ÇáãæÖæÚ: Les muwâzanât
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  #6  
ÞÏíã 20 Apr 2013, 04:57 PM
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Les muwâzanât

(Partie 6)

La raison

Il est possible de déceler la raison de cette mystérieuse liaison entre le Coran et la Thora à travers le contenu de certains des Versets que nous avons cités précédemment. À titre d’exemple, nous pouvons recenser : (Nous avons descendu la Thora où il y a direction et lumière)[1] jusqu’à : (Nous avons descendu sur toi le Livre en toute justice venant confirmer le Livre avant lui, et faisant autorité sur lui. Juge donc entre eux avec les Lois descendues d’Allah, et ne suis pas leurs passions aux dépens de la vérité qu’il renferme).[2]

Ces Versets dévoilent la raison pour laquelle les deux missions ont été rassemblées dans un seul contexte. Dans la sourate le Repas Céleste, le Tout-puissant a fait les éloges de la Thora auxquelles Il fait suivre les éloges du Coran. Il met l’accent sur l’autorité que constitue ce dernier sur l’ensemble des messages dont la Thora fait partie. Autrement dit, il en est le Juge, le Témoin, et le Dépositaire loyal. Il en est le Juge pour les avoir abrogés, le Témoin car ils ont été falsifiés alors qu’il est sauvegardé. Il en est le Dépositaire étant donné que tous les enseignements de ces derniers en accord avec lui correspondent à la vérité ; et tous ceux qui le contredisent sont automatiquement jugés faux comme Allah le déclare clairement dans le verset : (Ce Coran relate sur les fils d’Israël la plupart de leur divergence).[3] Ce rapprochement veut probablement nous dire que s’il est reconnu les mérites des Livres sacrées précédents, cela n’autorise pas à les mettre en pratique après l’avènement de Mohammed (r) puisque le Coran fait autorité sur eux.

C’est pourquoi, ibn Taïmiya a souligné dans le contexte que nous avons désigné précédemment à l’occasion de la sourate Le voyage nocturne, dans son ouvrage Tafsîr Âyât ashkalat : « (Ce Coran guide vers le chemin le plus droit) : il est plus droit que celui des dépositaires de la Thora. De plus, il est plus juste au niveau de la direction que le Livre précédent. Malgré la particularité de la Thora à guider sur le droit chemin, le Coran a une plus grande propension à le faire. C'est pourquoi ce Verset est cité juste après celui dans lequel il est dit : (Nous avons offert le Livre à Mûsâ, Nous en avons fait une direction pour les fils d’Israël). Ensuite Il a dit : (Ce Coran guide vers le chemin le plus droit). »[4]

Un autre Verset dans la sourate L’agenouillé vient confirmer ce principe : (Puis, Nous t’avons placé sur le chemin de la Loi. Suis-le donc et ne te laisse pas entraîner par les pulsions des ignorants).[5] Le Seigneur (I) l’a affirmé après avoir dit : (Nous avons offert le Livre aux fils d’Israël).

Néanmoins, dans la sourate La famille de ‘Imrân, le verset suivant en l’occurrence : (Il a fait descendre sur toi le Livre par à-coup en toute vérité. Il confirme les livres présents avant lui. Il a descendu la Thora et l’Évangile. Auparavant une direction pour les hommes, et Il a descendu le Furqân).[6] Allah a fait suivre dans cette énonciation le Coran à la Thora et l’Évangile en le nommant el Furqân (le différenciateur). Il exprime ainsi cette qualité recensée en lui qui est la particularité à différencier entre le vrai et le faux. Cela va certainement dans le sens qu’il est impératif pour toute nation en quête de la vérité, de suivre le Coran indépendamment des autres Livres révélés, après l’avènement de la mission Mohammadienne.

Ibn el Qaïyim a précisé dans Badâi’ el Fawâid : « Il a évoqué la révélation du Coran le Guide, le Différenciateur qui correspond à la victoire venant trancher entre le vrai et le faux. La subtilité dans le fait de lier la victoire à la bonne direction (le droit chemin), c’est que tous deux ont la propension à trancher entre le vrai et le faux. Ainsi, le Très-Haut dénomme el Furqân la chose à l’origine de la victoire offerte à Ses Serviteurs comme dans le Verset suivant : (Si vous avez vraiment cru en Allah et à ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, le jour de gloire (Furqân), le jour où se sont rencontrées les deux armées).[7]

Il a donc cité les deux principes : la révélation descendue le jour de gloire qui correspond à la victoire de Badr ; le jour où Allah a séparé entre le vrai et le faux en donnant la victoire à Son messager et à Sa religion ; en opposition à l’humiliation qu’ont reçu Ses ennemis et à leur débâcle. »[8]

Ainsi, Allah mentionne ce genre de Versets pour exprimer la nécessité de suivre le Coran en particulier indépendamment des autres Livres comme nous l’avons déjà vu à travers notamment : (Voici un Livre bénit que Nous avons descendu, suivez-le donc). C’est pourquoi, lorsque le Seigneur a mis les croyants en garde de suivre la confession des gens du Livre, Il a dit : (Les Juifs et les Chrétiens, ne t’agréeront pas tant que tu ne suivras pas leur religion. Dis-leur : la direction du Seigneur est pourtant la meilleure. Si tu suivais leurs passions, après avoir reçu la science, tu n'aurais point en Allah ni Allié ni Secoureur).[9] Il est dans ce contexte fait mention aux adeptes du noble Livre : (Ceux à qui Nous avons donné le Livre, ils le lisent convenablement, ceux-là croient en lui, mais celui qui le renie ceux-là sont les perdants).[10] Ibn ‘Abbâs a donné l’explication suivante : « Ils le suivent convenablement. » ‘Iqrima qui n’est autre que le rapporteur d’ibn ‘Abbâs, a clarifié : « Ne vois-tu pas que tu peux dire : quelqu’un lit les traces de quelqu’un, c'est-à-dire qu’il le suit. (Par le soleil et sa clarté. Et par la lune quant elle le suit).[11] Mot à mot quant elle le lit. »[12]

Cette description concerne indépendamment les gens du Livre ou les Compagnons (compte tenu de la fameuse divergence sur la question entre les exégètes). Quoi qu’il en soit, les gens du Livre reçoivent les éloges dans la mesure où ils croient au Coran et où ils le suivent effectivement comme nous l’avons déjà vu.

Et l’Évangile ?

Si l’on demandait pourquoi la plupart de ces Versets font mention uniquement de la Thora indépendamment de l’Évangile ? Nous dirions parce que l’Évangile est dans la continuité de la Thora, et qu’il en est le complément. Ibn Kathîr l’a notifié en faisant l’explication des versets 38 à 51 de la sourate Les récits : « Il est élémentaire pour les gens doués de raison, que le Très-Haut n’a pas descendu du ciel parmi les différents livres révélés, de plus complet, de plus vaste, clair, illustre, et de plus noble que le Livre descendu sur Mohammed (r), le Coran en l’occurrence. Le Livre révélé à Moïse fils de ‘Imrân se situe tout de suite après lui, dans sa noblesse et sa magnificence. Ce Livre qu’Allah a décrit ainsi : (Nous avons descendu la Thora où s’avèrent direction et lumière. Soumis, les Prophètes se référaient à sa Loi pour l’appliquer aux adeptes du judaïsme ainsi que les rabbins et les prêtres avec la Loi qu’ils ont gardée des Livres d’Allah ; ils s’en sont désignés les témoins).[13] Tandis que l’Évangile fut révélé pour justement compléter les enseignements de la Thora, et pour défaire certaines interdictions passées, infligées aux Israélites. »[14]

Le Verset suivant corrobore cette analyse : (venant confirmer les enseignements de la Thora avant moi et pour vous soulager de certains carcans qui vous étaient infligés)[15] Compte tenu que le Coran et la Thora s’avèrent plus achevés par rapport aux autres Livres, Allah les a désignés ainsi : (Dis : Présentez-moi alors un livre plus éclairé que ces deux-là afin que je le suive, si vous êtes vraiment sincères).[16]

En résumé, cette fameuse liaison a pour fonction de couper court à toute suspicion éventuelle concernant la pérennité des Livres abrogés bien que l’amalgame soit de taille. En effet, tous proviennent du Seigneur de l’univers. L’un est donc motivé par les éloges que peuvent susciter même dans l’absolu, les livres précédents, l’autre s’applique à en faire les éloges par rapport à leur premier statut, avant d’avoir subi toute altération.

C'est pourquoi le Prophète (r) s’est mis énormément en colère lorsqu’il a aperçu entre les mains de ‘Umar des feuillets de la Thora. Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah : « ‘Umar ibn el Khattâb se présenta auprès du Prophète (r) avec un livre entre les mains, qu’il avait récolté de certains gens du Livre. Quand il le lut au Prophète, ce dernier se mit en colère en disant : « Serais-tu dans le doute ? Ô ibn el Khattâb ! Par celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Je vous l’ai apporté claire et limpide. Ne leur demandez rien sinon vous risquez soit de démentir la vérité soit de croire à un mensonge. Par celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Si Mûsâ était vivant, il ne lui appartiendrait que de me suivre. » »[17]

Autre exemple

D’après un hadîth de Laïth ibn Sa’d certifié dans sahîh Muslim, selon Mûsâ ibn ‘Ulaï, selon son père : ‘Amr ibn el ‘Âs (t) se trouvait chez el Mustawrid el Qurashî lorsque ce dernier confia : « J’ai entendu l’envoyé d’Allah (r) déclarer : À l’approche de l’Heure, les romains seront les plus nombreux.

Réfléchi bien à ce que tu dis, s’exclama ‘Amr ibn el ‘Âs en le reprenant.
Et pourquoi, je ne répéterais pas, rétorqua-t-il, ce que l’envoyé d’Allah m’a appris !
S’il en est ainsi, répondit-il résigné, c’est parce qu’ils possèdent quatre vertus :

La première : ils sont les plus sages en période de troubles. La deuxième : ils sont les plus prompts face au malheur… » Il les a ainsi toutes énumérées et en a même cité une cinquième.

Les savants ont dit : ‘Amr ibn el ‘Âs (t) ne fait pas les éloges des Romains qui sont des chrétiens mécréants. Néanmoins, il explique la raison pour laquelle ils vont perpétuer leur race qui sera la plus nombreuse à la fin des temps. Cela, car ils garderont leur sang-froid en période de troubles par souci de conservation.[18]

Cette observation est vraiment pertinente. Le Prophète (r) a en effet informé qu’avant la fin du monde, les Romains seront prépondérants. Quelle en est la raison ? La réponse se trouve dans le propos même de ‘Amr ibn el ‘Âs ayant cité leurs qualités. La première étant qu’ils sont les plus raisonnables en période de troubles. C.-à-d. qu’ils se comportent avec sagesse et modération, tout en évitant de s’emporter et de se précipiter, dans le but de conserver « la race chrétienne » et de se préserver les uns les autres, ainsi que leurs alliés. En sachant pertinemment que sinon, ils seraient susceptibles de s’anéantir et de s’autodétruire.

Il est surprenant de ne pas s’approprier cette qualité concédée par ‘Amr ibn el ‘Âs aux Romains, alors qu’en principe nous en sommes les plus dignes.[19]




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[1] Le Repas Céleste ; 46

[2] Le Repas Céleste ; 48

[3] Les fourmis ; 76

[4] Tafsîr Âyât Ashkalat (1/424).

[5] L’agenouillée ; 18

[6] La famille de ‘Imrân ; 3-4

[7] Le butin ; 41

[8] Badâi’ el Fawâid (2/253).

[9] La Vache ; 120

[10] La Vache ; 121

[11] Le soleil ; 1-2

[12] Athar (annale) rapporté par Abû ‘Ubaïd dans Fadhâil el Qur-ân (p. 130), ibn Jarîr dans son Tafsîr (2/388 et 492), et ibn el Muqrî dans el Mu’jam (105) avec une chaîne narrative authentique.

[13] Le Repas Céleste ; 44

[14] Voir : el Jawâb e-Sahîh d’ibn Taïmiya (6/517).

[15] La famille de ‘Imrân ; 50

[16] Les récits ; 49

[17] Hadîth rapporté par Ahmed (3/387) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans Zhilâl el Janna (50).

[18] E-Sannûsî et el Ubî dans leur explication de sahîh Muslim.

[19] Voir : e-dhawâbit e-shar’iya ‘inda el fitan du Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh.


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