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  #5  
ÞÏíã 22 Sep 2012, 02:29 PM
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Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

La période mecquoise
Son Éminence : Sheïkh D. Sâlih ibn Fawzân el Fawzân
Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
et du Comité permanent de la Fatwa.

Louange à Allah, le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, le Messager du Seigneur de l’Univers ainsi que sur sa famille, ses Compagnons, et leurs fidèles successeurs jusqu’au Jour des Comptes ! Ensuite :

L’un des plus grands bienfaits qu’Allah (U) a concédé à Ses créatures, c’est de leur avoir envoyé des messagers afin de les guider. Leur mission a pour objet de répondre aux besoins des hommes d’être guidés vers le vrai chemin, celui qui mène à Leur Seigneur. Ainsi, les messagers n’ont cessé de se succéder : (Puis, Nous avons envoyé Nos messagers les uns après les autres),[1] dans le sens où ils se suivaient les uns à la suite des autres ; et cela, jusqu’à la venue du Messie ‘Issa, le fils de Mariam (r) qui est le dernier prophète des tribus d’Israël.

Puis, Il y a eu une période intermédiaire (el fatra) sans prophète entre ‘Issa (r) et Mohammed (r) qui fut très longue. à cette époque, la Thora et l’Évangile furent falsifiés et la religion de Jésus et de Mûsa fut modifiée. Dès lors, il restait très peu de leurs partisans attachés à la vraie religion. Les gens du Livre parmi les Juifs et les chrétiens héritèrent alors d’une religion altérée, falsifiée, et transformée. Elle n’avait plus rien à voir avec celle de Moïse (u) ni avec celle de ‘Issa (u), bien qu’elle garda son nom.

Quant aux habitants du Hijâz, ils adhéraient à la religion de leur ancêtre Ismâ’il (r), le fils d’Ibrahim (r). En fait, leur religion était celle d’Ibrahim (r) qui était porteur de la religion fidèle à Allah (el hanîfiya), de l’Unicité exclusive du culte du Seigneur (U). Mais avec le temps, le mal et l’ignorance se propagèrent parmi eux, et les traces de la prophétie s’estompèrent. Ils se mirent à adorer les idoles sous l’influence d’un taghût qui se dénommait ‘Amr ibn Luhaï el khuzâ’î et qui était leur roi. Il les attira vers l’adoration des idoles qu’il imposa à ses sujets. Il en fit même venir dans la région du Hijâz où elles se sont terriblement répandues et multipliées à tel point que chaque maison de La Mecque avait sa propre idole. Pas moins de trois cent soixante idoles étaient enfermées dans les murs de la Ka’ba. Yasâf, Nâila, et Hubal ornaient Safa et Marwa.

Dans les environs de la ville Sainte, il y avait e-Lât, el ‘Uzza, Manât, et Dhû el Khalasa. Il restait peu de gens fidèles à la religion d’Ibrahim (r) comme Waraqa ibn Nawfar. Dès lors, Allah (U) décida d’envoyer Mohammed (r) dans cette ambiance obscure, au cœur de ce paganisme ténébreux, et au milieu de ces idoles innombrables. À une époque où la prophétie fut voilée, l’idolâtrie fit surface. Les hommes se retrouvèrent alors dans un paganisme aveugle.
Mohammed (r) naquit dans ce contexte à La Mecque ; c’était l’année de l’Éléphant. Cette histoire est relatée par le Coran, les historiens et les auteurs de la biographie du Prophète (r). Le roi d’Abyssinie projeta d’anéantir la Ka’ba. Il confia cette mission à son représentant au Yémen. Ce dernier se rendit à La Mecque à la tête d’une grande armée, qui était munie notamment d’un éléphant énorme. Personne parmi les habitants du Hijâz et les tribus arabes n’était capable d’affronter cette armée qui parvint facilement en Terres sacrées où elle fit campement. C’est alors que le chef de cette armée décida de l’assaut avec l’éléphant en tête. Cependant, ce dernier craignait d’avancer. On essaya en vain et par la force de le faire avancer, mais l’animal ne bougeait plus ; Allah (Y) l’avait immobilisé.

Dès lors, des groupes d’oiseaux venus en direction de la mer formèrent des rangs au-dessus de leurs têtes. Chacun d’eux tenait trois pierres ; une avec le bec et les deux autres avec les pattes. Lorsqu’ils arrivèrent à la verticale, ils lâchèrent une pluie de pierres sur cette armée ; chaque pierre qui tombait transperçait la tête de sa victime pour ressortir par son derrière. Tous les soldats furent décimés du premier au dernier. Aucun d’entre eux ne fut sauvé à l’exception de leur chef Abraha qui fut atteint d’une maladie qui lui déchirait tout le corps et qui provoqua sa mort.

La tutelle du Prophète (r)

Son père ‘Abd Allah ibn ‘Abd el Muttalib décéda alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère. Son grand-père ‘Abd el Muttalib la prit alors sous sa tutelle. ‘Abd el Muttalib avait une affection particulière pour son petit-fils, c’est pourquoi il le tenait plus proche de lui que ses propres enfants. Allah lui avait insufflé dans son cœur l’amour de Mohammed, à tel point qu’il éprouvait une énorme tendresse pour lui. Le grand-père du Messager d’Allah (r) s’éteignit lorsqu’il avait quatre ans. Il le confia avant de mourir à son oncle Abû Tâlib qui était noble, généreux, et respecté par les siens. Il prit ainsi la place de son père pour l’éducation de Mohammed (r) et éprouvait comme lui une énorme tendresse pour son neveu.

Son mariage avec Khadîja

À l’âge adulte, Khadîja – qu’Allah l’agrée – qui était une femme mûre et intelligente, lui proposa de voyager au Shâm pour y faire ses négoces. Il s’y rendit alors pour les affaires de Khâdija – qu’Allah l’agrée –. À son retour, il avait rapporté énormément d’argent grâce à son commerce. Cela lui valut l’affection de Khâdija qui fut séduite par sa loyauté (r). Dès lors, elle s’offrit à lui en mariage. Son union se conclut ainsi avec cette femme extraordinaire. Allah est Celui qui facilita un tel destin à Son Prophète Mohammed (r).

Ses retraites dans la grotte de Hirâ et la première révélation

À cette époque, Mohammed avait de la répulsion envers les pratiques qui régnaient au sein de son peuple comme l’adoration des idoles, la consommation d’alcool, les distractions, et les jeux. Il ne supportait pas de s’asseoir ou de rester avec ses concitoyens. Il préférait plutôt se retirer dans la grotte de Hirâ qui se trouvait au sommet d’une montagne que l’on appelle aujourd’hui jabal e-Nûr. Il se retirait dans cette grotte pour se consacrer à la dévotion, et pour se couper du monde. Il prenait suffisamment de provisions pour tenir plusieurs jours durant lesquels il adorait Allah (U) loin des gens.
Un jour, il reçut la visite de l’Ange Jibril (r) venu du ciel, alors qu’il s’était isolé dans la grotte. « Lis ! Ordonna-t-il.
- Je ne sais pas lire ! répondit-il. »
Dès lors, l’ange enveloppa son corps avec force avant de le relâcher. « Lis ! Ordonna-t-il à nouveau.
- Mais je ne sais pas lire ! Réitéra-t-il. »
C’est alors qu’il l’enveloppa une deuxième fois avec tellement de force qu’il ne pouvait plus respirer. Puis, il le relâcha également. « Lis ! Insista-t-il.
- Mais je ne sais pas lire ! Confirma-t-il. »
Il le saisit une troisième fois avant de le relâcher. Ensuite, il récita : (Lis au nom de Ton Seigneur qui a créé • Il a créé l’homme à partir d’un caillot de sang. Lis ! Ton Seigneur est Très Généreux • Lui qui a enseigné par la Plume).[2]

Après avoir bien saisi et bien mémorisé ces Versets, le Messager d’Allah (r) sortit précipitamment de la grotte pour se rendre chez son épouse Khadîja. Il tremblait de frayeur à cause des événements qui venaient de se passer. Rempli de frissons, il s’écriait : « Couvrez-moi ! Couvrez-moi ! » Il voulait qu’on lui passe une couverture dessus. Une fois couvert, il se calma. Il put ainsi expliquer : « J’ai vraiment eu peur ! » Il lui raconta ensuite l’histoire de la grotte. « Non par Allah ! S’exclama-t-elle. Allah ne t’abandonnera jamais ! Tu entretiens les liens de sang, tu honores l’invité, tu soutiens celui qui n’a rien ou le démuni (c’est-à-dire : celui qui n’a pas d’argent), etc. »

Elle mit en avant toutes les nobles qualités de son mari pour expliquer qu’Allah n’allait jamais rabaisser un tel homme, mais qu’Il allait plutôt l’honorer. Elle prouva ainsi qu’elle était mûre, intelligente, et sereine – qu’Allah l’agrée – comme si Allah l’avait mise exprès sur le chemin de Son Messager (r) pour le soutenir dans les moments difficiles, tout comme son oncle Abû Tâlib. Allah (U) veillait sur Son serviteur. Après avoir rassuré son époux, Khadîja le conduisit chez son cousin Waraqa ibn Nawfar qui était très âgé. Il avait lu les anciennes écritures qui renfermaient le signalement du Prophète attendu.

Le Prophète relata son histoire à Waraqa qui le rassura en lui disant : « C’est ange est celui qui venait du ciel à la rencontre de Mussa (r). » Il aurait voulu dès lors être plus jeune pour venir au secours de Mohammed le jour où son peuple l’expulsera.
« Vont-ils m’expulser ? demanda-t-il (r).
  • Bien sûr ! Le porteur d’un message comme le tien ne peut qu’avoir des ennuis. J’aurais voulu avoir les forces de ma jeunesse afin de te porter secours le jour où ton peuple t’expulsera ! »[3]
Ainsi, Allah offrit à Waraqa de croire à ce Messager (r) avant de mourir.

La prédication secrète

La deuxième révélation fut : (Ô toi qui te couvres sous ton manteau ! Lève-toi et avertis ! Et proclame la grandeur de Ton Seigneur, etc.).[4] La première révélation concerne la prophétie et la deuxième concerne la mission prophétique. La première révélation en effet a fait de Mohammed un prophète, et la deuxième en a fait un messager.

Les premiers temps, la prédication était discrète pour éviter que les Quraïshites lui fassent des ennuis. Le premier homme à se convertir fut Abû Bakr le Véridique (t). ‘Ali ibn Abû Tâlib (t), quant à lui, fut le premier enfant à embrasser l’Islam. Le premier captif musulman fut Zaïd ibn Hârisa, le captif du Messager (r). Pour ce qui est des femmes, Khadîja – qu’Allah l’agrée – fut la première musulmane. Par la suite, les gens se convertissaient les uns après les autres, mais le prêche restait secret, car la crainte des mecquois planait encore.

Lorsque le Prophète (r) en effet se rendait à la Mosquée sacrée pour y faire le Tawâf ou la prière, il était importuné par ses concitoyens. Ils importunaient également ses adeptes qui essuyaient constamment des menaces. Les mecquois allèrent jusqu’à comploter contre lui (r) en le frappant à plusieurs reprises, mais Abû Bakr (t) le sauva in extremis. Une fois, ils lui déversèrent de la panse de chameau sur le dos alors qu’il (r) se trouvait prosterner devant la Ka’ba. Cependant, il endurait ces préjudices pour la Face d’Allah (U) dans l’espoir de recevoir Sa récompense.

Le prêche se fit ainsi discret jusqu’à la quatrième année ; cette année-là, Allah révéla à Son Prophète : (Annonce ouvertement ton message et détourne-toi des païens).[5] Il lui révéla également : (Avertis ta famille et tes proches).[6] Dès lors, le Messager d’Allah (r) annonça ouvertement son prêche ; il le sortit de l’ombre et le dévoila ainsi au grand jour. À la cinquième année, l’oncle du Prophète (r) Hamza ibn ‘Abd el Muttalib, qui était fort et courageux, se convertit à l’Islam. Peu de temps après, ‘Omar ibn el Khattâb connu également pour sa force en fit autant. Le Prophète (r) renforça ses rangs par deux hommes qui inspiraient la crainte aux Quraïshites et aux Arabes en général. Allah (U) facilitait les choses à Son serviteur.

L’immigration en Abyssinie

Par la suite, les mecquois se firent plus méchants envers lui et ses adeptes ; les moins épargnés d’entre eux étaient ceux qui n’avaient personne pour les défendre ; ils n’appartenaient à aucune tribu qui aurait pu les soutenir à l’exemple de Bilâl et ‘Ammâr ibn Yâsir, etc., ceux qui n’étaient pas protégés par une tribu étaient les plus mal traités.

C’est alors que le Prophète (r) autorisa à ses Compagnons d’émigrer en Abyssinie qui était gouvernée par un roi juste. Il était certes chrétien, mais il était juste et n’opprimait personne. La première émigration eut lieu en Abyssinie. Parmi les émigrants, il y avait ‘Uthmân ibn ‘Affân (t) en compagnie de son épouse qui était la fille du Messager d’Allah (r). Le Négus les accueillit et leur offrit sa protection. Il les reçut alors qu’il était chrétien. Les émigrés d’Abyssinie entendirent que les mecquois se convertirent à l’Islam et qu’ils ne faisaient plus de mal aux musulmans. Ils décidèrent de quitter l’Abyssinie pour rentrer à La Mecque, mais malheureusement la nouvelle se révéla fausse ; les païens ennuyaient toujours autant leurs frères. Dès lors, le Prophète (r) leur permit de retourner de l’autre côté de la mer au cours d’une deuxième émigration dans le but de sauver leur religion.

Or, les Quraïshites envoyèrent deux émissaires au Négus le Roi abyssin, avec des présents, pour lui demander d’expulser les émigrés de ses terres, mais celui-ci refusa. Le Négus refusa de rendre les émigrés aux mecquois. Les deux émissaires retournèrent bredouilles. Par la suite, le Négus embrassa l’Islam par la Grâce d’Allah. Après avoir écouté le Coran, il s’exclama : « C’est la même révélation que Musa (u) a reçu. Celle-ci et celle de Musa proviennent d’une même lampe. » Cependant, il n’est pas compté parmi les Compagnons, car il n’a pas vu le Prophète (r). Il (t) entre plutôt dans les rangs des grands Tabi’în (Successeurs des Compagnons ndt.).

Le blocus et l’enfermement à La Mecque

Après le retour des deux émissaires revenus les mains vides à La Mecque – le Négus ayant refusé leur demande –, les Quraïshites redoublèrent leur nuisance envers le Messager d’Allah (r) et les musulmans en général. Les Banû Hâshim en particulier furent très mal menés, ce qui contraria terriblement les musulmans parmi eux. Les mecquois s’en prirent aux Banû Hâshim. Ils décrétèrent par une ordonnance de boycotter le Messager (r) et les membres de sa tribu. Ils les frappèrent d’un blocus dans les ravins d’Abû Tâlib où ils furent coupés du monde ; ils ne pouvaient ni acheter aux mecquois ni leur vendre quoi que ce soit. On leur coupa même le ravitaillement en eau ou autre.

Le blocus fut terrible. Il avait pour but de faire renoncer aux musulmans à la religion de Mohammed, mais ce fut un échec. Abû Tâlib, les Banû Hâshim, et les Banû el Muttalib étaient au côté des musulmans. Ce blocus frappait indistinctement les musulmans et les non-musulmans dans les ravins avoisinant La Mecque. La situation devint très pénible. Certains notables Quraïshites qui étaient sages étudièrent la situation ; ils se rendirent compte qu’il n’était pas permis de faire subir une sanction aussi sévère à leurs cousins et à leurs frères. Ils risquaient ainsi d’être mal vus par les tribus arabes. Ils décidèrent dès lors d’annuler l’ordonnance. Il fut donc autorisé au Messager d’Allah et à tous ceux qui l’accompagnaient, dont notamment son oncle Abû Tâlib, de sortir du ravin. Ils purent ainsi rentrer à La Mecque.

L’année du chagrin

La dixième année, l’oncle du Prophète (r) Abû Tâlib rendit l’âme, et trois jours plus tard, son épouse Khadîja – qu’Allah l’agrée – le rejoignit. Il perdit en la personne de son oncle, un soutien précieux qui le défendait contre le mal de son peuple. Il perdit également sa femme qui le soutenait moralement et qui l’aidait financièrement. Après avoir perdu ces deux êtres si chers, la situation s’empira pour lui et ses adeptes. Cette année-là fut désignée par la suite comme l’année du chagrin, car le Prophète (r) fut très affecté par la mort de son oncle et de son épouse. Les païens devinrent plus audacieux à son encontre étant donné qu’il n’avait plus personne pour le protéger.

•••
Peu avant la mort d’Abû Tâlib, les mecquois montèrent un complot contre son neveu. Ils allèrent le voir pour lui proposer de leur restituer Mohammed qui avait offensé leurs idoles, critiqué leur religion, et outragé les esprits. Abû Tâlib exposa les plaintes de ses compatriotes au Prophète (r) et lui proposa de mettre un terme à ces affronts. « Non par Allah ! Mon oncle ! Par Allah, s’ils posaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour que je renonce à ma mission, je n’y renoncerais pas. Soit je périrais pour elle soit Allah l’a fera triomphé. »[7]

Ils avaient tenté de le séduire avec la richesse ; ils proposèrent de le marier avec les plus belles de leurs filles, de lui rassembler de l’argent, ou bien de le soigner s’il était vraiment atteint mentalement. Ils pensaient en effet que le Messager (r) n’était pas inspiré par la Révélation, mais qu’il avait une maladie mentale. Ils voulaient donc le soulager des troubles dont il se plaignait. Ils cherchèrent ainsi à le séduire. Son oncle lui offrit cette solution, mais il s’obstina à prêcher sa religion et lui donna sa célèbre réponse.

Dès lors, Abû Tâlib encouragea son neveu à travers ses paroles : « Poursuis ta mission, ils ne pourront t’atteindre. » Malheureusement, Abû Tâlib, tout comme khadîja – qu’Allah l’agrée –, mourut peu de temps après cet événement.

La prédication à l’extérieur de La Mecque

La situation du Prophète (r) s’aggrava, car son peuple lui causait de plus en plus de préjudices. Il dut quitter La Mecque pour se rendre à e-Tâif en vue de proposer à ses habitants d’embrasser l’Islam et de remplacer son oncle Abû Tâlib pour sa protection contre les attaques des Quraïshites. Cependant, il rencontra de leur part les pires insultes. Il resta au milieu d’eux plusieurs jours au cours desquels il prêcha sa religion. Ils la refusèrent et lui lancèrent les pires insultent en retour ; ils allèrent jusqu’à pousser leurs esclaves et leurs vauriens à lui lancer des pierres qui lui firent saigner les talons (r). Il était seulement accompagné de son captif Zaïd ibn Hâritha (t) qui faisait écran au jet de pierre.

Sur le chemin du retour, il (r) s’arrêta à Wâdî Nakhla qui se trouve entre e-Tâif et La Mecque, pour faire la prière du fajr. Après l’office qu’il (r) accomplit avec son captif, il récita le Coran. Des djinns se mirent à l’écoute de la lecture du Messager d’Allah (r) qui leur plut. Allah (I) révéla à ce sujet : (Dis : il m’a été révélé qu’un groupe de génies m’ont écouté. Ils dirent : nous avons entendu une lecture étonnante • qui guide sur le droit chemin ; c’est alors que nous y avons donné foi et, désormais, nous n’associerons plus personne à Notre Seigneur).[8] Allah révéla également : (et quand nous dirigeâmes vers toi un groupe de génies pour leur faire écouter le Coran. Arrivés près de toi, ils dirent : taisez-vous ! Après la lecture, ils rentrèrent auprès des leurs pour les avertir • Ils dirent : Ô peuple ! Nous avons entendu un Livre qui a été révélé après Musa et qui confirme les écritures. Il guide vers la vérité et vers un droit chemin • Ô peuple ! Répondez au prêcheur d’Allah et croyez en Lui ; Il vous pardonnera vos péchés et vous préservera d’un châtiment douloureux).[9]

Puis, il reprit le chemin de sa ville natale. « Comment peux-tu revenir dans cette ville alors que ton peuple t’en a sorti ? » s’exclama Zaïd ibn Hâritha.
  • Zaïd ! répondit-il, Allah va donner une issue victorieuse à la situation que tu vois. »[10]
Il envoya un message à el Mut’im ibn ‘Adî, qui comptait parmi les notables de la Ville sainte, et dans lequel il lui demandait sa protection afin de rentrer à La Mecque. Bien qu’il fût païen, cet homme avait une grandeur d’âme en plus de son sens de l’honneur si cher aux Arabes qui ne refusaient jamais de donner leur protection à quiconque la leur sollicitait. Ils avaient cette fierté de défendre tous ceux qui se mettaient sous leur protection. El Mut’im ibn ‘Adî accepta ainsi de prendre Mohammed sous sa protection pour lui permettre de rentrer chez lui.

Il prit ses armes et escorta le Prophète (r) accompagné de ses fils jusqu’à son entrée dans la ville. Le Messager d’Allah (r) fit le Tawâf autour du temple sous l’escorte de ses protecteurs.

Mohammed expose sa prédication aux tribus arabes

Toutefois, les Quraïshites n’avaient pas changé leur attitude envers lui et ses Compagnons les plus faibles. Il décida alors de gagner la protection des tribus arabes à l’occasion du Pèlerinage. Il (r) se rendait dans les différents camps des pèlerins dans l’espoir de les faire adhérer à sa religion et de gagner leur protection. Son oncle Abû Lahab se tenait derrière lui pour s’écrier à la foule : « Ne croyez pas aux paroles de cet homme ! C’est un menteur ! » Les tribus arabes se détournaient alors de lui (r), car s’il disait vrai pensaient-ils, son oncle ne déclarerait pas une chose pareille.

Le premier et le deuxième pacte de ‘Aqaba

Un jour, Allah lui facilita la rencontre d’un groupe de médinois parmi les Ansârs. À cette époque, ils ne s’appelaient pas ainsi. Ils portaient encore le nom de leurs deux grandes tribus respectives : el Aws et el Khazraj qui composaient les habitants de Médine. Le Prophète (r) leur exposa son prêche et leur récita le Coran qui laissa sur eux des traces. « C’est cet homme avec lequel les juifs vous menaçaient, s’exclamèrent-il, ne les laissez pas vous devancer !» Les juifs étaient à cette époque les voisins des Ansârs à Médine. Des guerres périodiques opposaient les deux clans ; les Ansârs et les juifs. Les juifs lançaient à leur ennemi qu’ils attendaient l’avènement prochain d’un prophète qui combattra à leurs côtés contre les médinois. Ainsi, ils menaçaient leurs voisins de la venue prochaine d’un prophète. Le petit groupe de médinois accepta la prédication qu’il venait d’entendre et se convertit à l’Islam. Ses membres firent allégeance au Prophète (r) au cours du pacte qui prit le nom de baï’ el ‘Aqaba el ûlâ.

Après le hadj, ils retournèrent à Médine et entamèrent leur prêche grâce auquel bon nombre de leurs concitoyens se convertirent. L’année suivante, une délégation plus nombreuse que celle de l’année précédente se rendit à La Mecque. Soixante-dix individus ou plus firent allégeance au Messager (r) pour ce deuxième pacte effectué à el ‘Aqaba. Ils prirent l’engagement de l’accueillir et de le protéger comme si c’était eux-mêmes, leurs femmes et leurs propres enfants. Ainsi, selon les modalités du pacte, ils devaient défendre et protéger le Prophète (r) contre tous ceux qui voudraient lui porter atteinte. C’était l’issue heureuse que le Messager d’Allah (r) attendait.

L’émigration à Médine

Dès lors, il permit à ses Compagnons d’émigrer à Médine ; ils s’exilaient soit seuls pour certains soit en groupe, mais ils veillaient à le faire discrètement par crainte des représailles des Quraïshites.

Quant au Prophète (r), il resta sur place. Abû Bakr aurait voulu partir, mais il lui somma de ne pas se précipiter et d’attendre. Abû Bakr se plia à la volonté du Messager (r). Puis, vint le jour où Allah autorisa à son Messager d’émigrer ; celui-ci mit son ami au courant. Abû Bakr fit ses préparatifs et ses provisions pour le jour du départ. Le problème était de savoir comment sortir de La Mecque ?

Les Quraïshites se rassemblèrent à leur lieu de réunion. Ils décidèrent de ne pas le laisser rejoindre ses Compagnons, car il risquait de se renforcer et de devenir puissant. Ils se réunirent ainsi à dâr e-nadwa en vue de se concerter les uns les autres. Allah relate l’évènement en ces termes : (Lorsque les infidèles tramèrent contre toi une ruse ; entre t’enfermer, te tuer, ou t’expulser. S’ils rusent, Allah ruse, mais Allah a la meilleure ruse).[11] Certains projetèrent de le tuer afin de se débarrasser de lui. D’autres voulurent le mobiliser, en le laissant enfermé jusqu’à la mort. D’autres préférèrent le faire sortir de la ville (ou l’expulser). La nuit du complot, le Prophète (r) dormait chez lui ou plus exactement il fit croire à ses assaillants qu’il était dans son lit. Ils se retrouvèrent devant sa porte pour l’assassiner (r), mais comment allaient-ils s’y prendre ?

Ils armèrent d’une lance un homme de chaque tribu ; les tueurs devaient se placer devant sa porte et attendre qu’il sorte afin que chacun lui assène un coup comme un seul homme. Ainsi, si la responsabilité de sa mort était partagée entre les tribus, les Quraïshites ne pourraient pas venger son sang.

Une fois le plan arrêté, – l’idée venait de Satan ayant pris une apparence humaine – les tueurs attendirent devant la maison du Messager d’Allah (r) après s’être réunis. Cependant, le Prophète (r) avait commandé à son cousin ‘Ali ibn Abû Tâlib (t) qui était jeune et fort, de prendre sa place dans son lit, afin de détourner l’attention des tueurs. Ali s’installa à la place du Messager et se couvrit sous sa couverture. Les comploteurs attendirent devant la porte en pensant que le Prophète (r) se trouvait à l’intérieur des murs. Ce dernier sortit au milieu de ses assaillants sans qu’ils ne s’en rendent compte, alors qu’ils étaient assis juste sur le seuil. Il lança de la terre au-dessus de leurs têtes, ce qui les fit dormir. Puis, il alla retrouver Abû Bakr (t) à leur lieu de rendez-vous. Les deux hommes allèrent ensuite à la grotte de Thawr au sud de La Mecque. Ils restèrent dans leur cachette le temps que cessent les recherches.

Quand les Quraïshites apprirent que le Messager (r) s’était échappé à leur insu, et que la personne qu’ils guettaient était son cousin, ils en furent très affectés. Ils se mirent alors à le chercher partout. Ils lancèrent les cavaliers et les hommes à sa poursuite, et promirent une forte récompense à celui qui le ramènerait mort ou vif. Les recherches ne furent pas fructueuses, mais elles les menèrent à la grotte où se trouvaient le Messager (r) et son compagnon. « Si l’un d’entre eux regardait ses pieds, il nous verrait, Messager d’Allah ! S’exclama Abû Bakr.
  • Abû Bakr ! Que penses-tu de deux individus dont Allah est le troisième ? »[12]

C’est alors qu’Allah (I) révéla : (Si vous ne le soutenez pas, sachez qu’Allah le soutint lorsque les infidèles le firent sortir lui et son ami ; lorsqu’ils se trouvaient dans la grotte et qu’il dit à son ami ne t’afflige rien, Allah est avec nous. Dès lors, Allah descendit sur lui Sa quiétude et le soutint avec des armées que vous ne voyez pas. La parole des infidèles, Il la rendit la plus basse et la parole d’Allah la plus haute, alors qu’Allah est Fort et Sage).[13] Lorsque les mecquois se lassèrent des recherches et perdirent espoir de le retrouver, accompagné d’Abû Bakr, le Prophète (r) sortit de sa cachette pour se rendre à un rendez-vous fixé avec le guide qui devait les conduire à Médine. Celui-ci s’était présenté à l’heure avec des montures. Les deux fugitifs en prirent chacun une, et le groupe put prendre la route pour Médine.

Au cours de leur séjour dans la grotte, Asmâ – qu’Allah l’agrée – la fille d’Abû Bakr leur amenait de l’eau, du lait et de la nourriture en cachette. Son père avait un troupeau de moutons que le berger faisait paître près de la grotte afin de permettre à ses occupants de boire de son lait et en même temps d’effacer toute trace de passage. Après cela, les deux fugitifs se rendirent à Médine.

Les enseignements à tirer de la période mecquoise

Leur arrivée à Médine signait la fin de l’ère mecquoise dont nous avons fait le résumé. Au cours de cette période, le Prophète (r) se contentait d’inviter les gens à la religion d’Allah. Non seulement le Jihâd ne lui fut pas commandé, mais il lui était purement interdit. Allah ordonna plutôt à Ses serviteurs d’endurer les nuisances qu’ils subissaient et de se maintenir dans la religion dans l’attente d’une issue heureuse. Par conséquent, ils ne reçurent pas la permission de prendre les armes. Allah (I) révèle à ce sujet : (Ne vois-tu pas ceux à qui il fut dit : renoncez aux armes, observez la Prière, et versez l’Aumône. Mais lorsque la guerre leur fut prescrite).[14] Autrement dit, à Médine après l’émigration. Mais pourquoi à La Mecque leur fut-il interdit de prendre les armes ?

Parce que trop faibles, ils risquaient en cas de confrontation de se faire exterminer un par un par les mécréants. Selon la règle, il vaut mieux éviter un mal que de rechercher un bien, et il faut choisir le moindre mal lorsqu’on n’a pas le choix. Cette situation nous apprend que les musulmans ne doivent pas affronter les mécréants s’ils s’avèrent en état d’infériorité, et doivent attendre d’être suffisamment forts pour tenir face à l’ennemi. Dans la situation où ils engageraient les hostilités contre un ennemi largement plus puissant, ils lui offriraient ainsi l’opportunité de les vaincre et de les exterminer jusqu’au dernier.

Telle est la raison pour laquelle il ne fut pas ordonné au Messager (r) de réagir face aux persécutions que ses Compagnons subissaient. Certains d’entre eux connurent la mort à l’exemple de Sumiya la mère d‘Ammâr ibn Yâsir – qu’Allah les agrée tous les deux. Bilal fut torturé et traînés dehors en pleine canicule. On lui posa des lourdes pierres sur la poitrine sous la chaleur intense de La Mecque. Ses tortionnaires lui demandaient de renier sa foi, mais celui-ci leur lançait : « Non ! Seul… Seul… » Ils le sommaient de renier la religion de Mohammed et le persécutaient sans cesse, mais Bilal endurait et restait accroché à sa religion.

Le voyage nocturne

Or, peu avant l’émigration à Médine, le Prophète fut transporté de nuit au sanctuaire de Jérusalem, à partir duquel il fut élevé au ciel. Arrivé au-dessus des cieux, le Seigneur (U) lui adressa la Parole. Il lui ordonna et prescrivit les cinq prières quotidiennes. Au matin, le Prophète (r) conta aux gens ses aventures de la nuit précédente au cours de laquelle il fit son « voyage nocturne ». Les païens se confortèrent alors dans leur mécréance et se moquèrent de lui (r) davantage. Certains mecquois qui affichaient la foi en vinrent à apostasier, car à leurs yeux, il était impossible d’aller à Jérusalem et de revenir à La Mecque en une seule nuit, alors que les caravanes mettent un mois pour s’y rendre. Leur raisonnement consistait à comparer entre leur capacité humaine et le Pouvoir absolu d’Allah.

À travers ce procédé, les ennemis voulaient jeter la suspicion sur Mohammed (r). Ils allèrent jusqu’à lancer à son meilleur ami Abû Bakr : « Ne sais-tu pas ce que ton ami à fait ?
  • Qu’a-t-il fait ? répondit-il.
  • Il prétend avoir été transporté cette nuit au sanctuaire de Jérusalem, et à partir de là, on l’aurait hissé au ciel !
  • Si l’a vraiment dit, c’est qu’il l’a fait. Je le crois bien lorsqu’il rapporte des enseignements venant directement du ciel. »[15]

C’est la raison pour laquelle, il fut surnommé Siddîq (le véridique ndt.). Cet événement fut une grande épreuve au cours de laquelle Allah raffermit les croyants. Le prophète (r) effectuait donc les cinq prières quotidiennes avant d’émigrer à Médine. Allah (Y) révéla à l’occasion de cet événement : (Gloire à Celui qui fit voyager Son serviteur de nuit de la Mosquée sacrée à la Mosquée el Aqsâ dont Nous avons béni les alentours). Allah révéla également au début de la Sourate les étoiles : (Ni votre ami n’est égaré ni il ne suit ses passions • il ne parle pas sous l’emprise de ses pulsions, mais il est inspiré par la Révélation • que lui a enseigné un être à la force prodigieuse • cet être robuste se tint devant lui • au-dessus de l’horizon • Puis, il se rapprocha et se tint juste au-dessus • il fut à une distance de deux arcs ou plus près encore • Il révéla à Son serviteur ce qu’Il devait lui révéler).[16] Ces Versets décrivent le voyage nocturne qui compte parmi les miracles offerts au Messager (r).

Voici en résumé l’histoire de la période mecquoise ; nous avons vraisemblablement oublié de citer bon nombre d’événements, mais le temps ne nous permet pas de tout passer en revue. Nous nous contentons ici de ce que nous avons évoqué.

Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons !


[1] Les croyants ; 44

[2] Le caillot de sang ; 1-4

[3] Rapporté par el Bukhârî (3) et Muslim (160), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.

[4] El mudaththir ; 1-4

[5] El Hijr ; 94

[6] Les poètes ; 214

[7] Rapporté par ibn Ishâq dans e-sîra (1/284), selon Ya’qûb ibn ‘Utba ibn el Mughîra, avec une chaîne narrative interrompue au niveau des Compagnons (mursal).

[8] Les génies ; 1-2

[9] El Ahqâf ; 29-31

[10] Voir : zâd el ma’âd d’ibn el Qaïyim (3/33).

[11] Le butin ; 30

[12] Rapporté par el Bukhârî (4663) et Muslim (2381), selon Abû Bakr (t).

[13] Le repentir ; 40

[14] Les femmes ; 77

[15] Rapporté par el Hâkim dans el mustadrak (3/60), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.

[16] Les étoiles : 2-10





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