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ÞÏíã 27 Jan 2013, 03:06 PM
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ÇÝÊÑÇÖí La condamnation publique du gouverneur






La condamnation publique du gouverneur
(Partie 1)

El fudhaïl ibn ‘Yiâdh : « Prends le bon chemin, et ne sois pas affligé par le petit nombre qui l’emprunte, et éloigne-toi du mauvais chemin, et ne sois pas impressionné par le grand nombre qui l’emprunte. [El i’tisâm de Shâtibî (1/83).]

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

Introduction

Allah (I) révèle : [Ils dirent plutôt : nous avons trouvé nos ancêtres sur une voie, et nous nous contentons de suivre leurs traces].[1]Iblîs étend ses ruses en vue de fourvoyer le fils d’Adam et de le mener à la perdition. Le suivisme aveugle notamment, comme le souligne ibn Hubaïra, est une forme d’idolâtrie, étant donné qu’on préfère suivre son leader ou son groupe, aux dépens de la vérité.[2] Malheureusement, ce fléau a corrompu les croyances. Il est donc très nocif de mettre en avant dans nos débats, les noms des savants, sans tenir compte des preuves avancées.[3]

Le suiveur (muqallid), pour reprendre les termes d’ibn el Jawzî, n’est pas sûr de lui. Il n’utilise pas sa raison, qui pourtant lui fut insufflée pour réfléchir et méditer. Il est décevant d’éteindre sa lanterne pour marcher dans les ténèbres de la nuit. La plupart des adeptes des écoles reposent leur confiance sur leur maitre sans se poser de questions sur la pertinence de leurs arguments. Ils foncent droit sur un mur. Une approche scientifique réclame de regarder les arguments non de qui ils viennent.

Un jour, el Hârith ibn Hût interpella le Khalife ‘Ali (t) en ces termes : « Tu penses que nous pensons que Talha et Zubaïr étaient dans l’égarement.
  • Hârith, lui fustigea-t-il, ne te méprends pas ! On ne connait pas la vérité par les hommes, mais connais la vérité et tu connaitras ses tenants. »

L’Imam Ahmed disait : « Suivre quelqu’un dans sa croyance est la marque d’un savoir étroit. » Lui-même mettait ses conseils en pratique. C’est pourquoi, dans la question de l’héritage du grand-père, il préférait l’opinion de Zaïd à celle du premier Khalife de l’Islam, Abû Bakr e-Siddîq (t).[4]


La religion, c’est le bon conseil

Allah (I) révèle : [Mon peuple, je vous ai fait parvenir le message de Mon Seigneur, et je vous ai prodigué le bon conseil, mais vous n’aimez pas les conseilleurs].[5]
À qui s’adresse le bon conseil et dans quel cadre ? Le Messager d’Allah (r) nous met sur la voie à travers une réponse brève et concise, comme il en avait le don. Selon Tamîn e-Dârî (t), en effet, celui-ci préconise : « La religion, c’est le bon conseil.
  • Messager d’Allah, lui demandèrent les Compagnons, mais envers qui ?
  • Envers Allah, Son Livre, Son Messager, les gouverneurs musulmans et leurs peuples. »[6]

Un autre hadîth nous enseigne « Allah vous agrée trois choses : Il vous agrée de l’adorer sans ne rien Lui associer, de vous accrocher tous ensemble à Sa corde sans vous diviser, et de prodiguer le bon conseil à ceux qu’Allah a placés à votre tête. »[7]

Selon ibn Mas’ûd (t), le Messager d’Allah (r) a dit : « Qu’Allah fasse resplendir le visage de l’individu qui a compris mes propos après les avoir entendus et mémorisés avant de les transmettre ! Il se peut qu’un porteur d’un savoir ne soit pas savant, ou bien qu’il le transmette à quelqu’un de plus savant que lui. Il y a trois choses grâce auxquelles le cœur du musulman ne renferme aucune rancune : vouer toutes ses actions avec une sincérité exclusive à Allah, prodiguer le bon conseil aux musulmans, et rester dans leurs rangs, car leur prêche (ou leur invocation) est, pour eux, un rempart. »[8]

Quelqu’un s’adressa de la sorte à ‘Omar ibn el Khattâb : « Vaut-il mieux pour moi de ne craindre le blâme de personne ou bien me préoccuper de moi-même ?
  • Si tu as une autorité sur les musulmans, alors ne crains le blâme de personne, sinon préoccupe-toi de toi-même, et prodigue le bon conseil à ton émir. »[9]

Étymologiquement, pour reprendre les termes de Sheïkh el Fawzân, ce vocable vient de sih qui a le sens d’épurer, de purifier et de séparer les mauvais éléments.[10] Quand on prodigue le bon conseil, on est lavé de toute trahison envers son prochain, et on est en harmonie avec soi-même.[11] Il est important d’être en accord avec la vérité tant dans son for intérieur que dans les apparences pour prétendre à ce degré. Les hypocrites, qui sont jetés au dernier degré de l’Enfer, ont cette particularité de se montrer sous une bonne apparence ; eux qui : [sèment la corruption sur terre et qui ne réforment rien].[12]
Le bon conseil envers l’émir réclame certaines exigences, dont :
  • se satisfaire de son autorité,
  • lui souhaiter d’être juste et vertueux,
  • souhaiter l’union des musulmans autour de lui,
  • prendre en aversion toute tentative de division et de rébellion,
  • lui obéir dans les limites de la religion, et en faire même un principe religieux,[13]
  • l’aider dans la vérité,
  • attirer son attention et lui faire parvenir avec douceur les problèmes des citoyens,
  • veiller à l’entente commune autour de lui,
  • invoquer Dieu en sa faveur,[14]
  • le dissuader avec douceur de répandre l’injustice,
  • et ramener à la raison ceux qui le prennent en aversion.[15]

Le Prophète (r) dit : « Vos meilleurs émirs sont ceux qui vous aiment et que vous aimez ; ils prient sur vous et vous priez sur eux. Et vos pires émirs sont ceux qui vous détestent et que vous détestez ; ils vous maudissent et vous les maudissez.
  • Messager d’Allah ! Ne devons-nous prendre l’épée contre eux, lui demanda-t-on ?
  • Non, tant qu’ils font la prière. Si vous voyez en l’un d’entre eux quelque chose qui vous déplait, vous devez détester son acte, mais sans sortir de son autorité. »[16]

Le Prophète (r) a dit également : « Mettez à mort quiconque veut s’introduire au milieu des vôtres, alors que vous êtes réunis autour d’un seul homme, pour diviser les rangs et vous désunir. »[17]

Selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les préserve son père et lui –, le Messager d’Allah (r) a dit : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer, car celui qui vient à mourir en s’étant écarté d’un empan du groupe, meurt à l’état de l’ère païenne. »([18])

Le Prophète (r) avait prédit : « Vous serez confronté après moi à des émirs aux appétits égoïstes, alors armez-vous de patience jusqu’à ce que vous me retrouverez à mon bassin (hawdh). »[19]

Il est rapporté également d’après les deux recueils sahîh, le propos prophétique suivant : « L’individu doit obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de son propre gré ou contre lui, et même s’il ne veut rien lui partager. »[20]

Il y également une annale, d’après les deux recueils sahîh, avec les termes suivants : « Nous avons fait allégeance au Prophète (r) de faire obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de notre propre gré ou contre nous-mêmes, et même s’il ne veut rien nous partager ; de ne pas lui contester son autorité, d’être, où que nous soyons, les garants de la vérité dans les paroles et les actes, et de ne craindre, pour Allah, le blâme de personne. »[21]

Ainsi, comme le souligne ibn Taïmiya, il n’a jamais été question dans ces recommandations prophétiques de réclamer ses droits par les armes.[22]
Le devoir d’obéissance dans les limites du convenable

[Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice. Quelle belle chose celle à quoi Allah vous exhorte ! Il était certes Voyant et EntendantÔ croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous. Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura de meilleures conséquences pour vous].[23]

« Nulle obéissance à la créature qui réclame de désobéir au Créateur. »[24]

Selon Hudhaïfa (t) : « Les gens interrogeaient le Prophète (r) sur le bien, tandis que moi, je le questionnais sur le mal pour éviter qu’il m’atteigne. Je lui demandai : Messager d’Allah, nous étions dans le paganisme et le mal avant qu’Allah nous ramène le bien. Mais est-ce qu’après ce bien, il y aura un mal ?
  • Oui, me répondit-il.
  • Est-ce qu’après ce mal, le bien reviendra à nouveau ?
  • Oui, mais avec de la fumée.
  • Quelle fumée ?
  • Des gens qui suivront une autre tradition que la mienne, et une autre voie que la mienne. Ils feront des choses que vous apprécierez en d’autres que vous apprécierez moins.
  • Après le retour de ce bien, est-ce que le mal reviendra ?
  • Oui, des troubles aveugles ! des prêcheurs aux portes de la Géhenne ; ils y propulseront ceux qui répondront à leur appel.
  • Messager d’Allah ! Décris-les-moi.
  • Ils feront parties des nôtres et parleront notre langue.
  • Que m’ordonnes-tu de faire si je parviens à cette époque ?
  • Reste avec le groupe et son imam.
  • Et s’il n’y a ni groupe ni imam ?
  • Écarte-toi de tous les groupes existants, lui répondit-il, même si tu devais t’agripper à la racine d’un arbre, et rester ainsi jusqu’à la mort. »[25]

Une version d’Abû Dâwûd ajoute : « Après cela, qu’est-ce qu’il y aura ?
  • L’antéchrist qui aura avec lui un fleuve et un feu ; celui qui plongera dans son feu aura sa récompense et ses fautes pardonnées, mais celui qui plongera dans son fleuve aura ses fautes sur son compte, et sa récompense effacée.
  • Et après cela, qu’est-ce qu’il y aura ?
  • Après cela, il y a aura la fin du monde. »[26]

Selon une version : « Après moi, il y aura des émirs qui ne suivront pas ma voie et qui ne seront pas fidèles à ma tradition. Il y en aura parmi eux qui auront des cœurs de démon dans une carapace humaine.
  • Que dois-je faire, Messager d’Allah, si je parviens à cette époque ?
  • Obéis à l’émir, même s’il te frappe le dos et s’il prend ton argent, fais-lui obéissance. »[27]

En explication à ce passage l’Imam Nawawî souligne : « Même si, injustement, il te frappe le dos et prend ton argent ; les deux segments de phrase sont construits à la forme passive, et la réponse que réclame le conditionnel est : fais-lui obéissance dans les limites de la Législation. » Fin de citation.

Le Prophète (r) explique : « Accrochez-vous au groupe, car le loup s’attaque aux brebis égarées. »[28]

Selon el ‘Irbâdh ibn Sâriya (t), le Messager d’Allah (r) nous fit un sermon émouvant, qui bouleversa les cœurs et qui fit couler des larmes. Nous décidâmes de lui demander : « Messager d’Allah ! On n’a l’impression que c’est un sermon d’adieu. Qu’est-ce que tu nous recommandes avant de nous quitter ?
  • Je vous recommande de craindre Allah (U), d’écouter et d’obéir au gouverneur, même à un esclave [abyssin]. Celui qui vivra parmi vous assistera à de nombreuses divergences. Accrochez-vous donc à ma tradition et à celle des nobles khalifes bien guidés. Tenez-la bien et prenez-la fermement par les molaires. Et méfiez-vous des choses nouvelles, car toute nouveauté est innovation et toute innovation est égarement. » E-Tirmidhî a fait ensuite le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et authentique. »[29]

Selon el Hârith el Ash’arî (t), le Prophète (r) a dit : « Je vous donne cinq commandements qu’Allah m’a ordonné : l’obéissance aux autorités, le djihâd, l’émigration, et l’union de la communauté. En déviant de cette union d’un empan, on délie l’Islam de son cou jusqu’à ce qu’on y revienne. Et en revendiquant des noms de l’ère païenne, on compte parmi les gens de l’Enfer. » Un homme s’exclama : « Messager d’Allah ! Même si on fait la prière et le jeûne ?
  • Même si on fait la prière et le jeûne. Donnez-vous les noms qu’Allah vous a donnés ; Il vous a appelés musulmans, croyants et serviteurs d’Allah ! »
Rapporté par Ahmed et e-Tirmidhî qui a fait le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et authentique. »[30]

Selon Suwaïd ibn Ghafala, ‘Omar ibn el Khattâb m’a dit : « On va sûrement me succéder après ma mort (autre traduction possible : tu seras certainement encore là après ma mort ndt.), alors obéis à l’émir, même à un esclave abyssin ; fais preuve de patience, même s’il te frappe et te prive de tes droits. S’il venait à t’appeler à une chose qui te fait perdre des avantages matériels, alors dis-lui : j’écoute et obéis ! Je donne mon sang, mais pas ma religion. »[31]

À suivre…






[1] Les ornements ; 22

[2] Sharh el kawkab el munîr (4/576).

[3] El furû’ (11/118).

[4] Talbîs Iblîs d’ibn el Jawzî (p. 81-82).

[5] El A’râf ; 79

[6] Rapporté par Muslim (55).

[7] Rapporté par Muslim (1715), Mâlik dans el Muatta (2/990), el Bukhârî dans el adab el mufrad (442), Ahmed (8334, 8718, et 8799), et ibn Hibbân (5720), selon Abû Huraïra.

[8] Rapporté par Shâfi’î dans son musnad (1190), el Baïhaqî dans e-dalâil (1/23), e-Tirmidhî (2658), selon ibn Mas’ûd (t) ; il est rapporté par Ahmed (21590), ibn Mâja (230), et Dârimî (229), selon Zaïd ibn Thâbit (t).

[9] E-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (21/285).

[10] Voir : el minha e-rabbâniya fî sharh el arba’în e-nawawiya de Sheïkh el Fawzân (p. 111).

[11] A’lâm el hadîth fî sharh sahîh el Bukhârî d’el Khattâbî (1/189).

[12] Les poètes ; 152 ; voir : El i’lâm bi kaïfiyat tansîb el imâm de Sheïkh el Fawzân.

[13] Voir : ta’zhîm qadr e-salât d’el Marwazî (2/693), et jâmi’ ‘ulûm el hikam d’ibn Rajab (1/80).

[14] sharh sahîh Muslim d’e-Nawawî (2/38)

[15] Fath el Bârî d’ibn Hajar (1/138).

[16] Rapporté par Muslim (1855), selon ‘Awf ibn Mâlik (t).

[17] Rapporté par Muslim (1582), selon ‘Arfaja ibn Shuraïh (t).

([18]) Rapporté par Ahmed 4/290 (2487), el Bukhârî (7054), et Muslim (55, 1849).

[19] Rapporté par el Bukhârî (3792) et Muslim (1845), selon Anas ibn Mâlik, selon Usaïd ibn Khudhaïr (t).

[20] Rapporté par el Bukhârî (7056) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).

[21] Rapporté par el Bukhârî (7199) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).

[22] manhâj e-sunna d’ibn Taïmiya (3/372).

[23] Les femmes ; 58-59

[24] Rapporté par Ahmed (3889), selon ‘Alî ibn Abi Talib (t).

[25] Rapporté par el Bukhârî (3606), Muslim (1847) ; l’expression « des troubles aveugles » ne se trouve pas dans ses deux recueils, mais dans le musnad d’Ahmed (23282).

[26] Rapporté par Abû Dâwûd (4244) et Ahmed dans el musnad (23429), selon Hudhaïfa ibn el Yamân (t).

[27] Rapporté par Muslim (1847).

[28] Rapporté par Abû Dâwûd (547), e-Nasâî (847), et Ahmed (6/446), selon Abû e-Dardâ (t).

[29] Rapporté par Abû Dâwûd (4607), ibn Mâja (42, 43), e-Tirmidhî (2676), et Ahmed dans son musnad (17145).

[30] Rapporté par Ahmed (22910) et e-Tirmidhî (2863).

[31] Rapporté par el Âjjûrî dans e-sharî’a (70).





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ÞÏíã 28 Jan 2013, 04:27 PM
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La condamnation publique du gouverneur
(Partie 2)

L’invocation en faveur de l’émir

Selon ‘Amr ibn el Fadhl, j’ai demandé à Abû el ‘Alâ, alors qu’el Hajjâj portait une tunique : « Yâ Abû el ‘Alâ, est-ce que je peux l’injurier ?
  • Invoque plutôt pour lui la réforme, cela vaut mieux pour toi. »[1]

Selon Abû ‘Uthmân, Sa’îd ibn Ismâ’îl disait : « Prodigue le conseil au sultan, et multiplie les invocations en sa faveur afin qu’il se réforme et prenne le bon chemin dans les paroles, les actes, et l’autorité. S’il se réforme, les citoyens le suivront, mais si tu invoques contre lui la malédiction, tu ne fais qu’attirer le mal et le malheur sur les musulmans.
Il est plus sage d’invoquer pour lui le repentir afin qu’il cesse de faire le mal, et que les musulmans soient débarrassés du malheur qui s’abat sur eux.

Ne cherche pas à rendre visite aux émirs, ni de prétextes pour les visiter, ni même à recevoir leur visite. Éloigne-toi plutôt d’eux le plus possible tant qu’ils font du mal. Cependant, s’ils s’en repentissent et prennent la vie dans le bon sens, alors évite de chercher les honneurs à travers eux, et prends tes distances avec eux, tu auras plus de compassion pour eux, et seras plus enclin à leur prodiguer le bon conseil, si Dieu le veut ! »[2]

El Barbahârî a dit : « Si tu vois un homme invoquer Dieu contre le sultan, alors sache qu’il est un innovateur, et si tu vois un homme invoquer Dieu pour le sultan, alors sache qu’il est un traditionaliste. »[3]

El fudhaïl ibn ‘Iyâdh est l’auteur des paroles : « Si je savais que l’une de mes invocations était exaucée, je la réserverais en faveur du sultan. »[4] Quand on lui demanda de s’expliquer sur ce point, ce dernier répondit : « si je me corrige moi-même, je serais le seul à en profiter avec mon entourage. Tandis que si le gouverneur se corrige, c’est tout le monde qui va en profiter. Il nous est demandé d’invoquer en leur faveur, non d’invoquer contre eux, même s’ils répandent l’injustice et la tyrannie. Leurs injustices jouent contre eux-mêmes, tandis que leur réforme rapporte à tous les musulmans, pas seulement à eux. »[5] L’Imâm Ahmed – qu’Allah lui fasse miséricorde – a des paroles de ce genre.

Selon Abû Bakr el Marwazî, j’ai entendu dire Abû ‘abd Allah (Ahmed) en parlant du Khalife el Mutawakkil : « J’implore Allah de le réformer et de le préserver. S’il lui arrive quoi que ce soit, poursuivit-il, vous verrez le mal que l’Islam subira. »[6] Ailleurs, il signe : « J’implore Allah jour et nuit de l’assister et de lui concéder la rectitude et la réussite. Je vois que c’est un devoir pour moi. »[7]

Finalement quand les gens invoquent contre leurs émirs, ils leur rendent service, car ils leur évitent ainsi qu’Allah leur précipite le châtiment sur terre, étant donné qu’à travers leurs invocations, ils récupèrent leurs droits, ne serait-ce qu’en partie.[8] Abû Muslim el Khawlânî disait à juste titre : « L’émir est à ton image, s’il prend le bon chemin, alors remercie Dieu, sinon, invoque Allah de le guider, et ne va pas à son encontre au risque de t’égarer. »[9]

Le croyant est le miroir de son frère
Selon Anas (t), le Prophète (r) a dit : « Nul d’entre vous ne sera véritablement croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. »[10] Selon Abû Musa, le Prophète (r) a dit également : « Les croyants sont comme un édifice dont les membres se soutiennent les uns les autres. »[11]
Selon Abû Huraîra : « Le croyant est le miroir de son frère ; s’il voit un défaut en lui il le lui corrige. »[12] Selon Abû Huraïra, le Prophète (r) a déclaré : « Le croyant est le miroir et le frère du croyant ; Il l’empêche de se perdre et il prend soin de loin. »[13]

Selon Abû Huraïra (t), le Prophète (r) a dit : « Quiconque croie en Allah et au jour du jugement dernier qu’il dise du bien ou bien se taire. »[14] Selon Abû Mûsâ (t) : « J’ai demandé : Cher Messager d’Allah ! Quel est meilleur Islam ?
  • C’est le fait d’épargner les musulmans de sa langue et de sa main. »[15]

Colporter les nouvelles et le mauvais soupçon

Allah (I) révèle : [Quand leur vient une nouvelle qui est soit rassurante soit alarmante, ils la répandent. S’ils avaient ramené la chose au Messager et aux responsables de l’autorité parmi eux, les personnes compétentes auraient su comment la gérer. Si ce n’était la Faveur d’Allah à votre égard et Sa Miséricorde, vous auriez suivi Satan excepté un petit nombre d’entre vous][16] ; [Ceux qui font du tord aux croyants et aux croyantes alors qu’ils n’aient rien fait, sont les auteurs d’une calomnie et d’une faute évidente][17] [Deux anges se tiennent à sa droite et à sa gauche pour enregistrer tous ses faits et gestes • Nobles, ils écrivent ce que vous faites • La moindre parole qu’il prononce est retranscrite par un observateur avisé][18] ; [Des gardiens qui vous surveillent • De nobles scribes][19]; [Nous enregistrons leur témoignage, et ils seront interrogés dessus][20] ; [Pensent-ils que Nous n’entendons ni leurs secrets ni leurs discussions à l’écart des gens ? Ô que si, nos émissaires sont auprès de vous pour tout consigner][21] ; [La haine que vous éprouvez pour des gens ne doit pas vous pousser à être injustes ; soyez justes, et vous serez plus prompts à devenir pieux].[22] [Quand vous témoignez, alors soyez impartial, même envers un proche parent, et soyez fidèles à vos pactes envers Allah][23] ; [Il n’y a aucun bien dans bon nombre de leurs conversations privées, sauf lorsqu’il s’agit d’inviter à faire l’aumône, à faire le bien, ou à réconcilier entre les gens ; celui qui agit ainsi en vue de plaire à Allah, Nous le rétribuerons bientôt une grande récompense][24] ; [Ceux qui se plaisent à répandre la débauche sur le compte des croyants auront un châtiment terrible sur terre et dans l’au-delà, alors qu’Allah sait ce que vous ne savez pas][25] ; [Ne te mêle pas de se que tu ignores ; l’ouïe, la vue, et le cœur seront tous interrogés][26] ; [alors demandez aux gens du Rappel si vraiment vous ne savez pas].[27]

Selon Hakîm ibn Sa’d, j’ai entendu dire ‘Alî : « Ne soyez pas prompts à répandre les nouvelles et à ne soyez pas indiscrets, car vous allez bientôt rencontrer des malheurs et des troubles terribles. »[28] ‘Omar (t) ibn el Khattâb aurait dit : « Tu dois te faire une bonne opinion de la parole de ton frère croyant dans la mesure où il est possible de l’interpréter en bien. » Selon ‘Abd Allah (t) son fils : « J’ai entendu dire le Prophète (r) alors qu’il tournait autour de la Ka’ba : tu es si pure ! Ton parfum est si pur ! Tu es si illustre ! Et tellement sacré ! Mais par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! Le croyant est encore plus sacré que toi auprès d’Allah (I) au niveau de ses biens et de son sang ; il faut se faire uniquement une bonne opinion de lui. »[29]

Selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) a déclaré : « Méfiez-vous de la suspicion, car la suspicion est le pire des mensonges. Ne vous abusez pas [dans vos transactions], ne vous enviez pas, ne vous haïssez pas, ne vous rivalisez pas les uns les autres, et ne complotez pas les uns contre les autres. Soyez plutôt des frères ô serviteurs d’Allah ! »[30]

Sufiân e-Thawrî a dit : « Il y a deux sortes de suspicions ; l’une d’entre elles qui consiste à faire état de ses impressions est un péché ; l’autre qui consiste à ne pas en faire état n’est pas un péché. »

« C’est la raison pour laquelle il fut ordonné précédemment d’éviter bon nombre de suspicions, car certaines d’entre elles consistent tout simplement à se faire une mauvaise opinion des gens biens. »[31]

Selon ibn ‘Omar : « Il suffit pour mentir de raconter tout ce qu’on entend. »[32]

Selon ibn ‘Omar (t), le Prophète (r) a déclaré : « Vous qui croyez du bout des lèvres, mais dont la foi n’a pas imprégné le cœur ! Ne faites pas de la médisance sur le dos des musulmans et ne vous ingérez pas dans leur vie privée. Allah s’ingère dans la vie privée de quiconque s’ingère dans la vie privée des musulmans au point de trahir les actions qu’il tient cachées au cœur de son foyer. »[33]

Il est certifié d’après le recueil e-sahîh, qu’il (r) a dit également : « Ne vous épiez pas, ne cherchez pas à connaître les rumeurs, ne vous haïssez pas, et ne complotez pas les uns contre les autres. Soyez plutôt des frères ô serviteurs d’Allah ! » Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré : « Méfiez-vous de la suspicion, car la suspicion est le pire des mensonges. Ne vous épiez pas, ne suivez pas les rumeurs, ne vous rivalisez pas, ne vous enviez pas, ne vous haïssez pas les uns les autres, et ne complotez pas les uns contre les autres. Soyez plutôt des frères ô serviteurs d’Allah ! Comme Il vous l’a imposé. Le musulman est le frère du musulman ; il n’est pas injuste envers lui, il ne le trahit pas, et il ne le méprise pas. La piété est ici, la piété est ici en désignant sa poitrine. Il suffit pour faire du mal de mépriser son frère musulman. Le musulman dans son intégralité est sacré pour son frère ; au niveau de son sang, de ses biens, et de son honneur. Allah ne regarde pas vos apparences et vos formes, mais Il regarde plutôt vos cœurs et vos actes »[34]

Selon Mu’âwiya (t), j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Si tu cherches après la vie privée des musulmans tu vas les corrompre, ou bien a-t-il dit, tu risques de les corrompre. »[35] Toujours selon Mu’âwiya, j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Si tu cherches à suspecter les gens tu vas les corrompre. »

À suivre…




[1] E-zuhd de l’Imâm Ahmed (p. 246).

[2] Sha’ab el îmân d’el Baïhaqî (7401).

[3] Sharh e-sunna (p. 113).

[4] Cette annale est rapportée par e-Lalakâî dans sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna wa el jamâ’a (1/172-173).

[5] Cette annale est également rapportée par el Khallâl dans e-sunna (9), et Abû Nu’aïm dans el huliya (8/91) avec une chaine narrative authentique.

[6] Rapportée par el Khallâl dans e-sunna (16).

[7] Rapportée par el Khallâl dans e-sunna (14).

[8] Majmû’ e-rasâil d’ibn Rajab (2/642)

[9] Rapportée par el Khallâl dans e-sunna (20).

[10] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

[11] Rapporté par el Bukhârî (7038) et Muslim (2585).

[12] Hadith dont la chaîne narrative est considérée bonne, voir : el adab el mufrad (93).

[13] Hadith considéré bon ; voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha de l’Albânî (6/923).

[14] Rapporté par el Bukhârî et Muslim ; voir : Mishqât e-masâbîh (4343).

[15] Rapporté par el Bukhârî (4) et Muslim (162).

[16] Les femmes ; 83

[17] Les coalisés ; 58

[18] Qâf ; 17-18

[19] La fissure ; 10-12

[20] Les ornements ; 19

[21] Les ornements ; 80

[22] Le repas céleste ; 8

[23] Le bétail ; 152

[24] Les femmes ; 114

[25] La lumière ; 19

[26] Le voyage nocturne ; 36

[27] Les prophètes ; 7

[28] La chaine narrative de cette annale est authentique ; voir : el adab el mufrad de Sheïkh el Albânî (p. 117).

[29] Rapporté par ibn Mâja ; Sheïkh el Albânî considère qu’il est authentique en regard des autres Hadith qui viennent le consolider ; voir : Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2/630).

[30] Hadith authentique ; voir : Sahîh el jâmi’ (2679).

[31] Voir : Fath el Qadîr de Shawkânî.

[32] Cette annale est authentique ; voir : el Adab el mufrad (884).

[33] Voir : Sahîh sunan Abî Dâwûd (4880) et Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2/589).

[34] Voir : Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2885).

[35] Hadith authentique ; voir : Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2342).





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  #3  
ÞÏíã 29 Jan 2013, 04:24 PM
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La condamnation publique du gouverneur
(Partie 3)


La médisance


Allah (I) révèle : (Les croyants sont des frères alors conciliez entre vos frères et craignez Dieu, ainsi bénéficierez-vous de Sa Miséricorde • Ô croyants ! Un clan d’hommes ne doit pas se moquer d’autres hommes, car ils peuvent être meilleurs qu’eux, et un clan de femmes ne doit pas se moquer d’autres femmes, car elles peuvent être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous appelez pas par des sobriquets les uns les autres ; il est si vilain d’avoir un nom pervers après avoir embrassé la foi. Celui qui ne s’en repent pas fait vraiment partie des injustes. Ô croyants ! Évitez bon nombre de suspicions, car certaines suspicions sont des péchés ; ne vous épiez pas et ne médisez pas les uns sur les autres ; plairait-il à l’un d’entre vous de manger la chair du cadavre de son frère ; cela vous serait plutôt répugnant ; alors, craignez Dieu et sachez qu’Allah est Absoluteur et Tout Miséricordieux).[1]


Selon Abû Huraïra, quelqu’un demanda : « Cher Messager d’Allah ! Qu’est-ce que la médisance ?
  • C’est de dire sur ton frère ce qui lui déplait.
  • Vois-tu, si je dis la vérité sur lui ?
  • Si tu dis la vérité sur lui, tu auras médis contre lui, mais si tu ne dis pas la vérité, tu l’auras alors calomnié. »[2]


La calomnie consiste à proférer des propos mensongers à l’encontre de quelqu’un. Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah, nous avons senti une odeur répugnante en présence du Messager d’Allah (r). Dès lors, il s’est exclamé : « Vous savez quelle est cette odeur ? C’est l’odeur de ceux qui médissent sur les musulmans. »[3] D’après un Hadith qu’Abû Huraïra fait remonter au Prophète (r) : « Il sera demandé le jour de la résurrection à quiconque commet de la médisance sur terre de s’avancer pour entendre au sujet de sa victime : mange de son cadavre comme tu as mangé sa chaire de son vivant. Dès lors, il va le manger avec répugnance en poussant des cris. »[4] Selon ibn Mas’ûd : « La pire bouchée que l’on peut avaler, c’est de médire sur le dos du croyant. »[5]


Selon Abû Bakra (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré dans son sermon le jour du sacrifice à Mina, au cours du Pèlerinage de l’Adieu : « Votre sang, vos biens, et votre honneur vous sont aussi sacrés que cette terre, en ce jour, et en ce mois. Ai-je bien transmis le message ? »[6]
‘Amr ibn el ‘As est passé à la tête d’un groupe devant la dépouille d’une mule qui avait déjà gonflée. Il s’est dès lors écrié : « Par Allah ! Il vaut mieux pour l’un d’entre vous de remplir son ventre de cette dépouille que de manger la chair de son frère. »[7]


Selon Anas (t), le Messager d’Allah (r) a affirmé : « Au cours de mon Ascension, je suis passé devant des gens qui avaient des ongles en argent avec lesquels ils se griffaient le visage et le corps. J’ai alors demandé : Jibrîl ! Qui sont ces gens ?
  • Ces gens-là mangeaient la chaire des autres et entachaient leur honneur. »[8]


Selon Ya’lâ ibn Shabâba, en passant devant une tombe dont l’occupant se faisait châtié, le Prophète (r) s’est exclamé : « Cet homme mangeait la chaire des gens. » Il a ensuite demandé qu’on lui apporte une tige fraîche, etc.[9] Manger la chaire de son prochain est valable tant pour la namîma que pour la médisance ; tous deux relèvent des grands péchés.


Ibn Hibbân a authentifié l’une des versions du hadith d’Abû Huraïra avec l’énoncée suivante : « L’autre portait atteinte au gens avec sa langue, en semant entre eux la discorde. » Dans ce registre, selon Hudhaïfa, j’ai entendu dire le Prophète (r) : « Le calomniateur (qattât) n’entrera pas au Paradis. »[10]


Selon ibn Mas’ûd (t), le Prophète (r) a déclaré : « Vous dirais-je qu’est-ce que la ‘adha ? C’est la namîma ; le commérage. »[11] ‘Adha a le sens de « mensonge », « calomnie », et le commérage correspond aux bavardages qui installent la dispute entre les gens.


Le Prophète (r) a dit également : « Savez-vous qu’est-ce que le ‘adha ?
  • Allah et Son Messager le savent mieux, ont répondu les Compagnons.
  • C’est de colporter les rumeurs entre les gens dans le but de semer entre eux la discorde. »[12]


Selon Asmâ bint Yazîd, le Prophète (r) a dit : « Vous dirais-je qui sont les meilleurs d’entre vous ?
  • Bien sûr !
  • Ceux dont la vue évoque le Seigneur.
  • Vous dirais-je qui sont les pires d’entre vous ?
  • Bien sûr !
  • Ceux qui sèment la discorde, qui divisent entre les frères, qui font du tort, et qui recherchent l’embarras. »[13]


Pourtant, comme le souligne ibn Daqîq el ‘Îd, l’honneur des musulmans est précieux ; deux catégories d’individus qui y sont confrontés, jouent, en permanence, avec le feu : les traditionnistes et les gouverneurs (les juges).[14]


Comment s’adresse-t-on au sultan ?


(Rendez-vous chez Pharaon qui s’est rendu rebelle et tenez-lui un doux langage, ainsi se reprendra-t-il ou va-t-il s’émouvoir (craindre))[15] ; [et dites aux gens de belles paroles][16] ; (Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière)[17] ; (Ô croyants ! Craignez Allah, et prononcez des paroles pertinentes, Il raffermira vos œuvres et vous pardonnera vos fautes • Celui qui obéi à Allah et à son Messager, acquerra alors un succès immense).[18]


Selon ‘Âicha l’épouse du Prophète (r), ce dernier a dit : « la douceur ne se trouve pas dans une chose sans l’embellir, et elle n’est pas ôtée d’une chose sans la nuire. »[19]


Selon Abû Huraïra (t), j’ai entendu dire le Prophète (r) : « Une parole prononcée à la légère peut faire trébucher l’individu en Enfer à une distance plus longue que celle entre l’orient et l’occident. »[20]


Selon Bilâl ibn el Hârith el Muzanî (t), le Messager d’Allah (r) a affirmé : « Allah (I) écrit Son Agrément pour une parole prononcée par un individu n’ayant pas pensée qu’elle aurait pu attendre ce mérite, et cela jusqu’au Jour de Sa rencontre. Et Il (r) écrit Sa Colère pour une parole prononcée par un individu n’ayant pas pensé qu’elle aurait pu atteindre cette gravité, et cela jusqu’au Jour de Sa rencontre. »[21]


Selon ‘Abd Allah, le Prophète (r) a dit : « Le croyant n’est pas injurieux, pervers, grossier, et il n’est pas porté à maudire. »[22] Selon Mujâhid, ibn ‘Abbâs a dit : « Si tu veux parler des défauts de ton prochain, parle d’abord des tiens. »[23]


Ibn ‘Abbâs dit pour sa part : « Si Pharaon lui-même me disait : « qu’Allah te bénisse », je lui répondrais : « et toi de même », alors qu’il est mort. »[24]
Un jour, Usâma ibn Zaïd (t) fut interpellé en ces termes : « Ne devrais-tu pas te rendre chez ‘Uthmân pour lui parler ?
  • Pensez-vous que je devrais attendre pour lui parler de le faire en votre présence, fustigea-t-il ? Par Allah ! Je lui ai parlé entre lui et moi, sans pousser une porte que je n’aimerais pas être le premier à ouvrir. »([25])
En commentaire à cette annale, el Qâdhî ‘Iyâdh – qu’Allah lui fasse miséricorde – explique : « Usâma veut dire qu’il ne veut pas ouvrir la porte de la condamnation publique de l’Imam, car il a conscience des mauvaises conséquences que cela peut engendrer. Prodiguer un conseil avec douceur et en privé est plus à même de porter ses fruits. »([26])


Selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les préserve son père et lui –, le Messager d’Allah (r) a dit : « Quiconque voit chez son émir une chose qu’il réprouve, il doit l’endurer, car celui qui vient à mourir en s’ayant écarté d’un empan du groupe, meurt à l’état de l’ère païenne. »([27])


Selon ‘Iyâdh ibn Ghanm (t), le Messager d’Allah (r) affirme : « Celui qui veut donner conseil au sultan, il ne doit pas le faire en public, mais il doit le prendre [seul ndt.] par la main. S’il accepte, c’est tant mieux, sinon il aura accompli son devoir. »([28])
Selon Anas ibn Mâlik (t), les grands parmi les Compagnons nous ont avertis en ces termes, le Messager d’Allah (r) préconise : « N’insultez pas vos émirs, ne les trompez pas, ne les détestez pas, mais craignez Allah et patientez, car le moment est proche. »([29])


Selon Ziyâd el ‘Adawî, j’étais avec Abû Bakra au pied du minbar (chaire ndt.) d’ibn ‘Âmir qui faisait un sermon. Comme il portait un vêtement transparent, Abû Bilâl s’exclama : « Regardez l’émir, il porte les habits des pervers !
  • Tais-toi ! Répondit aussitôt Abû Bakra. J’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « Allah méprise quiconque méprise le pouvoir (sultan) d’Allah sur terre. »([30])


Ainsi, comme le préconise ibn Nahhâs, il vaut mieux s’adresser au Sultan en privé, et de préférence, sans aucun témoin pour éviter tout scandale.[31]


À suivre…








[1] Les appartements ; 10-11

[2] Hadith bon et authentique ; il est rapporté par Muslim (6536).

[3] Hadith considéré bon ; voir el adab el mufrad (252).

[4] Hadith dont la chaîne narrative est bonne selon ibn Hajar el ‘Asqalânî dans Fath el Bârî (10/470). D’autres spécialistes à l’exemple de Sheïkh el Albânî l’ont considérée faible.

[5] Voir : Fath el Bârî (10/470).

[6] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, voir : Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2828).

[7] Hadith dont la chaîne narrative est authentique. Voir : el adab el mufrad (253).

[8] Hadith authentique. Voir : Sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2839).

[9] Voir : Fath el Bârî (10/471).

[10] Rapporté par el Bukhârî (5709) et Muslim (287).

[11] Voir : Sahîh el jâmi’ (2630).

[12] Hadith authentique ; voir : ailsilat el ahâdîth e-sahîha (845).

[13] Hadith considéré bon ; voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (1646).

[14] El iqtirâh fî bayân el istilâh d’ibn Daqîq el ‘Îd (p. 30).

[15] Ta-Ha ; 43-44

[16] La vache ; 83

[17] Les abeilles ; 125

[18] Les coalisés ; 70-71

[19] Rapporté par Muslim (2594).

[20] Rapporté par el Bukhârî (6112) et Muslim (50).

[21] Hadith bon et authentique ; voir : sahîh e-targhîb wa e-tarhîb (2878).

[22] Hadith authentique ; voir : Silsilat el ahâdîth e-sahîha de l’Albânî (320).

[23] Ce Hadith cité par ibn Kathîr dans son exégèse a été jugé faible par Sheïkh el Albânî ; voir : el adab el mufrad (328).

[24] Rapporté par el Bukhârî dans el adab el mufrad (1113), et fut authentifié par el Albânî dans sa recension de ce dernier (852).

([25]) Rapporté par Ahmed dans el musnad 36/117 (21784), el Bukhârî (3267) et Muslim (2989) auquel les termes cités en haut reviennent.

([26]) Fath el Bârî 13/67 (7098).

([27]) Rapporté par Ahmed 4/290 (2487), el Bukhârî (7054), et Muslim (55, 1849).

([28]) Rapporté par Ahmed 24/48-49 (15333), et ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna 2/507 (1096).

([29]) Rapporté par ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna 2/474 (1015), et el Baïhaqî dans el jâmi’ li shu’ab el îmân 10/27 (7117).

([30]) Rapporté par Ahmed dans el musnad 34/79 (20433), et e-Tirmidhî auquel les termes cités en haut reviennent et qui a fait ensuite le commentaire suivant : « Ce hadîth est bon et singulier. »

[31] Tanbîh el ghâfilîn (p. 55) ; voir également : saïl el jarrâr de Shawkânî (4/552).
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  #4  
ÞÏíã 30 Jan 2013, 04:55 PM
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La condamnation publique du gouverneur
(Partie 4)


Les annales des anciens qui vérifient ce principe


Selon Sa’îd ibn Jubaïr, je me suis adressé à ibn ‘Abbâs en ces termes : « Est-ce que je dois faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) à mon émir ?
  • Si tu as peur qu’il te tue, alors ne cherche pas à le réprimander, mais si tu dois absolument le faire, alors veille à ce que ce soit entre toi et lui. »
Selon une version : « Ne critique pas ton émir. »[1]
Ce même ibn ‘Abbâs réprimanda un certain Abû Hamza, qui, ayant appris qu’el Hajjâj avait brûlé la Ka’ba de ses catapultes, l’avait insulté sous l’effet de la colère. Voici quelle fut la réponse : « Ne viens pas en aide à Satan. »[2]


Quand ‘Abd Allah ibn ‘Amr, apprit que certains habitants d’Iraq maudissaient leurs émirs et les taxaient d’égarés, il s’écria : « ceux-là, maudit soient-ils par Allah, ses anges et tous les hommes ! »[3] Ensuite, il rapporta le hadîth du Bédouin (vraisemblablement dhû el Khuwaïsira ndt.) qui condamne les kharijites.


D’après Ahmed, Sa’îd ibn Juhmân se plaignit des émirs à ‘Abd Allah ibn Abî Awfâ qui le pinça violemment pour le faire taire, avant de s’expliquer : « … Si le sultan t’écoute, alors va le voir chez lui, et mets-le au courant de ce que tu sais ; s’il accepte de ta part, c’est tant mieux, sinon, laisse-le. »[4]


Ishâq : j’ai demandé à Abû ‘Abd Allah : « Quand est-ce que la morale devient obligatoire ?
  • Nous ne sommes pas à cette époque ; si tu peux changer les choses verbalement, c’est tant mieux, sinon, faute de pouvoir le faire, contente-toi de condamner avec le cœur, en sachant que c’est le degré de foi le plus faible. »[5]


Il m’a dit également : « Ne t’expose pas au Sultan, car son épée est tranchante. »[6] Je lui demandais également : « Quand est-ce que la morale devient obligatoire pour moi ?
  • Tant que tu ne crains ni fouet ni bâton. »[7]


Anas ibn Mâlik : « Les grands parmi les Compagnons du Messager d’Allah interdisaient d’insulter les émirs. »[8] Selon une version : « N’insultez pas vos émirs et ne les critiquez pas ! Craignez Allah et patientez, car l’heure est proche. » Une autre version précise : « Ne les trahissez pas. »


Sa’d ibn Hudhaïfa : quand on souleva à Hudhaïfa les défauts de Sa’îd ibn el ‘Âs, il répondit : « Je ne sais pas laquelle des deux choses vous voulez en me racontant cela : me rapporter les défauts d’un sultan qui n’est pas le votre, ou bien dissiper cette fitna, qui pourtant fut envoyée par Allah. »[9]


Abû Dardâ (t) : « Attention à ne pas maudire vos émirs, car les maudire rase la religion et les haïr rend stérile.
  • Abû Dardâ, s’exclama-t-on, que devons-nous faire si nous voyons chez eux des choses qui nous déplaisent ?
  • Patientez, car si Allah voit cela chez eux, Il vous soulagera d’eux par la mort. »[10]


Ailleurs, il dit : « Qu’allez-vous devenir si vous maudissez ouvertement vos émirs, ou si vous les maudissez en cachette ? Dès lors, vous périrez ! »[11]


Abû Mijlis : « Insulter l’Imam rase tout, je ne parle pas des cheveux, mais de la religion. »[12]


Abû Idrîs el Khawlânî : « Attention à ne pas critiquer les émirs, car à même de tout raser, je parle de la religion, non des cheveux. Ceux qui les critiquent sont les perdants et les pires des hommes. »[13]


Sous l’ère d’Uthmân, un homme voulait entrainer ‘Abd Allah ibn ‘Omar à critiquer le troisième khalife. Il se lança dans un long discours bien qu’il manquait d’éloquence. Ibn ‘Omar attendit qu’il finisse pour lui fustiger au nez : « Quand le Messager d’Allah était encore vivant, nous disions qu’Abû Bakr était le meilleur élément de la communauté après lui, puis ‘Omar, puis ‘Uthmân.
Par Allah ! À ma connaissance, ‘Uthmân n’a tué impunément personne et n’a jamais commis un grand péché. Mais le problème, c’est l’argent ! Quand il vous en donne, vous êtes contents, mais quand il en donne à ses proches, vous faites la tête. Vous voulez devenir comme les Perses et les Romains qui passent tous leurs rois au fil de l’épée. »
Son interlocuteur se mit à verser quatre larmes sur son visage, et lança dans son regret : « Ô Allah ! Nous ne voulons pas cela ! »[14]


Zâida ibn Qudâma : j’ai dit à el Mansûr ibn el Mu’tamir : « Les jours de jeûne, je peux prendre à partie les émirs ?
  • Non !
  • Et je peux prendre à partie ceux qui parlent sur Abû Bakr et ‘Omar ?
  • Oui ! »[15]


Ibn el Mubârak : « En dénigrant les savants on perd son au-delà, en dénigrant les émirs, on perd sa vie d’ici-bas, et en dénigrant les frères, on perd sa bonne réputation. »[16]


Sahl e-Tusturî a dit : « Les gens vivront bien tant qu’ils encenseront les sultans et les savants. En faisant cela, Allah leur améliorera leur vie religieuse et leur vie matérielle. Cependant, en les dénigrant, ils mettront à mal leur vie présente et leur vie future. »[17]


Ailleurs, il dit : « Cette nation se divise en soixante-treize sectes ; soixante-douze d’entre elles sont vouées à la perdition, toutes haïssent le sultan ; la secte sauvée est la seule qui est avec le sultan. »[18]


Ibn Sirîn, qui entendit un homme insulter el Hajjâj, s’écria : « Hé toi, va doucement ! Quand tu seras dans l’autre monde, le plus petit péché que tu fais aujourd’hui sera, à tes yeux, plus grand que le pire des crimes commis par el Hajjâj. Sache qu’Allah est un juge Sage et Juste, s’Il prend quelque chose d’el Hajjâj pour le donner à sa victime, el Hajjâj la reprendra à celui qui a été injuste envers lui. Ne t’occupe donc pas à insulter qui que ce soit. »[19]


‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz fit parvenir au gouverneur de Kûfa un courrier dans lequel il le réprimande en ces termes : « J’ai appris que certains de ton entourage insultent el Hajjâj, alors interdis-leur, car j’ai appris également que la victime invoque contre son oppresseur, en devenant à son tour oppresseur, et son oppresseur sa victime. »[20]


Riyâh ibn ‘Abîda : ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz évoqua el Hajjâj un jour que j’étais assis chez lui. Je ne me suis pas retenu de l’accabler d’injures. « Va doucement, Riyâh, me reprit-il ! J’ai appris qu’un homme peut certes être l’auteur d’une injustice, mais qu’il rend ses comptes à sa victime qui n’arrête pas de l’injurier et de le dénigrer à tel point que c’est sa victime qui lui devra des comptes. »[21]


Qatâda : ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz prit à partie un homme qui insulta el Hajjâj ibn Yûsaf en sa présence : « A-t-il commis une injustice envers toi, s’enquit-il ?
  • Oui, il m’a fait telle et telle chose.
  • Alors pourquoi ne mets-tu pas cette injustice de côté pour te faire pleinement rembourser le Jour de la résurrection ? »[22]


Zuburqân : je me suis mis à insulter el Hajjâj et à blâmer ses défauts alors que je me trouvais chez Abû Wâil : « Ne l’insulte pas, me rectifia-t-il, car tu ne sais pas s’il a ou non invoquer : Ô Allah, pardonne-moi, et qu’il fut exaucé ! »[23]


On a l’émir qu’on mérite


Allah (I) révèle : [Dis : Ô Allah ! Roi du Royaume ! Tu donnes la royauté à qui tu veux et Tu l’enlèves à qui Tu veux ; Tu élèves qui Tu veux et Tu rabaisses qui Tu veux ; le bien est entre Tes Mains, Toi, pour qui rien n’est impossible][24] ; [C’est ainsi que Nous faisons régner les injustes les uns sur les autres à cause des actes qu’ils avaient avancés][25] ; [Allah ne change pas un peuple tant qu’ils ne se changent pas eux-mêmes, et s’Il veut du mal à un peuple, rien de peut l’en empêcher ; ils n’ont certes aucun secoureur en dehors de Lui][26] ; [Si les gens des cités avaient cru et s’ils avaient été pieux, Nous leur aurions comblé des bénédictions du ciel et de la terre, mais ils ont voulu démentir Nos Signes ; nous les avons alors frappés pour ce qu’ils œuvraient][27] ;[S’ils avaient appliqué la Thora et l’Évangile et ce que Nous leur avons révélé, ils auraient trouvé leur nourriture au-dessus d’eux et dessous leurs pieds][28] ; [Chacun, Nous l’avons frappé en raison de ses péchés],[29] [Tout malheur qui vous survient est le fruit de vos actes bien que, pour beaucoup d’entre eux, Il n’en tienne pas compte][30] ; [Et lorsque vous furent atteint par un malheur, vous-mêmes aviez auparavant infligé le double aux païens, vous dites : « Comment cela a-t-il pu nous arriver ?» Dis : Cela est venu de vous-mêmes][31] ; [Tout bien qui t’atteint provient d’Allah et tout mal qui t’atteint provient de toi][32] ; [S’il y en a parmi vous qui battirent retraite le jour où les deux armées s’affrontèrent, c’est que Satan les fit trébucher à cause de certains de leurs actes][33] ; [ou qu’Il les fasse chavirer à cause de leurs actes bien que, pour beaucoup d’entre eux, Il n’en tienne pas rigueur][34] ; [Si un malheur leur survient à cause de ce que leurs mains ont avancé… l’homme est vraiment ingrat].[35]


Selon ‘Abd Allah ibn ‘Omar, un jour, le Messager d’Allah (r) s’est présenté à nous pour nous déclarer : « Vous, les muhâjirîns (les émigrés mecquois ndt.) ! Il y a cinq malheurs qui peuvent vous atteindre, et j’implore Allah de vous en préserver : toute communauté où la perversion fait son apparition et où elle se répand ouvertement, celle-ci est frappée par la peste et par les maux qui furent inconnus chez ses ancêtres[36] ; quand elle diminue le poids et la mesure, elle est frappée par la pénurie, la misère extrême et la tyrannie des sultans ; quand elle ne verse pas la zakât, elle se voit interdire la pluie ; si ce n’était la compassion envers les animaux, elle ne la recevrait plus ; quand elle ne respecte pas le pacte d’Allah et celui de Son Messager, elle est envahie par un envahisseur étranger qui s’empare d’une partie de ses richesses[37] ; quand ses chefs ne gouvernent pas d’après le Livre d’Allah et s’ils se détournent de la Révélation, Allah leur fait goûter les guerres intestines. »[38]


Ibn el Qaïyim a dit : « La personne au courant de la situation et des mécanismes du monde est consciente que la dégradation qui règne dans le temps, la nature, chez les animaux, et chez les hommes est provoquée par certains événements. Depuis toujours, les œuvres des fils d’Adam qui se rebellent contre les messagers d’Allah sont à l’origine de la dégradation à grande échelle qu’ils subissent ; maladie, peste, pénurie, aridité, privation ou diminution de l’abondance et des fruits de la terre sont autant de fléaux qui les frappent en chaînes. Si ton savoir est limité dans ce domaine, contente-toi alors du Verset : [La corruption s’est répandue sur la terre et la mer en raison des péchés des hommes].[39] Compare entre ce Verset et la situation dans le monde, tu te rendras compte pour quelle raison les fruits, les récoltes et les animaux subissent-ils constamment des fléaux ! Comment ces fléaux sont-ils à l’origine d’autres fléaux qui s’enchaînent les uns à la suite des autres ?


Toutes les fois que les hommes font régner la perversité et l’injustice, Leur Seigneur leur envoie des fléaux qui s’abattent sur leur nourriture, les fruits, le temps, l’eau, leur personne et leur santé. Toute sorte de calamités qui incarnent leurs actes. Auparavant, les graines de blé étaient beaucoup plus grosses qu’aujourd’hui. Selon l’Imam Ahmed, avec sa propre chaîne narrative, on trouva dans les réserves d’un émir de la dynastie omeyyade, un sac de blé dont les graines étaient aussi grosses qu’un noyau de datte et sur lequel était inscrit : ces graines poussaient à l’époque où régnait la justice. L’Imam Ahmed recense cette annale dans son recueil el Musnad à la suite d’un hadîth qu’il rapporte.[40]


La plupart des maladies et des grands fléaux qui règnent aujourd’hui sont les traces des punitions célestes qui touchèrent les civilisations anciennes. Ils sont aujourd’hui à l’affut de ceux qui les imitent dans la façon de gouverner et de faire régner la loi et la justice. Le Prophète (r) fait allusion à ce phénomène en parlant de la peste au sujet de laquelle il déclare : « Elle est la trace de l’infamie ou de la punition qui fut envoyée aux enfants d’Israël. »[41] En outre, Allah fit s’abattre un vent foudroyant contre un peuple pendant sept nuits et huit jours. Désormais, la trace de ce vent ou d’autres vents de ce genre nous rappellent cet évènement et nous servent de leçon.


Allah (I) a fait que les œuvres des pieux et des pervers se répercutent inévitablement sur le monde. Ceux qui se privent de faire le bien, l’aumône, et de verset la zakât sont privés de la pluie et sont éprouvés par la pénurie et la sécheresse. Les peuples où les miséreux sont traités injustement, qui trichent dans le poids et la mesure, et où le fort s’acharne contre le faible, ils sont éprouvés par des tyrans qui n’ont aucune pitié envers leurs sujets et qui ne font pas profiter des largesses qu’on leur réclame. En fait, ils incarnent les actes de leurs sujets qui se manifestent dans leur tyrannie. D’autres fois, ce sont les maladies collectives qui incarnent leurs actes, ou encore les peurs et les douleurs qui tracassent leur esprit en permanence. Ils peuvent également être privés des bénédictions du ciel et de la terre. Parfois, ils sont harcelés par les démons qui les entrainent droit vers la punition céleste, afin que se vérifie sur eux le Décret divin, et que chacun soit guidé vers son destin.


L’homme sensé promène son regard à travers tous les coins de la terre pour vérifier cela. Il peut voir ainsi les lieux où la justice et la sagesse d’Allah se sont manifestées. Dès lors, il se rend compte que seuls les prophètes et leurs adeptes suivent le chemin de la délivrance. Quant au reste de l’humanité, ils sont voués à la ruine et se dirigent vers la demeure de la perdition. Allah atteint toujours ce qu’Il veut, personne ne peut contester Son Jugement et s’opposer à Sa Volonté. Certes, Il est Celui qui concède la réussite ! »[42]


Mu’âdh ibn Jabar : « L’émir vient de l’Ordre d’Allah, alors le critiquer revient à critiquer l’ordre d’Allah. » Selon une version : « Que penses-tu, ô fils d’Adam, du fait de critiquer l’ordre d’Allah ? »[43]


Yûnas ibn ‘Ubaïd : « En trente ans que j’ai fréquenté el Hasan el Basrî, je ne l’ai jamais entendu dire que tel ou tel émir fut nommé ou destitué, ni que les prix ont augmenté ou baissé, ni que la chaleur est torride. Les seules paroles qu’il avait sur la bouche est que la mort frappe à la porte de chacun d’entre vous. »[44]


Abû Ishâq e-Subaï’î : « Un peuple qui insulte son émir se prive tout seul de ses bienfaits. »[45]


‘Abd e-Rahmân ibn Mahdî : « Je n’ai jamais entendu Sufiân – en parlant d’e-Thawrî – insulter aucun Sultan, malgré qu’il était dur envers eux. »[46]


Toujours selon ‘Abd e-Rahmân ibn Mahdî : J’ai entendu dire Sufiân : « J’invoque Allah de réformer le Sultan, mais je ne peux en dire plus que ce que je vois sur eux. »[47]


Dans son encyclopédie biographique, Dhahabî ne tarit pas d’éloges sur Sufiân, et souligne que les savants ne lui tenaient pas rigueur de certains « écarts » ; il flirtait notamment avec le shiisme primitif (il préférait ‘Alî à ‘Uthmân) ; il ne dérogeait pas à la fatwa des savants de sa région qui autorisaient le nabîdh (boisson enivrante à base de dates fermentées ndt.), bien qu’il aurait par la suite changé d’avis ; il prenait à partie les gouverneurs, mais sans cautionner les révoltes, etc.[48]


À suivre…







[1] Rapporté par el Baïhaqî dans el jâmi’ li shu’ab el îmân (7592) avec une chaine narrative jugée « bonne ».

[2] Rapporté par el Bukhârî dans e-târikh el kabîr (2352).

[3] Rapporté par ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna (934), et authentifié par el Albânî dans sa recension de ce dernier.

[4] Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans zhilâl el janna (905).

[5] Rapporté par ibn Hânî (2/175).

[6] Rapporté par el Khallâl dans el amr bi el ma’rûf (19).

[7] Rapporté par ibn Hânî (2/175).

[8] Sheïkh el Albânî l’a rendu « potable » dans zhilâl el janna (1015).

[9] Rapporté par el Hâkim (3/503).

[10] Rapporté par ibn Abî ‘Âsim dans e-sunna (1016).

[11] Rapporté par Mu’mmar dans jâmi’ bi dhaïl musannaf ‘Abd e-Razzâq (11/344).

[12] Voir : el amwâl d’ibn Zanjawaïh (1/78).

[13] Voir : el amwâl d’ibn Zanjawaïh (1/78).

[14] Rapportée par el Khallâl dans e-sunna (546).

[15] Abû Nu’aïm dans el huliya (5/41).

[16] Ibn ‘Asâkir (32/333).

[17] Tafsîr el Qurtubî (5/260).

[18] Voir : qût el qulûb (2/242) d’abû Tâlib el Makkî.

[19] Abû Nu’aïm dans el huliya (2/271).

[20] Ansâb el ashrâf d’el Barâdharî.

[21] Rapporté par d’Abd Allah ibn el Mubârak dans e-zûd (681), et Abû Nu’aïm dans el huliya (5/277).

[22] Rapporté par Mu’mmar dans jâmi’ bi dhaïl musannaf ‘Abd e-Razzâq (11/180).

[23] Rapporté par Hannâd dans e-zûd (931).

[24] La famille d’Imrân ; 26

[25] Le bétail ; 129

[26] Le tonnerre ; 11

[27] El A’râf ; 96

[28] Le Repas Céleste ; 66

[29] L’araignée ; 40

[30] La concertation ; 30

[31] La famille de ‘Imrân ; 165

[32] Les femmes ; 79

[33] La famille de ‘Imrân ; 155

[34] La concertation ; 30

[35] La concertation ; 48

[36] Comme la syphilis et plus récemment le SIDA (N. du T.).

[37] C’est exactement ce qui se produit actuellement en Afghanistan et en Iraq ! (N. du T.).

[38] Rapporté par le recueil d’ibn Mâja (4019) ; sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa correction de ce dernier.

[39] Les Romains ; 41

[40] Voir : el Musnad (2/296) ; ce hadîth est également rapporté par ibn Ma’în dans son Târîkh (3897), et par ibn Abî Shaïba (35164).

[41] Rapporté par e-Tirmidhî (1065) avec une chaîne narrative authentique.

[42] Zâd el ma’âd (4/362).

[43] Rapporté par Abû ‘Amr e-Dânî dans e-sunan el wârida fî el fitan (144).

[44] Rapporté par ‘Abd el Mâlik ibn Habîb dans adâb e-nisâ (p. 187).

[45] Rapporté par Abû ‘Amr e-Dânî dans e-sunan el wârida fî el fitan (143).

[46] Rapporté par ibn Abî Hâtim dans el jarh wa e-ta’dîl (1/97).

[47] Rapporté par ibn Abî Hâtim dans el jarh wa e-ta’dîl (1/97).

[48] Siar a’lâm e-nubalâ (7/241).
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  #5  
ÞÏíã 02 Feb 2013, 04:33 PM
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La condamnation publique du gouverneur
(Partie 5)


La condamnation publique est une forme de révolte


Dhû el Khuwaïsira interpella le meilleur des hommes (r) en ces termes : « Sois juste ! Tu n’as pas été juste.
  • Malheur à toi, lui lança-t-il, qui peut se vanter d’être juste si je ne le suis pas. »


Après le départ de cet individu, le Messager (r) prévint : « Il y aura dans la postérité de cet homme, des gens devant la prière desquels vous aurez honte, et devant l’adoration desquels vous aurez honte. Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[1]


Selon une version : « Ce partage ne fut pas motivé pour le Visage d’Allah. »[2]


Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya fait remarquer que Dhû el Khuwaïsira est le premier kharijite à sortir, alors qu’il n’a jamais pris les armes.[3] Sheïkh el ‘Uthaïmîn fait la même remarque en soulignant que l’homme en question se contenta de contester verbalement le meilleur des hommes (r). Quand certains ouvrages parlent de la révolte avec l’épée, ils vont allusion à la dernière étape, non qu’il n’y en ait pas d’autres, de la même façon que le regard est la première étape de l’adultère. Il est impensable d’imaginer une insurrection qui n’a pas été précédée par un discours enflammé. En cela, la condamnation publique du gouverneur est une forme de khurûj, car elle prépare les cœurs remontés à bloc, à une entreprise armée.[4]


Sheïkh el Fawzân explique à ce sujet : « Le bon conseil envers les autorités réclame plusieurs choses :


1- Être convaincu de leur légitimité : malheureusement, certains jeunes et savants autoproclamés la remettent en doute. C’est le Coran qui nous impose de nous soumettre à leur obéissance. Le Très-Haut révèle en effet : [Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et aux détenteurs de l’autorité parmi vous].[5] Nous leur devons le respect en vertu des droits que l’Islam leur a octroyés. Il est inadmissible de les prendre en dérision, de médire sur leur dos, ou de les dénigrer. Le Messager (r) est formel sur la chose : « Je vous recommande de craindre Allah, d’écouter et d’obéir au gouverneur, même à un esclave. »[6] Selon une certaine version : « Écoutez et d’obéissez au gouverneur, même à un esclave abyssin ayant une tête comme un raisin sec. »[7] Une autre version précise : « même s’il a les membres coupés. » Une erreur potentielle de leur part ne remet nullement en question ce principe, à condition qu’elle ne fasse pas sortir de la religion. Surtout, nous évitons de la répandre partout pour éviter les troubles, les séditions, et tous les événements qui entrainent l’anarchie.


Il incombe à tout musulman de rester fidèle à cette voie qui nous fut tracée par le Coran et la sunna. Une menace terrible plane sur tout contrevenant ; Allah avilit celui qui avilit un sultan.


Le législateur nous commande également, dans cet ordre, de transmettre directement ses plaintes au gouverneur, sans passer par la chaire du vendredi, ni par les cassettes audio. Dévoiler de cette façon les défauts des gouverneurs au grand public est un acte de rébellion, et stimule l’animosité des citoyens. Il est beaucoup plus prolifique de lui parler en privé, voire par courrier ou de passer par les personnes en contact avec lui.


Il est inadmissible d’étaler ses défauts devant n’importe quelle audience (réunion entre amis, congrès, sermon du vendredi, etc.). C’est un acte de trahison à même de déstabiliser le pays et d’inciter à la rébellion et à la division des rangs. Cela ne rapporte aucun avantage.


Allah (Y) s’adressa en ces termes à Mûsâ (r) et son frère Hârûn (r) : [Rendez-vous] ; [et tenez-lui] ; en face non dans son dos : [chez Pharaon qui s’est rendu rebelle et tenez-lui un doux langage, ainsi se reprendra-t-il ou va-t-il s’émouvoir (craindre)].[8] Le Coran nous montre la voie. Pharaon qui revendiquait la divinité, lui l’auteur des paroles : [Il dit : je suis votre seigneur le Très-Haut ][9] ; [Je ne vous connais pas un autre dieu que moi].[10] Pourtant, le Seigneur enjoignit à Ses deux prophètes d’user de la plus grande délicatesse, sans l’insulter dans la rue ou au milieu des assemblées. Ils ne fomentèrent aucune sédition ni aucune manifestation contre ce tyran. Comment devons-nous alors nous comporter avec les émirs musulmans ? Pour ceux qui n’ont pas les moyens d’entrer en contact avec eux, nous leur disons : [Allah n’impose rien à la personne qui soit au-dessus de ses forces].[11] La chose n’est pas entre leurs mains, mais cela ne justifie nullement de le stigmatiser par-derrière au nom d’une soi-disant morale (ordonner le bien et interdire le mal). Une telle attitude est plutôt scandaleuse et n’engendre que des inconvénients. »[12]


Plus récemment, il fut encore plus éloquent. Qu’on en juge :


Question : certains partisans du khurûj mettent en avant l’idée qu’on ne s’écarte pas du groupe en faisant des manifestations ou en faisant part de ses opinions, mais uniquement en prenant les armes contre les autorités en place.


En réponse : il existe plusieurs sortes de khurûj :
  • Avec la parole : encourager l’insurrection, même sans n’y participer. C’est même éventuellement pire dans la mesure où on propage la pensée kharijite sans prendre les armes.
  • Avec le cœur (la croyance et l’intention) : ne pas considérer l’autorité du gouverneur légitime ni ses devoirs envers lui, et lui vouer de l’aversion.
  • Avec les actes : avec les armes et tous les moyens préliminaires à la révolte.[13]


Exemples de cette compréhension dans les rangs des anciens :


Un jour, Mu’âwiya monta sur le minbar à l’époque de la fitna, et invita l’assemblée à donner son avis sur sa position. En réalité, il visait ‘Abd Allah ibn ‘Omar qui avait bien des choses à dire, mais qui se rétracta. Et quand on l’interrogea sur les motivations de son silence, voici quelle fut sa réponse : « J’ai eu peur de prononcer une parole qui soit mal interprétée, et qui soit à l’origine de la division et de l’effusion de sang. Alors, je me suis rappelé des merveilles qu’Allah avait promises au Paradis, et ais gardé le silence. »[14]



Makhûl s’adressant à Ghîlân qui multipliait les critiques à l’encontre des émirs : « Malheur à toi, Ghîlân ! Tu as insufflé à la communauté la pensée kharijite, à la différence où toi, tu ne prends pas l’épée. Par Allah, je crains plus pour elle quelqu’un comme toi, que les buveurs (ou les vendeurs ndt.) de vin ! »[15]


‘Abd Allah ibn ‘Ukaïm : « Après ‘Uthmân, je ne contribuerais plus jamais à verser le sang d’un Khalife.
  • Abû Ma’bad, lui demanda-t-on, tu as contribué à sa mort ?
  • Je considère que de blâmer ses défauts contribua à son assassinat ! »[16]


Les qa’diya doivent leur nom à cette caractéristique, car, comme leur nom l’indique, ils embellissaient le khurûj tout en restant assis chez eux.[17] Aux yeux d’Abd Allah Tarasûsî, ils sont même les pires des kharijites,[18] car travaillant dans l’ombre.


El Hasan ibn Sâlih était très exigeant envers lui-même sur les conditions que devait réunir le khurûj ; des conditions quasi impossibles à concrétiser, c'est pourquoi il ne trempa jamais dans les guerres intestines, mais cela ne l’empêcha pas d’envoyer beaucoup de ses compatriotes à la mort.[19]


Alors qu’Alî se tenait sur la chaire du vendredi, un homme se leva pour s’écrier : « La loi n’appartient qu’à Allah (autre traduction possible : le jugement ne revient qu’à Allah ndt.) » Un autre se leva pour crier la même chose, puis ils se regroupèrent dans un coin de la mosquée pour scander toujours la même phrase. De la main, le dernier khalife leur enjoignit de s’assoir avant de s’exclamer : « Oui, c’est vrai, la loi n’appartient qu’à Allah, mais c’est prêcher le vrai pour faire passer le faux. »[20]


Selon une version, l’un d’eux se présenta devant lui en récitant, les doigts dans les oreilles : [Nous avons révélé à toi et à ceux qui t’ont précédé : si tu associes quoi que ce soit à Allah, ton œuvre sera annulée et tu compteras parmi les perdants].[21] Ce à quoi, le gendre du sceau des prophètes (r) répondit : [Prend ton mal en patience, car la promesse d’Allah est vérité ; et ne te laisse pas infléchir par ceux qui n’en sont pas convaincus].[22]


El Hasan : je rendis visite à Qudâma ibn ‘Anaza el ‘Anbarî chez qui je trouvai Mirdâs Abû Bilâl (le même qu’Abû Bakra réprimanda dans une annale précédente ndt.), Nâfi’ ibn el Azraq, et ‘Atiya ibn el Aswad. Abû Bilâl prit la parole et vanta les vertus de l’Islam avec une éloquence que je n’avais jamais entendue. Puis, son discours se tourna vers le sultan dont il fit le procès. Il se tût, et Nâfi’ prit la parole. Il resta dans le même sujet, mais avec une plus belle éloquence. ‘Atiya étala tout son talent d’orateur une fois que son tour fut venu, mais sans n’atteindre, toutefois, le niveau de Nâfi’. Ainsi, tour à tour, les trois hommes malmenèrent le Sultan, ce qui fit réagir Qudâma qui ne mâcha pas ses mots : « Mes frères, lança-t-il dans sa harangue quasi guerrière, je sais autant que vous tout ce que vous avez raconté aujourd’hui, et je blâme tout autant que vous ce que vous venez de blâmer. Je pense comme vous tant que vous ne semez pas l’épée contre nous, mais si vous osez le faire, alors je suis innocent de vous. »[23]


Notons que par la suite, ces trois orateurs trempèrent dans des révoltes.[24]


À suivre…









[1] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

[2] Rapporté par el Bukhârî (3150) et Muslim (1062), selon ibn Mas’ûd (t).

[3] Majmû’ el fatâwâ (28/476).

[4] Cassette (2/a) qui est l’explication de raf’ e-salâtîn de Shawkânî.

[5] Les femmes ; 59

[6] Rapporté par Ahmed (4/126), Abû Dâwûd (4607), e-Tirmidhî (2676) ayant fait ensuite le commentaire suivant « Ce hadîth est bon et authentique. » ; selon el ‘Irbâdh ibn Sâriya (t).

[7] Cette version fut rapporté par el Bukhârî (n° 693, 696, 7142), selon Anas (t).

[8] Ta-Ha ; 44

[9] Les anges qui arrachent l’âme ; 24

[10] Les récits ; 38

[11] La vache ; 286

[12] Voir : e-nasîha wa atharuha ‘alâ wihda el kalima ; voir également : el fatâwa e-shar’iya (p. 107).

[13] El i’lâm bi kaïfiyat tansîb el imâm de Sheïkh el Fawzân.

[14] Rapporté par el Bukhârî (4108).

[15] Voir : târîkh ibn ‘Asâkir (6/373).

[16] Rapporté par ibn Sa’d (6/115).

[17] Hâdî e-sârî d’ibn Hajar (p. 483).

[18] Rapporté par Abû Dâwûd dans Masâil Ahmed (p. 271).

[19] Rapportée par el Khallâl dans e-sunna (94).

[20] Rapporté par ibn Abî Shaïba (8/741), la phrase célèbre d’Alî est dans Muslim (1066).

[21] Les groupes ; 65

[22] Les Romains ; 60 cette version est rapporté par Tabarî dans son târîkh (3/114-115), et authentifiée par el Albanî dans irwâ el ghalîl (2462) ?

[23] Rapporté par ibn Abî e-Duniyâ dans el amr bi el ma’rûf (98).

[24] Voir : siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (5/323), et tarîkh d’ibn Khaldûn (3/147).
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  #6  
ÞÏíã 03 Feb 2013, 04:47 PM
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La condamnation publique du gouverneur
(Partie 6)


Faire tomber le gouverneur aux yeux du peuple


Il est plus sage de sermonner discrètement et avec tact un homme important, sinon, pour imposer son pouvoir, il risque de s’entêter dans l’erreur avec plus de zèle, juste pour se venger.[1] Chacun le sent en lui-même, car quand on nous fait remarquer nos erreurs en privé, on sent la bienveillance du bon conseil fraternel, mais en public, c’est un scandale et une trahison qui nous fait sortir de nos gongs.[2] Nous devons donc être plus soucieux à ne pas heurter la sensibilité des hommes de pouvoir et à faire preuve à leur égard de compassion.


Selon ‘Âicha, le Prophète (r) a déclaré : « Ne tenez pas rigueur des erreurs venant des personnes respectées, sauf si elles réclament des peines corporelles. »[3] Il vaut mieux que le peuple ait peur du sultan que le contraire.[4]


Mu’âwiya : « Ne mettez pas le sultan en colère, car il s’énerve comme un enfant, mais attaque comme un lion.[5]


Les savants vont jusqu’à interdire de mettre en relief les défauts des anciens émirs de peur de donner des idées à leurs contemporains.[6]


Et pourtant, certains anciens étaient durs avec leurs émirs…


Ibn Muflih répond à cette objection : « Alors, certes, les anciens s’opposaient aux émirs, mais c’était uniquement dans la mesure où ces derniers gagnaient leur considération, ce qui, la plupart du temps, jouait en leur faveur quand ils les prenaient à partie. »[7]


El Awzâ’î explique pour sa part : « Celui qui témoigne d’une erreur du Sultan lors de ses assemblées, et qu’il est possible d’attendre pour lui en parler, alors qu’il attende le moment où il est seul avec lui pour lui exposer son erreur. Néanmoins, s’il n’y a pas d’autre solution que de lui parler sur le champ, alors qu’il le fasse sans attendre. »[8]


Il y a donc un intérêt supérieur à condamner l’émir en public quand le temps ne permet pas de retarder la chose à plus tard. Ce même Awzâ’î est l’auteur des paroles : « Les savants ont le devoir de condamner les innovations naissances, sinon, elles vont entrer dans l’usage (elles vont devenir des sunna ndt.) »[9]


Pour ibn el Jawzî, celui qui veut faire la morale au sultan ne doit pas sortir des limites du sermon. Safârînî a des paroles qui vont dans ce sens, et d’autres savants interdisent carrément de sortir de ce domaine.[10] Des expressions, comme « espèce de tyran » ou autre sont à bannir du vocabulaire, surtout dans la mesure où on met en péril la vie d’autrui. Néanmoins, si on est à l’abri de tout désordre et de mettre en danger sa propre vie, il devient toléré de le faire, aux yeux de la majorité des savants. Point que ne partage pas ibn el Jawzî en vue des inconvénients qu’une telle initiative engendre. Elle peut certes rapporter des avantages, mais ceux-ci sont tellement insignifiants – comparativement aux inconvénients –, qu’ils ne méritent pas qu’on y laisse sa vie. Alors, certes, les anciens affrontaient leurs émirs à la parole, mais ils pouvaient se permettre de le faire, car ils inspiraient la crainte et le respect, ce qui, la plupart du temps, jouait en leur faveur.[11]


Mode d’emploi pour ceux qui ne sont pas habilités ou capables de le faire


Ibn ‘Abd el Barr donne le mode d’emploi à ceux qui ne sont pas en mesure de reprendre les erreurs des émirs : « À défaut de pouvoir conseiller les émirs, il incombe de se retrancher dans la patience et les invocations, car les anciens interdisaient de les insulter. »[12]


Il vaut mieux avoir un mauvais sultan qu’une fitna qui traine, ou pour reprendre le dicton : « Soixante ans sous l’autorité d’un tyran valent mieux qu’une seule nuit sans sultan. » L’expérience en est le meilleur témoin.[13]


À l’époque d’Ahmed – qu’Allah lui fasse miséricorde –, le caractère créé du Coran fut imposé comme crédo officiel par les différents sultans en place. L’épreuve battait à son plein. Accompagnés d’un groupe de savants, les élèves de l’Imâm vinrent le visiter à Bagdad pour se plaindre de la situation. « Abû ‘Abd Allah, lui cria-t-on, la chose a pris de grandes proportions, et nous voulons que tu nous donnes des consignes afin que nous sortions de cette fitna. Vous devez obéir, patienter, et garder votre calme jusqu’au jour où, débarrassé de l’oppresseur, le croyant sera en paix. »


Nous sommes toujours avec l’Imam : « Gloire à Allah ! Pas de sang, pas de sang ! Je n’en veux pas et je n’appelle pas à cela ! Il vaut mieux endurer ce qui nous arrive que de sombrer dans les troubles qui laisse libre court à l’effusion de sang, le vol et le viol (l’atteinte à la vie, les richesses et l’honneur ndt.). As-tu oublié l’époque de la fitna ?
  • Mais, Abû ‘Abd Allah, nous sommes en plein dedans.
  • Si c’est le cas, celle-ci est limitée, mais avec les guerres intestines, tout le monde est touché, et les voies sont coupées (l’insécurité s’installe ndt.). Il vaut mieux pour toi de patienter et préserver ta religion. »[14]
Selon el Marwazî, Abû ‘Abd Allah interdisait de faire couler le sang et condamnait fermement les révoltes.[15] Ailleurs, Ahmed précise : « La fitna, c’est de ne pas avoir d’imam à la tête des affaires du peuple. »[16]
Pour ibn el Azraq, les savants et les pieux qui, entrainés par la ferveur populaire, se jettent dans la gueule du loup sans n’évaluer les risques sont plus condamnables qu’autre chose.[17]


Parler dans le dos du sultan est une forme d’hypocrisie


Mohammed ibn Zaïd : un groupe confia à ibn ‘Omar : « Lors des assemblées du sultan, nous tenons un langage, et quand nous sommes dehors nous en tenons un autre.
  • Avant, nous considérions cela comme de l’hypocrisie. »[18]


Abû Dardâ : « critiquer son émir et la première trace d’hypocrisie. »[19]


[Quand on leur en donne une part, ils sont contents, mais dès qu’on la leur refuse, ils se mettent en colère].[20]


D’après le recueil e-sahîh, le Prophète (r) affirme : « Il y a trois hommes à qui Allah ne parlera pas, qu’Il ne regardera pas le Jour de la Résurrection, qu’Il ne mettra pas en valeur et qui auront un châtiment terrible : un homme qui a de l’eau en abondance, mais qui refuse d’en donner aux étrangers de passage. Le jour de la Résurrection, Allah lui dira : « Aujourd’hui, Je te refuse Mes faveurs, comme tu as refusé sur terre de partager ce que tu n’as pas obtenu de tes mains. » Un homme qui fait allégeance à un Imâm sans n’être motivé par rien d’autre que par les biens de ce bas monde ; s’il lui en donne une part, il est content, mais s’il refuse de lui en donner, il se met en colère ; et un homme qui, après la prière du ‘asr jure mensongèrement en vue découler ses marchandises… »[21]


Pourquoi les anciens interdisaient-ils la compagnie des émirs ?


Outre que la tentation est trop forte de se faire grincer la patte, et que peu d’hommes y résistent, ibn ‘Abd el Barr nous offre des indices. Il explique en substance que, certes, le bon conseil envers les gouverneurs est un devoir, et cela, à l’unanimité des savants. Cependant, il existe des situations où celui-ci est improductif, surtout quand ils sélectionnent leur entourage, composés de corrompus disant oui à tous leurs caprices. Dans ce cas de figure, nos grands érudits prônent le sauf qui peut et se tiennent à l’écart au maximum.[22]


Dans la réalité, il n’est pas évident de tenir tête au premier homme du pays quand on se trouve devant lui. Un jour, quelqu’un demanda à ibn ‘Abbâs : « Ne dois-je pas aller devant ce sultan pour lui faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) ?
  • À condition que tu ne sois pas éprouvé !
  • Et s’il m’ordonnait de faire un péché, qu’en penses-tu ?
  • C’est ce que tu voulais, alors, dans ce cas, sois un homme. »[23]


Pour ibn Rajab, celui qui craint pour sa famille ou ses voisins doit éviter de s’aventurer dans une telle entreprise, car d’autres personnes risquent pour lui. De grandes références comme Mâlik, Ahmed, Ishâq déconseillaient de parler au Sultan si en retour on a peur pour son intégrité (coup, emprisonnement, expulsion, etc.) ou sa richesse.[24] Ibn Shubruma voyait la même chose.[25] El fudhaïl ibn ‘Iyâdh pensait également que certains téméraires endossait la responsabilité des représailles qu’encouraient les gens autour d’eux, surtout dans la mesure où leur discours ne rapporte aucun intérêt aux musulmans.[26] Sufiân, quant à lui, appréhendait qu’ils ne puissent endurer les épreuves qui les attendent en pareil cas.[27] C’est ce qui provoque des résultats inverses. Là où notre foi était censée monter, elle en prend un sacré coup. Et cela, sans parler des dégâts que nous pouvons produire autour de nous, comme nous l’avons vu.[28]


Selon un hadîth que Sheïkh el Albânî a authentifié : « Il ne convient pas au croyant de s’humilier lui-même.
  • Et comment cela, lui demanda son assemblée ?
  • En s’exposant à des épreuves qu’il ne peut endurer. »[29]


En parallèle, un autre texte prophétique nous apprend que le meilleur djihâd est de dire la vérité en face d’un tyran.[30] Le hadîth dit bien « en face », pour reprendre l’expression de Sheïkh el Fawzân, non dans son dos.[31]


Paroles de savants contemporains qui interdisent de critiquer les chefs d’État


Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz ibn bâz – qu’Allah lui fasse miséricorde – : « Condamner publiquement et du haut du minbar les gouverneurs ne fait par partie du chemin des anciens. Une telle pratique engendre la révolte et le non-respect à l’obéissance qu’on leur doit dans les limites légitimes. Elle suscite contre le pouvoir en place un soulèvement qui ne rapporte aucun bien. Cependant, les anciens avaient recours au bon conseil qu’ils prodiguaient au sultan en privé, par courrier, ou par l’intermédiaire des savants qui se mettent directement en contact avec lui en vue de l’orienter vers le bien. »[32]


Sheïkh el ‘Uthaîmîn – qu’Allah lui fasse miséricorde – a éclairci la voie à suivre dans ce domaine en disant : « Certaines gens ont la mauvaise manie de critiquer dans leurs rencontres les responsables de l’autorité et d’entacher leur honneur. Ils se plaisent à exhiber leurs défauts et leurs erreurs en fermant l’œil sur leurs bons côtés et leurs bonnes actions. Il va sans dire que cette attitude ne fait qu’aggraver les choses ; elle ne résout rien et n’a pas pour vocation de réparer l’injustice. Au contraire, le mal prend ainsi plus d’ampleur. Envahis d’un sentiment de haine contre les autorités, les citoyens ne vont plus se soumettre à leurs devoirs vis-à-vis d’eux.
Quant à nous, nous ne doutons pas que les responsables de l’autorité puissent commettre des erreurs, ce qui est propre à l’homme. Tous les êtres humains sont soumis à l’erreur, mais les meilleurs d’entre eux sont ceux qui se repentent au Seigneur. Nul doute également qu’il nous incombe de ne pas nous taire quand une erreur est commise. Nous avons le devoir dans cette situation de prodiguer, dans la mesure du possible, le bon conseil à Allah, à Son Livre, à Son Messager, aux imams musulmans et à leurs sujets.
Ainsi, lorsque nous voyons une erreur chez les gouverneurs, nous devons nous mettre en contact avec eux soit verbalement soit par écrit en vue de les conseiller. Nous utilisons pour y parvenir le chemin le plus court en vue d’exposer la vérité et de mettre leurs erreurs en lumière. Puis, nous leur faisons la morale et leur rappelons leur devoir de prodiguer également le bon conseil à leur sujet, en tenant compte de leurs intérêts respectifs et en leur épargnant l’injustice. »([33])


Pour sa part, Sheïkh Sâlih el Fawzân – qu’Allah le préserve – nous apprend : « Parler sur les responsables de l’autorité relève de la médisance et de la calomnie. C’est l’un des plus graves péchés en dehors de l’association, surtout lorsqu’il s’agit des savants et des gouverneurs. C’est pire en raison des inconvénients énormes qui en résultent : la société se divise, la suspicion est jetée à l’encontre des représentants de l’autorité, le pessimisme et la déception s’installent dans les rangs. »([34])


Wa Allah a’lam !

































[1] E-turûq el hukmiya d’ibn el Qaïyim (p. 58).

[2] Voir : el amr bi el ma’rûf d’ibn Abî e-Duniyâ (58).

[3] Voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (638).

[4] Voir : Kitâb e-sultân d’ibn Qutaïba (14).

[5] Voir : taghlîq ta’lîq muntakhab hilm Mu’âwiya (34).

[6] Voir : siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (21/161), et manhâj e-sunna d’ibn Taïmiya (4/475).

[7] El adâb e-shar’iya (1/197).

[8] Rapporté par Abû Bakr el Marwazî dans akhbâr e-shuyûkh wa akhlâquhum (30).

[9] Sharf ashâb el hadîth du Khatîb el Baghdâdî (p. 17).

[10] Voir : ghadhâ el albâb (1/178).

[11] Voir : ghadhâ el albâb (1/179).

[12] E-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (21/287).

[13] E-siyâsa e-shar’iya d’ibn Taïmiya (p. 176).

[14] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (1/131).

[15] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (1/131).

[16] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (1/81).

[17] Badâi’ e-silk (1/113).

[18] Rapporté par el Bukhârî (7178).

[19] E-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (21/278).

[20] Le repentir ; 58

[21] Rapporté par el Bukhârî (2369) et Muslim (108), selon Abû Huraïra (t).

[22] El istidhkâr d’ibn ‘Abd el Barr (8/579).

[23] Voir : el amr bi el ma’rûf d’ibn Abî e-Duniyâ (97).

[24] jâmi’ ‘ulûm el hikam d’ibn Rajab (p. 459).

[25] Sharh sahîh el Bukhârî d’ibn Battâl (10/54).

[26] Voir : el amr bi el ma’rûf d’ibn Abî e-Duniyâ (101).

[27] Voir : el amr bi el ma’rûf d’ibn Abî e-Duniyâ (103).

[28] Voir également : Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (14/473).

[29] Rapporté par Tirmidhî (2254) et ibn Mâja (4016), et authentifié par el Albânî dans silsilat el ahâdîth e-sahîha (613).

[30] Rapporté par ibn Mâja (4012), et authentifié par el Albânî dans silsilat el ahâdîth e-sahîha (491).

[31] El i’lâm bi kaïfiyat tansîb el imâm de Sheïkh el Fawzân.

([32]) El ma’lûm min wâjib el ‘alâqa baïna el hukkâm wa el mahkûm (p. 22).

([33]) Wujûb tâ’a e-sultân fî ghaïr ma’siya e-Rahmân d’el ‘Uraïnî (p. 23-24).

([34]) El ajwiba el mufîda ‘an as-ila el manâhij el jadîda (p. 60).
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