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ÞÏíã 25 Aug 2013, 05:06 PM
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La divergence sur le ‘udhr bi el jahl

(Partie 3)

5 - Sheïkh el ‘Uthaïmîn

« Je ne pense pas que le Sheïkh (Sheïkh ibn ‘Abd el Wahhâb) ne tienne pas compte du ‘udhr bi el jahl ; sauf s’il fait allusion à celui qui reste ignorant par négligence de sa part, et qui, par exemple, se détourne de la vérité. Ce dernier en effet est inexcusable.[1] Si je dis cela, c’est parce que le Sheïkh est l’auteur d’autres paroles qui expriment le contraire…

Ainsi, l’ignorant est excusable pour les actes provenant de ce dernier qui relèvent de la mécréance (en sachant que la mécréance est plus vaste que le shirk ndt.)… »[2]

Pour Sheïkh el ‘Uthaïmîn, tout le monde s’accorde sur le principe du ‘udhr bi el jahl, mais s’il y a divergence entre les savants, c’est dans la façon dont cela se traduit dans la pratique. Il est même possible que, parfois, elle porte plus sur la forme qu’autre chose.[3] Il explique notamment : « La divergence qui existe sur la question du ‘udhr bi el jahl entre dans le registre des divergences de figh qui relèvent de l’effort d’interprétation. Il est même possible que parfois, cette divergence existe uniquement dans les termes non dans les faits, en raison de la position de chacun envers un cas particulier. En d’autres termes, tout le monde s’entend à dire que telle parole ou tel acte relève de la mécréance, ou que telle abstention relève de la mécréance. Néanmoins, est-ce que ce statut s’applique à un cas particulier qui voit remplies contre lui les conditions pour le faire dans la mesure ou toute restriction qui ferait obstacle à ce statut soit exclue, ou bien que certaines de ses conditions uniquement ne soient pas remplies, ou que certaines restrictions interviennent dans le jugement ? »[4]

Ailleurs, il tranche sur la question en rejoignant le parti des pro ‘udhr dans le shirk akbar dans la mesure où le fautif n’a pas conscience d’aller à l’encontre de la vérité en commettant du shirk.[5] Il ramène la divergence des savants au laisser-aller et à la négligence des uns et des autres dans la recherche de la vérité (tafrît), et qui n’offre aucune circonstance atténuante.[6] En d’autres termes, l’ignorance qui est à l’origine d’un laisser-aller dans l’étude de la religion n’est pas excusable. Ex. : on sait qu’on va à l’encontre de la vérité dans une question, mais on ne fait pas l’effort de la rechercher.[7]

La question du ‘udhr bi el jahl prend ses racines dans le sens général des textes scripturaires de l’Islam. Personne n’est à même de ramener une preuve la remettant en question.[8] Il n’y a pas de place pour les sentiments dans les questions qui touchent à la religion ; seuls les textes font autorités. Or, le Seigneur (U) nous dit bien : « Ma Miséricorde devance Ma Colère ! » Comment peut-on être coupable d’un péché quand on n’a même pas conscience que s’en est un ![9] Il se demande comment ses élèves peuvent-ils encore douter de la chose. Il s’étonne qu’elle soit encore confuse dans leur esprit.

Il va jusqu’à qualifier l’autre opinion, celle des anti ‘udhr, de faible ! Selon lui, elle va à l’encontre des grandes références qui ne font pas la différence entre les formes d’ignorance ; de la même façon qu’il est concevable que certains ne connaissent pas le statut de la prière, il en est de même pour celui qui ne sait pas qu’il est interdit de se prosterner devant une idole. Ces questions ne sont pas laissées à l’initiative des uns et des autres ; la raison n’y a pas sa place. Il revient uniquement aux textes de trancher sur la chose. Nous ne sommes pas plus avisés que le Législateur, et nous n’avons pas le droit de nous insérer dans Sa Miséricorde ni de la réduire à notre compréhension étroite.

Il remet complètement en cause l’allégation selon laquelle le mîthâq qu’Allah a pris sur la descendance d’Adam avant leur création est suffisant pour établir la preuve céleste contre elle. À quoi servirait l’envoi des messagers si tel était le cas, interpelle-t-il ? Ensuite, il impute la distinction entre les usûl et les furu’ dans les questions du takfîr aux théologiens du kalâm.[10] Il reprend exactement la démonstration d’ibn Taïmiya que nous avons étalée dans un autre article. Il est même l’un des contemporains qui a le mieux exposé la question. Comment peut-on avancer après cela que Sheïkh el ‘Uthaïmîn ne voit pas le ‘udhr bi el jahl dans le shirk akbar ?

Fa innaha la tu’mî el absâr…

6- Sheïkh ‘Abd el Muhsin el ‘Abbâd

Sheïkh ‘Abd el Muhsin el ‘Abbâd ramène un passage de la préface d’ibn Bâz au livre d’el Ghabashi, et dans lequel il fait état de la divergence sur le sujet. il l’introduit en ces termes : « Quiconque voue toute forme d’adoration à un autre qu’Allah devient païen et mécréant. Il faut comprendre ce jugement dans l’absolu (en règle général) et il est valable pour les personnes en général ayant eu accès à la révélation. Quant au cas particulier, si quelqu’un voue une forme d’adoration à qui que ce soit en dehors d’Allah (comme l’invocation des morts, et leur appel au secours) dans la situation où la personne en question est ignorante, il faut s’abstenir de la condamner avant de lui démontrer son erreur et de fermer les portes à toute excuse. Telle est la première opinion recensée sur la question (concernant el ‘udhr bi el Jahl). »

Puis, après avoir ramené les avis d’ibn Taïmiya, de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et ses élèves, il conclut : « … [Selon certains ignorants], Sheïkh el Islam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb taxerait tous les musulmans d’apostasie sans détail et ferait des généralités dans son jugement. Cependant, ses tendances s’appliquent uniquement à celui à qui les Textes seraient parvenus et qui aurait assimilé les arguments qui lui sont exposés. D’autre part, à ma connaissance, une partie infime de chercheurs et étudiants affiliés à la sunna, s’opposent aux partisans de cette analyse, bien qu’elle soit conforme à celle de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya, Sheïkh el Islam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et d’autres savants. En outre, il vaut mieux se tromper en faisant preuve de clémence sur des points ambigus, que de se tromper dans son jugement porté à punir.

Sans compter que leur critique à l’encontre de cette opinion établie par nos deux doyens – et en faisant preuve d’acharnement pour prouver le contraire – ouvre la porte aux mauvais épieurs à l’affût des traditionalistes ; ceux-là mêmes qui pêchent en eau trouble. Ils se prennent ainsi à faire l’écho des ennemis de l’Islam et de ses adeptes prétendant que les extrémistes qui sèment la terreur et la destruction se réfèrent à l’enseignement basé sur les œuvres de Sheïkh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et d’autres savants traditionalistes. Ces allégations sont un tissu de mensonges et de calomnies venant de la part aussi bien de leurs auteurs que de leurs échos…

L’extrémisme constaté chez certains dissidents est le fruit de leur mauvaise compréhension ; cela fait d’eux des marginaux insurgés contre la société. Leurs exemples sont plutôt du côté des kharijites connus pour s’être marginalisés et insurgés contre les Compagnons en raison de leur mauvaise conception des choses ; chaque groupe ayant ses héritiers. Qu’Allah nous aide ! »[11]

Ailleurs, il fait, au même titre que ses prédécesseurs, la distinction entre l’acte (shirk/kufr) et l’auteur de l’acte. Il impose l’iqâma el hujja avant de le considérer mushrik kâfir. Il tient donc compte du ‘udhr bi el jahl dans le shirk akbar, et conditionne avant de taxer un tel d’apostat qu’il est bien compris le message qu’on lui a transmis. Malheureusement, dans certains pays, la chose n’est pas claire, surtout quand des pseudos savants ont une mauvaise influence. Il conclut enfin que le principe du ‘udhr a reçu l’aval de nombreux savants à travers les époques.[12] Dernièrement, il conseille de ne pas en faire son cheval de bataille, ni d’être à l’affût des paroles des uns et des autres, qu’est-ce qu’un tel à dit sur un tel… etc. Il y a plus important à faire, comme l’étude de la religion.[13]

7- Sheïkh Muqbil

Sheïkh Muqbil voit également le ‘udhr bi el jahl, bien qu’il conçoive que la divergence sur le sujet puisse exister et qu’elle n’implique pas de jeter l’anathème sur l’adversaire.[14] En cela, toute polémique entre salafi sur le sujet est purement stérile !

8- Sheïkh el Fawzân

Je me hasarde ici à ramener des paroles de Sheïkh el Fawzân, qui, bien qu’apparemment il ne voit pas le ‘udhr bi el jahl dans le shirk akbar (ne serait-ce que dans les faits), tolère la divergence qui existe entre les savants. Il souligne en effet : « Quant à taxer d’apostat un cas particulier, la question est sujette à divergence entre les savants. Il incombe en effet de réunir les conditions et d’exclure toute restriction possible avant de sortir un individu de la religion. »[15]

Ailleurs, il explique que cette question qui touche à la Loi divine, revient aux vrais savants, non aux ignorants ou aux savants autoproclamés. Il existe deux sortes d’ignorance : une qu’il est possible de remédier en s’informant auprès des savants à sa disposition, et l’autre qu’il est impossible de remédier, car loin du monde et de tout contact extérieur. Ainsi, si la négligence du premier ne joue pas en sa faveur, ce n’est pas le cas pour l’incapacité du second. Pour toute la période où il n’a pas accès au savoir, il reste excusable.[16] Il peut certes très bien faire allusion aux non-musulmans, mais il est encore plus explicite ailleurs où il distingue entre l’annulation de l’Islam établie par consensus, et un fautif éventuel. Il ne faut pas se précipiter, à ses yeux, de le taxer de mécréant, car il peut très bien avoir été motivé par l’ignorance ou l’erreur d’interprétation. Il a pu également être induit en erreur par son suivisme (taqlîd).[17]

Dans el mukhtasar ‘alâ el ‘aqîda e-nûniya (p. 1329), il va jusqu’à donner des excuses au commun des gens parmi les shiites râfidhites, car ignorant des tenants et aboutissants de leur véritable croyance. Quoi qu’il en soit, cela ne veut pas dire que Sheïkh n’a pas un autre discours, mais les faits sont là.

Ailleurs, on l’interrogea sur l’istighâtha bi el djinns, et quand on lui demanda s’il incombe au fautif de refaire l’attestation de foi, voici quelle fut sa réponse : « Il doit se repentir à Allah ; dans la situation où il était ignorant, il se contente de se repentir, mais s’il l’a fait en toute connaissance de cause, alors il doit renouveler son adhésion à l’Islam. »[18]

À suivre…




[1] C’est le fameux kufr i’râdh et le kufr ‘inâd d’ibn el Qaïyim. Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh tient un discours de ce genre dans son sharh kashf e-shubuhât.

[2] Sharh kashf e-shubuhât (p. 46-62).

[3] Voir : Fatâwâ arkân el islâm

[4] Sharh kasf e-shubuhât (p. 46-62).

[5] Sharh el mumti’ (6/193).

[6] Voir : sî’at Rahmat Rabbi el ‘Âlamîn lil Juhhâl el Mukhâlifîn li e-Sharî’a min el Muslimîn de Saïd ibn Sa’d e-Dîn el Ghabashi (p. 83).

[7] Voir : Durûs wa fatâwâ el haram el makkî de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (année 1411 h. cassette n° 9/a).

[8] Voir : Liqâ-ât el bâb el maftûh de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (33/question nº 12).

[9] Idem.

[10] Sharh sahîh el Bukhârî (cass. n° 21/b)

[11] Sharh shurût e-salât.

[12] Voir : kutûb wa rasâil ‘Abd el Muhsin el ‘Abbâd (4/372).

[13] Audio : sharh sahîh el Bukhârî à la mosquée du Prophète en date du 2/04/2013.

[14] Voir : ghâra el ashrita ‘alâ ahl el jahl wa e-safsata (2/296-297), et plus loin où il signe (2/447-448).

[15] Voir : satta mawâdhi’ min e-sîra dans silsila sharh e-rasâil (p. 117).

[16] Voir : e-liqâ el usbû’î (n° 32) en date du 14/1/1423.

[17] Voir : sharh e-dalâil fî hukm muwâlât ahl el ishrâk (p. 212) ; voir également : el ijâbât el muhimma fi el mashâkir el mullimma (p. 139).

[18] Audio : burûgh el marâm en date du 29/07/1433 h.

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