ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
  #4  
ÞÏíã 15 Feb 2011, 02:38 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí








Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux




Ibn Taïmiya et le tarkîb I

(Partie 4)




Voir : el usûl e-latî banâ ‘alaïhâ el mubtadi’a madhhabuhum fî e-Sifât (3/147-210) du D. ‘Abd el Qâdir ibn Mohammed ‘Atâ Sûfî, qui, à l’origine, est une thèse universitaire ès Doctorat.




Pour revenir au sujet, vous voyez que tout s’emmêle, mais vous voyez aussi que celui qui n’est pas capable de faire la différence entre une entité absolue et imaginaire – qu’il est impossible de se représenter – et une entité particulière et réelle trahit une grande ignorance ! En outre, sans se représenter l’essence d’une entité, il n’est pas possible de se représenter ses attributs, ou ne serait-ce que le lien qui existe entre eux ; ce qui remet radicalement en question cette forme de composition,[1] en admettant qu’il soit correct de l’appeler ainsi, ce qui est loin d’être le cas. Quoique les philosophes la nomment ainsi par convention, mais il n’en demeure pas moins qu’elle ne convient ni pour le Seigneur de l’univers ni pour aucune de Ses créations, alors elle n’a pas lieu d’être…




La troisième forme : la composition de l’essence et de ses attributs




Nos maitres-penseurs musulmans refusent également d’attribuer ce genre de composition au Très-Haut, mais ils ne sont pas les seuls. Les mu’tazilites s’en font les complices sur le fond, non sur la forme. La composition de l’essence et des attributs s’oppose, pour les uns, à la particularité d’Être nécessaire,[2] et pour les autres, à celle d’Ancien.[3] Ils en arrivent à la conclusion terrible qu’Il n’a pas d’Attributs.




Ibn Taïmiya a recours à deux procédés pour les réfuter.




Le premier renferme deux procédés de l’art de la polémique : l’opposition et la contradiction, et le second propose une solution.




Le procédé nº 1




1- L’opposition




Ce procédé part du principe que tous les hommes doués de raison ressentent le besoin d’avoir sous la main plusieurs expressions pour décrire Dieu. La majorité des mu’tazilites disent par exemple qu’Il est Vivant, Savant, Puissant en Lui-même, mais sans vie, ni savoir, ni puissance.[4] Tout le monde sent la différence entre le fait qu’Il soit Savant et le fait qu’Il soit Vivant, ou Puissant. La raison refuse également l’idée selon laquelle ses trois qualités seraient l’Essence elle-même.[5]




Nous pouvons dire la même chose aux mutafalsifa qui reconnaissent un Dieu étant nécessaire en Lui-même et agissant sur la création. Ces derniers entrent dans un raisonnement sophiste en disant qu’Il est à la fois intelligent (‘âqil), intelligible (ma’qûl), et intellect (‘aql) ; Il est à la fois le délice en lui-même, délectable et délectation ou délicieux ; à la fois l’aimant, l’aimé, et l’amour, etc.[6] Or, tout le monde sait très bien que l’aimé est autre chose que l’aimant, et ainsi de suite. De plus, la raison refuse l’idée selon laquelle tous ces dérivés incarneraient l’Essence elle-même.[7]




Par ailleurs, nous leur disons que d’un côté, vous contestez les Attributs par crainte du tarkîb, et d’un autre côté, vous dites, pire, qu’Il est à la fois ‘âqil, ma’qûl, ‘aql ; ce qui est également une forme detarkîb. Mais non, répondent-ils, nous disons cela pour préserver letawhîd. Ce à quoi nous répondons : mais nous aussi nous disons que l’Essence divine est dotée d’Attributs pour préserver letawhîd ![8] Il suffit de bien se représenter cette théorie pour se rendre compte qu’elle s’écroule d’elle-même sans avoir besoin d’arguments pour la réfuter, tant celle-ci est aberrante.[9] La raison, quand elle est saine, sait très bien faire la distinction entre un Attribut et un autre, et entre un Attribut et l’Essence.[10]




Ces « sectateurs » tombent dans leur propre piège, puisqu’eux-mêmes reconnaissent un Dieu Vivant, Savant, et Puissant, qui sont trois caractéristiques différentes pour le décrire.[11] Mieux, l’Être nécessaire qu’ils se narguent de défendre est composé lui-même de deux caractéristiques différentes, que sont « Être » et « nécessaire ».[12]




La contradiction :




Vous reniez les Attributs pour échapper au tarkîb, mais cet Être dont vous parlez, perd sa particularité de « nécessaire », étant donné qu’il n’a, à vos yeux, aucun Attribut affirmatif venant le distinguer des autres existants. Vous videz les mots de leur sens pour échapper au tarkîb, mais, le comble de la contradiction, c’est que vous videz en même temps, l’Être nécessaire de sa particularité de « nécessaire ».[13]




L’Un, dont vous parlez, ne se distingue par aucune caractéristique, ce qui en soi, est impossible. Ensuite, comment voulez-vous que l’impossible se transforme en Être nécessaire qui « réclame » des Attributs affirmatifs (Vivant, Savant, et Puissant) le distinguant des autres existants ? Des Attributs qui ne sont nullement synonymes entre eux (dans tous les sens du terme) et qui ne sont nullement synonymes à l’Essence. Pour être plus clair, vous détruisez d’un côté pour construire d’un autre, mais, c’est cette même destruction qui détruit votre construction.[14] C’est ce qu’on appelle, non pas de l’auto-flagellation, m ais un suicide en bonne et due forme !




Remarque :




Ici, une remarque s’impose. Elle concerne tant nos amis de la sagesse que nos amis de la raison. Nous leur disons que le dalîl e-tarkîb, leur cheval de bataille, ouvre grande ouverte, une porte très dangereuse à l’unité de l’Être, chère aux monistes panthéistes.




Le nécessaire par essence, en effet, est une « réalité vivante » avec les caractéristiques que cela entraine : il est Savant, Puissant, et « Actif ». Cependant, nous pouvons trouver des êtres possibles ayant ces mêmes caractéristiques, pas seulement dans la forme, mais aussi dans le fond. L’homme est effet est doté de la connaissance, de la volonté et de la capacité qui se transforme ou non en acte.[15] Ce constat élémentaire nous amène vers un autre constat, non anodin. Si on s’en tient au principe que tous les Attributs divins sont les mêmes, et qu’ils incarnent l’Essence, alors on a le droit de dire que l’Être nécessaire n’est pas différent des êtres possibles, et que l’existence ne fait qu’un (el wujûd wâhîdan bi el ‘aïn lâ bi e-naw’). Or, contre toute attente, nous atteignons ici les confins de l’anthropomorphisme, car ce qui est valable pour l’un (possible), est valable pour l’autre (nécessaire).[16]




Quoi qu’il en soit, entre le dalîl e-tarkîb et wihdat el wujûd, il n’y a qu’un pas à faire !




Retour à nos moutons




Pour revenir à nos moutons, nous disons qu’il y a un point commun entre l’existence nécessaire et l’existence possible. Ce point commun n’est pas tangible uniquement au niveau de la forme, mais au niveau du sens absolu que partagent les deux formes d’existence. Tout le monde sait de façon élémentaire ce que veulent dire dans l’absolu « savoir », « pouvoir », et « vie ». Néanmoins, dans la réalité, chacun se distingue par sa propre existence, sa propre vie, son propre savoir, et son propre pouvoir, c’est élémentaire ! Ces caractéristiques, qui sont compréhensibles à l’entendement, ne sont pas les mêmes d’une existence à une autre. Tout le monde sait ce que « savoir » veut dire, mais personne ne connait le Savoir de Dieu, qui pour nous, relève des mystères de l’inconnu, en sachant que rien ne ressemble à Lui (non qu’Il ne ressemble à rien).

Or, sans distinguer entre ces fameux points communs et les particularités de ces deux formes d’existence, ou en d’autres termes, si ces points communs refusent les particularités de chacun, on crée une fusion et une confusion grossière ; le nécessaire devient possible et inversement. En revanche, en distinguant entre eux, ou si ces points communs acceptent les particularités de chacun, il devient facile de comprendre que chacun se distingue par des particularités qui ne sont pas synonymes à leurs points communs. Nous pouvons dire alors que, sous un certain angle, ils se ressemblent, mais sous un autre angle, ils sont différents. C’est malheureusement cette nuance subtile que leur cerveau, trop étroit, n’est pas en mesure d’apréhender ; et c’est ce qu’il les a fait sombrer dans la contradiction, en croyant que cette distinction était une forme de composition que refuse, par essence, l’Être nécessaire. Conclusion : croire en l’Être nécessaire, c’est le renier ![17]




Ainsi, les communs et les distinctifs (au niveau du sens) qui existent entre le « nécessaire » et le « possible » engendrent naturellement une composition entre un concept général et un concept particulier. C’est cette forme de composition que refusent les mutafalsifa pour qui, il est impossible que le « nécessaire » soit composé d’un concept général et d’un concept particulier, d’où notre expression, croire en l’Être nécessaire, c’est le renier !




Le procédé nº 2




La solution




Ibn Taïmiya interpelle la conscience des mutafalsifa et des mu’tazilites. Il leur rappelle que, certes, le Très-Haut refuse toute composition qui s’impose à l’esprit humain et qui est conforme à son langage. Cependant, le problème n’est pas là. Il se situe plutôt avec les innovateurs qui ont élargi la définition du tarkîb, en lui donnant une dimension philosophique,[18] s’opposant au sens primitif du terme et allant à l’encontre de la raison la plus élémentaire. C'est pourquoi l’istifsâl s’impose comme solution, en leur demandant ce qu’ils entendent par tarkîb. La meilleure solution, du reste, et pour échapper à la contradiction et à l’opposition des traditionalistes, c’est de tout simplement donner foi aux Attributs divins, tout en évacuant toute ressemblance avec la création.




À suivre…












[1]Idem. (p. 79).
[2]Tahâfut el falâsifa d’el Ghazâlî (p. 163).
[3]Sharh el maqâsid d’e-Taftâzânî (4/83).
[4]Sharh el usûl el khamsa d’Abd el Jabbâr (p. 151).
[5]Majmû’ el fatâwâ (6/345).
[6]E-ta’lîqât (p. 58-59) d’e-Fârâbî (p. 51).
[7]Naqdh asâs e-taqdîs d’ibn Taïmiya (1/507).
[8]Idem.
[9]Idem.
[10]Idem.
[11]Sharh hadîth e-nuzûl(p. 16-17).
[12]Idem.(p. 15).
[13]Majmû’ el fatâwâ(6/345).
[14]Idem.
[15]Idem.
[16]Idem.
[17]Idem. (6/345, 346).
[18]Idem. (6/346).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ