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ÞÏíã 02 Apr 2013, 04:53 PM
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La divergence entre traditionalistes

(Partie 4)



Je ne veux tirer vengeance de personne parmi ceux qui ont menti sur moi et qui m’ont fait subir une injustice. Je décharge devant Dieu tout musulman m’ayant fait du mal. Je souhaite le bien à tous mes frères, comme s’il s’agissait de ma propre personne. [Majmû’ el fatâwâ (28/55) d’ibn Taïmiya.]



Voir notamment : el ibâna de Mohammed el Imâm, qui fut préfacé par cinq sheïkh du Yémen, et lu et révisé par Sheïkh Rabî’.



Faire la balance des avantages et des inconvénients



Déjà, il incombe de véhiculer aux gens simples les questions claires de la religion à même de maintenir l’unité du groupe, sans entrer dans certains détails porteurs de la division.[1] L’homme sensé tient compte du contexte et de son audition avant de se prononcer sur un domaine particulier. Parfois, le silence est d’or.[2] Il faut bien faire ses calculs et ne pas donner de l’eau au moulin des égarés en citant leurs arguments dans n’importe quelle assemblée, même en vue de les réfuter. Car, pas tout le monde n’est en mesure de les appréhender ; ceux-ci risquent même de s’imprégner dans le cœur des plus faibles.[3] C’est du pain béni pour les innovateurs ! On ne pouvait faire mieux pour leur rendre service !



En outre, il y a des situations où il vaut mieux éviter de faire la morale à un groupe, notamment quand ils sont trop contaminés par les passions sous ses deux formes (corporelles/intellectuelles) et suffisamment forts pour résister aux pressions. Il est même possible que la situation s’envenime et que le mal prenne de l’ampleur.[4] Parfois, il est préférable de laisser quelqu’un dans son état, même blâmable. Il vaut mieux avoir un peu de lumière que pas du tout. Et c’est ce qu’il pourrait se passer s’il se sent attaquer.[5] Surtout quand les mauvais sont en surnombre et que la morale n’a plus d’effet.[6]



Nous pouvons recenser quatre cas de figure dans le domaine de la morale :

1- les avantages l’emportent sur les inconvénients ; elle devient tolérée, voire obligatoire.

2- Les inconvénients l’emportent sur les avantages ; elle devient interdite.

3- Les inconvénients et les avantages se valent ; la chose est laissée à l’initiative du savant qui tiendra compte de l’intérêt supérieur et du moindre mal.

4- Il est difficile de déterminer qui des avantages et des inconvénients l’emportent ; même chose que le point précédent.[7]



Exemples concrets de la mauvaise application de ces règles



Un évènement mit fin aux cours des traditionnistes, à la grande mosquée jâmi’ el Qasr. Certains jeunes zélés s’étaient avisés à y critiquer les négateurs et à griffonner un ouvrage d’Abû Nu’aïm d’insultes et de malédiction. Le doyen des lieux en fut informé, et il ne lui en fallut pas plus pour imposer une punition collective aux adeptes du crédo orthodoxe.[8]



À l’époque où le conflit entre les hanbalites et ash’arites faisait rage, ce même Abû Nu’aïm fut la cible de ses concitoyens qui le mirent en quarantaine. Un groupe d’étudiant se rendit chez Abû Bakr e-Dhakwânî. Après le cours, l’un d’entre eux proposa à ses amis d’assister à l’assise d’Abû Nu’aïm, ce qui déclencha la colère des autres. Ces derniers faillirent le luncher à mort couteaux à la main – ces couteaux servaient à tailler leur plume. Aux yeux de Dhahabî, cette bande d’ignorants scélérats était loin d’être des traditionnistes dignes de ce nom.[9]



‘Abd el Khâliq ibn Abî Mûsâ el Hâshimî était connu pour être dur et intransigeant envers les innovateurs. Il ne supporta pas qu’on contrevienne à la religion, et entrait dans une colère terrible qu’il affichait au visage du coupable. Malheureusement, ses « humeurs », qui firent tache d’huile dans les rangs de ses élèves, mais aussi du peuple, débouchèrent sur de très violentes querelles qui firent couler le sang. Dhahabî fait remarquer que les savants ont leur part de responsabilité dans ce genre de faits divers.[10]



Un jour, ibn Khanb dicta à ses élèves les annales sur les fastes des trois premiers khalifes. Abû el Fadhl e-Sulaïmânî, qui était présent, se leva précipitamment pour crier : « Écoutez-moi ! Cet homme est un charlatan, ne prenez pas de lui ! » Puis, il quitta les lieux en guise de protestation.[11] Malgré son érudition, ce grand spécialiste en hadîth, n’en était pas à son premier méfait.[12]



L’un des plus grands fléaux qui touchent au monde scientifique, est l’éclosion d’intrus qui pensent savoir, alors qu’ils ne connaissent rien. Contrairement à leurs aspirations, ils sont plus nocifs qu’autre chose.[13] Ils sont imbus d’eux-mêmes, alors qu’ils sont sans cervelle. Ils sont une honte à la discipline, alors qu’ils pensent avoir atteint les sommets, malgré leur faible bagage.[14]



La baraka est avec les anciens,[15] car, comme le souligne ibn Qutaïba, aguerris par les années et l’expérience, ils prennent les choses avec sagesse, et, contrairement aux plus jeunes, ne se laissent pas emporter par le zèle. Ils sont beaucoup plus immunisés contre les ambiguïtés, et sont moins prompts à tomber dans les griffes d’Iblîs. Leur maitrise de soi est leur arme.



La jalousie et les conflits d’intérêts



Certains gens, qui sont attirés par la notoriété et les honneurs, sont malheureusement éprouvés, comme le révèle le hadîth selon lequel le Prophète (r) a dit : « Deux loups au milieu des moutons ne sont pas plus nuisibles pour la religion de l’individu que son attachement aux biens et aux honneurs. »[16] Il s’agit de l’amour de la notoriété et de la dignité.



Selon el Khallâl, Sufiân [probablement e-Thawrî] a dit : « L’amour du pouvoir est plus alléchant aux yeux d’un homme que l’or et l’argent, et quand on aime le pouvoir on est à l’affût des défauts des autres. »[17]



Ce dernier envoya à ‘Abbâd ibn ‘Abbâd un courrier dans lequel il lui fit les recommandations : « … Ne compte pas parmi les gens qui aiment que leur parole soit exécutée, qu’elle soit répandue, ou, pour le moins, écoutée de sorte que dès qu’on s’abstient de le faire, cela se voit immédiatement sur eux. Ne recherche surtout pas le pouvoir qui est plus alléchant aux yeux d’un homme que l’or et l’argent. Ce domaine est si obscur que seuls les savants simsâr (chevronnés ndt.) peuvent en détecter les contours. Remets-toi en question et œuvres avec intention. Sache que les hommes se rapprochent d’une époque où la mort sera préférable à celle-ci. Salâm ! »[18]



Il fit également l’aveu : « J’étais en quête du « pouvoir » quand j’étais jeune. Quand je voyais un homme, adossé sur un pilier entouré d’élèves, je l’enviais. Mais, quand j’y suis parvenu, j’ai su ce que c’était vraiment. »[19]



Mâlik ibn Dînâr : « Quand on apprend pour mettre en pratique, on devient modeste, mais quand on apprend pour autre chose, on prend des ailes. »[20]



El Fudhaïl ibn ‘Iyâdh : « Quand on aime le pouvoir, on est forcément envieux, et c’est ce qui pousse à attaquer et à chercher les défauts des autres. La chose la plus pénible est d’entendre des compliments sur les autres. »[21]



Il est plus dur de remédier à l’amour du pouvoir que de déplacer des montages.[22] Certains savants sont éprouvés par l’orgueil et l’ostentation. Bien que la vérité puisse sortir de leur bouche et qu’ils affichent une grande jalousie pour la religion, il est possible qu’Allah leur mette à dos un ennemi qui leur fait du mal, en punition à leurs mauvaises intentions. L’amour du pouvoir est un fléau subtil pourtant répandu chez les légistes.[23]



L’humilité est une vertu qui fait gagner, contre toute attente, la considération des autres.[24] Rien ne sert d’avoir une montagne de science, si on manque de modestie, on n’atteindra jamais les nues. Au contraire, plus les savants imbus d’eux-mêmes apprennent, plus Allah les humilie.[25] L’étudiant modeste est comme une surface concave ; plus elle est basse et plus elle accueille de l’eau.[26]

















[1] Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[2] El muwâfaqât de Shâtibî (0/167-172).

[3] Voir : riyâdh e-nufûs fî tabaqât ‘ulamâ el Qaïrawân wa Afrîqiya Abû Bakr Mohammed el Mâlikî (1/204).

[4] Majmû’ el fatâwâ (14/472).

[5] Majmû’ el fatâwâ (10/364).

[6] Majmû’ el fatâwâ (14/479-480).

[7] I’lâm el mawqi’în d’ibn el Qaïyim (3/5).

[8] El muntazham fî târîkh el mulûk wa el umam d’ibn el Jawzî (18/138).

[9] Siar a’lâm e-nubalâ (17/453-464).

[10] Siar a’lâm e-nubalâ (18/547-548).

[11] Siar a’lâm e-nubalâ (15/524).

[12] Voir : el ansâb de Sam’ânî (17-200-202).

[13] Marâtib el ‘ulûm d’ibn Hazm.

[14] Marâtib el ‘ulûm d’ibn Hazm ; voir pour ces deux passages : ikhtilâf el muftîn d’el ‘Awnî (49-50).

[15] Voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha de l’Albânî (n° 1778).

[16] Rapporté par e-Tirmidhî (2376) et Ahmed (3/456), selon Ka’b ibn Mâlik (t).

[17] Tabaqât el Hanâbila (2/14).

[18] Dham el hirs wa el mâl d’ibn Rajab.

[19] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 982).

[20] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 987).

[21] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 971).

[22] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 976).

[23] Siar a’lâm e-nubalâ (18/192).

[24] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 948).

[25] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (n° 959).

[26] Voir : el jâmi’ d’el Khatîb (1/198).

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