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ÅÖÇÝÉ ÑÏ
 
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  #1  
ÞÏíã 25 Jun 2011, 03:16 PM
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ÇÝÊÑÇÖí Ibn Taïmiya et les kharijites





Ibn Taïmiya et les kharijites
(Partie 1)


Il y a en effet un signe dans la vie des abeilles ! Qui leur a ordonné de construire les alvéoles en forme hexagonale, imperméable à l’air, sans outil ni ingénieur ! Qui leur a ordonné de construire leur demeure avant de butiner les fleurs ? Qui leur a ordonné de choisir leur demeure dans les montagnes, les arbres, les ruches et les constructions humaines ? Qui les guide dans une organisation aussi parfaite et qui ne tolère aucune anarchie, à tel point que quiconque convoite la place de la reine est immédiatement mis à mort ? [Voir : Miftâh dâr e-sa’âda d’ibn el Qaïyim el Jawziya (2/165-167).]


Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


Les kharijites sont des innovateurs


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « La bid’a(l’innovation ndt.)[1] par laquelle nous pouvons considérer que son auteur est un mubtadi’ (innovateur ndt.)correspond à toute initiative connue chez les savants traditionalistes pour être contraire au Coran et à la sunnaà l’exemple de la bid’ades kharijites, des râfidhites, des qadarites, et des murjites. »[2]


Ibn Taïmiya affirme que les anciens étaient divisés sur le takfîr des kharijites. Si, selon l’opinion la plus probable et à laquelle adhère Ibn Taïmiya, ils restent des musulmans, il n’en demeure pas moins que les anciens sont unanimes à dire qu’il faut les combattre coûte que coûte.[3]


Quelle est la première innovation ?


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – précise à ce sujet : « Puis, à la fin du siècle des Compagnons, les qadaritesont fait leur apparition. Leur incapacité à appréhender correctement le Destin d’Allah et la foi à Ses Commandements (obligations/interdictions)est à l’origine de leur innovation… Auparavant, les kharijitesse sont initiés sur la question du takfîrdes auteurs des grands péchés dans la communauté musulmane qu’ils condamnent à l’Enfer éternel. La polémique a ensuite pris de l’ampleur pour s’étendre aux qadaritesaprès la mort d’el Hasan el Basrî. ‘Amr ibn ‘Ubaïd et ses disciples assument qu’ils ne sont ni des musulmans ni des mécréants, mais qu’ils se trouvent à un état intermédiaire entre ces deux états (manzila baïna el manzilataïn) ; ils méritent, malgré tout, de demeurer éternellement en Enfer. En cela, ils rejoignent la croyance des kharijitesdisant qu’ils demeurent à jamais dans la Géhenne, et qu’ils n’ont aucun lien avec l’Islam et la foi (imân), bien qu’au même moment ils ne portent pas le nom de mécréants. »[4]


Chronologiquement, les murjites sont venus après les kharijites, mais aussi après les qadarites, mais avant les jahmites. Les premiers balbutiements de l’irjâ se firent ressentirent dans la deuxième partie du premier siècle, après la mort d’ibn el Ash’ath, en réaction au kharijisme, à la fin des années 70 plus exactement.[5] La plupart de ses premiers adeptes venaient de Kûfa, mais ils ne comptaient pas parmi les élèves d’ibn Mas’ûd ni de l’Imam Ibrahim e-Nakha’î.[6] Plus une innovation s’éloigne de l’époque des Compagnons plus celle-ci est grave.[7] Ibn Taïmiya explique que les premières innovations étaient plus en adéquation avec les religions juive et chrétienne, plus proches de l’Islam, que celles qui vinrent par la suite.[8]


Les caractéristiques des kharijites


Sheïkh el Islam explique que les kharijites se distinguent par deux caractéristiques :
1- Ils s’insurgent contre les textes et la sunna en inversant les valeurs ; leur père spirituel Dhû el Khuwaïsira e-Tamîmî en est le meilleur exemple, lui qui interpella le meilleur des hommes en ces termes : « Sois juste ! Tu n’as pas été juste.
- Malheur à toi, lui lança-t-il, qui peut se vanter d’être juste si je ne le suis pas. »[9]


2- Ils sortent dans un premier temps, les musulmans de l’Islam à cause de leurs erreurs ou de leurs péchés. Puis, ils légitiment leurs biens et leur sang, et considèrent qu’ils ne vivent pas en terre d’Islam.[10]


Sheïkh el Islam explique : « Les Kharijites ont interprété certains Versets du Coran en fonction de leur croyance et ont considéré mécréante toute personne s’opposant à celle-ci. »[11]


« C'est pourquoi il faut prendre garde à ne pas taxer les musulmans d’apostasie à cause de leurs erreurs ou de leurs péchés, car c’est la première innovation apparue dans l’Islam. Ces adeptes ont exclu les musulmans de la religion et ils se sont légitimés leurs biens et leur sang. »[12]
Il établit également à ce sujet : « À l’origine de leur égarement, nous pouvons constater que, dans un premier temps, ils sont convaincus que les grandes références de la religion et la communauté musulmane ne sont plus crédibles en raison de leur injustice. Ils les voient comme des égarés. Cette vision est caractéristique à tous les opposants à la sunna, parmi notamment les râfidhites. La deuxième étape consiste à faire passer ce qu’ils voient être de l’injustice pour de la mécréance. Puis, par rapport à ce statut, ils mettent en pratique certains principes qu’ils ont innovés. Voici les trois étapes par lesquelles passent ceux qui sortent de la religion (mâriqîn)parmi les harûriteset les râfidhites. »[13]


Ailleurs, il donne d’autres détails : « C’est pourquoi, l’un des principes traditionalistes invite à renoncer à prendre les armes contre les sultans, et à participer à des troubles, contrairement aux mu’tazilites, qui voient en cela, l’un des grands principes de leur religion. »[14]


Le takfîr des opposants et notamment des savants


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya affirme : « Bon nombre d’innovateurs à l’instar des kharijites, râfidhîtes, qadarites, jahmites, mumaththilites(assimilateurs) ont des croyances erronées qu’ils s’imaginent correspondre à la vérité, tout en considérant mécréant quiconque s’oppose à celles-ci. »[15]


Il a dit également : « Les « hérétiques » ont la particularité d’innover des tendances qu’ils considèrent comme les obligations de la religion, voir comme faisant partie intégrante de la foi ; ils taxent de mécréance et légitiment le sang de toute personne qui n’y adhère pas comme c’est le cas des kharijites, des jahmites, des râfidhîtes, des mu’tazilites, etc. À l’inverse, les traditionalistes n’innovent pas de nouvelles idées et ne condamnent pas d’apostasie ceux qui commettent une erreur d’interprétation ou qui sont en désaccord avec eux, bien qu’eux-mêmes se permettent de les condamner d’apostasie et de légitimer leur sang. Les Compagnons n’ont pas sorti les kharijitesde la religion bien que ces derniers ont taxé d’apostasie ‘Uthmân, ‘Ali et tous ceux qui ont reconnu leur autorité (ou qui s’en font les alliés ndt.), et bien qu’ils aient légitimé de verser le sang des musulmans. »[16]


« L’une des pratiques les plus ignobles, c’est de voir les ignorants taxer les savants musulmans d’apostats. Une telle pratique vient à l’origine des kharijiteset des râfidhîtesqui condamnaient les responsables musulmans d’apostats. »[17]


Au cours des lignes où il réfute el Bakrî, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fait le constat suivant : « La voie empruntée par cet homme et tous ceux qui lui ressemblent, est celle des innovateurs qui sont imprégnés à la fois de l’ignorance et de l’injustice. Dans un premier temps, ils innovent une chose allant à l’encontre des Textes du Coran, de la sunna, et du consensus. Ensuite, ils traitent d’apostats tous ceux qui s’opposent à leur innovation.
Quant aux traditionalistes, imprégnés par la foi et la connaissance, ils sont motivés par la science, la justice, et la compassion à l’égard des autres. Ils connaissent la vérité qui leur permet de se conformer au Coran et à la sunnaet de les préserver de la bid’a, mais ils sont justes à l’encontre de leurs opposants et ils ne font nullement preuve d’injustice à leur égard. »[18]


« Les kharijites kaffar la jamâ’a (les traditionalistes ou les musulmans, ou peut-être les Compagnons ndt.), comme les mu’ataziliteset les râfidhites kaffar leurs opposants : au meilleur des cas, ils les considèrent comme des pervers (tafsîq). Ainsi, les gens des passions innovent une tendance et vouent à l’apostasie tous ceux qui s’y opposent. Quant aux traditionalistes, ils suivent la vérité de leur Seigneur qui leur est venu du Messager (r). Ils ne kaffar par leurs opposants ; ils sont les plus savants des hommes, et sont les plus cléments envers les hommes. »[19]


Cette caractéristique est propre aux râfidhites et aux innovateurs en général


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous fait le constat suivant : « Les râfidhîtestaxent de mécréance Abû Bakr, ‘Omar, ‘Uthmân, la majeure partie des muhâjirins (émigrés mecquois)et des ansârs (auxiliaires médinois), et leurs fidèles successeurs, alors qu’Allah les agrée et qu’à leur tour ils L’agréent. Ils ont ainsi sorti de la religion la plupart des adeptes de la communauté de Mohammed parmi les premières et les dernières générations. Ils considèrent comme non musulmane toute personne convaincue qu’Abû Bakr, ‘Omar, les muhâjirins et les ansârssont crédibles et justes, qui les agréent comme Allah les a agréés, ou qui leur implore le pardon d’Allah comme Lui-même a demandé de le faire. Ainsi, ils « excommunient » les grandes autorités de la religion musulmane à l’exemple de Sa’îd ibn el Musaïb, Abû Muslim el Khawlânî, Uwaïs el Qurnî, ‘Ata ibn Abî Rabâh, et Ibrahim e-Nakha’î. Il en est de même concernant Mâlik, el Awzâ’î, Abû Hanîfa, Hammâd ibn Zaïd, Hammâd ibn Salama, e-Thawrî, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, Fudhaïl ibn ‘Iyâdh, e-Sulaïmân e-Dârânî, Ma’rûf el Karkhî, el Junaïd ibn Mohammed, Sahl ibn ‘Abd Allah e-Tusturî, etc.


Ils estiment notamment que ces gens-là sont plus mécréants que les juifs et les chrétiens, car il est plus grave d’avoir renoncé à sa religion que de n’y être jamais entré ; à l’unanimité des savants en effet l’apostat est plus condamnable que le mécréant d’origine. »[20]


À suivre…










[1]Sheïkh Ibrahim e-Ruhaîlî a retenu la définition suivante de l’innovation : c’est toute voie inventée dans la religion qui vient s’opposer à la Législation avec l’intention pour celui qui l’emprunte d'amplifier l’adoration d’Allah.
[2]Majmû’ el fatâwâ(414/35).
[3]Majmû’ el fatâwa (28/512-513, et 13/356).
[4]Majmû’ el fatâwâ (13/36, 37).
[5]Voir : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad (p. 93-101).
[6]majmû’ el fatâwa (13/38).
[7]E-radd ‘alâ el Akhnâî d’ibn Taïmiya (p. 213).
[8]Majmû’ el fatâwâ (8/458).
[9]Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).
[10]Majmû’ el fatâwâ (19/72).
[11]Majmû’ el fatâwâ (20/164), voir également : Dar ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/276).
[12]Majmû’ el fatâwâ (13/31, 3/279, 7/481), voir également : sharh el asfahâniya (p. 225).
[13]Majmû’ el fatâwâ (28/497).
[14]Majmû’ el fatâwâ (28/503).
[15]Majmû’ el fatâwâ (13/466, 467).
[16]Minhâj e-sunna (5/95), voir certains passages importants des paroles de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya allant dans ce sens, dans Majmû’ el Fatâwâ (19/73-75), Minhâj e-Sunna (5/158 et 239, 240), e-Radd ‘ala el Bakrî (2/487-490).
[17]Majmû’ el fatâwa (35/100).
[18]E-radd ‘alâ el Bakrî(2/487-490).
[19]Minhâj e-sunna(5/158).
[20]Majmû’ el fatâwâ(28/477, 478).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #2  
ÞÏíã 26 Jun 2011, 02:53 PM
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Ibn Taïmiya et les kharijites

(Partie 2)




Règle du takfir




Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Le takfîr ne peut s’avérer pour des choses où plusieurs hypothèses sont possibles. »[1] La preuve, comme il le souligne, c’est que celui qui se prosterne devant une idole avec le cœur tourné vers Allah ne devient pas un kâfir, bien que ce soit une bid’a et du shrik asghar.[2]




Selon ibn Taïmiya, il est plus grave d’appliquer les textes de la menace divine (comme la malédiction) à grande échelle que de kaffar les auteurs des grands péchés à la manière des kharijites et des mu’tazilites ;[3] en sachant que le takfîr entre dans le domaine de la menace divine.[4]




Ainsi, selon ibn Taïmiya, il est interdit de taxer un ignorant d’apostat sans auparavant avoir fourni contre lui les preuves prophétiques (el hujja e-risâliya) lui éclaircissant qu’il va à l’encontre de la loi divine. C’est valable pour n’importe quel auteur d’une parole qui, en elle-même, relève de la mécréance. En sachant que certaines hérésies (bid’a) sont plus graves que d’autres et que certains innovateurs ont une foi plus ancrée que d’autres. Personne n’est habilité à taxer de mécréant n’importe quel musulman qui a commis une erreur. Il ne convient pas de le faire avant de lui avoir expliqué son erreur et d’avoir établi toutes les preuves contre lui. Lorsque la foi est avérée chez un individu avec certitude, on ne peut la lui retirer sur une simple suspicion. La seule chose qui permet de le faire, c’est d’établir toutes les preuves contre lui et de dissiper de son esprit toute ambigüité (iqâmat el hujja wa izâlat e-shubha).[5]




Les Textes divins concernant le mauvais devenir de l’homme (wa’îd) et les paroles provenant des grandes références sur les questions du takfîr (taxer quelqu’un d’apostat), dutafsîq(taxer quelqu’un de pervers), et autres, n’impliquent pas qu’ils faillent les appliquer à une personne en particulier sauf si celle-ci répond aux conditions pour le faire et si toute restriction en est exclue.[6]




Ainsi, quelqu’un est susceptible de prononcer une parole qui relève de la mécréance, car il n’a pas en main les textes lui permettant de parvenir à la vérité ; ou bien même en sa possession, il remet en question leur sens ou leur authenticité ; ou il n’est pas en mesure de les comprendre correctement ; ou encore est-il accroché a des arguments ambigus qui font obstacle à la bonne compréhension et qui font qu’il est excusable. Allah pardonne au croyant qui qu’il soit, lorsqu’il commet une erreur malgré ses efforts à la recherche de la vérité. Il n’y a pas de différence en cela, entre les questions théoriques (usûl ndt.)ou pratiques (furû’ ndt.) ; cette tendance est celle des Compagnons et de la plupart des grandes références de l’Islam.[7] Allah ne tient pas rigueur de l’erreur et de l’oubli et l’état de mécréance ne peut être constaté avant l’étape d’éclaircissement ou avant d’en fournir les preuves.[8]




Il affirme notamment : « Celui qui fait une mauvaise interprétation des textes, mais dont les intentions sont de suivre scrupuleusement le Messager (r), il ne devient pas mécréant ni pervers, s’il se trompe à la suite d’un effort d’interprétation. Ce principe est notoire pour les questions pratiques (furû’ ndt.). Quant aux questions liées au dogme (usûl ndt.), bon nombre de gens ne donnent pas d’excuse à celui qui se trompe dans ce domaine. Or, cette tendance n’est connue par aucun Compagnon ni par leurs fidèles successeurs ni par les grandes références de l’Islam.Elle prend son origine chez les innovateurs qui innovent des principes et qui sortent de l’islam tous ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, à l’image des kharijites, des mu’atazilites, et des jahmites. Bon nombre d’adeptes des quatre écoles l’ont adoptée, comme certains malikites, certains shafi’ites, certaines hanbalites, et d’autres. »[9]




Pourquoi l’Islam condamne-t-il le khurûj ?




Selon la règle : il est plus important de parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages




Les preuves textuelles venant corroborer cette règle




1- le Verset suivant : (N’insultez pas ceux qui invoquent une fausse divinité, car leur animosité va les pousser à insulter Allah sans se fonder sur aucun savoir).[10] Allah interdit de s’en prendre aux idoles qui a pourtant l’avantage d’irriter les païens. Le but, c’est de ne pas les pousser au blasphème. Il faut mieux éviter qu’ils blasphèment que de dénigrer leurs faux dieux.




2- Selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –, le Prophète (r) a dit notamment : « Si ton peuple ne s’était pas récemment converti, j'aurai fait détruire la Ka’ba(la Maison sacrée ndt.)pour lui réinsérer la partie qui lui a été enlevée, et je l’aurais mise à même le sol…»[11] Ce hadîth confirme la règle étant donné que le Prophète (r) a renoncé à la reconstruction du Temple d’après les fondations d’Ibrahim (r) – ce qui en soi est un avantage – pour parer à un inconvénient. Autrement dit, il ne voulait pas faire fuir les gens de l’Islam ni pousser les novices à apostasier. Il (r) a donc tenu compte des inconvénients qui étaient prépondérants aux avantages.




3- Le Prophète (r) n’a pas tué les hypocrites, bien qu’il y ait un intérêt à le faire, car il ne voulait pas faire fuir les gens susceptibles de penser qu’il éliminait ses propres adeptes.




4- Il (r)a notamment interdit toute rébellion contre les gouverneurs injustes, à condition qu’ils observent la prière. Il y a un inconvénient immense à se lancer dans ce genre d’initiative. Les méfaits d’une insurrection sont bien plus considérables que ceux engendrés par la tyrannie des personnes au pouvoir. Les conséquences négatives dans les rangs des musulmans, à travers l’histoire, s’en font ressentir jusqu’aujourd’hui. C’est pour éviter cela que le Prophète (r)a prescrit : « Si l’allégeance est donnée à deux Khalifes, alors combattez le dernier venu. » Voici en résumé ce que Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit sur la question.




Après avoir développé certains points subsidiaires à la règle disant qu’il vaut mieux parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages, et qu’en cas d’opposition entre les intérêts et les inconvénients, il faut orienter le choix vers la solution la plus avantageuse,Sheïkh el Islam a poursuivi : «Entre autres : parmi les principes des traditionalistes, nous pouvons recenser la nécessité de conserver l’union, de ne pas s’attaquer aux détenteurs de l’autorité – les tyrans parmi eux –, et de ne pas participer aux affrontements en période de troubles. Nous pouvons introduire ses principes dans le cadre de la règle générale concernant l’encombrement ou l’opposition entre les avantages et les inconvénients, entre les bienfaits et les méfaits. Le cas échéant, il faut mettre en avant la solution la plus avantageuse, soit dans la situation où le pour et le contre s’opposent ou s’encombrent.




Bien que les obligations et les interdictions impliquent en effet de concéder un intérêt et de repousser un inconvénient, il faut cependant se pencher sur les cas où les deux situations se réunissent. Si on laisse échapper un intérêt ou si celui-ci engendre un mal plus grand, il ne devient plus une obligation. Il devient plutôt une interdiction dans la mesure où il concède plus d’inconvénients que d’avantages. Les avantages et les inconvénients doivent être considérés selon la balance de la Législation.




Ainsi, si une personne ou un groupe font à la fois le bien et le mal de sorte qu’ils ne font pas la distinction entre les deux, et qu’ils ne peuvent les séparer (en les faisant ou en les délaissant tous les deux), il n’est pas permis en pareil cas de leur faire la morale (ni de leur ordonner le bien ni de leur interdire le mal). Il faut plutôt considérer la situation. Si le bien est prépondérant au mal, il faut l’ordonner bien qu’il implique à une moindre mesure de tolérer le mal qu’ils font. En parallèle, il ne faut pas leur interdire un mal si cela implique de leur faire délaisser un bien prépondérant.




Dans un tel cas de figure, interdire le mal consisterait à entraver au chemin d’Allah, à empêcher qu’on Lui obéisse, qu’on obéisse à Son Messager, et à mettre un terme aux bonnes actions. Or, si le mal est prépondérant au bien, il faut l’interdire quand bien même cela consisterait à laisser un bien de moindre importance. Dans ce cas de figure, il serait mal d’ordonner le bien qui impliquerait un mal plus important. Cela encouragerait à désobéir à Allah et à Son Messager.




Si toutefois, le bien et le mal s’engendrent mutuellement, il ne faut dans ce cas ni les ordonner tous les deux ni les interdire tous les deux étant donné que l’un est le fruit de l’autre. Cela est valable bien sûr pour certains cas. Néanmoins, en règle générale, il faut ordonner le bien dans l’absolu et interdire le mal dans l’absolu. Si l’on considère un individu ou un groupe quelconque, il faut ordonner le bien qu’ils concèdent et interdire le mal qu’ils concèdent ; il faut approuver leurs bons côtés et condamner leurs mauvais côtés de sorte que d’ordonner le bien, cela n’implique pas de laisser passer un bien plus grand ou d’engendrer un mal prépondérant. En parallèle, l’interdiction d’un mal ne doit pas impliquer un mal plus grand ni laisser échapper un bien prépondérant.




Dans ce registre, le prophète (r)ne s’en est pas pris à ‘Abd Allah ibn Ubaï ibn Salûl, et d’autres chefs de file des hypocrites et pervers, car ils avaient un soutien. Si un genre de punition avait pu mettre fin à un certain mal, cela aurait impliqué de laisser passer un bien plus important, étant donné qu’elle aurait attisé la colère et la vengeance de leurs tribus. Sans compter que les gens auraient pu fuir s’ils avaient entendu que Mohammed tuait ses Compagnons. »[12] Fin de citation.




L’Histoire en est le meilleur témoin




« C'est pourquoi il est notoire que la tendance traditionaliste ne voit ni la rébellion ni l’épée contre les émirs en place, même s’ils répandent l’injustice. Et cela, conformément aux hadîth prophétiques authentiques et communément transmis sur le sujet. Le désordre qu’engendrent les guerres intestines et les troubles est plus grand que le mal et l’injustice venant des émirs en temps de paix. On ne confronte pas un plus grand mal en se contentant d’un mal moindre (sic).




À travers l’Histoire, les révoltes ont pratiquement toujours ramené un mal plus grand que celui qu’elles avaient enlevé. Or, Allah ne nous a pas ordonné de combattre tous les tyrans et les injustices quoiqu’il arrive. Il ne nous a pas demandé non plus de combattre d’entrée les rebelles, mais Il nous enjoint d’attendre : [Lorsque deux groupes parmi les croyants se querellent, réconciliez entre eux ; mais si l’un d’eux s’acharne contre l’autre, alors combattez celui qui s’acharne jusqu’à ce qu’il se plie à l’ordre d’Allah •une fois qu’il s’y plie, alors réconciliez entre eux avec équité, et soyez justes, car Allah aime les justes].[13] S’il n’a pas demandé de combattre d’entrée des rebelles, alors comment l’aurait-Il demandé pour les émirs ? »[14]




À suivre…









[1]Voir : e-sârim el maslûl (3/963).
[2]Voir : majmû’ el fatâwâ (14/120).
[3]Voir : majmû’ el fatâwa (20/386-388).
[4]Idem. (3/231).
[5]Majmû’ el fatâwa(12/393).
[6]Idem. (10/372).
[7]Majmû’ el fatâwa(23/326).
[8]Idem. (12/523-524). Des textes de ce genre, il en existe beaucoup d’autres. Le D. ‘Abd el Majîd el Mish’abî est l’auteur d’une thèse ayant pour titre ; manhaj ibn Taïmiya fî mas-alat e-takfîr (1/251-261) où il démontre, avec de nombreux textes d’ibn Taïmiya à la clef, que ce dernier tient compte du ‘udhr bi el jahl dans iqâmat el hujja ; voir notamment en vrac : majmû’ el fatâwa (3/231), (5/538), (6/61), (11/406), (11/409-410) (11/412-413), (20/36), (35/165-166), e-rad ‘alâ el Akhnâî (p. 61-62), e-Safdiya (1/233), e-rad ‘alâ el bakrî (p. 259), bughiya el murtâd (p. 311), el istiqâma (1/30), dur e-ta’ârudh (8/238), et el Asfahâniya (p. 127-128).
[9]Voir : minhâj e-sunna (5/240).
[10]Le bétail ; 108
[11]Rapporté par el Bukhârî et Muslim.
[12]Sheïkh el Islam ibn Taïmiyaest l’auteur de ce discours dans Majmû’ el fatâwâ (28/128-131) et dans El amr bi el ma’rûf wa e-nahî ‘an el munkar (p. 21) du même auteur.
[13]Les appartements ; 9
[14]minhâj e-sunna (3/391).

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ÞÏíã 27 Jun 2011, 02:29 PM
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Ibn Taïmiya et les kharijites
(Partie 3)


La « charte » du traditionalisme


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit : « Dans l’ensemble, les traditionalistes font tous leur possible pour se soumettre à l’obéissance d’Allah et de Son Messager, conformément au Verset : [Craignez Allah dans la mesure du possible].[1] Le Prophète (r) a dit quant à lui : « ...et ce que je vous ordonne, faites-le dans la mesure du possible. »[2]
Ils ont conscience qu’Allah envoya Mohammed (r)sur terre en vue de réformer les hommes pour leur intérêt présent et futur ; il appelle à la réforme (dans le sens d’amélioration ndt.) et condamne le désordre. Ils comparent pour une action donnée entre ses avantages et ses inconvénients, et orientent leur choix en fonction de leur prépondérance ; quand le bien est prépondérant, ils s’y engagent, mais quand, c’est le mal qui prend le dessus, ils y renoncent. La mission de Mohammed (r)a pour but de s’accaparer le bien et de l’optimiser, et, en parallèle, de parer au mal et de le minimiser.


Ainsi, quand un homme prend la tête du Khalifat, comme Yazîd, ‘Abd el Mâlik, el Mansûr, etc. soit on se donne le devoir de l’enlever coûte que coûte au prix de prendre les armes contre lui en vue de le renverser pour installer quelqu’un d’autre à sa place, à la manière de ceux qui voient l’épée ; cette tendance est illégitime en vue des inconvénients énormes qu’elle engendre par rapport aux avantages.


Peu furent les révoltes qui, dans l’Histoire, n’engendrèrent pas un mal plus grand que le bien escompté. Nous avons comme exemple, ceux qui s’insurgèrent contre Yazîd à Médine, ibn el Ash’ath qui s’insurgea contre ‘Abd el Mâlik en Iraq, ibn el Muhallib qui s’insurgea contre son fils dans le Khurasân, Abû Muslim sâhib e-da’waqui prit également les armes contre eux dans le Khurasân, et ceux qui se révoltèrent contre el Mansûr à Médine et à Bassora, etc.


Le mieux qu’il peut leur arriver, quand ils ne sont pas vaincus, c’est de triompher sur le moment, mais, tôt au tard, ils perdent le pouvoir, et jamais ils ne laissent d’héritier. ‘Abd Allah ibn ‘Alî et Abû Muslim attentèrent à la vie d’un nombre incroyable de personnes, pourtant, tous les deux finirent entre les mains d’Abû Ja’far el Mansûr. Quant aux partisans d’el Harra, d’ibn el Ash’ath, d’ibn el Muhallib, etc., ils connurent la défaite ; ils ne parvinrent ni à maintenir la religion ni à épargner le profane. Alors que le Très-Haut n’ordonne rien qui ne rapporte aucun effet ni pour la religion ni pour la vie matérielle. S’il est vrai au même moment, que les acteurs d’une telle initiative soient des pieux, des élus d’Allah promis au Paradis. Cependant, ils ne sont pas meilleurs qu’Alî, ‘Âisha, Talha, Zubaïr, etc. dont la participation aux troubles ne fut pas louable. Pourtant, ils ont un rang plus élevé auprès d’Allah et ont une meilleure intention que n’importe qui d’autre. Nous pouvons en dire autant pour les partisans d’el Harraqui comptaient dans leurs rangs bon nombre de savants et de pieux. Même chose pour les partisans d’ibn el Ash’ath, qu’Allah leur pardonne à tous…


L’élite des musulmans interdisait de se rebeller et de prendre les armes en période de troubles. ‘Abd Allah ibn ‘Omar, Sa’îd ibn el Musaïb, ‘Alî ibn el Husaïn, etc. défendaient de sortir contre Yazîd, l’année d’el Harra. El Hasan el Basrî, Mujâhid, et tant d’autres défendaient de participer à la campagne (fitna)d’ibn el Ash’ath. Par la suite, un crédo se dessina chez les traditionalistes qui appelaient à ranger l’épée dans son étui en période de troubles. Ils se conformaient ainsi aux hadîthauthentiques imputés de façon certifiée au Prophète. Ils prirent l’habitude de l’évoquer dans leur crédo, et incitaient à la patience face à la tyrannie des sultans, et à ne pas prendre les armes contre eux, bien que de nombreux savants connus pour leur piété aient participé à des troubles.


Il y a souvent un amalgame entre le chapitre sur l’insurrection des rebelles au nom de la morale (ordonner le bien et interdire le mal) et celui sur la participation aux troubles, mais ce n’est pas l’endroit pour en parler en détail.


En méditant sur les hadîthauthentiques remontant au Prophète (r)de façon certifiée dans ce domaine, tout en considération la vision des savants éclairés, on se rendra compte que les textes prophétiques orientent toujours vers la meilleure solution.


C’est pourquoi, quand Husaïn répondit à l’appel des habitants d’Iraq qui l’invitaient dans de nombreux courriers à prendre la tête de la révolte, l’élite des savants, à l’image d’ibn ‘Omar, ibn ‘Abbâs, Abû Bakr ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hârith ibn Hishâm, tentèrent de l’en dissuader. Ils étaient persuadés qu’il allait y laisser la vie. Certains d’entre eux allèrent dans leurs adieux jusqu’à implore :« Nous confions ta mort à Allah ! » L’un d’entre eux l’interpella en ces termes : « Si ce n’était pas indécent, je t’aurais retenu pour t’empêcher de te rendre en Iraq. » Leur seule ambition était de le conseiller et de veiller à son intérêt, mais aussi à celui des musulmans. Allah et Son Messager ne font qu’appeler à la réforme, non au désordre. Cependant, chacun peut soit se tromper soit avoir raison par rapport à ces injonctions.


Ainsi, en fin de compte, il s’était avéré qu’ils avaient eu raison et qu’il n’y avait aucun intérêt ni matériel ni religieux à prendre les armes. Cette initiative fut même l’occasion pour les tyrans injustes de s’en prendre au petit-fils du Messager d’Allah (r), et de le mettre à mort impunément en lui offrant ainsi le martyre.


La révolte de Husaïn causa, en plus du grand nombre de victimes, des inconvénients terribles qui auraient pu être évités s’il était resté sagement chez lui. Il ne concrétisa aucun des avantages qu’il escompta et ne parvint pas à mettre un terme au mal. Bien au contraire, son initiative qui déboucha sur son assassinat engendra un plus grand mal, qui prenait de plus en plus le dessus sur le bien. Sa mort déclencha en effet une vague de troubles, un peu comme la mort de ‘Uthmân, et ne rapporta que de mauvais effets.


Tous ces événements tragiques nous rappellent l’importance des recommandations prophétiques, enjoignant d’endurer la tyrannie des mauvais sultans et de renoncer à prendre les armes et à se rebeller contre eux. C’est en effet la meilleure solution tant pour la vie d’ici-bas que pour l’au-delà. Quiconque va, inconsciemment ou non, à leur encontre, ne récolte que de mauvais fruits, jamais de bons fruits.


C’est ce qui explique les paroles du Prophète (r)faisant les éloges d’el Hasan : « Mon fils que voici est un Saïd (maître ndt.), par le biais duquel Allah va concilier entre deux grandes armées musulmanes. »[3]Au même moment, il n’a jamais vanté quelqu’un d’avoir pris les armes pour participer à des troubles ou à une révolte contre un émir en place. Il n’a jamais encouragé non plus à rompre l’obéissance à l’émir ni à se démarquer des rangs.


Tous les hadîth prophétiques qui furent certifiés dans le recueil e-sahîh, vont dans ce sens. Nous avons notamment, d’après sahîh el Bukhârî, selon el Hasan el Basrî, j’ai entendu dire Abû Bakra (t) : « J’ai entendu dire le Prophète (r)du haut de sa chair alors qu’el Hasan se tenait avec lui, il partageait son regard entre lui et l’assemblée : « Mon fils que voici est un Saïd (maître ndt.), par le biais duquel Allah va sûrement concilier entre deux grandes armées musulmanes. » »[4] Le Prophète (r) informa que son petit fils était un « grand homme ». Par la suite, la prophétie qu’il avait annoncée se réalisa, l’année où el Hasan réconcilia par son initiative entre les membres de la Nation.


Ainsi, Allah et Son Messager aiment la réconciliation entre deux factions rivales, et cette initiative fut considérée comme l’un des fastes les plus mémorables à son actif, et dont son grand-père (r) vanta les vertus. S’il avait été enjoint, voire recommandé de participer à ces guerres intestines qui déchiraient les musulmans, le Prophète (r)n’aurait jamais fait les éloges de quelqu’un qui s’y désiste. C’est ce qui explique pourquoi, il n’a jamais rendu hommage à ceux qui se mêlèrent aux événements d’el Jamalou de Siffîn, et encore moins aux habitants de Médine, qui furent entrainés à la bataille d’el Harra. Il n’a jamais salué non plus le siège de La Mecque contre ibn e-Zubaïr, ni la révolte d’ibn el Ash’ath, d’ibn el Muhallib, etc.
Cependant, il est communément transmis qu’il (r) encouragea à tuer les kharijitesmâriqûn (qui sortent de la religion ndt.) que le Prince des croyants ‘Alî passa au fil de l’épée à Nahrawân, après qu’ils aient pris refuge à Harûraen vue d’une insurrection. Les annales prophétiques qui enjoignent à combattre ces gens-là sont largement répandues.[5]‘Alî (t)lui-même éprouva une joie immense à l’idée d’en avoir décousu avec eux. Il rapporta notamment le hadîthappuyant sa campagne. Les Compagnons, mais aussi les grandes références après eux, sont unanimes à voir le combat contre les kharijites. Ils n’ont jamais mis sur le même pied d’égalité leur répression et les événements d’el Jamal, de Siffîn, etc. qui ne reçurent l’aval ni des textes ni du consensus. Ceux-là mêmes qui y furent entrainés parmi les plus grands n’étaient pas fiers d’eux, et finirent même par regretter amèrement leur action…
El Hasan n’arrêtait pas de conseiller à son père et à son frère de renoncer aux armes. Et, quand il eut les choses en main, il mit un terme au combat et réconcilia, grâce à Dieu, entre deux grandes factions rivales. ‘Alî se rendit compte, en fin de compte, qu’il aurait mieux valu éviter les conflits armés tant les inconvénients à s’y mêler étaient prépondérants aux avantages. El Husaïn également, qui connut le martyre à travers une mort injuste, renonça à son projet de prendre le pouvoir. Il fit la requête soit de retourner sur ses terres, soit d’être envoyé au front (pour garder les frontières)soit auprès de Yazîd, qui était, à cette époque, à la tête des musulmans.


On peut toujours avancer qu’Alî et son fils renoncèrent à leur projet, tout simplement, car ils n’avaient pas les moyens d’aller au bout ; ils n’avaient pas, en effet, suffisamment d’alliés de leur côté. Ils avaient conscience que beaucoup de sang aurait été versé sans parvenir à l’intérêt escompté.
Ce à quoi nous répondons : c’est exactement la sagesse dont le Législateur tint compte en interdisant de sortir l’épée contre l’émir, et en encourageant à ne pas participer aux troubles. Peu importe que l’on sorte au nom de la morale (ordonner le bien et interdire le mal), comme ce fut le cas pour les partisans d’el Harra, et Daïrel Jamâjimqui se soulevèrent contre Yazîd, el Hajjâj, etc. On n’enlève pas un mal par un plus grand mal, ce qui en soi est un mal, de la même façon, on ne recherche pas un bien, en passant par un mal plus grand que l’intérêt escompté à travers ce bien, ce qui en soi est également un mal.


C’est de cette façon que les kharijtesautorisèrent moralement à prendre l’épée contre leur coreligionnaires, et mirent leur projet en action contre ‘Alî et tant d’autres. Ces derniers furent imités par les mu’tazilites, les zaïdites, les légistes, etc., qui, dans les grandes lignes s’accordent avec eux à se révolter, l’épée à la main, contre les émirs en place.


À suivre…








[1]E-taghâbun ; 16
[2]Rapporté par el Bukhârî (7288), et Muslim (1337), selon Abû Huraïra (t).
[3]Rapporté par el Bukhârî (2704, 3629, 3746, 7109), selon Abû Bakra.
[4]Rapporté par el Bukhârî (2704, 3629, 3746, 7109), selon Abû Bakra.
[5]Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a fait savoir en commentaire à une annale de l’Imâm Ahmed : « Ces hadith sont rapportés par Muslim dans son recueil e-sahîh, Bukhârî en a aussi rapporté quelques-uns. » [Voir : Majmû’ el fatâwâ (3/279).]

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  #4  
ÞÏíã 28 Jun 2011, 02:41 PM
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Ibn Taïmiya et les kharijites

(Partie 4)




Il incombe de savoir ici que les facteurs qui poussent aux troubles sont partagés entre les acteurs en jeu (ou autre traduction possible : constants ndt.). En effet, quand les cœurs sont perturbés, ils ne sont plus dans une optique de recherche de la vérité, et sont donc, aveuglés. Si bien que les comportements ressemblent terriblement à ceux des païens avant l’Islam qui ne connaissaient pas la vérité, mais qui ne la cherchaient pas non plus. L’Islam a eu le mérite d’apporter aux hommes le savoir utile et les bonnes œuvres qui leur ont permis non seulement de connaitre la vérité, mais de la vouloir ardemment. Ainsi, une corrélation se crée entre l’avidité de certains gouverneurs qui sèment l’injustice et l’impossibilité des sujets à endurer cette épreuve.




Or, la seule façon pour eux de se faire justice, c’est d’user de moyens qui entrainent des méfaits encore plus que grands que l’injustice qu’ils subissent. Ils en ont conscience, mais l’esprit de vengeance est encore plus fort qu’eux. Ils cherchent coûte que coûte à reprendre leurs droits sans se soucier des conséquences terribles et à grande échelle que leur action engendre. Le Prophète (r)l’avait prédit en disant : « Vous serez confronté après moi à des émirs aux appétits égoïstes, alors armez-vous de patience jusqu’à ce que vous me retrouverez à mon bassin (Hawdh). »[1]




Il est rapporté également d’après les deux recueilssahîh, le propos prophétique suivant : « L’individu doit obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de son propre gré ou contre lui, et même s’il ne veut rien lui partager. »[2]




Il y également une annale, d’après les deux recueilssahîh, avec les termes suivants : « Nous avons fait allégeance au Prophète (r) de faire obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de notre propre gré ou contre nous-mêmes, et même s’il ne veut rien nous partager ; de ne pas lui contester l’autorité en place, d’être, où que nous soyons, les garants de la vérité dans les paroles et les actes, et de ne crainte, pour Allah, le blâme de personne. »[3]




Le Prophète(r) ordonna donc de patienter face à l’appétit cupide des responsables de l’autorité, et de leur obéir, malgré ce défaut, sans jamais se rebeller contre eux. Bon nombre de révoltes dans l’Histoire furent motivées par l’égoïsme débordant des gouverneurs, ce que les sujets ne pouvaient plus supporter. Surtout que ces gouverneurs n’avaient pas que ce défaut ; chaque faux pas qu’ils pouvaient faire attisait d’autant plus la haine dans les rangs. En se soulevant, les insurgés étaient convaincus qu’il agissait pour la bonne cause, et qu’il fallait rendre le culte à Dieu l’Unique. En réalité, le pouvoir et la richesse étaient les plus grandes motivations des insurgés, qui recherchaient avant tout leurs intérêts personnels. Un Verset nous décrit cet état : [Quand on leur en donne une part, ils sont contents, mais dès qu’on la leur refuse, ils se mettent en colère].[4]




D’après le recueil e-sahîh, le Prophète (r)affirme : « Il y a trois hommes à qui Allah ne parlera pas, qu’Il ne regardera pas le Jour de la Résurrection, qu’Il ne mettra pas en valeur et qui auront un châtiment terrible : un homme qui a de l’eau en abondance, mais qui refuse d’en donner aux étrangers de passage. Le Jour de la Résurrection, Allah lui dira : « Aujourd’hui, Je te refuse Mes faveurs, comme tu as refusé sur terre de partager ce que tu n’as pas obtenu de tes mains. » Un homme qui fait allégeance à un Imâm sans n’être motivé par rien d’autre que par les biens de ce bas monde ; s’il lui en donne une part, il est content, mais s’il refuse de lui en donner, il se met en colère ; et un homme qui, après la prière du ‘asrjure mensongèrement en vue découler ses marchandises… »[5]




Ainsi, si d’un côté on met les mauvaises passions et les mauvaises conceptions et de l’autre côté, on met les mêmes ingrédients, on obtient indubitablement un conflit. Or, le Législateur ordonne à chacun de faire ce qui revient en bien à lui et aux musulmans. Il ordonne aux responsables de l’autorité de faire régner la justice et de prodiguer le bon conseil à ses sujets. Un hadîthfait planer une menace sur lui : « Tout berger à qui Allah a confié un troupeau, et qui vient à mourir en ayant trahi son troupeau ne sentira jamais l’odeur du Paradis. »[6]




Quant aux sujets, ils ont pour devoir d’obéir au gouverneur et de lui prodiguer le bon conseil conformément au hadîth: « La religion, c’est le bon conseil.

- Messager d’Allah, lui demandèrent les Compagnons, mais envers qui ?

- Envers Allah, Son Livre, Son Messager, les gouverneurs musulmans et leurs peuples. »[7]




En outre, il ordonne de patienter face à leur cupidité, et interdit de leur contester leur autorité, malgré l’injustice qu’ils font régner. La raison, c’est que le mal engendré par les armes est plus grand que le mal issu de l’injustice des gouverneurs. Il n’est donc pas pertinent d’enlever un moindre mal pour en obtenir un plus grand.




En méditant sur les textes du Coran et de la sunna qui remonte au Prophète(r) de façon certifiée, tout en observant ce qu’on ressent en soi, mais aussi autour de soi, on appréhendera mieux le Verset : [Nous leur ferons voir Nos signes en eux-mêmes et dans les horizons afin qu’ils sachent que c’est la vérité].[8] Allah fait voir à Ses créatures des signes en eux-mêmes et à l’horizon afin qu’ils sachent que le Coran incarne la vérité ; Ses enseignements sont vrais et Ses commandements sont justes.




[Ainsi se parfait la Parole de Ton Seigneur en toute vérité et en toute justice ; rien ne peut changer Ses Paroles, car Il est Entendant et le Savant].[9] »[10]




El Hasan et el Husaïn




Voici en complément à ce sujet, une analyse subtile de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya sur les deux enfants de ‘Âli (t) : « Les ancêtres du Mahdî remontent à el Hasan non à el Husaïn, car ces derniers ressemblent sous certains aspects aux deux enfants d’Ibrahim bien qu’ils ne soient pas des prophètes. Pour les protéger, le Prophète (r)invoquait Allah en ces termes : « Je vous place sous la protection des Paroles Parfaites d’Allah contre toute insufflation des démons et tout mauvais œil. »[11]Il disait à ce sujet qu’Ibrahim protégeait Ismâ’îl et Ishâq de cette façon.[12]Ismâ’îl était le plus grand et le plus sage des deux garçons. C’est pourquoi, le Prophète a proclamé du haut de sa chair alors qu’el Hasan se tenait avec lui : « Mon fils que voici est un Saïd (maître ndt.), par le biais duquel Allah va concilier entre deux grandes armées musulmanes. »[13]La plupart des prophètes provenaient de la descendance d’Ishâq, et de la même façon la plupart des Imams sont de la descendance de Husaïn. Or, le sceau (ou le dernier) des prophètes dont la religion s’est répandue sur toute la surface de la Terre est de la descendance d’Ismâ’îl, il convenait ainsi que le Mahdî, ce Khalife bien guidé qui sera le dernier des Khalifes soit de la descendance de Hasan. »[14]




Et ibn e-Zubaïr ?




Ibn Taïmiya répond à cette question : « Ibn e-Zubaïr avait déjà eu un conflit avec Yazîd, dans lequel il entraina avec lui des habitants de La Mecque, du Hijâz, et d’ailleurs. À la mort de Yâzîd, il annonça sa prise de pouvoir. Il reçut le titre de Prince des croyants et l’allégeance de la plupart des provinces à l’exception du Shâm. Ainsi, sa mise au pouvoir eut lieu après la mort de l’ancien Khalife. Néanmoins, sous le Khalifad’ibn Mu’âwiya, il refusa au début de lui donner son allégeance, mais dès qu’il consentit à le faire, Yazîd émit la condition pour l’accepter qu’il se constitue prisonnier afin qu’il vienne la lui faire en personne. Alors, virent le jour entre eux des conflits qui débouchèrent sur une expédition envoyée par le Khalife à La Mecque. Yazîd s’éteignit au cours de ce fameux siège, et une partie du Shâm, l’Iraq, et d’autres provinces, offrirent alors leur allégeance à ibn e-Zubaïr.




Après le décès de son père, Mu’âwiya ibn Yazîd s’installa sur le trône, mais, bien qu’il était pieux et ascète, son règne ne dura pas longtemps. Après à peine quarante jours, il était descendu du trône et n’intronisa personne à sa place. Marwân ibn el Hakam s’empara des rênes du pouvoir sur le Shâm, mais il ne fit pas long feu. Ce fut son fils, ‘Abd el Malik qui allait s’installer définitivement au pouvoir, et commença par monter une armée, prit la route de l’Iraq qui avait pour émir Mus’ab ibn e-Zubaïr ; ce dernier administrait la province sous l’égide de son frère. Mus’ab perdit la vie dans les affrontements, et ‘Abd el Malik était devenu maitre des lieux. Il mit sur pied une expédition avec à sa tête, el Hajjâj. Sa mission était de déloger ibn e-Zubaïr des Lieux saints. Il installa son camp autour de la ville et, au bout de multiples assauts, le captura avant de mettre fin à ses jours.




‘Abd el Mâlik pouvait régner sans conteste, et fonda sa propre dynastie. Son règne vécut la conquête de Bukhârâ, et d’autres contrées de « l’Asie Mineure», sous le commandement de Qudaïba ibn Muslim, l’administrateur d’el Hujjâj ibn Yûsaf, qui, lui-même, était l’administrateur d’Abd el Mâlik ibn Marwân en Iraq, malgré ses instincts tyranniques. À cette époque, les musulmans triomphèrent sur le roi turc Khâqân après une âpre bataille, et ses fils furent capturés. Par la suite, le Sind allait entrer dans les frontières musulmanes, mais aussi, à l’opposé, l’Andalousie. Des tentatives furent menées contre Constantinople qui résista à un long siège… »[15]




À suivre…















[1]Rapporté par el Bukhârî (3792) et Muslim (1845), selon Anas ibn Mâlik, selon Usaïd ibn Khudhaïr (t).
[2]Rapporté par el Bukhârî (7056) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).
[3]Rapporté par el Bukhârî (7199) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).
[4]Le repentir ; 58
[5]Rapporté par el Bukhârî (2369) et Muslim (108), selon Abû Huraïra (t).
[6]Rapporté par el Bukhârî (2369) et Muslim (108), selon Abû Huraïra (t).
[7]El Bukhârî l’a mentionné en tête d’un chapitre et sans chaine narrative ; il est rapporté par Muslim (55), selon Tamîm e-Dârî (t).
[8]Les Versets détaillés ; 53
[9]Le bétail ; 115
[10]Voir : Minhâj e-sunna (4/527-543).
[11]Rapporté par el Bukhârî (3371), selon ibn ‘Abbâs.
[12]C’est un passage du Hadith précédent.
[13]Rapporté par el Bukhârî (2704, 3629, 3746, 7109), selon Abû Bakra.
[14]Voir : Jâmi’ el Masâil de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya qui propose certaines Fatwas inédites (4/99).
[15]Minhâj e-sunna(4/522-524).

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  #5  
ÞÏíã 29 Jun 2011, 03:44 PM
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Ibn Taïmiya et les kharijites
(Partie 5)


Kharijitesoubughât ?


Ibn Taïmiya fait état de la différence entre ces deux catégories d’individus : « Abû Barza el Aslamî (t)explique, en parlant des événements d’ibn e-Zubaïr, de la révolte des lecteurs contre el Hujjâj, et de Marwân dans le Shâmen faisant remarquer : « Ceux-là, ceux-là, et ceux-là prirent les armes pour des raisons matérielles. » Tandis que les innovateurs, comme les Kharijites, ils cherchent à corrompre la religion des musulmans, et combattent au nom de la religion. »[1]


Ailleurs, il renchérit : « Quant à l’allégation selon laquelle les grandes références sont unanimes à ne faire aucune différence entre eux (les bughât et les kharijites)si ce n’est qu’au niveau du nom, celle-ci est complètement fausse. L’auteur d’une telle allégation est vraiment téméraire ! Il est plus juste de dire que cette opinion est à mettre au compte de certains savants des écoles d’Abû Hanîfa, de Shâfi’î, d’Ahmed, etc.


… La majorité des savants font une distinction entre les kharijitesqui sortent de la religion et ceux qui ont participé aux batailles d’el Jamal, de Siffîn, mais aussi à d’autres batailles. Ces derniers comptent parmi les rebelles qui furent motivés par un effort d’interprétation. Cette opinion est celle que nous connaissons des Compagnons, de la majeure partie des traditionnistes, des légistes et des adeptes du kalâm. La plupart des savants des grandes écoles le mentionnent explicitement dans leurs écrits, ainsi que leurs successeurs parmi les adeptes de Mâlik, Ahmed, Shâfi’î, etc.


Il est en effet certifié, d’après le recueil e-sahîh, la parole suivante du Prophète (r) : « Un groupe dissident va se rebeller à la suite d’un conflit entre musulmans. Le camp qui sera le plus proche de la vérité se chargera de les réprimer. »[2] Ce hadîth fait état de trois factions en présence ; les kharijites étant différents des deux premières, et composent donc la troisième faction… Les Compagnons étaient tous d’accord pour les combattre, contrairement aux batailles d’el Jamal, de Siffîn, qui furent accueillies avec des réactions diverses. Les uns et les autres se rangèrent d’un côté ou de l’autre, mais la grande majorité des Compagnons resta neutre et ne s’engagea avec aucun camp…


‘Alî (t)fut d’être heureux d’en découdre avec les kharijites… Au moment où il avouait qu’aucun texte ne venait cautionner Siffîn ; il dut s’en remettre à son propre jugement. Parfois, il lui arrivait de faire les éloges de ceux qui avaient renoncé à prendre les armes…


Cela démontre que la neutralité était la meilleure position, et que ces conflits ne furent ni imposés par la religion ni même recommandés. Tandis que les textes parlent de l’éradication des kharijites ; il est certifié que le Législateur l’a ordonné et encouragé. Comment peut-on dès lors, mettre sur le même pied d’égalité ce que d’un côté, il ordonne et encourage à faire, et de l’autre côté, ce qu’il encourage à délaisser en vantant les vertus d’une telle initiative.


Ainsi, quiconque met sur le même pied d’égalité les guerres intestines entre Compagnons qui eurent lieu à el Jamalet Siffîn, et la répression de Dhû el Khuwaïsira, et ses semblables parmi les kharijitesrebelles, et les hârûritescriminels ; il associe clairement sa parole à celle des ignorants injustes ! »[3]


Quelle est la distinction entreKharijites oubughât ?


Les bughâtprennent les armes contre les sultans pour des raisons profanes. Ils aspirent au pouvoir sans revendiquer particulièrement qu’ils agissent au nom de la religion. Par extrapolation, ibn Taïmiya range dans cette catégorie ceux qui participèrent aux batailles d’el Jumal, Siffîn, el Hurra, el Jamâjim, etc. Ces derniers pensaient que la guerre était la meilleure solution. Ils ne voyaient pas dès lors les inconvénients énormes qu’elle allait engendrer. D’ailleurs, ils le regrettèrent après coup, et surent par l’expérience ce dont les textes mettaient en garde depuis le début. Ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Secundo : il y a ceux qui prennent les armes non pour défendre une croyance contraire au traditionalisme. Nous pouvons compter dans cette catégorie ceux qui participèrent aux batailles d’el Jumal, Siffîn, el Harra, el Jamâjim, etc. Ces derniers pensaient simplement que la guerre était la meilleure solution, bien que ce ne fût pas le cas. Ils ne voyaient pas dès lors les inconvénients énormes qu’elle allait engendrer. D’ailleurs, ils le regrettèrent après coup, et surent par l’expérience ce que les textes mettaient en garde depuis le début. »[4]
Puis, il explique qu’en résumé, nous pouvons recenser quatre raisons à travers l’Histoire ayant poussé certains savants à l’erreur dans ce domaine.
- Certains d’entre eux n’avaient tout bonnement pas eu accès aux textes.
- D’autres remettaient en question leur authenticité.
- D’autres, à l’image d’ibn Hazm, pensaient qu’ils étaient abrogés.
- D’autres les interprétaient à leur façon, comme tout mujtahid.[5]


Comme à son accoutumé, ibn Taïmiya se lance dans une analyse extraordinaire dans laquelle il dessine le portrait des « chiens de l’Enfer ». En voici un passage : « Il n’est pas pertinent qu’il fut légiféré de les combattre, juste parce qu’ils tuent les gens, comme on repousse des agresseurs (bandits de grand chemin, etc.), ou de simples insurgés (bughât). Le but, en effet en combattant les seconds, c’est d’éradiquer leur mal, de disloquer leur groupe, et de les ramener à l’ordre. Il n’est donc pas légiféré de les tuer où qu’ils se trouvent, ni de les exterminer jusqu'au dernier comme le peuple de Hâd ; ils ne sont pas non plus les pires des hommes qui sont sous la voûte céleste, et il ne fut pas légiférer de les combattre sans condition, mais en dernière instance. Il y a donc une autre raison qui se cache derrière l’obligation de combattre les kharjites. Ils sont en effet les plus prompts à sortir de la religion à cause de l’excès qu’ils font, comme nous l’informe le hadîth d’Alî : « Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[6] Ainsi, si on les tue, c’est parce qu’ils sortent de la religion…


(…) Ainsi, nous les tuons en raison de leur caractéristique qui est de sortir de la religion (et qui est présente aussi bien chez l’un que chez un grand nombre d’entre eux), non parce qu’ils s’insurgent et prennent les armes contre les musulmans.


S’il est vrai qu’Alî (t) ne les a pas combattu dès leur émergence, mais c’est uniquement, car il ne savait pas à qui il avait à faire. Il a fallu qu’ils mettent un terme à la vie d’ibn Khubbâb, et qu’ils sèment le pillage pour qu’il comprenne qu’il s’agissait de ceux dont fait allusion le hadîth : « Ils tuent les adeptes de l’Islam et épargnent les païens. »[7] Il a su dès lors qu’ils étaient les fameux kharijites.
L’autre raison qui l’a empêché de les tuer, avant qu’ils ne fassent couler le sang, c’est que leurs tribus auraient pu, par chauvinisme, quitter les rangs d’Alî (t)… »[8]


Dans sa harangue guerrière qui visait à convaincre ses concitoyens de monter une armée contre l’envahisseur tatar, il fustige : « Ces gens-là, aux yeux des grands spécialistes, ne sont pas à mettre au même rang que les insurgés (bughât)que se rebellent contre l’Imam en place, ou qui sortent de son obéissance, comme ce fut le cas des habitants du Shâmqui sortirent de l’autorité d’Alî ibn Abî Tâlib (t) ; non, les bughâtse contentent de se rebeller contre l’autorité de tel gouverneur, voire de le renverser. Quant aux tatars, ils sont sortis de l’Islam, à la manière des rebelles qui refusent de verser la zakât, et des kharijites qu’Alî réprima. Ce dernier n’avait pas la même approche en fonction de l’armée qu’il avait en face de lui ; sur un front, il avait pour adversaire l’armée du Shâmet de Basraet sur l’autre front, les révoltés de Nahrawân. Avec les premiers, ils se comportaient comme un frère qui s’était disputé avec son frère, mais il avait un autre comportement avec les kharijites. »[9] Il explique ensuite que conformément aux textes prophétiques, les Compagnons s’entendirent finalement à l’unanimité à combattre sous les ordres d’Abû Bakr, les rebelles à la zakât, et, plus tard, les kharijites. En revanche, bien que les textes en parlent, la querelle qui opposa le troisième khalife à la Syrie ne fit pas consensus chez les Compagnons et leurs successeurs.[10]


Les grands hommes qui ont participé aux troubles sont excusables en raison de leur effort d’interprétation


« Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baïtou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre sur son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.
Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :
- Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.
- Ceux qui le condamnent et qui remettent en question à cause de cette erreur sa piété et son statut de wali. Ils font jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.
Or, ces deux voies opposées sont aussi égarées l’une que l’autre. »[11]


Les intentions cachées des kharijites


Ibn Taïmiya analyse : « l’innovateur restera toujours attaché à ses passions et il en portera toujours l’étendard. Ces motivations n’ont rien à voir avec la religion. Il est prêt en effet à aller contre la vérité qui n’arrange pas ses penchants. Allah le punit à cause de ses mauvais penchants. Il mérite d’être puni sur terre, mais aussi dans l’au-delà. C'est pourquoi certains anciens considéraient les innovateurs à l’image des kharijitescomme des pervers. Il est rapporté que Sa’d ibn Abî Waqqâs utilisa contre eux le Verset suivant : [et il en égare beaucoup, mais seuls les pervers peuvent s’en égarer •Ceux qui délient le pacte d’Allah après l’avoir noué, qui coupent les liens qu’Allah a ordonné d’entretenir, et qui sèment la corruption sur terre ; ceux-là sont vraiment les perdants].[12]Il est possible en effet que ce soit réellement son intention. Surtout en période de division où il profite du chaos pour rechercher le pouvoir et encourager les siens. »[13]


Le djihâd sur le sentier de Satan !


Ibn Taïmiya fait la distinction entre le djihâd légitime (sunnî) et le djihâd illégitime (bid’î) : « Les textes du Coran et de la sunnaordonnent le djihâddans de multiples endroits, et vantent ses vertus. Néanmoins, il incombe de distinguer entre le djihâdlégal qui fut légitimé par Allah et Son Messager, et le djihâdhérétique qui est fomenté par des égarés soumis à l’étendard de Satan. Ces derniers sont pourtant convaincus qu’ils brandissent l’étendard d’Allah. Dans cet ensemble, nous pouvons compter les innovateurs, à l’instar des kharijites, qui s’attaquent aux musulmans, et à des hommes qui sont bien plus fidèles qu’eux à Allah et à Son Messager, parmi notamment les précurseurs et leurs fidèles successeurs qui se perpétueront jusqu’à la fin du monde. Ils avaient bien pris les armes contre ‘Alî qui étaient en grand conflit avec Mu’âwiya.


D’après un hadîthauthentique, selon Abû Sa’îd, le Prophète (r)prédit en parlant des kharijites : « Un groupe dissident va se rebeller à la suite d’un conflit entre musulmans. Le camp qui sera le plus proche de la vérité se chargera de les réprimer. »[14] Ce camp en question est celui d’Alî qui était plus proche de la vérité que le camp de Mu’âwiya. Ces fameux rebelles prétendaient qu’ils faisaient le djihâdsur le sentier d’Allah contre les ennemis de la religion. »[15]


Peut-on dénoncer les semeurs de troubles ?


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya souligne : « Quiconque cache un criminel (rebelle, voleur, meurtrier, etc.) qui est passible d’une peine corporelle pour infraction religieuse ou pour lui appliquer la loi du talion (injustice envers un tiers), ou qui fait obstacle à sa capture sans user de la force, devient son complice, et encours la malédiction d’Allah et de Son Messager. D’après Muslim, en effet dans son recueil e-sahîh, selon ‘Alî ibn Abî Tâlib, le Messager d’Allah (r)a dit : « Allah maudit celui qui crée un évènement, et celui qui le réfugie… » Si on vient à capturer celui qui cache ce fugitif, on lui somme de le ramener sur le champ ou de dévoiler sa cachette ; et s’il refuse de le dénoncer, on lui inflige une peine de prison et une peine de « bâton » à intervalle régulier jusqu’à ce qu’il parle. Nous avons évoqué auparavant que toute personne qui refuse de verser « l’impôt » légal est passible d’une punition. Tout fugitif ou tout bien matériel qu’on tient caché est un délit passible d’une peine si on refuse de parler.


Ainsi, si quelqu’un est au courant de l’endroit où sont cachés soit une richesse que l’État est en droit de réclamer ou un fugitif qui est entré dans l’illégalité, il a le devoir de le dévoiler aux autorités et d’indiquer la cachette en question. Il est strictement interdit de garder le silence, car on entame ainsi le devoir d’entraide à la piété et au bien. En revanche, si l’État n’a aucune légitimité sur cet argent et si le fugitif en question est un innocent, il n’est pas permis de les indiquer, car relevant de l’entraide à l’impiété et à l’injustice. Dans ce cas, il incombe même de le défendre, car l’Islam nous enjoint de défendre la victime d’une injustice. »[16]


Wa Allah a’lam !




























[1]Minhâj e-sunna(5/153).
[2]Rapporté par Muslim (1065).
[3]El fatâwâ el kubrâ (4/283-285).
[4]Minhâj e-sunna (4/538).
[5]Minhâj e-sunna (4/538).
[6]Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).
[7]Rapporté par el Bukhârî (3344) et Muslim (1064), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t)
[8]E-sârim el maslûl (2/347).
[9]Majmû’ el fatâwâ (28/503).
[10]Idem. Cette dernière partie est un peu obscure, ce qui rend la traduction quelque peu aléatoire.
[11]Minhâj e-sunna (4/543).
[12]La vache ; 26-27
[13]Minhâj e-sunna (5/250).
[14]Rapporté par Muslim (1065).
[15]E-radd ‘alâ el Akhnâî (p. 205).
[16]Majmû’ el fatâwâ(28/323).

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