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ÞÏíã 02 Jan 2015, 01:55 PM
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Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 4)


La position de l’ancien Mufti Mohammed ibn Ibrahim


Même Mohammed ibn Ibrahim, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite (dont la position sur les qawânîn el wadh’iya est connue de tous à travers son fameux tahkîm el qawânîn) adhère au principe de départ établit par ibn el Qaïyim, et dont il se sert en disant : « Allah appelle mécréant celui qui n’applique pas Ses Lois. C’est donc un mécréant dans l’absolu ; soit en faisant du kufr ‘amalî soit en faisant du kufr i’tiqâdî. L’annale d’ibn ‘Abbâs en exégèse à ce Verset et qui est rapporté par la voie de Tâwûs et d’autres expriment que celui qui n’applique pas les Lois d’Allah est un mécréant, soit en faisant du kufr i’tiqâdî qui fait sortir de la religion soit en faisant du kufr ‘amalî qui ne fait pas sortir de la religion. »[1]


5 ans après l’impression de tahkîm el qawânîn, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite donne plus de détails sur ses positions (bien qu’il soit possible, en réalité, qu’elle soit une autre position), à travers une fatwa, qui, elle, est moins célèbre. Il souligne en effet : « De la même manière, il faut mettre en pratique la définition de Mohammed rasûl Allah. Cela consiste à appliquer sa législation, de s’y soumettre, et d’abandonner toutes les législations et les coutumes qui s’y opposent, et pour lesquelles Allah n’a donné aucune autorité. Ces législations qui vouent celui qui les applique en étant convaincu qu’elles conviennent et qu’il est permis de le faire, à la mécréance qui fait sortir de la religion. S’il ne le fait pas par conviction ni en autorisant à le faire, il est coupable d’un mécréance qui relève du kufr ‘amalî et qui donc, ne fait pas sortir de la religion. »[2]


Il reprend exactement le discours de son aïeul ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, l’auteur des paroles : « … la sunna est venue pour expliquer que l’obéissance doit se faire dans les limites du convenable ; ces limites correspondent aux actes obligatoires et recommandés qu’Allah a imposé et agréé pour Ses serviteurs. Il est cependant interdit de se référer à des jugements qui puisent leur source dans une législation illégitime, et qui va à l’encontre du Coran et de la sunna, comme les lois grecques, franques, tatares ; tous ces codes qui proviennent de leur propres réflexions et penchants. Nous pouvons en dire autant des coutumes et des traditions bédouines en usage. Quiconque les autorise moralement (istahalla) dans les affaires de sang ou autre est un mécréant. Allah (I) révèle à ce sujet : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].


Certains exégètes expliquent au sujet de ce Verset qu’il s’agit ici du kufr dûn el kufr el akbar. Ils en comprennent en effet qu’il englobe également celui qui n’applique pas les lois d’Allah, sans toutefois l’autoriser moralement. Néanmoins, ils ne contestent pas que son sens général concerne celui qui l’autorise moralement, et qu’il sort ainsi de la religion. »[3]


Plus récemment, Son petit-fils Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh relativise énormément son discours. Qu’on en juge : « Parmi les tâghût, nous avons les gouverneurs tyrans qui changent (mughaïyr) les Lois d’Allah (Y)… Le gouverneur d’un pays impose par exemple d’effacer du Coran le Verset sur l’intérêt, en changeant ainsi la Loi d’Allah, ou d’enlever l’interdiction de commettre l’adultère que dénotent certains hadîth (…) Il faut bien faire attention au terme « changer » qui est ici synonyme d’abroger une Loi du Coran. Ce cas est différent de celui qui reconnait telle loi, mais qui en applique une autre. Il ne s’agit pas dans ce cas de mughaïyr. Il ne prétend pas abrogé une Loi d’Allah, mais, il se donne des prétextes comme le contexte actuel qui rend l’application de cette loi difficile, etc. Il peut être excusable comme il peut ne pas l’être, c’est en fonction des cas. »


C’est à la lumière de ces explications que nous pouvons comprendre les paroles d’ibn Bâz à qui on posa la question suivante : « Est-il vrai que Mohammed ibn Ibrahim voyaient le takfir des hukkâms, sans faire de détails ?
  • Il voyait le takfîr de tous ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah. ils sont en effet des mécréants. Cette opinion est celle de tous les savants sans exception et disant que ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah sont des mécréants ; et que ceux qui le font en étant motivés par les passions ou pour toute autre raison, sans l’autoriser moralement, dans ce cas, il s’agit du kufr dûn kufr. »[4]


Or, quand bien même, la position de l’ancien Mufti serait la bonne, il n’empêche que ce dernier, au même titre que son petit-fils fait la distinction entre le takfîr el mutlaq et le takfîr el mu’ayyin et condamne fermement l’anarchie.
Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh a reconnu récemment à l’occasion de la soutenance de la thèse ès Doctorat taqrîrât aimmat e-da’wâ fî masâil el îmân dont il fut l’un des membres du jury : « Toutes les déviances auxquelles nous assistons aujourd’hui viennent du problème du hukm bi ghaïr ma anzala Allah ; déviances provenant des mouvements radicaux islamiques (djihadistes, takfiristes), qui perpétuent des attentats et le takfîr des pays musulmans pour défendre leur point de vue sur la question. »


Énigme


Safar el Hawâlî, dont le fameux Zhâhirat el irjâ est devenu le fer de lance de la campagne anti-Albânî, reconnait lui-même la règle d’ibn el Qaïyim. Dans son excellent livre manhaj el ashâ’ira fî el ‘aqîda, qui est une réfutation à Mohammed ‘Alî e-Sâbûnû, il écrit, et cela, bien avant Zhâhirat el irjâ – ce passage ne figure pas dans la seconde édition du livre : « … Cependant, si le terme « kufr » lui-même est utilisé dans les hadîth, sans vouloir parler du grand kufr, comme dans le hadîth : « Offenser un croyant relève de la perversion, et le tuer relève de la mécréance. »[5] ; Que dire alors des termes « fisq » et « dhalâl » qui représentent une moins grande menace que le terme « kufr » ? Pourquoi alors faire une différence entre les textes du Coran et de la sunna ? Les anciens (y) ont pourtant expliqué le Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[6] Il s’agit du kufr dûn kufr ou du kufr qui ne fait pas sortir de la religion.
Dans son livre, e-salât wa hukm târikihâ, ibn el Qaïyim affirme : « Cette opinion est celle de tous les Compagnons sans exception. » Celle-ci est rapportée selon ibn ‘Abbâs parmi les Compagnons, ‘Atâ, Tâwûs parmi les tâbi’îns, Abû ‘Ubaïd, l’Imam Ahmed parmi les successeurs des tâbi’îns. Elle est également rapportée par el Bukhârî dans son sahîh, et d’autres grandes références et une multitude de grands savants que Seul Allah (I) peut dénombrer. »[7]


Certains auteurs contemporains contestent qu’ibn el Qaïyim imputent à tous les Compagnons d’interpréter le v. 44 de la s. el mâida comme étant du kufr dûn kufr. Déjà, dans Madârij e-sâlikîn, ibn el Qaïyim parle de ‘ammat e-sahâba qui peut désigner soit l’ensemble soit tous les Compagnons, et nous avons tenu compte de cette nuance dans notre traduction en disant : « Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de la plupart des Compagnons ». en outre, certains manuscrits démontrent qu’il fait en fait allusion aux compagnons d’ibn ‘Abbâs, non aux Compagnons du Prophète (r), ce qui donnerait en réalité : « Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de tous ses Compagnons. »


Cette correction est d’autant plus logique que certaines annales imputent aux Compagnons un autre discours. Nous avons notamment : Selon Masrûq, j’ai interrogé ibn Mas’ûd au sujet de la corruption dans le hukm. Ce dernier m’a répondu : « C’est la mécréance (el kufr). Puis, il récita [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[8] »[9] Il existe d’ailleurs une annale de ce même ibn Mas’ûd au sujet de ce Verset parlant de l’istihlâl.[10] Il y a également la version où ibn ‘Abbâs parle de juhûd.[11] Par ailleurs, nous avons vu précédemment qu’ibn el Qaïyim évoque une divergence sur l’interprétation du Verset en question. Comment dans ces conditions, les Compagnons pouvaient-ils avoir une position unanime ?


En réponse ou comment on jette un pavé dans la mare


La précision dans les termes d’une citation est de rigueur (surtout quand les imprécisions en déforment le sens), mais, ici, cela ne change rien au raisonnement d’ibn el Qaïyim. En voici la démonstration :


1- Ceux qui mettent en avant cette correction sont les mêmes ou presque qui remettent en question l’authenticité de l’annale d’ibn ‘Abbâs. Or, quand bien même, on le leur concéderait, en sachant qu’ibn el Qaïyim dit le contraire, nous apprenons désormais, grâce à leur exactitude que tous les compagnons d’ibn ‘Abbâs sans exception l’ont reprise à leur compte. Ainsi, il est invraisemblable, ne serait-ce que d’un point de vue purement technique, qu’elle n’ait aucune origine. Merci messieurs !


2- ‘Abd Allah ibn Tâwûs interprète le Verset de la même façon qu’ibn Mas’ûd : « C’est de la mécréance » Sauf qu’après, il ajoute : « mais qui ne consiste pas à mécroire en Allah, Ses anges, Ses Livres et Ses messagers. »[12] Il reprend ainsi la même exégèse que son père,[13] qui rappelons-le, était un Compagnon d’ibn ‘Abbâs, et qui est l’auteur d’une autre version disant : « C’est de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. »[14]


Nous connaissons désormais la position de tous les Compagnons d’ibn ‘Abbâs.


3- Il existe certes une version authentique qui remonte à ibn ‘Abbâs et dont voici l’énoncé : « Il est entaché par la mécréance. »[15] Celle-ci est rapportée par ‘Abd e-Razzâq,[16] selon Ma’mar, selon Tâwûs, selon son père, selon ‘ibn ‘Abbâs. Même constat pour celle que recense Tabarî dans son tafsîr, selon Sufiân, selon Ma’mar ibn Râshid, selon Tâwûs, selon son père, selon ‘ibn ‘Abbâs. Sauf que son énoncé est plus long et met un terme à tout amalgame possible : « Il est entaché par la mécréance, mais qui ne consiste pas à mécroire en Allah, Ses anges, Ses Livres et Ses messagers. »


Si vous en doutez encore, alors je laisse ibn ‘Abbâs vous répondre : « Ce n’est pas la mécréance à laquelle vous pensez. »[17]


Selon une version : « Ce n’est pas la mécréance à laquelle vous pensez, mais il s’agit de la mécréance qui ne fait pas sortir de la religion. [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants][18] ; Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance »[19]


Ce même ibn ‘Abbâs dépeint le profil des kharijites en ces termes : « Ils donnent foi aux Versets formels, mais les Versets ambigus les égarent. » Puis, il récita : [personne ne connait leur interprétation en dehors d’Allah. Ainsi que les savants érudits qui disent : nous y donnons foi, tout vient de Notre Seigneur].[20]


De toute façon, quand bien même, lui et ibn Mas’ûd pensait au kufr akbar, cela ne pose aucun problème avec le raisonnement d’ibn el Qaïyim, comme nous allons le voir, mais en attendant :


À suivre…


Par : Karim Zentici
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[1] tahkîm el qawânîn (p. 15).
[2] El fatâwa (1/80).
[3] Manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 70-71).
[4] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (28/271).
[5] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.
[6] Le repas céleste ; 44
[7] manhaj el ashâ’ira fî el ‘aqîda (p. 74-75).
[8] Le repas céleste ; 44
[9] Hadîth authentique rapporté par Mussaddad dans son musnad, comme l’auteur d’el matâlib el ‘âliya le mentionne (10/197), et Abû Ya’lâ (9/173-174), ibn Jarîr dans son tafsîr (6/240), e-Tabarânî dans mu’jam el kabîr (9/225-226), el Baïhaqî dans e-sunan el kubrâ (10/139).
[10] Voir : jâmi’ li ahkâm el Qur-ân d’el Qurtubî (6/190).
[11] Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[12] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1420), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1009), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 570), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6435), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/41).
[13] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1420), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1009), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 570), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6435), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/41).
[14] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/160/1418), et dans masâil Abî Dâwûd (p. 209), ibn Batta dans el ibâna (2/735/1006), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 574), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/166) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[15] Ta’zhîm qadr e-salât (2/521/570).
[16] Voir : tafsîr ‘Abd e-Razzâq (1/182, n° 713)
[17] rapportée par Sa’îd ibn Mansûr dans son recueil e-sunan (4/1482/749-…), Ahmed dans el îmân (4/160/1419), ibn Batta dans el ibâna (2/736/1010), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 569), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1143/6434), ibn ‘Abd el Barr dans e-Tamhîd (4/237), el Hâkim dans el mustadrak (2/313), el Baïhaqî (8/20), Sufiân ibn ‘Uyaïna, selon Hishâm ibn Hujaïr, selon Tâwûs, selon ibn ‘Abbâs.
; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114). Il fit cette remarque aux insurgés de Nahrawân qui soutenaient justement que le V. 44 de la s. el mâida faisait allusion au kufr akbar.
[18] Le repas céleste ; 44
[19] Une autre version dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. » Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).
[20] La famille d’Imrân ; 7 voir : El musannif d’ibn Abî Shaïba (15/313) et e-sharî’a d’el Ajûrrî (1/343).

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