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ÞÏíã 25 Jun 2012, 06:14 PM
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La place des actes dans la pensée murjite

(Partie 3)




Ishâq ferait allusion à une tendance des murjites ultra




Concernant le passage : « Ils pensent que nous remettons à Allah le sort (yurja amruu ilâ Allah)d’un tel individu. L’essentiel, à leurs yeux, c’est qu’il les reconnaît. Nul doute qu’ils sont des murjites ! »




Dans une autre annale, Ishâq ibn Rahawaïh tente de donner sa définition de l’irjâ.[1] Honnêtement, le passage en question est obscur, mais il semble expliquer que les murjites ultra, comme les nomment ibn Taïmiya,[2] remettent le sort à Dieu des auteurs des grands péchés, comme nous l’avons vu avec la troisième hypothèse venant de Shahristânî sur l’origine du terme. Ils diffèrent leur jugement au Jour de la résurrection, sans savoir aujourd’hui s’ils sont des gens de l’Enfer ou du Paradis. Ils se font appeler les wâqifa pour leur « abstention », et s’inscrivent en porte à faux avec les muhakkâma, une secte kharijite. Nous parlerons plus en détail de cette tendance, in shâ Allah, dans un prochain article.




Ishâq parle de ceux qui refusent de faire l’istithnâ




Concernant le passage : « Par ailleurs, ils se divisent en plusieurs catégories : certains, notamment, affirment qu’ils sont absolument croyants, sans n’émettre la restriction qu’ils sont croyants auprès d’Allah. Ils sont les plus proches de la vérité, car ils disent que la foi est composée des paroles et des actes. »




Selon Sulaïmân el Ash’ath Abû Dâwûd e-Sijistânî, j’ai entendu quelqu’un interroger Abû ‘Abd Allah : « Peut-on me reprocher de dire je suis croyant ?

- Ne dis pas simplement : je suis absolument ou réellement croyant, ou bien je suis croyant auprès d’Allah. »[3]




Dans un échange qui opposa l’Imâm Ahmed à l’un de ses contemporains qui était venu pour l’interroger sur l’îmân : « Elle se compose de la parole et des actes, lui répondit-il.

- Est-ce qu’elle monte ?

- Elle monte et elle descend.

- Est-ce que je peux dire : je suis croyant in shâ Allah ?

- Oui.

- Mais, ils me disent que cela revient à donner de ma croyance !

- C’est une très mauvaise parole. »




Puis, le sheïkh en question sortit avant qu’il se fasse rappeler par l’Imâm qui lui demanda à son tour : « Ne disent-ils pas que la foi se compose des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend ?

- Si !

- Alors ils reconnaissent l’istithnâ.

- Comment cela, Abâ ‘Abd Allah ?

- Dis-leur : d'un côté, vous prétendez que la foi se compose des paroles et des actes, mais vous avez fourni la parole sans fournir les actes. L’istithnâporte donc sur ces fameux actes.

- Peut-on faire l’istithnâpour parler de la foi, lui demanda-t-on ?

- Oui, en disant : je suis croyant in shâ Allah »[4]




Sulaïmân ibn Harb explique que l’Imâm met l’accent sur le fait qu’on n’est pas sûr que ses œuvres soient acceptées par Allah.[5] Il peut également faire allusion à ce dont on est sûr, et sur quoi on a aucun doute, mais tout en s’en remettant à Dieu, et en reposant ses espoirs en Lui.[6] Ailleurs, l’Imâm ne voit pas d’inconvénient ou presque à ce qu’on refuse de faire l’istithnâ, mais à condition de dire que la foi se compose des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend.[7]




On interrogea l’Imâm Ahmed sur celui qui dit que la foi monte et descend. Ce dernier répondit : « Il n’a aucun lien avec l’irjâ. »[8] La raison, c’est que ce crédo repose sur l’intégration des actes dans la définition de la foi.




• Un jour, on demanda à l’Imâm : « Qui sont les murjites ?

- Ce sont ceux qui disent que la foi se compose de la parole sans les actes. »[9]




• Il disait également sur ceux ne reconnaissant pas que la foi se compose des paroles et des actes : « Ce sont des murjites ! »[10]




• Mis’ar ibn Qidâm voyait que la foi se composait des paroles et des actes, sauf qu’il refusait de dire je suis croyant in shâ Allah (l’istithnâ), et le justifiait en disant : « Moi, je ne doute pas de ma foi. »[11] Pourtant, l’Imâm Ahmed l’innocentait de l’irja.[12]




Sheïkh el Islamexplique que l’Imâm Ahmed ne le comptait pas parmi les murjites, qui, contrairement à lui, sortaient les actes de la définition de la foi. Il justifiait simplement qu’il ne doutait pas sur sa foi.[13]




Pourtant, certaines annales rapportent que l’Imâm était sévère contre ceux qui ne voyaient pas l’istithnâ,[14] mais il visait en réalité ceux qui sortaient les actes de la définition de la foi. Certains anciens disaient également que renoncer à l’istithnâ est le premier pas dans l’irja.[15] Cela ne veut pas dire que d’y renoncer on est forcément un murjite, wa Allah a’lam !




• Son fils l’interrogea une autre fois sur ceux qui disaient que la foi est composée des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend, mais sans faire l’istithnâ : « Est-il un murjite ?

- Je pense qu’il n’en est pas un ! »[16]




• On le questionna également sur celui qui dit : « Je suis croyant pour moi par rapport aux lois terrestres et à l’héritage, mais je ne sais pas si je le suis auprès d’Allah.

- Ce n’est pas un murjite, assura-t-il en réponse. »[17]




En revanche, ibn Hanbal est intraitable envers la tendance qui confine la foi dans la parole, tout en reconnaissant qu’elle monte, mais sans descendre.[18] Même jugement envers celle qui, très proche de l’autre, la confine dans la parole, bien qu’elle considère les actes comme des lois (sharâi’) par rapport à la foi.[19]




Ainsi, Ahmed ne concède pas à Ishâq qu’en refusant de faire l’istithnâ, on est forcément murjite, comme nous l’avons vu. Il y a d’ailleurs d’autres points avec lesquels il n’est pas forcément d’accord avec lui, comme dans l’exemple suivant :




Selon Harb ibn Ismâ’îl, j’ai entendu quelqu’un interroger Ishâq ibn Rahawaïh : « Quelqu’un qui dit : je suis réellement croyant ?

- Il est réellement mécréant ! »[20]




Selon Ziyâd ibn Dâwûd, j’ai entendu dire Ahmed ibn Hanbal : « Je n’aime pas qu’on dise : je suis réellement croyant, mais je ne voue pas à la mécréance celui qui le dit. »[21]




Quoi qu’il en soit, les murjites s’entendent à sortir les actes de la définition de la foi. Quant aux déviations que l’on peut trouver dans le chapitre de la foi, celles-ci proviennent soit des implications de cette croyance (interdire toute variation, tout fractionnement, la coexistence de la croyance et la mécréance chez un seul individu, imaginer une foi sans qu’elle ne se reflète sur les actes, ou en d’autres termes, une foi sans acte). Soit celles-ci proviennent d’un traditionaliste qui intègre les actes dans la définition de la foi, mais qui rejoint ou plus précisément qui coïncide avec les murjites sur un point donné (interdire que la foi descende, et renoncer à l’istithnâ). Ce dernier n’a aucun lien avec l’irja.




Lesmurjites sortent les actes de la définition de la foi




Selon Hamdân ibn ‘Alî el Warrâq, j’ai fait remarquer à Ahmed devant qui on avait évoqué les murjites : « Ils disent qu’en connaissant Son Seigneur avec le cœur, on est croyant.

- Ce sont les jahmitesqui disent cela, non les murjites. Ces derniers disent qu’on le devient en l’attestant avec la langue tout en le mettant [ou : mais sans le mettre]en pratique dans les actes. Tandis que les premiers disent qu’on le devient en connaissant Son Seigneur avec le cœur, mais sans le mettreen pratique dans les actes… »[22]




Selon un chercheur, il y aurait un manque dans le manuscrit original, et sans cet ajout entre crochets le texte ne serait pas pertinent.[23] Pour un autre chercheur, ce passage ne pose pas de problème, puisqu’il fait allusion aux murjiya el fuqaha qui imposaient les actes.[24] Cette hypothèse n’est pas très convaincante, bien qu’elle prenne de l’ampleur, si l’on sait que l’auteur de la recension du recueil d’el Khallâl n’a pas signalé cette anomalie. En outre, el Khallâl semble l’avoir mise dans cette attention, comme l’indique le titre de la section, mais aussi l’annale qu’il rapporte tout de suite après et qui est celle de Shabâba ibn Suwwâr. Celle-ci colle mieux toutefois aux attentions de l’auteur, car ce fameux Shabâba confinait les actes dans la parole. En cela, il ne les intégrait pas dans la définition de la foi.




À suivre…














[1]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1099).

[2]Majmû’ el fatâwa (7/297).

[3]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 966).

[4]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1054).

[5]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1056).

[6]Majmû’ el fatâwâ (3/289-290) ; (7/446).

[7]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1056).

[8]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1009).

[9]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 959-961).

[10]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 963).

[11]Voir : el îmân d’Abû ‘Ubaïd (p. 22).

[12]Voir : huliyat el awliya (7/218).

[13]Majmû’ el fatâwâ (7/510-511).

[14]Voir : tabaqât el hanâbila (1/56).

[15]Voir : e-sunna (n° 1061) d’el Khallâl.

[16]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1090).

[17]Majmû’ el fatâwâ (7/253).

[18]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 978).

[19]Voir : tabaqât el hanâbila (1/55-56).

[20]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 973).

[21]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 975).

[22]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 980).

[23]Voir : barâatu ahl el hadîth wa e-sunna min bid’a el murjiya (p. 170) qui est une thèse universitaire es magistère de Mohammed el Kuthaïrî.

[24]Voir : maqâlât el Jahm ibn Safwân (p. 211) qui est une thèse universitaire es magistère de Yâsir Qâdhî.



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