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  #4  
ÞÏíã 24 Jan 2012, 06:57 PM
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Le takfîr, le tafsîq, et le tabdî'

Version résumée

(Partie 4)




Ainsi, être innovateur est une chose et subir la punition du hajr en est une autre




Plusieurs punitions sont prévues en vue de dissuader les innovateurs prédicateurs ; leur témoignage est refusé, on ne prie pas derrière eux, on ne prend pas la science d’eux, et on ne les marie pas. Les anciens distinguaient donc entre les prédicateurs et les autres innovateurs.




La punition concerne les personnes qui affichent un manquement aux prescriptions et qui enfreignent les interdictions à l’instar de celles qui ne font pas la prière ou ne versent pas l’aumône, celles qui affichent l’injustice ou la perversité, ou celles qui prêchent l’innovation allant à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus pour les innovations notoires. Voici le sens des paroles des anciens et des grandes références disant que le témoignage des prêcheurs innovateurs n’est pas accepté, qu’il ne faut pas prier derrière eux, ni prendre d’eux les sciences, ni les préposer en mariage ; telle est leur punition jusqu’à ce qu’ils mettent fin à leurs agissements.

C'est pourquoi ils faisaient la distinction entre le prédicateur et le non-prédicateur étant donné que le premier d’entre eux affiche sa corruption ; il méritait ainsi la punition à l’inverse de la personne discrète. Celle-ci n’est pas pire que les hypocrites (…) il faut donc condamner les fautes qui sont exhibées indépendamment de celles qui sont cachées, car la punition concerne ici leur auteur uniquement.[1]




Quant à celui qui exhibe la corruption, il incombe de le contester en public. Il n’est plus question envers lui de médisance. Il incombe de le punir en public en lui infligeant les punitions capables de le dissuader de faire du mal, comme l’exclusion ou autre. Il ne faut plus le saluer ni répondre à son salut dans la condition où la personne qui en prend l’initiative est capable de le faire, et sans qu’aucun désavantage ne soit prépondérant à cela.[2]




Quant à celui qui cache ses péchés ou qui est discret dans son innovation non taxée d’apostasie, l’exclusion ne s’applique pas à ce dernier. Néanmoins, elle concerne le prédicateur innovateur étant donné que l’exclusion est une forme de punition.[3]




Le Prophète (r) mit en quarantaine Ka’b ibn Mâlik et ses deux compagnons (y), car ils s’étaient désistés à la bataille de Tabûk. Ils affichaient ainsi la désobéissance et l’on craignit qu’ils deviennent des hypocrites. D’où la décision de les exclure du groupe (hajr) en ordonnant à tous les citoyens d’y participer. Il leur fut même enjoint de s’éloigner de leurs femmes, mais sans les divorcer. Après cinquante nuits, la révélation céleste, qui annonça leur repentir, mit fin à la sentence.[4]

Dans ce registre, nous avons l’histoire où ‘Omar (t) ordonna aux musulmans de mettre en quarantaine Subaïgh ibn ‘Asal e-Tamîmî qui était à l’affut de Versets ambigus.[5] Au bout d’un an, comme il affichait un repentir sincère, le second Khalife leva la punition.[6]




Selon une règle extraordinaire, tous les péchés dont les méfaits se répandent aux autres méritent une plus grande punition sur terre ; et tous les péchés dont les méfaits reviennent uniquement aux fautifs peuvent mériter un châtiment plus grand dans l’au-delà, bien que rien n’est prévu contre eux sur terre.[7]




La punition peut aller jusqu’à la peine de mort si le besoin le réclame




Cette tendance est notamment celle de Mâlik, une partie des adeptes de Shâfi’î, et d’Ahmed,[8] mais uniquement en cas de force majeure, en s’en prenant uniquement aux plus dangereux. Toutefois, il faut renoncer à la sentence dans la situation où celle-ci engendre des inconvénients prépondérants aux avantages escomptés. C’est la raison pour laquelle, le Prophète (r) ne jugea pas bon de mettre à mort le premier kharijite qui contesta ses décisions. On aurait pensé en effet qu’il s’en prenait à ses Compagnons. Les campagnes de répression contre les hérétiques peuvent également engendrer des inconvénients à grande échelle. L’Imam ‘Alî l’avait bien compris ; à l’avènement des kharijites, il resta tout d’abord sur l’expectative, car, en face, ils étaient nombreux. Et cela, d’autant plus qu’ils avaient fait allégeance au groupe, et ne montraient aucun signe d’animosité. En outre, il n’était pas sûr à l’époque que la prédiction prophétique faisait allusion à eux.[9]




La peine de mort n’épargne pas l’innovateur non apostat si le besoin s’en fait ressentir




Le but, c’est d’épargner la société de son mal. En cela, il n’est pas différent des insurgés, qui, malgré leur révolte, restent dans le giron de l’Islam. Certains condamnés à mort n’étaient pas des apostats. Il est même possible que Ghilân le qadarite entre dans cette catégorie,[10] ou tout au moins, selon une opinion, comme nous l’expliquerons dans un prochain article, in shâ Allah ! On somme au coupable de se repentir et lui donne les moyens d’avoir accès à la preuve céleste, comme ‘Omar ibn ‘Abd el ‘Azîz le fit avec Ghilân. ‘Alî, lui, avait envoyé ibn ‘Abbâs en ambassadeur chez les insurgés de Nahrawân. La moitié d’entre eux revinrent à la raison, et le reste fut passé au fil de l’épée.[11]




On peut à la fois être excusable devant Dieu et punit par les hommes




Le but de la punition, c’est de garder la société saine, mais, au même moment, il est possible que le coupable soit excusable soit en raison de son effort d’interprétation, ou, tout simplement, en ayant suivi aveuglément l’opinion d’un autre.[12]




De la même manière qu’on peut être puni sans perdre sa crédibilité




L’Imâm Ahmed n’a pas hajar que des gens ayant commis une bid’a.Il y avait parmi eux de grands savants qui avaient cédé à l’inquisition khalifienne avant qu’on ait mis la main sur eux, et même ceux qui s’en repentirent une fois que la situation s’était desserrée. Il fut suivi dans son initiative par ses concitoyens. Tous ses nobles gens n’étaient pas différents des trois hommes qui furent mis en quarantaine à l’époque du Prophète (r). Il est même dit que deux d’entre eux avaient participé à la bataille de Badr. Tout le monde connait le fameux hadîth : Qui te dit qu’Allah n’a pas contemplé les combattants de Badr, avant de leur dire : faites ce que vous voulez, Je vous ai tout pardonné. »[13] Ainsi, la peine peut très bien être prononcée contre un homme crédible ou tout simplement pieux.[14]




Les Compagnons se sont entretués aux batailles du chameau et de Siffîn, mais cela ne les empêcha pas de garder leur sentiment d’alliance religieuse. Ils ne se détestaient pas comme on déteste un mécréant. Ils acceptaient leurs témoignages mutuels, s’échangeaient le savoir, s’héritaient et se mariaient entre eux ; ces relations sont propres aux musulmans. Pourtant, ils étaient déchirés et allaient parfois jusqu’à se maudire les uns les autres.[15]




La divergence sur le tabdî’ du suiveur




Voici ce que nous trouvons dans kashf el qinâ’ : « Considéré pervers (tafsîq)le suiveur auteur d’une innovation pour laquelle nous taxons le prédicateur de mécréant est la tendance de Majd [le grand-père d’ibn Taïmiya]. Dans sa lettre à l’auteur d’e-tarkhîs, el Muwaffaq [ibn Qudâma]pour sa part, opte pour le non-takfîr du prédicateur qui est motivé par un effort d’interprétation. Il se base sur la réaction d’Ahmed envers el Mu’tasim qu’il appelait : prince des croyants ! »[16]




Sheïkh‘Abd Allah Abâ Btîn confirme la position de Majd ibn Taïmiya dans le passage suivant : « El Majd – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Toute innovation pour laquelle nous faisons le takfîr des prédicateurs, nous donnons le statut de « pervers » (fâsiq) aux suiveurs. Ex. : dire que le Coran est créé, que les Noms d’Allah sont créés, qu’on ne peut le voir dans l’au-delà, proférer des insultes contre les Compagnons avec une intention religieuse, dire que la foi se confine dans la croyance, etc.




Toute personne qui a connaissance de ces innovations, qui les prêchent, et qui polémique à leur sujet est jugée mécréante, comme le stipule Ahmed dans plusieurs passages. »Fin de citation. Voyez, comment les a-t-il kaffar, bien qu’ils sont des ignorants. »[17]




Certaines annales venant des anciens semblent corroborer cette tendance. Ibn Abî Hâtim témoigne en effet : « J’ai interrogé Abû Zur’a et mon père au sujet de la tendance des traditionalistes dans les bases fondamentales (usûl) de la religion, et celle des savants qu’ils ont connue à travers toutes les contrées (le hijâz, l’Iraq, le Shâm, et le Yémen) ; ils m’ont répondu notamment : la foi est composée des paroles et des actes, elle peut monter et descendre… Celui qui prétend que le Coran est créé commet un acte de mécréance qui le fait sortir de la religion ; celui qui doute de sa mécréance parmi ceux qui comprennent est un mécréant également ; celui qui doute sur la Parole d’Allah (U) et qui ne se prononce pas par doute en disant qu’il ne sait pas si celle-ci est créée ou non est un jahmî ; pour celui qui ne se prononce pas au sujet du Coran par ignorance (jâhilan), il incombe de l’instruire et de le taxer d’innovateur, sans qu’il ne sorte pour autant de l’Islam. »[18]




Or, il incombe de relativiser cette tendance, et cela, pour plusieurs raisons :




1- Ibn Qudâma lui-même relativise sur le takfîr du prédicateur, comme le démontre le premier passage cité ci-dessus.




2- Nous avons également ramené une annale plus-haut relativisant la chose, et que nous remettons ici : Ahmed ibn Munî’ el Baghawî affirme : «Celui qui prétend que le Coran est créé est un jahmî, et celui qui ne se prononce pas sur le sujet parmi ceux qui ne comprennent rien (marchands, femmes, enfants), nous ne disons rien sur eux, et nous les instruisons sur la chose. »[19]




3- Le grand-père d’ibn Taïmiya fait la distinction entre le prédicateur et le suiveur dans les questions du takfîr. Cependant, s’il range le muqallid dans le cercle des innovateurs sans prendre la peine de faire l’iqâma el hujja, c’est uniquement pour les innovations aggravées (ghalîzha) faisant sortir de la religion. C’est, en tout cas, ce qu’il laisse entendre, wa Allah a’lam !




4- Il vaut se méfier de la croyancemu’atazilite selon laquelle les notions du bien et du mal peuvent être perceptibles sans passer par la Révélation ; comprendre que l’iqâma el hujja n’est pas indispensable à leurs yeux. Ces mêmes mu’atazilites s’accordent, avec certains ash’arites, à refuser la foi du muqallid sous prétexte que chacun est intellectuellement capable de parvenir à la vérité par la réflexion. Or, nous avons vu que l’homme était responsable uniquement dans les limites de ses possibilités et de ses connaissances. Malgré ses bonnes attentions, le pauvre muqallid ne sait pas s’il a tort ou raison, surtout qu’il est perdu devant une multitude d’opinions, et qu’il n’est pas capable de pénétrer les subtilités et les nuances auxquelles il est confronté pour une question donnée.[20]




5- Il existe plusieurs sortes de muqallid qui partent du savant d’une école, du muftî et du dhî pour arriver aux gens simples incapables de regarder dans les textes. Certes, les premiers sont inexcusables s’ils entêtent à suivre leur imâm dans l’erreur en toute connaissance de cause, mais les derniers n’ont pas les outils en main pour détecter sur quels principes se base leur Imam pour arriver à ses conclusions.[21] Ils ne seraient même pas en mesure de faire une liste des savants de leur école.




6- Certains érudits, à l’image d’el Mardâwî, avancent explicitement que le muqallid ne devient, suite à une erreur, ni un mécréant ni un pervers. Voici la teneur de ses propres : « Afficher son innovation, cela revient à l’exhiber ouvertement, contrairement à l’innovateur discret, et à en faire la prédication, et, si besoin est, à polémiquer pour la défendre. C’est de cette façon notamment que l’auteur et son commentateur l’ont défini. Le Qâdhî a dit : « L’innovateur qui affiche sa bid’a s’appuie dans sa conviction sur un certain nombre d’arguments, contrairement au suiveur. » Il souligne également au sujet de ce dernier : « Le suiveur ne devient ni un mécréant ni un pervers. » ».[22]




Ibn el Qaïyim a un discours qui va dans ce sens (nous avons ramené plus haut plusieurs passages de son maitre corroborant cette tendance). Il précise en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila,murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[23] Vu l’importance de ses paroles, je me permets de mettre le passage où il en parle en entier : « La première catégorie :le suiveur ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; ce dernier ne devient ni mécréant ni pervers, et son témoignage n’est pas refusé ; dans la situation où il est incapable d’étudier et de distinguer la bonne voie. Il a le même statut que les gens faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants : [qui n’ont pas trouvé de moyen ni aucun chemin. Ceux-là, Allah peut leur pardonner ; Allah est certes Compatissant et Absoluteur].[24]




La deuxième catégorie :celui qui est capable de se renseigner, de chercher et de trouver la vérité, mais qui, pour une raison ou pour une autre (occupations mondaines, quête de pouvoir, de plaisirs, et du bien-être, etc.), s’en détourne. Celui-là est concerné par la punition divine en raison de son laisser-aller ; il mérite un péché pour avoir négligé son devoir, car il lui est enjoint de craindre Allah dans la mesure du possible ; ce qu’il n’a pas fait. Son statut est le même que les désobéissants ayant délaissé certaines obligations. Ensuite, il faut voir s’il a un plus grand ascendant pour l’innovation et les passions que la sunnaet la bonne direction ; dans ce cas, son témoignage est refusé, sinon, il sera accepté.




La troisième catégorie : celui qui se renseigne, qui recherche et qui est en mesure de trouver la vérité, mais qui la délaisse par suivisme, chauvinisme, ou par animosité envers ses tenants. Au meilleur des cas, celui-ci est considéré comme un pervers. Il peut atteindre le degré de mécréance en regard des différents points de vue et des différentes conclusions. Si, en plus de cela, il compte parmi les prédicateurs, son témoignage, ses fatwaset ses jugements seront refusés, sauf en cas de force majeure ; soit, dans la situation où ce genre d’individus est en surnombre et qu’ils sont en position de force.




Si les juges, les muftis, et les différents témoins proviennent de leurs rangs, il serait très difficile d’en faire abstraction, compte tenu des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrerait. Dans ce cas de figure, nécessité fait loi. »[25]




7- Nous avons vu précédemment que l’Imâm Ahmed s’était abstenu de taxer d’innovateurs plusieurs cas qui lui furent soulevés. Voici ici un exemple où il tient explicitement compte de l’ignorance dans les questions du tabdî’. D’après ibn Hânî, l’Imâm fut interrogé sur le fait de prier derrière quelqu’un qui préfère ‘Alî aux deux premiers Khalifes (Abû Bakr et ‘Omar). Celui-ci répondit : « Dans la situation où il est ignorant et inculte, je pense qu’il n’y a pas de mal à le faire. »[26]




À suivre…














[1]Majmû’ el fatâwâ (voir : 28/203-210).

[2]Idem.(voir : 28/217-218).

[3]Idem.(voir : 24/175).

[4]Les détails de cette histoire sont rapportés par el Bukhârî (4418), et Muslim (2769).

[5]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).

[6]Rapporté par e-Dârimî (I/55-56).

[7]Majmû’ elfatâwâ (10/373) ; voir également : (24/181).

[8]Majmû’ el fatâwâ (28/346-347).

[9]Majmû’ el fatâwâ (28/499-500).

[10]Majmû’ el fatâwâ (23/350).

[11]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (7/173).

[12]Majmû’ el fatâwâ (10/275).

[13]Rapporté par el Bukhârî (5/297), et Muslim (4/1941).

[14]Majmû’ el fatâwâ (10/377).

[15]Majmû’ el fatâwâ (10/377).

[16]Kashf el qinâ’ (6/420).

[17]El intisâr li hisb Allah el muwahhidîn (p. 16-18).

[18]el hujja fî bayân el mahajja de Qawwâm e-sunna (2/424).

[19]E-Lâlakâî (1/176).

[20]Voir : e-sîl el jarrâh de Shawkânî (1/103).

[21]Voir : i’âna e-tâlibîn (4/217).

[22]El insâf d’el Mardâwî (2/254).

[23]El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).

[24]Les femmes ; 98

[25]E-turuq el hakamiya (1/255).

[26]El insâf d’el Mardâwî (2/48).



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