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ÞÏíã 01 Oct 2012, 08:06 AM
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Les savants ; les héritiers des prophètes
Son Éminence : Sheïkh Sâlih ibn Ghânim e-Sadlân
Professeur d’études supérieures
À l’Université islamique de l’Imam Mohammed ibn Su’ûd

Louange à Allah, Seigneur de l’Univers, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux ! J’atteste qu’il n’y a d’autre divinité [digne d’être adoré] en dehors d’Allah, Seul et sans associé, et j’atteste que Muhammad est Son serviteur, Son Messager, Son Ami qu’Il a élu sur toute la création et qui est le loyal dépositaire de la Révélation, Mohammed ibn ‘Abd Allah ! Allah l’a envoyé par miséricorde à l’humanité entière, et a établi par lui la preuve contre celle-ci !

Amma ba’d ! Notre Prophète (r) bénéficie d’une grande place auprès d’Allah (Y) ; son rang est au-dessus de tous les autres prophètes et envoyés. Il est le maitre de la création, le maitre des fils d’Adam dans l’absolu. C’est le meilleur des prophètes, le meilleur des messagers, le sceau et le dernier d’entre eux. Qu’Allah le salue et prie sans cesse sur lui jusqu’au jour de la Résurrection.

Mes frères ! Les organisateurs de cette série de conférences m’ont demandé d’orienter mon discours autour du fameux hadîth « Les savants sont les héritiers des prophètes qui ne léguaient ni dirham ni dinar. Ils laissaient derrière eux uniquement le savoir ; celui qui s’en empare aura gagné une grande part de leur héritage. »[1] La question qui se pose ici, c’est : pourquoi les savants sont-ils les héritiers des prophètes ?

Pourquoi les savants sont-ils les héritiers des prophètes ?

Nous disons donc : comme tout le monde le sait, un héritier est une personne qui reçoit un héritage (biens, propriété foncière, etc.) légué par un parent après sa mort. L’héritage est donc basé sur le lien de parenté qui est plus ou moins fort. Pour leur part, les prophètes ont légué le savoir qui s’incarne dans les Paroles d’Allah et dans celle de Son Messager. Ainsi, les savants sont les personnes les plus proches des prophètes. Ils suivent leurs traces et s’inspirent de leur savoir. C'est pourquoi ils méritaient d’être leurs héritiers. Mieux, ces derniers ne font que transmettre l’héritage prophétique qu’ils ont acquis à travers le savoir.

Il est rapporté qu’un jour, Abû Huraïra (t) se rendit au souk pour héler au milieu de la foule : « L’héritage de Mohammed est en train d’être partagé dans la mosquée ! » C’est alors que tous ceux qui avaient entendu cette annonce accoururent à la mosquée dans le but d’avoir part au gâteau. Dans leur esprit en effet, il ne pouvait que s’agir d’argent. En entrant, à leur grand étonnement, ils découvrirent des cercles dans lesquels étaient donné des cours de tafsîr, hadîth, figh, sîra. Ils s’en retournèrent alors voir Abû Huraïra, qui lui lancèrent : « Qu’Allah te fasse miséricorde ! Nous n’avons trouvé que des gens qui étudiaient ; il n’y avait aucun partage d’héritage.
  • Vous avez trouvé des gens qui étudiaient, s’enquit-il ?
  • Oui !
  • Malheur à vous ! C’était cela l’héritage de Mohammed. »[2]

Voici l’héritage de Mohammed, car les prophètes ne léguaient ni dirham ni dinar. À sa mort, le meilleur des hommes avait laissé son armure en caution chez un Juif, contre trente sâ’ (mesure pour les grains ndt.) de blé.[3] Je veux dire que la relation qui lie les savants aux prophètes (u), c’est le savoir. Ce savoir qui les rend plus proches d’eux que n’importe qui d’autre.

Le sujet que nous abordons, et qui est le titre de cette conférence, c’est les vertus du savoir. L’islam encourage à étudier. Cela réclame de grands sacrifices et une grande persévérance. Le savoir dont il est question est le savoir religieux que Mohammed (r) a légué à sa communauté. Ainsi, toutes nos paroles et tous nos enseignements proviennent de deux références : le Livre d’Allah et la Tradition prophétique. Les études représentent la plus noble des initiatives, que ce soit des études religieuses ou profanes. Néanmoins, l’homme a plus besoin du savoir religieux, étant donné qu’Allah (Y) nous a créés dans le but unique que nous Lui rendions l’adoration. Celle-ci consiste à L’unifier dans le culte et à se soumettre à Son obéissance. Sans s’armer de la connaissance, on ne peut savoir comment adorer le Seigneur à travers les actes d’obéissance comme la prière, le jeûne, l’aumône, le pèlerinage. Le savoir est le seul moyen de parvenir à Allah.

Sheïkh el Islâm Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb – qu’Allah lui fasse miséricorde – soulève ce point en disant : « Sache qu’Allah te couvre de Sa Miséricorde qu’il nous incombe d’apprendre trois questions. Il cita notamment : le savoir : qui consiste à connaitre Allah, connaitre Son Prophète, et connaitre la religion musulmane avec leurs preuves ; ces preuves sont le Livre d’Allah et la Tradition de Son Messager. »

Le chapitre de Bukhârî : le savoir avant la parole et les actes

El Bukhârî – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit dans son recueil sahîh : chapitre: le savoir avant la parole et les actes. Est-il possible de faire des actes sans se baser sur aucune connaissance ? Ce n’est pas possible, même pour les choses de la vie de tous les jours. Pour construire un palais, une maison ou un bâtiment, il faut des plans et des études d’architectes, etc. La phase théorique passe avant la pratique. Il doit évaluer les besoins, les matériaux à utiliser. C’est la même chose pour la prière. Il faut étudier la façon de prier, de faire ses ablutions, de faire les rukû’ (inclination ndt.) et les sujûd (prosternation ndt.). On doit savoir quels sont les gestes à faire, comment faire le zhuhr, le ‘asr, le maghrab, et le ‘îsha, etc.

Nous, les musulmans qui sont nés dans l’Islam et sous l’égide d’une autorité islamique ; nous, qui avons reçu une éducation musulmane trouvons que ces choses sont normales. En revanche, dans certains pays où la colonisation fit des ravages en détruisant les symboles musulmans, les adeptes de notre religion hommes et femmes accueillaient nos enseignements avec joie. Ils se plaignaient de leur manque de connaissance dans le domaine des ablutions, la prière, etc. La culture religieuse leur étant complètement étrangère. C’est en nous regardant pratiquer nos rituels qu’ils ont pu apprendre. Nous, nous vivons dans un pays musulman, qu’Allah soit loué !
N’importe lequel de nos enfants est capable de décrire la prière du zhuhr. Si vous lui demandez, il vous dira qu’elle est composée de quatre rak’a, etc. Ce n’est pas le cas dans ces pays en question. Il y a même le cas où quelqu’un s’allongea sur le ventre en guise de prosternation. Le pauvre, il ne savait pas comment faire. Nous voulons dire que le savoir prime avant tout.

Ainsi, el Bukhârî – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : chapitre: le savoir avant la parole et les actes. Il faut d’abord apprendre avant de parler et d’agir. Il faut apprendre la fâtiha qui entre dans le domaine des paroles, avant de prier qui entre dans le domaine des actes. Puis, il cita le Verset : [Sache qu’il n’y a d’autre dieu digne d’être adoré en dehors d’Allah],[4] avant de faire le commentaire : « Il a cité le savoir avant les paroles et les actes. » Puis, dans la sourate la victoire, Allah (U) révèle : [Par les temps • L’homme est en perdition • à part ceux qui ont cru][5] ; comment ont-ils cru ? Ils ont cru après avoir su : [qui ont fait des bonnes œuvres, et qui se recommandent la vérité, et qui se recommandent la patience].[6]

Ces Versets renferment quatre questions : le savoir, les actes, la prédication, et la patience face aux attaques rencontrées sur la voie d’Allah (Y). Étudier la religion est l’enseignement le plus important que nous pouvons tirer de ce hadîth. L’islam encourage les études, honore et encense les savants. C’est ce que nous comprenons de : « Les savants sont les héritiers. »

Le savoir réclame de se plier à certaines règles, et certains moyens qui sont disponibles dans notre pays, qu’Allah soit loué ! Les possibilités d’études sont offertes sur un plateau. Nous en avons le meilleur exemple avec notre rencontre d’aujourd’hui. Celle-ci est retransmise à des grandes distances comme ‘Ar’ar, el Jawf, et dans beaucoup d’autres villes. Ces moyens sont accessibles à tous qu’Allah soit loué ! Cela n’a pas toujours été le cas. À une certaine époque, seulement le tiers de la mosquée pouvait entendre le sermon du vendredi. Cela veut dire que la preuve céleste est établie contre nous tous. Personne n’a l’excuse de ne pouvoir étudier, ou de ne pas avoir accès au savoir.

Le hadîth précédemment cité fait allusion aux savants de la religion, comme les spécialistes en hadîth, en tafsîr, en Coran, en figh, en usûl, en grammaire, et toutes les autres manières qui servent de support à celle-ci. Ces matières, qui composent le savoir religieux, permettent à l’individu d’apprendre sa religion. Jouir du savoir et de la sagesse est un grand bienfait. La sagesse s’obtient en apprenant le Coran et en étudiant la science religieuse. Le Prophète (r) invoqua pour ibn ‘Abbâs en ces termes : « Ô Allah ! Apprends-lui la religion et enseigne-lui sa compréhension. »[7]

Ibn ‘Abbâs était sous les services du Prophète (r) lorsqu’il avait aux alentours de dix ans. Un jour qu’il lui apporta de l’eau, il eut droit à cette invocation. Depuis lors, il eut un penchant pour les sciences, les études et les savants. Ce dernier relate notamment : « Après la mort du Messager d’Allah (r), je proposais à un homme « Allons étudier ensemble ! Profitons que les Compagnons du Messager d’Allah (r) soient encore vivants. » Je me rendais chez certains d’entre eux parmi les grands muhâjrîns et ansârs dans le but d’apprendre les hadîth auprès d’Allah. Je me rendais devant la maison de l’un d’eux, si je ne voyais aucun mouvement ou n’entendais aucun bruit, je restais assis sur son palier – le palier de la porte – pour l’attendre, et le vent venait me frapper au visage. Quand quelqu’un sortait, et me voyait devant la porte, il s’exclamait aussitôt : « Toi, le neveu du Messager d’Allah ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Quelle est ton affaire ?
  • On m’a appris que tu détenais un hadîth, répondais-je, venant du Messager d’Allah (r).
  • Il fallait m’envoyer quelqu’un !
  • C’est à moi de venir. »
Avec le temps, l’homme à qui j’avais demandé de me suivre n’avançait toujours pas, alors que moi, j’avais plein de gens qui se réunissaient autour de moi. Ce dernier avoua alors : « Ce jeune a été plus intelligent que moi. »[8] Il voulait dire qu’il s’était cultivé et qu’il pouvait enseigner.

Ibn ‘Abbâs (t) enseignait de nombreuses questions de la religion. ‘Omar, et par la suite ‘Uthmân et ‘Alî réunissaient les grands Compagnons pour discuter d’éléments nouveaux qui survenaient dans l’Islam, et qui réclamaient une fatwa. Ibn ‘Abbâs participait à ces assemblées alors qu’il était encore jeune. ‘Omar lui disait : « Ne parle pas avant qu’ils ne l’aient fait. »[9]

Après la mort de tous ces grands Sheïkh (avec à leur tête les trois premiers Khalifes et Abû Bakr avant eux), ibn ‘Abbâs pouvait prendre la parole et dévoiler sa science. Ainsi, pour étudier les sciences religieuses, il incombe d’adopter un certain nombre de conduites : la sincérité exclusive au Très-Haut, l’assiduité, la persévérance, et la constance. Il faut étudier jour et nuit.

Le hadîth précédemment cité démontre qu’il existe une relation forte entre les savants et les gens simples, dans le sens où la présence des savants religieux est indispensable. Ils sont la référence indiscutable ; ils répondent aux questions et enseignent la religion. Ils organisent des cours, forment des élèves, et leur parole est écoutée. C'est pourquoi il faut faire prendre conscience aux gens des mérites des savants qui sont les porteurs du savoir, de la lumière, de la sagesse, etc. Leur présence est aussi nécessaire que l’eau, l’air et la nourriture ?

La valeur sacrée des savants des anciennes et des nouvelles générations

Il va sans dire que les savants détiennent une grande place dans le cœur des musulmans, surtout à l’époque de la prophétie. Plus les gens ont la foi plus leur croyance au Prophète est forte et plus ils se rallient autour des savants pour apprendre leur religion. Lorsque ce sentiment s’estompe, cela se répercute sur cette relation, qui en se dégradant, peut pousser l’individu à mal se comporter envers les savants et à sombrer ainsi dans le péché (moquerie, dénigrement, etc.). Plus on s’éloigne de l’ère prophétique moins les savants sont respectés. C’est la conséquence directe du manque d’attachement au savoir, de la baisse de foi et de l’esprit religieux.

Quand on aime les savants, on sollicite leur savoir et on leur pose des questions. Sinon, les choses se dégradent, étant donné que dans leur ignorance, les gens ne les apprécient pas à leur juste valeur. Plongés dans leurs affaires mondaines, ils n’accordent pas une partie de leur temps à apprendre la religion.

Or, comment peut-on remédier à ce phénomène qui est tangible et bien présent ? La solution, c’est d’assurer un pont entre les savants et les gens. Il faut faire l’effort de se rendre à leurs cours, de les visiter chez eux et dans leur mosquée, étudier auprès d’eux chacun en fonction de son importance, et de sa spécialité (hadith, tafsîr, qur-ân, qirâât, figh, etc.). Le choix se portera sur celui qui nous éblouit par son savoir, et qui vit reculés des hommes. C’est ce dernier qu’il faut solliciter.

Le bureau de la prédication qui est rattachée au Ministère fit un appel aux licenciés des Universités de participer à l’organisation de la da’wâ. On alla les solliciter chez eux pour leur présenter ce projet. Leur numéro de téléphone fut ajouté à la longue liste des diplômés rattachés au Ministère. Ces listes furent distribuées dans les différents bureaux de la prédication. Le nombre de participants aux conférences et aux congrès augmenta sensiblement dans le pays qu’Allah soit loué !

Il y a dix ans, nous ne trouvions personne pour faire un discours, ou ne serait-ce que de participer à nos conférences. Aujourd’hui, qu’Allah soit loué, les moyens de communication sont largement disponibles, ainsi que le nombre de prédicateurs et de numéros de téléphone à contacter, que ce soit dans les grandes villes et les petites villes, ou dans les villages et les cantons.

Si l’on connait l’importance des savants, on se rendra d’autant plus compte qu’il est très dangereux de les prendre à partie. Les dénigrer est un signe d’hypocrisie. À la bataille de Tabûk, certains hommes qui étaient partis avec le Messager (r) s’écrièrent pour plaisanter : « Qu’ont-ils nos lecteur, ils sont les plus menteurs, ils ont les plus gros ventres, et sont les plus peureux sur le champ de bataille. » Ils faisaient allusion au Messager d’Allah (r) et aux grands Compagnons. C’est alors qu’Allah (Y) révéla à Son Prophète (r) : [Dis : est-ce d’Allah, de Ses Versets, et de Son Messager que vous vous moquiez ? Rien ne sert de vous excuser, car vous avez mécru après avoir goûté à la foi].[10]

Il existe de deux sortes de savoir :

1- Un savoir élémentaire : il est imposé à tout le monde (hommes, femmes, enfants, adultes) de connaitre les sciences élémentaires de la religion ; connaitre comment faire les ablutions, la prière, le jeûne, comment lire le Coran qui nous est imposé dans la prière, comment se comporter dans nos relations avec les autres, etc. Cette connaissance relève de l’obligation individuelle (fardh ‘aïn) dans le sens où elle incombe à tous.

2- Un savoir secondaire : c’est ce qui vient en plus par rapport à la catégorie précédente, et qui permet de devenir savant, juge, enseignant, prédicateur, etc. Il n’est pas imposé à tout le monde dans la mesure où certains se chargent d’assumer cette responsabilité.

Malheureusement, il existe une catégorie d’individus qui prétend avoir de la science ; ce sont des savants autoproclamés. Des jeunes immatures s’initient à parler sur le moindre événement sans la moindre retenue. Peu leur importe si dans l’assemblée se trouvent des personnes plus savantes, ou ne serait-ce que plus âgées qu’eux. Ils ne les concertent même pas. Il n’est pas louable de s’autoproclamer savant. Un savoir qui a pour ambition de tourner les visages vers soi ou de défier les savants est plus préjudiciable qu’autre chose. Il faut se méfier de ce genre de comportement.

En réalité, le sujet se subdivise en de nombreux points, mais j’aimerais m’arrêter plus spécialement sur les mérites et la place des savants, en m’appuyant sur cela sur certaines citations des anciens.

Qui sont les savants ?

Il s’agit des savants religieux. Le Prophète (r) affirme : « Allah enseigne la religion à celui à qui Il veut du bien. Moi, je suis celui qui partage (qâsim), alors que c’est Allah qui donne. Cette communauté tiendra toujours jusqu’à la fin du monde, et jusqu’à ce que ne vienne l’ordre d’Allah. »[11]

• « Les savants sont comme les étoiles dans le ciel qui permettent de guider les hommes sur terre et sur mer dans les ténèbres de la nuit. Quand les étoiles disparaitre, ceux qui cherchent leur chemin risquent alors de s’égarer.»[12]

• « Les savants sont les héritiers des prophètes qui ne léguaient ni dirham ni dinar. Ils laissaient derrière eux uniquement le savoir ; celui qui s’en empare aura gagné une grande part de leur héritage. »[13]

• « Vous écoutez [le savoir], et on vous écoutera ; et on écoutera de ceux qui vous écouteront. »[14]

• « Un seul savant est pire pour Satan que mille adorateurs. »[15]

E-Shâtibî a dit : « Dans tous les cas, il ne faut pas suivre un savant si ce n’est que dans la mesure où ils orientent vers la religion, en la mettant en pratique, et en appliquant ses lois dans tous ses détails. Celui qui ne s’y conforme pas dans la moindre partie ou le moindre élément subsidiaire, il perd sa place de juge et ne mérite absolument pas qu’on le suive dans le domaine où il s’est écarté de la vérité. »[16]

Il suffit de lire minutieusement l’Histoire des musulmans et d’observer la relation que les citoyens ont entretenue avec les savants durant la période de l’âge d’or, pour se rendre compte qu’elle contribua à ancrer la religion dans les cœurs. Les musulmans devinrent plus forts et la religion plus puissante. Les liens entre l’élite et le peuple se renforcèrent. Le citoyen pouvait s’épanouir dans son cheminement vers Allah, qui se matérialisait au niveau du cœur, des paroles, et des actes, et en suivant la bonne voie. Ces savants, qui, par leur vision perspicace sur les événements de l’Histoire et son évolution, avaient correctement assimilé la mission qui leur incombait. Ceux-là mêmes qui transmirent fidèlement le message et qui remplirent leurs devoirs fondamentaux.

Il reste à connaitre les causes qui sont à l’origine de cette dégradation des relations entre les musulmans et leurs savants. En observant minutieusement la vie des musulmans sous plusieurs angles, on se rend compte qu’il existe quatre causes à l’origine de ce phénomène :

Premièrement : les savants eux-mêmes sont malheureusement l’un des facteurs, qui, à cause d’une certaine négligence, ont fait fuir les gens.
Deuxièmement : les États musulmans ont également leur part de responsabilité, car certains d’entre eux faisaient carrément la chasse aux savants qui étaient privés de leur liberté dans tous les domaines.
Troisièmement : les conditions de l’époque jouent également un rôle, étant donné que les moyens de communication modernes détournent l’attention des gens qui consacrent moins de temps à se cultiver.
Quatrièmement : les populations également ont contribué à ce phénomène. Les savants sont en effet pris en dérision, et accablé par les critiques. Ils inspirent moins le respect.

La responsabilité qui revient aux savants se matérialise de diverses façons. À titre d’exemple, ces derniers sont complètement détachés de la vie terrestre, qui, à leurs yeux, est insignifiante. Ces derniers portent toute leur attention sur la vie future. Ce phénomène est tangible chez de nombreux vertueux. Or, il n’y a pas d’intérêt à faire miroiter aux gens les vertus de l’ascétisme ; ni pour les gens ni pour le savant. Le vrai ascétisme ne signifie pas qu’il faut se désintéresser de la vie. Il doit plutôt leur inculquer que la vie terrestre prépare celle de l’au-delà, et qu’il faut semer les graines aujourd’hui pour en récolter les fruits demain.

C’est en leur offrant une bonne conception de la chose qu’ils pourront faire des bonnes œuvres : [Et recherche par le biais de ce qu’Allah t’a donné, l’autre demeure].[17]

Concernant le quatrième facteur, celui-ci s’explique par une faible perception du rang des savants. C’est ce qui a conduit au manque de considération à leur égard qui se traduit sous plusieurs formes :
  • Soit, ils ne sont pas respectés comme ils le mériteraient,
  • Soit leur opinion n’est pas prise en considération, alors que celle-ci permet de mieux appréhender la Loi d’Allah,
  • soit on porte un mauvais jugement contre eux, dans le sens où on manque d’objectivité, lorsque ces derniers glissent.

En comparaison, il est stupéfiant de voir avec quelle révérence les anciens traitaient les porteurs du savoir. Or, la communauté a grand besoin d’avoir sous la main des prédicateurs qui font l’unanimité, et qui sont capables de rassembler les cœurs autour de leur cause. Des prédicateurs qui parlent au nom d’une compréhension correcte des textes du Coran et de la sunna, afin d’éclairer les musulmans sur la réalité de leur religion. En outre, ils auraient la mission de les mettre en garde contre les complots qui sont tramés contre nous jour et nuit. Des prédicateurs, qui, dans leur action, rechercheraient uniquement le visage du Seigneur (U), et qui s’inspireraient de leur Imam, l’Imam des hommes biens guidés et remplis de lumière ; qui n’est autre que Mohammed (r). Des prédicateurs, qui prendraient également en exemple tous les fidèles successeurs de cet homme parmi les savants actifs et les prédicateurs sincères.

Ainsi, le sujet qui fut choisi pour cette rencontre est d’une grande importance. Il met l’accent sur le rang et les vertus des savants. Si nous arrivons à concevoir la valeur des bénéficiaires de l’héritage des messagers et des prophètes, que dire alors de ceux qui le leur transmettent.

Il va sans dire que les auteurs des caricatures mensongères publiées dans certains journaux étrangers font preuve d’une grande ignorance à l’égard de notre Prophète Mohammed (r). Cette mauvaise opinion qu’ils se font de lui ne lui porte nullement atteinte. Il reçut ce genre d’attaques par ces contemporains qui le traitèrent de sorcier, de fou, et de devin. Ils disaient qu’il racontait des légendes de l’ancienne époque ou qu’on lui soufflait ses paroles. De nombreuses calomnies furent proférées contre lui. Des calomnies qui lui permirent de conférer une plus grande place auprès d’Allah (Y) qui lui assure : [Leur indifférence t’es pénible ; si tu pouvais, tu creuserais un trou sous terre ou construirais une échelle qui monte au ciel, dans le but de leur montrer un signe. Mais, si Allah l’avait voulu, Il les aurait tous réunis sur la bonne voie, alors ne compte pas parmi les ignorants !][18]

Dans ce Verset, Allah enjoint à Son Prophète (r) de supporter les attaques qu’il endure. Des attaques qui ne peuvent lui être nuisibles, car Il est à ses côtés. Le nombre de musulmans qu’il y a eu sur la terre depuis l’avènement de l’Islam jusqu’aujourd’hui parle de lui-même. C’est la religion qui compte le plus d’adeptes. Son Prophète (r) a donc un rang plus élevé que les hommes d’Allah avant lui. Le Jour de la Résurrection, tous les hommes du premier jusqu’au dernier vont se retrouver sur la terre du rassemblement. Ce jour-là, il aura la place d’honneur qui ne sera dévolue à personne d’autre. Même Ibrahim (r), l’Ami d’Allah n’aura pas droit à ce privilège extraordinaire. Cet honneur reviendra à Mohammed qui sera loué par les premières et les dernières générations, c’est celui de la grande intercession, et celui d’une intercession privilégiée, etc.

Ainsi, ces attaques ne peuvent atteindre ni sa personne ni son statut. Cependant, les musulmans doivent exprimer leur mécontentement. Ils doivent répondre à ces attaques en vue de dissuader toute nouvelle tentative. Que ces gens-là sachent quelle place notre Prophète Mohammed (r) occupe dans nos cœurs. C’est la grande leçon qu’ils retiendront de cet événement.

J’implore Allah (Y) de préserver notre religion et de maintenir notre sécurité ! Qu’il fasse de nous des prédicateurs bien guidés, et qu’Il nous concède de suivre Son Messager (r) ! Qu’Il nous concède également de respecter nos savants et d’enrichir notre savoir entre leurs mains ! Qu’Allah concède à tous de réussir tout ce qu’Il aime et agrée ! Que les Prières d’Allah et Son Salut soient sur notre Prophète Mohammed et ses Compagnons !


[1] Rapporté par Ahmed (21715), Abû Dâwûd (3641), ibn Mâja (2234), et e-Tirmidhî (2682), selon Abû Dardâ (t).

[2] Rapporté par e-Tabarânî dans el awsat (1429).

[3] Voir : el Bukhârî (3367), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.

[4] Mohammed ; 19

[5] La victoire ; 1-3

[6] La victoire ; 3

[7] Rapporté par Ahmed (3032), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.

[8] Rapporté par e-Dârimî (570).

[9] Voir : el musnad d’Ahmed (85).

[10] Le repentir ; 65-66

[11] Rapporté par el Bukhârî (7312), selon Mu’âwiya ibn Abî Sufiân (t).

[12] Rapporté par Ahmed (12600), selon Anas (t).

[13] Rapporté par Ahmed (21715), Abû Dâwûd (3641), ibn Mâja (2234), et e-Tirmidhî (2682), selon Abû Dardâ (t).

[14] Rapporté par Ahmed (2945) et Abû Dâwûd (3695), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui.

[15] Rapporté par ibn Mâja (2234), et e-Tirmidhî (2682), selon ibn ‘Abbâs (t).

[16] Voir : el i’tisâm (1/135).

[17] Les récits ; 77

[18] Le bétail ; 35





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