit l’irja dans la religion chrétienne et qui la corrompit de fond en comble en amenuisant les commandements divins et en axant son discours sur le pardon divin aux dépens des actes, ou bien plus vraisemblablement, fait-il référence au v. 80 de la s. la vache et disant : [Le feu ne nous touchera que quelques jours, et ensuite, tout sera fini].[1]


Mais apparemment, cette caractéristique est plus à mettre sur le compte de jahm, que des murjiya proprement dits, comme nous allons l’expliquer…


Dors et déjà, il faut savoir qu’il existe d’autres expressions des anciens sur les murjites, qui, elles, sont plus répandues. Certaines d’entre elles vont jusqu’à dire qu’ils représentaient un plus grand mal pour la communauté que les khawarij azariqa (l’une des sectes kharijites les plus extrémistes).
Cette parole est imputée à Ibrahim e-Nakha’î, mais il y en a d’autres comme celles de Zuhrî, Yahya ibn Abî Kathîr, Qatâda, Shuraïk el Qâdhî, et Sufiân e-Thawrî.


Cependant, ibn Taïmiya relativise ce discours ; comprendre qu’il faut replacer les choses dans leurs contextes, et que la plupart des savants qui condamnaient l’irja venaient de Kufa, là où la secte prit son envol. Il était donc impératif de lui porter un grand coup afin de la tuer dans l’œuf.[2] Voici sous forme de points des indices permettant de relativiser le discours de Sa’îd ibn Jubaïr. Si certains d’entre eux méritent de plus amples explications, voire qui sont contestables, ils n’en demeurent pas moins cohérents en les replaçant dans un ensemble plus vaste.


1- Au début, les savants utilisaient le terme irja pour parler des murjiya el fuqaha, qui est un un irja khafif, non des jahmites, contre toute attente. Les anciens n’ont pas kaffar cette tendance.[3] Ibn Taïmiya explique que celui qui croit le contraire, c’est gravement trompé.[4] Il va plus loin en disant que les divergences avec eux portent plus sur la forme que sur le fond. Nous sommes donc loin de l’allégation selon laquelle les pseudos salafis sont des murjites ultra (ghulât), car, au pire des cas, ils seraient comparables au fuqaha-murjites.


2- Notons que e-Sharistânî dresse une liste de savants qui furent accusés d’irjâ, dont : Talq ibn Habîb, ‘Omar ibn Murra, Muhârib ibn Ziyâd, Moqâtil ibn Sulaïmân, Dharr el Hamadânî, ‘Amr ibn Dharr, Hammâd ibn Sulaïmân, Abû Hanîfa, Abû Yûsaf, Mohammed ibn el Hasan, Qadîd ibn Ja’far, et… Sa’îd ibn Jubaïr.[5]


3- L’expression « Juifs de la qibla » n’est pas pire que : « chiens de l’Enfer », bien au contraire !


4- C’est la parole d’un savant contre celle du meilleur des hommes.[6]


5- Ibn Taïmiya explique que de grandes sommités connues pour leur piété, comme le leur reconnaissent les traditionalistes, furent entachées par l’irjâ. Les anciens n’ont pas kaffar cette tendance.[7] Ils considéraient que leur innovation touchait plus sur la forme que sur le fond, et qu’elle n’était pas en relation avec le dogme ! Ce qui leur était reproché, c’était qu’ils n’étaient pas fidèles au vocabulaire coranique, et qu’ils ouvraient grande la porte aux mutakallimîns et aux murjites proprement dits. Sans compter qu’ils donnaient des idées aux libertins qui pouvaient désormais, sous leur couvert, s’adonner à tous les plaisirs. Les anciens l’avaient bien compris, alors ils voulurent fermer la porte avec autorité à tous les débordements dans le but de préserver la religion.[8]


6- En revanche, Ahmed a kaffar les jahmites qui confinaient la foi dans la connaissance.[9] Selon certains chercheurs, les anciens faisaient une distinction entre les murjites et les jahmites dont la croyance était beaucoup plus grave. C’est avec la venue des hérésiographes qu’on commença à compter les jahmites dans le cercle des murjites, en sachant qu’ils n’ont jamais été influencés dans la mise en place de leur crédo par les murjiya el fugaha (ce qui est constatable). Ces derniers étaient même connus pour être des grands pourfendeurs des jahmites.[10]


7- À l’inverse des murjiya el fugaha, ibn Taïmiya affirme que les anciens avaient divisé sur le takfîr des kharijites. Si, selon l’opinion la plus probable et à laquelle adhère Ibn Taïmiya, ils restent des musulmans, il n’en demeure pas moins que les anciens sont unanimes à dire qu’il faut les combattre coûte que coûte.[11]


8- Ibn Taïmiya va plus loin en disant qu’il incombe de les combattre, même s’ils ne prennent pas les armes. Selon lui, il suffit pour leur crime qu’ils fassent de l’excès les faisant sortir de la religion pour mériter la peine de mort. Revoici le passage en question : « Il n’est pas pertinent qu’il fut légiféré de les combattre, juste parce qu’ils tuent les gens, comme on repousse des agresseurs (bandits de grand chemin, etc.), ou de simples insurgés (bughât). Le but, en effet en combattant les seconds, c’est d’éradiquer leur mal, de disloquer leur groupe, et de les ramener à l’ordre. Il n’est donc pas légiféré de les tuer où qu’ils se trouvent, ni de les exterminer jusqu'au dernier comme le peuple de Hâd ; ils ne sont pas non plus les pires des hommes qui sont sous la voûte céleste, et il ne fut pas légiférer de les combattre sans condition, mais en dernière instance. Il y a donc une autre raison qui se cache derrière l’obligation de combattre les kharjites. Ils sont en effet les plus prompts à sortir de la religion à cause de l’excès qu’ils font, comme nous l’informe le hadîth d’Alî : « Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[12] Ainsi, si on les tue, c’est parce qu’ils sortent de la religion…


(…) Ainsi, nous les tuons en raison de leur caractéristique qui est de sortir de la religion (et qui est présente aussi bien chez l’un que chez un grand d’entre eux) non parce qu’ils s’insurgent et prennent les armes contre les musulmans.


S’il est vrai qu’Alî (t) ne les a pas combattu dès leur émergence, mais c’est uniquement, car il ne savait pas à qui il avait à faire. Il a fallu qu’ils mettent un terme à la vie d’ibn Khubbâb, et qu’ils sèment le pillage pour qu’il comprenne qu’il s’agissait de ceux dont faisait allusion le hadîth : « Ils tuent les adeptes de l’Islam et épargnent les païens. »[13] Il a sur dès lors qu’ils étaient les fameux kharijites.
L’autre raison qui l’a empêché de les tuer, avant qu’ils ne fassent couler le sang, c’est que leurs tribus auraient pu, par chauvinisme, quitter les rangs d’Alî (t)… »[14]


9- Ce qui conforte encore plus le point précédent, c’est que les murjites ne se distinguent pas des kharijites sur leur prise de position face aux gouverneurs en place, comme en témoignent un certain nombre d’annales.


• Selon ibn Shâhîn, Sufiân e-Thawrî a dit : « Craignez toutes ces « passions » égarées. » Quand on lui demanda des explications, ce dernier répondit : « Les murjites disent….Puis, il évoqua certaines de leurs opinions avant d’enchaîner : Ils voient l’épée contre les adeptes de la qibla. »[15]


• Selon ibn Shâhîn, on demanda à ibn el Mubârak : « Est-ce que tu adhères à la pensée murjite ?
  • Comment pourrais-je être un murjite, a-t-il répondu, alors que je ne vois pas l’épée !»[16]


• D’après Abû Ishâq el Fuzârî, j’ai entendu dire Sufiân et el Awzâ’î : « Le discours des murjites aboutit à l’épée !»[17]


• D’après e-Sâbûnî, avec une chaîne narrative authentique qui fait dire à Ahmed ibn Sa’îd e-Ribâtî, ‘Abd Allah ibn Tâhir m’a dit : « Ahmed ! Vous, vous ne savez pas pourquoi vous détestez ces gens-là – en parlant des murjitesalors que moi, je sais pourquoi je les déteste. Je les déteste parce que ; premièrement : ils ne voient pas l’obéissance au sultan… »[18]


10- Mieux, l’esprit de révolte n’est pas propre aux kharijites ni aux… murjites, mais à tous les innovateurs. Abû Qilâba est l’auteur des paroles extraordinaires : « Tout groupe qui innove une innovation voit obligatoirement l’épée. »[19] Nous avons vu plus haut qu’aux yeux de Shâtibî, les savants utilisent les hadîth sur les kharijites pour condamner tous les innovateurs sans exception.[20]


11- chronologiquement, les murjites sont venus après les kharijites, mais aussi après les qadarites, mais avant les jahmites. Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – précise à ce sujet : « Puis, à la fin du siècle des Compagnons, les qadarites ont fait leur apparition. Leur incapacité à appréhender correctement le Destin d’Allah et la foi à Ses Commandements (obligations/interdictions) est à l’origine de leur innovation… auparavant, les kharijites se sont initiés sur la question du takfîr des auteurs des grands péchés dans la communauté musulmane qu’ils condamnent d’entrer dans l’Enfer éternel. La polémique a ensuite pris de l’ampleur pour s’étendre aux qadarites après la mort d’el Hasan el Basrî. ‘Amr ibn ‘Ubaïd et ses disciples assument qu’ils ne sont ni des musulmans ni des mécréants, mais qu’ils se trouvent à un état intermédiaire entre ces deux états (manzila baïna el manzilataïn) ; ils méritent malgré tout de demeurer éternellement en Enfer. En cela, ils rejoignent la croyance des kharijites disant qu’ils demeurent à jamais dans la Géhenne, et qu’ils n’ont aucun lien avec l’Islam et la foi (Iman), bien qu’au même moment ils ne portent pas le nom de mécréants. »[21]


Or, les premiers balbutiements de l’irjâ se firent ressentirent dans la deuxième partie du premier siècle, après la mort d’ibn el Ash’ath, en réaction au kharijisme, à la fin des années 70 plus exactement.[22] La plupart de ses premiers adeptes venaient de Kûfa, mais ils ne comptaient pas parmi les élèves d’ibn Mas’ûd ni de l’Imam Ibrahim e-Nakha’î.[23] Plus une innovation s’éloigne de l’époque des Compagnons plus celle-ci est grave.[24] Ibn Taïmiya explique que les premières innovations étaient plus en adéquation avec les religions Juive et chrétienne, plus proches de l’Islam, que celles qui vinrent par la suite.[25] En sachant que ressembler aux Juifs n’est pas une annulation de l’Islam en soi. Notons que les murjites qui vinrent juste après les qadarites ont un point commun avec ces derniers ; tous deux en effet ouvrent une porte au laxisme.[26] Néanmoins, globalement, sans entrer dans les détails, les murjites sont mieux que les qadarites,[27] et c’est ce qui nous intéresse ici !


12- Les anciens n’en ont pas moins condamné les kharijites, comme nous l’avons vu plus haut ; notamment : d’après el Khallâl, l’Imam Ahmed a affirmé : « Les kharijites sont des gens mauvais ; je ne connais pas de gens plus mauvais qu’eux sur terre. Certains hadith authentifiés du Prophète (r) leur sont consacrés et ils les blâment selon dix aspects. »[28] Donc, la parole d’ibn Jubaïr ne fait pas plus autorité que celle de l’Imam Ahmed, c’est même le contraire qui serait plutôt vrai !


13- Néanmoins, il est possible de dire que sous un certain angle les murjites sont pires, car ouvrant de mauvaises portes, alors que les kharijites sont, eux, motivés dans leur zèle par la sauvegarde de la religion. Mais, vu sous un autre angle, les kharijites sont pires, car, comme, selon la formule d’ibn Taïmiya « ils ne parvinrent ni à maintenir la religion ni à épargner le profane » malgré leurs bonnes intentions.


14- Mieux, si les murjites se caractérisent pour saboter la Loi sur laquelle repose la bonne marche de la religion, les kharijites ne font pas mieux en s’attaquant aux porteurs de la religion, et en installant l’insécurité dans les rangs. Ce qui, à terme conduit les gens au laxisme des murjites, car pataugeant, sans guides, dans les ténèbres de l’ignorance. Donc, en définitive, il n’y a pas de différence entre eux en regard des résultats, mais, toujours est-il que le Prophète nous a ordonné de tuer les kharijites, wa Allah a’lam !




Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/











































[1] Firaq mu’âsira Ghâlib ‘Awâjî (2/276).

[2] Majmû’ el Fatâwâ (7/311).

[3] Voir : el imân (p. 377) et majmû’ el fatâwa (7/394) tout deux d’ibn Taïmiya.

[4] Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (7/507, 3/351-352, et 23/348)

[5] El milal wa e-nihal (1/139-146).

[6] Certaines annales remontant au Prophète utilisent l’expression : « « Juifs de la communauté », mais celles-ci sont toute aussi faibles les unes que les autres.

[7] Voir : el imân (p. 377) et majmû’ el fatâwa (7/394) tout deux d’ibn Taïmiya.

[8] Majmû’ el fatâwa (7/394-395).

[9] Majmû’ el fatâwa (7/507-508).

[10] Voir : maqâlât el jahm ibn Safwân (1/201-213), qui à l’origine est une thèse ès magistère de Yâsir Qâdhî.

[11] Majmû’ el fatâwa (28/512-513, et 13/356).

[12] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[13] Rapporté par el Bukhârî (3344) et Muslim (1064), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t)

[14] E-sârim el maslûl (2/347).

[15] Voir : el kitâb e-latîf (15), e-sharî’a d’el Ajurrî (2062), et sharh usûl el i’tiqâd d’e-Lalakâî (1834).

[16] Voir : el kitâb e-latîf (n° 17).

[17] Rapporté par ‘Abd Allah ibn Ahmed dans e-sunna (363) avec une chaîne narrative authentique.

[18] Voir : ‘aqîda e-salaf wa ashâb el hadîth (p. 109).

[19] Rapporté par ‘Abd e-Razzâq dans el musannif (10/151), et e-Lâlakâî dans Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna (1/134).


[20] El i’tisâm de Shâtibî (2/726).

[21] Majmû’ el fatâwâ (13/36, 37).

[22] Voir : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad (p. 93-101).

[23] majmû’ el fatâwa (13/38).

[24] E-radd ‘alâ el Akhnâî d’ibn Taïmiya (p. 213).

[25] Majmû’ el fatâwâ (8/458).

[26] Majmû’ el fatâwâ (8/450).

[27] Majmû’ el fatâwâ (16/242-243).

[28] E-sunna d’el Khallâl (1/145) ; selon l’auteur de la recension, sa chaîne narrative est authentique.
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