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ÞÏíã 09 Dec 2014, 05:47 PM
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Le consensus Vs le hadîth de la shafâ’a
(Partie 4)


L’explication du hadîth de l’Intercession


Selon le hadîth précédemment cité, les musulmans désobéissants ayant fourni l’essence du tawhîd jouiront de l’intercession dans l’au-delà. Puis, avec Sa Main, Allah sortira de l’Enfer une poignée d’hommes qui n’auront fait aucun bien au cours de leur vie.[1] Les savants divergent sur l’interprétation de ce hadîth. Pour ibn Khuzaïma, il s’agit de ceux qui n’ont pas fourni parfaitement (tamâm et kamâl) les actes.[2] En d’autres termes, le minimum acceptable est la croyance du cœur, la parole, et certains actes des piliers de la foi comme la prière. D’autres savants, comme ibn ‘Abd el Barr,[3] ibn Rajab,[4] ibn el Wazîr,[5] el Qurtubî,[6] Nawawî qui l’impute à Qâdhî ‘Iyâdh,[7] ibn Taïmiya,[8] ibn el Qaïyim,[9] ibn Kathîr,[10] San’ânî,[11] ibn Hajar qui l’impute à e-Zarkashî,[12] Mohammed Harrâs dans sa recension à kitâb e-tawhîd (p. 309), l’interprètent autrement. Ils le prennent au sens littéral. Pour eux, en effet, il s’agit de ceux qui n’ont fourni aucune œuvre, mais gardant au moins, pour reprendre l’expression d’ibn Rajab, l’essence du tawhîd, qui renferme qawl el qalb, ‘amal el qalb et qawl e-lisân.


Le tawhîd en question, comme l’explique ibn Taïmiya, est la parole qui distingue entre les habitants du Paradis et ceux de l’Enfer, et qui est la condition pour devenir musulman.[13]


L’avis d’ibn Hazm


En explication au hadîth e-shafâ’a, ibn Hazm souligne : « En négligeant tous les actes, on est un croyant désobéissant, avec une foi faible, mais sans devenir mécréant. »[14] Ailleurs, il explique que l’essence de la foi se résume dans la croyance et la parole.[15]


Ailleurs, après avoir réfuté en détail les murjites qui n’imposent pas la prononciation verbale pour prétendre à la foi : « On ne devient pas mécréant en délaissant les actes, mais uniquement en délaissant la parole. La raison, c’est que le Messager (r) jugea mécréant le fait de renoncer à la parole. En parallèle, il accordait une foi valable à celui qui connaissait la vérité avec le cœur tout en l’exprimant avec la langue ; il savait que tôt ou tard, il sortirait de l’Enfer, même sans n’avoir fait aucun bien. »[16]


« La foi est un nom générique qui renvoie à plusieurs notions… Notamment, elle renvoie à ce qui est antonyme à la mécréance, ou antonyme à la perversité, non à la mécréance. Une partie consiste à délaisser certains éléments sans devenir ni mécréant ni pervers. Pour la première partie, il s’agit de la résolution du cœur et de la reconnaissance verbale. Celle-ci est antonyme à la mécréance.
Pour la seconde partie, il s’agit des actes obligations, qui en les délaissant, on devient pervers non mécréant.
Pour la dernière partie, il s’agit des actes surérogatoires, qui en les délaissant, on ne devient ni mécréant ni pervers. »[17]


On peut toujours rétorquer qu’ibn Hazm était un jahmî, comme le souligne ibn ‘Abd el Hâdî. En réponse, nous disons oui, mais uniquement dans le domaine des Noms et des Attributs divins, non dans celui de la foi. Sheïkh el Islâm nous fait l’éloge du personnage en disant qu’il était conforme au traditionalisme dans le domaine du destin et de l’irja.[18]


Il est possible qu’on ne se laisse pas convaincre par cet argument, alors que dire des paroles d’ibn Taïmiya lui-même, et que je reproduis ici : « Celui qui croit que seuls les actes peuvent servir à l’individu va à l’encontre du consensus et son idée est complètement fausse pour les raisons suivantes… »[19] Ensuite, il explique dans le cinquièmement que les individus dont le hadîth fait mention, sauront sauver par la Miséricorde d’Allah, non par leurs actes. Mieux, Abû Bakr ibn el Muhib e-Sâmit est l’un des élèves les plus intimes d’ibn Taïmiya. Il est l’auteur d’un ouvrage qui est encore à l’état de manuscrit et dans lequel il reproduit les paroles extraordinaires de son maitre : « L’individu peut déceler une foi infime dans son cœur sans faire aucune œuvre pieuse. La négation dans le hadîth en question porte sur les actes, non sur les paroles. Il faudrait plutôt dire qu’en fournissant les deux attestations de foi sans fournir d’actes extérieurs jusqu’à la mort, on n’aura fait aucune bonne œuvre dans sa vie. Cependant, cela ne concerne pas forcément les paroles, conformément au Verset : [c’est vers Lui, que remontent les bonnes paroles qui sont poussées par les bonnes œuvres].[20] En disant que la négation ne porte pas sur la croyance du cœur et de la parole, nous n’allons pas à l’encontre du Coran. »[21] Ailleurs, il a d’autres paroles qui vont dans ce sens.[22]


D’autres savants font également la distinction entre le asl et le far’, comme ibn Manda,[23] el Marwizî,[24] e-Tabarî,[25] el Fudhaïl ibn ‘Iyâdh,[26] el Baïhaqî,[27] Abû Mohammed el Yamanî,[28] etc.
Safar el Hawâlî, dont le fameux Zhâhirat el irjâ est devenu le fer de lance de la campagne anti-Albânî concède lui-même que dans certains cas, certes rares, la foi décelée dans le cœur est tellement faible qu’elle ne peut s’exprimer dans les actes.[29]


Au sujet de l’intercession prophétique dans l’autre monde, ibn el Bannâ, un savant Hanbalite qui fut contemporain à ibn Hazm, établit dans un ouvrage consacré à la réfutation des innovateurs : « Tout musulman qui entre en Enfer, en sortira un jour ou l’autre, selon notre tendance, « grâce » à son intercession, ou celle d’un autre, et, surtout, de La Miséricorde d’Allah Tout-Puissant. Il n’y restera dès lors plus personne ayant prononcé au moins une fois dans sa vie : lâ ilâh illâ Allah avec foi et sincérité exclusive, quand bien même, elle délaisserait après cela, les actes d’obligations. »[30]


Les musulmans gagnent le Paradis « grâce » à l’essence de la foi


Les musulmans gagnent le Paradis « grâce » à l’essence de la foi indépendamment de savoir dans quelle mesure cela est suffisant ou non. Tous les traditionalistes s’accordent sur ce point.


En explication au hadîth « Cinq prières dans un jour et une nuit… »[31], Ibn ‘Abd el Barr établit : « Il démontre notamment qu’un musulman ne faisant pas la prière est sous la Volonté divine. La condition, c’est qu’il soit monothéiste, qu’il croit, donne foi et reconnait les enseignements apportés par Mohammed (r), même « sans fournir d’acte ». Ce passage réfute les mu’atazilites et les kharijites toute tendance confondue. Ne vois-tu pas qu’en reconnaissant l’Islâm au moment d’y adhérer, on devient musulman avant même de devoir faire la prière et le jeûne du ramadhân. Il a ainsi fourni la reconnaissance verbale, la croyance, et la résolution intérieure. D’un point de vue purement théorique, la seule façon de le renvoyer à la mécréance, c’est de lui enlever la chose par laquelle il est devenu musulman. Autrement dit, en reniant ce qu’il a cru et reconnu. »[32]


En commentaire au v. 158 de la s. Le bétail, Saffârînî affirme : « Il existe trois cas de figure qui répondent aux caractéristiques permettant de se faire appeler légitimement « croyant », à condition de rester ainsi jusqu’au jour où le soleil se lèvera de l’Occident :
  • On est soit un croyant ayant sombré dans les péchés : [et qui n’a récolté aucun bien dans sa foi].
  • Soit on est un croyant ayant mélangé de bonnes et de mauvaises actions.
  • Soit un croyant ayant fait repentance de ses péchés, et ayant récolté dans sa foi du bien dans la mesure du possible.
Pour le premier, sa foi antérieure à l’événement (dénuée des actes) lui sera utile, car il renferme en lui l’essence du salut. Il n’éternisera pas en Enfer, même s’il doit y passer un séjour à cause de ses péchés, mais sa foi antérieure lui sera utile. »[33]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/

















[1] Rapporté par el Bukhârî (7439) et Muslim (183).

[2] E-tawhîd (2/732).

[3] E-tamhîd (23/290).

[4] E-takhwîf min e-nâr (p. 259).

[5] El ‘awâsim min el qawâsim (9/102).

[6] Comme le rapporte ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan dans fath el Majîd (p. 45) ; voir : e-tadhkira de Qurtubî (h n° 347)

[7] Sharh sahîh Muslim (3/31).

[8] Majmû’ el fatâwa (16/47).

[9] Hâdî el Arwâh (p. 269), madârij e-sâlikîn (1/339).

[10] Voir : son tafsîr (3/148).

[11] Raf’ el astâr (p. 120-123).

[12] Fath el Bârî (12/429).

[13] Majmû’ el fatâwa (24/235).

[14] El mahallâ (1/40).

[15] El fisal (3/118).

[16] E-durra (p. 337-338).

[17] El fisal (3/255).

[18] Majmû el fatâwa (4/18-19).

[19] Jâmi’ el masâil (5/203).

[20] Le Fondateur ; 10

[21] Livre manuscrit. Ce passage peut effectivement poser problème, et, en admettant qu’il ne soit pas d’ibn Taïmiya (les ajouts de scribes sont courants), cela ne remet nullement en question ses positions, comme en témoignent ses autres passages sur le sujet. Un ami est actuellement attelé à la recension de ce fameux ouvrage en espérant que nous en apprendrons plus sur la chose.

[22] Majmû el fatâwa (7/637, 10/355, 11/131, 20/90-94).

[23] El îmân (1/321-322).

[24] Ta’zhîm qadr e-salât (2/711).

[25] E-tabsîr (p. 188).

[26] E-sunna de ‘Abd Allah le fis de l’Imam Ahmed (1/343, 347, 374).

[27] El i’tiqâd (2/212).

[28] ‘Aqâid e-thalâtha wa e-sab’în firqa (1/313).

[29] Zhâhirat el irjâ (p. 529 et 657).

[30] Voir : e-radd ‘alâ el mubtadi’a d’ibn el Bannâ el Hanbalî (471 h.).

[31] Rapporté par Ahmed (n° 22185).

[32] Voir : hidâyat el mustafid min kitâb e-tamhîd du Sheïkh ‘Atiya Sâlim (3/290).

[33] Lawâmi’ el Anwâr (2/134).

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