ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
  #2  
ÞÏíã 31 Dec 2014, 05:46 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí

Ibn le Qaïyim et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 2)


Le takfîr des suiveurs des sectes hérétiques


Ibn el Qaïyim précise en effet, en parlant des adeptes des sectes (khawârij, mu’tazila, murjiya, etc.) qu’ils sont plusieurs catégories d’individus, comme nous venons de le voir. L’un d’entre eux est un muqallid ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; dans son cas, il ne devient ni kâfir, ni fâsiq (pervers), et on ne doit pas refuser son témoignage, étant donné qu’il n’est pas en mesure d’étudier la vérité.[1] Vu l’importance de ses paroles, je me permets de mettre le passage où il en parle en entier : « La première catégorie : le suiveur ignorant qui n’a aucune clairvoyance ; ce dernier ne devient ni mécréant ni pervers, et son témoignage n’est pas refusé ; dans la situation où il est incapable d’étudier et de distinguer la bonne voie. Il a le même statut que les gens faibles parmi les hommes, les femmes et les enfants : [qui n’ont pas trouvé de moyen ni aucun chemin. Ceux-là, Allah peut leur pardonner ; Allah est certes Compatissant et Absoluteur].[2]


La deuxième catégorie : celui qui est capable de se renseigner, de chercher et de trouver la vérité, mais qui, pour une raison ou pour une autre (occupations mondaines, quête de pouvoir de plaisir, et du bien-être, etc.), s’en détourne. Celui-là est concerné par la punition divine en raison de son laisser-aller ; il mérite un péché pour avoir négligé son devoir, car il lui est enjoint de craindre Allah dans la mesure du possible ; ce qu’il n’a pas fait. Son statut est le même que les désobéissants ayant délaissé certaines obligations. Ensuite, il faut voir s’il a un plus grand ascendant pour l’innovation et les passions que la sunna et la bonne direction ; dans ce cas, son témoignage est refusé, sinon, il sera accepté.


La troisième catégorie : celui qui se renseigne, qui recherche et qui est en mesure de trouver la vérité, mais qui la délaisse par suivisme, chauvinisme, ou par animosité envers ses tenants. Au meilleur des cas, celui-ci est considéré comme un pervers. Il peut atteindre le degré de mécréance en regard des différents points de vue et des différentes conclusions. Si, en plus de cela, il compte parmi les prédicateurs, son témoignage, ses fatwas et ses jugements seront refusés, sauf en cas de force majeure ; soit, dans la situation où ce genre d’individus est en surnombre et qu’ils sont en position de force.


Si les juges, les muftis, et les différents témoins proviennent de leurs rangs, il serait très difficile d’en faire abstraction, compte tenu des inconvénients énormes qu’une telle initiative engendrerait. Dans ce cas de figure, nécessité fait loi. »[3]


Les savants de Aimmat e-da’wâ lui concède globalement ce principe


Voir : http://mizab.over-blog.com/article-i...-66689952.html


Mohammed Rashîd Ridâ explique à ce sujet : « La preuve céleste n’est pas établie contre celui qui ne comprend pas la prédication… Cette question fut l’objet d’une divergence entre les grands savants contemporains du Najd lors d’une assemblée de l’Imam ‘Abd el ‘Azîz ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Faïsal Âl Sa’ûd à La Mecque. l’argument le plus fort fut en faveur du Sheïkh ‘Abd Allah ibn Bulaïhid disant qu’il était essentiel de comprendre la preuve céleste afin qu’elle soit établie ; sa présence en elle-même ne suffisait pas si elle n’était pas comprise. Pour appuyer ses dires, ce dernier s’inspira d’un passage d’ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – qui était clair sur la question. Il parvint ainsi à convaincre les autres membres de l’assemblée. »[4]


Il fait certainement allusion au passage de tarîq el hijrataïn précédemment cité et disant que l’iqâma el hujja varie en fonction des époques, des lieux et des personnes. La preuve d’Allah peut ainsi s’appliquer à certaines époques, à certains endroits et contre certaines personnes ; elle ne s’applique pas contre l’enfant, le fou, celui qui a du mal à comprendre le message et qui n’a personne sous la main pour la lui expliquer (ou pour la lui traduire) en termes compréhensibles. Le cas échéant, il est comme le malentendant qui, ne comprenant pas ce qu’on lui dit, compte parmi les quatre catégories qui, le Jour de la Résurrection, auront un prétexte devant Allah.[5]


L’innovation est une forme de tashrî’ et de tabdîl


L’innovation est une forme de tashrî’ et de tabdîl, comme nous l’avons vu avec ibn Taïmiya dans un article précédent.[6] Son élève explique quant à lui que les lois mubaddala des innovateurs et les mauvaises opinions des savants sont pires que les lois abrogées des gens du Livre, qui ont au moins le mérite d’avoir une origine.[7]


Le principe du kufr dûn kufr chez ibn el Qaïyim


« Quant au kufr : il y en a deux sortes : Kufr akbar et kufr asghar. La grande mécréance entraine l’Enfer éternel, et la petite mécréance reste sous la menace de l’Enfer… Cette interprétation est celle d’ibn ‘Abbâs et de la plupart des Compagnons au sujet du Verset : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants].[8] Ibn ‘Abbâs a dit : « Ce n’est pas de la mécréance qui fait sortir de la religion, mais il renferme une mécréance, qui ne consiste pas à mécroire en Allah, et au Jour du jugement dernier. »[9]
Cette opinion est également celle de Tâwûs. ‘Atâ a dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. »[10]


Aux yeux de certains savants, il s’agit de délaisser les Lois d’Allah tout en les reniant (juhûd) ; cette opinion est celle de ‘Ikrima,[11] mais celle-ci n’est pas la plus vraisemblable, étant donné que le juhûd est du kufr en lui-même, qu’on applique les Lois d’Allah ou non.
Pour d’autres, le Verset parle de ceux qui délaissent les Lois d’Allah en totalité. Ils font entrer dans cette conception le tawhîd, et l’Islam ; cette interprétation est celle d‘Abd el ‘Azîz ibn Yahyâ el Kinânî ; mais elle aussi invraisemblable que la précédente, étant donné que la menace plane sur la non application de la Loi d’Allah, que ce soit totalement ou partiellement.
Pour d’autres, le Verset concerne tous ceux qui s’opposent sciemment aux textes, sans n’être motivé ni par l’ignorance ni par l’erreur. El Baghawî impute cette exégèse à la grande majorité des savants.
Pour d’autres, il fait allusion aux gens du Livre ; cette tendance est celle notamment de Qatâda, e-Dhahhâq, sauf qu’elle est aussi invraisemblable que les précédentes, car allant à l’encontre de son sens apparent ; on ne peut donc en tenir compte.
Pour d’autres enfin, il s’agit de la mécréance qui fait sortir de la religion.


Or, en réalité, le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah englobe les deux formes de mécréance : majeure et mineure. C’est en fonction de la situation du fautif (hâkim) ; si ce dernier est convaincu qu’il incombe d’appliquer la Loi d’Allah (autre traduction possible : de juger selon la Loi d’Allah ndt.) pour ce cas en particulier, mais l’ayant délaissé par désobéissance, tout en reconnaissant qu’il mérite d’être châtié, dans ce cas c’est de la mécréance mineure.
Néanmoins, s’il est convaincu qu’il n’est pas obligé de l’appliquer, et que la chose est laissé à son initiative, tout en ayant conscience qu’elle est bien d’Allah ; dans ce cas, c’est de la mécréance majeure.
Mais, s’il se trompe ou s’il ignore quelle est la Loi d’Allah pour cette question, il a droit au même statut que ceux qui commettent des simples erreurs.


Là où nous voulons en venir, c’est que tous les péchés relèvent du domaine de la mécréance mineure ; elles vont à l’encontre de la reconnaissance qui impose de se soumettre à l’obéissance d’Allah. Ainsi, soit on est reconnaissant soit on est ingrat (ou mécréant ndt.) soit on est, ni l’un ni l’autre, sur une troisième voie, wa Allah a’lam ! »[12]


« Cette explication est celle des Compagnons qui étaient les plus savants du Livre d’Allah, de l’Islam, de la mécréance, et de ce qu’ils impliquent. Ils sont notre seule référence pour ce genre de questions. Les générations récentes, en effet, qui ont mal compris leur discours se sont divisés en deux groupes :
  • Un groupe qui font sortir de la religion les auteurs des grands péchés, et qui les vouent à l’Enfer éternel.
  • Un groupe qui les considèrent à l’opposé, comme des croyants ayant une foi parfaite.
Les un sont trop rigides et les autres trop laxistes.


Mais, Allah guida les traditionalistes sur la voie du milieu et la meilleure opinion ; ils se situent par rapports aux autres sectes, comme l’Islam par rapport aux autres religions. Il y a donc de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’hypocrisie sans n’être de l’hypocrisie, de l’association sans n’être de l’association, de la perversité sans n’être de la perversité, et de l’injustice sans n’être de l’injustice. »[13] Puis, il rapporta les annales d’ibn ‘Abbâs et de ses élèves que nous avons vu plus haut, dont, surprise des surprise une qui part de Sufiân ibn ‘Uaïyna, selon Hishâm ibn Hujaïr ![14]


« Il existe deux sortes de kufr : Kufr ‘amal et le kufr juhûd wa ‘inâd qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation. Cela concerne les Noms du Seigneur, Ses Attributs, Ses Actions, Ses Lois qui ont pour base, Son tawhîd et Son adoration unique sans Lui vouer le moindre associer.
Cette forme d’apostasie s’oppose à la foi à tous les niveaux. Concernant le kufr ‘amal, il y a certains actes qui s’opposent à la foi à tous les niveaux, comme se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, tuer voire offenser un prophète. Quant au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah et l’abandon de la prière, ils relèvent du kufr ‘amal non du kufr i’tiqâd. »[15]


« Allah appelle mécréant celui qui n’applique pas Ses Lois et Il appelle mécréant celui qui renie (juhûd) Ses Lois, mais ces deux mécréances ne sont pas de la même sorte. »[16] Même discours chez ibn Hajar,[17] Abû ‘Ubaïd el Qâsim ibn Sallâm,[18] ibn Rajab,[19] etc.


• Ibn Abû el ‘Izz s’inspire en partie du passage de Madârij e-sâlikîn d’ibn el Qaïyim cité plus-haut, et pour arriver aux mêmes conclusions.[20]


• ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan s’inspire également du discours d’ibn el Qaïyim pour établir ce principe.[21] Sheïkh el Albânî ramène les paroles d’ibn el Qaïyim qu‘Abd e-Latîf reprend à son compte, puis, il en fait les éloges.[22] Mieux, il explique que le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah peut avoir deux statuts en fonction des cas :
  • Celui de grand péché : c’est le kufr mineur ou le kufr dûn kufr.
  • Celui d’apostasie : c’est le kufr majeur.[23]
Sheïkh ibn Bâz confirme : « Cette opinion est notoire dans les milieux savants. C’est celle qui fut adoptée par ibn ‘Abbâs, Tâwûs, ‘Atâ, Mujâhid, et un certain nombre de savants des nouvelles et des anciennes générations, comme l’évoquent le Hâfizh ibn Kathîr, el Baghawî, el Qurtubî, etc. Ibn el Qaïyim a un discours qui va dans ce sens dans son kitâb e-salât, et Sheïkh ‘Abd e-Lâtif ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan – qu’Allah lui fasse miséricorde – a consacré une risâla intéressante sur le sujet. Celle-ci est imprimée dans le troisième volume du premier recueil de majmû’ e-rasâil. »[24]
Sheïkh el ‘Uthaïmîn signe. Il suffit, pour reprendre ses termes, que de grandes références comme ibn Taïmiya[25] et son élève ibn el Qaïyim[26] aient corroboré le principe du kufr dûn kufr, qui n’est, rappelons-le, pas propre au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah, mais qui s’étale sur de nombreux points de la religion, comme l’a développé en détail ibn el Qaïyim, mais aussi l’Imam ‘Abd e-Lâtif ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.[27]


À suivre…







[1] El Qâsimî a rapporté ses paroles dans son tafsîr (5/1309).

[2] Les femmes ; 98

[3] E-turuq el hakamiya (1/255).

[4] majmû’ e-rasâil e-najdiya (5/514-519).

[5] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[6] Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/11/i...-partie-1.html

[7] Voir : i’lâm el mawqi’în (2/57-58) et e-rûh (p. 267).

[8] Le repas céleste ; 44

[9] Une autre version dit : « Il s’agit de la mécréance sans n’être de la mécréance, de l’injustice sans n’être de l’injustice, et de la perversité sans n’être de la perversité. » Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114). Cette annale est rapportée également par e-Thawrî dans son tafsîr (101/241), selon ‘Abd Allah ibn Tâwûs, selon son père, et avec la même voie, e-Tahâwî dans mushkil el âthâr (2/317). La chaine narrative de cette version est authentique ; ses rapporteurs sont crédibles et font partie de la panoplie de Bukhârî et Muslim.

[10] Rapportée par Ahmed dans el îmân (4/159-160/1417, et 4/161/1422), et dans masâil Abî Dâwûd (p. 209), ibn Batta dans el ibâna (2/735/1007, 2/736-737/1011), Mohammed ibn Nasr el Marwazî dans Ta’zhîm qadr e-salât (n° 575), ibn Abî Hâtim dans son tafsîr (4/1149/6464), ibn Jarîr e-Tabarî dans jâmi’ el bayân (6/165, 166), et el Qâdhû Waqî’ dans akhbâr el qudhât (1/43) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdith e-sahîha (6/114).

[11] E-nâsikh wa el mansûkh (p. 75).

[12]Madârij e-sâlikîn (1/335-337).

[13]E-salât wa hukm târikihâ (p. 72-78).

[14] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...-74115854.html

[15] E-salât wa hukm târikihâ (p. 37).

[16] E-salât wa hukm târikihâ (p. 37).

[17] Fath el Bârî (1/406, 12/55, etc.).

[18] El îmân (p. 43).

[19] Jâmi’ el ‘ulûm wa el hikam (1/63).

[20] Sharh el ‘aqîda e-tahâwiya (p. 323-324). Remarque : Ibn el Qaïyim ne veut pas nous dire qu’on ne devient pas mécréant en n’appliquant pas la Loi d’Allah qu’une fois ou deux. Néanmoins, il parle de celui qui n’applique pas sciemment et en pleine connaissance de cause, la Loi d’Allah, dans le sens où il ne l’ignore pas et qu’il a conscience d’aller à son encontre. Ibn el Qaïyim ne fait qu’insister sur point, wa Allah a’lam !

[21] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.

[22] Voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (7/134).

[23] El ‘aqîda e-Tahâwîya sharh wa ta’lîq (p. 40-41).

[24] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (2/326).

[25] Voir notamment majmû’ el fatâwâ (7/312).

[26] Voir : voir madârij e-sâlikîn (1/336) et e-salat wa hukm târikuha (p. 72).

[27] Voir : lettre à Mukhlif.

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ