ÇáãæÖæÚ: Les muwâzanât
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  #8  
ÞÏíã 22 Apr 2013, 04:56 PM
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Les muwâzanât

(Partie 8)

4 – Pour laver son honneur des accusations calomnieuses ou des idées reçues dont il fait l’objet ou autre

Allah (I) révèle : [La haine que vous éprouvez pour des gens ne doit pas vous pousser à être injustes ; soyez justes, et vous serez plus prompts à la piété][1] ; [et soyez justes, car Allah aime les justes][2] ; (Allah ordonne la justice, la bienfaisance, et de donner aux proches, tandis qu’Il interdit la perversité, les fautes, et la débauche. Il vous exhorte, ainsi vous rappellerez-vous)[3] ; (Allah ne vous empêche pas concernant ceux qui ne vous ont ni combattus dans la religion ni ne vous ont sortis de vos maisons, d’être bon envers eux et juste avec eux ; Allah aime les gens justes)[4] ; [Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice. Quelle belle chose celle à quoi Allah vous exhorte ! Il était certes Voyant et Entendant].[5]

Voir pour ce sujet : Majmû’ el fatâwâ (4/11-14).

Ibn Taïmiya fait remarquer : « Tout musulman et tout homme sensé en général, se rendra compte, en comprenant la réalité de leur discours, que ces gens-là renient le Créateur, démentent les messagers et les lois célestes, corrompent la raison et la religion. Nous ne voulons pas dire par là que les ash’arites ne nous concèdent pas ce point. Non, pas du tout ! Ils sont même les plus acharnés à rendre mécréants et à combattre ce genre d’individus, mais le problème avec ceux dont nous parlons, c’est qu’ils sont du même type que les qarmates ésotériques. »[6]

« Il incombe de savoir à cette occasion, que les mauvaises paroles et actes imputés aux shiites, en sachant que nous sommes loin d’avoir cités ce qu’ils ont de pire, ne viennent pas nécessairement des imamites duodécimains, et encore des moins de zaïdites. Elles seraient plutôt à mettre au compte des ultras, et sont même répandues dans les milieux non savants. Par exemple, il est dit qu’ils interdisent la viande de chameau, qu’ils restreignent le divorce à l’agrément de la femme, etc. En réalité, ses opinions sont véhiculées dans les masses shiites, mais elles n’ont à rien à voir avec leur élite. Cela dit, si l’on sait qu’à l’origine, leur école prend ses racines dans l’ignorance, il s’ensuivit que le mensonge et l’ignorance sont plus recensés chez eux, que chez n’importe quelle autre secte. »[7]

« Parmi les savants qui prirent l’initiative de les réfuter, nous pouvons compter ‘Abd Allah ibn Sa’îd ibn Kullâb, qui jouissait d’une certaine érudition. Ses vertus et sa religiosité étaient non négligeables. Certaines prétendent qu’il innova sa tendance en vue de faire prévaloir la religion chrétienne sur les musulmans. Ces allégations mensongères sont notamment imputées à ses détracteurs. Ces derniers lui voyaient d’autres défauts. Il aurait, selon eux, recommandé cette croyance à sa sœur. Les mu’tazilites et les jahmites qu’il avait durement malmenés, faisaient répandre ce genre de calomnies sur son dos. Selon leur raisonnement, les pro-Attributs divins ne faisaient que s’inspirer des chrétiens. Dans son fameux radd ‘alâ el jahmiya, l’imâm Ahmed confirme que cette accusation est l’un de leurs atouts contre les traditionalistes. Par la suite, les sâlimiya la reprirent à leur compte.

Même certains traditionnistes et légistes se mirent à stigmatiser ibn Kullâb en vue de jeter le discrédit sur lui, car il fut l’auteur d’une nouvelle hérésie sur le caractère incréé du Coran. Malheureusement, ils s’inspirent d’une accusation qui est une pure invention de ses ennemis mu’tazilites et jahmites. Ils ne savent pas que ses détracteurs sont bien pires que lui ; il est bien plus proche qu’eux de la sunna. »[8]

5- Pour informer qu’un rapporteur innovateur ne ment pas et que sa mémoire est irréprochable, mais sans faire ses éloges dans l’absolu

Exemple : la biographie d’Abân ibn Taghlab ; Ahmed, Yahyâ ibn Ma’în, Abû Hâtim et e-Nisâî ont dit sur lui qu’il était « crédible » (thiqa) au niveau de la narration. Pour el Jawzujânî, il est un égaré, blâmable qui affiche sa tendance. Ibn ‘Adî, quant à lui, juge en un mot qu’il est sincère dans ses narrations, bien qu’il soit d’obédience shiite. El Hâkim explique qu’il était le « conteur » des shiites, mais crédible. El ‘Uqaïlî témoigne à son sujet : « J’ai entendu dire Abû ‘Abd Allah qu’il était réfléchi, bien éduqué (ou lettré ndt.), et était l’auteur de narrations authentiques. Son problème, c’est qu’il était un shiite ultra (ou acharné ndt.). » El Azdî confirme.

6- tout simplement par erreur

Deux facteurs sont à l’origine d’une erreur potentielle dans ce domaine :

Quand l’innovateur est assez malin pour cacher sa vraie tendance, ou quand le savant se base sur le bon soupçon, et se fie dans son jugement à l’époque où sa situation n’était pas claire.
Quand le savant n’est pas au courant de sa situation, contrairement à d’autres de ses coreligionnaires.

Les exemples de ces deux cas de figure sont innombrables à l’époque des nobles ancêtres, mais nous nous contenterons d’en citer qu’un ; autrement dit, ‘Omar (t) pensait du bien du mujrim ‘Abd e-Rahmân ibn Muljam, l’assassin d’Alî, mais c’était bien avant qu’il affiche son penchant pour le kharijisme.

7- Rappeler au fautif ses bons côtés pour le ramener à la raison et pour encourager ses adeptes à délaisser son erreur

Certains auteurs omettent cette motivation, qui est pourtant cruciale pour mieux comprendre le phénomène des muwazânât et ne léser personne… Qui de mieux pour nous en parler que l’Imâm ibn Bâz : « Les savants ont le devoir de réprimander les innovations et débauches affichées en public, en s’appuyant pour convaincre tout contrevenant, sur des preuves textuelles. Ils devront user avec lui d’un ton acceptable, et lui faire le sermon (en insufflant en lui la peur et l’espoir). Ils ne sont pas obligés de citer les bons côtés, quand il s’agit d’un innovateur, mais, quand on fait la morale (ordonner le bien et interdire le mal) à un fautif éventuel ayant succombé à ses passions à ses deux niveaux (intellectuelles et corporelles), on peut lui rappeler ses fastes pour l’encourager à se repentir. C’est un bon procédé à même de lui faire accepter son erreur et de le ramener à la vérité. »[9]

De relatifs éloges

Il n’y a donc pas de mal à dire du bien d’un innovateur si l’intérêt le réclame, comme le souligne également Sheïkh el ‘Uthaïmîn.[10]

C’est à la lumière des sept raisons évoquées plus haut que nous pouvons désormais orienter les paroles de savants faisant les éloges d’innovateurs incontestables. L’Imâm Sâbûnî disait sur el Juwaïnî le père : « Si Sheïkh Abû Mohammed el Juwaïnî avait vécu au milieu des enfants d’Israël, il aurait été leur fierté et ses fastes nous seraient parvenus jusqu’aujourd’hui. »[11] Il encensait également une autre grande référence ash’arite en la personne de l’hérésiographe Abû Mansûr ‘Abd el Qâhir el Baghdâdî, l’auteur d’el farq baïna el firaq.[12] Abû Fadhl e-Tamînî, le doyen hanbalite de son époque, hélait lors du cortège funèbre du Qâdhî Abû Bakr el Bâqallânî des slogans du genre : « Voici le défenseur de la sunna ! » Il ne manquait pas après son enterrement de visiter tous les vendredis[13] la tombe de celui qui fut considéré comme le second fondateur de l’Ash’arisme.[14] D’ailleurs, il n’en fallut probablement pas plus à Abû Hâmid el Asfarâyînî pour couper les liens avec Abû Fadhl.

Ibn Taïmiya rendit également un grand hommage à Bâqallânî pour sa défense de la religion contre des innovations et des sectes bien plus grave que celles à laquelle il adhérait,[15] comme nous l’avons vu plus haut. Nous avons vu aussi qu’il fit les éloges d’ibn Kullâb et d’Abû Hasan. Par ailleurs, il remercia de grands leaders du kalâm pour leurs efforts d’éradication des bâtinites, à l’instar d’ibn Fawrk, el Qâdhî Abû Ya’lâ (qui reçut l’influence du kalam), et Shahristânî pour ne citer qu’eux.[16] Il ne tarissait pas non plus d’éloges sur le mu’tazilite ibn Jinnî,[17] el Ghazâlî,[18] ibn Hazm,[19] etc.

Les dangers de faire les éloges des innovateurs

Dans siar a’lâm e-nubalâ, Dhahabî nous relate la biographie d’Abû Dharr el Harawî, qui, au dire d’Abû el Walîd el Bâjî, fut marqué par sa rencontre avec le Qâdhî Abû Bakr el Baqallânî, qui fut pourtant, aux dires d’ibn Taïmiya, considéré comme le second fondateur de l’Ash’arisme, comme nous venons de le voir.[20]

Voici en détail l’anecdote d’el Bâjî : « Le Sheïkh Abû Dharr [el Harawî] m’a informé qu’il penchait vers sa tendance. Je lui demandai alors : « D’où vient ce penchant ?

Un jour, à Bagdâd, je me promenais avec le Hâfizh Dâraqutnî, et nous avons croisé Abû Bakr ibn e-Taïyib [el Baqallânî]. Le Sheïkh Abû el Hasan le serra alors dans ses bras et lui embrassa le visage et les yeux. Une fois que nous le quittâmes, je me tournais vers lui pour lui demander : « Qui est-il pour que tu fasses en son honneur ce qui ne me serait jamais passé à l’esprit venant de toi, l’Imâm de notre époque ? » – C’est l’Imâm des musulmans, justifia-t-il, le défenseur de la religion, Abû Bakr ibn e-Taïyib el Qâdhî. »

Depuis ce jour, poursuivit Abû Dharr, je le visitais régulièrement avec mon père, et dans tous les pays du Khurasân et ailleurs que je visitai, les traditionalistes les plus notoires suivaient tous, sans exception, sa tendance et sa voie. »[21]

Ainsi, d’obédience malikite dans le fiqh, el Harawî épousa le crédo ash’arite. Résident à La Mecque, il devint le porte-parole du kalâm à tous les pèlerins en provenance du maghreb et de l’Andalousie. Ces derniers dérogèrent ainsi à l’usage en vigueur chez les grands traditionalistes malikites avant eux, à l’instar d’Asîlî, Abû el Walîd ibn el Faradhî, Abû ‘Omar e-Talamankî, Makkî el Qaïsî, Abû ‘Amr e-Dânî, et enfin Abû ‘Omar ibn ‘Abd el Barr qui n’avaient jamais trempé dans le kalâm.[22]





[1] Le repas céleste ; 8

[2] Les appartements ; 9

[3] Les abeilles ; 90

[4] L’épreuve ; 8

[5] Les femmes ; 58

[6] El fatâwâ el kubrâ (6/539).

[7] Manhâj e-sunna (1/57).

[8] Majmû’ el fatâwâ (5/555).

[9] Majmû’ fatâwâ wa maqâlât ibn Bâz (9/352).

[10] Audio : liqâât el bâb el maftûh de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (c n° 127).

[11] Siar a’lâm e-nubalâ (17/617).

[12] Siar a’lâm e-nubalâ (17/572).

[13] Siar a’lâm e-nubalâ (17/190).

[14] Voir : Nash-a el Ashâ’ira wa Tatawwaruha (p. 320).

[15] Darr e-ta’ârudh (2/100).

[16] Majmû’ el fatâwâ (9/134).

[17] Majmû’ el fatâwâ (20/486).

[18] Majmû’ el fatâwâ (4/63, 72).

[19] Majmû’ el fatâwâ (4/18-19).

[20] Voir : Nash-a el Ashâ’ira wa Tatawwaruha (p. 320).

[21] Siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (17/558).

[22] Siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (17/557).

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