ãäÊÏíÇÊ ÇáÊÕÝíÉ æ ÇáÊÑÈíÉ ÇáÓáÝíÉ  
     

Left Nav ÇáÑÆíÓíÉ ÇáÊÚáíãÜÜÜÇÊ ÞÇÆãÉ ÇáÃÚÖÇÁ ÇáÊÞæíã ÇáÈÍË ãÔÇÑßÇÊ Çáíæã ÇÌÚá ßÇÝÉ ÇáÃÞÓÇã ãÞÑæÁÉ Right Nav

Left Container Right Container
 
  #1  
ÞÏíã 29 Aug 2013, 03:43 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí Le shirk




Le shirk

(Partie 1)

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

[Les Juifs ont dit : « ‘Uzaïr est le fils de Dieu », et les chrétiens ont dit : « Le Messie est le fils de Dieu » ; Voici ce que profère leur bouche ; ils disent la même chose que les nations impies les ayant précédées • Ils ont pris leurs moines et leurs prêtres pour des seigneurs en dehors d’Allah ainsi que Jésus, fils de Marie. Pourtant, il ne leur avait été ordonné de n’adorer qu’un seul dieu. Nulle divinité en dehors de Lui. Glorifié soit-Il au-dessus de leur association !][1]

Introduction

L’unicité (tawhid) consiste à unifier Allah dans les domaines qui lui sont propres, soit au niveau de la Seigneurie, des Noms et Attributs et de la Divinité.[2]

Certains savants font entrer les deux premières formes dans un même ensemble, auquel il donne le nom de tawhid el ma’rifa wa el ithbât, car il porte au niveau de la connaissance et des informations issues de la Révélation, et qui vont formées la croyance. Et le second, dans lequel ils font entrer l’unicité dans la Divinité, prend le nom de tawhid el qasd wa e-talab, car il touche aux réactions qu’aura l’individu par rapport à cette connaissance, qui va le pousser à faire les actes allant dans ce sens, et qui lui sont réclamés afin qu’il fournisse l’adoration exclusive du Seigneur.[3]

Il n’y a pas de contradiction entre ces deux classifications, car la première part du point de vue du Créateur qui se caractérise par l’exclusivité dans ces trois domaines, et la seconde s’intéresse aux devoirs de la créature par rapport à cette exclusivité.[4]

Si cela est clair, nous pouvons mieux comprendre l’importance de ces deux éléments qui composent la foi, et qui se concrétisent au niveau de la croyance et des actes ; l’un reposant sur l’autre, et la déficience de l’un entraine forcément la déficience de l’autre, car interdépendants, interactifs, et indissociables. Ainsi, le tawhid el qawlî est la plus noble, et la plus importante des sciences ; elle est une fin en soi, et l’une des plus grandes adorations qui soient. Elle est même la base de toutes les autres sciences et procure le bonheur ici bas et dans l’au-delà.[5] Quant au tawhid el ‘amalî, il en est la concrétisation ; le savoir précède les actes.

C'est pourquoi le savoir des anciens tournait autour de deux éléments :

Connaitre leur Bien-aimé en qui ils donnaient foi à travers Ses Noms et Attributs, ainsi que ses Lois.[6]
Et œuvrer pour ce Bien-aimé à travers les actions légiférées par Ses Lois.

Ils se distinguaient ainsi de deux catégories d’individus :

Ceux qui étaient portés vers la connaissance du Créateur, les discussions et la théorie (les mutakallimîns) ;
Ceux qui étaient portés vers l’amour du Seigneur, l’ascétisme et la pratique (les soufis).

Les premiers se concentraient sur le savoir aux dépens des actes, et les seconds se polarisaient sur les actes aux dépens du savoir. Chacun d’eux s’égarait par un côté et prenait ses distances avec la voie des anciens qui reposaient sur la bonne connaissance des Noms et Attributs divins, doublée des bonnes œuvres dont ils puisaient la légitimité dans les textes du Coran et de la sunna.[7] Les mutakallimîns tendent vers la voie des Juifs, et les soufis vers la voie des chrétiens.[8]

On comprend mieux désormais le fameux adage d’ibn ‘Uyaïna : « Ceux qui, parmi nos savants, s’égarent ressemblent aux Juifs et ceux qui, parmi nos adorateurs, s’égarent ressemblent aux chrétiens. »[9]

L’égarement est propre aux chrétiens, et l’animosité et l’injustice sont propres aux juifs, mais cela ne veut pas dire que les juifs ne sont pas égarés, ni que les chrétiens ne fassent pas preuve d’injustice, mais nous parlons ici de leur ascendant.[10]

Le shirk

Le shirk étant le miroir inversé du tawhîd, il a lieu à ses trois niveaux.[11] Il consiste à donner un rival, un semblable, un égal à Dieu dans les domaines qui lui sont propres, soit au niveau de la Seigneurie, des Noms et Attributs et de la Divinité.[12]

Ibn el Qaïyim souligne que la véritable association consiste soit à faire ressembler le Créateur à la créature soit à faire ressembler la créature au Créateur.[13] Cette comparaison revient à deux facteurs essentiels :

Surestimer la créature,[14]
Sous-estimer le Créateur.[15]

El Maqrîzî souligne par rapport au second point que l’égarement de toutes les sectes égarées et hérétiques revient à deux facteurs :

Ils se font une mauvaise opinion de leur Seigneur.
Ils ne Le considèrent pas à Sa juste Valeur.[16]

Par rapport au premier point, ibn Taïmiya fait remarquer, pour sa part, que la plupart des pratiques polythéistes s’expriment de deux façons : par le culte des tombeaux et des idoles du monde inférieur comme ce fut le cas à l’époque de Noé, et le culte des astres du monde supérieur et la pratique de la magie comme à l’époque d’Ibrahim dont la mission fut destinée aux Chaldéens qui s’adonnaient à la plus grande forme de sorcellerie (l’astrologie).[17]

Les formes d’association

Il existe deux sortes d’association : l’une concerne le domaine de la Divinité (qui touche au tawhid el ‘amalî) et l’autre celui de la Seigneurie (qui touche au tawhid el qawlî). L’association dans le domaine de la divinité et l’adoration est la forme la plus courante dans l’histoire de l’Humanité avec les adorateurs des idoles, des anges, des démons, des vertueux et des « saints » parmi les morts et les vivants. En d’autres termes, l’une est liée au Créateur, à Ses Noms, à Ses Attributs et à Ses actions. L’autre se situe au niveau de l’adoration et de la relation qui lie l’adorateur à Son Seigneur. L’adorateur qui commet l’association à ce niveau peut tout aussi bien être convaincu qu’Allah ne détient aucun associé au niveau de Sa « Personne », de Ses Noms, de Ses Attributs, et de Ses actions.

Quant à la première forme d’association, il en existe deux sortes :

1- Le shirk ta’tîl

L’une consiste à renier l’existence de la divinité (shirk ta’tîl) ; c’est la plus ignoble des deux. Elle concerne notamment Pharaon, l’auteur de ces paroles : (Qui est-Il ce Seigneur de l’univers).[18] (Hé Hâmân ! Construis-moi une tour pour me faire atteindre les voies • Celles des cieux, et ainsi, je verrais le Dieu de Moussa, bien que je soupçonne ce dernier de mentir).[19] (Vous, mes dignitaires ! Je ne vous connais pas de dieu en dehors de moi, alors Hâmân ! Fais-moi cuire des briques et construis-moi une tour pour que je monte jusqu’au dieu de Moussa, bien que je soupçonne ce dernier d’être un menteur).[20] Si cette forme de mécréance est désignée sous le terme de shikr, c’est que l’athéisme (ta’tîl) et l’association sont liés l’un à l’autre, car tout païen est athée comme tout athée est païen. Cependant, il n’est pas besoin de renier complètement la divinité pour être un païen. Un païen peut très bien reconnaître le Créateur (I) et Ses Attributs, bien qu’au même moment il renie les principes de l’Unicité.

Les différentes catégories du shirk ta’tîl (négation)

L’association à l’origine consiste à renier le Créateur à trois niveaux :

Renier l’existence absolue du Créateur du monde ; à l’instar des athéistes (el malâhida) qui prétendent que le monde est ancien et prééternel. Ils assument également que tous les accidents sont liés à des causes par lesquelles ils existent et qu’ils nomment « intellects » et « âmes ».
Renier la perfection par laquelle Il se caractérise ; l’association des « négateurs » des Noms et des Attributs divins à l’instar des jahmites, des bâtinites (qarmates, ismaéliens) et des mu’tazilites ultra.
Renier l’unicité qui incombe à la créature au niveau de l’adoration ; l’association des monistes (ahl wihdat el wûjûd).

2- Le shirk tamthîl (l’assimilation)

L’autre association, qui n’implique pas de renier la divinité, consiste à assimiler Dieu à la création (shirk tamthîl). Elle concerne le fait de vouer le culte à une créature comme le font les chrétiens envers Jésus, les juifs envers ‘Uzaïr, les mazdéens qui affilient la création du bien à la lumière et celle du mal aux ténèbres. L’association des qadarites (les partisans du libre-arbitre) mazdéens est un dérivé de celle des païens mazdéens.

Ces différentes tendances sont les plus répandues sur terre. Elles se divisent en différentes confessions ; les unes adorent les idoles du monde supérieur (du ciel) et les autres du monde inférieur (de la terre). Certaines assument qu’ils vouent le culte à la grande divinité tandis que d’autres assument qu’ils adorent une divinité parmi tant d’autres. Certaines prétendent également qu’en se consacrant à l’adoration de leur idole, ils gagnent son attention particulière. Certaines avancent que la divinité inférieure est à même de les rapprocher de celle qui se trouve au-dessus et ainsi de suite jusqu’à parvenir à la divinité supérieure qui serait Dieu. Ainsi, il y a plus ou moins d’intermédiaires d’une tendance à une autre.[21]

Le shirk ta’tîl est donc la pire forme de shirk qui soit, mais ce qui nous intéresse ici, c’est le deuxième niveau de shirk ta’tîl, et qui consiste à renier la perfection par laquelle Allah se caractérise.

À suivre…




[1] Le repentir ; 30-31 En s’inspirant de ce Verset, ibn Taïmiya souligne : « Beaucoup d’adeptes mystiques se plient à la volonté de personnes encensées à leurs yeux dans tout ce qu’elles ordonnent, même si elles rendent licite un interdit ou illicite les bonnes choses. » Iqtidâ e-sirât el mustaqîm (1/90). Dans bughya el murtâd (p. 496-497), il renchérit : « Dans ce registre, l’égarement a gagné certaines tendances à la manière des chrétiens. »

[2] El qawl el mufîd de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (1/8).

[3] Voir : mu’taqad ahl e-sunna wa el jamâ’a fî e-tawhîd el asmâ wa e-sifât du D. Mohammed Tamîmî (38-40).

[4] Idem. (p. 38).

[5] Miftâh dâr e-sa’âda d’ibn el Qaïyim (1/86).

[6] Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (3/333).

[7] Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (2/41).

[8] Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (2/43).

[9] Voir notamment : tafsîr ibn Kathîr (2/351).

[10] Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (22/307).

[11] Shubuhât el mubtadi’a fî tawhîd el ‘ibâda (1/248-249) qui à l’origine est une thèse universitaire ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn ‘Abd e-Rahmân el Hadhaïl.

[12] Voir : e-shirk fî el qadîm wa el hadîth (1/113-141) qui à l’origine est une thèse universitaire ès Magistère d’Abû Bakr Mohammed Zakariya.

[13] El jawâb el kâfî (p. 326).

[14] Ighâthat e-lahfân d’ibn el Qaïyim (2/640) ; ibn Taïmiya fait remarquer que l’encensement des vertueux à outrance fut la première cause à l’origine du culte des tombeaux à l’époque de Noé (voir : el jawâb el bâhir fî zawwâr el maqâbir avec la recension du D. Ibrahim el Mukhlif p. 182).

[15] El jawâb el kâfî (p. 330-335).

[16] Tajrîd e-tawhîd el mufîd d’el Maqrîzî

[17] E-radd ‘alâ el mantiqyîn (p. 334).

[18] Les poètes ; 23

[19] L’Absoluteur ; 36-37

[20] Les récits ; 38

[21] Tajrîd e-tawhîd el mufîd d’el Maqrîzî qui s’inspire d’el Jawâb el Kâfî d’ibn el Qaïyam (p. 191-194).


ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #2  
ÞÏíã 01 Sep 2013, 05:13 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí



Le shirk

(Partie 2)


Le shirk ta’tîl au niveau des Noms et des Attributs divins


Dans cet ensemble, nous avons les jahmites qui renient tout en partie les Noms et Attributs divins pour éviter, notamment, selon leur vision, de faire ressembler le Créateur à la créature. Quand nous disons tout en partie, c’est qu’ils ont fait des émules. C’est ce qui pousse Ibn Taïmiya à les classer en trois catégories en fonction de leur degré de négation :
  • Il y a tout d’abord les jahmites ultras qui renient tous les Noms et Attributs,
  • Ensuite, nous avons à un degré moindre les mu’tazilites, qui, reconnaissent les Noms dans l’ensemble, mais qui renient tous les Attributs.
  • Nous avons enfin les sifâtiya qui, bien qu’ils soient les opposants des jahmites, ils reçurent leur influence ; ils reconnaissent dans l’ensemble les Noms et Attributs, tout en reniant, entre autres, les Attributs volontaires, à l’image des ash’arites.[1]



Les mou’tazilites sont les travestis des jahmites et les ash’arites sont les travestis des mou’tazilites. Yahya ibn ‘Ammâr disait : « Les jahmites sont les mâles et les ash’arites sont les femelles. »[2] Son élève Abû Ismâ’îl el Ansârî reprendra la formule. Les anciens faisaient entrer les négateurs en tout genre sous la détermination de jahmites. Par la suite, nombreux sont ceux qui pensaient que l’Imâm Ahmed avait pour détracteurs lors de sa cabale, uniquement des mou’tazilites, ce qui est faux (Bishr el Mirrîsî et Ahmed ibn Abî Duâd n’en faisaient nullement partie sic). Il fallait compter à leur côté, en plus des jahmites purs, les najjâriya, et les dharrâriya. Leur point commun était de contester le caractère incréé du Coran.[3]


Les adeptes du ta’tîl adorent le néant et les adeptes du tamthîl adorent une idole.


Les premières guerres intestines


Dès l’avènement de l’Islam, une vague venue du désert a déferlé sur les deux empires les plus prestigieux qui ont régné tout le long de la première moitié du premier millénaire. Elle a répandu la lumière du monothéisme pure sur les ténèbres du paganisme et de l’athéisme qui s’exprimait dès lors sous des formes multiples : si les mazdéens de l’Empire perse étaient des païens affichés ou des philosophes agnostiques, les héritiers des deux grandes religions juive et chrétienne n’en étaient pas moins épargnés par l’obscurantisme en exerçant un polythéisme caché et un agnosticisme déguisé. Quand les peuples de la terre furent délivrés du joug des Sassanides et des Byzantins, ils embrassèrent l’Islam en masse. Non seulement la défaite est restée en travers de la gorge des vaincus, mais ils se sont rendu comptes, très tôt, que comme par un miracle, leur civilisation respective s’était effondrée à jamais. Dès lors, ils prirent conscience qu’ils ne pourraient en découdre avec les musulmans par les armes pendant un long moment. Ils eurent alors recourt à la ruse, en formant une « cinquième colonne » capable, à défaut de ne pouvoir briser l’empire naissant, de l’affaiblir de l’intérieur, et de prendre ainsi leur revanche.[4]


Du côté des juifs, ‘Abd Allah ibn Saba était l’homme de la situation.[5] Afin de semer la discorde sous le Khalifat de ‘Uthmân, il propagea très vite au sein des musulmans qu‘Ali était en fait l’héritier légitime de Mohammed (r) de la même manière que Josué fut l’héritier de Moïse dans les anciennes écritures. Il insuffla notamment le concept de la ruj’a (le retour) : selon lui, le Prophète de l’Islam (ou ‘Ali) est plus à même de revenir sur terre à la fin des temps que Jésus. Originaire du Yémen et de confession juive, il s’est converti hypocritement à l’Islam dans le but de corrompre cette religion naissante et ses adeptes de la même façon que Paul le juif à corrompu la religion chrétienne. L’historiographe el Maqrîzî souligne qu’ibn Saba a innové à l’époque du troisième Khalife, le concept de la wasiya (élire héritier) de la part du Prophète envers son cousin ‘Ali, et celui de la ruj’a.[6]


C'est pourquoi un orientaliste allemand en arrive à la conclusion suivante : « La tendance shiite, celle que l’on affilie à ‘Abd Allah ibn Saba puise plus ses origines chez les juifs que chez les Iraniens. »[7] Un autre orientaliste constate que la ruj’a est directement influencée par les croyances juives et chrétiennes empruntées au paganisme, et avec lesquelles les sabéites ont cherché à pervertir une nation naissante dont la croyance était saine.[8] Ibn Saba lui-même comme nous l’apprend l’hérésiographe el Baghdâdî avoue, selon e-Sha’bî (m 104/736), s’être inspiré de la Thora pour donner crédit à la wasiya.[9]


‘Abd Allah ibn Saba, le pendant de Paul de Tarse


Des siècles plus tard ibn Taïmiya dira : « Les savants mentionnent qu‘Abd Allah ibn Saba le zindîq (l’athée) est à l’origine du râfidhisme. Il s’est converti en apparence, mais il cachait ses convictions juives au fond de lui, dans le but de pervertir l’Islam de la même façon que Paul le chrétien d’origine juive a perverti la religion chrétienne. »[10]


Il parle de Paul de Tarse contre lequel le Messie a mis en garde ses disciples. Paul qui innova des enseignements contraires à la Thora qu’il abrogea sans scrupules, à contre-courant des attentes de Jésus, et contraires à ses enseignements ; Paul qui prétendit être l’auteur de miracles ; Paul qui attribua, contrairement au message de Jésus lui-même et à toute la prophétie, la divinité au Christ ; Paul qui dans un élan laxiste, innova le principe de rédemption et du rachat des péchés des hommes ; Paul qui revivifia avec force le paganisme avec le dogme de la Trinité en gestation.[11]


Selon l’expression de Sa’îd ibn Jubaïr, les murjites sont les juifs de la qibla, comme le rapportent certains recueils de sunna. il est possible de deviner ses intentions, ou pour le moins d’essayer d’en dessiner les contours, en cherchant du côté de la caractéristique des murjites, ou des implications de leurs croyances ; cette tendance ouvre en effet la porte au libertinage et à la zandaqa, peut-être un peu à la manière de Paul qui introduisit l’irja dans la religion chrétienne et qui la corrompit de fond en comble en amenuisant les commandements divins et en axant son discours sur le pardon divin aux dépens des actes ; ou bien plus vraisemblablement, fait-il référence au v. 80 de la s. la vache et disant : [Le feu ne nous touchera que quelques jours, et ensuite, tout sera fini].[12]


Mais apparemment, cette caractéristique est plus à mettre sur le compte de Jahm, que des murjiya proprement dits, les murjiya el fuqaha, comme nous l’avons expliqué dans un autre article.


Ailleurs, Sheïkh el Islâm prédit : « … si les Juifs parviennent à fonder un empire en Iraq ou ailleurs, les rafidhites seront parmi leurs plus grands alliés. Ces derniers s’allient constamment avec les mécréants parmi les païens, les Juifs, et les chrétiens pour combattre les musulmans, et ils leur viennent toujours en aide. »[13]


Parmi les contemporains, dans son livre e-sirâ’ baïna el islâm wa el wathaniya, ‘Abd Allah el Qasîmî a consacré un chapitre entier sur le sujet qu’il a intitulé shubah e-shî’a bi el yahûd, et dans lequel il souligne une ressemblance flagrante entre les deux confessions au niveau du dogme. ils font notamment ressembler Dieu à Ses créatures ; ils détournent de leur sens les paroles des écritures comme le Seigneur le révèle : (Parmi les adeptes du Judaïsme, il y en a qui détourne le sens des paroles)[14] ; ils aiment et détestent à outrance en sombrant ainsi dans l’injustice, ils vouent le culte aux tombeaux, ils encensent à outrance leurs références religieuses comme le Verset le révèle : (Ils ont fait de leurs moines et de leurs prêtres des seigneurs en dehors d’Allah)[15] ; leurs références textuelles ne sont pas fondées et ne s’appuient sur aucune chaîne narrative authentique ou pour le moins crédible ; ils ont recours à la tuqiya[16] (arcane) pour mieux propager le faux …[17]


Le paganisme à l’origine de la damnation


C’est notamment à cause de l’adoration des idoles que le courroux divin s’abattit sur les hébreux et que la prophétie leur fut retirée des mains. Le Très-Haut s’adresse dans la Bible à Israël en ces termes : « … Ne faites pas ce qui se fait au pays d’Égypte où vous avez habité ; ne faites pas ce qui se fait au pays de Canaan, où je vais vous faire entrer ; ne suivez pas leurs lois ; mettez en pratique mes coutumes et veillez à suivre mes lois. C’est moi, le SEIGNEUR votre dieu. Gardez mes lois et mes coutumes : c’est en les mettant en pratique que l’homme à la vie. C’est moi, le SEIGNEUR. »[18]


« Gardez toutes mes lois et toutes mes coutumes, et mettez-les en pratique, afin qu’il ne vous vomisse pas, ce pays où je vais vous faire entrer pour vous y installer. Ne suivez pas les lois de la nation que je vais chasser devant vous ; c’est parce qu’ils ont pratiqué tout cela que je les ai pris en dégoût et que je vous ai dit : « C’est vous qui possèderez leur sol, et c’est moi qui vous le donne en possession, pays ruisselant de lait et de miel… »[19] Cette menace planera comme un leitmotiv tout au long de l’histoire des enfants d’Israël.


Le Tout-Puissant sauva des mains de Pharaon, Son peuple qui se rendit aux portes de la « terre promise ». Juste après avoir été touché par la Grâce divine, il manifesta sa rébellion avec l’épisode du Veau d’or et des pratiques païennes qui feront le lot de leur histoire. « Moïse dit aux enfants d’Israël : « N’écoutez pas ceux qui pratiquent l’incantation et consultent les oracles ; Dieu enverra bientôt un prophète comme moi, alors écoutez-le» »[20] Le Dieu Jaloux leur demandait de l’aimer, et ne comptait partager cet amour avec personne : « Ils ont excité ma jalousie par ce qui n'est point Dieu, Ils m'ont irrité par leurs vaines idoles; Et moi, j'exciterai leur jalousie par ce qui n'est point un peuple, Je les irriterai par une nation insensée. »[21]
Ésaïe confirme : « Je me suis laissé rechercher par ceux qui ne me consultaient pas, je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas, j’ai dit : « Me voici, me voici » à une nation qui n’invoquait pas mon nom. J’ai tendu mes mains, à longueur de jour, vers un peuple rebelle, vers ceux qui suivent le chemin qui n’est pas bon, qui sont à la remorque de leurs propres pensées. C’est un peuple qui me vexe, en face, sans arrêt : ils font des sacrifices dans des jardins, ils font fumer des aromates sur des briques, ils se tiennent dans des sépulcres (…) ; attention cela est mis par écrit en face de moi, si bien que je ne resterai pas inactif, jusqu’à ce que j’ai payé de retour, et payé de retour en plein cœur vos perversités et les perversités de vos pères. »[22]


Daniel a dit : « J’ai imploré Dieu et je lui ai supplié de me montrer ce que les fils d’Israël allaient devenir, est-ce qu’il va leur pardonner, leur rendre leur royaume, et leur envoyé encore des prophètes ou bien va-t-il déposé la prophétie chez un autre peuple ? Daniel a dit : l’ange m’est apparu sous la forme d’un jeune homme au beau visage. Celui-ci m’a dit : salut à toi Ô Daniel ! Dieu – le Très-Haut – a dit : les fils d’Israël ont déclenché ma colère et se sont rebellés contre moi. Ils ont adoré d’autres dieux en dehors de moi… »[23]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/


[1] Voir : el fatâwâ el kubrâ 5/48-51
[2] Majmû’ el fatâwâ (6/359).
[3] Majmû’ el fatâwâ (14/349-352).
[4] Badhl el majhûd fî Iihbât Mushâbahat e-râfidha li el yahûd qui est une thèse universitaire du Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî sous le pseudonyme d‘Abd Allah el Jumaïlî.
[5] Le chercheur Sulaïmân el ‘Awda, est l’auteur d’une thèse ayant pour titre ‘Abd Allah ibn Sabâ wa atharuhu fî ihdâth el fitan fî sadr el islâm, et à travers laquelle il démontre avec preuves à l’appui, que ‘Abd Allah ibn Saba n’est pas une légende que l’inconscient collectif musulman aurait imaginée pour évacuer ses frustrations comme l’assument certains orientalistes, certains chercheurs shiites contemporains, et certains « intellectuels musulmans » à l’instar de Taha Husaïn. Or, des grandes références shiites anciennes comme e-Nubakhtî dans son livre firaq e-shî’a (p. 22), et d’autres plus récentes comme Ni’mat Allah el Jazâilî dans El anwâr e-nu’mâniya (2/234) reconnaissent qu’ibn Saba fut un juif converti à l’islam et qu’il est à l’origine du shiisme musulman.
[6] El khutat el Maqrîzî (2/356, 357).
[7] Voir : Les kharijites et les shiites (p. 170, 171).
[8] Voir : el ‘aqîda wa e-sharî’a fî el islâm (205).
[9] El farq baïna el firaq (235).
[10] Majmû’ el fatâwa (28/483).
[11] Voir : Tabâshîr e-tawrât wa el injîl bi el islâm wa rasûlihi Mohammed du D. Nasr Allah ‘Abd ‘Ahmân Abû Tâlib (357-359).
[12] Firaq mu’âsira Ghâlib ‘Awâjî (2/276).
[13] Manhâj e-sunna 3/378
[14] Les femmes ; 46
[15] Le repentir ; 31
[16] Les médias français se plaisent à utiliser l’expression « partisan du double langage » pour désigner le double jeu de certains « islamistes » qui, il est vrai, utilisent la tuqiya sans aucun scrupule.
[17] Voir : e-sirâ’ baïna el islâm wa el wathaniya (1/494-503).
[18] Le Lévitique 20.22-24
[19] Le Lévitique 18.3-5
[20] Deutéronome : 18. 14-15 La version actuelle précise : « Ces nations que tu déposséderas écoutent ceux qui pratiquent l’incantation et consultent les oracles. Mais pour toi, le SEIGNEUR Ton Dieu n’a rien voulu de pareil : c’est un prophète comme moi que le SEIGNEUR Ton Dieu te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères ; c’est lui que vous écouterez.» Si l’on en croit le discours de Pierre [Les actes de Apôtres : 3.19-26], qui reprend la prédiction de Moïse, les chrétiens attendent encore ce fameux prophète. Ils prétendent certes qu’il serait Jésus, mais en cela ils détruisent littéralement leur dogme, car ils attendent un prophète auquel il voue déjà le culte divin ! Par essence, la nature d’un prophète est différente de celui qui l’envoie en sachant que sa mission est de faire adhérer les hommes au culte du Roi des hommes !

[21] Deutéronome ; 32.21 Une version de la Bible de 1844 parle d’un peuple ignorant, ce qui correspond tout à fait au peuple arabe illettré. Voir : Izhâr el Haq de Rahmatu Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî. Voici une autre traduction de ce passage : « Ils m’ont donné pour rival ce qui n’est pas Dieu, ils m’ont offensé par leurs vaines idoles. Eh bien ! moi, je leur donnerai pour rival, ce qui n’est pas un peuple, par une nation folle je les offenserai. »
[22] Ésaïe ; 65.1-7
[23] Voir : Daniel ; 9, 10, 11, 12 en sachant que la version actuelle propose une version différente.







ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #3  
ÞÏíã 02 Sep 2013, 05:36 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí



Le shirk

(Partie 3)

Les débuts du shirk ta’tîl dans la umma mohammadienne

El Ja’d ibn Dirham (m. 124 h.) fut le maitre attitré de Jahm ibn Safwân à l’unanimité des hérésiographes. Il fut le premier négateur des Attributs divins sur les marches des Juifs et des païens, notamment des sabéens. Jahm fut le grand porte-parole de son crédo. La secte s’organisa sous sa coupe et elle lui doit son patronyme aux dépens de son père spirituel el Ja’d.[1] D’origine kurde (ou peut-être persane), ibn Dirham naquit à Harrân. Cet affranchi rallié à la tribu de Suwaïd el Ju’fî fut tristement célèbre pour avoir été le premier à parler du caractère créé du Coran, et à renier des Attributs comme la Parole, l’Amour. Contrairement à son disciple Jahm, il donnait foi au destin.[2]

Ibn Dirham posait des questions étranges à Wahb ibn Munabbih sur les Attributs comme la Main, les Yeux, le Visage.[3] Il emprunta ses idées à Abân ibn Sam’ân (m. ? h.), qui l’emprunta à Tâlût. De confession juive (m. ? h.), il fut connu pour être un zindîq (penseur libre), et le premier à écrire un ouvrage pour vanter le caractère incréé de la Thora. L’oncle maternel de Tâlût qui était également son gendre, Labîd ibn el A’sam, (m. ? h.) était le premier élément de la chaine ténébreuse du ta’tîl, lui, le fameux Juif qui fit un sortilège au Prophète (r). Dans la lignée des Juifs du Yémen, il voyait également le caractère créé de la Thora.[4]

Harrân,[5] la ville natale d’el Ja’d, était la cité des sabéens, où Ibrahim serait né (une autre hypothèse avance qu’il serait en fait venu d’Iraq). Ils construisirent plusieurs temples en hommage à la « cause première », au « premier intellect », au soleil, à la lune, etc. La religion chrétienne s’est installée à Harrân,[6] mais le sabéisme perdura jusqu’aux conquêtes musulmanes. Il resta toujours des philosophes sabéens dans le nord de l’Iraq et à Bagdad où ils exercèrent les professions de médecins et de scribes, mais certains d’entre eux ne se convertirent pas à l’Islam. El Fârâbî est passé par Harrân au quatrième siècle de l’Hégire. Il s’est inspiré de sa culture philosophique auprès de ses habitants. Le philosophe sabéen Thâbit ibn Qurra (m. 288 h.) avait déjà fait le commentaire de « la métaphysique » d’Aristote. Il existe deux sortes de sabéens : les monothéistes et les polythéistes. Les monothéistes étaient soumis aux lois de la Thora puis à l’Évangile avant leur abrogation. À la première époque, les sabéens suivaient la religion d’Ibrahim fidèle à Dieu (hanîf). Par la suite, ils ont innové certaines formes d’associations et ils sont devenus païens sur les pas de Nemrod et des Chaldéens.[7]

Par ailleurs, en plus de l’influence sabéenne et païenne qui pesa sur les adeptes du ta-wîl et du ta’tîl, il faut compter l’apport juif comme nous l’avons vu. El Ja’d ibn Dirham est le premier à interpréter l’istiwâ d’Allah sur Son trône par istawlâ. Jahm, son élève, reprit cette opinion à son compte et en devint même la figure emblématique aux dépens de son maitre.[8]

La rencontre entre les deux hommes (Ja’d et Jahm) eut lieu à Koufa. Ja’d avait dû fuir la capitale omeyyade, Damas, où il propageait son venin (le caractère créé du Coran), à la grande colère de la famille régnante qui avait mis sa tête à prix.[9] Jahm prit de lui les premiers balbutiements du ta’tîl que lui-même développa par la suite.[10] Ils transmirent à eux d’eux l’héritage de la religion sabéenne, Brahmane, chaman (hindoue), Juive (et ses pratiques magico-religieuses), chrétienne (ayant elle-même avec la religion juive reçue l’influence grecque comme nous allons le développer) dans les rangs des musulmans.[11]

Le jahmisme

Bishr ibn Ghiâth el Mirrîsî (m. 228 h.) peut se vanter d’avoir repris l’étendard de Jahm ibn Sawfân, et d’être le fondateur indétrônable de la secte murjite mirrîsiya. Hanafi, et fils d’un teinturier juif, il eut une grande influence sur les orientations ash’arites et mâturîdites. Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya souligne que les ouvrages des grandes références mu’tazilites et ash’arites, à l’instar d’ibn Fawrk (m. 406 h.), de Ghazâlî (m. 505 h.), et de Râzî (m. 606 h.) reprennent exactement les mêmes arguments de Bishr pour établir le ta-wîl des Noms et Attributs divins.[12] Ce dernier poussa l’affront contre les textes jusqu’à changer les termes de la formule d’invocation du sujûd pendant la prière jugée trop « anthropomorphiste » à son goût, et cela, selon l’aveu des mâturîdites eux-mêmes.[13] De nombreux Imams traditionalistes le vouèrent à la mécréance.[14] Malgré cela, il s’attira la faveur d’el Kawtharî qui chercha à atténuer la portée de ses blasphèmes.[15]

L’Imâm Ahmed explique que les jahmites renient le caractère incréé du Coran. Et lorsqu’il leur en demanda la raison, il eut pour réponse : « Allah n’a jamais parlé et ne parleras jamais. Il ne fit que concevoir une chose qui relata ses paroles ; il créa un son qu’il fit entendre en son nom. » Selon eux, poursuit l’Imâm, la parole n’est pas possible sans gosier, une langue ni une bouche.[16]

Ibn Taïmiya explique que Jahm reprit l’idée à el Jahd, mais que, pour sauver sa peau, il fut obligé d’afficher son assentiment au crédo officiel qu’il détourna à l’aide d’un subterfuge en disant : « Il crée sa parole dans un endroit, comme le vent, et les feuilles des arbres. »[17] Il reconnut l’Attribut de la Parole pour échapper à « l’inquisition », mais avec une nuance, en avançant qu’Allah parle, mais de façon imagée. Les philosophes sabéens disaient déjà que la parole était une émanation divine qu’Allah insuffle dans l’âme des prophètes.[18]

Philon, dont nous allons parler, commente l’épisode du mont Sinaï, en disant que ce jour-là, Yahvé fit un miracle bénit. Il ordonna la création d’un « son » invisible dans l’air. Ce « son » fut doué de la parole que l’on pouvait entendre.[19]

L’influence grecque

Thales, l’un des « sept sages », philosophait déjà à son époque sur le Théo.[20] La pensée helléniste imaginait une force immatérielle, la cause première, à l’origine de la création. Pour la décrire, Platon préconise de l’aborder sous l’angle de la négation, pour éviter toute comparaison avec le monde sensible. Simple, immuable, et indivisible, l’Un n’aurait aucune caractéristique qui trahirait la multitude et la composition. Aristote, qui reprendra le flambeau, appuie l’idée que le premier intellect est dépourvu de toute entité réelle. « Immobile », « infini », et « un » sont les trois seuls attributs qu’il est possible de lui accorder.[21]

Le disciple reste dans l’optique du maitre en variant les termes ; immobile n’est rien d’autre qu’immuable, dans le sens où l’Un serait dépourvu de tout attribut volontaire, et donc de tout mouvement. Il prend toutefois ses distances avec son prédécesseur quand il établit la prééternité du monde, dont l’existence serait concomitante à celle du premier intellect, l’« infini». Et « un », enfin, renvoie au « simple » platonicien. Copleston, un philosophe contemporain, résume très bien l’idée. Il explique en un mot que Dieu, qui appartient au monde des idées, n’a aucune caractéristique matérielle, propre aux corps. Il n’a aucun agissement dans l’ordre du monde (il n’a aucune volonté ni ambition) et n’a pas pour vocation d’être aimé ni adorer.[22]

Cette conception métaphysique du divin est très tangible chez les mu’tazilites, les successeurs directs de Jahm.[23]

La « métaphysique » selon Jahm

Sur les pas de l’élite helléniste, Jahm confine la foi dans la connaissance du créateur.[24] Dans son long cheminement vers la béatitude, à ses yeux, le croyant aurait pour mission de prouver l’existence de Dieu par la raison. Pour ce faire, il introduisit dans les rangs des musulmans, l’arme favorite des futurs mutakallimûn, qu’ils doivent à Platon, la théorie de l’accident (le dalîl el a’râdh wa hudûth el ajsâm). L’idée est de prouver que le monde a un début, et par voie de conséquence, qu’il existe une force créatrice (indépendamment de savoir si elle est passive ou non) l’ayant précédé. Jahm ibn Safwân est le premier porte-parole dans l’absolu de cette tendance ; Abû el Hudhaïl el ‘Allâf est le premier mu’tazilite à l’avoir emprunté à Jahm[25] ; ibn Kullâb l’a introduit dans le kullâbisme sous l’influence des jahmites négateurs ; les ash’arites l’ont hérité directement d’ibn Kullâb.[26]

Toutes ces tendances partent d’un seul et unique principe selon lequel tous les corps sont contingents (hudûth el ajsâm), étant donné qu’ils sont obligatoirement soumis aux accidents. Ils en concluent que tout attribut et action sont tributaires d’un corps.[27] C’est la raison pour laquelle ils refusent l’idée selon laquelle Allah aurait un corps, car cela impliquerait fatalement, selon leurs dires, qu’Il serait contingent. Il perdrait ainsi Sa particularité fondamentale d’existence prééternelle, à partir de laquelle Il tire Son Nom d’Être nécessaire (wâjib el wujûd).

À partir de ce principe, ils renient en tout ou en partie (en fonction de leur degré de négation) les Attributs et les Actions d’Allah dans le but de L’exempter du caractère contingent qui est propre aux êtres possibles (mumkin el wujûd).

En un mot, ils font passer le ta’tîl (négation des Noms et Attributs divins) sous le slogan fallacieux d’exempter le Créateur de tout défaut.[28] C'est pourquoi ils le décrivent avec des Attributs négatifs, qui correspondent à ceux qu’on ne peut, aux yeux des mutakallimîns, attribuer au Très-Haut et qui ne siéent pas à Sa Majesté. Ce procédé s’inspire de la théologie négative, qui est une approche de la théologie qui consiste à insister plus sur ce que Dieu n’est pas que sur ce que Dieu est.

Jean Damascène, le dernier ou l’un des derniers Pères de l’Église, avait également cette approche.[29] Aux dires du spécialiste du Kalâm Harry A. Wolfson, il aurait servi de relais aux mutakallimîn qui l’ont, par la suite, reprise à leur compte.[30]

À suivre…





[1] El hamawiya d’ibn Taïmiya (p. 233-235).

[2] El farq baïna el firaq d’el Baghdâdî (p. 250).

[3] ‘Aqîda ashâb el hadîth de Sâbûnî (p. 45).

[4] El hamawiya d’ibn Taïmiya (p. 243).

[5] Harrân était la ville natale d’ibn Taïmiya. À l’âge de six ans, il prit la route de Damas au sein de sa famille pour échapper aux invasions mongoles. Il est intéressant de comparer cet événement avec l’annonce prophétique disant : « Il y aura émigration après émigration, et les hommes (dans une version les meilleurs hommes) vont se réfugier sur la terre d’émigration d’Ibrahim. » Rapporté par Ahmed (1/83, 198, 199). Ibrahim en effet a du fuir d’Iraq pour se réfugier sur les terres du Shâm. Les mauvais événements sont souvent précurseurs d’évènements heureux. Est-ce une bonne nouvelle à une époque où bon nombre d’Irakiens se sont installés en Syrie en vue d’échapper aux invasions… anglo-saxonnes ?

[6] Hélène la mère de l’Empereur Constantin était originaire de Harrân. Les savants et les moines chrétiens se sont rendu compte que les Romains et les Grecs n’allaient pas se détacher facilement du paganisme. C'est pourquoi ils leur ont concocté une religion à mi-chemin entre celle des prophètes et celle des païens. (Voir : e-rad ‘alâ el muntiqyîn (335).

[7] El hamawiya (p. 248, 250), et majmû’ el fatâwâ (5/20, 21).

[8] Voir : el hamawiya (p. 24), et majmû’ el fatâwâ (5/20).

[9] El bidâyâ wa e-nihâyâ d’ibn Kathîr (9/405).

[10] Majmû’ el fatâwâ (12/119).

[11] Majmû’ el fatâwâ (6/51, 10/67).

[12] Voir : el hamawiya (p. 26-27), majmû’ el fatâwâ (5/23-24), et e-rasâil el kubrâ (1/436-437).

[13] Voir : sharh el figh el akbar d’el Qârî (p. 172).

[14] Voir : Siar a’lâm e-nubalâ (10/199), wafiât el a’yân (1/277-278), el kâmil d’ibn el Athîr (5/294) et el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (10/281), lisân el mîzân (2/29-31), et târikh Baghdâd (7/56-67).

[15] Voir : husn e-taqâdhî (20-21), en bas de notes.

[16] E-sunna d’Abd Allah ibn Ahmed (1/172).

[17] Majmû’ el fatâwâ (6/477).

[18] Majmû’ el fatâwâ (12/352).

[19] The philosophy of the kalam Wolfson (p. 276)

[20] El milal wa e-nihal de Shihristânî (2/370).

[21] Motion of Motion’s God de Bukly (p. 68).

[22] History of Philosophy (1/214).

[23] The philosophy of the kalam Wolfson (p. 223, 224, 226)

[24] Le point commun entre les philosophes péripatéticiens et les jahmites, c’est qu’ils résument le bonheur dans la connaissance ; Voir : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.

[25] Majmû’ el fatâwâ (13/305) et minhâj e-sunna (8/5).

[26] Naqdh ta-sîs el jahmiya d’ibn Taïmiya (1/46, 54).

[27] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/305).

[28] El jawâb el fâsil bi tamyîz el haqq mi el bâtil d’ibn Taïmiya qui fut imprimé dans la revue majallat el buhûth el islâmiya (n° 29 p. 309-310).

[29] The Orthodox Faith (1/3).

[30] The philosophy of the kalam Wolfson (p. 408)
ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #4  
ÞÏíã 03 Sep 2013, 05:35 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí




Le shirk

(Partie 4)

L’école d’Alexandrie

Grossièrement, cet héritage passera à l’école d’Alexandrie, et touchera, notamment, au début de l’Ère chrétienne, la communauté judaïque, par l’intermédiaire de son plus grand représentant, Philon. Passionné de philosophie grecque, il passera sa vie à conjuguer entre la Bible et la pensée helléniste, avec, Platon, au premier plan. Il est le premier à introduire une lecture parabolique de l’Ancien Testament. Il pensait que la Raison (comprendre la philosophie grecque) n’allait nullement à l’encontre de la religion de Moïse. Sa pensée fut révolutionnaire à plus d’un titre ; c’était la première fois notamment qu’un Juif condescendait à sortir des enseignements de la Thora, qui incarnaient pourtant la fierté de la communauté, face aux païens incultes, souvent persécuteurs.

L’autre révolution dans l’œuvre de Philon fut qu’il abandonna l’hébreu, qu’il ne maitrisait peut-être pas selon certaines sources, et coucha ses traités dans la langue de Socrate. Ses lectures paraboliques du Livre sacré renfermaient des messages ésotériques destinés aux seuls initiés. Au début, il laissait indifférents ses coreligionnaires, et mourut sans connaitre la gloire. Néanmoins, par la suite, il devint un grand centre d’attraction pour les premiers Pères de l’Église. Bien longtemps après, les rabbins et les docteurs de la Loi le reconnurent et lui rendirent un hommage post posthume.

Wolfson, le spécialiste du Kalâm, fut frappé par la ressemblance entre la pensée de Jahm et celle de Philon. Il en conclut que, en utilisant les mêmes méthodes que son prédécesseur, Jahm, fut le premier à conjuguer entre la Raison grecque et la religion musulmane.[1] Entre temps, les Pères de l’Église avaient procédé au même pillage des écrits grecs qui déboucha sur la profanation en profondeur de la religion chrétienne. Profanation dont elle ne se remettra jamais. Ainsi, l’hellénisation des trois religions était en cours, et fut à son comble chez les Juifs avec Maïmonide, dans la lignée des mu’tazilites, qui soumit la Thora à la règle suivante : tout texte qui laisse à penser que Dieu a des membres ou n’importe quel attribut doit se lire nécessairement selon une lecture imagée pour échapper à tout anthropomorphisme.[2]

La mutation des Pères de l’Église passa par un « algérien », Augustin. Ce dernier y laissa une emprunte indélébile, jusqu’à ce que le flambeau soit repris par Thomas d’Acquin, qui, pendant tout le Moyen-âge, rendit à l’hellénisme ses lettres de noblesse en Occident. Il profita de la révolution intellectuelle du monde musulman qui bouleversa en profondeur la théologie universelle, et infiltra l’Europe grossièrement par deux grands fronts : l’averroïsme pour la partie occidentale en pleine gestation et l’avicennisme pour sa partie orientale en pleine déflagration.

Jean le Damascène

C’est dans ce climat, en faisant un petit flash-back, que Jean Damascène entre en scène. El ja’d aurait pris résidence à Damas près d’une Église. Certaines sources mentionnent cette proximité qui est un indice non négligeable sur la probable influence de Jean sur ce dernier.[3] Jean aurait eu plusieurs contacts avec le fameux poète chrétien, el Akhtal qui serait devenu son ami.[4] Selon certains islamologues, il aurait transmis l’héritage grec dans les rangs des musulmans.[5] Contemporains à Wâsil ibn ‘Atâ et ‘Amr ibn ‘Ubaïd, il écrivit un dialogue imaginaire entre un chrétien et un musulman en vue de réfuter l’hérésie du libre arbitre selon sa conception ; en définitive, il reprenait point par point le crédo mu’tazilite (dans le rôle du chrétien) en plein conflit avec l’orthodoxie ambiante incarnée par le traditionalisme (dans le rôle du musulman).[6]

Il épousa les idées de Philon qu’il distilla dans la culture arabe. Cosmas, son tuteur italien, l’initia à la logique formelle qu’il maitrisait sur les doigts. Jean était une vraie encyclopédie. Il avait notamment étudié les textes scripturaires de l’Islam (Coran et hadîth) pour les réfuter selon son point de vue. Il immortalisa son crédo par écrit, dans la lignée des néo-platoniciens, mais ce qui nous interpelle, c’est que dans un passage, il reprit le même argument que Jahm face aux chamanistes. Il dit, entre autres, je cite, que : « Dieu, il est partout, soit indistinctement dans tous les endroits. »[7] Ailleurs, tout comme Jahm, il affirme en substance qu’on ne le voit pas et qu’on ne peut le voir.[8]

Ainsi, nous pouvons, sans peur, retracer la chaine pédagogique d’ibn Safwân soit :

Jahm ibn Safwân, selon el Ja’d ibn Ibn Dirham, selon Jean Damascène, selon Cosmas qui l’emprunte à la philosophie grecque.

Cette chaine narrative ne s’oppose nullement à celle, plus connue, que nous avons vu plus haut, et qui passe par Abân ibn Sam’ân, selon Tâlût, selon Labîd ibn el A’sam.[9] La raison est qu’un seul individu peut avoir plusieurs sources à la foi.

Les penseurs (sur les pas des Juifs) et les adorateurs musulmans (sur les pas des chrétiens

Notons, enfin, qu’à la base, comme le souligne ibn Taïmiya, les gens du Livre, et plus particulièrement les Juifs, penchaient vers l’anthropomorphisme ; en tout cas, ils avaient une lecture littérale des textes. De fil en aiguille, ils en vinrent à renier les Attributs divins, à la manière des jahmites ; deux tendances se dégagèrent chez les adeptes de la Thora : celles des philosophes à l’image de Mûsâ ibn Maïmûn, et celle des mu’tazilites, comme Abû Ya’qûb el Basîr (Joseph ben Abraham al-Basir, auteur du Sefer HaNe'imot et du Mahkimat Peti).[10]

En faisant une étude comparative des religions, on s’aperçoit avec force que le ta-wîl islamique ressemble étrangement au ta-wîl juif et chrétien. La ressemblance est telle qu’ils donnent l’impression d’avoir été nourrie aux mêmes mamelles. Les musulmans reprendront les procédés que les adeptes du judaïsme utilisaient pour tronquer les textes de la Thora.[11]

Le mu’tazilisme est très proche de la religion juive selon les propres aveux du chef fondateur de la secte mâturîdite, Abû Mansûr.[12] Ibn Taïmiya fait remarquer en effet que les rationalistes musulmans avaient des liens très étroits avec les juifs. Ces derniers se plaisaient à faire un parallèle entre leur crédo et les cinq principes mu’tazilites. Il était tout à fait normal pour eux de consulter les livres références des rationalistes musulmans. Ils en arrivèrent à avoir les mêmes raisonnements pour éluder les points obscurs de leurs enseignements qui touchent au « Théo ».

En parallèle, de nombreux soufis s’inspirent de l’ascétisme chrétien. L’apport des pratiques païennes que les chrétiens ont emprunté au paganisme d’antan fait rage dans les confréries musulmanes. En outre, les juifs sont des assimilateurs (mushabihha) anthropomorphistes en attribuant à Dieu des attributs humains perfectibles. Tandis que les chrétiens sont des mushabihha en attribuant aux humains des Attributs divins parfaits.[13]

On comprend mieux d’où provient cette affinité mystérieuse que les orientalistes militants partagent avec les confréries soufies et les néo-rationalistes.

L’évolution du shirk tamthîl dans la umma mohammadienne

Quand les savants parlent de shirk dans l’absolu, ils font allusion au shirk tamthîl, étant donné, comme nous l’avons vu plus haut, qu’il est le plus répandu à travers toutes les civilisations. Dans l’ensemble, les peuples s’accordent à reconnaitre la Seigneurie d’Allah, mais ils contestent que la Divinité exclusive lui reviennent. Cela ne veut pas dire que le shirk est absent dans les autres domaines du tawhîd (la Seigneurie et les Noms et Attributs divins) comme nous venons de le voir.[14]

Les premiers monastères

Tout a commencé avec l’excès dans l’adoration. Après la mort d’el Hasan el Basrî et d’ibn Sirîn, la première duraïra fut édifiée à Bassora par Ahmed ibn ‘Atâ el Hujaïmî, un adepte d’Abd el Wâhid (m. 150 h.), qui était lui-même un élève d’el Hasan el Basrî. La ville était connue pour son ascétisme et sa piété à outrance, d’où l’adage : le fiqh est à Koufa ce que la piété est à Bassora. Les anecdotes surprenantes qui nous viennent sur le sujet sont pour la plupart imputées à leurs pieux, comme Zirâra ibn Awfa (m. 93 h.), Abû Juhaïr el A’mâ (m. ? h.), ‘Utbat el Ghulâm (m. ? h.), ‘Atâ e-Sulaïmî (m. après 140 h.).[15]

Cette duraïra, qui servait de lieu d’adoration, rassemblait les soufis environnants qu’Abd e-Rahmân ibn Mahdî et d’autres « baptisèrent » de fuqaïriya (les miséreux).

Les premières innovations

La plupart des innovations qui touchent à la connaissance et aux actes d’adoration ont fait leur éclosion aux dernières heures des quatre Khalifes. Il est notoire que les peuples sont à l’image de leur roi ; le déclin provient souvent de la corruption des gouvernants. Quand le khalifat se transforma en royauté, le niveau d’intégrité des émirs baissa, et cela se fit ressentir par voie de conséquence, sur le niveau des savants. C’est à la fin du règne d’Ali que naquirent les kharijites et les râfidhites. La miséricorde planait encore sous la dynastie de Mu’âwiya (t). Sous Yazîd, son fils héritier, les guerres intestines débouchèrent sur l’assassinat d’el Husaïn en Iraq (t). Après la mort de Yazîd, le pouvoir se divisa avec ibn e-Zubaïr aux commandes du Hijâz, et les fils d’el Hakam dans l’ancienne Syrie (Shâm). El Mukhtâr ibn Abî ‘Ubaïd profita de ce désordre pour revendiquer la prophétie en Iraq. Tous ces chamboulements eurent lieu à la fin de la génération des Compagnons qui comptaient encore dans leurs rangs ‘Abd Allah ibn ‘Abbâs (m. 67,68 h.), ‘Abd Allah ibn ‘Omar (m. 73 h.), Jâbir ibn ‘Abd Allah (m. 77,78 h.), Abû Sa’îd el Khudrî (m. 74 h.).

À l’avènement des qadarites et des murjites, ceux-ci se chargèrent de les fustiger. Quand la dynastie omeyyade s’éteignit, en pleine extinction de la génération des successeurs (tâbi’în) benjamins, la troisième génération vit le jour. On parle de fin d’une génération comme la plupart de ses éléments sont morts. La première génération des Compagnons disparut en même temps que le Khalifat (il ne restait pratiquement plus aucun ancien combattant de la bataille de Badr). La seconde génération des tâbi’în compta ses derniers éléments avec le déclin des Compagnons benjamins, sous l’ère d’ibn e-Zubaïr et d’Abd el Mâlik. La majorité des successeurs des tâbi’în périrent avec l’avènement des Abbassides qui avaient usurpé le pouvoir aux Omeyyades en 132 h.

De nombreux non arabes entrèrent au service du pouvoir en place, au détriment des Arabes qui perdaient peu à peu leur ascendant. Les ouvrages persans, indiens et romains furent traduits dans la langue officielle.

Dans ce climat, trois grandes tendances se dégagèrent :

le raï dans le fiqh,
le kalâm,
et le soufisme.

Puis, la secte jahmite entra en scène pour imposer son ta’tîl, et inspira en réaction le tamthîl dans le domaine des Noms et Attributs divins.

Plus on s’éloignait de Médine et des Lieux saints plus l’innovation était ancrée.[16]






[1] The philosophy of the kalam Wolfson (p. 222)

[2] Jinâya e-ta-wîl el fâsid de Mohammed Lûh (p. 165).

[3] El bidâyâ wa e-nihâyâ d’ibn Kathîr (9/405).

[4] John of Damascus on Islam de Sahas (pps 21-48).

[5] John of Damascus on Islam de Sahas (pps 143-149).

[6] John of Damascus on Islam de Sahas (p. 88).

[7] The Orthodox Faith (1/198).

[8] The Orthodox Faith (1/200).

[9] El hamawiya d’ibn Taïmiya (p. 243).

[10] Voir : dar-u e-ta’ârudh d’ibn Taïmiya (7/94).

[11] Voir : e-sawâ’iq el mursala (1/361) d’ibn el Qaïyim.

[12] Voir : kitâb e-tawhîd (p. 87).

[13] Voir : dar-u e-ta’ârudh d’ibn Taïmiya (7/94-95).

[14] Shubuhât el mubtadi’a fî tawhîd el ‘ibâda (1/246-247).

[15] Majmû’ el fatâwâ (11/6-13).

[16] Majmû’ el fatâwâ (10/356).


ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #5  
ÞÏíã 04 Sep 2013, 06:25 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí




Le shirk

(Partie 5)

La position géographique des sectes

Les adeptes du raï étaient en majorité à Koufa (ainsi que le shiisme et les hadîth inventés),[1] et le kalâm (qui compte comme adeptes les mu’tazilites, les kullâbites et ash’arites),[2] et le soufisme proliféraient à Bassora. C’est la raison pour laquelle les ouvrages de kalâm et de soufisme proviennent à l’origine de la ville natale d’el Hasan. Cela n’empêche pas que d’autres productions venaient de Bagdad, du Khurasân et du Shâm. L’essentiel est de savoir que la source était à Bassora.[3]

Plus on s’éloignait de Médine et des Lieux saints plus l’innovation avait des chances d’être ancrée ; aucune hérésie ne prend ses racines dans la ville du Messager (r).[4]

Les râfidhites et les kharijites viennent d’Iraq (Koufa, Bassora),
L’irjâ et le shiisme de Koufa,
Les qadarites (ils étaient également dans le Shâm), les mu’tazilites, et le « soufisme » de Bassora,
Les nâsibites du Shâm,
Les jahmites, la plus hérétique, viennent du côté du Khurasân,[5]
Les anthropomorphistes également viennent du Khurasân.[6]

Avec le temps, la nation se divisa en sectes qui reprenaient à leur compte une partie de la religion, à laquelle elles ajoutaient leurs propres enseignements, au détriment du reste. Les ribats, et les zâwiya, réservés aux ascètes et aux miséreux et dont l’idée vit probablement le jour sous la dynastie seldjoukide au milieu du cinquième siècle, fleurissaient comme des champignons. Ils furent réglementés par le vizir Nizhâm el Mulk (m. 485 h.) qui mit également en place une structure pour les madrasas (écoles). Il en existait certes avant cette époque, mais ils n’avaient pas le même statut. Nous entrâmes dans une nouvelle ère, qui était celle des waqf (dons).[7]

Deux sortes d’innovations : intellectuelles et pratiques

Bref, plus on se rapproche dans le temps de la prophétie moins l’innovation est grave. Au début, elle se manifesta au niveau de la pensée (fî el aqwâl). Les chants et les danses soufis[8] étaient inconnus des tâbi’îns et de leurs successeurs, mais on pouvait compter à leurs époques des kharijites, des mu’tazilites, et des shiites. Les qadarites reniaient certes, le destin, mais aucun ne mettait en avant le destin pour justifier ses écarts.

Ainsi, les pratiques hérétiques qui s’infiltrèrent dans les rangs des ascètes et des soufis n’étaient pas répandues à l’époque de l’âge d’or. Il y avait certes des déviances au niveau de la pensée, mais cela prouve que le niveau intellectuel était plus élevé et que ses tenants étaient bien plus lucides. Les soufis modernes sont beaucoup moins cultivés dans la religion et beaucoup moins fidèles à la voie du Prophète (r).[9]

Pour mieux comprendre ce point, nous disons que les Compagnons (y) étaient beaucoup moins exposés aux troubles, car plus on s’éloigne de la prophétie plus on s’expose à la division et à la discorde. À l’époque d’Uthmân, aucune hérésie n’osait pointer du nez. Après son assassinat, deux grandes sectes antagonistes virent le jour avec d’un côté les kharijites qui excluaient ‘Ali de la religion, et d’un autre côté les râfidhites qui l’élevaient au rang de prophète et même de divinité. Par la suite, les murjites et les qadarites firent leur apparition, et plus tard, les jahmites mu’attila et leurs antagonistes, les mumaththila.[10]

Les Compagnons recevaient directement la Révélation de la bouche du meilleur des hommes (r) ; ils n’avaient pas besoin d’intermédiaire, et étaient donc, plus à même de pénétrer ses intentions. Leur sacrifice et leur zèle n’a jamais eu d’égal. Satan l’avait bien compris ; jamais il ne tenta de les fourvoyer, comme il le fera avec ceux qui sont venus après eux. Jamais il ne prit devant eux une apparence humaine pour leur faire croire à la présence d’un saint, etc.[11]

Par ailleurs, les hérétiques de la première époque n’opposaient jamais leur raison aux textes. Tous se soumettaient globalement au Coran et à la sunna, et justifiaient même leur hérésie à partir d’eux, non de la raison. Les jahmites furent les premiers à prétendre que la raison pouvait s’opposer à la foi. Néanmoins, ils étaient insignifiants à leur début, et ne dépassaient pas cinquante têtes tout au plus. Il fallut attendre les lueurs du troisième siècle afin qu’ils assoient leur autorité, et qu’ils imposent leur crédo avec la force du sabre.[12]

Ainsi, les premières hérésies touchaient à la croyance, ce qui engendra des divergences, cependant, les hérésies pratiques qui se répandirent par la suite, étaient bien plus nombreuses. La raison, c’est que l’activité physique est plus sollicitée que l’activité intellectuelle. Tous les animaux qu’ils soient doués de raison ou non sont mus par l’action, tandis que la raison est propre l’homme. Or, le point commun à tous les hommes, ou tout au moins à toutes les religions, c’est la volonté et le besoin d’adorer. Et chacun innove sa propre façon d’y parvenir. Le Coran souligne que les chrétiens ont inventé leur propre ascétisme ; il condamne les païens de l’ère préislamique qui légiféraient leur culte et leurs lois, et s’attache moins à incriminer leurs croyances, car, sur ce point, leur culture était très limitée et ils y étaient moins inspirés.

Bref, quand on dit que plus on se rapproche dans le temps de la prophétie moins l’innovation est grave, on vise notamment le monisme et l’incarnation soufie. On vise ceux qui, en tant que walis, prétendent se passer des enseignements de Mohammed (r), car ayant leur propre cheminement. Ces derniers vont jusqu’à dire que le wali est à un degré plus élevé que le Prophète (r). Malgré qu’ils n’aient aucun lien avec l’Islam, et qu’ils soient pires que les Juifs et les chrétiens, ils s’arrogent le titre de saint, etc. Tout cela pour dire que l’ignorance et l’égarement sont plus tangibles chez les « adorateurs » que chez les « penseurs ».[13]

Les premiers mausolées

Ibn Taïmiya nous offre son analyse sur l’origine des mausolées. Il n’y avait pas en terre musulmane (le Hijâz, le Yémen, le Shâm, l’Égypte, l’Iraq, le Khurasân et le Maghreb) à l’époque des Compagnons ni à celles de leurs fidèles successeurs parmi les tâbi’îns et leurs successeurs, de mosquée construite sur des tombes ni de pèlerinage consacré aux mausolées.[14] Néanmoins, deux grands facteurs expliquent l’expansion de ce phénomène. Primo, les différentes dynasties fatimides qui s’installèrent le long du bassin méditerranéen méridional et qui étendirent leur autorité au Hijâz, et parfois même jusqu’à Bagdad, encouragèrent la propagande des mashâhid (pl. de mashhad).

Secundo, en raison de la présence des ismaéliens et des shiites duodécimains en Égypte et au Moyen-Orient, les croisés réussirent à s’emparer des « Lieux saints » de Jérusalem et firent camp tout le long du littoral. Après leur départ, les vainqueurs ont repris à leur compte leurs coutumes païennes et leurs mausolées.[15] À l'époque de l’Imâm Mâlik, personne ne consacrait de pèlerinage pour la tombe du Prophète (r) à Médine, ou des pieux un peu partout en terre musulmane. Personne ne sollicitait les invocations des occupants des tombes, ou, pire, ne les invoquait directement. Personne ne pensait que les invocations étaient plus bénéfiques auprès des tombeaux.[16] Le paganisme prit pied dans la Nation avec le déclin de la dynastie abbasside qui assista impuissante à la division, à la recrudescence de l’innovation, et à l’infiltration des penseurs libres qui se faisaient passer pour des musulmans.

Le troisième siècle touchait à sa fin. Les qarmates banû Buwaï prirent le pouvoir au Maghreb, puis s’étendirent en Égypte. Ils offraient une large marge de manœuvre aux banû ‘Ubaïd el Qaddâh qui encourageaient la construction de mausolées. Le mausolée d’Ali fut édifié dans les environs de Najaf. Ils gagnèrent les faveurs des râfidhites plus perméables à leur hérésie. Les chrétiens voyaient d’un bon œil tout ce remue-ménage, et se flattaient de la ressemblance flagrante entre les moines et théologiens musulmans et chrétiens. Les plus objectifs parmi eux n’avaient aucune animosité envers la dernière des religions, et pensaient qu’elle était simplement une autre façon de se rapprocher du Seigneur.[17]

Combien de Mashhad que les gens encensent recouvrent-ils en vérité la dépouille d’un non-musulman ? C’est le cas pour la tombe de Noé qui se trouve au pied de la montagne du Liban. On y trouva des ossements de géants de la période des Amorrites et on supposa donc qu’ils appartenaient au patriarche.[18] Il en est de même pour le mausolée du Caire où serait ensevelie la tête de Husaïn et qui habite en fait, selon une certaine hypothèse, le cadavre d’un chrétien. Nous pouvons en dire autant pour le tombeau damascène d’Ubaï ibn Ka’b.[19] Il est également courant que la grande mosquée de Damas abrite le corps du prophète Hûd, lui qui fut enterré sur sa terre natale au Yémen, ou selon une autre hypothèse, sur sa terre d’émigration à La Mecque. Il s’agirait en fait de la tombe de Mu’âwiya ibn Abî sufiân !

Quant à Uwaïs el Qarnî, il ne serait pas mort à Damas qu’il n’aurait jamais foulée. L’historiographie révèle qu’il est tombé à Siffîn, comme le reconnait ibn Battuta lui-même. Quant à la mère des croyants Um Salama, celle-ci a rendu l’âme à Médine et n’a jamais non plus mis les pieds dans la capitale de la Syrie, tout comme d’ailleurs ‘Âisha sa coépouse. Il est possible qu’il s’agisse d’une autre Um Salama, mais certainement pas de la femme du meilleur des hommes (r). En outre, Mûsa n’est jamais passé par l’ancienne Babylonie ; il n’a donc pas pu y laisser l’empreinte de son pied. Il est en fait extrêmement difficile de déterminer avec exactitude les traces des grands hommes de l’histoire musulmane, à l’exception de la tombe du Prophète (r) qui n’est un secret pour personne. Celle-ci n’échappe cependant pas à l’interdiction d’y consacrer l’adoration.[20]

Nous ne connaissons pas le lieu exact de l’enterrement d’Ibrahim el Khalîl lui-même. Nous savons tout au plus qu’il se trouve dans les environs d’Hébron, bien que la plupart des savants affirment que l’emplacement actuel est le bon. N’allez pas dire cela aux chambellans qui se remplissent gracieusement les poches sur le dos des visiteurs incrédules. Ces derniers sont d’ailleurs souvent à l’origine de ce genre de mythe.[21]

Historiquement, on ne connait pas avec exactitude les tombes des premières générations de l’ère islamique. Cela prouve deux choses :

Qu’Allah a voulu ainsi protéger Sa religion contre le paganisme hérité de l’antiquité par les Juifs et les chrétiens.[22]
Que ce n’était pas un sujet de préoccupations à cette époque, sinon, les musulmans auraient été les plus prompts à répertorier ces endroits avec la plus grande minutie.

Ainsi, le doute plane sur la tombe de Khâlid ibn el Walîd à Hims (Homs : l’ancienne Émèse), celle d’Abû Muslim el Khawlânî à Dâriya qui est un faubourg de la Ghuta, celui de Bilâl à Damas ou de Fâtima à Médine. On ne peut fonder une réalité historique sur des songes mystiques ou sur des annales fabriquées de toutes pièces ou encore sur des miracles qui se produisent à proximité des mausolées ; indépendamment du fait qu’ils aient effectivement lieu ou non. D’autant plus que les shayâtîn, qui ont pour vocation d’égarer les hommes, se cachent souvent derrière ce genre d’événement.[23]

En outre, le Prophète (r) annonça la nuit de l’Ascension, que le tombeau de Moïse se trouvait sous la colline de sable rouge (el kathîb el ahmar). Ce lieu est habituellement identifié à une localité située au sud-ouest de Jéricho (Ariha) où Baybars avait bâti une mosquée en 1270. Pourtant, les Compagnons ne lui ont jamais consacré un pèlerinage et ils ne se sont jamais rendus au mont Tûr dans le Sinaï.[24] Serait-ce un manque de foi ? Il fallut attendre des siècles plus tard pour voir émerger des pratiques qui n’ont aucun lieu avec la dernière des religions révélées. C’est pourquoi il existe un gros point d’interrogation sur la tombe de Joseph qui fut découverte trois cents ans après l’hégire.[25]

Selon la plupart des savants, on ne connait pas la tombe de la majorité des prophètes comme Yûnas, Iliâs, Shu’aïb, et Zakariya.[26] Il est connu également qu‘Ali n’est pas enterré à Najaf comme le reconnait ibn Battuta qui ne portait pas les shiites duodécimains et les ismaéliens dans son estime. Il s’agirait en fait d’el Mughîra ibn Shu’ba. Pour protéger la dépouille du quatrième khalife et probablement également pour parer à toute tentation, il fut mis en tombe dans le palais du khalifat à Kûfa,[27] tout comme son successeur, Mu’âwiya le cinquième khalife à Damas.

Nous pouvons ici proposer un autre facteur à l’origine de la propagation des mausolées dans le monde musulman. Certains historiographes et chroniqueurs en effet, ne sont pas habilités pour juger de l’authenticité des informations qu’ils répertorient dans leurs ouvrages. Contrairement à des références comme e-Zubaïr ibn Bakkâr l’auteur de kitâb el ansâb, et Mohammed ibn Sa’d l’auteur des tabaqât, et plus tard ibn Kathîr et e-Dhahabî, qui, eux, avaient un gros bagage en hadîth, ils n’ont pas les moyens matériels de vérifier leurs sources. Ils ont ainsi ouvert la porte à tous les débordements… [28]

À suivre…





[1] Majmû’ el fatâwâ (10/356).

[2] Majmû’ el fatâwâ (10/356).

[3] Majmû’ el fatâwâ (10/359-361).

[4] Majmû’ el fatâwâ (28/205).

[5] Majmû’ el fatâwâ (20/298) ; voir également (7/220, 7/310, 20/301).

[6] Majmû’ el fatâwâ (16/473).

[7] Majmû’ el fatâwâ (35/40-41).

[8] Ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Les communautés égarées et maudites érigeaient leurs lieux de prières sur les tombes des prophètes et des gens pieux. Il faut savoir que le Messager d’Allah (r) a interdit ce genre de pratiques en diverses occasions. Celui pour qui je sacrifierais père et mère ! Il l’a fait notamment juste avant de quitter ce monde ! Par ailleurs, bon nombre de musulmans ont été éprouvés par ce genre de pratiques ! De plus, la religion des égarés ne tient pas plus dans son ensemble que sur les chants liturgiques et les belles icônes. Leur plus grand souci dans le culte, c’est de s’embellir la voix. Or, comme nous pouvons le constater, les musulmans sont éprouvés par les chants rituels, qui prennent la place de la poésie, dans le but de corriger les cœurs et les tendances. Ces pratiques sont similaires sous certains aspects à celles des communautés égarés ! » iqtidâ e-sirât el mustaqîm (1/90-91).

[9] Majmû’ el fatâwâ (19/275).

[10] Minhâj e-sunna (6/231).

[11] Majmû’ el fatâwâ (27/388-390).

[12] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql d’ibn Taïmiya (5/243-244).

[13] Majmû’ el fatâwâ (19/275).

[14] Voir : talkhîs kitâb el istighâtha (2/529) et majmû’ el fatâwa (27/366) tout deux d’ibn Taïmiya.

[15] Idem. (2/352-353) Notons que Jérusalem n’a pas le statut de Lieux saints, contrairement à Médine et à La Mecque [voir : majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (27/14-15)].

[16] Voir : el jawâb el bâhir fî zawwâr el maqâbir avec la recension du D. Ibrahim el Mukhlif p. 255-256).

[17] Majmû’ el fatâwâ (27/275). Ibn Taïmiya a dit : « Le Tout-Puissant (Y) lui a interdit de suivre les pulsions des ignorants. Cela comprend notamment les opposants (ou dissidents) à sa religion. Leurs pulsions correspondent à leurs penchants ou au mode de vie apparent des polythéistes, inspirés de leur fausse religion dans toutes ses implications. S’accorder dans la pratique à ces gens-là trahit le penchant à se laisser guider par les passions. Telle est la raison pour laquelle les mécréants se réjouissent de voir les musulmans leur correspondre dans certaines de leurs pratiques. Ils en sont tellement heureux qu’ils seraient prêts à investir des sommes énormes afin d’y parvenir. Dans l’hypothèse où la pratique en question ne relève pas des passions, il incombe également de faire le contraire d’eux, pour mettre d’emblée un frein à toute envie potentielle de les imiter. En outre, le fidèle est plus à même d’obtenir l’agrément d’Allah par ce biais. Leur ressembler dans cet aspect en particulier, ne met pas à l’abri de leur ressembler dans des choses bien plus graves. En rôdant autour des limites, on risque bel et bien de les franchir ! » Iqtidâ e-sirât al mustaqîm (1/98).

[18] Ibn Taïmiya précise : « On fit la découverte au Liban de morceaux d’un squelette immense sur lesquels on fit construire un mausolée en passant qu’ils appartenaient à Noé, alors que le corps des prophètes ne se décompose pas. Des gens de confiance m’ont même indiqué qu’ils ont trouvé des crânes d’une dimension incroyable dans un cimetière non loin de cet endroit et dont les dimensions correspondaient parfaitement au premier squelette. Ces ossements appartenaient certainement aux ‘amâlîq (les Amorites) de l’ancienne époque ou à d’autres. » [Majmû’ el fatâwa (v. 27).] Les Amorites (‘Amâlîq), mais aussi les Emites et les Anaqites avant eux étaient des peuples Philistins de géants vivant sur les terres de Canaan qui longeaient le littorale Méditerranéen entre l’Égypte et la Palestine ; voir : les nombres ; 13.31-33 et Deutéronome ; 1.28, 2.11

[19] Idem. (2/591). Les Arabes avaient pour habitude de ramener la tête du vaincu à sa famille, c’est pourquoi certains historiens affirment que la tête de Husaïn fut ramenée à Médine pour être enterrée au côté de son frère el Hasan. D’autres historiens avancent qu’elle fut ramenée à Ka’bala où gisait l’autre partie de son corps [voir : majmû’ el fatâwa (27/468-469).

[20] Est-il nécessaire de rappeler que l’interdiction de consacrer l’adoration auprès des tombeaux et des lieux encensés frappe également les lieux de pèlerinage juifs ou chrétiens comme Bethléem ou Sion [voir : majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (27/14).]

[21] Voir : Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm d’ibn Taïmiya (2/158-166). Il ne faut pas donner foi aux annales mensongèrement attribuées au Prophète (r) et prétendant qu’il aurait prié, la nuit de l’Ascension, auprès de la tombe de Moïse et d’Ibrahim. [Voir : majmû’ el fatâwa (27/9).]

[22] Voir : majmû’ el fatâwa (27/272-273).

[23] Idem. (27/170).

[24] Idem. (27/272-273).

[25] Idem. (27/336).

[26] Idem. (27/445). Rappelons que Shu’aïb n’est pas Jethro le beau-père de Moïse : (voir : Jâmi’ e-Rasâil d’ibn Taïmiya (1/61-66).

[27] majmû’ el fatâwa (27/466).

[28] Idem. (27/468) et (27/479).
ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #6  
ÞÏíã 05 Sep 2013, 04:53 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí






Le shirk

(Partie 6)

L’infiltration des penseurs libres

Le patrimoine philosophe a pris pied dans les milieux des « penseurs libres » affiliés aux trois grandes religions, comme chez les musulmans les auteurs des lettres ikwân e-safâ, et les mulhidûn du même genre qui sont soit affiliés au shiisme soit affiliés au soufisme,[1] comme ibn ‘Arabî, ibn Sib’în, et d’autres.[2]

Les philosophes musulmans comme Averroès et Avicenne ont cherché à pallier le manque d’intérêt que les Grecs portaient à la « théologie ». Inspirés par les adeptes du kalâm dans ce domaine, ils cherchaient à rapprocher entre la révélation et la pensée grecque. Ils faisaient croire que les principes de la philosophie n’allaient pas à l’encontre de la prophétie, mais ils étaient convaincus au fond d’eux-mêmes que le discours prophétique concernant le divin et la résurrection était métaphorique et imaginaire. Il aurait pour but de rapprocher certains entendements au commun des hommes afin d’améliorer leur vie sur terre, bien qu’au même moment il serait éloigné de la réalité. En cela, les prophètes auraient le droit de mentir. Ainsi, la force imaginative ou hallucinatoire serait l’une des plus grandes caractéristiques de la prophétie. Malheureusement, la plupart des gens ne pénètrent pas les implications de leur discours, surtout dans la mesure où il fut enrobé par un vocabulaire islamique.[3]

El Fârâbî (m. 339 h.) est le premier philosophe musulman à élargir les notions de la théologie grecque, aux enseignements de l’Islam comme dans son livre Ârâ el madîna el fâdhila. Il est considéré comme le « deuxième philosophe » après Aristote.[4] Ibn Sînâ (m. 428 h.) a résumé la pensée aristotélicienne et péripatéticienne auxquelles il ajouta un discours religieux qui lui fut inspiré par les adeptes du kalâm. Il a réussi ainsi à donner plus de cohérence au discours des anciens, étant donné qu’il fut plus imprégné de la lumière prophétique.[5] Des penseurs comme e-Râzî et e-Tûsî (m. 672 h.), ont fait le commentaire de son œuvre el ishârât wa e-tanbihât, mais ces derniers n’ont pas toujours pénétré les subtilités de son discours.

Ibn Rushd (m. 520 h.) fut fanatisé par la pensée d’Aristote à tel point qu’il lui chercha des circonstances atténuantes sur ses pensées les plus éloignées de l’Islam.[6] Averroès est toutefois plus précis qu’ibn Sînâ quand il s’agit de rapporter les tendances des premiers philosophes. Dans son livre el mu’tabar fî el hikma, Ibn Mulkâ (m. 560 h.) réfute remarquablement certaines pensées d’Aristote. Il se distingue pour rapporter scrupuleusement les paroles d’Aristote à partir de ses œuvres originales. Doté d’un grand esprit d’analyse, il fut parmi les philosophes affiliés à l’Islam ayant le discours le plus pertinent et le plus proche de la vérité. Contrairement à ibn Rushd et à ibn Sîna, il ne s’attache pas aveuglement à la pensée du « Philosophe » et des péripatéticiens. Il avait une approche rationnelle des écrits du disciple de Platon et fut plus éclairé par la révélation que ses prédécesseurs étant donné qu’il vécut à Bagdad au milieu des traditionalistes.[7]

Les qarmates ismaéliens, comme nous l’avons vu, infiltrèrent en profondeur le shiisme. Malheureusement, par la suite, ils firent des émules chez les soufis et les théologiens du kalâm.[8] Ibn ‘Arabî (m. 638 h.) fut influencé par la pensée d’ibn Sînâ,[9] mais ibn Sibrîn (m. 669 h.) était plus versé en philosophie que ce dernier. Il a d’ailleurs développé les notions du monisme ou panthéisme (wihda el wujûd) comme personne ne l’avait fait avant lui.[10]

Ibn Sînâ posait les jalons du soufisme akbarien.[11] Ibn ‘Arabî changea de cible, par rapport à ses prédécesseurs. Il préféra infiltrer les milieux ascètes plutôt que shiites, car beaucoup plus prolifiques, et surtout plus crédibles aux yeux de la grande majorité des musulmans d’obédience sunnite qui fut séduite par l’austérité de leur accoutrement. Les dégâts en furent énormes.[12] Notons enfin que les têtes de files des jahmites et râfidhites étaient en réalité des hypocrites zindîq. C’est ce qui explique qu’il fut plus facile aux penseurs libres de corrompre les musulmans par l’entremise de ces deux sectes.[13]

Les lettres ikwân e-safâ

Les ismaéliens ont mis deux siècles pour mettre en place leur propagande païenne par le biais de leur organisation secrète ikwân e-safâ qui coucha leur croyance dans cinquante lettres. Leur structure était si hermétique qu’un grand point d’interrogation règne jusqu’aujourd’hui sur l’identité de leur auteur, bien que chacun y va de son hypothèse, plus ou moins crédible, pour lever le voile sur cet anonymat. Les shiites duodécimains leur ont emboité le pas.

À partir du début du troisième siècle, la propagande se mit en marche sans que l’on en connaisse la source. Il fallut attendre le siècle suivant pour découvrir la manigance, mais il était déjà trop tard. Quand les grands érudits sentirent le danger, ils entreprirent une contre-propagande anti fâtimide, à l’image d’ibn ‘Aqîl (m. 513 h.), qui, dès le cinquième siècle est l’un des premiers à jeter l’anathème sur la secte secrète et les adorateurs des tombes.[14] Dans l’Andalousie, directement concernés par le phénomène, les savants, comme ibn ‘Abd el Barr, ibn Abî Zamanaïn, Abû ‘Omar e-Talamankî, Abû Zaïd el Qaïrawânî, et plus tard, el Maqrîzî en Égypte, n’étaient pas en reste.[15]

Remarque qui n’engage que l’auteur de ces lignes

Quand les savants de la première époque parlait du ‘udhr bi el jahl, comme L’Imam e-Shâfi’î,[16] Ibn Abî Hâtim,[17] el Bukhârî,[18] ils faisaient plus allusion au shirk ta-tîl. Nous venons de voir avec ibn ‘Aqîl qu’au cinquième siècle, des voix s’élèvent pour vouer à la mécréance les adorateurs des tombeaux qui ont commis du shirk tamthîl (au niveau de la divinité non des Noms et Attributs divins). C’est ce qui explique peut-être qu’à la même période, des savants andalous parlent du ‘udhr bi el jahl dans le shirk tamthîl, en sachant qu’eux-mêmes n’étaient pas tout blanc dans le domaine du shirk ta-tîl, tout comme ibn ibn ‘Aqîl, d’ailleurs.

C’est le cas notamment d’ibn el ‘Arabî (m. 543 h.), l’auteur des paroles : « Si l’ignorant ou celui qui commet une erreur parmi les adeptes de cette communauté, fait un acte de kufr ou de shirk qui en principe, le rend soit mushrik soit kafir, il est excusable en raison de son ignorance et de son erreur (ya’dhur bi el jahl wa el khata) jusqu’à ce que lui soit établit de façon claire et limpide, loin de toute confusion, la preuve d’Allah qui voue à la mécréance celui qui ne s’y soumet pas ; et qu’il renie ensuite un point élémentaire de la religion (ma’lûm min e-dîn bi e-dharûra), relevant du consensus recensé de façon sûre, et que tout musulman connait machinalement et sans réfléchir. »[19]

Ibn Hazm (m. 456 h.), un autre andalou, a un discours qui va dans ce sens.[20] Deux siècles plus tard, un auteur traitera du sujet comme jamais auparavant, en vue du contexte dans le lequel il évolua. Il s’agit ibn Taïmiya. Les analyses du damascène sur le sujet sont d’une profondeur déroutante. Mohammed Amân el Jâmî, Sheïkh el Albânî, ‘Abd e-Rahmân e-Sa’dî, et son élève Sheïkh el ‘Uthaïmîn reprendront exactement son discours, wa Allah a’lam !

La fusion entre le kalâm et le soufisme

L’une des raisons qui ont contribué à l’essor de l’ash’arisme en général, est, à partir du cinquième siècle de l’hégire, la pénétration du soufisme dans les rangs de ses adeptes par l’intermédiaire de deux hommes qui furent Abû el Qâsim el Qushaïrî (m. 465 h.) et Abû Hâmid el Ghâzâlî (m. 505 h.).[21] El Mâzirî rapporte selon l’un des amis proches d’el Ghazâlî, que ce dernier s’est penché sur les textes d’ikwân e-safâ composés par ibn Sîna (sic) et qui comptent cinquante petits ouvrages.[22] Dans le domaine du soufisme, il s’est inspiré d’Abû Hayyân e-Tawhîdî. Ces deux apports ont laissé des traces à la fois sur pensée, ayant dévoré la philosophie, et sur sa tendance soufie.[23] Son élève ibn el ‘Arabî confie notamment : « Notre Sheïkh Abû Hâmid a dévoré la philosophie, mais il n’a pas réussi à la vomir lorsqu’il a voulu le faire. »[24]

Ce dernier alimente son discours philosophique avec le vocabulaire des soufis qui ne peuvent distinguer en le lisant entre le vrai et le faux, entre le dogme musulman et la pensée helléniste et sabéenne. En définitive, il ramène les mêmes implications qu’ibn ‘Arabî et ibn Sibrîn qui ne font aucune distinction entre le Créateur et Sa création.[25]

Voici un passage d’ihya ‘ulûm e-dîn dans lequel l’auteur flirte avec le monisme : « Si tu dis : Comment peut-on seulement contempler l’ « un » au moment où les yeux portent sur la terre, le ciel, et tous les corps sensibles pourtant si nombreux ? Comment la multitude peut-elle être à la fois un ? Sache alors que la réponse est le comble du dévoilement et des subtilités du savoir qu’il est interdit d’exprimer par écrit. Les « initiés » disent : « Divulguer les mystères du divin relève de la mécréance. » En outre, cette science n’a aucun lien avec celle des relations traditionnelles. Il est certes possible de rapprocher les sens à ton entendement. Vue sous un certain angle en effet, une matière peut être composée d’éléments multiples mais vue sous un autre angle, celle-ci est unique. Il en est ainsi pour l’être humain qui est composé d’éléments multiples, si l’on considère qu’il a une âme, un corps, des membres, des veines, des os, et des entrailles. Cependant, d’un autre point de vue, il est considéré en tant qu’être humain comme une seule personne.

Combien y a-t-il d’individus auxquels il ne vient pas à l’esprit en voyant quelqu’un au premier abord, les détails de sa composition ? On est absorbé par le regard d’une entité compacte qui en formant un tout, ne permet plus de distinguer entre l’unité et la multitude. Dans l’existence également, en contemplant le Créateur et Sa création sous une certaine considération, on découvre des manifestations nombreuses et variées. D’un certain point de vue, ces manifestations composent une unité, mais d’un autre point de vue, il existe une multitude de matières en dehors de cette unité ; certaines d’entre elles étant plus divisibles que d’autres. Si l’exemple de l’être humain que nous avons donné ne rend pas la chose dans sa totalité, il peut tout au moins rapprocher grossièrement sa compréhension à l’entendement. Il nous explique par quel procédé le multiple devient un. Ainsi, à travers ce discours, il n’est pas pertinent de contredire une vérité à laquelle on n’a pas encore atteint le degré de dévoilement. Il faut à ton niveau tout simplement y croire pour espérer avoir une part de cette unicité, bien que tu ne puisses la matérialiser en toi. C’est comme le fait de croire à la prophétie, cela ne fais pas de toi un prophète, mais tu peux en avoir une part plus ou moins intense en fonction du degré de conviction que tu décèles en toi. Cette manifestation de l’Unique dans les éléments est rarement permanente, mais dans la plupart des cas, elle est aussi fulgurante qu’un éclair. »[26]

Le néo-ash’arisme tend vers le mu’tazilisme, voire vers la philosophie

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous propose l’analyse suivante : « Certains ash’arites ont emprunté le même chemin que les mu’tazilites vis-à-vis des « Attributs textuels » ; la majorité d’entre eux ont eu la même attitude que leurs pères mu’tazilites à l’encontre des textes provenant du hadîth. Concernant les Attributs issus du coran, ils ont deux opinions à leur sujet : el Ash’arî, el Bâqillânî, et les anciens parmi eux les reconnaissent ; d’autres en reconnaissent certains, mais d’un autre côté, ils se comportent envers eux à la façon des jahmites. El Ash’arî s’est abreuvé de la pensée de son beau-père el Jubbâî ; le grand Sheïkh des mu’tazilites. L’inspiration de ce dernier dans le domaine du kalâm est une vérité à laquelle souscrivent ses partisans et d’autres à l’unanimité. Plus tard, el Bâqillânî sera plus à cheval vis-à-vis des Attributs issus du coran tout comme ibn Fawrk dans une moindre mesure après lui ; ce dernier en effet reconnaissait seulement une partie des textes du Coran sur le sujet.

Quant à el Juwaïnî et tous ceux qui suivaient la même voie, ils penchèrent vers la tendance mu’tazilite. Abû el Ma’âlî en effet lisait beaucoup les écrits d’Abû Hâshim el Jubbâî, et il était peu versé dans les annales scripturaires. Ces deux paramètres à la fois jouèrent un grand rôle sur sa pensée.[27] Abû Bakr el Bâqillânî (m. 403 h.) prit, à son époque, les commandes de cette tendance qu’il a améliorée ; il lui établit les prémices rationnelles auxquelles les textes devaient se soumettre. Il fit de ses règles des principes dans la continuité des articles de la foi, dans le sens où il incombe à chacun d’y adhérer.[28] Il contribua dans une large mesure à rapprocher la tendance ash’arite aux enseignements du kalâm et à la réglementer selon ses règles. Ces initiatives eurent pour conséquence qu’il exista une ressemblance énorme entre l’ash’arisme et le mu’tazilisme. Si el Ash’arî donnait la priorité aux textes sur la raison, il n’en fut pas le cas pour el Bâqillânî, qui considérait que toutes les questions liées à la croyance devaient être soumises à la raison.[29] Ainsi, el Bâqillânî est considéré comme le deuxième fondateur de l’ash’arisme.[30]

Il y a eu ensuite, Imam el Haramaïn el Juwaïnî (m. 478 h.) qui a utilisé les outils de la logique (grecque) pour soutenir cette croyance. Il s’est cependant opposé à el Bâqillânî sur de nombreuses règles qu’il avait établies. Bien qu’el Juwaïnî a plus profité de son bagage du kalâm que des paroles d’el Bâqillânî, il n’en demeure pas moins qu’il a mélangé son ash’arisme avec certains aspects du mu’tazilisme, en s’inspirant des ouvrages du mu’tazilite Abû Hâshim el Jubbâî. Il est ainsi sorti du giron du Qâdhî et compagnie dans plusieurs questions, pour conforter son inspiration mu’tazilite. Il ne s’inspire même pas des écrits d’Abû el Hasan el Ash’arî, il se contente de rapporter ses paroles par intermédiaire.[31] À l’image d’el Ghazâlî (m. 505 h.), et d’ibn el Khatîb e-Râzî (m. 606 h.), Les néo-ash’arites se sont reposés sur la méthode d’el Juwaïnî. Cependant, ils ont ajouté à cette influence mu’tazilite dont el Juwaïnî est l’instigateur, l’influence de la philosophie. Ainsi, l’ash’arisme s’éloignait et s’égarait de plus en plus.

El Ghazâlî a puisé ses enseignements du kalâm dans les écrits de son maître el Juwaïnî, el irshâd, e-shâmil, qui contiennent les enseignements d’el Baqillânî. Il s’est inspiré dans ses enseignements philosophiques des écrits d’ibn Sînâ. C’est pourquoi, il est dit que l’ouvrage e-Shifâ (le remède) d’ibn Sînâ l’a rendu malade. Abû Hâmid s’est inspiré également des lettres ikhwâns e-safâ et celles d’Abû Hayyân e-Tawhîdî et autre. Quant à Râzî, il a puisé ses enseignements du kalâm dans les écrits d’Abû el Ma’âlî et de e-Shihristânî. E-Shihristânî s’inspire lui-même d’el Ansârî e-Nisâbûrî, qui s’inspire d’Abû el Ma’âlî. Il s’est fortement imprégné des enseignements mu’tazilites par l’intermédiaire des œuvres d’Abû el Husaïn el Basrî (m. 436 h.).[32] Dans le domaine de la philosophie, il s’est inspiré d’ibn Sînâ, de Shihristânî, et bien d’autres.[33] On retrouve leur ascendant ash’arite, dans le fait qu’ils sont murjites (laxistes) concernant le statut des personnes et jabarites (déterministes) dans le domaine du destin. Dans le domaine des Attributs, ils ne sont pas de purs jahmites bien qu’ils soient imprégnés par cette tendance. Ils ne légitiment pas non plus de se rebeller contre les autorités en place en se conformant ainsi aux traditionalistes. Dans l’ensemble, parmi les adeptes du kalâm, ils sont relativement les plus proches de l’orthodoxie musulmane. »[34]

À suivre…





[1] Un orientaliste anglais du 19e siècle estime que pour corrompre les musulmans, il faut propager dans leurs rangs l’une de ces deux doctrines : le soufisme ou le shiisme.

[2] Extrait d’el Jawâb e-Sahîh li man baddala dîn el Masîh d’ibn Taïmiya (voir 4/405- 501 et 5/5-56 avec certaines modifications).

[3] Voir : e-safdiya (1/237).

[4] Voir : el jawâb e-sahîh (3/214-215), et majmû’ el fatâwâ (2/82).

[5] Manhâj e-Sunna (1/347-348).

[6] Voir : Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (9/333, 397, 401).

[7] Idem. (3/324) et (9/397-416).

[8] Voir : e-safdiya (1/1-5).

[9] Voir : e-safdiya (1/265).

[10] Idem. (1-302-303).

[11] Voir : e-safdiya (2/339, et 1/265).

[12] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql d’ibn Taïmiya (1/318-319).

[13] Majmû’ el fatâwa (3/353).

[14] Hâdhihi mafâhimuna de Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh (p. 104-108).

[15] http://www.sahab.net/forums/index.php?showtopic=128683

[16] Voir : mu’tasar el ‘ulû d’el Albânî (p. 177).

[17] E-Llakâî (1/176).

[18] Voir : khalq af’âl el ‘ibâd (p. 61).

[19] Voir : tafsîr el Qâsimi (5/1307-1308).

[20] El fisal d’ibn Hazm (3/302)

[21] Voir l’introduction à e-risâla el wâdhiha fî e-rad ‘alâ el ashâ’ira (1/38) d’ibn el Hanbalî, recension du Docteur ‘Alî e-Shibl.

[22] Siar a’lam e-nubala d’e-Dhahabî (19/327).

[23] Idem. (19-342).

[24] Voir : Siar a’lam e-nubala d’e-Dhahabî (19/327).

[25] Jâmi’ e-rasâil (1/164).

[26] Ihya ‘ulûm e-dîn (4/306-307).

[27] Manhâj e-sunna (2/223-224).

[28] El muqaddima d’ibn Khaldûn (p. 465).

[29] Voir : Muqaddima e-Tamhîd d’el Baqallânî (p. 15), recension par el Khudhaïrî et Abû Raïda.

[30] Voir : Nash-a el ashâ’ira wa tatawwaruha (p. 320).

[31] Voir : bughiya el murtâd (348-351).

[32] Il ne faut pas confondre avec el Hasan el Basrî, l’un des Successeurs des Compagnons (tâbi’în), qui compte parmi les traditionalistes (N. du T.).

[33] Voir : bughiya el murtâd (348).

[34] Majmû’ el fatâwâ (7/55).


ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
  #7  
ÞÏíã 08 Sep 2013, 04:59 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí






Le shirk

(Partie 7)

Le tawhîd chez les mutakallimîns murjites

En se basant sur leur définition de la foi, ils ne considèrent pas que l’Unicité de la divinité (tawhîd el ulûhiya) compte parmi les branches de l’Unicité. L’Unicité selon eux, consiste à dire qu’Allah est Unique dans Son Essence sans ne faire aucun partage, Unique dans Ses Actions sans n’avoir aucun associé, et Unique dans Ses Attributs sans avoir aucun égal.[1] Cette définition ne fait nullement mention de l’unicité de la Divinité. C’est pourquoi, il est possible de constater chez les sociétés où l’ash’arisme est répandue, qu’elles ne portent pas l’accent sur ce point primordial ; celles-ci sont contaminées par l’association et l’innovation étant donné qu’elles n’apprennent pas aux gens qu’Allah est Unique dans Son Adoration sans n’avoir aucun associé.[2] À leurs yeux, la divinité et la seigneurie sont synonymes. Le Dieu suprême se particularise par son pouvoir de création.[3]

Par rapport à leur définition du tawhîd, ils ne voient pas d’inconvénients à invoquer les morts tant qu’on a conscience qu’Allah est le véritable « faiseur ». Ils ramènent donc la chose à la croyance.[4] Selon Taqî e-Dîn Subkî, solliciter le secours des walis (istighâtha bi e-sâlihîn) n’est pas du shirk akbar, dans la mesure où ces walis n’ont pas un pouvoir autonome, mais soumis à la Volonté divine. Il disculpe ainsi les adorateurs des tombes en prétextant que, de ce côté-là, leur croyance est saine, et que leurs pratiques ne remettent nullement en question leur monothéisme.[5]

Dahlân, un farouche détracteur de la da’wâ najdite, s’imagine mal qu’un musulman peut conférer à une créature quelconque de s’ingèrer de son propre chef dans les affaires du Seigneur.[6] On peut faire tout ce qu’on veut ou presque dans le domaine de la divinité (invoquer un wali qu’il soit mort ou vivant, se prosterner devant lui ou sa tombe, lui consacrer des tawâfs, des immolations, des vœux, etc.), l’essentiel est de garder une croyance saine dans celui dans la Seigneurie.[7] Et quand ils se sentent acculer devant l’évidence, ils sortent leur « joker », la métaphore. Quand le musulman lambda impute les bonnes choses qui lui arrivent au wali untel, avancent-ils, c’est par une pure métaphore, car il est convaincu au fond de lui que tout vient de Dieu.[8]

En outre, ils ramènent l’istighâtha bi e-sâlihîn au tawassul qui lui serait synonyme.[9] C’est pourquoi, sous influence soufie, de grandes références néo-ash’arites cautionnent l’istighâtha bi e-nabî ou autre.

En voici une liste non exhaustive :

Ibn el Hâjj dans el madkhal (1/252),
Taqî e-Dîn Subkî, comme nous l’avons vu plus haut dans shifâ e-saqâm fî ziyâra khaïr al anâm (p. 293, 305-313, 315).
El Qastalânî dans el mawâib e-ladunniya (p2/392).
Ibn Hajar el Haïtamî dans el jawhar el munazhzham fî ziyâra el qabr e-sharîf e-nabawî el mu’azhzham (p. 175-176).
El Bakrî qu’ibn Taïmiya n’a pas kaffar, à ma connaissance.[10]
El Qudhâ’î qui était plus soufi, dans el barâhîn e-sâti’a (p. 298-299).

Si l’on sait que le mâturîdisme est la sœur siamoise de la secte ash’arite, il faut savoir qu’elle n’a pas été épargnée par le shirk tamthîl.[11] El Kawtharî, un moderne, prétend, sur les traces des lettres d’ikhwân e-safâ, qu’en se séparant de son corps, l’âme des élus se débarrasse des carcans des mortels, et a directement accès aux mystères de l’inconnu.[12]

La propagande hollywoodienne véhiculent ce genre de légende avec l’épisode où, sous son « froc » à capuche, Obi-Wan "Ben" Kenobi éteint son sabrolaser pour laisser l’ancien Élu déchu, en finir avec sa carapace humaine, devenue trop étroite pour la mission qu’il s’était assignée. Le coup de grâce le fait disparaitre physiquement, mais son esprit veille sur Luke tout au long de ses périples. Il accède ainsi à l'immortalité à travers la Force et voit ses pouvoirs se décupler en se séparant de son corps, le fardeau des simples mortels. Il fait de temps à autre des apparitions pour conseiller son disciple fidèle.[13]

Les détracteurs de la da’wa najdite

C’est dans ce contexte que les détracteurs de la da’wa najdite firent leur propagande pro-qubûrite. Avec à leur tête le propre frère du « chef fondateur », ils cherchaient à atténuer les méfaits de l’association. « L’essentiel de leur critique pouvait se résumer dans une idée simple : croire en l’existence d’un seul Dieu et à la prophétie de Muhammad suffit à conférer la qualité de musulman, quelques soit les péchés commis ou les innovations illégales adoptées dans l’exercice du culte. Certains considéraient même que les pratiques religieuses condamnées par Abd el Wahhab (sic) étaient en réalité le moyen d’adorer Dieu. Ceux-là estimaient que le Tout-Puissant lui-même n’avait pas accordé le même degré de qualité spirituelle, et que les « amis de Dieu » (awliya’) pouvaient légitimement intercéder auprès d’Allah au bénéfice des croyants ordinaires, dès lors que ceux-ci acceptaient l’idée selon laquelle Dieu est à l’origine de toute action dans le monde, bonne ou mauvaise, et qu’un « ami de Dieu » n’est que son délégué. »[14]

Le « certains » en question, c’est Dâwûd ibn Sulaïmân ibn Jarsîs dans sulh el ikhwân min ahl al-imam (p. 121). Ce dernier considérait que l’istighâthâ bi ghaïr Allah était du shirk asghar, non akbar, et paradoxalement, il donnait l’excuse de l’ignorance aux quburites.

Voici une liste de leurs revendications :

Sulaïmân ibn ‘Abd el Wahhâb considérait que l’istighâthâ bi ghaïr Allah était du shirk asghar.[15]
Pour reprendre les paroles d’Abd e-Rahmân ibn Hasan (le petit-fils de l’Imam), ibn Jarjîs autorisait l’istighâthâ bi ghaïr Allah (invoquer le secours à une créature),[16] ou pour reprendre celles de son fils ‘Abd e-Latîf, il considérait que cette pratique relevait du shirk asghar, pour ne pas dire qu’elle était recommandée.[17]
Ibn Jarjîs et ‘Uthmân ibn Mansûr, qui malheureusement reçut sa mauvaise influence, prétendaient, en s’appuyant sur des textes d’ibn Taïmiya et d’ibn el Qaïyim, que tous les ignorants sans détail étaient excusables. Or, l’ignorance n’est pas une excuse en elle-même, mais l’incapacité d’avoir accès à la vérité, à condition, bien sûr, de la rechercher.
Dâwûd ibn Jarjîs et ibn ‘Ajlân prétendaient aussi que l’erreur d’interprétation rapportait systématiquement une récompense en plus du fait qu’elle était excusable. Ils imputaient cette opinion à ibn Taïmiya et son élève ibn el Qaïyim comme nous l’avons vu. Ils voulaient faire passer l’idée que seul un obstiné pouvait sortir de l’Islam. Le suivisme aveugle et l’ignorance seraient, à leurs yeux, dans tous les cas excusables.
Dâwûd ibn Jarjîs ne pénètre pas certaines nuances. Il attribue à ibn Taïmiya et à son élève un discours erroné. Il s’imagine qu’ils ne condamnent pas ces pratiques païennes. Pire, il s’imagine que l’erreur dans ces domaines rapporte une récompense dans l’absolu à celui qui n’en a pas connaissance. Or, il incombe de distinguer entre l’acte auquel le Législateur donne le statut d’« association », de « mécréance » ou de « perversité » et la personne. Le fait qu’une personne peut être excusable, cela ne rend en aucun cas son acte louable. Il y a une différence entre le statut d’un acte et le statut de son auteur.[18]
‘Abd e-Latîf reproche à ibn Jarjîs d’accorder de façon formelle l’excuse de l’ignorance aux quburites, et, par rapport à cela, de stigmatiser les savants de aimmat e-da’wa.[19]

Conclusion

De grandes références néo-ash’arites, à l’image ibn Hajar el Haïtamî, ont été fortement influencées par le soufisme qui prône l’invocation des créatures. El Haïtamî lui-même autorisait d’invoquer le Prophète, mais aussi l’istighâtha bi e-nabî comme nous l’avons vu plus haut, et l’isti’âna bi e-nabî. (Voir sur le sujet la thèse : ârâ ibn Hajar el Haïtamî el i’tiqâdiya de Mohammed Shâi’.[20] Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya évoque le takfîr de ceux qui invoquent des créatures en dehors d’Allah, comme le Prophète ou un wali, mais sans les désigner en particulier, en sachant qu’ils sont très nombreux dans ce cas. Surtout à notre époque où les quburites se multiplient partout dans le monde, wa Allah el musta’ân ! Comment lui imputer alors qu’il parle de cas particuliers ? Je pense, wa Allah a’lam, qu’il s’agit du hukm el mutlaq de l’invocation des créatures.[21] Quant au statut d’un cas particulier (hukm el mu’ayyin), il est soumis à des conditions et restrictions, comme il l’établit dans ses nombreux ouvrages.[22]





[1] Voir : nihâya el aqdâm (p. 90), et el milal wa e-nihal tout deux de Shihristânî (1/42).

[2] Voir : introduction de la recension de Kitâb el ‘arsh (1/57-62) de l’Imâm e-Dhahabî (m. 746 h.) par le docteur Mohammed ibn Khalîfa e-Tamîmî.

[3] Voir : usûl e-dîn d’el Baghdâdî (p. 123).

[4] Voir : e-durar e-saniya fî e-radd ‘alâ el wahhâbiya de Dahlân (p. 35).

[5] Shifâ e-saqâm fî ziyâra khaïr al anâm (p. 175).

[6] Voir : e-durar e-saniya fî e-radd ‘alâ el wahhâbiya de Dahlân (p. 34).

[7] Shawâhid el haqq d’e-Nubhânî (p. 116).

[8] Misbâh e-zhalâm de Mohammed Tâhir (p. 5).

[9] E-sawâ’iq el ilâhiya de Sulaïmân ibn ‘Abd el Wahhâb (p. 6).

[10] Voir : el istighâtha fî e-radd ‘alâ el Bakrî (1/362, 388).

[11] Voir : el mâturîdiya de Shams el Afghân (3/284-315) qui, à l’origine, est une thèse universitaire ès Magistère.

[12] Voir : maqâlât el kawtharî (p. 383).

[13] Je ne parle pas de l’image épouvantable à laquelle renvoie l’horrible Jabba, dont l’activité favorite, lors de ses retraites dans son palais planté au milieu du désert sur la planète Tatooine, est de faire subir à ses victimes les supplices les plus vils, devant les yeux médusés de son harem et ses esclaves.

[14] Qu’est-ce que le salafisme ? (p. 28).

[15] Sulh el ikhwan min ahl al-imam (p. 121) ; voir également : e-sawâ’iq el ilâhiya de Sulaïmân ibn ‘Abd el Wahhâb (p. 6).

[16] Voir : Kashb ma alqâhu iblîs (p. 54).

[17] Voir : manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 268-269).

[18] Idem.

[19] Voir : manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 266-267).

[20] Voir la recension de kitâb mufîd el mustafîd fî kufr târik e-tawhîd du D. Hamad el ‘Aslânî (p. 169-170).

[21] Voir la recension de kitâb mufîd el mustafîd fî kufr târik e-tawhîd du D. Hamad el ‘Aslânî (p. 139).

[22] Voir la recension de kitâb mufîd el mustafîd fî kufr târik e-tawhîd du D. Hamad el ‘Aslânî (p. 120).


ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÅÖÇÝÉ ÑÏ

ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ
ÇäæÇÚ ÚÑÖ ÇáãæÖæÚ

ÊÚáíãÇÊ ÇáãÔÇÑßÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÖÇÝÉ ãæÇÖíÚ ÌÏíÏÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÇáÑÏ Úáì ÇáãæÇÖíÚ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÑÝÇÞ ãáÝÇÊ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÊÚÏíá ãÔÇÑßÇÊß

BB code is ãÊÇÍÉ
ßæÏ [IMG] ãÊÇÍÉ
ßæÏ HTML ãÚØáÉ

ÇáÇäÊÞÇá ÇáÓÑíÚ


Powered by vBulletin, Copyright ©2000 - 2017, Jelsoft Enterprises Ltd
Salafi Tasfia & Tarbia Forums 2007-2013