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ÞÏíã 09 Jul 2012, 03:54 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Le seuil minimum de la foi








Le seuil minimum de la foi

(Partie 1)







Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !




Nous avons vu, dans un article précédent, le principe selon lequel la foi accepte des disparités (tafâwut, tafâdhul) d’un individu à un autre. Les traditionalistes distinguent entre son essence (asl) et sa perfection (kamâl). Pour entrer en Islâm, il est demandé au minimum de renfermer une foi sommaire, approximative (mujmal) qui n’est autre qu’asl el îmân. La foi s’annule littéralement quand son essence est remise en cause. Les disparités de la foi n’ont pas une limite minimum qui n’accepterait aucune baisse une fois franchise. Néanmoins, la foi diminue jusqu’à disparaitre complètement. Les anciens exprimaient ce phénomène à travers l’expression : hatta lâ yabqâ minhu shaï.




Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, nous disent-ils, mais ne pas en comprendre que l’essence de la foi contient une limite minimum stable et constante. Même asl el îmân n’échappe pas à la règle. Ainsi, les variations et les disparités d’un individu à un autre, mais aussi chez un même individu touchent à toutes les parties et les branches de la foi. La seule chose à laquelle tous les croyants peuvent se vanter d’avoir en commun, c’est asl el îmân. Ainsi, si les croyants sont égaux c’est uniquement sur ce point, mais il n’existe aucune limite minimum qui serait identique à tous.




Sheïkh el Islamexplique que toutes les sectes dissidentes au traditionalisme (kharijites, mu’tazilites, murjites, jahmites, etc.) considèrent que la foi est un et indivisible ; si on enlève une partie, elle s’annule entièrement ; et, à l’inverse, si elle existe en partie, elle existe entièrement. Ils s’inscrivent à contre-courant du hadîth : « Le jour de la résurrection, Allah (I)dira : Sortez de l’Enfer quiconque décèle dans son cœur la foi la plus infime(mot-à-mot : ne serait-ce que l’équivalent d’un grain de moutarde ndt.). »[1]




Selon le hadîth : « La foi est composée de plus de soixante-dix branches – ou selon une version : plus de soixante branches –. La plus haute est l’attestation qu’il n’y a d’autre dieu [digne d’être adorée] en dehors d’Allah, et la plus basse est d’enlever une entrave de la route ; la pudeur étant une branche de la foi »[2] Sans enlever les entraves de la route, on reste croyant !




Par ailleurs, quand les traditionalistes refusent de donner une limite minimum à la foi, ils ne veulent pas dire qu’elle reste quoi qu’il arrive, d’où la confusion qui règne sur le sujet. Ainsi, une annulation de l’Islam remet en cause littéralement la foi de sorte qu’elle l’a fait disparaitre entièrement. Ils s’opposent donc à une foi minimum non à sa disparition totale quand l’une de ses parties vitales est entamée.




Les hadîth de l’intercession illustrent merveilleusement ce principe. Ils nous apprennent en substance qu’une foi faible est différente d’un individu à un autre, et qu’il n’existe aucune limite minimum qui nous permettrait de dire qu’en la franchissant, on ne peut plus prétendre à la foi. L’intercession englobe tous ces croyants ayant une foi faible, malgré l’énorme disparité qui existe entre eux.[3]




Le hadîth suivant, comme nous l’avons expliqué plus haut, dit exactement la même chose : « Le jour de la résurrection, Allah (I)dira : Sortez de l’Enfer quiconque décèle dans son cœur la foi la plus infime(mot-à-mot : ne serait-ce que l’équivalent d’un grain de moutarde ndt.). »[4] Il nous apprend, contrairement au crédo des sectateurs, que la foi est divisible et partageable, et qu’en en ayant perdu une grande partie, on reste croyant.




La variation du tasdîq et de la ma’rifa




Dans maqâlât el islâmiyîn, Abû el Hasan el Ash’arî rejoint le crédo traditionaliste selon lequel la foi est composée de la parole et des actes, elle monte et elle descend.[5]Il ramène ailleurs le consensus des anciens sur ce crédo, bien que son penchant pour le kalâm le rattrape quand il prétend la même page que la foi ne descend pas au niveau du tasdîq et du jahl (ignorance), ce qui, à ses yeux, relève du kufr.[6] Tahawî semble épouser cette question dans sa fameuse profession de foi. Ce qui n’échappa pas à Sheïkh el Albanî dans sa recension à son livre. Il souligne, en effet, dans la lignée des grandes références traditionnalistes, que même à ce niveau, la foi varie d’un individu à un autre et chez un même individu.[7]




L’Érudit ibn Hajar explique en s’inspirant des paroles d’e-Nawawî : « Selon l’opinion choisie et la plus juste, la conviction (tasdiq)augmente et diminue grâce à de multiples raisonnements et à la clarté des arguments. La foi d’Abû Bakr e-Saddîq, qui n’était entachée par aucun doute, était plus forte que celle d’autrui. Chacun peut le constater en lui-même et remarquer qu’il y a une variation dans ses sentiments. À certains moments, on décèle une plus grande conviction, sincérité, et confiance en Allah qu’à d’autres moments. Il en est ainsi pour la simple croyance et la connaissance qui s’amplifient grâce à la clarté des preuves et à leur abondance. »[8]




L’Imâm Ahmed, pour sa part, avait deux versions sur les variations (tafâdhul) de la ma’rifa. La plus juste d’entre elles, qui fut adoptée par les partisans de son école, nous apprend qu’elle est sujette au tafâdhul.[9]

Ibn Taïmiya attire notre attention sur un point extraordinaire. Il nous dit en substance que renier que le tafâdhul dans certains détails de la foi est certes caractéristique au principe murjite selon lequel la foi est indivisible. Néanmoins, cette opinion est parfois reprise par des traditionalistes, à l’image d’ibn ‘Aqîl, qui n’ont aucun lien avec l’irja.[10]




La foi est composée d’une essence et d’une partie subsidiaire




1- Shâfi’î, comme le rapporte Shîrâzî : « La foi est composée de la croyance, de la reconnaissance verbale, et des actes ; l’hypocrite fait uniquement défection du premier élément, le mécréant du second, et le pervers, qui sera sauvé de l’Enfer éternel pour gagner le Paradis, fait uniquement défection du dernier. »[11]




2- Ahmed, comme le rapporte son fils Sâlih : « J’ai interrogé mon père au sujet du crédo selon lequel la foi monte et descend, sur les éléments qui la font monter et descendre ?

- Elle monte grâce aux actes et descend en délaissant les actes comme la prière, le pèlerinage, et les obligations religieuses. »[12]




3- Ibn Manda : « Pour les kharijites, la foi est l’ensemble de toutes les dévotions imposées que ce soit venant du cœur, de la langue ou des autres membres. Les traditionalistes disent également que la foi représente toutes les dévotions, que ce soit venant du cœur, de la langue, ou des autres membres. Sauf que, pour eux, elle est composée d’une essence et de branches. Son essence, c’est la connaissance et la croyance en/pour Allah et à Ses enseignements avec le cœur et la langue, en étant mû par la soumission extrême, l’amour, la peur, et l’encensement, loin de tout orgueil et obstination. En fournissant cette essence, on entre dans la foi, on prend le nom de musulman, et on est soumis aux lois qui en découlent. Cependant, cette foi ne peut devenir parfaite sans fournir les branches qui incarnent les commandements divins : faire les obligations et renoncer aux interdictions. »[13]




4- Ibn Qutaïba fait la distinction entre l’essence et les branches de la foi.[14]




5- Abû Nasr el Marwazî : « … La foi est composée d’une essence et des branches ; elle est antonyme à la mécréance dans tous les sens du terme. L’essence se compose de la reconnaissance et de la croyance, et les branches permettent de parfaire les actes du cœur et des membres. Mécroire en Allah, en Ses enseignements, et renoncer à croire en/pour Lui est antonyme de la reconnaissance et de la croyance qui composent l’essence de la foi.




L’antonyme de la foi qui touche aux actes non à la reconnaissance est une mécréance qui ne fait pas sortir de la religion, mais qui consiste à négliger les actes ; de la même manière que les actes intègrent la foi, mais sans relever de la reconnaissance d’Allah. En délaissant la foi au niveau de la reconnaissance d’Allah, on devient mécréant à qui on somme de se repentir. De la même manière, en délaissant la foi au niveau des actes (l’aumône légale, le pèlerinage, le jeûne, éviter de boire du vin et de faire l’adultère par scrupule religieux)on perd une partie de la foi, mais on n’est pas sommé de se repentir, selon notre opinion et celle de nos opposants sur la question qui nous concerne parmi les traditionalistes, mais aussi parmi les innovateurs adhérant au crédo selon lequel la foi est composée de la croyance et des actes. Seuls les kharijites se distinguent sur la question.




Quand nous disons qu’il est mécréant pour avoir négligé les actes, cela ne veut pas forcément dire qu’on lui somme de se repentir et qu’il n’est plus concerné par les lois de l’Islam… étant donné qu’il ne touche pas à l’essence de la mécréance qui consiste à renier Allah ou Ses enseignements…




C’est à partir de ce raisonnement que nous soutenons l’idée selon laquelle en délaissant la croyance, on est mécréant, et en délaissant les obligations tout en donnant foi à leur caractère obligatoire, on n’est pas mécréant, si ce n’est qu’on a délaissé la vérité. On dit bien : tu as renié mon droit et mes bienfaits dans le sens où tu les as négligés en faisant preuve d’ingratitude.




Les tenants de cette tendance disent : nous nous appuyons en cela sur l’exemple des Compagnons et de leurs successeurs qui pouvaient désigner par le terme mécréant les branches de la mécréance, non son essence ; soit une mécréance qui ne fait pas sortir de la religion ; de la même manière qu’ils pouvaient désigner par le terme foi, les branches de la foi non son essence ; en les délaissant, on ne sort pas de la religion. »[15]




6-« … Ils étaient en droit de donner ce statut au croyant ; ils témoignent qu’il a la foi quand il fournit la reconnaissance du cœur et verbale, et ils témoignent que sa foi monte quand il fait de bonnes œuvres, qui, aux dires du Prophète (r), sont des branches (shu’ab)de la foi. À chaque fois qu’il en néglige une, ils savent qu’il s’éloigne davantage de la foi parfaite par rapport à celui qui l’a fourni. Cependant, ils ne lui enlèvent pas le nom de croyant avant que l’essence de la foi ne disparaisse complètement. »[16]




À suivre…










[1]Rapporté par el Bukhârî (6560), et Muslim (184), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).

[2]Rapporté par el Bukhârî (9), et Muslim (35), selon Abû Huraïra (t).

[3]Voir :usûl el mukhâlifîn li ahl e-sunna fî el îmân du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed el Qarnî (p 74-76).

[4]Rapporté par el Bukhârî (6560), et Muslim (184), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).

[5]Majmû’ el fatâwâ (7/549-550).

[6]Risâlat ilâ ahl e-thaghr (p. 272) ; ce passage mérite de plus amples explications.

[7]Voir son ta’lîq ‘alâ el ‘aqîda e-Tahawîya (p. 43).

[8]Fath el Bârî(1/46).

[9]Majmû’ el fatâwâ(7/408).

[10]Majmû’ el fatâwâ (7/408).

[11]Voir : ‘umda el qârî (1/175).

[12]Masâil el Imâm Ahmed (2/119).

[13]El îmân d’ibn Manda (1/331).

[14]El masâil wa el ajwiba(p. 331).

[15]Ta’zhîm qadr e-salâtd’Abû Nasr el Marwazî (2/519).

[16]Ta’zhîm qadr e-salâtd’Abû Nasr el Marwazî (2/713).



ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
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ÞÏíã 10 Jul 2012, 05:27 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 2)







7- L’Imâm Tabarî : « Pour certains, la foi est composée de la connaissance du cœur, de la reconnaissance verbale, et des actes extérieurs. En fournissant deux de ces trois éléments, on ne peut, en tout état de cause, porter le nom de « croyant ». Néanmoins, en en ayant deux d’entre eux (a connaissance du cœur et la reconnaissance verbale), mais en étant négligeant dans les actes extérieurs, on porte le nom de « musulman ». »[1]




8- Plus loin, il confirme : « Avec la connaissance et la reconnaissance verbale, on est croyant (mi-mîn bi Allah wa rasûlihi), même en négligeant les actes, bien que nous ne disons pas qu’il est croyant dans l’absolu. »[2] L’auteur utilise l’expression mu-min bi itlâq que nous avons traduit pas croyant dans l’absolu pour parler en fait, du croyant absolu, parfait, véritable, comme l’explique Ibn Battâl dans la citation suivante. C’est de ce sens qu’il faut comprendre les autres citations que nous allons trouver ici, wa Allah a’lam !




9- Ibn Battâl relate une citation de Tabarî disant notamment : « …De la même manière qu’en reconnaissant Allah et ses Messagers – que les prières et le salut d’Allah soient sur eux tous – sans faire les obligations religieuses, on ne prend pas le nom de croyant dans l’absolu… »[3] Il veut dire qu’on est un véritable croyant en faisant les actes, comme il le laisse sous-entendre dans un autre ouvrage.[4]




10- Ibn Batta : « La foi est composée de la parole et des actes, elle monte si tu agis bien, et descend quand tu agis mal. Dans ce cas, l’homme sort de l’imânpour entrer dans l’islâm, mais, rien en dehors de l’association, ne peut le faire sortir de l’islâm, ou bien en refusant une obligation venant d’Allah (U)avec l’esprit de la renier. Néanmoins, s’il la délaisse par fainéantise ou négligence, son sort est soumis à la Volonté d’Allah. »[5]




11- L’Imâm Ahmed aurait eu des paroles de ce genre dans l’une de ses épitres apocryphes ayant pour nom manâqib el Imâm Ahmed d’ibn el Jawzî (p. 226).[6]




12- Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb a également des paroles qui vont dans ce sens.[7] Ailleurs, il affirme qu’il ne kaffar que pour les choses où règne le consensus, en parlant de l’attestation de foi. Il ne le faisait même pas pour le tarik e-salât par fainéantise, bien qu’il existe des textes sur la question, et que la tendance qui penche vers le takfîr est très forte.[8]




13- Abû el Qâsim el Asbahânî : « La foi, au niveau de la religion, est la somme de toutes les dévotions, qu’elles soient intérieures ou extérieures. Les ash’aritesla confinent dans le tasdîq, et considère les paroles et les actes comme des lois qui n’entrent pas dans sa conception. L’intérêt de cette divergence, c’est qu’en omettant les actions et en commettant les interdictions, on perd le nom de croyant dans l’absolu. Dans ce cas, on dit que le fautif a une foi faible pour en avoir omis une partie. Pour les ash’arites, il est un croyant dans l’absolu, car la foi relate la croyance que le fautif a fournie. »[9]




14- El Baïhaqî : « Pour la plupart des traditionalistes, la foi est un nom qui englobe toutes les dévotions, qu’elles soient obligatoires ou simplement recommandées. Celles-ci se divisent en trois parties :

- Une partie qui, en la délaissant, on est mécréant : le crédo auquel il incombe de donner foi et la reconnaissance de ce crédo.

- Une partie qui, en la délaissant, on est pervers ou désobéissant, mais qui, sans la renier, ne fait pas sortir de la religion : faire les dévotions prescrites : (la prière, l’aumône légale, le jeûne, le pèlerinage, etc.) et renoncer aux péchés.

- Une partie qui, en la délaissant, on n’est ni pervers ni mécréant bien qu’on ait délaissé la meilleure option : ce sont les actes surérogatoires. »[10]




15- El Kalâbâdhî : « L’essence de la foi s’incarne dans la reconnaissance verbale et la croyance du cœur, et les branches incarnent les actes imposés. »[11]




16- Ibn Hazm : « En négligeant tous les actes, on est un croyant désobéissant, avec une foi faible, mais sans devenir mécréant. »[12] Ailleurs, il explique que l’essence de la foi se résume dans la croyance et la parole.[13]




17- Ailleurs, après avoir réfuté en détail les murjites qui n’imposent pas la prononciation verbale pour prétendre à la foi : « On ne devient pas mécréant en délaissant les actes, mais uniquement en délaissant la parole. La raison, c’est que le Messager (r)jugea mécréant le fait de renoncer à la parole. En parallèle, il accordait une foi valable à celui qui connaissait la vérité avec le cœur tout en l’exprimant avec la langue ; il savait que tôt ou tard, il sortirait de l’Enfer, même sans n’avoir fait aucun bien. »[14]




18-« La foi est un nom générique qui renvoie à plusieurs notions… Notamment, elle renvoie à ce qui est antonyme à la mécréance, ou antonyme à la perversité, non la mécréance. Une partie consiste à délaisser certains éléments sans devenir ni mécréant ni pervers. Pour la première partie, il s’agit de la résolution du cœur et de la reconnaissance verbale. Celle-ci est antonyme à la mécréance.

Pour la seconde partie, il s’agit des actes obligations, qui en les délaissant, on devient pervers non mécréant.

Pour la dernière partie, il s’agit des actes surérogatoires, qui en les délaissant, on ne devient ni mécréant ni pervers. »[15]




19- El Qâdhî ‘Iyâdh : « Selon la tendance de tous les traditionalistes sans exception, parmi les anciens, les traditionnistes, les légistes, et les mutakallimînsqui rejoignent leur tendance parmi les ash’arites, le sort des auteurs des péchés est soumis à la Volonté d’Allah ; tous ceux qui meurent croyant, en ayant prononcé du fond du cœur les deux attestations de foi, entreront au Paradis, soit pour avoir fait repentance de leurs péchés soit tout simplement en étant sains de péchés ; ces derniers entrent formellement au Paradis sans passer par l’Enfer. Quant à ceux qui ont mélangé de bonnes et de mauvaises actions en négligeant les commandements qu’Allah leur a prescrits ou en commettant les interdits, leur sort revient à Allah. Nous ne disons pas formellement qu’ils entrent au Paradis ou en Enfer d’emblée, bien que nous soyons sûrs que tôt ou tard, ils y auront droits. »[16]




20- Nawawî ajoute qu’on devient croyant grâce à la croyance sincère du cœur et la prononciation de l’attestation de foi.[17] Plus loin, il renchérit : « Selon la tendance des adeptes de la vérité, la foi à même de sauver de l’Enfer éternel impose la croyance et la prononciation verbale. »[18] Ainsi, pour revenir à El Qâdhî ‘Iyâdh, le cœur et la langue sont la foi minimum qui immunise contre l’Enfer éternel, et les actes, qui complètent la foi, garantissent de ne jamais y entrer.[19]




21- Abû el Hasan el Mâlikî approuve el Qâdhî ‘Iyâdh ayant des paroles dans ce sens,[20] et el ‘Izz ibn ‘Abd e-Salâm également.[21]




22- Ibn e-Salâh distingue également entre l’essence de la foi et ses branches.[22]




23- Abû Mohammed el Yamânî : « Quant à la septième tendance, le traditionalisme, elle considère que la foi est composée de la reconnaissance verbale, de la connaissance du cœur et des actes corporels ; chaque élément de la dévotion imposée relève de la foi. Ainsi, pour les traditionalistes, la foi est la somme de la croyance qui touche au cœur, qui s’exprime par la langue, et qui s’extériorise par les membres, en plus de l’attestation de foi ; les actes en sont donc la preuve concrète et le témoignage extérieur.

La foi est l’ensemble de ces trois éléments : l’attestation, la croyance et les actes. L’attestation immunise le sang et les biens, et elle soumet son auteur aux Lois divines. Les actes entrainent l’intégrité religieuse et la crédibilité civile. Ainsi, ces deux éléments extérieurs établissent la religion apparente, et la croyance touche à l’au-delà, car cachée et Seul Allah est à même de la sonder. L’hypocrite délaisse la croyance du cœur, bien qu’il extériorise l’attestation ; le pervers donne foi à cette attestation qu’il exprime par la langue, mais tout en délaissant les actes imposés. Il ne sort pas pour autant de la foi bien qu’elle soit faible, et il est encore soumis aux lois de la religion, sauf s’il délaisse les actes en reniant leur aspect obligatoire. Dans ce cas, il est un mécréant qui perd l’immunité de son sang et qu’il incombe de mettre à mort. »[23]



24- Ibn ‘Abd el ‘Izz : « À l’unanimité d’entre eux, en croyant avec le cœur et en reconnaissant verbalement, tout en s’abstenant (imtana’a) de faire les actes corporels, on désobéit à Allah et à Son Messager et on est passible de la menace divine. »[24]




25- En explication au hadîth « Cinq prières dans un jour et une nuit… »[25], Ibn ‘Abd el Barr établit : « Il démontre notamment qu’un musulman ne faisant pas la prière est sous la Volonté divine. La condition, c’est qu’il soit monothéiste, qu’il croit, donne foi et reconnait les enseignements apportés par Mohammed (r), même « sans fournir d’acte ». Ce passage réfute les mu’ataziliteset les kharijitestoute tendance confondue. Ne vois-tu pas qu’en reconnaissant l’Islâm au moment d’y adhérer, on devient musulman avant même de devoir faire la prière et le jeûne du ramadhân. Il a ainsi fourni la reconnaissance verbale, la croyance, et la résolution intérieure. D’un point de vue purement théorique, la seule façon de le renvoyer à la mécréance, c’est de lui enlever la chose par laquelle il est devenu musulman. Autrement dit, en reniant ce qu’il a cru et reconnu. »[26]




À suivre…














[1]E-tabsîr fî ma’âlim e-dîn(p. 188).

[2]E-tabsîr fî ma’âlim e-dîn(p. 188).

[3]sharh sahîh el Bukhârî(1/57).

[4]Musnad ‘Abd Allah ibn ‘Abbâs(2/643).

[5]E-sharh wa el ibâna(p. 196).

[6]Cette annale imputée à l’Imâm Ahmed figure également danstabaqât el hanâbila (1/343).

[7]E-durar e-saniya (1/134-135).

[8]E-durar e-saniya (1/102).

[9]El hujja fî bayân el mahajja (1/406).

[10]El i’tiqâdh (p. 212)

[11]E-ta’arruf bi manhaj e-tasawwaf (p. 80).

[12]El mahallâ (1/40).

[13]El fisal (3/118).

[14]E-durra (p. 337-338).

[15]El fisal (3/255).

[16]Ikmâl el mu’allim bi fawâid Muslim (1/255).

[17]Sharh sahîh Muslim(1/146).

[18]Sharh sahîh Muslim(8/395).

[19]Ikmâl el mu’allim bi fawâid Muslim(1/97).

[20]Kifâya e-tâlib(1/29).

[21]Ma’na el îmân wa el islâm(p. 20).

[22]Sharh sahîh Muslim(1/148).

[23]‘aqâid e-thalâtha wa e-sib’în firqa(1/313).

[24]sharh e-tahawiya (p. 333) d’ibn Abî el ‘Izz.

[25]Rapporté par Ahmed (n° 22185).

[26]Voir : hidâyat el mustafid min kitâb e-tamhîd du Sheïkh ‘Atiya Sâlim (3/290).



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ÞÏíã 11 Jul 2012, 05:54 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 3)




26- Ibn Taïmiya : « En fournissant la foi et l’unicité, on éternisera jamais en Enfer, quoi qu’on puisse faire. »[1]




27-« La foi est composée d’une essence nécessaire à sa présence, d’éléments obligatoires qui entrainent la punition en cas de diminution et d’absence, et d’éléments recommandés qui font parvenir aux hauts degrés. Par rapport à ces niveaux, trois catégories d’individus vont se dégager : les pervers injustes envers eux-mêmes, les modérés, et les vertueux devanciers. Celle-ci est comparable aux entités concrètes et abstraites (le pèlerinage, un corps, une mosquée, etc.). Certaines de ses parties manquantes font diminuées sa plénitude ou son excellence, d’autres diminuent sa perfection (négliger les obligations et enfreindre les interdictions), et d’autres enfin entament son pilier (la croyance et la parole). »[2]




28-« Celui qui croit que seuls les actes peuvent servir à l’individu va à l’encontre du consensus et son idée est complètement fausse pour les raisons suivantes… »[3] Ensuite, il explique dans le cinquièmement que les individus dont le hadîth fait mention, sauront sauver par la Miséricorde d’Allah, non par leurs actes.

Mieux, Abû Bakr ibn el Muhib e-Sâmit est l’un des élèves les plus intimes d’ibn Taïmiya. Il est l’auteur d’un ouvrage qui est encore à l’état de manuscrit et dans lequel il reproduit les paroles extraordinaires de son maitre : « L’individu peut déceler une foi infime dans son cœur sans faire aucune œuvre pieuse. La négation dans le hadîthen question porte sur les actes, non sur les paroles. Il faudrait plutôt dire qu’en fournissant les deux attestations de foi sans fournir d’actes extérieurs jusqu’à la mort, on n’aura fait aucune bonne œuvre dans sa vie. Cependant, cela ne concerne pas forcément les paroles, conformément au Verset : [c’est vers Lui que remontent les bonnes paroles poussées par les bonnes œuvres].[4] En disant que la négation ne porte pas sur la croyance du cœur et de la parole, nous n’allons pas à l’encontre du Coran. »[5] Ailleurs, il a d’autres paroles qui vont dans ce sens.[6]




29-« En outre, celle-ci – en parlant de la foi – a deux sens dans le Coran, une essence et une partie subsidiaire imposée (far’ wâjib). L’essence qui se situe au niveau du cœur engendre les actes. C’est la raison pour laquelle, certains Versets distinguent entre eux, comme : [… Ceux qui croient et qui font de bonnes œuvres][7] ; d’autres les regroupent, comme celui-ci : [Les croyants sont uniquement ceux…].[8] » Puis loin, il conclut : « Son essence est dans le cœur et sa perfection se matérialise dans les actes extérieurs, contrairement à l’Islam, qui a pour essence les actes extérieurs et pour perfection, le cœur. »[9]




30-« La religion imprégnée dans le cœur au niveau du savoir et des sentiments est l’essence de la foi, tandis que les actes extérieurs, qui relèvent de la foi parfaite, constituent les branches. »[10]




31- Son élève ibn ‘Abd el Hâdî rapporte ses paroles dans lesquelles il établit le principe traditionaliste selon lequel en délaissant les branches de la foi, on ne devient pas mécréant ; on le devient uniquement en délaissant son essence, soit la croyance (i’tiqâd).[11] Ainsi, les péchés (en dehors des annulations de l’Islam) qui sont les branches de la mécréance ne remettent pas en cause l’essence de la foi.[12] Si l’essence de la foi ne garantit pas l’entrée au Paradis d’emblée, elle épargne, aussi infime soit-elle, d’éterniser en Enfer.[13]




33-« La Parole d’Allah est composée des enseignements (khabar)et des commandements (amr). Les enseignements réclame de croire (tasdîq) aux paroles de l’interlocuteur, et les commandements réclament de s’y soumettre (el inqiyâd et l’istislâm),ce qui correspond aux actes du cœur (‘amal el qalb), renfermant la soumission totale (khudû’ et inqiyad) aux commandements, même sans les mettre en pratique (in lam yaf’al el ma-mûr bihi). En répondant à l’enseignement par le tasdîqet au commandement par l’inqiyâd, on obtient l’origine de la foi dans le cœur, qui n’est autre que l’apaisement (tu-manîna) et l’iqrâr. »[14]




34- Il explique la page suivante : « La foi est composée des paroles et des actes – je veux dire à l’origine – des paroles du cœur (qawl el qalb) et des actes du cœur (‘amal el qalb). La foi, conformément aux Paroles d’Allah et à Sa Révélation, renferme Ses enseignements et Ses commandements. L’individu croit aux enseignements (tasdîq), ce qui va engendrer un état dans le cœur dont l’intensité sera en fonction de l’enseignement. Le tasdîqest une forme de savoir et de qawl. Puis, il se soumet au commandement ; c’est l’inqiyâdet l’istislâmqui est une forme de volonté et d’acte (irâda wa ‘amal). Il ne peut être croyant sans fournir les deux en même temps. En délaissant (taraka) l’inqiyâd, il devient un orgueilleux et compte ainsi parmi les mécréants, quand bien même il fournirait le tasdîq. »[15]




35-«Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’et l’inqiyâd, qui relève du qawlet du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal. »[16]

36- Ibn el Qaïyim : « La foi véritable est composée des paroles et des actes. Les paroles sont de deux sortes : la parole du cœur qu’est la croyance et la parole verbale qui est la prononciation de l’attestation de foi (kalima el islâm).

Les actes également sont de deux sortes : les actes du cœur que sont l’intention, la sincérité exclusive, et les actes corporels. En faisant disparaitre les quatre réunis, on fait disparaitre la foi parfaite. En faisant disparaitre la croyance du cœur, les autres éléments ne sont plus d’aucune utilité, car elle est une condition pour leur donner foi et les rendre utile.

En faisant disparaitre les actes du cœur, tout en gardant la croyance du cœur, c’est le point de querelle entre les murjiteset les traditionalistes. Ces derniers s’accordent à dire que, dans ce cas de figure, la foi disparait, et que la croyance, sans les actes du cœur (l’amour et la soumission à Allah), est inutile. C’est exactement le cas d’Iblis, de Pharaon et son peuple, des Juifs, des païens qui donnaient foi au Messager, mieux, qui reconnaissait la véracité de son message en privé et même en public. Ils avouaient qu’il ne pouvait mentir, mais nous refusons simplement de le suivre, justifiaient-ils, et de croire en lui.




Ainsi, si la foi disparait avec la disparition des actes du cœur, il n’y a aucun mal à ce qu’elle disparaisse avec la disparition de l’acte corporel le plus important. »[17]




37- Ibn Rajab : « Il est notoire que l’entrée au Paradis s’obtient grâce à la croyance du cœur avec l’attestation verbale, et c’est avec ces deux éléments que les désobéissants pourront espérer sortir de l’Enfer. »[18]




38- Ailleurs, il renchérit : « Il existe deux sortes de foi :

- Primo : la foi en Allah qui correspond à la reconnaissance et à la croyance en Lui.

- Secundo : la foi pour Allah qui correspond à l’obéissance et à la soumission à Ses commandements.

La mécréance et l’antonyme de la première sorte, et la perversité est l’antonyme de la seconde qui peut éventuellement prendre le nom de mécréance mais sans faire sortir de la religion. »[19]




39- En commentaire au hadîth d’Abû Sa’îd el Khudrî sur l’intercession, il explique : « Celui-ci démontre que la foi verbale – l’attestation de foi – et la foi intérieure – la croyance du cœur – ne se perdent pas. C’est grâce à ces deux éléments que les désobéissants monothéistes sortiront de l’Enfer. Cela signifie que tous ceux parmi eux qui y entreront ne les perdront pas. »[20]




40- Dans un autre ouvrage, il donne plus d’explication en disant : « Ceux qui n’ont font aucun bienfait allusion aux actes des membres, mais au même moment, ils ont à leur actif l’essence de l’Unicité. C'est pourquoi le hadîthde celui qui recommanda à sa famille de brûler son corps après sa mort précise qu’il n’avait fait aucun bien, excepté l’Unicité. »[21]

41-« C’est la preuve que ceux qu’Allah sortira de l’enfer par Sa miséricorde, sans passer par aucune intercession, auront à leur actif la parole de l’Unicité, mais en ayant fait aucun bien avec leurs membres. »[22]




42- Ailleurs, il explique en commentaire au hadith « L’Islam est fondé sur cinq piliers… » : « En faisant disparaitre ces cinq piliers, l’édifice s’écroule, ou ne serait-ce que son pilier le plus grand, les deux attestations de foi ; toute annulation de l’Islam les remet littéralement en cause. Il règne la divergence entre savants sur la disparation des quatre autres piliers (prière, aumône, jeûne, pèlerinage) ; garde-t-on ou non le nom de croyant en les perdant tous ou ne serait-ce que l’un d’entre eux ? Doit-on distinguer entre la prière et les autres piliers, en disant que sans la prière, on perd également la foi ? Doit-on ajouter plus particulièrement l’aumône à la prière pour considérer l’absence totale de la foi ? Il existe une divergence notoire sur la chose entre savants, et toutes ces opinions sont imputées à l’ImâmAhmed »[23]




43- Plus loin, il ajoute : « Quant aux autres éléments de l’Islam et de la foi (en dehors des quatre piliers ndt.), ils ne font pas sortir de l’Islam pour les traditionalistes, contrairement aux innovateurs comme les kharijites. »[24]




44- El ‘Aïnî : « La foi, dans le vocabulaire du Législateur peut renvoyer à son essence, quand elle n’est pas associée aux actes, comme dans le hadîth : « La foi est de croire en Allah, à Ses anges, à Sa rencontre, et à Ses messagers… »

Elle peut renvoyer également à la foi parfaite quand elle est associée aux actes, comme dans le hadîth : «Savez-vous quelle est la foi en Dieu l’Unique… C’est de témoigner qu’il n’y a d’autre dieu digne d’être adoré en dehors d’Allah, et que Mohammed est le Messager d’Allah, d’accomplir la prière, de verser l’aumône… »

La foi qui immunise d’entrer en Enfer est de la seconde sorte à l’unanimité des musulmans, et celle qui immunise d’y éterniser relève de la première à l’unanimité des traditionalistes, contrairement aux mu’taziliteset aux kharijites… Ainsi, les anciens avec Shâfi’î à leur tête, octroient aux actes le statut de piliers selon la seconde conception, non la première. Ils considèrent que la foi demeure, malgré la défection des actes, en faisant allusion à sa première conception. Autrement dit, elle est à même de sauver de l’Enfer, étant donné qu’elle existe, bien qu’elle ne soit pas accompagnée des actes. »[25]




À suivre…










[1]Majmû’ el fatâwa(11/671).

[2]Majmû’ el fatâwâ(7/637).

[3]Jâmi’ el masâil(5/203).

[4]Le Fondateur ; 10

[5]Livre manuscrit.

[6]Majmû el fatâwa (7/637, 10/355, 11/131, 20/90-94).

[7]La vache ; 25

[8]La vache ; 62

[9]Majmû’ el fatâwa (7/637).

[10]Majmû’ el fatâwa (10/355).

[11]El ‘uqûd e-durriya (p. 98) ; voir également : Majmû’ el fatâwa (11/137).

[12]Majmû’ el fatâwa (10/283).

[13]Majmû’ el fatâwa (35/202-203).

[14]E-sârim el maslûl d’ibn Taïmiya (p. 521).

[15]Idem.(p. 522).

[16]E-sârim el maslûl(p. 521-522).

[17]E-salât(p. 24).

[18]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/112).

[19]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/129).

[20]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/88).

[21]E-tahwîf min e-nâr(p. 285).

[22]E-tahwîf min e-nâr(p. 286).

[23]sharh kitâb el îmân d’ibn Rajab (p. 26-27).

[24]sharh kitâb el îmân d’ibn Rajab (p. 28).

[25]‘Umda el qârî(1/175).



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  #4  
ÞÏíã 14 Jul 2012, 05:40 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 4)




45- Ibn Hajar el ‘Asqalânî : « Pour les anciens, elle est composée de la croyance du cœur, de la prononciation verbale, et des actes des membres. Ils veulent dire que les actes sont une condition de perfection de la foi. À partir de là, ils mirent en place le crédo selon lequel la foi monte et descend, comme nous allons le voir.

Les murjitesla confinent dans la croyance et la prononciation verbale, tandis que les karrâmites l’enferment uniquement dans la prononciation verbale.

Pour les mu’tazilites, elle est également composée de la croyance, de la parole et des actes, à la différence avec les traditionalistes où, à leurs yeux, les actes sont une condition de validité. Alors que, comme nous l’avons vu, pour les anciens, ils sont une condition de perfection. »[1]




46- Ailleurs, il explique en commentaire au hadith « L’Islam est fondé sur cinq piliers… » : « … S’il est dit que les quatre piliers en question sont fondés sur l’attestation de foi, étant donné qu’ils ne sont valables qu’à partir de sa prononciation, alors comment peut-on désigner sous une même appellation deux éléments, l’un étant pourtant fondé sur l’autre ?

Nous disons, en réponse, qu’il est possible d’édifier un élément sur un autre, mais dont l’ensemble dépend d’un élément extérieur.

S’il est dit, mais la fondation est forcément différente des piliers qui la soutiennent !

Nous répondons qu’un ensemble n’est pas de même nature que les unités qui le composent. Prenons l’exemple d’une tente en peau de chèvre montée sur cinq pieds, avec le plus grand au milieu et les quatre autres autour. Tant que le pilier du milieu reste debout, elle garde son nom de tente, quand bien même les autres tomberaient un à un. Dès que le plus grand tombe, elle perd son nom ; par rapport à cela, on peut dire que les éléments d’une construction assemblés ensemble ne seront pas vus pareils que quand ils sont séparés les uns des autres. Nous pouvons dire la même chose pour le pilier fondateur par rapport aux autres piliers. Le premier est la base ou l’essence, tandis que les autres sont les finitions qui complètent la fondation. »[2]




47- Saffârînî reprend à son compte le premier passage d’ibn Hajar.[3] Ailleurs,en commentaire au v. 158 de la s. Le bétail, ce dernier souligne : «Il existe trois cas de figure qui répondent aux caractéristiques permettant de se faire appeler légitimement « croyant », à condition de rester ainsi jusqu’au jour où le soleil se lèvera de l’Occident :

- On est soit un croyant ayant sombré dans les péchés : [et qui n’a récolté aucun bien dans sa foi].

- Soit on est un croyant ayant mélangé de bonnes et de mauvaises actions.

- Soit un croyant ayant fait repentance de ses péchés, et ayant récolté dans sa foi du bien dans la mesure du possible.

Pour le premier, sa foi antérieure à l’événement(dénuée des actes)lui sera utile, car il renferme en lui l’essence du salut. Il n’éternisera pas en Enfer, même s’il doit y passer un séjour à cause de ses péchés, mais sa foi antérieure lui sera utile. »[4]




48- Plus loin, il signe : « La foi dénuée de bonnes œuvres antérieures à ce jour lui sera utile grâce à l’essence du salut qu’il renferme en lui. »[5]



49- El Manâwî : « La foi se compose de la connaissance, c’est-à-dire de la croyance du cœur, de la parole verbale, et des actes des membres – autrement dit de la reconnaissance et des actes des membres ; comprendre que les actes sont une condition de perfection de la foi, et que la reconnaissance verbale exprime la croyance intérieure.

La foi en Dieu est la somme de la reconnaissance verbale, de la croyance du cœur, et des actes corporels. Cette définition fait allusion à la foi parfaite qui rapporte la plus grande récompense. »[6]




50- ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan qui s’inspire du discours d’ibn el Qaïyim : « Le deuxième principe : La foi a une essence (asl)qui se diversifie en diverses branches. Chaque branche (far’)entre sous l’appellation de la foi. Lâ ilâh illâ Allahest la plus haute d’entre elles, et la plus basse consiste à enlever une entrave du chemin. Si certaines d’entre elles ne sont pas fournies, celles-ci annulent la foi à l’unanimité des savants, comme c’est le cas pour la première. En revanche, d’autres ne l’annulent pas à l’unanimité des savants quand elles sont négligées, comme c’est le cas pour la dernière. Or, entre ses deux branches, il en existe de multiples variétés. Les unes rejoignent la première ; elles en sont donc plus proches. Les autres rejoignent la dernière, et en sont donc plus proches.




En voulant mettre toutes ces branches sur le même pied d’égalité lorsque celles-ci sont rassemblées, on s’oppose ainsi aux textes et à la voie des anciens et des grandes références de cette communauté.




D’autres parts, la mécréance (kufr)se compose également d’une essence et de branches. Ainsi, de la même manière que les branches de la foi entrent dans la foi, nous pouvons en dire autant pour la mécréance. Tous les péchés sont des branches du kufr, comme en parallèle, les bonnes œuvres sont des branches de la foi. Il n’est donc pas pertinent de les mettre sur le même pied d’égalité au niveau des statuts et des noms légitimes qui leur sont accolés.




Il y a donc une différence entre délaisser la prière, l’aumône, ou le jeûne, ou commettre l’association, ou encore dénigrer le Coran, et entre commettre un vol, l’adultère, boire de l’alcool, piller, et afficher une certaine muwâlâtpour les non-musulmans à la façon de Hâtib.




Celui qui met sur le même pied d’égalité les différentes branches de la foi au niveau des noms et des lois qui leur correspondent, ou qui fait la même chose avec les branches du kufr, il s’oppose au Coran et à la sunna ; il s’écarte de la voie des anciens, et entre dans l’ensemble des adeptes de l’innovation et des passions.




Le troisième principe : La foi est composée des paroles et des actes.

Il existe deux sortes de paroles : la parole du cœur qui se matérialise par la croyance, et la parole verbale qui se matérialise par l’attestation de foi.

Il existe deux sortes d’actes : les actes du cœur qui consiste à s’orienter vers Allah, Le choisir comme divinité, L’aimer, chercher Sa satisfaction, et à Lui donner foi.

Les actes extérieurs comme la prière, l’aumône, le pèlerinage, le djihad, etc.

S’il n’y a plus la croyance du cœur (tasdîq), accompagnée des actes intérieurs, la foi s’annule entièrement. Si ce sont simplement certains actes extérieurs qui sont délaissés, comme la prière, tout en gardant à la fois la croyance et la parole du cœur, il y a divergence entre les savants sur le statut qui lui correspond : est-ce que la foi s’annule entièrement ou non en délaissant l’un des cinq piliers de l’Islam ? Est-ce que le coupable devient mécréant ou non ? Faut-il distinguer la prière des autres piliers ou non ?




Les traditionalistes s’accordent à dire qu’il faut absolument fournir les actes du cœur (l’amour d’Allah, Sa soumission, et la recherche de Son Agrément).




Pour les murjites, le tasdîqest suffisant pour devenir croyant. La divergence entre les traditionalistes concerne donc les actes extérieurs : devient-on un mécréant en les délaissant ou non ? Selon la tendance notoire des anciens, on devient mécréant en délaissant l’un des quatre piliers venant après l’attestation de foi.

Selon une deuxième tendance : seul celui qui les renie est voué à la mécréance.

Une troisième tendance distingue entre la prière et les autres piliers. Toutes ces tendances sont notoires chez les savants. »[7]




51- Hâfizh el Hakamî en parlant de la conception de la foi chez les kharijites, et les mu’tazilites : « …Pour le reste, la foi est composée de la croyance, de la parole, et des actes. La différence avec les pieux prédécesseurs c’est qu’aux yeux de ces derniers, les actes ne sont pas tous une condition de validité de la foi. Néanmoins, bon nombre d’entre sont à mettre au compte des conditions de perfection, qui, comme le souligne ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz, permettent de parfaire la foi, en les fournissant. Foi, qui reste imparfaite sans les fournir. Quant aux mu’tazilites, ils les rangent tous dans les conditions de validité, wa Allah a’lam ! »[8]




Remarque




Selon le hadîth, les musulmans désobéissants ayant fourni l’essence du tawhîd jouiront de l’intercession dans l’au-delà. Puis, avec Sa Main, Allah sortira de l’Enfer une poignée d’hommes qui n’auront fait aucun bien au cours de leur vie.[9] Les savants divergent sur l’interprétation de ce hadîth. Pour ibn Khuzaïma, il s’agit de ceux qui n’ont pas fourni parfaitement (tamâm et kamâl) les actes.[10] En d’autres termes, le minimum acceptable est la croyance du cœur, la parole, et certains actes des piliers de la foi comme la prière. D’autres savants, comme ibn ‘Abd el Barr,[11] ibn Rajab,[12] ibn el Wazîr,[13] el Qurtubî,[14] Nawawî qui l’impute à Qâdhî ‘Iyâdh,[15] ibn Taïmiya,[16] ibn el Qaïyim,[17] ibn Kathîr,[18] San’ânî,[19] ibn Hajar qui l’impute à e-Zarkashî,[20] Mohammed Harrâs dans sa recension à kitâb e-tawhîd (p. 309), l’interprètent autrement. Ils le prennent au sens littéral. Pour eux, en effet, il s’agit de ceux qui n’ont fourni aucune œuvre, mais gardant au moins, pour reprendre l’expression d’ibn Rajab, l’essence dutawhîd, qui renferme qawl el qalb, ‘amal el qalb et qawl e-lisân.




Le tawhîd en question, comme l’explique ibn Taïmiya, est la parole qui distingue entre les habitants du Paradis et ceux de l’Enfer, et qui est la condition pour devenir musulman.[21]




À suivre…














[1]Fath el Bârî(1/46).

[2]Fath el Bârî(1/72).

[3]Lawâmi’ el Anwâr (1/405) ; l’érudit ‘Alâ e-Dîn ‘Alî el Mardâwî reproduit également ce passage dans e-tahbîr sharh e-tahrîr (2/503).

[4]Lawâmi’ el Anwâr (2/134).

[5]Lawâmi’ el Anwâr (2/134).

[6]Faïdh el Qadîr (3/185).

[7]Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr.

[8]Ma’ârij el qabûl (2/30).

[9]Rapporté par el Bukhârî (7439) et Muslim (183).

[10]E-tawhîd (2/732).

[11]E-tamhîd (23/290).

[12]E-takhwîf min e-nâr (p. 259).

[13]El ‘awâsim min el qawâsim (9/102).

[14]Comme le rapporte ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan dans fath el Majîd (p. 45) ; voir : e-tadhkira de Qurtubî (h n° 347)

[15]Sharh sahîh Muslim(3/31).

[16]Majmû’ el fatâwa(16/47).

[17]Hâdî el Arwâh (p. 269), madârij e-sâlikîn (1/339).

[18]Voir : son tafsîr (3/148).

[19]Raf’ el astâr (p. 120-123).

[20]Fath el Bârî(12/429).

[21]Majmû’ el fatâwa(24/235).



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  #5  
ÞÏíã 15 Jul 2012, 05:34 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 5)




L’interaction entre l’essence de la foi et sa partie subsidiaire




Ibn Taïmiya établit : « Les traditionalistes, parmi tous les Compagnons sans exception, leurs successeurs, les grandes références traditionalistes, les traditionnistes, l’ensemble des légistes et des soufis, à l’instar de Mâlik, e-Thawrî, el Awzâ’î, Hammâd ibn Zaïd, Shâfi’î, Ahmed, ibn Hanbal, etc. et les grands spécialistes parmi les partisans du kalâm, tous s’entendent à dire que la foi et la religion est composée des paroles et des actes…




Les commentateurs qui ont retranscrit leur tendance établissent qu’elle se partage en une essence et une partie subsidiaire ; celle-ci renferme des piliers, des éléments obligatoires moins importants que les piliers, et des éléments recommandés, au même titre que le pèlerinage et les rituels en général. »[1]




« La foi contient une essence qui se trouve dans le cœur et qui impose deux choses : la croyance, la reconnaissance et la connaissance du cœur ; c’est ce qu’on appelle la parole du cœur, comme le décrit el Junaïd ibn Mohammed : « Le tawhîd incarne la parole du cœur et le tawakkul (placer toute sa confiance en Allah ndt.) l’acte du cœur. »La parole et les actes du cœur sont indispensables, et, par voie de conséquence, la parole et les actes corporels. Les actes du cœur comme l’amour d’Allah et de Son Messager, la crainte révérencielle d’Allah, l’amour des choses aimées par Allah et Son Messager, et la haine de ce qu’ils détestent, la sincérité exclusive envers Allah l’Unique, tout comme le tawakkul, etc. Dans ce domaine entrent tous les actes du cœur imposés qu’Allah et Son Messager ont fait entrer dans la foi.

Or, le cœur en est l’essence, ce qui veut dire qu’en décelant la connaissance et la volonté, cela doit nécessairement se traduire dans les actes, car, il est impossible que le corps se désiste de ce que le cœur lui réclame. »[2]




« L’essence de la foi est la reconnaissance des enseignements divins que les messagers nous ont retransmis, et qui impose d’y croire et de s’y soumettre. Sans fournir cette essence, nul ne peut devenir croyant. »[3]




« La croyance du cœur est l’essence de la parole verbale, et l’acte du cœur est l’essence des actes corporels. »[4]




« Ces deux éléments sont indispensables à la foi : croire et aimer la vérité ; le premier relève de la parole du cœur et le second de l’acte du cœur. »[5]

« La croyance entraine la parole verbale et les actes du cœur entrainent les actes corporels, comme la prière, l’aumône, le jeûne, le pèlerinage, etc. »[6]




« Le croyant donne foi à Allah à travers son cœur et ses membres. Sa foi englobe le savoir et un état venant du cœur, soit la croyance et la soumission du cœur. Elle englobe également la parole verbale et les actes corporels, bien que son essence émane du cœur ou du cœur et de la langue. La croyance et la soumission (el islâm)à Allah lui sont donc indispensables ; le premier élément relève de la parole du cœur et le second de l’acte du cœur : c’est ce qui incarne la reconnaissance d’Allah…




En ajoutant à cela, la parole verbale et les actes corporels, c’est la preuve que les branches, qui impliquent la présence d’une essence, sont valables… »[7]




La différence entre la foi absolue et la foi dans l’absolu




‘Abd e-Rahmân ibn Hasan nous résume merveilleusement bien cette différence en s’inspirant probablement du discours d’ibn Taïmiya et de son élève ibn el Qaïyim.[8] Il nous apprend, en effet : « Si l’on sait que tant les actes extérieurs que les actes intérieurs entrent, au niveau de la religion, dans la définition de la foi, nous pouvons en déduire que tous les actes manquants, à condition qu’ils ne soient pas nécessaires à la foi, atténuent la foi parfaite imposée. » Ensuite, il donne des exemples de plusieurs hadîthdont : « Nul n’est croyant au moment de faire l’adultère... au moment de boire du vin, etc. » Puis, il enchaine : « La négation dans ces textes porte sur la foi parfaite imposée. Nous ne désignons pas leur auteur comme étant un croyant sans restriction, et en faisant abstraction de son péché et de son acte pervers. Nous disons donc qu’il est croyant pour la foi qu’il décèle, et pervers pour avoir commis un grand péché. Il est croyant en fonction des actes intérieurs et extérieurs qu’il a à son actif. De ce point de vue, il compte parmi les adeptes de la foi dans l’absolu…




Quant au croyant ayant une foi absolue et sans restriction, il n’est pas associé à un péché ni à un acte pervers ou autre. Il se distingue pour avoir fourni les obligations dans la mesure du possible, et pour avoir renoncé à tous les péchés. Il mérite en cela l’appellation de croyant sans restriction. C’est là qu’il faut trouver la différence entre le croyant dans l’absolu et le croyant absolu ; le second ne persiste pas à faire certains péchés, contrairement au premier qui est marqué par la récidive.




Cette explication que nous venons de donner est conforme au crédo traditionaliste faisant la distinction entre l’islâm et l’îmân, soit entre la foi dans l’absolu et la foi absolue ; la première désigne le musulman ayant l’essence de la foi indispensable pour entrer dans l’Islam, ou, en d’autres termes, indispensable pour avoir une foi valable. Elle correspond au plus bas degré de la religion dans la mesure où il persiste à faire des péchés ou qu’il délaisse ses obligations sans excuse valable. »[9] C’est ce qui nous amène au point suivant :




La différence entre la foi de départ et la foi obligatoire




Les anciens se partagent en trois tendances sur la relation entre l’islâm et l’îmân :

1- Selon certains, ils sont synonymes. Dans cette catégorie, il faut compter Abû Nasr el Marwazî, el Bukhârî, ibn Hibbân, ibn Manda, ibn ‘abd el Barr qui l’impute à la plupart des légistes).

2- Selon certains, l’islâm c’est la parole et l’imân les actes.

3- D’autres, enfin, établissent qu’ils sont différents selon le découpage que le Prophète (r) en a fait dans le hadîth de Jibrîl (les six fondements de la foi en opposition aux cinq piliers de l’Islam, bien qu’ils ont le même sens quand ils ne sont pas cités dans le même contexte). Dans cette catégorie, nous avons el Hasan, ibn Sirîn, Shuraïk, ‘Abd e-Rahmân ibn Mahdî, Yahyâ ibn Ma’în, Muammal ibn Ihâb, Mâlik selon une annale, Qatâda, Dâwûd ibn Hind, e-Zuhrî, ibn Abî Dhi-b, Hammad ibn Zaïd, Ahmed, Abû Khaïthama, etc.[10]




Concernant la seconde opinion, ibn Abî Dhi-b disait que l’Islam c’est la parole et l’imân les actes,[11] même chose pour e-Zuhrî qui va jusqu’à imputer cette tendance ou presque aux anciens.[12] Et quand on demanda à l’Imâm Ahmed s’il partageait cette opinion, il se contenta de répondre que l’Islam et l’imân sont deux notions différentes.[13] Ailleurs, il la cautionne carrément.[14] El Qâdhî Abû Ya’lâ notamment rejoint cette tendance.[15]




En voulant réfuter cette opinion, Abû Nasr el Marwazî, qui, rappelons-le entre dans le premier groupe, fustige qu’il n’y a pas de différence entre celles-ci et celle des murjites prétendant que la foi est la reconnaissance (iqrâr) sans les actes.[16]




Ibn Taïmiya, qui rejoint le dernier groupe, explique pour la défense du second que l’Imâm Ahmed est l’auteur d’une autre version. Dans celle-ci, il stipule clairement que les actes intègrent « l’islam ». Par ailleurs, Sheïkh el Islâm tient à remettre les pendules à l’heure. Il souligne que la parole est le moyen d’entrer dans l’Islam, non, nuance, qu’elle représente tout l’Islam. Il va sans dire qu’en faisant allusion à tout l’Islam, ils se tromperaient littéralement. D’ailleurs, Ahmed condamne sévèrement qu’on désigne sous le terme de l’Islam quelqu’un qui ne fournit pas les actes. Ibn Rajab dit en substance la même chose.[17] La rigueur scientifique réclame qu’on mentionne toutes les paroles de l’Imâm pour se représenter sa tendance, ce que n’a pas fait Abû Nasr.[18]




Ainsi, il est faux de confiner l’Islam dans la parole, mais il est tout aussi faux de rendre synonyme l’islâm et l’îmân. Il est vrai qu’Abû Nasr est parvenu à réfuter la seconde opinion, mais la sienne n’en demeure pas moins faible.[19] E-Zuhrî parlait donc de l’Islam de départ non de l’Islam obligatoire, car, il est impossible que quelqu’un comme lui ne sache pas faire cette distinction.[20]




C'est pourquoi il y a une grande différence entre cette opinion et celle desmurjites. Ces tenants intègrent les actes dans la définition de la foi, et, à leurs, yeux, l’Islam, n’est qu’une partie de l’imân. Autrement dit, pour les traditionalistes, l’imân est meilleur que l’islâm, contrairement aux murjites qui pensent le contraire. Ces mêmes murjites s’imaginent également que les croyants sont égaux dans la foi ; ils ne font pas de différence entre les Compagnons et les plus grands débauchés. Ils ne conçoivent pas qu’un individu soit doté d’une foi faible, selon le principe de l’indivisibilité de la foi.[21]




Par ailleurs, quand on fit remarquer à l’Imâm Ahmed que les murjites également assument que l’Islam c’est la parole. La différence avec eux, rectifia-t-il, c’est qu’ils ne font pas de différence entre le musulman et le croyant ni entre les croyants entre eux, dans le sens où ils ont, à leurs yeux, tous le même niveau de foi, soit une foi parfaite.[22]




Ibn Taïmiya souligne qu’aucun Compagnon ni aucun de leurs successeurs et des anciens en général, n’a jamais soutenu la position d’Abû Nasr,[23] mais en même temps la divergence qui règne entre traditionalistes sur la question est purement sur la forme, car tous s’accordent à intégrer les actes dans la définition de la foi et à reconnaitre ses variations.




À suivre…














[1]Majmû’ el fatâwa(12/471).

[2]Majmû’ el fatâwa(7/186).

[3]Majmû’ el fatâwa(12/474).

[4]Majmû’ el fatâwa(13/234).

[5]Majmû’ el fatâwa(7/530).

[6]Majmû’ el fatâwa(7/672).

[7]Majmû’ el fatâwa(2/382).

[8]Voir notamment : Majmû’ el fatâwa (19/293), (12/478) et badâi’ el fawâid d’ibn el Qaïyim (4/17).

[9]E-durar e-saniya(1/200).

[10]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/121).

[11]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1076).

[12]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1076).

[13]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1091).

[14]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1089).

[15]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/118).

[16]Ta’zhîm qadr e-salâtd’Abû Nasr el Marwazî (p. 349).

[17]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/192).

[18]Majmû’ el fatâwâ(7/370).

[19]Majmû’ el fatâwâ(7/370).

[20]Majmû’ el fatâwâ(7/415).

[21]Majmû’ el fatâwâ(7/379).

[22]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1077).

[23]Majmû’ el fatâwâ (7/365-366).



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  #6  
ÞÏíã 16 Jul 2012, 06:15 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 6)




La divergence sur l’abandon de la prière




Le Qâdhî Abû Ya’lâ établit en parlant du désobéissant musulman : « Il s’agit de quelqu’un ayant fourni la croyance du cœur, et la parole, mais ayant délaissé les actes de dévotion – excepté la prière – et ayant commis des actes de débauche ; prend-il le nom de croyant ? » Ensuite, il enchaine : « L’ImâmAhmed – qu’Allah lui fasse miséricorde – semble lui accorder le nom de croyant ayant certes une foi faible, mais sans lui enlever complètement ce statut. »[1]




Après ce passage, l’auteur de la recension du livre, Su’ûd el Khalaf, qui est enseignant à l’Université de Médine fait le commentaire suivant : « S’il est fait ici exception à la prière, c’est en raison de la divergence qui existe sur la question entre savants. L’Imâm Ahmed a deux opinions concernant celui qui la délaisse sciemment, mais sans renier son aspect obligatoire. L’une le voue à la mécréance… et l’autre, dans laquelle il rejoint les Imâms Mâlik et Shâfi’î, le considère musulman. »




Plusieurs savants, à l’instar d’ibn Taïmiya et d’ibn Rajab, font mention de la tendance d’Ahmed selon laquelle il ne kaffar pas l’abandon des quatre piliers, avec la prière à leur tête, tout en reconnaissant leur aspect obligatoire.[2]




De grands commentateurs hanbalites reconnaissent la divergence sur l’abandon de la prière au sein de l’école. Ces derniers vont jusqu’à reprendre à leur compte la tendance selon laquelle celui qui délaisse la prière est passible de la peine de mort, mais sans devenir apostat. Nous avons pour ne citer qu’eux, Shams e-Dîn Abû el Faraj ibn Qudâma, le cousin et l’élève d’el Muwaffaq ibn Qudâma, qui impute cette opinion à ibn Batta et à la plupart des légistes dont Mâlik, Shâfi’î et Abû Hanîfa.[3] El Mardâwî, pour sa part, impute cette opinion à ibn ‘Abdûs, el Majd, ibn Razîn, etc.[4] El Muwaffaq lui-même la reprend à son compte dans el mughnî (2/442).




L’érudit Saksâkî qui est d’obédience hanbalite souligne : « Quand on délaisse la prière sans renier son aspect obligatoire, on est musulman, selon l’opinion la plus juste de l’ImâmAhmed. La secte mansûriya, qui s’oppose à cette tendance, taxe les traditionalistes de murjites, car cela implique de dire, à leurs yeux, que la foi est composée de la parole sans les actes. »[5]




Nous avons vu plus haut une annale, selon laquelle Ahmed fut interrogé par son fils Sâlih : « J’ai interrogé mon père au sujet du crédo selon lequel la foi monte et descend, sur les éléments qui la font monter et descendre ?

- Elle monte grâce aux actes et descend en délaissant les actes comme la prière, le pèlerinage, et les obligations religieuses. »[6]




Sheïkh ibn Bâz l’avait bien compris et faisait preuve d’une précision extraordinaire en distinguant entre les actes qui relèvent du shart sihha comme la prière (en sachant qu’il existe une divergence sur la question), et ceux qui touchent à la foi parfaite imposée, comme les autres actes.[7] Quand on lui posa la question : « Selon certains savants, celui qui délaisse (tark)les actes extérieurs, tout en fournissant l’attestation de foi, et l’essence de la foi émanant du cœur (asl el imân el qalbî) reste musulman. Est-ce qu’ils sont des murjites ? »

Voici quelle fut sa réponse : « Non, ce sont des traditionalistes ! Selon l’opinion la plus juste qui est imputée à certains savants, l’abandon du jeûne, de l’aumône et du pèlerinage est un péché énorme, mais qui ne fait pas sortir de la religion. Pour d’autres, il relève de la grande mécréance. Pour la prière, celui qui la délaisse sciemment, est un mécréant, selon l’opinion la plus juste, mais pour les autres piliers, il commet une mécréance qui ne fait pas sortir de la religion, soit un grand péché… »[8]




On lui posa juste après la question suivante : « Sheïkh ! Par rapport à la réponse précédente, certains en ont compris qu’en prononçant l’attestation de foi sans faire d’actes, on a une foi faible. Est-ce que cette compréhension est bonne ? »




En réponse : « Oui. En vouant l’unicité sincère et exclusive à Allah, et en donnant foi au Messager d’Allah (r), mais sans verser l’aumône, ni faire le jeûne ni le pèlerinage dans la mesure du possible, on est un désobéissant ayant commis un grand péché et passible d’entrer en Enfer. On ne devient pas pour autant un mécréant, selon l’opinion la plus juste des savants. En revanche, celui qui délaisse sciemment la prière est un mécréant, selon l’opinion la plus juste. »[9]




Dans une autre fatwa, le Sheïkh associe sa voix à lalajna dâima (fatwa n° 1727) à laquelle on posa la question suivante : « Le cas de quelqu’un qui dit : lâ ilâh illâ Allah Mohammed Rasûl Allah, mais sans procurer les quatre piliers (la prière, l’aumône, le jeûne, et le pèlerinage)ni les autres actes réclamés par la religion musulmane ; est-ce qu’il aura droit à l’intercession du Prophète (r)le Jour de la résurrection, de façon à ce qu’il échappe à l’Enfer, ne serait-ce qu’une période limitée ? »




Voici qu’elle fut la réponse : « Celui qui dit : lâ ilâh illâ Allah Mohammed Rasûl Allah, mais qui délaisse les quatre piliers (la prière, l’aumône, le jeûne, et le pèlerinage) en reniant l’aspect obligatoire ne serait-ce que de l’un d’entre eux est un apostat – après avoir été prévenu – à qui on somme de se repentir. S’il s’y soumet, son repentir sera accepté, et il aura droit à l’intercession le Jour de la résurrection, à condition qu’il meure musulman.




Néanmoins, s’il s’entête à les renier, il sera mis à mort par les pouvoirs publics pour apostasie, et il n’aura pas le droit, dans ce cas, à l’intercession du Prophète (r)ni de personne d’autre. L’abandon de la prière à lui tout seul, même mu par la fainéantise et la négligence, relève de la grande mécréance qui fait sortir de la religion, selon l’opinion la plus juste des savants. Que dire alors si on associe à cela, l’abandon des autres piliers ? On sera, à fortiori, privé de toute intercession, en restant ainsi jusqu’à la mort.




Pour certains savants, l’abandon de ses piliers relève de la mécréance mineure (kufr ‘amali)qui ne fait pas sortir du cercle des musulmans. ces derniers estiment que le fautif jouira de l’intercession, bien qu’il commet des grands péchés, à condition, bien sûr, qu’il meure musulman. »




Le Comité permanent de la Fatwa et de la recherche




Président :‘Abd el ‘Azîz ibn Bâz

Vice-président :‘Abd e-Razzâq ‘Afîfî

Membre :‘Abd Allah Qu’ûd

Membre :‘Abd Allah el Ghudayân

































































[1]Masâil el îmân (p. 313).

[2]Voir : Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (7/610-611), et Fath el Bârî d’ibn Rajab (1/22-23).

[3]Sharh el kabîr (3/39).

[4]El insâf

[5]El burhân fî ma’rifa ‘aqâid ahl el adiyân d’Abû el Fadhl ‘Abbâs ibn Mansûr e-Saksakî (p. 35).

[6]Masâil el Imâm Ahmed (2/119).

[7]Voir : aqwâl dhawî el ‘irfân du D. ‘Isâm e-Sinânî (p. 146), et mukhâlafât fî fath el Bârî d’Abd el ‘Azîz e-Shibl (p. 28).

[8]Hiwâr hawl masâil e-takfîr

[9]Hiwâr hawl masâil e-takfîr



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