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ÞÏíã 23 Jun 2013, 03:07 PM
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L’istiwâ aux yeux de l’ash’arisme primitif

(Partie 2)

2- El Hârith el Mahâsibî (m. 243 h.)

Il se lance dans une longue diatribe contre les défenseurs qu’Allah est partout.[1] Puis, il enchaine : « Quant aux Versets : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi][2]… [Il est le Dompteur au-dessus de Ses créatures][3] ; [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel [fasse écrouler la terre sous vos pieds]][4] ; [ils auraient trouvé un moyen de se rapprocher du Possesseur du Trône][5] ; des Versets de ce genre, il y en a tant d’autres, à l’exemple de celui-ci : [C’est vers Lui, que remontent les bonnes paroles],[6] et de celui-ci : [qui, ensuite, remonte vers Lui].[7] Cet échantillon démontre qu’Il est au dessus du Trône, au dessus de toute chose, au-dessus de pénétrer dans Sa création, au moment où aucune chose ne lui échappe, même la plus subtile.

La raison, c’est qu’Il dévoile dans ces Versets qu’Il est Lui-même (bi dhâtihî) au dessus de Ses créatures, comme ici : [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel fasse écrouler la terre sous vos pieds][8] ; autrement dit : sur le Trône qui est au dessus du ciel. Quand on est sur une chose au dessus du ciel, on est forcément au (fî) ciel, exactement comme dans le passage : [Parcourez sur (fî) la terre].[9] Soit au dessus de la terre, non à l’intérieur de ses entrailles... »[10] Ensuite, il enchaine argument sur argument, avant de conjuguer entre l’istiwâ d’Allah sur Son Trône et Sa « présence » avec nous en parlant du Verset : [lorsque trois confidents s’entretiennent en privée, Il en est le quatrième, et lorsqu’ils sont cinq, Il en est le sixième].[11] Il explique notamment que le Verset fait allusion au savoir du début à la fin. Pis, il entre dans une explication détaillée, d’une grande éloquence.[12]

3- Abû el ‘Abbâs el Qalânisî (m. ? h.)

Contemporain à Abû el Hasan, mais sans compter parmi ses élèves, il rejoint sur l’istiwâ ibn Kullâb pour qui Allah est au dessus du Trône sans le toucher.[13]

Remarque

Ibn Taïmiya fait remarquer que les kullâbites irakiens à l’instar d’Abû el ‘Abbâs el Qalânisî, Abû el Hasan el Ash’arî, Abû el Hasan ibn Mahdî e-Tabarî, el Qâdhî Abû Bakr el Bâqillânî sont plus proche de la vérité que leurs homologues mutakallimîns du Khurasân.[14] C’est peut- être ce qui explique la position d’Abû Mansûr el Mâturîdî (m. 333 h.) sur l’istiwâ (qui entra sûrement en contact avec ses derniers). Originaire de la Transoxiane, il se démarque sur ce point du crédo kullâbite. Contemporain à Abû el Hasan qu’il ne rencontrera jamais, il tombe d’accord avec son ennemi de toujours, l‘i’tizâl.

L’un des mystères de l’Histoire voudra que les néo-ash’arites se mettent sur la même longueur d'onde moins d’un siècle et demi plus tard. Il reconnait certes que l’istiwâ a pour synonyme le ‘ulû et l’irtifâ’ (bien qu’il leur donne le sens d’encensement), voire quand il est transitif, être à point, parfait (tamâm), mais il en ajoute un quatrième, le fatidique istawlâ. Pire, il ne veut pas se prononcer sur lequel correspond au Verset, et se contente d’en remettre le vrai sens à Dieu par le biais du tafwîdh.[15]

Notons que par cette petite pirouette, il est plus cohérent sur ce point qu’ibn Kullâb et consorts ; il va jusqu’au bout de son raisonnement en reniant tous les Attributs d’action, dont l’istiwâ.[16] Il a également recours à un ta-wîl extrêmement tiré par les cheveux pour éviter le piège qu’Allah est dans la direction d’en haut.[17]

4- Abû el Hasan el Ash’arî (m. 324 h.)

Dans ikhtilâf el musallîn wa maqâlât el islâmiyîn, il explique : « Voici la tendance des traditionalistes et leur credo en gros : Ils reconnaissent Allah (U), Ses anges, Ses Livres, Ses messagers ; toutes les informations venant de Lui, et celles rapportées par des savants crédibles selon le Messager d’Allah (r) sans ne rien démentir. (…) et qu’Allah est sur Son Trône comme Il le révèle : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi][18] ; qu’Il a deux Mains sans qu’on puisse les décrire comme Il le révèle : [Que j’ai créé de Mes deux Mains].[19] Ils reconnaissent le savoir à Allah, comme Il le révèle : [Il l’a révélé par Son Savoir].[20] [Rien de ce qu’une femelle porte en son sein ou qu’elle ne mette au monde n’échappe à Son Savoir].[21] Ils reconnaissent à Allah des Attributs comme l’écoute, la vue, sans les renier à la manière des mu’tazilites…

Ils donnent foi aux hadîth qui viennent du Messager d’Allah (r), par exemple : « Allah descend au premier ciel et demande : Y a-t-il quelqu’un qui implore Mon pardon afin que Je le lui accorde ? » comme nous l’apprend le hadîth… Ils reconnaissent qu’Allah viendra le Jour de la Résurrection, comme Il le révèle : [et Ton Seigneur viendra avec les anges qui seront en rangs][22] ; et qu’Il se rapproche de Ses créatures de la façon dont Il le veut, comme Il le révèle : [Nous sommes plus proches de lui qui sa veine jugulaire].[23] » Après avoir évoqué bon nombre d’éléments, il a fait la conclusion suivante : « Voici en gros ce qu’ils prônent, ce qu’ils voient et mettent en pratique. Nous adhérons à tout ce que nous avons évoqué et nous en faisons notre tendance. »[24]

Notre hérésiographe déclare également concernant l’istiwâ : « Pour les traditionalistes, Allah n’est pas un corps,[25] Il ne ressemble pas aux choses existantes et Il est sur Son Trône comme Il le révèle : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi].[26] Nous ne nous avançons pas devant la parole d’Allah et de Son Messager, nous reconnaissons plutôt l’istiwâ sans chercher à le décrire… Nous disons également qu’Il a deux Mains sans chercher non plus à les décrire comme Il le révèle : [Que j’ai créé de Mes deux Mains][27]… et qu’Il descend au premier ciel comme le formule le hadîth. » Il a dit ensuite : « Quant aux mu’tazilites, ils prétendent que l’istiwâ (s’établir) sur le Trône a le sens d’istawlâ (de s’accaparer du Trône). »[28]

Abû el Hasan explique également dans son ouvrage el ibâna fî usûl e-diyâna[29] dans le chapitre : el istiwâ : « Si quelqu’un demande : que dites-vous sur l’istiwâ ? Nous lui répondons : Allah est établi sur Son Trône comme Il le révèle : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi].[30] Il dit également : [C’est vers Lui, que remontent les bonnes paroles].[31] [Il l’a plutôt élevé vers Lui][32] ; [Hé Hâmân ! Bâtis-moi une tour, pour que je puisse atteindre les voies • les voies du ciel où je pourrais voir le Dieu de Moussa que je crois être un menteur].[33] Pharaon n’était pas convaincu par Moussa qui lui affirmait qu’Allah était au-dessus des cieux. Allah dit également : [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel fasse écrouler la terre sous vos pieds].[34]Au-dessus des cieux, il y a donc le Trône… et tout ce qui se trouve au-dessus de nous appartient au ciel. C'est pourquoi : [Vous sentez-vous à l’abri que Celui qui est au ciel] : ne fait pas allusion à tout ce qui se trouve dans les cieux, mais il entend plus exactement le Trône, qui se trouve à leur sommet… Ne vois-tu pas qu’Allah affirme en parlant d’eux : [Il y plaça la lune, un astre lumineux].[35] Il ne veut pas dire qu’elle remplit tout leur espace. Nous voyons que tous les musulmans lèvent les mains au ciel au cours de leurs invocations, étant donné qu’Allah est établi sur le Trône qui se trouve au-dessus des cieux. S’Il n’était au-dessus, ils ne lèveraient certainement pas les mains en sa direction…

Certains tendances comme les mu’tazilites, les jahmites, et les harûrites (kharijites ndt.) prétendent qu’istawâ [dans : [Le Miséricordieux, est sur Son Trône établi] comme le confirme le texte original d’el ibâna ndt.] prend le sens d’istawlâ (s’emparer de ndt.), de régner sur, de vaincre, et qu’Il est partout ! Ils ne veulent pas admettre qu’Il soit sur Son Trône – contrairement à la bonne tendance –. Ils donnent à l’istawâ le sens de pouvoir. Or, si tel était le cas, il n’y aurait pas de différence entre le Trône et la septième terre étant donné qu’Allah a déjà le pouvoir sur toute chose. Il a déjà le pouvoir sur tous les endroits de la terre, qu’ils soient fertiles ou arides. S’Il était établi sur Son Trône dans le sens d’istawlâ, nous pourrions dire alors que Son istawâ est sur toute chose. Comme aucun musulman ne prétend qu’Il s’est emparé de toute chose, des endroits fertiles et arides… il est donc complètement faux de définir istawâ sur le Trône par istawlâ qui concerne toute chose. »[36]

Remarque

Plusieurs adeptes de la secte font remarquer (et cela, pour échapper au piège des Attributs d’action, comme il le fera notamment pour la Parole) qu’aux yeux du père fondateur, Allah créa ou fit une action dans le Trône qu’Il appela istawâ.[37]

À suivre…





[1] Fahm el Qur-ân (p. 346-349).

[2] Tâ-Hâ ; 5

[3] Le bétail ; 18

[4] La royauté ; 16

[5] Le voyage nocturne ; 42

[6] Le Façonneur ; 10

[7] La prosternation ; 5

[8] La royauté ; 16

[9] Le repentir ; 2

[10] Fahm el Qur-ân (p. 349-350).

[11] La polémique ; 7

[12] Fahm el Qur-ân (p. 352-356).

[13] Usûl e-dîn d’el Baghdâdî (p. 111).

[14] Darr e-ta’ârudh (1/270).

[15] E-tawhîd (p. 74).

[16] E-tawhîd (p. 68-69).

[17] E-tawhîd (p. 75-76).

[18] Tâ-Hâ ; 5

[19] Sâd ; 75

[20] Les femmes ; 166

[21] Le Façonneur ; 11

[22] L’aurore ; 22

[23] Qâf ; 16

[24] El maqâlât (1/345-350).

[25] El Ash’arî est vraisemblablement resté sous l’influence kullâbite lors de sa troisième phase après être revenu à la voie des anciens qui n’utilisent pas dans ce domaine ce genre d’expressions dont le sens est vague et ambigu. C'est pourquoi ils se contentent de se conformer au vocabulaire du Coran et de la sunna pour définir leur dogme. [ Voir : Majmû’ el fatâwa (6/37-38) et (6/663-665)] Quoique certains chercheurs universitaires pensent qu’el Ash’arî n’a jamais quitté le kullâbisme, bien qu’il fut à la fin de sa vie attiré par la tendance d’Ahmed. C’est d’ailleurs certainement la raison qui a poussé bon nombre de savants à classifier son cheminement en trois phases. [Voir : el usûl e-latî banâ ‘alaïhâ el mubtadi’a madhhabuhum fî e-Sifât qui est une thèse es doctorat du D. ‘Abd el Qâdir ibn Mohammed ‘atâ Sûfî.]

[26] Tâ-Hâ ; 5

[27] Sâd ; 75

[28] El Maqâlât (1/285).

[29] Sheïk Hammâd el Ansârî est l’auteur d’une recherche où il démontre que non seulement Abû el Hasan est bel et bien l’auteur d’el ibâna mais qu’il fut l’un des derniers si ce n’est le dernier de ses ouvrages. [Voir : Rasâil el ‘aqîda de Hammâd el Ansârî (p.61-108)]

[30] Tâ-Hâ ; 5

[31] Le Façonneur ; 10

[32] Les femmes ; 158

[33] L’Absoluteur ; 36-37 ; comme l’établit ibn Taïmiya, Pharaon est le chef de file des négateurs (voir : el qâ’ida el marrâkushiya).

[34] La royauté ; 16

[35] Nûh ; 16

[36] El ibâna (97-98). Bon nombre d’adeptes d’Abû el Hasan el Ash’arî ont tenu à la fin de leur vie le même discours que leur maître spirituel comme el Bâqillânî dans e-Tamhîd fî e-rad ‘alâ el mulhida, wa el mu’attila, wa el khwârij, wa el mu’tazila (p. 47) ; Abû el Ma’âlî el Juwaïnî dans el ‘aqîda e-nazhzhâmiya ; el Ghazâlî dans ijmâ’ el ‘awâm ‘an ‘ilm el kalâm (p. 78) ; el Fakhr e-Razî dans aqsâ e-ladhdhât.

[37] Voir : el asmâ wa e-sifât d’el Baïhaqî (p. 410), usûl e-dîn d’Abd el Qâhir el Baghdâdî (p. 113) el mujarrad d’ibn Fawrak (p. 325, 326), tabyîn kadhib el muftarî d’ibn ‘Asâkir (p. 150), e-shâmil el Juwaïnî (p. 555-556).

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