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ÞÏíã 13 Nov 2014, 05:38 PM
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Ibn Taïmiya et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah

(Partie 6)


Comment se comporter avec un traditionaliste qui commet une erreur ?


Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Si l’un d’eux fait une mauvaise interprétation qui somme toute est plausible, il n’est pas permis de l’évoquer en mal ni de le critiquer ; si l’on sait qu’Allah lui a pardonné sa faute. Il incombe même au regard de la foi et de la piété qu’il renferme, de l’aimer et de s’allier à lui. Il faut remplir le devoir qu’Allah a imposé envers lui, qui consiste à l’évoquer en bien, à invoquer le pardon en sa faveur, etc. »[1]


« Parmi les éléments en relation avec ce point : nous devons savoir qu’un grand homme au niveau du savoir et de la piété, parmi les Compagnons, leurs successeurs, et tous ceux qui viendront après eux jusqu’à la fin du monde, qu’ils soient d’ahl el Baït ou non, peut très bien faire un effort d’interprétation basé sur des conjectures, voire des passions subtiles qui auront de mauvaises conséquences. Il ne convient pas de le suivre dans son erreur, bien qu’au même moment, il compte parmi les pieux et les élus de Dieu.
Malheureusement, ce genre d’erreur perturbe deux catégories d’individus :
  • Ceux qui l’encensent, et qui veulent absolument lui donner raison et le suivre dans son erreur.
  • Ceux qui le condamnent et qui remettent en question à cause de cette erreur sa piété et son statut de wali. Ils vont jusqu’à douter de sa crédibilité et qu’il soit des habitants du Paradis.
Or, ces deux voies opposées sont aussi égarées l’une que l’autre.
Les gens des passions parmi les kharijites et les rafidhites, notamment, se sont égarés par cette porte. Quant aux traditionalistes qui suivent la voie de la modération encensent tous ceux qui le méritent ; ils les aiment et les prennent pour alliés, tout en gardant la vérité entre les yeux. Ils encensent la vérité et sont cléments envers les hommes. Ils savent pertinemment qu’un même homme peut avoir des bons et des mauvais côtés (récompenses/péchés) ; il est louable d’un côté, et blâmable d’un autre côté ; il mérite une récompense d’un côté et est passible du châtiment d’un autre côté ; on l’aime d’un côté et on le déteste d’un autre côté. Cette tendance est celle des traditionalistes, et s’oppose notamment aux kharijites et aux mu’tazilites. »[2]


Nul n’est à l’abri de l’erreur en dehors du Prophète


Sheïkh Taqî e-Dîn établit : « Les savants font uniquement allusion aux prophètes – que les prières d’Allah soient sur eux – quand ils parlent de la catégorie d’individus qui sont immunisés de persister dans la faute. Cela ne concerne pas les véridiques, les martyrs, et les pieux qui ne jouissent pas de ce privilège. Ces derniers sont capables de faire des péchés qui sont incontestables, mais ils peuvent également être motivés par un effort d’interprétation ne leur garantissant pas d’avoir raison tout le temps. Quand ils ont effectivement raison, ils reçoivent une double récompense, mais s’ils se trompent ils n’en reçoivent qu’une seule en compensation à leurs efforts. Cela veut dire que ce genre d’erreurs leur est pardonné.
À l’inverse des savants, nous avons les égarées pour qui, l’erreur et le péché sont indissociables. Ils peuvent alors avoir deux réactions vis-à-vis des fautifs éventuels : soit ils font preuve d’excès en considérant qu’ils sont parfaits soit ils font preuve de laxisme en pensant que leurs erreurs les rendent injustes. Quant aux savants [modérés], ils disent qu’ils ne sont ni parfaits ni condamnables. »[3]


Ailleurs, il explique qu’il existe deux réactions extrêmes envers certains « états soufis » qui tirent leur origine de Bassora ; il y a ceux qui les condamnent à outrance et ceux qui les encensent à outrance. Ensuite, il fait le même constat envers les savants du raïy qui tirent leur origine de Koufa. Puis, il fait la conclusion suivante : « Quiconque considère que la voie d’un savant ou d’un dévot est meilleure que celle des Compagnons commet une erreur le rendant égaré et innovateur. À l’inverse, quiconque condamne sévèrement l’auteur d’une erreur qui fait suite à un effort dans l’obéissance à Allah commet une erreur le rendant égaré et innovateur. Par ailleurs, les gens font également, dans le domaine de l’amour et la haine en Dieu et de l’alliance, des efforts d’interprétation qui peuvent être justes ou non.
Bon nombre de gens aiment un individu de façon inconditionnelle, et font abstraction de ses défauts. Mais, dès qu’ils le voient faire une faute, ils se mettent à le détester de façon inconditionnelle en faisant abstraction de ses qualités… Cette opinion est celle des innovateurs parmi les kharijites, les mu’tazilites, et les murjites.


Quant aux traditionalistes, ils sont conformes aux enseignements du Coran, de la sunna, et du consensus disant qu’un croyant est concerné par la promesse, la grâce, et la récompense divine pour ses bonnes actions ; comme il est concerné par le châtiment divin pour ses mauvaises actions. Un même homme peut accuser en même temps ce qui lui rapporte la récompense et le châtiment, ce qui est louable et ce qui est blâmable, et ce qu’on est aime et ce qu’on déteste en lui… »[4]


Ainsi, les traditionalistes incarnent le juste milieu dans le domaine des erreurs entre ceux qui condamnent à outrance et ceux qui ne condamnent pas du tout ; ils montrent les erreurs, sans forcément condamner leurs auteurs


« Le but n’est pas de blâmer ou de louer dans l’absolu un individu ou un groupe en particulier. La bonne démarche, qui est du côté des traditionalistes, considère qu’un même individu ou un même groupe concède des bonnes actions qui sont louables et de mauvaises actions qui sont blâmables, mais il a aussi des actes qui relèvent du toléré, et qui ne sont ni louables ni blâmables. D’autres actes, qui sont motivés par l’erreur et l’oubli, lui sont tout simplement pardonnés. Ainsi, d’une part, il mérite la récompense pour ses bonnes actions, et le châtiment pour ses mauvaises actions. D’autre part, il n’est ni blâmable ni louable pour ses actes tolérés ou pardonnés.
Cette tendance est celle des traditionalistes vis-à-vis des pervers musulmans ou autre. À l’extrême, nous avons, entre autres, les kharijites et les mu’tazilites parmi les hérétiques wa’îdiya qui ne conçoivent pas qu’on soit à fois louable et blâmable…


C’est pourquoi, nous pouvons constater dans la communauté, que de nombreux imams notamment, parmi les savants et les émirs accusent ces deux choses à la fois. Malheureusement, certaines gens font de l’excès, et, animés par les passions, ne retiennent que leur qualité et leurs bons côtés. À l’extrême opposé, nous avons ceux, qui, tout aussi animés par les passions, se contentent de parler de leurs défauts et de leurs mauvais côtés. Or, la religion d’Allah se situe entre les deux ; entre le rigorisme et le laxisme, et les meilleures choses sont toujours au milieu. »[5]


L’esprit de justice s’impose : il incombe de conjuguer entre l’intérêt supérieur de la religion tout en veillant à préserver l’honneur du musulman


« En parlant des personnes, on touche au droit d’Allah (I), car en relation avec la notion d’alliance et l’amour et la haine en Dieu ; on touche également au droit des personnes. Il va sans dire qu’en parlant de n’importe qui en dehors des Compagnons, à l’exemple des rois dont l’autorité temporelle est contestée, et les savants et les Sheïkh dont l’autorité religieuse est contestée ; il incombe de le faire avec science et justice, non avec ignorance et injustice. La justice incombe à chacun et envers tout le monde, comme elle incombe dans toutes les situations ; alors que l’injustice est strictement interdite. Elle n’est autorisée en aucune façon. Allah (I) révèle : [L’animosité qui vous oppose à certaines gens ne doit pas vous pousser à être injustes avec eux ; soyez justes, et vous tendrez vers la piété].[6]


Ce Verset fut révélée à l’intention des mécréants contre qui il incombe d’éprouver de la haine. Si l’on sait qu’Allah interdit d’être injuste envers celui qu’Il a pourtant ordonné de détester, que dire alors de celui qui déteste un musulman soit par erreur d’interprétation, ou en ayant une conception erronée, ou tout simplement par passion. Le musulman est plus en droit qu’on soit juste avec lui et qu’on ne le traite pas avec injustice. »[7]


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/




[1] Majmû’ el fatâwâ (28/234).
[2] Minhâj e-sunna (4/543).
[3] Majmû’ el fatâwâ (35/29).
[4] Majmû’ el fatâwâ (11/5-16).
[5] E-tis’iniya (3/1032-1033).
[6] Le repas céleste ; 14-15
[7] Minhâj e-sunna (5/126).

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