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ÞÏíã 30 Dec 2014, 05:36 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah

Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 1)


Ibn Taïmiya : « Toute personne qui doit trancher entre deux parties prend la place de juge ; cela concerne aussi bien le militaire que l’administrateur des comptes, ou l’employé du service de la morale publique. Les Compagnons considéraient même les enseignants des enfants comme des responsables de l’autorité (hukkâm). »[1]


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


Introduction


Nous avons pour usage pour les questions touchant à la religion aussi subtiles soient-elles, d’y adhérer pleinement, sans les confronter les unes aux autres ni de faire de parti pris en faveur d’une tendance quelconque. Nous nous contentons de donner raison à chacune d’entre elles pour les points où elles sont conformes à la vérité, et de leur donner tort quand elles se trompent. Nous ne faisons exception dans ce principe à aucune tendance ni aucune opinion. Nous espérons qu’Allah nous maintienne sur cette voie à la vie à la mort, et jusqu’au jour où nous reviendrons vers Lui.[2]


Allah (I) révèle : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au Jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous].[3] Ibn el Qaïyim souligne par rapport à ce Verset : « S’il n’existait pas dans le Livre d’Allah et la Tradition de Son Messager des lois venant trancher entre les différents litiges, et si cela, en outre, n’était pas suffisant, il n’aurait pas été enjoint de s’y référer en cas de litige. Il est impossible qu’Allah (I) ordonne de ramener les litiges à des références non en mesure de les trancher. »[4]


Un autre texte corrobore cette règle : (Voici Mon Chemin droit alors empruntez-le, et ne suivez pas les sentiers qui vous en feront dévier).[5] Ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – fait le commentaire suivant : « Un seul chemin mène à Allah. Il correspond à la Révélation et aux Livres qu’Il a descendus aux envoyés. Il n’est pas possible de parvenir à Lui par un autre chemin. Si les hommes affluaient de toutes les routes et s’ils frappaient à toutes les portes, elles leur seraient toutes obstruées et fermées, à l’exception d’une seule ; celle-ci est reliée et mène directement à Allah. »[6]
En outre, Allah nous a enjoints de nous contenter de suivre les traces des Compagnons, et de respecter fidèlement leurs principes. Il (I) révèle en effet : (Et suis le chemin de celui qui revient à Moi).[7]


L’Imâm Ibn el Qaïyim a dit : « Chaque Compagnon à la vertu de revenir à Allah, il incombe donc de suivre leur chemin. Leurs paroles et leurs croyances caractérisent le mieux leur chemin à suivre. »[8] Le Seigneur (I) a donné Son agrément aux Compagnons et à leurs fidèles successeurs en disant : (Les précurseurs et les premiers parmi les Émigrés, les Auxiliaires, et leurs fidèles successeurs, Allah les agrée et eux l’agréent. Il leur a préparé des jardins en dessous desquels coulent les rivières et où ils demeurent à jamais ; tel est le succès immense).[9]


En dehors des textes nulle parole n’est infaillible


« Ami de Platon, mais encore plus de la vérité. » [Son élève Aristote.] Ibn el Qaïyim aura des paroles de ce genre envers Sheïkh el Islâm… el Harawî.


Ibn el Qaïyim explique : « Il n’incombe nullement à la nation de suivre ou de s’en remettre au jugement de quiconque inaugure un discours et établit des règles en fonction de sa propre compréhension et interprétation. Il importe avant tout d’exposer son discours aux enseignements du Messager. S’il correspond et est conforme à ceux-ci, on peut dans ces conditions témoigner de sa véracité et l’approuver. Sinon, il est impératif de le réfuter et de le rejeter. Dans le cas où on ne peut ni y distinguer la conformité ni la non-conformité, il faudra le laisser en suspens. Quand bien même il serait légitimé de s’en servir comme loi ou comme fatwa, il le serait tout autant de le mettre de côté. »[10]


Le savoir, c’est Allah ou Son Prophète a dit
Puis, les Compagnons, l’indéniable autorité
Non, par insolence, en mettant sur le même rang,
L’opinion d’untel et les dires du Messager !


Ibn el Qaïyim et le ‘udhr bi el jahl


Ibn el Qaïyim souligne que l’iqâma el hujja varie en fonction des époques, des lieux et des personnes.[11]


Malheureusement, le fameux passage de Tarîq el hijrataïn est parfois mal interprété. Ibn el Qaïyim, pourtant, y dévoile ses intentions. Son texte parle d’ahl el fatra, non des musulmans. Texte que je remets ici : « L’Islam, c’est l’unicité d’Allah et Son adoration unique sans lui vouer d’associé ; il consiste également à croire en Allah et à Son Messager (r) et à suivre ses enseignements. Quiconque ne fournit pas cela n’est pas un musulman. Si, certes, il n’est pas un mécréant renieur (kâfir jâhîd), c’est un mécréant ignorant (kâfir jâhil). »[12]


Qu’entend ibn el Qaïyim par kâfir jâhil ? La réponse se trouve deux pages plus loin où l’auteur nous y dévoile ses intentions en ces termes : « Allah (U) ne châtie personne avant l’iqâma el hujja, comme le formule les Versets : [Nous n’allions châtier personne avant d’envoyer un messager],[13] [Des messagers avertisseurs et annonciateurs afin que les hommes ne puissent opposer à Allah aucun argument après leur venue].[14] Nombreux sont les exemples de ce genre dans le Coran qui nous informe que seul celui qui a reçu le message d’un prophète mérite le châtiment dans la mesure où la preuve divine est appliquée contre lui, et qui correspond au pécheur qui reconnait sa faute. »[15]


La page suivante, il explique encore plus en détail : « Deux individus méritent le châtiment : le premier consiste à se détourner de la preuve d’Allah par négligence et à ne pas la vouloir ni la mettre en pratique ni mettre en pratique ce qu’elle implique. Le deuxième consiste à s’en détourner par orgueil après l’avoir reçue et à délaisser ses implications.
Le premier c’est du kufr i’râdh,
Et le second, c’est du kufr ‘inâd.
Quant au kufr el jahl sans que la preuve d’Allah ne soit venue et sans n’avoir la possibilité d’y avoir accès, c’est ce genre de kufr au sujet duquel Allah n’applique pas le châtiment, pas avant que la preuve prophétique ne soit établie. »[16]


Il n’est donc pas question du kufr juhûd, mais du kufr jahl. Dans ce même raisonnement, l’adversaire se sert de certaines paroles de ce même ibn el Qaïyim pour dire que le muqallid (suiveur) ignorant n’est pas excusé par son ignorance. Mais, en réalité, ce même ibn el Qaïyim relativise son discours. Il précise ailleurs en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila, murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[17] Il n’est donc pas question d’une manzila baïna el manzilataïn !


Il distingue donc entre le muqallid ignorant de l’époque de la fatra qui est un kâfir jâhil et le muqallid ignorant parmi les musulmans. Et quand bien même son discours engloberait également les muqallid musulmans, il fait allusion à une catégorie bien déterminée, qui est soit de se détourner de la vérité par négligence comme nous l’avons vu avec le kufr i’râdh et tafrît soit de s’en détourner par orgueil, comme nous l’avons vu avec le kufr ‘inâd. L’élève d’ibn Taïmiya nous met en garde de confondre entre les deux formes de muqallid ; entre celui qui a la possibilité d’apprendre et celui qui n’en a pas la possibilité, ce qui rejoint notre raisonnement.
Il explique que ces deux catégories d’individus existent bel et bien et que le premier n’est en aucun cas excusable.[18] Il explique ailleurs que la deuxième catégorie d’individu a un autre statut.[19] Si c’est un muqallid jâhil, il est effectivement un mécréant qui est excusable dans le sens où le Jour de la résurrection il sera éprouvé pour rejoindre ensuite soit le Paradis soit l’Enfer. Et si c’est un muqallid musulman, il est excusable dans le sens où il ne perd pas son affiliation à la religion (ism) et son statut d’adepte de l’Islam (hukm), wa Allah a’lam !


À suivre…







[1] Majmû’ el fatâwa (18/170).

[2] Ibn el Qaïyim dans el tarîq el hijrataïn (p. 393).

[3] Les femmes ; 59

[4] I’lâm el mawqi’în (1/49).

[5] Le bétail ; 153

[6] E-tafsîr el qaïyim (14-15).

[7] Luqmân ; 15

[8] I’lâm el mawqi’în (4/12).

[9] Le repentir ; 100

[10] Zâd el ma’âd (1/38).

[11] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[12] Tarîq el hijrataïn (p. 411). Mithat ibn el Hasan Âl el farrâj est l’auteur de la recension du livre kitâb mufîd el mustafîd fî kufr târik e-tawhîd de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb. Mu par un certain zèle, ce qui peut être compréhensible, il reproduit les paroles d’ibn el Qaïyim que nous venons de citer, mais il ne fait pas l’effort de tourner les deux pages suivantes, où il aurait découvert pourtant les vraies intentions de l’auteur.

[13] Le voyage nocturne ; 15 voir les tafsîr d’e-Tabarî et d’ibn Kathîr.

[14] Les femmes ; 165 voir les tafsîr d’el Baghawî et de Shanqîtî.

[15] Tarîq el hijrataïn (p. 413).

[16] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[17] El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).

[18] Tarîq el hijrataïn (p. 412).

[19] E-tafsîr el qaïyim (p. 359-360).

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ÞÏíã 31 Dec 2014, 05:46 PM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 2)


Le takfîr des suiveurs des sectes hérétiques


Ibn el Qaïyim précise en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila, murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus, comme nous venons de le voir. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[1] Vu l’importance de ses paroles, je me permets de mettre le passage où il en parle en entier : « La première catégorie : le suiveur ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; ce dernier ne devient ni mécréant ni pervers, et son témoignage n’est pas refusé ; dans la situation où il est incapable d’étudier et de distinguer la bonne voie. Il a le même statut que les gens faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants : [qui n’ont pas trouvé de moyen ni aucun chemin. Ceux-là, Allah peut leur pardonner ; Allah est certes Compatissant et Absoluteur].[2]


La deuxième catégorie : celui qui est capable de se renseigner, de chercher et de trouver la vérité, mais qui, pour une raison ou pour une autre (occupations mondaines, quête de pouvoir de plaisir, et du bien-être, etc.), s’en détourne. Celui-là est concerné par la punition divine en raison de son laisser-aller ; il mérite un péché pour avoir négligé son devoir, car il lui est enjoint de craindre Allah dans la mesure du possible ; ce qu’il n’a pas fait. Son statut est le même que les désobéissants ayant délaissé certaines obligations. Ensuite, il faut voir s’il a un plus grand ascendant pour l’innovation et les passions que la sunna et la bonne direction ; dans ce cas, son témoignage est refusé, sinon, il sera accepté.


La troisième catégorie : celui qui se renseigne, qui recherche et qui est en mesure de trouver la vérité, mais qui la délaisse par suivisme, chauvinisme, ou par animosité envers ses tenants. Au meilleur des cas, celui-ci est considéré comme un pervers. Il peut atteindre le degré de mécréance en regard des différents points de vue et des différentes conclusions. Si, en plus de cela, il compte parmi les prédicateurs, son témoignage, ses fatwas et ses jugements seront refusés, sauf en cas de force majeure ; soit, dans la situation où ce genre d’individus est en surnombre et qu’ils sont en position de force.


Si les juges, les muftis, et les différents témoins proviennent de leurs rangs, il serait très difficile d’en faire abstraction, compte tenu des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrerait. Dans ce cas de figure, nécessité fait loi. »[3]


Les savants de Aimmat e-da’wâ lui concède globalement ce principe


Voir : http://mizab.over-blog.com/article-i...-66689952.html


Mohammed Rashîd Ridâ explique à ce sujet : « La preuve céleste n’est pas établie contre celui qui ne comprend pas la prédication… Cette question fut l’objet d’une divergence entre les grands savants contemporains du Najd lors d’une assemblée de l’Imam ‘Abd el ‘Azîz ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Faïsal Âl Sa’ûd à La Mecque. l’argument le plus fort fut en faveur du Sheïkh ‘Abd Allah ibn Bulaïhid disant qu’il était essentiel de comprendre la preuve céleste afin qu’elle soit établie ; sa présence en elle-même ne suffisait pas si elle n’était pas comprise. Pour appuyer ses dires, ce dernier s’inspira d’un passage d’ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – qui était clair sur la question. Il parvint ainsi à convaincre les autres membres de l’assemblée. »[4]


Il fait certainement allusion au passage de tarîq el hijrataïn précédemment cité et disant que l’iqâma el hujja varie en fonction des époques, des lieux et des personnes. La preuve d’Allah peut ainsi s’appliquer à certaines époques, à certains endroits et contre certaines personnes ; elle ne s’applique pas contre l’enfant, le fou, celui qui a du mal à comprendre le message et qui n’a personne sous la main pour la lui expliquer (ou pour la lui traduire) en termes compréhensibles. Le cas échéant, il est comme le malentendant qui, ne comprenant pas ce qu’on lui dit, compte parmi les quatre catégories qui, le Jour de la Résurrection, auront un prétexte devant Allah.[5]


L’innovation est une forme de tashrî’ et de tabdîl


L’innovation est une forme de tashrî’ et de tabdîl, comme nous l’avons vu avec ibn Taïmiya dans un article précédent.[6] Son élève explique quant à lui que les lois mubaddala des innovateurs et les mauvaises opinions des savants sont pires que les lois abrogées des gens du Livre, qui ont au moins le mérite d’avoir une origine.[7]


Le principe du kufr dûn kufr chez ibn el Qaïyim


« Quant au kufr : il y en a deux sortes : Kufr akbar et kufr asghar. La grande mécréance entraine l’Enfer éternel, et la petite mécréance reste sous la menace de l’Enfer… Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de la plupart des Compagnons au sujet du Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[8] Ibn ‘Abbâs a dit : « Ce n’est pas de la mécréance qui fait sortir de la religion, mais il renferme une mécréance, qui ne consiste pas à mécroire en Allah, et au Jour du jugement dernier. »[9]
Cette opinion est également celle de Tâwûs. ‘Atâ a dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. »[10]


Aux yeux de certains savants, il s’agit de délaisser les Lois d’Allah tout en les reniant (juhûd) ; cette opinion est celle de ‘Ikrima,[11] mais celle-ci n’est pas la plus vraisemblable, étant donné que le juhûd est du kufr en lui-même, qu’on applique les Lois d’Allah ou non.
Pour d’autres, le Verset parle de ceux qui délaissent les Lois d’Allah en totalité. Ils font entrer dans cette conception le tawhîd, et l’Islam ; cette interprétation est celle d‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî ; mais elle aussi invraisemblable que la précédente, étant donné que la menace plane sur la non application de la Loi d’Allah, que ce soit totalement ou partiellement.
Pour d’autres, le Verset concerne tous ceux qui s’opposent sciemment aux textes, sans n’être motivé ni par l’ignorance ni par l’erreur. El Baghawî impute cette exégèse à la grande majorité des savants.
Pour d’autres, il fait allusion aux gens du Livre ; cette tendance est celle notamment de Qatâda, e-Dhahhâq, sauf qu’elle est aussi invraisemblable que les précédentes, car allant à l’encontre de son sens apparent ; on ne peut donc en tenir compte.
Pour d’autres enfin, il s’agit de la mécréance qui fait sortir de la religion.


Or, en réalité, le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah englobe les deux formes de mécréance : majeure et mineure. C’est en fonction de la situation du fautif (hâkim) ; si ce dernier est convaincu qu’il incombe d’appliquer la Loi d’Allah (autre traduction possible : de juger selon la Loi d’Allah ndt.) pour ce cas en particulier, mais l’ayant délaissé par désobéissance, tout en reconnaissant qu’il mérite d’être châtié, dans ce cas c’est de la mécréance mineure.
Néanmoins, s’il est convaincu qu’il n’est pas obligé de l’appliquer, et que la chose est laissé à son initiative, tout en ayant conscience qu’elle est bien d’Allah ; dans ce cas, c’est de la mécréance majeure.
Mais, s’il se trompe ou s’il ignore quelle est la Loi d’Allah pour cette question, il a droit au même statut que ceux qui commettent des simples erreurs.


Là où nous voulons en venir, c’est que tous les péchés relèvent du domaine de la mécréance mineure ; elles vont à l’encontre de la reconnaissance qui impose de se soumettre à l’obéissance d’Allah. Ainsi, soit on est reconnaissant soit on est ingrat (ou mécréant ndt.) soit on est, ni l’un ni l’autre, sur une troisième voie, wa Allah a’lam ! »[12]


« Cette explication est celle des Compagnons qui étaient les plus savants du Livre d’Allah, de l’Islam, de la mécréance, et de ce qu’ils impliquent. Ils sont notre seule référence pour ce genre de questions. Les générations récentes, en effet, qui ont mal compris leur discours se sont divisés en deux groupes :
  • Un groupe qui font sortir de la religion les auteurs des grands péchés, et qui les vouent à l’Enfer éternel.
  • Un groupe qui les considèrent à l’opposé, comme des croyants ayant une foi parfaite.
Les un sont trop rigides et les autres trop laxistes.


Mais, Allah guida les traditionalistes sur la voie du milieu et la meilleure opinion ; ils se situent par rapports aux autres sectes, comme l’Islam par rapport aux autres religions. Il y a donc de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’hypocrisie sans n’être de l’hypocrisie, de l’association sans n’être de l’association, de la perversité sans n’être de la perversité, et de l’injustice sans n’être de l’injustice. »[13] Puis, il rapporta les annales d’ibn ‘Abbâs et de ses élèves que nous avons vu plus haut, dont, surprise des surprise une qui part de Sufiân ibn ‘Uaïyna, selon Hishâm ibn Hujaïr ![14]


« Il existe deux sortes de kufr : Kufr ‘amal et le kufr juhûd wa ‘inâd qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation. Cela concerne les Noms du Seigneur, Ses Attributs, Ses Actions, Ses Lois qui ont pour base, Son tawhîd et Son adoration unique sans Lui vouer le moindre associer.
Cette forme d’apostasie s’oppose à la foi à tous les niveaux. Concernant le kufr ‘amal, il y a certains actes qui s’opposent à la foi à tous les niveaux, comme se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, tuer voire offenser un prophète. Quant au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah et l’abandon de la prière, ils relèvent du kufr ‘amal non du kufr i’tiqâd. »[15]


« Allah appelle mécréant celui qui n’applique pas Ses Lois et Il appelle mécréant celui qui renie (juhûd) Ses Lois, mais ces deux mécréances ne sont pas de la même sorte. »[16] Même discours chez ibn Hajar,[17] Abû ‘Ubaïd el Qâsim ibn Sallâm,[18] ibn Rajab,[19] etc.


• Ibn Abû el ‘Izz s’inspire en partie du passage de Madârij e-sâlikîn d’ibn el Qaïyim cité plus-haut, et pour arriver aux mêmes conclusions.[20]


• ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan s’inspire également du discours d’ibn el Qaïyim pour établir ce principe.[21] Sheïkh el Albânî ramène les paroles d’ibn el Qaïyim qu‘Abd e-Latîf reprend à son compte, puis, il en fait les éloges.[22] Mieux, il explique que le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah peut avoir deux statuts en fonction des cas :
  • Celui de grand péché : c’est le kufr mineur ou le kufr dûn kufr.
  • Celui d’apostasie : c’est le kufr majeur.[23]
Sheïkh ibn Bâz confirme : « Cette opinion est notoire dans les milieux savants. C’est celle qui fut adoptée par ibn ‘Abbâs, Tâwûs, ‘Atâ, Mujâhid, et un certain nombre de savants des nouvelles et des anciennes générations, comme l’évoquent le Hâfizh ibn Kathîr, el Baghawî, el Qurtubî, etc. Ibn el Qaïyim a un discours qui va dans ce sens dans son kitâb e-salât, et Sheïkh ‘Abd e-Lâtif ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan – qu’Allah lui fasse miséricorde – a consacré une risâla intéressante sur le sujet. Celle-ci est imprimée dans le troisième volume du premier recueil de majmû’ e-rasâil. »[24]
Sheïkh el ‘Uthaïmîn signe. Il suffit, pour reprendre ses termes, que de grandes références comme ibn Taïmiya[25] et son élève ibn el Qaïyim[26] aient corroboré le principe du kufr dûn kufr, qui n’est, rappelons-le, pas propre au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah, mais qui s’étale sur de nombreux points de la religion, comme l’a développé en détail ibn el Qaïyim, mais aussi l’Imam ‘Abd e-Lâtif ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.[27]


À suivre…







[1] El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).

[2] Les femmes ; 98

[3] E-turuq el hakamiya (1/255).

[4] majmû’ e-rasâil e-najdiya (5/514-519).

[5] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[6] Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/11/i...-partie-1.html

[7] Voir : i’lâm el mawqi’în (2/57-58) et e-rûh (p. 267).

[8] Le repas céleste ; 44

[9] Une autre version dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. » Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114). Cette annale est rapportée également par e-Thawrî dans son tafsîr (101/241), selon ‘Abd Allah ibn Tâwûs, selon son père, et avec la même voie, e-Tahâwî dans mushkil el âthâr (2/317). La chaine narrative de cette version est authentique ; ses rapporteurs sont crédibles et font partie de la panoplie de Bukhârî et Muslim.

[10] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/159-160/1417, et 4/161/1422), et dans masâil Abî Dâwûd (p. 209), ibn Batta dans el ibâna (2/735/1007, 2/736-737/1011), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 575), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1149/6464), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/165, 166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/43) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).

[11] E-nâsikh wa el mansûkh (p. 75).

[12]Madârij e-sâlikîn (1/335-337).

[13]E-salât wa hukm târikihâ (p. 72-78).

[14] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...-74115854.html

[15] E-salât wa hukm târikihâ (p. 37).

[16] E-salât wa hukm târikihâ (p. 37).

[17] Fath el Bârî (1/406, 12/55, etc.).

[18] El îmân (p. 43).

[19] Jâmi’ el ‘ulûm wa el hikam (1/63).

[20] Sharh el ‘aqîda e-tahâwiya (p. 323-324). Remarque : Ibn el Qaïyim ne veut pas nous dire qu’on ne devient pas mécréant en n’appliquant pas la Loi d’Allah qu’une fois ou deux. Néanmoins, il parle de celui qui n’applique pas sciemment et en pleine connaissance de cause, la Loi d’Allah, dans le sens où il ne l’ignore pas et qu’il a conscience d’aller à son encontre. Ibn el Qaïyim ne fait qu’insister sur point, wa Allah a’lam !

[21] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.

[22] Voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (7/134).

[23] El ‘aqîda e-Tahâwîya sharh wa ta’lîq (p. 40-41).

[24] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (2/326).

[25] Voir notamment majmû’ el fatâwâ (7/312).

[26] Voir : voir madârij e-sâlikîn (1/336) et e-salat wa hukm târikuha (p. 72).

[27] Voir : lettre à Mukhlif.
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ÞÏíã 01 Jan 2015, 06:19 PM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 3)


Définition de l’istihlâl


Dans son fameux e-sârim el maslûl, ibn Taïmiya en donne la définition suivante : « … l’istihlâl, c’est de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites. »[1] Ibn el Qaïyim a des paroles de ce genre.[2]


Comment le reconnait-on ou en d’autres termes, comment se matérialise-t-il ?


En réponse : la seule manière de reconnaitre l’istihlâl, c’est de l’entendre verbalement, comme nous l’apprend Sheïkh el ‘Uthaïmîn,[3] et Ahmed e-Najmî.[4] Sheïkh el Fawzân va plus loin en disant qu’il est possible également de le savoir par écrit, en disant par exemple qu’on autorise moralement telle interdiction.[5] Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh explique qu’il existe deux sortes d’istihlâl, c’est ce qu’il appelle istihlâl el fi’l (l’istihlâl des actes) et istihlâl el hukm (l’istihlâl du cœur).[6]


Ainsi, la prononciation verbale de l’istihlâl est la seule cause légale sur laquelle règne un consensus des savants musulmans. Il existe certes certains indices extérieurs qui confirment l’istihlâl, comme refuser par exemple de prier sous la menace de l’épée ou de payer la zakât par la force, ou d’appliquer les Lois d’Allah sous la menace des armées du chef d’État, comme l’a expliqué Sheïkh ibn Bâz à Salmân el ‘Awda et consorts. Ces indices légaux sont approuvés à l’unanimité des savants.


Certains savants contemporains comme Sheïkh Mohammed ibn Ibrahim semblent considérer que la législation des lois humaines (qawânîn el wadhiya) est un indice extérieur de l’istihlâl. Or, cette tendance ne fait pas l’unanimité des savants. Dans la même rencontre citée plus-haut, ibn Bâz explique que les implications d’une loi ne font pas loi (lâzim el hukm laïsa bi hukm). Il disait en effet que, comme tous les savants, son Sheïkh n’était pas infaillible, et qu’il incombait de soumettre ses opinions aux textes.[7]


Règle en or :


Lorsqu’il existe une divergence entre les anciens qui s’appuient sur des annales authentiques, il faut, aux yeux d’ibn el Qaïyim, se pencher du côté le plus solide pour départager les avis.[8]




Le principe de précaution


Ainsi, pour une question aussi grave et aussi complexe, il incombe de mettre en avant le principe de précaution qui est chère aux anciens, et de condamner un coupable à l’apostasie uniquement pour les annulations légales qui ont reçu un consensus. Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Le takfîr ne peut s’avérer pour des choses où plusieurs hypothèses sont possibles. »[9] Sheïkh Taqî e-Dîn explique également : « De la même façon, le takfîr est un droit qui revient à Allah ; il ne convient de sortir de la religion que celui qui a été désigné en tant que tel par Allah et Son Messager. »[10]
L’Imam ibn ‘Abd el Wahhâb l’avait bien compris, quand il dit qu’il ne kaffar que pour les choses où règne le consensus, en parlant de l’attestation de foi. Il ne le faisait même pas pour le târik e-salât par fainéantise, bien qu’il existe des textes sur la question, et que la tendance qui penche vers le takfîr est très forte.[11]


La position d‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî


E-Sam’ânî : « Ibn ‘Abbâs a dit : « Le Verset concerne les croyants, en parlant du kufr dûn kufr. » Sache que les kharijites l’utilisent pour sortir de l’Islam, selon leurs dires, ceux qui n’appliquent pas la Loi d’Allah. Quant aux traditionalistes, ils ne kaffar pas ceux qui la délaissent (tark).
Le Verset renferme deux interprétations possibles :
  • L’une concerne ceux qui n’appliquent pas la Loi d’Allah en la rejetant, et en la reniant ; ceux-là sont les mécréants.
  • L’autre concerne ceux qui n’appliquent pas la Loi d’Allah en totalité ; ceux-là sont les mécréants, car seuls ces derniers peuvent la délaisser en entière, non le musulman. »[12]


‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî fut questionné au sujet des trois Versets qui font tant polémiques. Voici quelle fut sa réponse : « Ceux-ci concernent tout ce qu’Allah a révélé, non une partie. Ainsi, celui qui n’applique pas les Lois d’Allah est un kâfir, un zhâlim, et un fâsiq. Quant à celui qui applique les Lois d’Allah dans le domaine du tawhîd et qui délaisse (tark) l’association, puis qui n’applique pas toutes les Lois d’Allah dans le domaine de la Législation, il n’est pas concerné par le statut de ces fameux Versets. »[13]


Nous avons vu le passage d’ibn el Qaïyim : « Pour d’autres, le Verset parle de ceux qui délaissent les Lois d’Allah en totalité. Ils font entrer dans cette conception le tawhîd, et l’Islam ; cette interprétation est celle d‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî ; mais elle aussi invraisemblable que la précédente, étant donné que la menace plane sur la non application de la Loi d’Allah, que ce soit totalement ou partiellement. »


Plus loin, il conclut « Or, en réalité, le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah englobe les deux formes de mécréance : majeure et mineure. C’est en fonction de la situation du fautif (hâkim) ; si ce dernier est convaincu qu’il incombe d’appliquer la Loi d’Allah pour ce cas en particulier, mais l’ayant délaissé par désobéissance, tout en reconnaissant qu’il mérite d’être châtié, dans ce cas c’est de la mécréance mineure.
Néanmoins, s’il est convaincu qu’il n’est pas obligé de l’appliquer, et que la chose est laissé à son initiative, tout en ayant conscience qu’elle est bien d’Allah ; dans ce cas, c’est de la mécréance majeure.
Mais, s’il se trompe ou s’il ignore quelle est la Loi d’Allah pour cette question, il a droit au même statut que ceux qui commettent des simples erreurs. »[14]


Remarques


Une même parole utilisée par deux individus différents peut vouloir dire chez l’un la plus grande des vérités, et chez l’autre, le plus grand des mensonges. [Madârij e-sâlikîn d’ibn el Qaïyim (3/521).]


Notons que quand les savants parlent de l’istihlâl ou du juhûd, cela ne veut pas dire que ce sont les seuls annulations possibles dans les questions du hukm bi ghaïr ma anzala Allah, conformément à la règle itlâq el juz ‘ala el kull. Le contraire est aussi valable, on parle alors d’itlâq e-shaï bi ba’dh shu’abihî.[15]
De plus, Quand les traditionalistes parlent de l’istihlâl dans le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah, cela ne veut pas dire qu’à leurs yeux, toutes les annulations de l’Islam sont soumises à ce paramètre, contrairement aux murjites.[16] Que dire alors, si l’on sait que le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah fait sans istihlâl et qui ne renferme aucune annulation de l’Islam relève du domaine des grands péchés, comme nous allons le voir.


Notons également que, comme le souligne ibn el Qaïyim, le juhûd se concrétise de deux façons : soit le juhûd el mutlaq (intégral) en reniant toute la Législation musulmane soit le juhûd muqaïyid (partiel) en reniant une ou plusieurs lois.[17]
En outre, le passage précédent d’ibn el Qaïyim posa problème à certains : « « Il existe deux sortes de kufr : Kufr ‘amal et le kufr juhûd wa ‘inâd qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation. » Il parle de l’origine du kufr qui a lieu soit au niveau du qawl el qalb soit au niveau de ‘amal el qalb. Le juhûd qui touche au qawl el qalb est souvent accompagné du ‘inâd qui touche au ‘amal el qalb et qui, souvent, en est la motivation.[18]
Sheïkh el Islâm utilise le même procédé pour définir l’istihlâl, comme nous l’avons vu dans l’article : Ibn Taïmiya et l’istihlâl. Le kufr juhûd wa ‘inâd est en réalité de deux sortes, le premier touchant au qawl el qalb, et le second au ‘amal el qalb. Sheïkh Hâfizh el Hakamî fait la même classification.[19] Ainsi, Parler d’istihlâl dans la question précise du hukm bi ghaïr mâ anzala Allah ne signifie nullement que les traditionalistes confinent le takfîr dans le juhûd (qui relève du qawl el qalb) étant donné notamment, comme nous l’avons vu dans l’article en question, que l’istihlâl touche également au ‘amal el qalb.


Notons enfin qu’il est possible d’envisager le kufr sous trois angles, d’où les amalgames qui règnent sur le sujet :
  1. En fonction des motivations de la mécréance et qui sont de deux sortes : juhûd et ‘inâd.
  2. En fonction des membres avec lesquels elle se matérialise : le cœur, la langue, et les actes.
  3. En fonction de ses formes qui sont au nombre de six (el inkâr, el juhûd, el ‘inâd, e-nifâq, el i’râdh, e-shakk), comme nous l’avons vu dans un article précédent.[20]


Dans son ouvrage controversé, Khâlid el ‘Anbârî tient compte de ces trois aspects. En cela, il est victime d’une terrible injustice !


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À suivre…







[1] E-sârim el maslûl (3/971).

[2] Voir : ighâthat e-lahfân (1/372).

[3] Silsilat sharh sahîh Muslim (cassette n° 9/b).

[4] El fatâwâ el jaliya ‘an el manâhij e-da’âwiya (1/98-99).

[5] Conférence ayant pour titre : zhâhira e-tabdî’ e-tafsîq wa e-takfîr wa dhâbituhâ.

[6] Conférence ayant pour titre : nawâqidh el îmân ‘inda ahl e-sunna wa el jamâ’a.

[7] majallat el furqân n° 82.

[8] Voir : mukhtasar e-sawâ’iq el mursala (2/262).

[9] Voir : e-sârim el maslûl (3/963).

[10] E-radd ‘alâ el Bakrî (p. 258).

[11] Voir : e-durar e-saniya (1/102).

[12] Tafsîr el Qur-ân (2/42).

[13] Voir : tafsîr el baghâwî (3/61).

[14]Madârij e-sâlikîn (1/335-337).


[15] Voir : e-Takfîr wa Dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

[16] Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/12/i...-partie-1.html

[17]Madârij e-sâlikîn (1/335-337) : El juhûd : consiste à reconnaitre Allah avec le cœur, sans le traduire dans les paroles, comme c’est le cas pour Pharaon. Le kufr juhûd : se divise en deux catégories :
  • en kufr mutlaq qui concerne le tahwîd e-rububiya, les lois d’Allah ou la mission des messagers,
  • et en kufr muqaïyid qui consiste à renier une obligation, un interdit, ou n’importe quel enseignement de la religion.

[18] La nuance entre le takdhîb et le juhûd se résume en deux points :
  • Le kufr juhûd consiste à démentir avec la langue, tout en ayant connaissance de la chose au fond de soi.
  • Le kufr juhûd est alimenté par l’obstination.

Voir : madârij e-sâlikîn d’ibn el Qaïyim (1/367).
[19] A’lâm e-sunna el manshûra (p. 175).

[20] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...115040431.html
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  #4  
ÞÏíã 02 Jan 2015, 01:55 PM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 4)


La position de l’ancien Mufti Mohammed ibn Ibrahim


Même Mohammed ibn Ibrahim, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite (dont la position sur les qawânîn el wadh’iya est connue de tous à travers son fameux tahkîm el qawânîn) adhère au principe de départ établit par ibn el Qaïyim, et dont il se sert en disant : « Allah appelle mécréant celui qui n’applique pas Ses Lois. C’est donc un mécréant dans l’absolu ; soit en faisant du kufr ‘amalî soit en faisant du kufr i’tiqâdî. L’annale d’ibn ‘Abbâs en exégèse à ce Verset et qui est rapporté par la voie de Tâwûs et d’autres expriment que celui qui n’applique pas les Lois d’Allah est un mécréant, soit en faisant du kufr i’tiqâdî qui fait sortir de la religion soit en faisant du kufr ‘amalî qui ne fait pas sortir de la religion. »[1]


5 ans après l’impression de tahkîm el qawânîn, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite donne plus de détails sur ses positions (bien qu’il soit possible, en réalité, qu’elle soit une autre position), à travers une fatwa, qui, elle, est moins célèbre. Il souligne en effet : « De la même manière, il faut mettre en pratique la définition de Mohammed rasûl Allah. Cela consiste à appliquer sa législation, de s’y soumettre, et d’abandonner toutes les législations et les coutumes qui s’y opposent, et pour lesquelles Allah n’a donné aucune autorité. Ces législations qui vouent celui qui les applique en étant convaincu qu’elles conviennent et qu’il est permis de le faire, à la mécréance qui fait sortir de la religion. S’il ne le fait pas par conviction ni en autorisant à le faire, il est coupable d’un mécréance qui relève du kufr ‘amalî et qui donc, ne fait pas sortir de la religion. »[2]


Il reprend exactement le discours de son aïeul ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, l’auteur des paroles : « … la sunna est venue pour expliquer que l’obéissance doit se faire dans les limites du convenable ; ces limites correspondent aux actes obligatoires et recommandés qu’Allah a imposé et agréé pour Ses serviteurs. Il est cependant interdit de se référer à des jugements qui puisent leur source dans une législation illégitime, et qui va à l’encontre du Coran et de la sunna, comme les lois grecques, franques, tatares ; tous ces codes qui proviennent de leur propres réflexions et penchants. Nous pouvons en dire autant des coutumes et des traditions bédouines en usage. Quiconque les autorise moralement (istahalla) dans les affaires de sang ou autre est un mécréant. Allah (I) révèle à ce sujet : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].


Certains exégètes expliquent au sujet de ce Verset qu’il s’agit ici du kufr dûn el kufr el akbar. Ils en comprennent en effet qu’il englobe également celui qui n’applique pas les lois d’Allah, sans toutefois l’autoriser moralement. Néanmoins, ils ne contestent pas que son sens général concerne celui qui l’autorise moralement, et qu’il sort ainsi de la religion. »[3]


Plus récemment, Son petit-fils Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh relativise énormément son discours. Qu’on en juge : « Parmi les tâghût, nous avons les gouverneurs tyrans qui changent (mughaïyr) les Lois d’Allah (Y)… Le gouverneur d’un pays impose par exemple d’effacer du Coran le Verset sur l’intérêt, en changeant ainsi la Loi d’Allah, ou d’enlever l’interdiction de commettre l’adultère que dénotent certains hadîth (…) Il faut bien faire attention au terme « changer » qui est ici synonyme d’abroger une Loi du Coran. Ce cas est différent de celui qui reconnait telle loi, mais qui en applique une autre. Il ne s’agit pas dans ce cas de mughaïyr. Il ne prétend pas abrogé une Loi d’Allah, mais, il se donne des prétextes comme le contexte actuel qui rend l’application de cette loi difficile, etc. Il peut être excusable comme il peut ne pas l’être, c’est en fonction des cas. »


C’est à la lumière de ces explications que nous pouvons comprendre les paroles d’ibn Bâz à qui on posa la question suivante : « Est-il vrai que Mohammed ibn Ibrahim voyaient le takfir des hukkâms, sans faire de détails ?
  • Il voyait le takfîr de tous ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah. ils sont en effet des mécréants. Cette opinion est celle de tous les savants sans exception et disant que ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah sont des mécréants ; et que ceux qui le font en étant motivés par les passions ou pour toute autre raison, sans l’autoriser moralement, dans ce cas, il s’agit du kufr dûn kufr. »[4]


Or, quand bien même, la position de l’ancien Mufti serait la bonne, il n’empêche que ce dernier, au même titre que son petit-fils fait la distinction entre le takfîr el mutlaq et le takfîr el mu’ayyin et condamne fermement l’anarchie.
Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh a reconnu récemment à l’occasion de la soutenance de la thèse ès Doctorat taqrîrât aimmat e-da’wâ fî masâil el îmân dont il fut l’un des membres du jury : « Toutes les déviances auxquelles nous assistons aujourd’hui viennent du problème du hukm bi ghaïr ma anzala Allah ; déviances provenant des mouvements radicaux islamiques (djihadistes, takfiristes), qui perpétuent des attentats et le takfîr des pays musulmans pour défendre leur point de vue sur la question. »


Énigme


Safar el Hawâlî, dont le fameux Zhâhirat el irjâ est devenu le fer de lance de la campagne anti-Albânî, reconnait lui-même la règle d’ibn el Qaïyim. Dans son excellent livre manhaj el ashâ’ira fî el ‘aqîda, qui est une réfutation à Mohammed ‘Alî e-Sâbûnû, il écrit, et cela, bien avant Zhâhirat el irjâ – ce passage ne figure pas dans la seconde édition du livre : « … Cependant, si le terme « kufr » lui-même est utilisé dans les hadîth, sans vouloir parler du grand kufr, comme dans le hadîth : « Offenser un croyant relève de la perversion, et le tuer relève de la mécréance. »[5] ; Que dire alors des termes « fisq » et « dhalâl » qui représentent une moins grande menace que le terme « kufr » ? Pourquoi alors faire une différence entre les textes du Coran et de la sunna ? Les anciens (y) ont pourtant expliqué le Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[6] Il s’agit du kufr dûn kufr ou du kufr qui ne fait pas sortir de la religion.
Dans son livre, e-salât wa hukm târikihâ, ibn el Qaïyim affirme : « Cette opinion est celle de tous les Compagnons sans exception. » Celle-ci est rapportée selon ibn ‘Abbâs parmi les Compagnons, ‘Atâ, Tâwûs parmi les tâbi’îns, Abû ‘Ubaïd, l’Imam Ahmed parmi les successeurs des tâbi’îns. Elle est également rapportée par el Bukhârî dans son sahîh, et d’autres grandes références et une multitude de grands savants que Seul Allah (I) peut dénombrer. »[7]


Certains auteurs contemporains contestent qu’ibn el Qaïyim imputent à tous les Compagnons d’interpréter le v. 44 de la s. el mâida comme étant du kufr dûn kufr. Déjà, dans Madârij e-sâlikîn, ibn el Qaïyim parle de ‘ammat e-sahâba qui peut désigner soit l’ensemble soit tous les Compagnons, et nous avons tenu compte de cette nuance dans notre traduction en disant : « Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de la plupart des Compagnons ». en outre, certains manuscrits démontrent qu’il fait en fait allusion aux compagnons d’ibn ‘Abbâs, non aux Compagnons du Prophète (r), ce qui donnerait en réalité : « Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de tous ses Compagnons. »


Cette correction est d’autant plus logique que certaines annales imputent aux Compagnons un autre discours. Nous avons notamment : Selon Masrûq, j’ai interrogé ibn Mas’ûd au sujet de la corruption dans le hukm. Ce dernier m’a répondu : « C’est la mécréance (el kufr). Puis, il récita [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[8] »[9] Il existe d’ailleurs une annale de ce même ibn Mas’ûd au sujet de ce Verset parlant de l’istihlâl.[10] Il y a également la version où ibn ‘Abbâs parle de juhûd.[11] Par ailleurs, nous avons vu précédemment qu’ibn el Qaïyim évoque une divergence sur l’interprétation du Verset en question. Comment dans ces conditions, les Compagnons pouvaient-ils avoir une position unanime ?


En réponse ou comment on jette un pavé dans la mare


La précision dans les termes d’une citation est de rigueur (surtout quand les imprécisions en déforment le sens), mais, ici, cela ne change rien au raisonnement d’ibn el Qaïyim. En voici la démonstration :


1- Ceux qui mettent en avant cette correction sont les mêmes ou presque qui remettent en question l’authenticité de l’annale d’ibn ‘Abbâs. Or, quand bien même, on le leur concéderait, en sachant qu’ibn el Qaïyim dit le contraire, nous apprenons désormais, grâce à leur exactitude que tous les compagnons d’ibn ‘Abbâs sans exception l’ont reprise à leur compte. Ainsi, il est invraisemblable, ne serait-ce que d’un point de vue purement technique, qu’elle n’ait aucune origine. Merci messieurs !


2- ‘Abd Allah ibn Tâwûs interprète le Verset de la même façon qu’ibn Mas’ûd : « C’est de la mécréance » Sauf qu’après, il ajoute : « mais qui ne consiste pas à mécroire en Allah, Ses anges, Ses Livres et Ses messagers. »[12] Il reprend ainsi la même exégèse que son père,[13] qui rappelons-le, était un Compagnon d’ibn ‘Abbâs, et qui est l’auteur d’une autre version disant : « C’est de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. »[14]


Nous connaissons désormais la position de tous les Compagnons d’ibn ‘Abbâs.


3- Il existe certes une version authentique qui remonte à ibn ‘Abbâs et dont voici l’énoncé : « Il est entaché par la mécréance. »[15] Celle-ci est rapportée par ‘Abd e-Razzâq,[16] selon Ma’mar, selon Tâwûs, selon son père, selon ‘ibn ‘Abbâs. Même constat pour celle que recense Tabarî dans son tafsîr, selon Sufiân, selon Ma’mar ibn Râshid, selon Tâwûs, selon son père, selon ‘ibn ‘Abbâs. Sauf que son énoncé est plus long et met un terme à tout amalgame possible : « Il est entaché par la mécréance, mais qui ne consiste pas à mécroire en Allah, Ses anges, Ses Livres et Ses messagers. »


Si vous en doutez encore, alors je laisse ibn ‘Abbâs vous répondre : « Ce n’est pas la mécréance à laquelle vous pensez. »[17]


Selon une version : « Ce n’est pas la mécréance à laquelle vous pensez, mais il s’agit de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants][18] ; Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance »[19]


Ce même ibn ‘Abbâs dépeint le profil des kharijites en ces termes : « Ils donnent foi aux Versets formels, mais les Versets ambigus les égarent. » Puis, il récita : [personne ne connait leur interprétation en dehors d’Allah. Ainsi que les savants érudits qui disent : nous y donnons foi, tout vient de Notre Seigneur].[20]


De toute façon, quand bien même, lui et ibn Mas’ûd pensait au kufr akbar, cela ne pose aucun problème avec le raisonnement d’ibn el Qaïyim, comme nous allons le voir, mais en attendant :


À suivre…


Par : Karim Zentici
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http://www.mizab.org/








[1] tahkîm el qawânîn (p. 15).
[2] El fatâwa (1/80).
[3] Manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 70-71).
[4] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (28/271).
[5] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.
[6] Le repas céleste ; 44
[7] manhaj el ashâ’ira fî el ‘aqîda (p. 74-75).
[8] Le repas céleste ; 44
[9] Hadîth authentique rapporté par Mussaddad dans son musnad, comme l’auteur d’el matâlib el ‘âliya le mentionne (10/197), et Abû Ya’lâ (9/173-174), ibn Jarîr dans son tafsîr (6/240), e-Tabarânî dans mu’jam el kabîr (9/225-226), el Baïhaqî dans e-sunan el kubrâ (10/139).
[10] Voir : jâmi’ li ahkâm el Qur-ân d’el Qurtubî (6/190).
[11] Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[12] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1420), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1009), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 570), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6435), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/41).
[13] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1420), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1009), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 570), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6435), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/41).
[14] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1418), et dans masâil Abî Dâwûd (p. 209), ibn Batta dans el ibâna (2/735/1006), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 574), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[15] Ta’zhîm qadr e-salât (2/521/570).
[16] Voir : tafsîr ‘Abd e-Razzâq (1/182, n° 713)
[17] rapportée par Sa’îd ibn Mansûr dans son recueil e-sunan (4/1482/749-…), Ahmed dans el îmân (4/160/1419), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1010), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 569), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6434), ibn ‘Abd el Barr dans e-Tamhîd (4/237), el Hâkim dans el mustadrak (2/313), el Baïhaqî (8/20), Sufiân ibn ‘Uyaïna, selon Hishâm ibn Hujaïr, selon Tâwûs, selon ibn ‘Abbâs.
; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114). Il fit cette remarque aux insurgés de Nahrawân qui soutenaient justement que le V. 44 de la s. el mâida faisait allusion au kufr akbar.
[18] Le repas céleste ; 44
[19] Une autre version dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. » Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[20] La famille d’Imrân ; 7 voir : El musannif d’ibn Abî Shaïba (15/313) et e-sharî’a d’el Ajûrrî (1/343).
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  #5  
ÞÏíã 03 Jan 2015, 05:37 PM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 5)


4- Pour revenir à l’annale d’ibn Mas’ûd, sachons qu’à l’unanimité des savants, selon certains auteurs, la corruption (rushwa) dans le hukm relève des grands péchés.[1] El Qurtubî explique que ce sont les kharijites qui kaffar les musulmans n’appliquant pas les Lois d’Allah pour des pots de vins.[2] Un autre consensus établit que l’injustice des gouverneurs relève également des grands péchés, comme le soulignent ibn ‘Abd el Barr[3] et el Qurtubî.[4] Ibn Taïmiya considère notamment la corruption dans le hukm, le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah, et l’injustice envers le peuple comme des péchés.[5]


D’ailleurs, l’autre annale d’ibn Mas’ûd parle de l’istihlâl, comme nous l’avons vu, ou l’art de retourner son argument contre soi.[6] Il s’agit donc de la corruption dans le hukm fait avec… istihlâl, non dans l’absolu ! Et c’est à la lumière de celle-ci qu’il incombe d’orienter ses paroles. Et quand bien même cette annale ne serait pas authentique, nous avons vu précédemment, notamment avec les paroles de Safar el Hawâlî, qu’il n’existe aucune divergence entre les Compagnons sur cette interprétation.


C’est ce qui nous oblige obligatoirement à orienter les paroles de l’Imam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb disant : « Il existe de nombreux tawâghît ; ceux qui nous intéressent ici sont au nombre de cinq, avec à leur tête : Satan, le sultan tyran, celui qui mange la corruption, celui qui reçoit l’adoration sous son consentement, et celui qui fait des œuvres sans n’avoir de science. »[7]


Sulaïmân ibn Sahmân explique en effet : « C’est-à-dire : celui qui autorise moralement à ne pas appliquer les Lois d’Allah et qui préfèrent la loi du tâghût à celle d’Allah… celui qui a cette croyance est un mécréant. En revanche, celui qui ne l’autorise pas moralement, qui considère que la loi du tâghût est complètement fausse, et que la Loi d’Allah et de Son Messager incarne la vérité, n’est pas un mécréant et ne sort pas de l’Islam. »[8] Wa Allah a’lam !


5- Il est complètement en phase avec le passage d’ibn el Qaïyim que nous avons vu plus haut : « Or, en réalité, le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah englobe les deux formes de mécréance : majeure et mineure. C’est en fonction de la situation du fautif (hâkim) ; si ce dernier est convaincu qu’il incombe d’appliquer la Loi d’Allah pour ce cas en particulier, mais l’ayant délaissé par désobéissance, tout en reconnaissant qu’il mérite d’être châtié, dans ce cas c’est de la mécréance mineure.
Néanmoins, s’il est convaincu qu’il n’est pas obligé de l’appliquer, et que la chose est laissé à son initiative, tout en ayant conscience qu’elle est bien d’Allah ; dans ce cas, c’est de la mécréance majeure. »[9]


*6- C’est exactement l’exégèse que retient ibn Jarîr e-Tabarî qui explique dans son tafsîr : « L’opinion la plus proche de la vérité d’après moi, est celle selon laquelle ces versets sont descendus à l’attention des « gens du Livre » infidèles, étant donné que les versets venant avant et après sont tous révélés à leur attention et ceux-ci les concernent. Dans la mesure où le contexte parle d’eux, les Versets en questions ne peuvent que les concerner.
S’il est dit : Allah (U) informe indistinctement que cela touche toute personne qui n’applique pas les lois d’Allah. Comment pouvez-vous dès lors restreindre la chose ?
Nous disons : ce verset concerne indistinctement les membres d’un peuple qui renient les lois d’Allah. Leur statut de mécréant s’applique donc dans la situation où ils ne veulent pas appliquer les lois d’Allah pour les avoir reniées. Cela est valable pour toute personne qui n’applique pas les lois divines en les reniant (juhûd) ; nous la considérons mécréante de la même façon qu’ibn ‘Abbâs. »[10]


C’est exégèse est conforme à l’autre opinion d’ibn ‘Abbâs disant : « En reniant ce qu’Allah a révélé, on devient mécréant, et en le reconnaissant, mais sans l’appliquer, on devient un injuste et un pervers. »[11]


7- Ainsi, s’il existe une divergence sur l’interprétation du v. 44 de la s. el mâida, elle tourne malgré tout autour de deux grands pôles sur lesquels il règne un consensus :
1°) les grands péchés, dont fait partie le hukm bi ghaïr mâ anzala, ne font pas sortir de la religion, sauf :
2°) lorsqu’ils sont fait avec istihlâl. Et, si on aborde le sujet sous cet angle-là, il n’y a donc aucune divergence entre Compagnons sur la chose, ou comment jeter un pavé dans la mare !


Plusieurs savants ramènent l’un ou l’autre consensus, en voici une liste non exhaustive :


• Ibn ‘Abd el Barr : « À l’unanimité des savants, la tyrannie des sultans relève des grands péchés, pour ceux qui les font volontairement et en toute connaissance de cause… »[12]


• El Qurtubî : « Là où nous voulons en venir dans cette analyse, c’est que ces Versets s’adressent aux mécréants et aux négateurs. Bien qu’ils aient un sens général, les musulmans n’en sont donc pas concernés. Délaisser (tark) la Loi d’Allah tout en donnant foi à son origine est moins grave que le shirk (association), en sachant qu’Allah (I) révèle : [Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quoi que ce soit, mais il pardonne les péchés moindres à qui Il veut].[13] Ainsi, délaisser le hukm de cette manière est un péché moindre que le shirk à l’unanimité des savants. Il est donc pardonnable, alors que le kufr est impardonnable. Ainsi, délaisser l’application du hukm n’est pas du kufr. »[14] Il explique la page juste avant que ce sont les kharijites qui prennent ce Verset au premier degré.


Ibn Taïmiya : « Il est connu de façon élémentaire à l’unanimité des musulmans que celui qui permet (sawwa’a) de suivre une autre religion que l’Islam est un mécréant, au même titre que celui qui ne croit au Livre qu’en partie. »[15]


« À partir du moment où quelqu’un autorise une loi qui est illicite à l’unanimité des savants, ou bien qui interdit une loi considérée licite à l’unanimité des savants, ou encore qui remplace une loi (tabdîl e-shar’) qui est frappée également d’un consensus est un mécréant apostat à l’unanimité des légistes. C’est pour ce cas que, selon l’une des opinions, le Verset fut révélé : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[16] Cela, étant donné qu’il autorise moralement (istahalla) à ne pas appliquer les lois d’Allah. »[17]


Dans un autre passage, il souligne : « C’est la raison pour laquelle, selon les savants, celui qui désobéit à Allah par orgueil, comme Iblis est un mécréant, à l’unanimité. Et celui qui Lui désobéit en ayant succombé à ses passions ne devient pas mécréant pour les traditionalistes. Ce sont les kharijites qui considèrent qu’il est mécréant. Le désobéissant orgueilleux qui reconnait (tasdîq) qu’Allah est Son Seigneur, mais qui ensuite, s’obstine et s’oppose à lui, il remet littéralement en cause son tasdîq.
En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. »[18]


Il dit également : « Nul doute que quiconque n’est pas convaincu qu’il incombe d’appliquer les Lois qu’Allah a révélées à Son Messager est un mécréant. Quiconque autorise moralement (istahalla) à régner sur les hommes selon ce qu’il croit être juste, sans se conformer aux Lois d’Allah est un mécréant. »[19]


• C’est dans ce sens-là qu’il incombe d’orienter les paroles de Madârij e-sâlikîn citées plus haut ! « Là où nous voulons en venir, c’est que tous les péchés relèvent du domaine de la mécréance mineure. »


• Ibn Kathîr, même si son passage mérite de plus amples explications : « Tout ceci va à l’encontre des Législations révélées par Allah à Ses serviteurs, les prophètes – que Ses Prières et Son Salut soient sur eux –. Quiconque délaisse la Loi formelle qu’Allah a révélée à Mohammed ibn ‘Abd Allah, le sceau des prophètes, et qui en applique une autre parmi celles qui furent abrogées devient mécréant. Que dire alors de celui qui se soumet à la loi du Yâsiq, et qui la préfère à celle-ci ? Un tel individu devient mécréant à l’unanimité des savants. »[20]


En admettant qu’ibn Kathîr ne veuille pas nous dire cela, alors nous donnons la même réponse que donna ibn Bâz à Salmân el ‘Awda et consorts à son sujet. Ibn Kathîr n’est pas infaillible. Il prononça la même réponse au sujet de son propre Sheïkh Mohammed ibn Ibrahim, comme nous l’avons vu plus haut. Il nous disait en effet que, comme tous les savants, son Sheïkh n’était pas infaillible, et qu’il incombait de soumettre ses opinions aux textes.[21]


Mohammed Rashîd Ridhâ : « Beaucoup de musulmans ont innové des lois et des règlements, à la manière des générations anciennes. En se tournant vers ces législations, ils ont dû délaisser une partie des Lois qu’Allah leur a révélées. Ceux qui délaissent les Lois que le Coran renferme, sans n’être motivé par la moindre interprétation, mais en étant convaincu par la véracité de leur action, sont concernés par les trois Versets en question, ou ne serait-ce qu’en partie. Cela dépend des cas.


Se détourner (a’radha) de la Loi prévue pour le vol, la diffamation, ou l’adultère, car au lieu de s’y soumettre, on les trouve abjectes ; et dans la mesure où on donne la préférence aux réglementations humaines, cela relève de la mécréance (kâfir) sans le moindre doute.


En revanche, en délaissant les Lois d’Allah pour une autre raison, on devient un injuste (zhâlim), dans la situation où on lèse un ayant droit, ou en manquant d’impartialité et d’équité. Sinon, on est un simple pervers (fâsiq).


Nous voyons en parallèle que beaucoup de musulmans religieux considèrent les juges des tribunaux civils, qui s’inspirent du droit séculier, comme des mécréants. Ces derniers prennent au sens littéral le Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[22] Cela implique de vouer à la mécréance le juge qui se réfère au qânûn, les émirs et les sultans, qui eux, ont instauré (ou forgés) ces codes. Bien qu’ils n’aient pas été dictés sous leur connaissance, ils ont reçu leur aval pour être mis en vigueur au niveau du pays. En outre, ce sont eux qui nomment les juges dans le but de les faire appliquer.


Or, aucune grande référence notoire en figh n’a pris ce Verset au sens littéral. Je dirais même que personne ne l’a jamais fait. (sic) »[23]


Cette dernière phrase pose problème. L’auteur veut certainement dire que même les kharijites ne peuvent pas prendre ce Verset au « premier degré ». Cela imposerait en effet que les petits péchés fassent tout autant sortir de la religion. Ce qu’ils ne disent pas, wa Allah a’lam ! Or, selon ibn ‘Abd el Barr : « Certains innovateurs parmi les kharijites et les mu’atazilites se sont égarés dans ce domaine. Ils se sont inspirés de certains Versets du Livre d’Allah qu’il ne faut pas prendre au sens littéral. Des Versets comme : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[24] »[25]


• C’est de ce consensus dont il s’agit dans la fatwâ d’ibn Bâz citée plus haut, et que je reproduis ici : « Est-il vrai que Mohammed ibn Ibrahim voyaient le takfir des hukkâms, sans faire de détails ?
  • Il voyait le takfîr de tous ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah. ils sont en effet des mécréants. Cette opinion est celle de tous les savants sans exception et disant que ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah sont des mécréants ; et que ceux qui le font en étant motivés par les passions ou pour toute autre raison, sans l’autoriser moralement, dans ce cas, il s’agit du kufr dûn kufr. »[26]


Anecdote


Un jour, un homme parmi les kharijites entra chez el Ma-mûn qui l’interrogea : « Qu’est-ce qui t’a poussé à t’opposer à nous ?
  • Un Verset dans le Livre d’Allah.
  • Lequel ?
  • [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[27]
  • Es-tu sûr qu’il fut révélé ?
  • Oui.
  • Quelle en est ta preuve ?
  • Le consensus de la communauté.
  • Hé bien, si tu acceptes le consensus sur sa révélation, alors accepte-le sur son interprétation.
  • Tu as raison ! E-salâm ‘alaïka ô Prince des croyants ! »[28]


À suivre…







[1] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...-66690027.html
http://mizab.over-blog.com/article-l...-66690135.html

[2] Jâmi’ li ahkâm el Qur-ân (6/191).

[3] E-tamhîd (5/74-75).

[4] El mufhim (5/117). D’autres savants rappellent que cette compréhension erronée du Verset est celle des kharijites, comme el Ajurrî dans e-sharî’a (p. 27), el Jassâs dans ahkâm el Qur-ân (2/534), et Abû Hayyân dans el bahr el muhît (3/493).

[5] Majmû’ el fatâwâ (28/343).

[6] Voir : jâmi’ li ahkâm el Qur-ân d’el Qurtubî (6/190).

[7] E-durar e-saniya (1/137).

[8] Voir : ‘uyûn e-rasâil (2/603).

[9]Madârij e-sâlikîn (1/335-337).

[10] jâmi’ el bayân (10/358).

[11] Elle est rapporté par e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166), et ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1142/6426, et 4/1146/6450), selon el Muthanna ibn Ibrâhîm el Âmilî et Abû Hâtim e-Râzî, tous deux selon ‘Abd Allah ibn Sâlih, selon Mu’âwiya ibn Sâlih, selon Alî ibn Abî Talha, selon ibn ‘Abbâs. Sheïkh el Albânî a authentifié la version où il parle de juhûd dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).

[12] E-tamhîd (5/74-75).

[13] Les femmes ; 116

[14] El mufhim (5/118).

[15] Idem.

[16] Le repas céleste ; 44

[17] Majmû’ el fatâwâ (3/267).

[18] E-sârim el maslûl (2/971).

[19] Manhaj e-sunna e-nabawiya (5/130).

[20] El bidâya wa e-nihâya (13/128). Le consensus d’ibn Kathîr porte également sur l’istibdâl, qui est encore autre chose que le tabdîl. Il s’agit pour l’istibdâl de changer toute la religion, et de transformer en premier lieu le tawhîd en shirk, comme le souligne ’Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî, comme nous l’avons vu plus haut.

[21] majallat el furqân n° 82.

[22] Le repas céleste ; 44

[23] Tafsîr el manâr (6/405-406).

[24] Le repas céleste ; 44

[25] E-tamhîd (17/16).

[26] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (28/271).

[27] Le repas céleste ; 44

[28] Rapporté par el Khatîb el Baghdâdî dans târîgh Baghdâd (10/186).
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  #6  
ÞÏíã 04 Jan 2015, 11:34 AM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 6)


8- Ainsi, il n’y a aucun mal à imputer cette opinion à tous les Compagnons à la lumière de l’explication précédente, surtout que Safar el Hawâlî ne s’inspire pas de Madârij e-sâlikîn pour le faire, mais de son autre livre : e-salât wa hukm târikihâ dans lequel il établit : « Cette explication est celle des Compagnons qui étaient les plus savants du Livre d’Allah, de l’Islam, de la mécréance, et de ce qu’ils impliquent. Ils sont notre seule référence pour ce genre de questions. Les générations récentes, en effet, qui ont mal compris leur discours se sont divisés en deux groupes :
  • Un groupe qui font sortir de la religion les auteurs des grands péchés, et qui les vouent à l’Enfer éternel.
  • Un groupe qui les considèrent à l’opposé, comme des croyants ayant une foi parfaite.
Les un sont trop rigides et les autres trop laxistes…»[1]


9- Enfin, quand bien même, pour certains Compagnons, il s’agissait du kufr akbar, ils feraient allusion au juhûd et à l’istihlâl, ce qui, de toute façon, ne convient pas à nos amis, ou comment jeter un pavé dans la mare !


Les gouverneurs ont droit au même voire à un meilleur traitement que les innovateurs


En d’autres termes, ce qui est valable pour les traditionalistes et les innovateurs qui sont mus par l’effort d’interprétation ou les passions, l’est tout autant pour les émirs. Au mieux, ils ne sont pas pires que les pécheurs lambdas.[2]


Ibn el Qaïyim affirme à ce sujet : « En outre, certains partagent le pouvoir en politique et religieux, comme d’autres partagent le culte en vérité spirituelle et religion, ou encore en raison et religion. Or, ce partage n’a aucun sens. En réalité, la politique dans le vrai sens du terme, la spiritualité et la raison se divise en deux : conforme à la vérité ou non. Tout ce qui est conforme à la vérité fait partie de la religion, sans s’inscrire en opposition. De la même façon que tout ce qui n’est pas conforme à la vérité s’oppose à la religion.
Ce point met en lumière l’un des plus principes les plus importants et les plus utiles à connaitre ; celui-ci est fondé sur un seul élément. Soit que la religion de Mohammed (r) dans son ensemble est à même de répondre à tous les besoins des hommes dans le domaine de la connaissance, du savoir et des actes. Le Prophète n’a laissé le sort de sa communauté reposé sur personne après lui. La seule chose dont elle a besoin, c’est qu’on lui transmette ses enseignements. »[3]


Son Sheïkh donne de plus amples explications sur la chose : « Allah envoya aux hommes Mohammed (r) porteur de la bonne direction (hudâ) et de la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière ; et Allah suffit comme témoin ! Son message s’adresse à l’humanité entière : notamment à l’élite parmi les savants et les pieux, mais aussi parmi les émirs. Son Seigneur paracheva Sa religion pour lui et sa communauté ; Il leur eut parfait de Ses bienfaits, et leur agréa l’Islam comme religion.
La bonne direction englobe les sciences utiles et la vraie religion englobe les œuvres pieuses. Les anciens baignaient dans un climat de hudâ et de dîn el haqq, mais, par la suite, l’innovation et la perversité firent leur éclosion. Ainsi, la communauté se divisait désormais entre ceux qui étaient accrochés à la hudâ et à dîn el haqq, et ceux qui en avaient dévié…
Deux sortes d’égarés se dégageaient : l’innovateur dans la religion et le débauché dans le domaine du profane. Et, comme l’affirment el Hasan el Basrî, Sufiân e-Thawrî, et un grand nombre d’anciens, en étant préserver de la tentation de l’innovation et de celle de la vie terrestre, on s’en sort sain et sauf. L’innovation, étant certes plus aimée par Satan que les péchés. La première forme de tentation touche les savants et les religieux et la seconde, les émirs et les riches. C’est ce qui explique l’adage d’un ancien : « Il y a deux catégories d’individus qui, en se réformant, réforment la société : les savants et les émirs. »[4]


Abû Mohammed e-Ramlî décrit l’Imam Ahmed – qu’Allah lui fasse miséricorde – en ces termes : « Qui ressemblait plus que lui aux anciens ? Et qui patientait plus que lui aux tentations de la vie ? Quand l’innovation frappa à sa porte, il la renvoya, et quand la richesse vint à son tour, il la refusa. »[5]
Allah (I) révèle : [Nombreux sont les prêtres et les moines qui mangent impunément l’argent des autres et qui détournent de la voie d’Allah ; quand à ceux qui amassent cupidement l’or et l’argent sans le dépenser sur le sentier d’Allah, annonce-leur un châtiment douloureux].[6]


Ibn el Mubârak disait :[7]


Qui d’autres que les rois ont-ils souillé le culte ?


Ainsi que les mauvais prêtres et les moines


Les gouverneurs parmi les rois et les intendants donnent le nom de politique à leurs méthodes et opposent la religion à la politique sous la devise « religion/politique » ; les savants du kalâm parlent de raisonnement et de scolastique et opposent la religion à la raison sous la devise « religion/raison » ; et les dévots qui mènent une vie austère et les soufis parlent de vérité spirituelle en opposition à la religion, sous la devise « vérité spirituelle/religion.


Chacun préfère au fond de lui son slogan (politique, raison, et vérité spirituelle) que le Livre d’Allah et la Tradition de Son Messager, soit dans les faits, soit dans les faits et la croyance.
À l’opposé, nous avons certains légistes, traditionnistes, des dévots et de nombreux gens simples qui se revendiquent du Coran et de la sunna (la religion), mais sans n’avoir une connaissance suffisante des domaines dont ils ont besoin. L’ignorance grossière dont ces derniers font preuve ou bien la confiance aveugle qu’ils vouent à leurs meneurs éloignent davantage les premiers des textes scripturaires de la religion et qui les prennent moins en considération à cause d’eux. Ainsi, la négligence des uns et l’hostilité des autres ont gravement contribué au déclin de la religion et à la recrudescence de l’innovation. Wa Allah a’lam ! »[8]


On a l’émir qu’on mérite


Ibn el Qaïyim : « La personne au courant de la situation et des mécanismes du monde est consciente que la dégradation qui règne dans le temps, la nature, chez les animaux, et chez les hommes est provoquée par certains événements. Depuis toujours, les œuvres des fils d’Adam qui se rebellent contre les messagers d’Allah sont à l’origine de la dégradation à grande échelle qu’ils subissent ; maladie, peste, pénurie, aridité, privation ou diminution de l’abondance et des fruits de la terre sont autant de fléaux qui les frappent en chaînes. Si ton savoir est limité dans ce domaine, contente-toi alors du Verset : [La corruption s’est répandue sur la terre et la mer en raison des péchés des hommes].[9] Compare entre ce Verset et la situation dans le monde, tu te rendras compte pour quelle raison les fruits, les récoltes et les animaux subissent-ils constamment des fléaux ! Comment ces fléaux sont-ils à l’origine d’autres fléaux qui s’enchaînent les uns à la suite des autres ?


Toutes les fois que les hommes font régner la perversité et l’injustice, Leur Seigneur leur envoie des fléaux qui s’abattent sur leur nourriture, les fruits, le temps, l’eau, leur personne et leur santé. Toute sorte de calamités qui incarnent leurs actes. Auparavant, les graines de blé étaient beaucoup plus grosses qu’aujourd’hui. Selon l’Imam Ahmed, avec sa propre chaîne narrative, on trouva dans les réserves d’un émir de la dynastie omeyyade, un sac de blé dont les graines étaient aussi grosses qu’un noyau de datte et sur lequel était inscrit : ces graines poussaient à l’époque où régnait la justice. L’Imam Ahmed recense cette annale dans son recueil el musnad à la suite d’un hadîth qu’il rapporte.[10]


La plupart des maladies et des grands fléaux qui règnent aujourd’hui sont les traces des punitions célestes qui touchèrent les civilisations anciennes. Ils sont aujourd’hui à l’affut de ceux qui les imitent dans la façon de gouverner et de faire régner la loi et la justice. Le Prophète (r) fait allusion à ce phénomène en parlant de la peste au sujet de laquelle il déclare : « Elle est la trace de l’infamie ou de la punition qui fut envoyée aux enfants d’Israël. »[11] En outre, Allah fit s’abattre un vent foudroyant contre un peuple pendant sept nuits et huit jours. Désormais, la trace de ce vent ou d’autres vents de ce genre nous rappellent cet évènement et nous servent de leçon.


Allah (I) a fait que les œuvres des pieux et des pervers se répercutent inévitablement sur le monde. Ceux qui se privent de faire le bien, l’aumône, et de verset la zakât sont privés de la pluie et sont éprouvés par la pénurie et la sécheresse. Les peuples où les miséreux sont traités injustement, qui trichent dans le poids et la mesure, et où le fort s’acharne contre le faible, ils sont éprouvés par des tyrans qui n’ont aucune pitié envers leurs sujets et qui ne font pas profiter des largesses qu’on leur réclame. En fait, ils incarnent les actes de leurs sujets qui se manifestent dans leur tyrannie. D’autres fois, ce sont les maladies collectives qui incarnent leurs actes, ou encore les peurs et les douleurs qui tracassent leur esprit en permanence. Ils peuvent également être privés des bénédictions du ciel et de la terre. Parfois, ils sont harcelés par les démons qui les entrainent droit vers la punition céleste, afin que se vérifie sur eux le Décret divin, et que chacun soit guidé vers son destin.


L’homme sensé promène son regard à travers tous les coins de la terre pour vérifier cela. Il peut voir ainsi les lieux où la justice et la sagesse d’Allah se sont manifestées. Dès lors, il se rend compte que seuls les prophètes et leurs adeptes suivent le chemin de la délivrance. Quant au reste de l’humanité, ils sont voués à la ruine et se dirigent vers la demeure de la perdition. Allah atteint toujours ce qu’Il veut, personne ne peut contester Son Jugement et s’opposer à Sa Volonté. Certes, Il est Celui qui concède la réussite ! »[12]


De toute façon, la révolte ne rapporte rien de bien ; il faut veiller à l’unité du groupe dans l’intérêt supérieur de la Nation


Ibn el Qaïyim : « Dans la condition où interdire le mal engendre un mal plus grand, et plus détesté pas Allah et Son Messager, il n’est pas pertinent de l’interdire, bien qu’au même moment, Allah déteste et est courroucé contre ses instigateurs. Dans cet ordre, nous avons les rois et les gouverneurs contre qui on prend les armes, sous prétexte d’interdire le mal. Ce genre d’initiative est à la base de tous les maux de la terre jusqu’à la fin du monde. Les Compagnons demandèrent l’autorisation au Messager d’Allah de se révolter contre les émirs qui retardent simplement l’heure de la prière : « Ne devons-nous prendre l’épée contre eux, lui demanda-t-on ?
  • Non, tant qu’ils font la prière. »[13]
Le meilleur des hommes dit également : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer sans jamais sortir sa main de son obéissance. »[14]
En méditant sur tous les troubles, du plus grand au plus petit, qui ont déchiré la Nation à travers l’Histoire, on se rendra compte qu’ils viennent en résultat au non-respect de ce principe, et au manque de patience face au mal. À vouloir absolument l’éradiquer, on engendre un mal encore plus grand. »[15]


Conclusion


Ibn el Qaïyim : « Un ancien a dit : pour tous les commandements qu’Allah impose aux hommes, Satan insuffle deux penchants : soit il insuffle la négligence et le laisser-aller, soit il insuffle l’excès et le rigorisme. Peu lui importe avec lequel des deux il capture les hommes.
La plupart des hommes, à l’exception d’un petit nombre, tombent dans l’un de ces deux pièges. Le trop et le trop peu. Peu d’entre eux se maintiennent sur le chemin que le Messager d’Allah (r) et ses Compagnons empruntaient. » Après avoir dressé de multiples exemples, il – qu’Allah lui fasse miséricorde – poursuit : « Certains gens ont fait preuve de laxisme en prétendant que la foi du plus pervers et du plus tyran des hommes est comme celle de Jibrîl, et Mikâil avant de parler d’Abû Bakr et d’Omar. À l’opposé, certains ont fait preuve d’excès en sortant de la religion l’auteur d’un seul grand péché. »[16]


Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/10/l...-partie-1.html

















[1]E-salât wa hukm târikihâ (p. 72-78).

[2] El ‘Uthaïmîn « Il est possible que l’une des motivations qui poussent à appliquer des législations qui s’opposent à la religion, la menace que certains gens plus puissants font régner sur lui. Il cherche ainsi à se les concilier. C’est pourquoi, nous disons, qu’il n’est pas différent des autre pécheurs qui sont motivés par les mêmes raisons… »

[3] I’lâm el mawqi’în (1014).

[4] Il s’agit de Sufiân e-Thawrî ; cette annale est rapporté par Abû Na’îm dans el hiliya (7/5).

[5] Voir : manâqib el Imâm Ahmed d’ibn el Jawzî (p. 173) ; siar a’lâm e-nubalâ (11/198), et el bidâya wa e-nihâya (14/407) ; il s’agit en fait d’Abû ‘Umaïr ibn e-Nuhhâs e-Ramlî.

[6] Le repentir ; 34

[7] Voir : jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlihi (1/638).

[8] Jâmi’ el masâil n° 18 (42-43) ; Sheïkh el Islam ibn Taïmiya est l’auteur des paroles : « L’idéal se borne à deux éléments : les sciences utiles et les œuvres pieuses. Mohammed (r) fut chargé de transmettre ses deux éléments sous leur meilleure forme. Ils correspondent à la bonne direction (hudâ) et à la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière… La bonne direction c’est les sciences utiles et la vraie religion c’est les œuvres pieuses… » Fin de citation. Plus loin, il enchaine : « Les traditionalistes qui suivent fidèlement les pieux Prédécesseurs ne se prononcent sur aucune chose relevant du domaine de la religion sans s’inspirer du Messager (r) ; soit, conformément aux enseignements du Coran et de la sunna. Quant aux innovateurs, ils ne s’inspirent ni du Coran ni de la sunna et ni des annales remontant aux pieux Prédécesseurs. Ils se tournent plutôt vers la pensée, la langue, et la philosophie. »

[9] Les Romains ; 41

[10] Voir : el Musnad (2/296) ; ce hadîth est également rapporté par ibn Ma’în dans son Târîkh (3897), et par ibn Abî Shaïba (35164).

[11] Rapporté par e-Tirmidhî (1065) avec une chaîne narrative authentique.

[12] Zâd el ma’âd (4/362).

[13] Rapporté par Muslim (1855), selon ‘Awf ibn Mâlik (t).

[14] Rapporté par Ahmed 4/290 (2487), el Bukhârî (7054), et Muslim (55, 1849), avec les termes : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer, car celui qui vient à mourir en s’ayant écarté d’un empan du groupe, meurt à l’état de l’ère païenne. »

[15] I’lâm el mawqi’în (3/15). Il faut notamment allusion au hadîth : Selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar, un jour, le Messager d’Allah (r) s’est présenté à nous pour nous déclarer : « Vous, les muhâjirîns (les émigrés mecquois ndt.) ! Il y a cinq malheurs qui peuvent vous atteindre, et j’implore Allah de vous en préserver : toute communauté où la perversion fait son apparition et où elle se répand ouvertement, celle-ci est frappée par la peste et par les maux qui furent inconnus chez ses ancêtres ; quand elle diminue le poids et la mesure, elle est frappée par la pénurie, la misère extrême et la tyrannie des sultans ; quand elle ne verse pas la zakât, elle se voit interdire la pluie ; si ce n’était la compassion envers les animaux, elle ne la recevrait plus ; quand elle ne respecte pas le pacte d’Allah et celui de Son Messager, elle est envahie par un envahisseur étranger qui s’empare d’une partie de ses richesses ; quand ses chefs ne gouvernent pas d’après le Livre d’Allah et s’ils se détournent de la Révélation, Allah leur fait goûter les guerres intestines. » Rapporté par le recueil d’ibn Mâja (4019) ; sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa recension de ce dernier.

[16] Ighâtha e-lahfân (1/116-117).
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