ÇáãæÖæÚ: Le seuil minimum de la foi
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ÞÏíã 11 Jul 2012, 05:54 PM
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Le seuil minimum de la foi

(Partie 3)




26- Ibn Taïmiya : « En fournissant la foi et l’unicité, on éternisera jamais en Enfer, quoi qu’on puisse faire. »[1]




27-« La foi est composée d’une essence nécessaire à sa présence, d’éléments obligatoires qui entrainent la punition en cas de diminution et d’absence, et d’éléments recommandés qui font parvenir aux hauts degrés. Par rapport à ces niveaux, trois catégories d’individus vont se dégager : les pervers injustes envers eux-mêmes, les modérés, et les vertueux devanciers. Celle-ci est comparable aux entités concrètes et abstraites (le pèlerinage, un corps, une mosquée, etc.). Certaines de ses parties manquantes font diminuées sa plénitude ou son excellence, d’autres diminuent sa perfection (négliger les obligations et enfreindre les interdictions), et d’autres enfin entament son pilier (la croyance et la parole). »[2]




28-« Celui qui croit que seuls les actes peuvent servir à l’individu va à l’encontre du consensus et son idée est complètement fausse pour les raisons suivantes… »[3] Ensuite, il explique dans le cinquièmement que les individus dont le hadîth fait mention, sauront sauver par la Miséricorde d’Allah, non par leurs actes.

Mieux, Abû Bakr ibn el Muhib e-Sâmit est l’un des élèves les plus intimes d’ibn Taïmiya. Il est l’auteur d’un ouvrage qui est encore à l’état de manuscrit et dans lequel il reproduit les paroles extraordinaires de son maitre : « L’individu peut déceler une foi infime dans son cœur sans faire aucune œuvre pieuse. La négation dans le hadîthen question porte sur les actes, non sur les paroles. Il faudrait plutôt dire qu’en fournissant les deux attestations de foi sans fournir d’actes extérieurs jusqu’à la mort, on n’aura fait aucune bonne œuvre dans sa vie. Cependant, cela ne concerne pas forcément les paroles, conformément au Verset : [c’est vers Lui que remontent les bonnes paroles poussées par les bonnes œuvres].[4] En disant que la négation ne porte pas sur la croyance du cœur et de la parole, nous n’allons pas à l’encontre du Coran. »[5] Ailleurs, il a d’autres paroles qui vont dans ce sens.[6]




29-« En outre, celle-ci – en parlant de la foi – a deux sens dans le Coran, une essence et une partie subsidiaire imposée (far’ wâjib). L’essence qui se situe au niveau du cœur engendre les actes. C’est la raison pour laquelle, certains Versets distinguent entre eux, comme : [… Ceux qui croient et qui font de bonnes œuvres][7] ; d’autres les regroupent, comme celui-ci : [Les croyants sont uniquement ceux…].[8] » Puis loin, il conclut : « Son essence est dans le cœur et sa perfection se matérialise dans les actes extérieurs, contrairement à l’Islam, qui a pour essence les actes extérieurs et pour perfection, le cœur. »[9]




30-« La religion imprégnée dans le cœur au niveau du savoir et des sentiments est l’essence de la foi, tandis que les actes extérieurs, qui relèvent de la foi parfaite, constituent les branches. »[10]




31- Son élève ibn ‘Abd el Hâdî rapporte ses paroles dans lesquelles il établit le principe traditionaliste selon lequel en délaissant les branches de la foi, on ne devient pas mécréant ; on le devient uniquement en délaissant son essence, soit la croyance (i’tiqâd).[11] Ainsi, les péchés (en dehors des annulations de l’Islam) qui sont les branches de la mécréance ne remettent pas en cause l’essence de la foi.[12] Si l’essence de la foi ne garantit pas l’entrée au Paradis d’emblée, elle épargne, aussi infime soit-elle, d’éterniser en Enfer.[13]




33-« La Parole d’Allah est composée des enseignements (khabar)et des commandements (amr). Les enseignements réclame de croire (tasdîq) aux paroles de l’interlocuteur, et les commandements réclament de s’y soumettre (el inqiyâd et l’istislâm),ce qui correspond aux actes du cœur (‘amal el qalb), renfermant la soumission totale (khudû’ et inqiyad) aux commandements, même sans les mettre en pratique (in lam yaf’al el ma-mûr bihi). En répondant à l’enseignement par le tasdîqet au commandement par l’inqiyâd, on obtient l’origine de la foi dans le cœur, qui n’est autre que l’apaisement (tu-manîna) et l’iqrâr. »[14]




34- Il explique la page suivante : « La foi est composée des paroles et des actes – je veux dire à l’origine – des paroles du cœur (qawl el qalb) et des actes du cœur (‘amal el qalb). La foi, conformément aux Paroles d’Allah et à Sa Révélation, renferme Ses enseignements et Ses commandements. L’individu croit aux enseignements (tasdîq), ce qui va engendrer un état dans le cœur dont l’intensité sera en fonction de l’enseignement. Le tasdîqest une forme de savoir et de qawl. Puis, il se soumet au commandement ; c’est l’inqiyâdet l’istislâmqui est une forme de volonté et d’acte (irâda wa ‘amal). Il ne peut être croyant sans fournir les deux en même temps. En délaissant (taraka) l’inqiyâd, il devient un orgueilleux et compte ainsi parmi les mécréants, quand bien même il fournirait le tasdîq. »[15]




35-«Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’et l’inqiyâd, qui relève du qawlet du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal. »[16]

36- Ibn el Qaïyim : « La foi véritable est composée des paroles et des actes. Les paroles sont de deux sortes : la parole du cœur qu’est la croyance et la parole verbale qui est la prononciation de l’attestation de foi (kalima el islâm).

Les actes également sont de deux sortes : les actes du cœur que sont l’intention, la sincérité exclusive, et les actes corporels. En faisant disparaitre les quatre réunis, on fait disparaitre la foi parfaite. En faisant disparaitre la croyance du cœur, les autres éléments ne sont plus d’aucune utilité, car elle est une condition pour leur donner foi et les rendre utile.

En faisant disparaitre les actes du cœur, tout en gardant la croyance du cœur, c’est le point de querelle entre les murjiteset les traditionalistes. Ces derniers s’accordent à dire que, dans ce cas de figure, la foi disparait, et que la croyance, sans les actes du cœur (l’amour et la soumission à Allah), est inutile. C’est exactement le cas d’Iblis, de Pharaon et son peuple, des Juifs, des païens qui donnaient foi au Messager, mieux, qui reconnaissait la véracité de son message en privé et même en public. Ils avouaient qu’il ne pouvait mentir, mais nous refusons simplement de le suivre, justifiaient-ils, et de croire en lui.




Ainsi, si la foi disparait avec la disparition des actes du cœur, il n’y a aucun mal à ce qu’elle disparaisse avec la disparition de l’acte corporel le plus important. »[17]




37- Ibn Rajab : « Il est notoire que l’entrée au Paradis s’obtient grâce à la croyance du cœur avec l’attestation verbale, et c’est avec ces deux éléments que les désobéissants pourront espérer sortir de l’Enfer. »[18]




38- Ailleurs, il renchérit : « Il existe deux sortes de foi :

- Primo : la foi en Allah qui correspond à la reconnaissance et à la croyance en Lui.

- Secundo : la foi pour Allah qui correspond à l’obéissance et à la soumission à Ses commandements.

La mécréance et l’antonyme de la première sorte, et la perversité est l’antonyme de la seconde qui peut éventuellement prendre le nom de mécréance mais sans faire sortir de la religion. »[19]




39- En commentaire au hadîth d’Abû Sa’îd el Khudrî sur l’intercession, il explique : « Celui-ci démontre que la foi verbale – l’attestation de foi – et la foi intérieure – la croyance du cœur – ne se perdent pas. C’est grâce à ces deux éléments que les désobéissants monothéistes sortiront de l’Enfer. Cela signifie que tous ceux parmi eux qui y entreront ne les perdront pas. »[20]




40- Dans un autre ouvrage, il donne plus d’explication en disant : « Ceux qui n’ont font aucun bienfait allusion aux actes des membres, mais au même moment, ils ont à leur actif l’essence de l’Unicité. C'est pourquoi le hadîthde celui qui recommanda à sa famille de brûler son corps après sa mort précise qu’il n’avait fait aucun bien, excepté l’Unicité. »[21]

41-« C’est la preuve que ceux qu’Allah sortira de l’enfer par Sa miséricorde, sans passer par aucune intercession, auront à leur actif la parole de l’Unicité, mais en ayant fait aucun bien avec leurs membres. »[22]




42- Ailleurs, il explique en commentaire au hadith « L’Islam est fondé sur cinq piliers… » : « En faisant disparaitre ces cinq piliers, l’édifice s’écroule, ou ne serait-ce que son pilier le plus grand, les deux attestations de foi ; toute annulation de l’Islam les remet littéralement en cause. Il règne la divergence entre savants sur la disparation des quatre autres piliers (prière, aumône, jeûne, pèlerinage) ; garde-t-on ou non le nom de croyant en les perdant tous ou ne serait-ce que l’un d’entre eux ? Doit-on distinguer entre la prière et les autres piliers, en disant que sans la prière, on perd également la foi ? Doit-on ajouter plus particulièrement l’aumône à la prière pour considérer l’absence totale de la foi ? Il existe une divergence notoire sur la chose entre savants, et toutes ces opinions sont imputées à l’ImâmAhmed »[23]




43- Plus loin, il ajoute : « Quant aux autres éléments de l’Islam et de la foi (en dehors des quatre piliers ndt.), ils ne font pas sortir de l’Islam pour les traditionalistes, contrairement aux innovateurs comme les kharijites. »[24]




44- El ‘Aïnî : « La foi, dans le vocabulaire du Législateur peut renvoyer à son essence, quand elle n’est pas associée aux actes, comme dans le hadîth : « La foi est de croire en Allah, à Ses anges, à Sa rencontre, et à Ses messagers… »

Elle peut renvoyer également à la foi parfaite quand elle est associée aux actes, comme dans le hadîth : «Savez-vous quelle est la foi en Dieu l’Unique… C’est de témoigner qu’il n’y a d’autre dieu digne d’être adoré en dehors d’Allah, et que Mohammed est le Messager d’Allah, d’accomplir la prière, de verser l’aumône… »

La foi qui immunise d’entrer en Enfer est de la seconde sorte à l’unanimité des musulmans, et celle qui immunise d’y éterniser relève de la première à l’unanimité des traditionalistes, contrairement aux mu’taziliteset aux kharijites… Ainsi, les anciens avec Shâfi’î à leur tête, octroient aux actes le statut de piliers selon la seconde conception, non la première. Ils considèrent que la foi demeure, malgré la défection des actes, en faisant allusion à sa première conception. Autrement dit, elle est à même de sauver de l’Enfer, étant donné qu’elle existe, bien qu’elle ne soit pas accompagnée des actes. »[25]




À suivre…










[1]Majmû’ el fatâwa(11/671).

[2]Majmû’ el fatâwâ(7/637).

[3]Jâmi’ el masâil(5/203).

[4]Le Fondateur ; 10

[5]Livre manuscrit.

[6]Majmû el fatâwa (7/637, 10/355, 11/131, 20/90-94).

[7]La vache ; 25

[8]La vache ; 62

[9]Majmû’ el fatâwa (7/637).

[10]Majmû’ el fatâwa (10/355).

[11]El ‘uqûd e-durriya (p. 98) ; voir également : Majmû’ el fatâwa (11/137).

[12]Majmû’ el fatâwa (10/283).

[13]Majmû’ el fatâwa (35/202-203).

[14]E-sârim el maslûl d’ibn Taïmiya (p. 521).

[15]Idem.(p. 522).

[16]E-sârim el maslûl(p. 521-522).

[17]E-salât(p. 24).

[18]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/112).

[19]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/129).

[20]Fath el Bârîd’ibn Rajab (1/88).

[21]E-tahwîf min e-nâr(p. 285).

[22]E-tahwîf min e-nâr(p. 286).

[23]sharh kitâb el îmân d’ibn Rajab (p. 26-27).

[24]sharh kitâb el îmân d’ibn Rajab (p. 28).

[25]‘Umda el qârî(1/175).



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