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ÞÏíã 24 Jun 2013, 05:25 PM
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L’istiwâ aux yeux de l’ash’arisme primitif

(Partie 3)

5- Abû el Hasan e-Tabarî (m. 380 h.)

Ce dernier, qu’il ne pas confondre avec le célèbre exégète qui lui est un traditionaliste chevronné, établit concernant l’istiwâ : « Sache – qu’Allah par Sa grâce nous préserve toi et moi de l’égarement – que le Très-Haut est au ciel, au-dessus de toute chose, établi sur Son Trône, dans le sens où Il est en haut du Trône (istiwâ wa i’tilâ). On dit dans ce sens qu’on monte (istawâ) une monture ou qu’on monte sur le toit d’une maison. On dit également que le soleil ou l’oiseau est pile au dessus de ma tête pour désigner qu’il est, pour le premier, au zénith et, pour le second, en haut, dans les airs. Le Dieu Ancien[1] (Y) est élevé au-dessus du Trône, sans n’être assis, ni debout, sans le toucher ni n’en être séparé.

Dans l’esprit des Arabes, le Trône renvoie au lit ou au siège [royal]. Les Versets suivants expriment également qu’Allah est au ciel au dessus du Trône : [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel fasse écrouler la terre sous vos pieds][2] ; [Quand Allah dit : ‘Issa ! Je vais t’enlever (reprendre ton âme), t’élever vers Moi][3] ; [Ils ont peur de Leur Seigneur qui est au-dessus d’eux][4] ; [C’est vers Lui, que remontent les bonnes paroles][5] ; [Il régit, depuis le ciel vers la terre, l’ordre de toute chose, qui, ensuite, remonte vers Lui].[6] »[7]

Ensuite, il consacre une réfutation aux mu’tazilites, et plus particulièrement à el Balkhî qui interprètent l’istiwâ par istawlâ (conquérir s’emparer de ndt.). Ils s’appuient notamment sur un vers apocryphe :

Istawâ Bishr ‘alâ el ‘Irâq

Bishr a conquis l’Iraq

En réponse, il leur fustigea : « Vous ne contestez pas que le Trône d’Allah soit un corps matériel qu’Il a créé. Il a demandé ensuite aux anges de le porter, et de l’encenser par soumission envers Lui, de la même manière qu’il installa sur terre un sanctuaire en vue d’éprouver les hommes afin qu’ils tournent autour et qu’ils s’y rendent de leurs contrées lointaines. Voici la preuve à notre allégation : [Et tu verras les anges entourant le Trône].[8] Voici un autre Verset allant dans ce sens : [Et, ce jour-là, huit d’entre eux porteront le Trône de Ton Seigneur au-dessus d’eux].[9]Ils sont donc la preuve que le Trône ne correspond par à la royauté, mais au siège royal. »[10]

Plus loin, il poursuivit : « Istiwâ n’a rien à voir ici avec istawlâ, sinon, il ne conviendrait pas de dire qu’Il a conquis le Trône aux dépens de toute la création. En outre, cela voudrait dire que le Trône n’aurait aucune particularité, ce qui prouve l’impertinence de son allégation.

Par ailleurs, nous lui rétorquons qu’istiwâ ne veut pas dire istawlâ dans la Langue arabe. Istawâ untel sur telle chose signifierait qu’il l’ait conquise après n’avoir eu aucun ascendant sur elle. Cette description ne convient nullement au Créateur, et par voie de conséquence, istawlâ ne convient nullement à la place d’istiwâ pour parler de Lui.

D’après, Sheïkh ‘Abd Allah el Azdî, alias Naftawaïh, selon Abû Sulaïmân, nous étions chez ibn el A’râbî, lorsqu’un homme se présenta pour lui demander : « Abû ‘Abd Allah ! Que signifie la Parole d’Allah : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi][11] ?

Qu’Il est établi sur Son Trône, comme Il nous en a informé !
Non, il signifie ici istawlâ.
Qu’en sais-tu ? – et selon une version : tais-toi ! – Pour les Arabes, on s’empare du Trône de son rival, et on parle donc d’istawlâ pour désigner le vainqueur. Or, Allah (I) n’a aucun rival, mais Il est établi sur Son Trône, comme Il nous en a informé, tandis que l’istawlâ a lieu suite à un conflit. »[12]

« Si on nous demande : alors que penses-tu du Verset : [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel fasse écrouler la terre sous vos pieds][13] ; nous lui répondons qu’Il est sur le Trône au dessus du ciel, exactement comme dans le passage : [Parcourez sur (fî) la terre].[14] »[15]

Il critiqua enfin sévèrement les négateurs panthéistes qui défendent l’idée qu’on tend les mains au ciel, car c’est de là d’où nous sont prodigués les bienfaits du Seigneur, et c’est également la direction où se trouvent nos anges gardiens. « Cela veut dire, réfuta-t-il, qu’on devrait tendre nos mains en direction du sol, car c’est le lieu d’où le Très-Haut fait sortir la végétation, source de vie et de nourriture. La terre représente également la demeure des hommes ; c’est à partir d’elle qu’ils sont créés et c’est vers qu’ils reviennent après la mort. Allah y produit les tremblements destructeurs, et les grandes fissures en guise de châtiment. Les anges sont également parmi nous en vue d’enregistrer nos œuvres.

Si ce que nous venons d’évoquer ne justifie pas de tendre ses mains vers le sol, de la même façon, l’argument avancé par Balkhî ne justifie nullement de les tendre au ciel. Le Très-Haut nous a tout simplement ordonné de les lever vers Lui, en « direction » du trône sur lequel Il est établi, conformément au Verset : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi][16] »[17]

Remarque

Selon el Khalîl ibn Ahmed, je me rendis chez Abû Rabî’a el A’râbî, l’un des plus grands linguistes que je n’avais jamais vu. Je le trouvai sur sa terrasse, et je le saluai d’où j’étais. Il nous rendit le salâm, et s’écria : « istawû ! » Nous restâmes ahuris, car n’avions rien compris à ses paroles. Un Bédouin qui se trouvait à ses côtés nous lança : « Il vous demande de monter. » Khalîl comprit qu’il faisait allusion au Verset : [Puis, Il s’éleva vers le ciel].[18]

On demanda à el Khalîl si istiwâ pouvait avoir le sens d’istawlâ au niveau de la langue arabe : « Non, les Arabes ne l’utilisent jamais dans ce sens-là, et la langue ne le tolère pas. »[19]

Selon Mohammed ibn e-Nadhr, j’ai entendu dire ibn el A’râbî : ibn Abî Duâd me sollicita : « Est-ce qu’il arrivait aux Arabes d’utiliser Istiwâ dans le sens d’istawlâ ?

Non, pas à ma connaissance (ou non, je ne sais pas ndt.). »



Selon une autre version, il lui demanda de lui trouver dans les dialectes arabes le terme istiwâ dans le sens d’istawlâ. Sa réponse fut cinglante et catégorique.[20]

Les exégèses et les linguistes sont clairs sur la définition d’istawâ qui a pour synonyme : le ‘ulû, l’irtifâ’,[21] voir l’isti’lâ, ou encore l’istiqrâr [fi el ‘ulû].[22] Les annales parlent toutes de ‘alâ, irtafa’a, sa’ada…

En 1997, j'ai personnellement posé la question à Sheïkh Sâlih e-Suhaïmî sur le terme istaqarra ; il m'a répondu qu'il a commencé à se répandre après les premiers siècles, au 4ème siècle si ma mémoire est bonne, et que, par la suite les traditionalistes l'ont adopté.

Il est vrai que Sheïkh el Albânî reproche à Mohammed Abû Zahra dans mukhtasar el ‘ulu d'imputer à ibn Taïmiya l'expression istaqarra. Pour appuyer son idée, il s'inspire de Dhahabî qui reproche à certains auteurs khalafs d'utiliser cette expression.

Il est vrai également qu'ibn Taïmiya et son élève ibn el Qaïyim parlent de 'alâ wa irtafa'a conformément au vocabulaire des anciens...

Or, dans e-tamhid, ibn abd el Barr affirme explicitement en s'inspirant de linguistes que istawa a quatre sens : 'alâ, irtafa'a, istaqarra, et tamakkana. On peut ajouter aussi sa'ada et même ista'la, sauf que, comme le dit Sheïkh el 'Uthaïmîn, istaqarra à un sens supplémentaire par rapport au 'ulû. Les linguistes parlent d’istaqarra fi el 'ulû. Notons que l'Imam e-Dhahabi avait déjà contesté à certains savants l'utilisation de termes comme bi dhâtihi et bâin 'an khalqihi !

Or, comme je l'ai montré dans un article, les anciens utilisaient ce genre d'expression, et même si ce n'était pas le cas, l'essentiel c'est que son sens soit conforme aux textes et qu'il ne renferme aucune ambiguïté ou mauvaise connotation... wa Allah a'lam !

Par la suite, je suis tombé sur le commentaire d'ibn Taimiya du verset : thumma istawa ilâ e-samâ ; il ramène le tafsîr de Baghawâ rapportant des annales de Muqâtil et d'el Kalbî interprétant l'istiwâ par istaqarra. Ensuite, ibn Taimiya, en résumé, commente un autre passage de Baghawi en disant qu'el Kalbî interprète l'istiwâ par istaqarra. Il lui donne donc le sens d'irtifâ'. Cela a-t-il valeur de consentement de la part d'ibn Taïmiya ? En sachant que les autres passages de Baghawi a des connotations de tafwidh !

Plus tard, j'ai trouvé un autre passage où ibn Taïmiya utilise istaqarra pour expliquer l'istiwâ. Cette fois-ci, il l'impute à un Compagnon, en la personne d'ibn 'Abbâs, dans sa réponse à la réfutation de sa fameuse hamawiya...

Cette annale est rapportée par e-Lalakaî dans sharh usûl el i'tiqâd (3/401) et el Baïhaqî dans el asmâ wa e-sifât (2/72), wa bi Allah e-tawfîq !




[1] Aucun texte ne parle du Nom « Ancien » ; le « Premier » est donc mieux approprié. Voir : Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (1/245).

[2] La royauté ; 16

[3] La famille de ‘Imrân ; 55

[4] Les abeilles ; 50

[5] Le Façonneur ; 10

[6] La prosternation ; 5

[7] Ta-wîl el ahâdîth el mushkila.

[8] Les groupes ; 75

[9] L’heure inévitable ; 17

[10] Ta-wîl el ahâdîth el mushkila.

[11] Tâ-Hâ ; 5

[12] El asmâ wa e-sifât d’el Baïhaqî (2/157).

[13] La royauté ; 16

[14] Le repentir ; 2

[15] Ta-wîl el ahâdîth el mushkila.

[16] Tâ-Hâ ; 5

[17] Ta-wîl el ahâdîth el mushkila.

[18] Les versets détaillés ; 11 voir pour l’annale : e-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (7/131-132).

[19] Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (5/146).

[20] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna d’e-Lâlakâî (2/399-400).

[21] Tafsîr e-Tabarî (1/192).

[22] E-tamhîd d’ibn ‘Abd el Barr (7/131-132).


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