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ÞÏíã 13 Aug 2014, 03:51 PM
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Les Sheïkh ibn Bâz et el Fawzân, font-ils partie des murjites contemporains de l’intérieur ?

(Partie 2)

Sheïkh el Fawzân

Bien qu’apparemment il ne voit pas le ‘udhr bi el jahl dans le shirk akbar (ne serait-ce que dans les faits), il tolère toutefois la divergence qui existe entre les savants. Il souligne en effet : « Quant à taxer d’apostat un cas particulier, la question est sujette à divergence entre les savants. Il incombe en effet de réunir les conditions et d’exclure toute restriction possible avant de sortir un individu de la religion. »[1]

Ailleurs, il explique que cette question qui touche à la Loi divine, revient aux vrais savants, non aux ignorants ou aux savants autoproclamés. Il existe deux sortes d’ignorance : une qu’il est possible de remédier en s’informant auprès des savants à sa disposition, et l’autre qu’il est impossible de remédier, car loin du monde et de tout contact extérieur. Ainsi, si la négligence du premier ne joue pas en sa faveur, ce n’est pas le cas pour l’incapacité du second. Pour toute la période où il n’a pas accès au savoir, il reste excusable.[2] Il peut certes très bien faire allusion aux non-musulmans, mais il est encore plus explicite ailleurs où il distingue entre l’annulation de l’Islam établie par consensus, et un fautif éventuel. Il ne faut pas se précipiter, à ses yeux, de le taxer de mécréant, car il peut très bien avoir été motivé par l’ignorance ou l’erreur d’interprétation. Il a pu également être induit en erreur par son suivisme (taqlîd).[3]

Dans el mukhtasar ‘alâ el ‘aqîda e-nûniya (p. 1329), il va jusqu’à donner des excuses au commun des gens parmi les shiites râfidhites, car ignorant des tenants et aboutissants de leur véritable croyance. Quoi qu’il en soit, cela ne veut pas dire que Sheïkh n’a pas un autre discours, mais les faits sont là.

Ailleurs, on l’interrogea sur l’istighâtha bi el djinns, et quand on lui demanda s’il incombe au fautif de refaire l’attestation de foi, voici quelle fut sa réponse : « Il doit se repentir à Allah ; dans la situation où il était ignorant, il se contente de se repentir, mais s’il l’a fait en toute connaissance de cause, alors il doit renouveler son adhésion à l’Islam. »[4]

Sheïkh el Fâwzân a également préfacé l’excellente recherche, que l’adversaire se targue de mettre en avant ‘âridh el jahl de Râshid e-Râshid et dans lequel il fait la synthèse de sa position en disant : « … Quant à celui qui commet du shirk, dans la mesure où il n’a pas accès à la science, comme ceux qui vivent dans les pays non-musulmans et dans les sociétés où il n’y a pas de prédicateurs qui appellent au tawhîd, de sorte qu’il ne peut remédier à son ignorance, dans ce cas, il est excusable, selon l’opinion la plus vraisemblable des savants. »[5]

Ensuite, je me suis paradoxalement aidé de son livre[6] pour faire la classification suivante :

En faisant en effet un résumé des paroles des savants des différentes tendances sur le sujet, on se rend compte paradoxalement que leur discours se rejoint.

• Les cas où l’ignorance n’est pas une excuse dans les questions évidentes, non dans les questions subtiles qui réclament de faire iqâma el hujja.

Celui qui vit en terres musulmanes ou dans un pays limitrophe.
Celui qui vit à une époque où le savoir est répandu et accessible à tous.
Celui qui a la possibilité de poser des questions aux savants sur les choses qu’il ignore.

• Les cas où l’ignorance est un facteur excusable dans les questions évidentes et à fortiori dans les questions subtiles

Celui qui vit dans les périodes de fatra (sans prophétie) ou dans celle où la lumière de la prophétie s’est estompée.
Celui qui vit en terre ennemi, étant donné qu’en principe, le savoir n’y est pas répandu.
Le Bédouin qui vit loin des villes.
Le nouveau converti.
Et, par analogie, tous ceux qui répondent au même signalement.

Ainsi, comme nous l’avons vu, l’état d’ignorance n’est pas une excuse en soi, mais il faut tenir compte d’un facteur qui est extérieur à l’individu et qui est indépendant de sa volonté, soit l’impossibilité d’avoir accès au savoir, pour une raison ou pour une autre. Wa Allah a’lam !

Ce même Sheïkh el Fâwzân est l’auteur de la préface à dahr iftirâât ahl e-zaïgh wa el irtiyâb ‘an da’wa el imâm Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb de Sheïkh Rabî’ el Madkhalî, et qui est une réfutation à el Hasan ibn Farhân el Mâlikî. L’auteur s’inspire de plusieurs citations des savants de aimmat e-da’wa pour légitimer le principe du ‘udhr bi el jahl.

Ainsi, les passages du Sheïkh el Fawzân laissant entendre que les tenants du ‘udhr bi el jahl aient sombré dans l’irja contredisent son autre discours que nous venons de mentionner. Nous avons vu plus haut qu’aucun savant n’est à l’abri de la contradiction, et notre doyen, aussi éminent soit-il, n’échappe pas à la règle. Quoi qu’il est possible de les orienter dans le bon sens, en disant qu’il fait allusion aux détracteurs de la da’wa najdite, qui, depuis l’époque de l’Imam Mohammed, à l’instar de Sulaïmân ibn ‘Abd el Wahhâb, Dâwûd ibn Jarjîs, ‘Uthmân ibn Mansûr, et ibn ‘Ajlân, véhiculent des arguments fallacieux contre les traditionalistes. en voici quelques-uns :

Sulaïmân ibn ‘Abd el Wahhâb, cherchait à atténuer les méfaits de l’association.[7]
Pour reprendre les paroles d’Abd e-Rahmân ibn Hasan (le petit-fils de l’Imam), ibn Jarjîs autorisait l’istighâthâ bi ghaïr Allah (invoquer le secours à une créature),[8] ou pour reprendre celles de son fils ‘Abd e-Latîf, ibn Jarjîs considérait que cette pratique relevait du shirk asghar, pour ne pas dire qu’elle était recommandée.[9]
Ibn Jarjîs et ‘Uthmân ibn Mansûr, qui malheureusement reçut sa mauvaise influence, prétendaient, en s’appuyant sur des textes d’ibn Taïmiya et d’ibn el Qaïyim, que tous les ignorants sans détail étaient excusables. Or, l’ignorance n’est pas une excuse en elle-même, mais l’incapacité d’avoir accès à la vérité, à condition, bien sûr, de la rechercher.
Dâwûd ibn Jarjîs et ibn ‘Ajlân prétendaient aussi que l’erreur d’interprétation rapportait systématiquement une récompense en plus du fait qu’elle était excusable. Ils imputaient cette opinion à ibn Taïmiya et son élève ibn el Qaïyim comme nous l’avons vu. Ils voulaient faire passer l’idée que seul un obstiné pouvait sortir de l’Islam. Le suivisme aveugle et l’ignorance seraient, à leurs yeux, dans tous les cas excusables.
Dâwûd ibn Jarjîs ne pénètre pas certaines nuances. Il attribue à ibn Taïmiya et à son élève un discours erroné. Il s’imagine qu’ils ne condamnent pas ces pratiques païennes. Pire, il s’imagine que l’erreur dans ces domaines rapporte une récompense dans l’absolu à celui qui n’en a pas connaissance. Or, il incombe de distinguer entre l’acte auquel le Législateur donne le statut d’« association », de « mécréance » ou de « perversité » et la personne. Le fait qu’une personne peut être excusable, cela ne rend en aucun cas son acte louable. Il y a une différence entre le statut d’un acte et le statut de son auteur.[10]
‘Abd e-Latîf reproche à ibn Jarjîs d’accorder de façon formelle l’excuse de l’ignorance aux quburites, et, par rapport à cela, de stigmatiser les savants de aimmat e-da’wa.[11]

Selon Ziâd ibn Hudaïr (t), ibn ‘Omar m’a dit : « Sais-tu qui peut ruiner l’Islam ?

Non, répondis-je !

Un savant qui commet une erreur, un hypocrite qui se sert du Coran pour polémiquer, et des émirs égarés au pouvoir. »[12]

En commentaire à ce hadîth, Sheïkh el Fawzân souligne : « Ibn ‘Omar, le fils du Prince des croyants ibn el Khattâb (t), est l’auteur d’une annale dans laquelle il met en lumière les facteurs qui font du mal à la religion musulmane et à ses adeptes, et pouvant même la ruiner.

« Un savant qui commet une erreur » : une mauvaise fatwa, par exemple risque, d’égarer les gens qui la prendront pour argent comptant, car venant du savant un tel. En faisant des fatwas, on s’aventure dans une pente très glissante ; le savant a une lourde responsabilité. C'est pourquoi il doit bien réfléchir avant de se prononcer, peser les conséquences de ses paroles, et ne pas sortir du cadre des textes religieux. Sa fatwa n’aura pas le même impact que si elle venait d’une personne quelconque, et qui d’entrée n’est pas crédible. L’erreur du savant de notoriété publique est lourde de conséquences. En gardant cela à l’esprit, il prendra doublement ses précautions, et n’avancera rien avant de s’en assurer…. »[13]






[1] Voir : satta mawâdhi’ min e-sîra dans silsila sharh e-rasâil (p. 117).

[2] Voir : e-liqâ el usbû’î (n° 32) en date du 14/1/1423.

[3] Voir : sharh e-dalâil fî hukm muwâlât ahl el ishrâk (p. 212) ; voir également : el ijâbât el muhimma fi el mashâkir el mullimma (p. 139).

[4] Audio : burûgh el marâm en date du 29/07/1433 h.

[5] ‘âridh el jahl (p. 224).

[6] ‘âridh el jahl (p. 213).

[7] Sulh el ikhwan mi ahl al-imam (p. 121).

[8] Voir : Kashb ma alqâhu iblîs (p. 54).

[9] Voir : manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 268-269).

[10] Idem.

[11] Voir : manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 266-267).

[12] Rapporté par e-Dârimî dans e-sunna (99).

[13] Sharh usûl el îmân.

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