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ÞÏíã 04 May 2010, 02:13 PM
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voici l'article précédent celui-ci




Ibn Taïmiya et le calendrier astronomique

(Partie I)



Khalid Chraibi : Economiste (U. de Paris, France, et U. de Pittsburgh, USA), a occupé des fonctions de consultant économique à Washington D.C., puis de responsable à la Banque Mondiale, avant de se spécialiser dans le montage de nouveaux projets dans son pays est l’auteur de deux articles mis en ligne par le site Oumma.com : 1er Muharram calendrier lunaire ou Islamique ? (15/06/06) et La problématique du calendrier islamique (2/02/2007).

Vif défenseur du calendrier lunaire universel, il souligne notamment dans son premier article : « Quant au hadith du Prophète selon lequel les bédouins ne savent ni lire ni compter, et doivent donc éviter d’utiliser le calcul (astronomique), Ibn Taymiya observe que l’argument pouvait être fondé au début du 7è s. mais conteste qu’il puisse encore s’appliquer aux musulmans des siècles plus tard, après qu’ils aient été à l’avant-garde du développement de la connaissance scientifique, y compris en astronomie, pendant des siècles. Il souligne que les musulmans n’auraient pas de quoi s’enorgueillir s’ils étaient restés illettrés. »[1]



La question qui se pose d’elle-même, est la suivante : quand le Prophète (r) prescrit d’observer la lune pour déterminer le début et la fin du mois du Ramadhan, est-ce une prescription temporelle qui s’adresse à de « vulgaires » bédouins,[2] ou bien a-t-il posé les fondements d’une règle scientifique et astronomique immuable ? C’est cette question à laquelle Sheïkh el Islam ibn Taïmiya se propose de répondre à travers une longue analyse [voir : Majmû’ el Fatâwa (25/146-183)] :



Nul doute que certains rites à l’image du Ramadhan sont liés à la nouvelle lune. Cependant, la seule façon de la déterminer, c’est par la vue comme en conviennent tant les preuves textuelles que rationnelles.



Les preuves textuelles : selon ‘Omar (t), le Prophète (r) a déclaré : « Nous sommes une nation illettrée ; nous ne savons ni lire ni compter : [en montrant ses dix doigts, il s’est ensuite exclamé] : un mois correspond à tant plus tant plus tant de jours, en ramenant le pouce au cours de la troisième fois [pour dire vingt neuf jours], et tant plus tant plus tant plus tant de jours. » autrement dit trente jours. D’après Ahmed également, selon Nâfi’, selon ibn ‘Omar, le Messager d’Allah (r) a dit : « Un mois compte vingt neuf jours ; ne jeûnez pas avant de voir la nouvelle lune et ne terminez pas le jeûne avant de voir la lune suivante. Si le ciel est couvert, alors évaluez-la. » Selon Nâfi’, ce Même ‘Abd Allah envoyait quelqu’un observer la lune le 29 Sha’bân. Si ce dernier voyait la nouvelle lune, tout allait bien mais s’il ne voyait rien et qu’aucun nuage ou brouillard ne faisait rempart au ciel, il ne commençait pas le jeûne. Si des nuages ou le brouillard lui empêchaient de voir le ciel, il commençait le jeûne le lendemain. Ainsi, ibn ‘Omar ne se tournait pas vers le calcul. Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a précisé au sujet de la nouvelle lune de Shawwâl : « Si vous la voyez alors cessez le jeûne mais s’il y a des nuages, alors jeûnez trente jours. » La version d’el Bukhârî précise : « Finissez les trente jours. »



Tous ces Hadith communément reconnus mettent en lumière plusieurs éléments dont notamment :



Le Prophète (r) fait la description de la communauté musulmane. Nation médiane entre les autres nations, celle-ci a la caractéristique d’être illettrée et de ne pas lire ni écrire. Vouloir se distinguer de cette caractéristique, c’est sortir de ses limites et de ses principes. Les arabes étaient des illettrés avant l’avènement de l’Islam comme le confirme le Verset : (Il est celui qui a envoyé aux illettrés un Messager issu d’eux). Cela ne signifie pas cependant qu’ils ne maitrisaient ni le calcul ni l’écriture. Bon nombre de Compagnons en effet retranscrivaient le Coran, établissaient les pactes, rédigeaient les courriers du Prophètes (r) adressés aux rois de la terre et aux chefs de clans, se spécialisaient dans les sciences de l’héritage, et récoltaient la Zakât. Allah (I) enjoint même dans le Coran : (afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul). En fait, le terme « illettré » (Ummî) provient de « Umma » qui a le sens de « commun des gens ». Un Ummî est donc quelqu’un qui ne se distingue pas de la masse des gens par une particularité telle que la lecture et l’écriture. Une autre hypothèse avance que « Ummî » proviendrait de « Umm » signifiant mère. Autrement dit un Ummî serait une personne restée à l’état primaire et qui s’en tiendrait à l’éducation maternelle, etc.



Cette particularité qui permet de sortir de la « masse » est tantôt une qualité parfaite en elle-même comme le fait de lire le Coran et d’en comprendre le sens, tantôt elle est un moyen qui permet de tendre vers cette perfection comme le fait d’apprendre à lire et à écrire. Elle est donc laudative quand elle est utilisée à bonne escient et péjorative quand elle est utilisée à mauvais escient ou quand elle ne permet pas de mettre le Coran en pratique. Par contre, étant un moyen, il est plus méritoire d’avoir de meilleurs résultats tout en pouvant s’en passer. Auquel cas, il est même bien plus pertinent de s’en passer. Les arabes furent le premier réceptacle du message de la nouvelle religion. Ils ont ensuite portés ses enseignements, dictés dans leur langue originelle, aux autres nations. Contrairement aux juifs et aux chrétiens, ils n’étaient pas détenteur d’un Livre révélé. Ils ne maitrisaient pas non plus le savoir déductif propre aux sabéens. Cependant, leur nature était saine, ils étaient ainsi une terre bien plus fertile que quiconque, mais personne ne leur avait ouvert le chemin du savoir. Ils jouissaient certes d’un patrimoine culturel élémentaire comme la connaissance du Créateur, des vertus, des étoiles, de la lignée, et de la poésie. Cette culture ne les permettait pas cependant de se distinguer des autres nations. Avec l’avènement de l’Islam, ils devinrent les détenteurs d’un Livre et ils n’étaient plus des illettrés dans le sens péjoratif du terme, alors qu’auparavant ils étaient illettrés à tous les niveaux.



Ainsi apprendre à lire et à écrire est un moyen de parvenir à la perfection de lire le Coran et de le mettre en pratique. Sans cela, la personne accuse un manque. Si par contre il est possible de s’en passer pour obtenir les mêmes résultats, c’est encore plus méritoire, étant donné que cet enseignement est un moyen de s’épanouir sans constituer pour autant la perfection en lui-même. Tel est le cas de notre Prophète (r). Ce dernier n’est pas illettré dans le sens où il ne garde pas le Coran dans sa poitrine, il était cependant Ummî dans le sens où il ne savait ni lire ni écrire. En cela, son savoir est beaucoup plus méritoire et sa mission beaucoup plus miraculeuse pour avoir acquis les enseignements du Seigneur qu’il a retransmis à sa communauté, sans avoir eu besoin d’apprendre à lire et à écrire. L’illettrisme dont il se particularisait devient dans son cas, une qualité. Le Seigneur révèle à ce sujet : (Tu ne lisais auparavant aucun livre et tu n’écrivais pas de ta main droite).



Or, ce dernier (r) s’adresse à la « nation illettrée » pour lui souligner qu’elle n’écrit pas et qu’elle n’a pas recours au calcul pour déterminer l’apparition de la nouvelle lune. Quand il affirme en effet que le mois varie entre vingt neuf et trente jours, il fait savoir que nous n’avons pas recours à l’écriture pour déterminer l’entrée du mois qui n’est pas constante ; la seule façon de distinguer entre un mois à vingt neuf jours et un mois à trente jours, c’est de s’en remettre à la vue. Les astronomes ne sont pas capables de fournir des calculs exacts de façon permanente. Leurs résultats sont approximatifs et par conséquent sujets à l’erreur.

Ainsi, l’illettrisme dont il est question dans le Hadith n’est pas péjoratif pour plusieurs raisons dont notamment :

- Il permet de se passer de l’outil de calcul pour s’en remettre à un outil beaucoup plus fiable, en se tournant vers l’œil.

- Le calcul est sujet à l’erreur.

- Le calcul réclame beaucoup d’efforts qui en définitive sont inutiles compte tenue de la marge d’erreur qu’il engendre. en cela, c’est une perte de temps car il n’est pas une fin en soi. Non seulement il est possible de s’en passer grâce à un outil beaucoup plus fiable, mais en plus il peut générer certains inconvénients, voir même conduire au péché.



Le Prophète (r) a ensuite prescrit de jeûner le mois de Ramadhan en s’en remettant pour déterminer la nouvelle lune à l’un des sens qui est la vision. Si personne ne voit ou ne s’assure de la nouvelle lune par lui-même ou par un autre, il n’est pas pertinent de s’en remettre au simple calcul qui contrairement à la vision est approximatif. Il suffit de jeûner le lendemain. La question de la nouvelle lune a soulevé des divergences énormes entre les anciens et génèrent d’énormes questions subsidiaires. Chaque savant fait son propre effort d’interprétation autour de ce cadre restreint comme pour n’importe quelle autre question de la religion où la divergence est aussi vive. S’en remettre au calendrier n’est pas un moyen de sortir de la divergence et de résoudre les problèmes, surtout si l’on sait que cette « nation illettrée » n’a nullement recourt au calcul pour déterminer la nouvelle lune, comme l’a souligné le Prophète illettré (r).



Ainsi, à travers les époques, les savants n’ont cessé de condamner les innovations religieuses. Comme pour les « gens du Livre » et les sabéens avant eux, certains innovateurs à l’image des ismaéliens affiliés au shiisme, se sont penchés vers les calendriers au détriment de la vision naturelle.[3] Cette innovation a vu le jour à Koufa. Parmi les procédés qu’ils utilisent, il y a le calcul des mois qui consiste à considérer le premier mois de l’année à trente jours, le deuxième mois à vingt neuf jours, et ainsi de suite. Au terme de l’année, on obtient trois cents cinquante quatre jours, auxquels ils incèrent un jour au bout de tant d’années, afin de réguler le cycle à trois cents cinquante cinq jours.[4]

Conforme à une loi naturelle quasi constante, ce calcul correspond la plupart du temps à la réalité, sans être toutefois immuable. Il est possible en effet de trouver à trente jours deux mois consécutifs voir trois, voir plus. Cela est aussi vrai pour les mois à vingt neuf jours. Leur calendrier ainsi déréglé va corrompre leur religion qu’ils ont fondée sur un principe erroné. Loin des principes de l’Islam, ces innovateurs fondent leur calcul du mois à venir sur leurs calculs des mois précédents.

Dans ce registre, nous pouvons recenser une autre tendance chez certains légistes de Bassora. Ils s’inspirent des paroles du Prophètes (r) : « évaluez-la » pour évaluer les diverses positions de la lune. Mohammed ibn Sîrîn raconte à ce sujet : « À la veille du Ramadhan, J’ai fais un tour dehors alors que nous étions le jour du « doute ». Je ne suis pas entré chez un savant, sans que celui-ci ne mange à l’exception d’un homme qui se fiait à ses propres calculs ; s’il n’avait pas appris ce genre de choses, cela aurait mieux valu pour lui ! » Ces gens-là utilisent diverses formes de calcules toutes aussi approximatives les unes que les autres étant donné qu’Allah n’a pas fixé à la rotation de la lune, un système fixe. Il n’y a pas d’autre moyen à la foi efficace et régulier pour constater le début et la fin du mois en dehors de l’observation visuelle. Non seulement leur méthode n’est pas conforme à celle des anciens, mais en plus d’être approximative, elle réclame sans cesse d’être réajuster. Ils fondent leur calcul sur le fait que la lune reste ni plus ni moins que « 6/7ème d’une heure » dans sa position. La septième nuit du mois, elle se cache la moitié de la nuit tandis qu’à la quatorzième nuit, elle se lève du coucher jusqu’au lever du soleil. La vingt et unième nuit, elle se lève à partir de minuit et la vingtième nuit, elle devient totalement ou quasiment invisible. Cette rotation est la plus classique mais elle peut prendre d’autres formes plus ou moins longues.
À suivre…

















[1] L’auteur ne fait pas mention de la référence en question, mais il est possible qu’elle provienne du Texte que nous proposons.

[2] Faut-il compter parmi ses bédouins : Abû Bakr, ‘Omar, ‘Othmân, ‘Ali, et le reste des Muhâjirîns, ainsi que les Ansârs ?

[3] L’auteur souligne dans un autre passage [voir : Majmû’ el Fatâwa (6/590)] : « Les astronomes les plus sages sont unanimes à dire que le calcul n’est nullement fiable pour déterminer la nouvelle lune. C’est pourquoi, les plus grands spécialistes parmi eux n’ont pas abordé ce sujet à l’exception de certains d’entre eux parmi les nouvelles générations ; ils se sont égarés à la façon des juifs et des chrétiens qui se sont tourner vers le calendrier solaire, contrairement à leurs enseignements qui leur prônaient les mois lunaires, etc. » il a dit également [voir : Majmû’ el Fatâwa (17/436)] : « Le Prophète a dit « nous ne savons ni lire ni compter », il n’a pas dit nous ne savons ni apprendre ni réciter le Coran. Notre religion n’a pas besoin de l’écriture et du calcul que les « gens du livre » utilisent pour déterminer le début et la fin de leur jeûne. Leur religion qui tient sur de vulgaires calculs s’écrouleraient certainement s’ils n’avaient plus les moyens de les faire. Ainsi, la plupart des traditionalistes connaissent le Coran et le Hadith par cœur contrairement aux innovateurs (Ahl el Bida’) qui sous certains aspects ressemblent aux juifs et aux chrétiens. »

[4] Comme pour l’année bissextile.

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