ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
  #4  
ÞÏíã 07 Jan 2015, 06:04 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí

Aimmat e-da’wa et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 4)


Lettre d‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân (suite)


On m’a appris que vous aviez ce genre d’idées, et que vous vous êtes aventuré dans des domaines tels que :
  • Les notions d’alliance (muwâlât/mu’âdât),
  • Les traités et les courriers « internationaux »,
  • Les financements et les cadeaux, et bien d’autres domaines comme :
  • Les tendances des païens égarés,
  • La non-application des Lois d’Allah (el hukm bi ghaïr mâ anzala Allah) par les Bédouins, etc.


Des domaines que seuls les savants érudits sont à même de traiter. Ces derniers sont en effet dotés d’une telle sagesse, et d’une telle perspicacité qu’ils pénètrent parfaitement les intentions du Législateur.


Pour parler de ces choses, il incombe d’avoir un bagage dans les matières que nous avons citées précédemment. Il incombe de bien maitriser les règles générales et globales qui les concernent. Il n’est pas permis de s’y initier lorsqu’on est ignorant et qu’on ne tient pas compte des détails de ses règles. Un discours vague qui ne descend pas dans le détail, et qui ne sait pas comment situer ni pénétrer les intentions du législateur en détail, conduit automatiquement à l’erreur et à la confusion. C’est le meilleur moyen pour corrompre la religion des hommes et pour disperser les esprits. On se met ainsi une barrière entre soi et la compréhension du Coran et de la sunna.


Dans sa fameuse kâfiya, ibn el Qaïyim précise à ce sujet :


Le détail est crucial ••• les notions générales
Perturbent l’existence ••• et les idées sans cesse


Quant à considérer kâfir celui qui est concerné par les infractions précédemment citées – que vous croyez être des actes d’apostasie –, vous vous conformez exactement à la tendance harûriya ; ces rebelles qui ont pris les armes contre le Prince des croyants, ‘Alî ibn Abî Tâlib, et les Compagnons qui se trouvaient avec lui.


Ces derniers lui reprochaient d’avoir eu recours à l’arbitrage d’Abû Mûsâ el Ash’arî et de ‘Amr ibn el ‘Âs, à l’occasion de la fitna qui eut lieu entre le gendre du Prophète et Mu’âwiya soutenu par les habitants du Shâm. Les kharijites contestèrent cet arbitrage. Ils comptaient au départ dans ses propres rangs parmi les habitants des villages de la région de Bassora et de Kûfa. Ils lui avancèrent comme argument : « Tu t’es tourné vers le jugement des hommes et tu as pris pour ami et allié Mu’âwiya et ‘Amr (wâlaït/tawallaït), alors qu’Allah dit clairement : [La Loi n’appartient qu’à Allah]. Tu as ensuite instauré une trêve avec eux, alors qu’Allah a aboli les traités de paix depuis qu’Il a révélé barâa (la sourate tawba ndt.). »


De longues querelles se déclenchèrent alors entre le Prince des croyants et les rebelles. Ils s’en prirent aux musulmans en pillant leurs troupeaux, et en tuant les partisans d’Alî qu’ils réussirent à avoir sous la main. Dès lors, le 3ème Khalife prit la résolution de mater la rébellion. Il leur livra batailla juste devant la montagne de Nahrawân, après leur avoir présenté un ultimatum et avoir coupé court à toute excuse.


Après les hostilités, il chercha dans les cadavres la dépouille du kharijite auquel le hadîth authentique faisait mention, et qui fut rapporté par e-sahîh de Muslim, et d’autres recueils parmi les auteurs des sunan. Lorsqu’il le trouva, il ressentit une joie immense. Il se prosterna même par reconnaissance envers Allah, qui lui avait permis de réaliser cette prophétie. Puis, il déclara : « Si les combattants qui matèrent ces rebelles savaient quelles récompenses Mohammed a promises pour ceux qui y participaient, ils s’arrêteraient de faire des bonnes œuvres. » Pourtant, ils étaient connus pour être les plus fervents dans l’adoration (prière, jeûne, etc.).


Quant aux termes : injustice (zhulm), désobéissance (ma’siya), perversité (fusûq), débauche (fujûr), el muwâlât (prendre pour allié ndt.), el mu’âdât (prendre pour ennemi ndt.), e-rukûn (pencher vers ndt.), l’association, etc.


Ils désignent dans les textes du Coran et de la sunna, deux sens : le sens absolu (el haqîqa el mutlaqa) et son sens dans l’absolu (mutlaq el haqîqa).


Pour les spécialistes en usûl, en principe, c’est le premier dont il est question dans les textes. Seul un indice explicite, voire sous-entendu, peut faire passer de la haqîqa el mutlaqa à mutlaq el haqîqa.


L’exégèse et l’explication prophétique sont à même de nous éclaircir la chose. Allah (I) explique à ce sujet : [Tous les messagers que Nous avons envoyés parlaient la langue de leur peuple afin qu’ils leur éclaircissent], [Tous les messagers que Nous avons envoyés avant toi étaient choisis parmi les hommes auxquels Nous consacrions la révélation ; demandez aux gens du rappel si vous ne savez pas… avec les preuves évidentes et les Psaumes. Nous t’avons descendu le rappel afin que tu éclaircisses aux hommes ce qui leur fut descendu, ainsi vont-ils réfléchir].


Dans cet ordre d’idée, les termes : croyant, bienfaiteur, pieux, ont dans l’absolu un sens élogieux, qui n’est pas le même que lorsque le contexte parle des obligations/interdictions. Ne vois-tu pas que l’homme adultère, le voleur et le buveur d’alcool sont concernés par le sens général du Verset : [Ô croyants ! Quand vous voulez prier], [Ô croyants ! Ne soyez pas comme ceux qui ont porté préjudice à Mûsâ, le jour où Allah l’a par la suite lavé de leurs accusations] [Ô croyants ! Les témoignages entre vous].


Cependant, ces derniers ne sont pas concernés par les Versets : [Les croyants sont uniquement ceux qui ont cru en Allah, et à Son Messager, et qui n’ont pas par la suite été touchés par le doute], [ceux qui ont cru en Allah et à son Messager, sont eux les véridiques]. C’est cette distinction qui a poussé les anciens à ne pas nommer le fâsiq « pieux » ou « croyant ».


En outre, selon le hadîth : « L’homme qui commet l’adultère n’est pas un croyant au moment de son acte, celui qui boit de l’alcool n’est pas un croyant au moment de le faire… »[1] ou bien : « Nul n’est croyant s’il n’épargne pas son voisin de son mal. »[2] Le fait que le Prophète (r) ne lui reconnait pas la foi, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas musulman. C’est un croyant qui est différent de celui qui renie Allah et Ses messagers. C’est de cette façon que les anciens ont compris les textes. Ils ont établi ces règles dans le chapitre des réfutations aux kharijites, et des murjites, etc.


Tu dois bien comprendre cette question dans laquelle bon nombre de gens ont glissé et se sont égarés.


Quant à la question de la menace divine qu’encourent les auteurs de certains grands péchés, il est possible que pour une raison ou une autre un cas particulier en soit épargné. Ex. : l’amour d’Allah et de Son Messager, le djihad sur Son sentier, le poids des bonnes actions, Son Pardon et Sa Miséricorde, l’intercession des croyants, les malheurs qui font effacer les péchés dans les trois mondes, etc.[3]
C'est pourquoi les anciens ne promettent pas un cas particulier parmi les musulmans au Paradis ni à l’Enfer, bien qu’ils font état de la menace à la manière du Coran et de la sunna. Ils font ainsi la différence entre le cas général et absolu et le cas particulier et restrictif.


‘Abd Allah Himâr était un buveur de vin. Lorsqu’on le fit comparaitre devant le Messager d’Allah (r), un homme dans l’assemblée proféra la malédiction contre lui. Puis, il enchaina : « Combien de fois fut-il emmené au Messager d’Allah (r).
  • Ne le maudit pas, répondit le Prophète (r), car il aime Allah et Son Messager. »[4]
Pourtant, lui-même a maudit dans son discours l’alcool, celui qui en boit, celui qui en vend, celui qui le presse, etc.


Médite également sur l’histoire de Hâtib ibn Balta’a.[5]
(…)


Ces nuances que l’on rencontre dans ce domaine ou ailleurs sont connues des anciens érudits parmi les Compagnons et leurs successeurs. Néanmoins, celles-ci posent problèmes à ceux qui ne pénètrent pas les subtilités de la langue et qui confondent entre les cas, parmi les nouvelles générations non-arabes et néophytes. Ces dernières sont mal à l’aise dans ce domaine, et n’ont pas les outils pour déchiffrer les sens profonds du Coran et de la sunna.


C’est ce qui a poussé el Hasan à dire : « Leur mauvaise compréhension vient du fait qu’ils sont des étrangers. » Un jour, ‘Amr ibn el ‘Alâ entra en polémique avec ‘Amr ibn ‘Ubaïd qui soutenait que les auteurs des grands péchés étaient promis à l’Enfer éternel. L’ancêtre des mu’tazilites avait mis en avant qu’Allah en avait fait la promesse (wa’d) qu’Il ne pouvait trahir. Il faisait allusion à la menace (wa’îd) que le Coran pointait contre les auteurs de certains grands péchés passibles de l’Enfer éternel.
Le traditionaliste lui répondit : « Ta mauvaise compréhension vient du fait que tu es un étranger. Il s’agit de la menace non de la promesse. »


Il s’inspira ensuite des vers :


Moi, si je promets ou si je fais des menaces
Mes menaces, Je m’en dédis et Mes promesses, je les respecte

Un Imam rapporte la parole d’el Bukhârî et autres : « Le bonheur pour un étranger et l’arabe converti, c’est d’avoir sous la main un traditionaliste. Leur malheur, c’est d’être éprouvé, et de rejoindre les adeptes des passions et de l’innovation. »


(…)


Il incombe en effet de se référer à la sunna qui a pour vocation d’éclairer les gens sur les intentions du Coran. Quant aux innovateurs, ils s’en passent pour se tourner vers leurs propres passions et se fient à leurs avis et leurs impressions.


J’ai entendu dire que vous vous êtes inspirés du Verset de la sourate Mohammed : [Cela, pour avoir dit à ceux qui ont eu un ressentiment contre les Versets révélés par Allah : Nous allons vous obéir sur certains points] : Vous les auriez fait correspondre à certains émirs contemporains qui entretiennent des courriers, ou qui nouent des traités de paix avec certains chefs égarés et certains rois païens. Le problème, c’est que vous n’avez pas regardé le début du Verset disant : [Ceux qui ont tourné les talons après avoir appréhendé le bon chemin]. Vous avez mal compris de quelle obéissance il s’agit ni de quels points notoires auquel fait allusion ce noble Verset.


Le déroulement du traité d’el Hudaïbiya nous apprend que le Messager d’Allah s’est plié aux exigences et conditions des païens. Cela suffit pour réfuter votre mauvaise compréhension et votre conception erronée.


À suivre…







[1] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra.

[2] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra.

[3] Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya recense dix facteurs qui épargnent le pécheur croyant du châtiment :
  1. Le repentir sincère efface le péché comme s’il n’avait jamais été commis.
  2. La demande de pardon (istighfâr).
  3. Les bonnes actions effacent également les mauvaises actions : [Les bonnes actions chassent les mauvaises] [Hûd ; 114]
  4. Les invocations et l’intercession des croyants en faveur du pécheur, avant et après sa mort.
  5. Les bonnes œuvres qu’ils lui dédient afin de les mettre à son actif.
  6. L’intercession prophétique.
  7. Les épreuves qu’il subit sur les choses qui lui sont chères (sa personne, ses biens, sa famille, etc.).
  8. Les épreuves de la tombe dans l’entre-monde (barzakh) où il sera interrogé par les anges, juste après que la terre va compresser ses côtes.
  9. Les affres du Jour de la résurrection.
  10. La Miséricorde du plus grand des Miséricordieux.

[4] Rapporté par el Bukhârî, selon ‘Omar.

[5] Voir pour ce dernier : http://mizab.over-blog.com/article-l...-66689875.html
‘Abd e-Lâtif ramène trois causes à l’origine de la mauvaise compréhension des paroles des savants que les égarés reprennent à leur compte :
  1. Soit, en utilisant certains de leurs passages dont leur sens est vague, alors qu’il incombe de tous les regrouper pour les éluder. Voir : E-durar e-saniya (1/469).
  2. Soit, en prenant pour argent comptant certaines expressions sévères que les savants utilisent pour fustiger leurs adversaires dans leurs réfutations. Idem. (1/469).
  3. Soit, en reprenant à leur compte les erreurs des savants. c’était justement le cas de Hamd ibn ‘Atîq sur la question de la muwâlât. Certains de ses passages, qu’il fallait mettre sur le compte de l’erreur, portaient à confusion. Idem. (8/369).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ