ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
  #4  
ÞÏíã 20 Jan 2015, 06:06 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí





La conception de la foi chez l’Albani
(Partie 4)


L’istithnâ : dire je suis croyant in shâ Allah !


Sheïkh el Albânî explique à Safar el Hawalî qu’il ne peut être un murjite, étant donné qu’à ses yeux, la foi monte et descend, que les bonnes œuvres font partie de la foi, et qu’il est possible de dire je suis croyant in shâ Allah (el istishnâ).[1]


La plupart des traditionalistes, avec, à leur tête, les Compagnons, les grands imâms parmi leurs successeurs, et la grande majorité des anciens en générale autorisent l’istithnâ.[2] Il est communément transmis que les prédécesseurs, à l’image d’ibn Mas’ûd et ses adeptes, Sufiân e-Thawrî, ibn ‘Uaïyna, la majorité des savants de Kûfa, ceux de Bassora comme le rapporte Yahyâ ibn Sa’îd el Qattân, Ahmed ibn Hanbal, etc. avaient ce genre d’expression,[3] qui faisait partie de leur usage (sunna), dans le sens où elle était, pour eux, tolérée. Ils affichaient ainsi leur opposition à ceux qui l’interdisaient.[4] Certains d’entre eux, à l’instar d’e-Lalakâî, allaient jusqu’à l’obliger.[5]


Il ne faut pas voir de contradiction entre ces deux opinions, car cela dépend sous quel angle on regarde la chose. C’est pourquoi, ibn Taïmiya considère que l’opinion la plus juste consiste à conjuguer entre elles en autorisant l’istithnâ dans certains cas de figure, mais pas tout le temps.[6]


Les cas de figure où l’istithnâ est autorisée


  1. Quand c’est en vue de ne pas se faire des éloges, en faisant penser qu’on a atteint une foi pleine pour s’être plié à tous les commandements divins (obligations/interdictions).
  2. Quand on met l’accent sur le fait qu’on n’est pas sûr que ses œuvres sont acceptées par Allah.
  3. Quand on craint d’avoir une mauvaise fin, étant donné que personne ne connait l’avenir.
  4. Quand on fait allusion à ce dont on est sûr, et sur quoi on a aucun doute, mais tout en s’en remettant à Dieu, et en reposant ses espoirs en Lui.[7]




Les cas de figure où l’istithnâ est interdit


  1. Quand on fait allusion à l’essence de la foi sur quoi il est interdit de douter.
  2. Quand on fait allusion à ce dont on est sûr, comme le fait qu’on aime Allah, qu’on donne foi à Sa religion, qu’on fournit l’essence de la foi au minimum sans prétendre avoir une foi parfaite, qu’on est musulman, etc.[8]


Nous pouvons voir que la divergence entre traditionalistes porte uniquement ou presque sur la forme.


L’istithnâ chez les murjiya el fuqaha


Les murjiya el fuqaha, avec Hammâd ibn Abî Sulaïmân à leur tête, mais aussi Abû Hanîfa, interdisent purement et simplement l’istithnâ,[9] car cela revient à leurs yeux à douter de sa croyance (tasdîq), ce qui est une forme de mécréance.[10] Ils sont ainsi fidèles à leur principe selon lequel la foi est une et indivisible, et qu’elle ne se distingue pas d’un individu à un autre. Ils trahissent, en réalité, qu’ils font sortir tous les actes (intérieurs, extérieurs) de la définition de la foi.[11]


L’istithnâ chez les jahmites


Les jahmites interdisent l’istithnâ au même titre que les murjiya el fuqaha.[12] Les murjites trouvèrent une parade en vue de faire passer leurs idées. Ils s’amusaient à mettre les gens à l’épreuve en le demandant : « Es-tu croyant ? » Ils les mettaient au pied du mur, car ils savaient que personne ne pouvait le renier. Ils en arrivaient à la conclusion que la foi était synonyme de tasdîq, en parvenant ainsi à berner les plus crédules. Certains anciens, comme l’Imâm Ahmed, avait très bien compris leur manège. Ils mirent au rang de l’innovation ce genre de questions binaires et fallacieuses ; c’est pourquoi, ils préconisaient le détail.[13]


Mis’ar ibn Qidâm voyait que la foi se composait des paroles et des actes, sauf qu’il refusait de dire je suis croyant in shâ Allah (l’istithnâ), et le justifiait en disant : « Moi, je ne doute pas de ma foi. »[14] Pourtant, l’Imâm Ahmed l’innocentait de l’irja.[15]


Sheïkh el Islam explique que l’Imâm Ahmed ne le comptait pas parmi les murjites, qui, contrairement à lui, sortaient les actes de la définition de la foi. Il justifiait simplement qu’il ne doutait pas sur sa foi.[16] Pourtant, certaines annales rapportent que l’Imâm était sévère contre ceux qui ne voyaient pas l’istithnâ,[17] mais il visait en réalité ceux qui sortaient les actes de la définition de la foi. Certains anciens disaient également que renoncer à l’istithnâ est le premier pas dans l’irja.[18] Cela ne veut pas dire que d’y renoncer on est forcément un murjite, wa Allah a’lam !
La question qui se pose d’elle-même ici est : est-ce qu’on peut dire que Mis’ar ibn Qidâm rejoint les murjites sans faire partie d’eux ou qu’il ne convient pas de parler sur les morts ?


Mais, restons avec l’Imâm Ahmed. Son fils l’interrogea une autre fois sur ceux qui disaient que la foi est composée des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend, mais sans faire l’istithnâ : « Est-il un murjite ?
  • Je pense qu’il n’en est pas un ! »[19]


• On le questionna également sur celui qui dit : « Je suis croyant pour moi par rapport aux lois terrestres et à l’héritage, mais je ne sais pas si je le suis auprès d’Allah.
  • Ce n’est pas un murjite, assura-t-il en réponse. »[20]


Selon Sulaïmân el Ash’ath Abû Dâwûd e-Sijistânî, j’ai entendu quelqu’un interroger Abû ‘Abd Allah : « Peut-on me reprocher de dire je suis croyant ?
  • Ne dis pas simplement : je suis absolument ou réellement croyant, ou bien je suis croyant auprès d’Allah. »[21]


Dans un échange qui opposa l’Imâm Ahmed à l’un de ses contemporains qui était venu pour l’interroger sur l’îmân : « Elle se compose de la parole et des actes, lui répondit-il.
  • Est-ce qu’elle monte ?
  • Elle monte et elle descend.
  • Est-ce que je peux dire : je suis croyant in shâ Allah ?
  • Oui.
  • Mais, ils me disent que cela revient à douter de ma croyance !
  • C’est une très mauvaise parole. »


Puis, le sheïkh en question sortit avant qu’il se fasse rappeler par l’Imâm qui lui demanda à son tour : « Ne disent-ils pas que la foi se compose des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend ?
  • Si !
  • Alors ils reconnaissent l’istithnâ.
  • Comment cela, Abâ ‘Abd Allah ?
  • Dis-leur : d'un côté, vous prétendez que la foi se compose des paroles et des actes, mais vous avez fourni la parole sans fournir les actes. L’istithnâ porte donc sur ces fameux actes.
  • Peut-on faire l’istithnâ pour parler de la foi, lui demanda-t-on ?
  • Oui, en disant : je suis croyant in shâ Allah »[22]


Sulaïmân ibn Harb explique que l’Imâm met l’accent sur le fait qu’on n’est pas sûr que ses œuvres soient acceptées par Allah.[23] Il peut également faire allusion à ce dont on est sûr, et sur quoi on a aucun doute, mais tout en s’en remettant à Dieu, et en reposant ses espoirs en Lui.[24] Ailleurs, l’Imâm ne voit pas d’inconvénient ou presque à ce qu’on refuse de faire l’istithnâ, mais à condition de dire que la foi se compose des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend.[25]


Ahmed ne concède pas à ibn Râhawaïh qu’en refusant de faire l’istithnâ, on est forcément murjite, comme nous l’avons vu. Il y a d’ailleurs d’autres points avec lesquels il n’est pas forcément d’accord avec lui,[26] comme dans l’exemple suivant :
Selon Harb ibn Ismâ’îl, j’ai entendu quelqu’un interroger Ishâq ibn Râhawaïh : « Quelqu’un qui dit : je suis réellement croyant ?
  • Il est réellement mécréant ! »[27]


Selon Ziyâd ibn Dâwûd, j’ai entendu dire Ahmed ibn Hanbal : « Je n’aime pas qu’on dise : je suis réellement croyant, mais je ne voue pas à la mécréance celui qui le dit. »[28]


En revanche, ibn Hanbal est intraitable envers la tendance qui confine la foi dans la parole, tout en reconnaissant qu’elle monte, mais sans descendre.[29] Même jugement envers celle qui, très proche de l’autre, la confine dans la parole, bien qu’elle considère les actes comme des lois (sharâi’) par rapport à la foi.[30]


On interrogea l’Imâm Ahmed sur celui qui dit que la foi monte et descend. Ce dernier répondit : « Il n’a aucun lien avec l’irjâ. »[31] La raison, c’est que ce crédo repose sur l’intégration des actes dans la définition de la foi.


Quoi qu’il en soit, les murjites s’entendent à sortir les actes de la définition de la foi. Quant aux déviations que l’on peut trouver dans le chapitre de la foi, celles-ci proviennent soit des implications de cette croyance (interdire toute variation, tout fractionnement, la coexistence de la croyance et de la mécréance chez un seul individu, imaginer une foi sans qu’elle ne se reflète sur les actes, ou en d’autres termes, une foi sans acte). Soit celles-ci proviennent d’un traditionaliste qui intègre les actes dans la définition de la foi, mais qui rejoint ou plus précisément qui coïncide avec les murjites sur un point donné (interdire que la foi descende, et renoncer à l’istithnâ). Ce dernier n’a aucun lien avec l’irja.


À suivre…





[1] Silsila el ahâdîth e-sahîha (7/153-154).

[2] Majmû’ el fatâwâ (7/505).

[3] Majmû’ el fatâwâ (7/438-439).

[4] Majmû’ el fatâwâ (7/666).

[5] Majmû’ el fatâwâ (7/429-446).

[6] Majmû’ el fatâwâ (7/446).

[7] Majmû’ el fatâwâ (3/289-290) ; (7/446).

[8] Majmû’ el fatâwâ (7/375, 669).

[9] Majmû’ el fatâwâ (13/42) ; (7/507).

[10] Majmû’ el fatâwâ (13/40).

[11] Majmû’ el fatâwâ (7/375).

[12] Majmû’ el fatâwâ (7/429).

[13] Majmû’ el fatâwâ (7/448-449).

[14] Voir : el îmân d’Abû ‘Ubaïd (p. 22).

[15] Voir : hiliyat el awliya (7/218).

[16] Majmû’ el fatâwâ (7/510-511).

[17] Voir : tabaqât el hanâbila (1/56).

[18] Voir : e-sunna (n° 1061) d’el Khallâl.

[19] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1090).

[20] Majmû’ el fatâwâ (7/253).

[21] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 966).

[22] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1054).

[23] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1056).

[24] Majmû’ el fatâwâ (3/289-290) ; (7/446).

[25] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1056).

[26] Ibn Hanbal lui-même disait : « Ishâq ibn Râhawaïh est le plus grand savant de l’autre côté du pont du Khurâsân, bien qu’il divergeait avec nous sur certains points. La divergence d’opinions a toujours existé. » Siar a’lâm e-nubalâ (11/371).

[27] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 973).

[28] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 975).

[29] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 978).

[30] Voir : tabaqât el hanâbila (1/55-56).

[31] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1009).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ