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ÞÏíã 14 Dec 2014, 08:30 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Ibn Taïmiya et l’istihlâl

Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 1)




Il y a deux passages d’Ibn Taïmiya dont se sert l’adversaire pour justifier le takfîr pour la question du tashrî’. Voyons ce qu’il en est réellement en regard de l’analyse. Voici tout d’abord ces deux passages en question :


• « Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) à régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant.


Toute nation en effet aspire à faire régner la justice qui peut être appréciée, dans certaines éthiques, par l’élite. Bon nombre de communautés affiliées à l’Islam se permettent elles-mêmes de se référer à leurs coutumes qui n’ont aucun lien avec la Révélation, comme les coutumes bédouines ou celles qui sont sous l’autorité d’un chef ; celles-ci pensent qu’il convient de suivre ces conventions aux dépens du Coran et de la sunna. La mécréance correspond exactement à cela. Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage.


Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants... »[1]


• « Allah a ordonné aux musulmans de soulever leurs litiges éventuels à Allah et au Messager à travers le Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du Jugement dernier ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures conséquences],[2] [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges, et qu’ensuite, ils ne soient pas infligés par ton jugement en s’y soumettant totalement].[3]


Allah jure par Lui-même que celui qui n’adhère pas (iltazama) au jugement d’Allah et de Son Messager pour les litiges qui opposent les musulmans, n’a pas la foi. Quant à celui qui adhère intérieurement et extérieurement au jugement d’Allah, mais qui, dans un élan de désobéissance, obéit à ses passions, est considéré comme les autres désobéissants musulmans. »[4]


Intéressons-nous d’abord au premier texte :


1- Il faut savoir qu’ib Taïmiya adhère à la conception des anciens et des savants de aimmat e-da’wa sur la question du kufr dûn kufr dans divers passages de ses ouvrages, dont : « Si, comme le disent les anciens, un individu peut déceler en même temps des signes de la foi et de l’hypocrisie, ou encore comme ils l’établissent également, des signes de la foi et de la mécréance ; il faut savoir qu’il ne s’agit pas de la mécréance qui fait sortir de la religion, comme le révèle ibn ‘Abbâs et ses élèves au sujet du Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[5] Selon ces derniers en effet, ils commettent de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. L’Imam Ahmed ibn Hanbal et d’autres grandes références les ont rejoints dans ce principe. »[6]


2- Il reconnait le principe de l’istihlâl à la façon des anciens et des savants de aimmat e-da’wa. Pour lui, l’istihlâl émane du cœur, comme il le stipule explicitement dans son fameux e-sârim el maslûl, sur lequel je reviendrais in shâ Allah. Il en donne la définition suivante : « … l’istihlâl, c’est de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites. »[7] Dans la même page, il explique qu’à l’unanimité des savants, celui qui commet un péché tout en l’autorisant moralement devient mécréant.[8]


3- C’est de cette façon qu’il faut comprendre les passages dans lesquels il en parle. Nous avons notamment : « À partir du moment où quelqu’un autorise une loi qui est licite à l’unanimité des savants, ou bien une autre qui est illicite à l’unanimité des savants, ou encore qui remplace une loi (tabdîl e-shar’) qui est frappée également d’un consensus est un mécréant apostat à l’unanimité des légistes. C’est pour ce cas que, selon l’une des opinions, le Verset fut révélé : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants]. Cela, étant donné qu’il autorise moralement (istahalla) à ne pas appliquer les lois d’Allah. »[9] Dans un autre passage, il souligne : « En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. »[10]


Il dit également : « Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) à régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant. »[11]


4- Dans le premier texte du point précédent, Sheïkh el Islam utilise le terme tabdîl e-shar’, qui peut porter à confusion. Cependant, tout devient plus clair en revenant à un autre passage de ses ouvrages où il met en lumière ses intentions. Il explique en effet que le terme législation (sharî’a, shar’) revêt trois sens dans l’usage :
  • La Loi révélée (shar’ munazzal) : qui correspond aux enseignements du Prophète (r) auxquels il incombe de se conformer et de punir celui qui les transgresse.
  • La loi interprétée (shar’ muawwal) : qui correspond aux opinions des savants mujtahidîn, comme les fondateurs des quatre écoles ou autre. Il est toléré de suivre ces opinions sans que cela ne prenne un caractère obligatoire ni interdit. il n’est permis à personne d’imposer ou d’interdire aux gens de suivre l’une de ces tendances.
  • La loi changée (shar’ mobaddal) : c’est le fameux tabdîl qui consiste à mentir sur Allah, sur Son Messager, et sur les hommes à travers les faux témoignages, l’injustice éclatante, etc. Quiconque attribue ces choses à la Législation divine devient mécréant, sans contestation possible. C’est le cas de celui qui prétend que le sang et la viande morte sont licites.[12]


5- Qu’entend-t-il par iltazama ou iltizâm dans les deux passages cités en introduction. Le terme iltizâm revient beaucoup dans le vocabulaire des savants. On entend souvent dans le discours d’ibn Taïmiya notamment que toute personne n’adhérant (iltazama) pas à telle chose devient apostate. Certains en ont compris, à l’image de Safar el Hawarî, qu’il s’agissait de délaisser une obligation ou de transgresser un interdit de façon permanente. En parlant d’un fautif éventuel, ils disent qu’il n’est pas multazim. Or, cette conception erronée rejoint exactement celle des premiers kharijites concernant l’auteur d’un grand péché. Nous nous proposons donc de rectifier le tir à travers un certain nombre de points :


A- Dire de quelqu’un qu’il n’est pas multazim ne signifie nullement qu’il délaisse une obligation de façon permanente, contrairement aux idées reçues. Ibn Taïmiya parle de cette réalité au sujet de celui qui ne fait pas la prière. Il explique que l’opinion la plus répandue chez les anciens en commençant par les Compagnons et leurs successeurs, c’est qu’il sort de l’Islam. Or, la divergence porte sur celui qui certes la délaisse, mais qui reconnait son aspect obligatoire, et de surcroit, qui adhère (iltazama) à la faire, bien qu’il soit négligent.[13]


Ainsi, adhérer à une chose ne signifie pas qu’il faille la faire de façon permanente. On peut y adhérer sans pour autant la faire. L’iltizâm est en relation avec le cœur et la croyance non avec les actes. Celui qui n’adhère pas à telle loi avec le cœur devient en effet apostat. C’est ce qui pousse ibn Taïmiya a précisé qu’il existe un iltizâm des actes, bien qu’en lui-même il ne soit pas un paramètre dans la question du takfîr. Juste après le passage précédemment cité, il souligne qu’indépendamment du fait que le fautif ne renie pas le caractère obligatoire (le fameux juhûd) de la prière, il refuse d’adhérer à la faire en étant motivé soit par l’orgueil, soit par la jalousie, soit par la haine d’Allah et de Son Messager. Il reconnait qu’Allah l’a imposée aux musulmans, et que le Messager dit la vérité dans sa transmission du message, mais il refuse (imtana’a) de la faire soit par orgueil, soit par jalousie envers le Messager, soit par chauvinisme envers sa religion, ou soit encore par répulsion envers les enseignements du Messager. Cela relève également de la mécréance à l’unanimité des savants.


Iblîs en effet, n’a pas refusé de se prosterner, car il reniait l’aspect obligatoire de l’ordre qu’il avait reçu ; Allah en effet s’était adressé à lui directement. Cependant, il fut motivé par l’orgueil et l’obstination et rejoignit ainsi les rangs des mécréants.[14]


Il ne s’agit donc pas de ne pas adhérer à une chose dans les actes, mais il faut être motivé en cela par une croyance qui fait sortir de la religion ; soit, l’orgueil, la jalousie, la haine d’Allah et de Son Messager. Ainsi, il devient clair que la mécréance porte sur l’iltizâm du cœur, non sur l’iltizâm des actes.


Or, la question qui se pose d’elle-même ici : quelle est la définition de l’iltizâm ?


Nous pouvons donner en réponse celle que propose l’encyclopédie des légistes, et disant : « L’iltizâm dans l’usage des savants et le vocabulaire des légistes signifie : s’imposer une chose et s’y soumettre. »[15]


À suivre…





















[1] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130).

[2] Les femmes ; 59

[3] Les femmes ; 65

[4] Manhâj e-sunna (5/131).

[5] Le repas céleste ; 44

[6]Majmû’ el fatâwa (7/312) ; ibn Rajab a également un discours qui va dans ce sens dans son fameux fath el Bârî (1/126).

[7] E-sârim el maslûl (3/971). Ibn el Qaïyim a des paroles de ce genre [voir : ighâthat e-lahfân (1/372)].

[8] E-sârim el maslûl (3/971).

[9] Majmû’ el fatâwâ (3/267).

[10] E-sârim el maslûl (2/971).

[11] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130).

[12] Majmû’ el fatâwa (3/268).

[13] Majmû’ el fatâwâ (20/97).

[14] Majmû’ el fatâwâ (20/97).

[15] Mu’ajam lughat el fugahâ (p. 86).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #2  
ÞÏíã 15 Dec 2014, 04:26 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
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ÇÝÊÑÇÖí

Je corrige une erreur qu'on m'a signalée, en sachant qu'on me l'avait déjà montrée par le passé, mais qu'apparemment, je n'avais pas corrigé...

Heureusement qu'elle est passé entre les mailles de ceux qui pêchent en eau trouble, sinon j'aurais passé un mauvais quart d'heure :

L'article dit :

3- C’est de cette façon qu’il faut comprendre les passages dans lesquels il en parle. Nous avons notamment : « À partir du moment où quelqu’un autorise une loi qui est licite à l’unanimité des savants, ou bien une autre qui est illicite à l’unanimité des savants

Alors que la bonne traduction est :

À partir du moment où quelqu’un autorise une loi qui est illicite à l’unanimité des savants, ou bien qui interdit une loi considérée licite à l’unanimité des savants
ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #3  
ÞÏíã 15 Dec 2014, 05:32 PM
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ÇÝÊÑÇÖí





Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 2)




Remarque :
  • Il est possible de s’imposer une chose et de ne pas la faire par orgueil et obstination, comme l’a fait remarquer ibn Taïmiya plus haut. C’est ce qu’on appelle ‘adam el iltizâm, qui en soi est la marque du kufr.
  • Il ne faut pas confondre imtana’a (refuser de faire) et taraka (délaisser ou ne pas faire). Or, selon l’une des tendances des savants, ne pas faire la prière fait sortir de la religion, quand bien même on y adhérerait avec le cœur. La prière fait donc exception, wa Allah a’lam !


B- Dire que l’iltizâm consiste à faire une chose de façon permanente engendre de fausses implications. Cela vaudrait dire en effet qu’il suffit de persister à faire une faute (soit en délaissant une obligation soit en commettant une interdiction à plusieurs reprises) pour sortir de l’Islam. Or, le dogme traditionaliste établit qu’il n’est pas permis de kaffar un adepte de l’Islam pour une faute qu’il a commise, en dehors des annulations de l’Islam, dans la mesure où il ne l’autorise pas moralement. Nous en revenons à l’istihlâl. Selon, ibn ‘Abbâs, il n’y a pas de petit péché avec récidive ni de grand péché avec repentir.[1] Nous avons vu plus haut que selon l’une des opinions des savants, cette règle ne concerne pas la prière.
Nous sommes donc loin de la croyance kharijite qui voue à la mécréance les musulmans auteurs des grands péchés. Je reviendrais sur ces notions, in shâ Allah !


C- Aucun texte du Coran et de la sunna ne vient appuyer l’idée que les fautifs récidivistes sont des apostats. Certains textes, comme le hadîth de la « carte », vont même dans le sens contraire. Le takfîr est un droit réservé à Allah et à Son Messager (r). Les passions et l’excès de zèle n’ont pas leur place dans ce domaine.


6- À la fin du premier texte, une indication de taille a été supprimée. Il s’agit du passage dans lequel il fait allusion au Négus et aux gouverneurs de son genre pour lesquels il consacre une longue analyse dans les pages précédentes. Voici le passage en question : « ou sinon, de simples ignorants. » Mohammed Qutb est probablement l’un des premiers à l’avoir enlevé.[2] Il fut malheureusement imité par la plupart des auteurs de sa tendance qui l’ont suivi.


Voici ce que le passage en entier nous donne :


« Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) à régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant.
Toute nation en effet aspire à faire régner la justice qui peut être appréciée, dans certaines éthiques, par l’élite. Bon nombre de communautés affiliées à l’Islam se permettent elles-mêmes de se référer à leurs coutumes qui n’ont aucun lien avec la Révélation, comme les coutumes bédouines ou celles qui sont sous l’autorité d’un chef ; celles-ci pensent qu’il convient de suivre ces conventions aux dépens du Coran et de la sunna. La mécréance correspond exactement à cela. Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage.


Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, [ou sinon, de simples ignorants]. »[3]


En nous penchant sur l’autre texte proposé en introduction, nous pouvons constater que la main humaine est également intervenue pour nous cacher quelque chose. Texte que je remets ici :


« Allah a ordonné aux musulmans de soulever leurs litiges éventuels à Allah et au Messager à travers le Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures conséquences],[4] [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges, et qu’ensuite, ils ne soient pas infligés par ton jugement en s’y soumettant totalement].[5]


Allah jure par Lui-même que celui qui n’adhère pas (iltazama) au jugement d’Allah et de Son Messager pour les litiges qui opposent les musulmans n’a pas la foi. Quant à celui qui adhère intérieurement et extérieurement au jugement d’Allah, mais qui, dans un élan de désobéissance, obéit à ses passions, est considéré comme les autres désobéissants musulmans. »[6]


Tout d’abord, les deux Versets qu’ibn Taïmiya utilise ne sont pas propres aux gouverneurs. En outre, comme le souligne ibn Taïmiya lui-même, la négation de la foi dont parle le deuxième Verset porte dans ce genre de textes sur kamâl el îmân el wâjib (la foi parfaite imposée).[7] Or, aux yeux des kharijites, elle porte sur asl el îmân (l’essence de la foi).
La preuve, c’est que le passage qui vient juste après et qu’on a peut-être voulu nous cacher nous apprend : « C’est ce genre de Versets que les kharijites utilisent pour kaffar les gouverneurs qui n’appliquent pas les Lois d’Allah. Puis, ils prétendent que leur croyance est conforme à la Loi d’Allah… »[8]


Voici ce que donne le passage en entier :


« Allah a ordonné aux musulmans de soulever leurs litiges éventuels à Allah et au Messager à travers le Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures conséquences],[9] [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges, et qu’ensuite, ils ne soient pas infligés par ton jugement en s’y soumettant totalement].[10]


Allah jure par Lui-même que celui qui n’adhère pas (iltazama) au jugement d’Allah et de Son Messager pour les litiges qui opposent les musulmans n’a pas la foi. Quant à celui qui adhère intérieurement et extérieurement au jugement d’Allah, mais qui, dans un élan de désobéissance, obéit à ses passions, est considéré comme les autres désobéissants musulmans. [C’est ce genre de Versets que les kharijites utilisent pour kaffar les gouverneurs qui n’appliquent pas les Lois d’Allah. Puis, ils prétendent que leur croyance est conforme à la Loi d’Allah…] »[11]


Le plus étonnant, c’est que ce passage vient directement à la suite du premier dont nous avons parlé dans l’introduction.


Voici ce que donne le passage en entier :


« Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) à régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant.
Toute nation en effet aspire à faire régner la justice qui peut être appréciée, dans certaines éthiques, par l’élite. Bon nombre de communautés affiliées à l’Islam se permettent elles-mêmes de se référer à leurs coutumes qui n’ont aucun lien avec la Révélation, comme les coutumes bédouines ou celles qui sont sous l’autorité d’un chef ; celles-ci pensent qu’il convient de suivre ces conventions aux dépens du Coran et de la sunna. La mécréance correspond exactement à cela. Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage.


Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, [ou sinon, de simples ignorants].





Allah a ordonné aux musulmans de soulever leurs litiges éventuels à Allah et au Messager à travers le Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures conséquences],[12] [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges, et qu’ensuite, ils ne soient pas infligés par ton jugement en s’y soumettant totalement].[13]


Allah jure par Lui-même que celui qui n’adhère pas (iltazama) au jugement d’Allah et de Son Messager pour les litiges qui opposent les musulmans n’a pas la foi. Quant à celui qui adhère intérieurement et extérieurement au jugement d’Allah, mais qui, dans un élan de désobéissance, obéit à ses passions, est considéré comme les autres désobéissants musulmans. [C’est ce genre de Versets que les kharijites utilisent pour kaffar les gouverneurs qui n’appliquent pas les Lois d’Allah. Puis, ils prétendent que leur croyance est conforme à la Loi d’Allah…] »[14]


Wa Allah el musta’ân !


À suivre…



[1] Rapporté par ibn Abî Hâtim et ibn Jarîr dans leur tafsîr.

[2] Voir : wâqi’unâ el mu’âsir (p. 330) ; en réalité, avant certains savants de aimmat e-da’wa, comme Hamad ibn ‘Atîq (voir : majmû’ e-tawhîd 413) et Sulaïmân ibn Sahmân (durar e-saniya 10/504) ne l’avaient pas mentionné avant lui.

[3] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130).

[4] Les femmes ; 59

[5] Les femmes ; 65

[6] Manhâj e-sunna (5/131).

[7] Voir : majmû’ el fatâwâ (7/37) et (22/530) ; voir également : el qawâ’id e-nûrâniya (p. 61).

[8] Manhâj e-sunna (5/131).

[9] Les femmes ; 59

[10] Les femmes ; 65

[11] Manhâj e-sunna (5/131).

[12] Les femmes ; 59

[13] Les femmes ; 65

[14] Manhâj e-sunna (5/130-131).
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  #4  
ÞÏíã 16 Dec 2014, 05:44 PM
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Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux



Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 3)


• L’auteur du fameux raf’ e-lâima ‘an fatwâ e-Lajna e-dâima, Mohammed ibn Sâlim e-Dawsârî explique pour sa part, qu’il existe deux sortes d’istihlâl : 1- Ce que j’appelle autoriser moralement un interdit ou rendre licite un interdit, qui consiste à croire qu’un interdit est licite et inversement. 2- Ne pas adhérer (‘adam el iltizâm) à cet interdit.


Pour appuyer son idée, il se réfère à un texte d’ibn Taïmiya que nous reproduisons ici :


« En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. Même chose pour celui qui les autorisent sans que cela se traduise dans la pratique (min ghaïr fi’l). L’istihlâl, c’est, parfois, de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites, et parfois, c’est de ne pas croire qu’Il les a interdites. Le fautif accuse une défaillance au niveau de la foi de la Seigneurie divine (imân bi e-ribûbiya), mais aussi de la mission prophétique (imân bi e-risâla). Dans ce cas, c’est un reniement (jahd) pur, sans n’être basé sur aucune prémisse. D’autres fois, il sait qu’Allah les a interdites et il sait que le Messager interdit uniquement ce qu’Il interdit, mais il refuse d’adhérer (imtinâ’ ‘an iltizâm) à cette interdiction, et renie (‘inâd) l’interdiction en question. Cette forme de mécréance est pire que la précédente. Il peut très bien être convaincu qu’en n’adhérant pas à cette interdiction, il est passible de la punition divine.


En outre, ce refus et cette inacceptation (imtinâ’ wa ibâ) proviennent soit d’une défaillance au niveau de la croyance qui touche à la Sagesse et à la Puissance divine, ce qui revient à démentir (‘adam e-tasdîq) l’un des Attributs d’Allah. Soit, le fautif est motivé, malgré qu’il ne dément aucune chose de la religion, par un esprit de rébellion ou par la recherche d’un intérêt personnel. En réalité, cela relève de la mécréance (…)


Cette forme de mécréance est différente de la première. Celle-ci est reconnue de façon élémentaire par les musulmans. De nombreux passages du Coran condamnent un tel individu à la mécréance et soulignent que son châtiment est pire que le premier. »[1]


Or, ce discours mérite de plus amples explications :






1- Il est vrai qu’ibn Taïmiya conteste aux murjites de confiner le kufr dans le tasdîq ou qawl el qalb, c’est pourquoi, il parle des deux formes de kufr émanant du cœur, soit le juhûd et le ‘inâd. Il suffit de se pencher juste un peu avant le passage précédent pour s’en rendre compte : « Si l’individu commet un péché en étant convaincu (i’tiqâd) qu’Allah le lui a interdit, et en étant convaincu qu’il doit se soumettre aux obligations et aux interdictions d’Allah, il ne devient pas un mécréant. En revanche, en étant convaincu qu’Allah ne le lui a pas interdit, ou que, bien qu’Il reconnaisse cette interdiction, il refuse (imtinâ’) de l’accepter et n’accepte pas (ibâ) de se soumettre à Allah (idh’ân/inqiyâd), il est dans ce cas soit un renieur (jâhid) soit un obstiné (mu’ânid). »


2- Selon certains chercheurs, la différence entre le juhûd, le takdhîb, l’istihlâl, et l’inkâr, est très subtile. C’est la raison pour laquelle, certains savants peuvent utiliser l’un de ces termes pour en désigner un autre. L’essentiel, c’est de savoir que toutes ces formes de kufr touchent au qawl el qalb. Le juhûd est souvent accompagné du ‘inâd qui en fait en est la motivation.[2] Selon ibn Taïmiya, les légistes qui parlent de renier (juhûd) le caractère obligatoire des piliers de l’Islam, font allusion à la fois au takdhîb (en démentant son caractère obligatoire) qui touche au qawl el qalb, et à l’imtinâ’ (refuser) de les reconnaitre et d’y adhérer (iltizâm), et qui touche au ‘amal el qalb.[3] C’est la raison pour laquelle, aux yeux d’ibn Taïmiya, on peut avoir un tasdîq correct, et en même temps être un mécréant, ce que ne conçoivent pas les murjites.


3- Pour mieux comprendre, il serait intéressant de revenir à la définition de la foi au niveau de la Langue. Dans kitab el imân, ibn Taïmiya part dans une longue démonstration pour prouver que la foi n’était pas synonyme de tasdîq, et que le terme lui convenant le mieux était « iqrâr ».


La différence entre l’iman et le tasdîq, c’est que le deuxième touche uniquement au domaine des informations ou des enseignements (khabar), tandis que le premier réclame, en plus de cela, de se soumettre à cet enseignement (inshâ), et qui touche au domaine des commandements (amr). C’est ce qu’on appelle l’iltizâm qui consiste à y adhérer avec le cœur, dans le sens où le cœur s’apaise et se réconforte à l’écoute de cet enseignement (tu-manîna, amn).
La deuxième étape consiste à s’engager (iltazâm) à obéir. On parle pour quelqu’un qui se contente de croire sans s’engager à obéir de tasdîq qui est l’antonyme de takdhîb non d’îmân qui est l’antonyme du kufr au niveau de la Langue.


C'est pourquoi il est plus adéquat de définir la foi par le terme iqrâr qui réclame deux étapes :
  • Le khabar, dans ce sens, il est synonyme du tasdîq et de la shahâda.
  • Insha el iltizâm qui touche au domaine du amr.


Ainsi, la foi touche aux deux domaines : le khabar et l’amr. La foi s’est donc l’iqrâr qui ne se confine pas dans le tasdîq, mais elle renferme le qawl el qalb (tasdîq) et le ‘amal el qalb (el inqiyâd).[4]


4- Nous venons de voir que l’origine de la foi, c’est le tasdîq et l’inqiyâd. En parallèle, l’origine du kufr touche à ses deux domaines, soit au qawl el qalb/’amal el qalb, contrairement à la pensée des murjites, comme le signale à juste titre e-Dawsarî.


Dans le passage qu’il reprend, ibn Taïmiya explique que l’istihlâl au sens strict provient du cœur, et plus exactement du qawl el qalb.


Qu’en est-il alors pour l’iltizâm. Il se charge lui-même d’y répondre un peu avant ce passage, à travers des paroles extraordinaires que voici : « La Parole d’Allah est composée des enseignements (khabar) et des commandements (amr). Les enseignements réclame de croire (tasdîq) aux paroles de l’interlocuteur, et les commandements réclame de s’y soumettre (el inqiyâd et l’istislâm), qui correspond aux actes du cœur (‘amal el qalb), renfermant la soumission totale (khudu’ et inqiyad) aux commandements, même sans les mettre en pratique (in lam yaf’al el ma-mur bihi). En répondant à l’enseignement par le tasdîq et au commandement par l’inqiyâd, on obtient l’origine de la foi dans le cœur, qui n’est autre que l’apaisement (tu-manîna) et l’iqrâr. »[5]


Il explique la page suivante : « La foi est composée des paroles et des actes – je veux dire à l’origine – des paroles du cœur (qawl el qalb) et des actes du cœur (‘amal el qalb). La foi, conformément aux Paroles d’Allah et à Sa Révélation renferme Ses enseignements et Ses commandements. L’individu croit aux enseignements (tasdîq), ce qui va engendrer un état dans le cœur dont l’intensité sera en fonction de l’enseignement. Le tasdîq est une forme de savoir et de qawl. Puis, il se soumet au commandement ; c’est l’inqiyâd et l’istislâm qui est une forme de volonté et d’acte (irâda wa ‘amal). Il ne peut être croyant sans fournir les deux en même temps. En délaissant (taraka) l’inqiyâd, il devient un orgueilleux et compte ainsi parmi les mécréants, quand bien même il fournirait le tasdîq. »[6]


5- Ainsi, on peut adhérer à un enseignement avec le cœur et le délaisser dans les actes. Nous avons vu dans la première partie de l’article qu’Iblîs, n’a pas refusé de se prosterner, car il reniait l’aspect obligatoire de l’ordre qu’il avait reçu ; Allah en effet s’était adressé à lui directement. Cependant, il fut motivé par l’orgueil et l’obstination et rejoignit ainsi les rangs des mécréants.[7] Juste après le passage que Dawsarî utilise, ibn Taïmiya donne plus de précision en disant : « Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’ et l’inqiyâd, qui relève du qawl et du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal. » Il parle pour le premier ‘amal, du ‘amal el qalb, et pour le second, du ‘amal el jawârih.


6- « C’est la raison pour laquelle, explique ibn Taïmiya, juste avant le passage qu’utilise e-Dawsarî, selon les savants, celui qui désobéit à Allah par orgueil, comme Iblis est un mécréant, à l’unanimité. Et celui qui Lui désobéit en ayant succombé à ses passions ne devient pas mécréant pour les traditionalistes. Ce sont les kharijites qui considèrent qu’il est mécréant. Le désobéissant orgueilleux qui reconnait (tasdîq) qu’Allah est Son Seigneur, mais qui ensuite, s’obstine et s’oppose à lui, il remet littéralement en cause son tasdîq. »


7- Nous avons vu également que ‘adam el iltizâm ne consiste pas à persister à faire une faute (soit en délaissant une obligation soit en commettant une interdiction à plusieurs reprises), contrairement à la pensée kharijite.


Ibn Abî Zamanaïn explique à ce sujet : « Tout musulman qui meurt sans s’être repenti de son péché est laissé à l’initiative et à la Volonté du Créateur ; il ne convient à personne de s’ingérer dans les mystères d’Allah et de renier Son destin en prétendant qu’Allah refuse de pardonner à la personne qui persévère dans sa faute de la même façon qu’Il ne châtie pas les repentants ! (Il ne nous appartient pas de nous initier dans cela, gloire à Toi ! Quelle énorme calomnie !)[8] »[9]


Les premiers à considérer que la récidive est synonyme de mécréance, c’est la secte Najdât affiliée aux Kharijites.[10] Ibn Hazm fait la différence entre celui qui s’obstine à ne pas suivre la vérité, après que la preuve céleste soit établie contre lui (iqâma el hujja), sans chercher à s’opposer à Allah et à Son Messager (mu’âridh), en taxant ce dernier de pervers ; et celui qui le fait par opposition. Dans ce dernier cas, c’est un mécréant apostat.[11]


À suivre…


Par : Karim Zentici
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[1] E-sârim el maslûl (p. 521-522).
[2] Voir : nawâqidh el îmân el i’tiqâdiya qui est une thèse universitaire du D. Mohamed el Wuhaïbî (2/57).
[3] Voir : majmû’ el fatâwa (20/97-98).
[4] Voir : majmû’ el fatâwa (7/638)
[5] E-sârim el maslûl (p. 521).
[6] E-sârim el maslûl (p. 522).
[7] Majmû’ el fatâwâ (20/97).
[8] La lumière ; 16
[9] Usûl e-Sunna (p. 257).
[10] Voir Maqalât el Islâmiyîn d’Abû el Hasan el Ash’arî (1/175).
[11] El fisal d’ibn Hazm (3/302).
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ÞÏíã 17 Dec 2014, 11:48 PM
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Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 4)


8- Dawsarî ne donne pas le passage d’ibn Taïmiya en entier. Il met trois petits points de cette façon (…) à la place du passage qu’il n’a pas jugé bon de reproduire. En soi, ce n’est pas un problème, les auteurs le font souvent, à condition de ne pas altérer le texte et les intentions de l’auteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le cas de Dawsarî, mais je dirai qu’il est dommage qu’il n’ait pas pris la peine de donner une indication de taille, sur le sens que donne l’auteur de ce passage à ‘adam el iltizâm.


Voici le texte que cachaient ces trois fameux petits points : « Il reconnait en effet et donne foi à tous les enseignements d’Allah et de Son Messager à la manière des croyants. Cependant, il déteste et arbore ces enseignements, juste parce qu’ils ne vont pas dans le sens de ses passions et ses ambitions. Il dit : je ne les reconnais pas (iqrâr) et je n’y adhère pas (iltizâm). Je déteste leur vérité qui me repousse. » Nous comprenons mieux désormais ce qu’ibn Taïmiya entendait ici par ‘adam el iltizâm.


9- Malheureusement, certains ont compris des paroles de Dawsarî qu’il existait deux sortes d’istihlâl : l’une au niveau du cœur et l’autre au niveau des actes. Celui qui ne reconnaitrait pas la deuxième serait, à leurs yeux, un murji. Rien n’indique explicitement dans ces paroles qu’il rejoint cette idée. C’est pourquoi, il vaut mieux ne pas entrer dans les spéculations, mais une chose est sûre, c’est que tout son discours ne va pas dans ce sens. Au début de sa démonstration en effet, il souligne qu’il existe deux sortes d’istihlâl : 1- Croire qu’un interdit est licite et inversement, ce qui touche au qawl el qalb. 2- Ne pas adhérer (‘adam el iltizâm) à cet interdit, ce qui touche au ‘amal el qalb. Ainsi, ces deux formes d’istihlâl émanent du cœur. Cet argument va donc à l’encontre de ceux qui l’utilisent.


Quant à l’istihlâl des actes, Sheïkh el ‘Uthaïmîn nous en donne le statut : « L’istihlâl : c’est croire qu’une chose interdite par Allah soit autorisée… Quant à l’istihlâl des actes, il faut regarder : par exemple, quelqu’un qui pratique l’usure et qui récidive, il n’est pas considéré mécréant s’il n’est pas convaincu que son acte est licite, étant donné qu’il ne l’a pas autorisé moralement. »[1]


Quant au fait que les actes expriment les intentions, c’est encore un autre sujet, qui ne va pas à l’encontre de notre développement, wa Allah a’lam !


10- Ainsi, en mettant le texte d’ibn Taïmiya en entier, il sera plus facile de deviner ses intentions. Je mets entre crochets les passages que Dawsarî n’a pas repris : « [Si l’individu commet un péché en étant convaincu (i’tiqâd) qu’Allah le lui a interdit, et en étant convaincu qu’il doit se soumettre aux obligations et aux interdictions d’Allah, il ne devient pas un mécréant. En revanche, en étant convaincu qu’Allah ne le lui a pas interdit, ou que, bien qu’Il reconnaisse cette interdiction, il refuse (imtinâ’) de l’accepter et n’accepte pas (ibâ) de se soumettre à Allah (idh’ân/inqiyâd), il est dans ce cas soit un renieur (jâhid) soit un obstiné (mu’ânid).»


C’est la raison pour laquelle, selon les savants, celui qui désobéit à Allah par orgueil, comme Iblis est un mécréant, à l’unanimité. Et celui qui Lui désobéit en ayant succombé à ses passions ne devient pas mécréant pour les traditionalistes. Ce sont les kharijites qui considèrent qu’il est mécréant. Le désobéissant orgueilleux qui reconnait (tasdîq) qu’Allah est Son Seigneur, mais qui ensuite, s’obstine et s’oppose à lui, il remet littéralement en cause son tasdîq.]


En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. Même chose pour celui qui les autorisent sans que cela se traduise dans la pratique (min ghaïr fi’l). L’istihlâl, c’est, parfois, de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites, et parfois, c’est de ne pas croire qu’Il les a interdites. Le fautif accuse une défaillance au niveau de la foi de la Seigneurie divine (imân bi e-ribûbiya), mais aussi de la mission prophétique (imân bi e-risâla). Dans ce cas, c’est un reniement (jahd) pur, sans n’être basé sur aucune prémisse. D’autres fois, il sait qu’Allah les a interdites et il sait que le Messager interdit uniquement ce qu’Il interdit, mais il refuse d’adhérer (imtinâ’ ‘an iltizâm) à cette interdiction, et renie (‘inâd) l’interdiction en question. Cette forme de mécréance est pire que la précédente. Il peut très bien être convaincu qu’en n’adhérant pas à cette interdiction, il est passible de la punition divine.


En outre, ce refus et cette inacceptation (imtinâ’ wa ibâ) proviennent soit d’une défaillance au niveau de la croyance qui touche à la Sagesse et à la Puissance divine, ce qui revient à démentir (‘adam e-tasdîq) l’un des Attributs d’Allah. Soit, le fautif est motivé, malgré qu’il ne dément aucune chose de la religion, par un esprit de rébellion ou par la recherche d’un intérêt personnel. En réalité, cela relève de la mécréance. [Il reconnait en effet et donne foi à tous les enseignements d’Allah et de Son Messager à la manière des croyants. Cependant, il déteste et arbore ces enseignements, juste parce qu’ils ne vont pas dans le sens de ses passions et ses ambitions. Il dit : je ne les reconnais pas (iqrâr) et je n’y adhère pas (iltizâm). Je déteste leur vérité qui me repousse.]


Cette forme de mécréance est différente de la première. Celle-ci est reconnue de façon élémentaire par les musulmans. De nombreux passages du Coran condamnent un tel individu à la mécréance et soulignent que son châtiment est pire que le premier. [Il est dit dans ce registre : « Le Jour de la résurrection, l’homme le plus châtié sera un savant dont le savoir ne lui aura pas été utile. »[2]


Il s’agit d’Iblis et de tous ceux qui suivent ses pas. Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’ et l’inqiyâd, qui relève du qawl et du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal.] »[3]


11- Ainsi, il devient beaucoup plus facile de comprendre les paroles d’ibn Taïmiya disant : « Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage. Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, ou sinon, de simples ignorants. »[4]


Il veut nous dire que ces personnes deviennent mécréantes soit au niveau du qawl el qalb (istihlâl, juhûd, takdhîb,) soit au niveau de ‘amal el qalb (‘inâd, istikbâr, ibâ, imtinâ’, etc.). En sachant qu’un même individu peut renfermer plusieurs annulations de l’Islam à la fois. En outre, il est possible, en autorisant moralement à appliquer des Lois contraires à celles d’Allah, d’être motivé par la non-adhésion du cœur, wa Allah a’lam !


12- L’Imâm Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb a fait un résumé de ce long passage de Manhâj e-sunna. Il en ressort que le Négus n’était pas en mesure de gouverner sur ces sujets par le Coran. De nombreux individus qui sont élus gouverneurs et juges dans les rangs des musulmans et des tatars ne sont pas en mesure de faire appliquer la justice ; en sachant que : [Allah n’impose rien au-dessus des capacités].[5] Ensuite, il met le passage cité ci-dessus : « Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage. Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, ou sinon, de simples ignorants. » Il nous fait comprendre qu’il a déjà fait allusion à ces ignorants en question dans le passage du Négus, et des gouverneurs dans son genre.


Ensuite, il explique que ce sont les kharijites qui utilisent le Verset : [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges…][6] pour kaffar les gouverneurs qui n’appliquent pas les Lois d’Allah. Puis, il nous fait un résumé de ce long exposé en débutant par « Wa el maqsûd ». Il conclut qu’il incombe dans l’absolu de gouverner selon la justice.


Le hukm bi mâ anzala Allah est une forme de justice particulière, il incarne même la plus parfaite forme de justice. Ce hukm incombe à toute la communauté dans les affaires qui touchent à la croyance et dans les affaires pratiques de la religion. Ainsi, celui qui n’y adhère pas (c’est le ‘adam el iltizâm), est un vulgaire mécréant.[7] Il va sans dire que le Négus, qui ne pouvait gouverner selon les Lois d’Allah n’est pas concerné par ce statut. L’essentiel, c’est que sa foi renferme le tasdîq (le qawl el qalb), le khudhû’ et l’inqiyâd (‘amal el qalb).




À suivre…



[1] Voir : el bâb el maftûh (3/97).

[2] Hadîth faible ; il est rapporté par e-Tabarânî dans e-saghîr (1/182-183), selon Abû Huraïra.

[3] E-sârim el maslûl (p. 521-522). La dernière phrase n’est pas précise dans le texte original ; l’auteur dit en effet qui relève de la parole et de la parole. Le contexte laisse à penser que c’est une erreur, wa Allah a’lam !

[4] Manhâj e-sunna (5/130).

[5] La vache ; 286

[6] Les femmes ; 65

[7] Masâil lakhkhasahâ el imâm que renferme majmû’ el mu-allafât (2/2/88-89).
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ÞÏíã 18 Dec 2014, 04:51 PM
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Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 5)


13- Dans l’un de ses ouvrages, Sheïkh Hamad ibn ‘Atîq traite des annulations de l’Islam. La quatorzième consiste à ne pas soumettre ses affaires (tahâkum) au Coran et à la sunna. Pour appuyer ses dires, il reprend en partie le texte d’ibn Kathîr que nous avons utilisé dans le tashrî’,[1] et que voici : « … C’est un livre qui rassemble diverses lois puisées des législations juive, chrétienne et musulmane. Nombre d’entre elles sont le fruit de ses pensées et de ses penchants. Le Yâsiq fut transmis à ses héritiers qu’ils préféraient dans leurs affaires au Livre d’Allah et à la tradition de Son Messager (r). Or, celui d’entre eux qui relève de ce cas, devient un mécréant qu’il incombe de combattre jusqu’à ce qu’il se soumette au Coran et à la sunna. Il n’incombe de rien suivre d’autres dans la moindre des lois. »[2]


Ensuite, il utilise le texte de manhaj e-sunna cité précédemment : « La mécréance correspond exactement à cela. Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage. Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants... »[3] Il s’agit bien en effet de l’istihlâl, en sachant que désormais, nous en pénétrons mieux les contours, qu’Allah soit loué !


Ismâ’îl ibn Ibrahim el Is’ardî, un contemporain, reprend également quasiment mot pour mot le passage de manhaj e-sunna pour parler de l’istihlâl.[4]


Le problème reste de délimiter le sens de hukm et de tahâkum. Dans le v. 44 de la s. el mâida, la phrase est construite de telle façon (avec les ism mawsûl « » et « man »), qu’aucune distinction n’est faite entre les fautifs ni entre les formes de désobéissance. Ibn Hazm explique au sujet des trois Versets de la s. el mâida : « Si les mu’tazilites s’en tiennent à leur raisonnement, ils doivent nécessairement sortir de l’Islam tout désobéissant, tout homme injuste ou pervers, étant donné que l’auteur d’un péché lam yahkum bi mâ anzala Allah. »[5] Selon lui, toute croyance, ou auteur d’une parole ou d’un acte est relativement un hâkim (cela concerne donc les innovateurs).[6] Ibn Taïmiya explique notamment : « Toute personne qui doit trancher entre deux parties prend la place de juge ; cela concerne aussi bien le militaire que l’administrateur des comptes, ou l’employé du service de la morale publique. Les Compagnons considéraient même les enseignants des enfants comme des responsables de l’autorité (hukkâm). »[7]


Sans entrer dans les détails, de façon plus stricte, Sheïkh Mohammed ibn Ibrahim explique que soumettre ses affaires (tahâkum) à des directions non religieuses est propre au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah.[8]


Si cela claire, il faut savoir que lorsque Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb affirme que le gouverneur qui n’applique pas les Lois d’Allah est un taghût,[9] il parle de celui qui le fait avec istihlâl. On interrogea son fils ‘Abd Allah : « Est-il permis de soumettre ses affaires (tahâkum) à une autre référence que le Coran ?
  • Cela n’est pas permis, répondit-il. Celui qui le fait en l’autorisant moralement devient mécréant. »[10]


Nous pouvons mieux comprendre désormais les paroles d’Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan qui ressemblent énormément à celles d’ibn Taïmiya de manhaj e-sunna citées plus-haut, et disant : « … la sunna est venue pour expliquer que l’obéissance doit se faire dans les limites du convenable ; ces limites correspondent aux actes obligatoires et recommandés qu’Allah a imposés et agréés pour Ses serviteurs. Il est cependant interdit de se référer à des jugements qui puisent leur source dans une législation illégitime, et qui vont à l’encontre du Coran et de la sunna, comme les lois grecques, franques, tatares ; tous ces codes qui proviennent de leurs propres réflexions et penchants. Nous pouvons en dire autant des coutumes et des traditions bédouines en usage. Quiconque les autorise moralement (istahalla) dans les affaires de sang ou autre est un mécréant. Allah (I) révèle à ce sujet : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants]. Certains exégètes expliquent au sujet de ce Verset qu’il s’agit ici du kufr dûn el kufr el akbar. Ils en comprennent en effet qu’il englobe également celui qui n’applique pas les lois d’Allah, sans toutefois l’autoriser moralement.


Néanmoins, ils ne contestent pas que son sens général concerne celui qui l’autorise moralement, et qu’il sort ainsi de la religion. »[11]


Dans un autre endroit, il explique : « Tu as évoqué la différence au sujet des bédouins, entre ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer les Lois d’Allah (istihlâl) et ceux qui ne le font pas. Cette tendance est celle qui est en vigueur, et elle est la référence chez les savants. »[12]


En commentaire à ce dernier passage, son élève Sulaïmân ibn Sahmân est encore plus éloquent : « C’est-à-dire : celui qui autorise moralement à ne pas appliquer les Lois d’Allah et qui préfèrent la loi du tâghût à celle d’Allah… celui qui a cette croyance est un mécréant. En revanche, celui qui ne l’autorise pas moralement, qui considère que la loi du tâghût est complètement fausse, et que la Loi d’Allah et de Son Messager incarne la vérité, n’est pas un mécréant et ne sort pas de l’Islam. »[13]


C’est exactement le même discours que celui de Sheïkh ibn Bâz et l’Albânî qui n’ont rien inventé ! Si cela est clair, il s’agit de l’istihlâl quand on parle du hukm shirkî, wa Allah a’lam ! Ce qui est intéressant, c’est que désormais, « grâce » à e-Dawsarî, nous n’aurons plus à nous justifier sur l’istihlâl, qui englobe également les actes du cœur. Ainsi, il ne faudra plus en comprendre que nous confinons le kufr dans le juhûd, wa bi Allah e-tawfîq !


14- La question qui se pose d’elle-même, ici, c’est comment appliquer la règle d’ibn Taïmiya de l’iltizâm pour la question du hukm bi ghaïr mâ anzala Allah ?


Laissons à el Qurtubî le soin d’y répondre : « Là où nous voulons en venir dans cette analyse, c’est que ces Versets s’adressent aux mécréants et aux négateurs. Bien qu’ils aient un sens général, les musulmans n’en sont donc pas concernés. Délaisser (tark) la Loi d’Allah tout en donnant foi à son origine est moins grave que le shirk (association), en sachant qu’Allah (I) révèle : [Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quoi que ce soit, mais il pardonne les péchés moindres à qui Il veut].[14] Ainsi, délaisser le hukm de cette manière est un péché moindre que le shirk à l’unanimité des savants. Il est donc pardonnable, alors que le kufr est impardonnable. Délaisser l’application du hukm n’est donc pas du kufr. »[15] Il explique la page juste avant que ce sont les kharijites qui prennent ce Verset au premier degré.


‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kanânî fut questionné au sujet des trois Versets qui font tant polémiques. Voici quelle fut sa réponse : « Ceux-ci concernent tout ce qu’Allah a révélé, non une partie. Ainsi, celui qui n’applique pas les Lois d’Allah est un kâfir, un zhâlim, et un fâsiq. Quant à celui qui applique les Lois d’Allah dans le domaine du tawhîd et qui délaisse (tark) l’association, puis qui n’applique pas toutes les Lois d’Allah dans le domaine de la Législation, il n’est pas concerné par le statut de ces fameux Versets. »[16]


Des exemples de ce genre, nous pouvons en donner beaucoup.


15- Les savants traditionalistes qui sont venus après ibn Taïmiya établissent la même règle du tasdîq et de l’iltizâm, et dont les termes malheureusement peuvent-être mal interprétés. Je me contente ici de donner qu’un seul exemple. Dans l’un de ses ouvrages, Sheïkh Sa’dî affirme : « En un mot, en démentant (takdhîb) Allah ou en démentant Son Messager dans les enseignements qu’il rapporte, on devient mécréant ; ou bien, en n’adhérant pas (lam yaltazim) aux commandements d’Allah et de Son Messager. Toutes ces choses s’opposent à la foi conformément au Coran et à la sunna. Tous les discours des légistes expliquant en détail les formes d’annulations reconnues de l’Islam reviennent à cette cause. »[17] La cause en question, c’est le takdhîb ou ‘adam el iltizâm. Ainsi, l’ambiguïté que peuvent susciter ces paroles se dissipe, car il veut dire que l’origine du kufr a lieu soit au niveau du qawl el qalb soit au niveau de ‘amal el qalb.


Ainsi, et je conclurai sur ce dernier point, nous pouvons mieux comprendre les paroles d’Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân disant : « Il existe deux sortes de kufr : kufr ‘amal et le kufr juhûd wa ‘inâd qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation.


Cela concerne les Noms du Seigneur, Ses Attributs, Ses Actions, Ses Lois qui ont pour base, Son tawhîd et Son adoration unique sans Lui vouer le moindre associer. Cette forme d’apostasie s’oppose à la foi à tous les niveaux. Concernant le kufr ‘amal, il y a certains actes qui s’opposent à la foi à tous les niveaux, comme se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, tuer voire offenser un prophète. Quant au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah et l’abandon de la prière, ils relèvent du kufr ‘amal non du kufr i’tiqâd. »[18]


Nous avons vu plus haut que le juhûd qui touche au qawl el qalb est souvent accompagné du ‘inâd qui touche au ‘amal el qalb et qui, souvent, en est la motivation.


À suivre…











[1] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...109409520.html

[2] Voir : tafsîr ibn Kathîr (2/88) en commentaire au v. 50 de la s. el mâida.

[3] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130). L’ancien Mufti d’Arabie Saoudite, Mohammed ibn Ibrahim utilise également ce passage d’ibn Kathîr dans e-durar e-saniya (16/211-212).

[4] Tahdhîr ahl el îmân ‘an el hukm bi ghaïr mâ anzala e-Rahmân (p. 141).

[5] El fisal (3/234).

[6] Idem. (3/302).

[7] Majmû’ el fatâwa (18/170).

[8] Fatâwa Mohammed ibn Ibrahim (12/261).

[9] E-durar e-saniya (1/137).

[10] E-durar e-saniya (1/252).

[11] Manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 70-71).

[12] Voir : ‘uyûn e-rasâil (2/605).

[13] Voir : ‘uyûn e-rasâil (2/603).

[14] Les femmes ; 116

[15] El mufhim (5/118).

[16] Voir : tafsîr el baghâwî (3/61).

[17] El irshâd ilâ ma’rifa el ahkâm (p. 210).

[18] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.
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ÞÏíã 19 Dec 2014, 04:52 PM
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…Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 6)


• Parmi les textes d’ibn Taïmiya que l’adversaire utilise dans la question du hukm, nous avons : « Il est connu de façon élémentaire à l’unanimité des musulmans que celui qui permet (sawwa’a) de suivre une autre religion que l’Islam est un mécréant, au même titre que celui qui ne croit au Livre qu’en partie. »[1]


En réponse nous, disons :


Primo : permettre (sawwa’a) est un synonyme d’istihâl.


Secundo : il parle des tatars au sujet desquels il explique : « Ils considèrent l’Islam comme les religions juive et chrétienne. Elles seraient toutes des chemins menant à Allah, à la manière des écoles de figh chez les musulmans. Les avis sont partagés sur la religion qu’ils préfèrent entre les trois. »[2] Il explique plus loin qu’ils élèvent Gengis Khan au même rang que le Prophète (r), avant de conclure : « Il est connu de façon élémentaire à l’unanimité des musulmans que celui qui permet (sawwa’a) de suivre une autre religion que l’Islam est un mécréant, au même titre que celui qui ne croit au Livre qu’en partie. »


Wa Allah a’lam !


Question : qu’en est-il des citoyens qui, soumis aux lois humaines, suivent aveuglément leurs gouverneurs ?


En réponse : en explication au Verset : [Ils ont pris leurs prêtres et leurs moines pour des maitres en dehors d’Allah],[3] ibn Taïmiya explique qu’il existe deux sortes d’obéissance aveugle. Pour la première, il s’agit de les suivre dans le tabdîl. Autrement dit, les suivre dans la croyance que telle interdiction est autorisée ou que telle autorisation est interdite, ce qui est une forme… d’istihlâl. Pour l’autre, il s’agit de les suivre par désobéissance envers Allah, tout en étant convaincu qu’ils enfreignent Ses Lois.[4]


Question : nous avons vu que l’istihlâl se situe au niveau du cœur, mais comment le reconnait-on ou en d’autres termes, comment se matérialise-t-il ?
En réponse : la seule manière de reconnaitre l’istihlâl, c’est de l’entendre verbalement, comme nous l’apprend Sheïkh el ‘Uthaïmîn,[5] et Ahmed e-Najmî.[6] Sheïkh el Fawzân va plus loin en disant qu’il est possible également de le savoir par écrit, en disant par exemple qu’on autorise moralement telle interdiction.[7] Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh explique qu’il existe deux sortes d’istihlâl, c’est ce qu’il appelle istihlâl el fi’l (l’istihlâl des actes) et istihlâl el hukm (l’istihlâl du cœur).[8]


Ainsi, la prononciation verbale de l’istihlâl est la seule cause légale sur laquelle règne un consensus des savants musulmans. Il existe certes certains indices extérieurs qui confirment l’istihlâl, comme refuser par exemple de prier sous la menace de l’épée ou de payer la zakât par la force, ou d’appliquer les Lois d’Allah sous la menace des armées du chef d’État, comme l’a expliqué Sheïkh ibn Bâz à Salmân el ‘Awda et consorts. Ces indices légaux sont approuvés à l’unanimité des savants. Certains savants contemporains comme Sheïkh Mohammed ibn Ibrahim semblent considérer que la législation des lois humaines (qawânîn el wadhiya) est un indice extérieur de l’istihlâl. Or, cette tendance ne fait pas l’unanimité des savants. Dans la même rencontre citée plus-haut, ibn Bâz explique que les implications d’une loi ne font pas loi (lâzim el hukm laïsa bi hukm).


Ainsi, pour une question aussi grave et aussi complexe, il incombe de mettre en avant le principe de précaution qui est chère aux anciens, et de condamner un coupable à l’apostasie uniquement pour les annulations légales qui ont reçu un consensus. Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Le takfîr ne peut s’avérer pour des choses où plusieurs hypothèses sont possibles. »[9] L’Imam ibn ‘Abd el Wahhâb l’avait bien compris, quand il dit qu’il ne kaffar que pour les choses où règne le consensus, en parlant de l’attestation de foi. Il ne le faisait même pas pour le tarik e-salât par fainéantise, bien qu’il existe des textes sur la question, et que la tendance qui penche vers le takfîr est très forte.[10]


Remarque :


Quand les traditionalistes parlent de l’istihlâl dans le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah, cela ne veut pas dire qu’à leurs yeux, toutes les annulations de l’Islam sont soumises à ce paramètre, contrairement aux murjites. En fonction des membres avec lequel il se matérialise, le kufr se divise en effet en trois catégories :
• El kufr el qalbî : qui concerne les éléments de la croyance qui touchent au kufr akbar (comme le reniement, le scepticisme, l’association dans les trois domaines du tawhîd : Rububiya, Ulûliya, el Asmâ wa e-Sifât).
• El kufr el qawlî : qui concerne les paroles et touche aussi bien au kufr akbar qu’au kufr asghar. Il faut savoir ici que les paroles traduisent la croyance. Celui qui apostasie avec la langue apostasie immanquablement avec le cœur, contrairement aux jahmites pour qui les paroles extériorisent la croyance, sans relever du kufr en elles-mêmes ; c’est le dalîl zhâhir. Ainsi, peu importe que celui qui prononce le kufr soit convaincu par ses paroles ou non, étant donné qu’il les a dites en toute âme et conscience (tatâbuq e-zhâhir bi el bâtin). Seul le mukra (qui les prononce sous la contrainte) est excusable.
El kufr ‘amalî : qui concerne les actes et qui se subdivise en :
  • en mukhrij min el milla qui correspond aux actes s’opposant littéralement à la foi (blasphémer, se prosterner devant une idole, uriner sur le Coran),
  • et ghaïri mukhrij min el milla comme le hukm bi ghaïri mâ inzala Allah et târik e-sâlat comme le souligne ibn el Qaïyim.


Ainsi, il est plus précis de classer le kufr de cette façon que de le classer en ‘amalî pour parler du kufr asghar et i’tiqâdî pour parler du kufr akbar étant donné que certains actes du domaine du kufr ‘amalî relèvent du kufr akbar.[11]


Autre remarque :


Parler d’istihlâl dans la question précise du hukm bi ghaïr mâ anzala Allah ne signifie nullement que les traditionalistes confinent le takfîr dans le juhûd (qui relève du qawl el qalb) étant donné notamment, comme nous l’avons vu avec l’analyse de Dawsarî, que l’istihlâl touche également au ‘amal el qalb.


Dernière remarque :


Dans nawâqidh el islâm, L’Imam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb établit que : « Quatrièmement : croire qu’une voie quelconque peut être meilleure que celle du Prophète (r), ou qu’une loi peut être meilleure que la sienne, comme ceux qui préfèrent la loi des taghût à la sienne, relève de la mécréance. »


Ensuite, il explique en conclusion à son épitre : « Il n’y a pas de différence pour ces dix formes d’annulations de la foi, entre celui qui commet l’une d’entre elles sérieusement, par amusement, ou par crainte. Commettre l’une d’entre elles sous la contrainte, est la seule excuse valable. Elles représentent toutes autant qu’elles sont, le plus grand danger qui soit, bien qu’au même moment, elles sont les formes d’apostasie les plus répandues. Le musulman doit donc être sur ses gardes et craindre vivement de sombrer dans l’une d’entre elles. Qu’Allah nous préserve des actes qui entrainent Sa Colère et Son châtiment douloureux ! »


Certains en ont compris que la contrainte est la seule excuse valable dans toutes les formes du hukm bi ghaïr mâ anzala Allah. Or, cette annulation de l’Islam est uniquement liée la croyance (istihlâl, tafdhîl). La contrainte justifiée consisterait à dire ou à écrire sous la contrainte que les lois humaines sont meilleures que les Lois d’Allah. Cependant, et ce point est d’une extrême importance, ibn ‘Abd el Wahhâb lui-même souligne qu’on ne peut contraindre quelqu’un à croire quelque chose. On ne peut que le contraindre à dire ou à faire quelque chose.[12] Ainsi, d’une part, la contrainte dont il parle ne concerne pas l’istihlâl el ‘amalî qui n’est pas une annulation de l’Islam, selon la tendance la plus vraisemblable. D’autre part, la contrainte n’est pas une excuse pour l’istihlâl el qalbî, wa Allah a’lam !



[1] Majmû’ el fatâwa (28/523).

[2] Majmû’ el fatâwa (28/523), pour plus de détails voir également (28/520-528).

[3] Le repentir ; 31

[4] Voir : majmû’ el fatâwâ (7/70).

[5] Silsilat sharh sahîh Muslim (cassette n° 9/b).

[6] El fatâwâ el jaliya ‘an el manâhij e-da’âwiya (1/98-99).

[7] Conférence ayant pour titre : zhâhira e-tabdî’ e-tafsîq wa e-takfîr wa dhâbituhâ.

[8] Conférence ayant pour titre : nawâqidh el îmân ‘inda ahl e-sunna wa el jamâ’a.

[9] Voir : e-sârim el maslûl (3/963).

[10] Voir : e-durar e-saniya (1/102).

[11] Voir : e-takfîr wa dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî

[12] E-durar e-saniya (1/64-65).
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