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ÞÏíã 06 Jan 2015, 07:16 PM
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Aimmat e-da’wa et le hukm bi ghaïr mâ anzala Allah
(Partie 3)


Les causes de la mécréance touchent soit au tasdîq (qawl el qalb) soit à l’iltizâm (‘amal el qalb)


Dans l’un de ses ouvrages, Sheïkh Sa’dî affirme : « En un mot, en démentant (takdhîb) Allah ou en démentant Son Messager dans les enseignements qu’il rapporte, on devient mécréant ; ou bien, en n’adhérant pas (lam yaltazim) aux commandements d’Allah et de Son Messager. Toutes ces choses s’opposent à la foi conformément au Coran et à la sunna. Tous les discours des légistes expliquant en détail les formes d’annulations reconnues de l’Islam reviennent à cette cause. »[1] La cause en question, c’est le takdhîb ou ‘adam el iltizâm. Ainsi, l’ambiguïté que peuvent susciter ces paroles se dissipe, car il veut dire que l’origine du kufr a lieu soit au niveau du qawl el qalb soit au niveau de ‘amal el qalb.


Ainsi, nous pouvons mieux comprendre les paroles d’Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân qu’il emprunte à ibn el Qaïyim, et disant : « Il existe deux sortes de kufr : kufr ‘amal et le kufr juhûd wa ‘inâd qui consiste à renier une chose en sachant pertinemment qu’elle vient du Messager (r) par obstination et dénégation.


Cela concerne les Noms du Seigneur, Ses Attributs, Ses Actions, Ses Lois qui ont pour base, Son tawhîd et Son adoration unique sans Lui vouer le moindre associer. Cette forme d’apostasie s’oppose à la foi à tous les niveaux. Concernant le kufr ‘amal, il y a certains actes qui s’opposent à la foi à tous les niveaux, comme se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, tuer voire offenser un prophète. Quant au hukm bi ghaïr mâ anzala Allah et l’abandon de la prière, ils relèvent du kufr ‘amal non du kufr i’tiqâd. »[2]
Il parle de l’origine du kufr qui a lieu soit au niveau du qawl el qalb soit au niveau du ‘amal el qalb. Le juhûd qui touche au qawl el qalb est souvent accompagné du ‘inâd qui touche au ‘amal el qalb et qui, souvent, en est la motivation.[3] Sheïkh Hâfizh el Hakamî fait la même classification.[4]


Il devient plus facile également de comprendre le passage controversé de Sheïkh Hâfizh el Hakamî expliquant : « Si on nous demande : se prosterner devant une idole, dénigrer le Coran, insulter le Messager (r), se moquer de la religion, etc. relèvent du kufr ‘amalî (mécréance des actes), et pourtant ils font sortir de la religion, alors que vous avez défini le kufr ‘amalî par la mécréance mineure. » Puis, il enchaîne : « Sache que ces quatre annulations de l’Islam et autres relèvent du kufr ‘amalî uniquement dans le sens où elles proviennent des membres ; c’est ce qui apparait aux gens. Cependant, elles ne peuvent provenir sans perdre les actes du cœur (‘amal el qalb), comme l’intention, la sincérité exclusive, la soumission. Il ne reste plus rien de ces sentiments. Ainsi, bien qu’elles proviennent des actes en apparence, elles impliquent obligatoirement le kufr i’tiqâdî (la mécréance du cœur). Celles-ci ne peuvent provenir que d’un hypocrite, renégat, obstiné et tyran. »[5]


Sheïkh Hâfizh el Hakamî explique qu’en fait, le kufr extérieur implique le kufr intérieur, et c’est dans ce sens qu’il utilise le terme kufr i’tiqâdî, non qu’à ses yeux, il n’y a pas de kufr ‘amalî mukhlij min el milla.


La position de l’ancien Mufti Mohammed ibn Ibrahim


Même Mohammed ibn Ibrahim, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite (dont la position sur les qawânîn el wadh’iya est connue de tous à travers son fameux tahkîm el qawânîn) adhère au principe de départ établit par ibn el Qaïyim (que reprend Abd e-Latîf comme nous venons de le voir), et dont il se sert en disant : « Allah appelle mécréant celui qui n’applique pas Ses Lois. C’est donc un mécréant dans l’absolu ; soit en faisant du kufr ‘amalî soit en faisant du kufr i’tiqâdî. L’annale d’ibn ‘Abbâs en exégèse à ce Verset et qui est rapporté par la voie de Tâwûs et d’autres expriment que celui qui n’applique pas les Lois d’Allah est un mécréant, soit en faisant du kufr i’tiqâdî qui fait sortir de la religion soit en faisant du kufr ‘amalî qui ne fait pas sortir de la religion. »[6]


5 ans après l’impression de tahkîm el qawânîn, l’ancien grand Mufti d’Arabie Saoudite donne plus de détails sur ses positions (bien qu’il soit possible, en réalité, qu’elle soit un autre avis), à travers une fatwa, qui, elle, est moins célèbre. Il souligne en effet : « De la même manière, il faut mettre en pratique la définition de Mohammed rasûl Allah. Cela consiste à appliquer sa législation, à s’y soumettre, et à abandonner toutes les législations et les coutumes qui s’y opposent, et pour lesquelles Allah n’a donné aucune autorité. Ces législations qui vouent celui qui les applique en étant convaincu qu’elles conviennent et qu’il est permis de le faire, à la mécréance qui fait sortir de la religion. S’il ne le fait pas par conviction ni en autorisant à le faire, il est coupable d’un mécréance qui relève du kufr ‘amalî et qui donc, ne fait pas sortir de la religion. »[7]


Il reprend exactement le discours de son aïeul ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan que nous avons vu plus haut et que nous reproduisons ici : « … la sunna est venue pour expliquer que l’obéissance doit se faire dans les limites du convenable ; ces limites correspondent aux actes obligatoires et recommandés qu’Allah a imposé et agréé pour Ses serviteurs. Il est cependant interdit de se référer à des jugements qui puisent leur source dans une législation illégitime, et qui va à l’encontre du Coran et de la sunna, comme les lois grecques, franques, tatares ; tous ces codes qui proviennent de leur propres réflexions et penchants. Nous pouvons en dire autant des coutumes et des traditions bédouines en usage. Quiconque les autorise moralement (istahalla) dans les affaires de sang ou autre est un mécréant. Allah (I) révèle à ce sujet : [Ceux qui n’appliquent pas les Lois d’Allah sont eux les mécréants]. Certains exégètes expliquent au sujet de ce Verset qu’il s’agit ici du kufr dûn el kufr el akbar. Ils en comprennent en effet qu’il englobe également celui qui n’applique pas les lois d’Allah, sans toutefois l’autoriser moralement.
Néanmoins, ils ne contestent pas que son sens général concerne celui qui l’autorise moralement, et qu’il sort ainsi de la religion. »[8]


Plus récemment, Son petit-fils Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh relativise énormément son discours. Qu’on en juge : « Parmi les tâghût, nous avons les gouverneurs tyrans qui changent (mughaïyr) les Lois d’Allah (Y)… Le gouverneur d’un pays impose par exemple d’effacer du Coran le Verset sur l’intérêt, en changeant ainsi la Loi d’Allah, ou d’enlever l’interdiction de commettre l’adultère que dénotent certains hadîth (…) Il faut bien faire attention au terme « changer » qui est ici synonyme d’abroger une Loi du Coran. Ce cas est différent de celui qui reconnait telle loi, mais qui en applique une autre. Il ne s’agit pas dans ce cas de mughaïyr. Il ne prétend pas abrogé une Loi d’Allah, mais, il se donne des prétextes comme le contexte actuel qui rend l’application de cette loi difficile, etc. Il peut être excusable comme il peut ne pas l’être, c’est en fonction des cas. »


C’est à la lumière de ces explications que nous pouvons comprendre les paroles d’ibn Bâz à qui on posa la question suivante : « Est-il vrai que Mohammed ibn Ibrahim voyaient le takfir des hukkâms, sans faire de détails ?
  • Il voyait le takfîr de tous ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah. ils sont en effet des mécréants. Cette opinion est celle de tous les savants sans exception et disant que ceux qui autorisent moralement à ne pas appliquer la Loi d’Allah sont des mécréants ; et que ceux qui le font en étant motivés par les passions ou pour toute autre raison, sans l’autoriser moralement, dans ce cas, il s’agit du kufr dûn kufr. »[9]


Or, quand bien même, la position de l’ancien Mufti serait la bonne, il n’empêche que ce dernier, au même titre que son petit-fils fait la distinction entre le takfîr el mutlaq et le takfîr el mu’ayyin et condamne fermement l’anarchie. Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh a reconnu récemment à l’occasion de la soutenance de la thèse ès Doctorat taqrîrât aimmat e-da’wâ fî masâil el îmân dont il fut l’un des membres du jury : « Toutes les déviances auxquelles nous assistons aujourd’hui viennent du problème du hukm bi ghaïr ma anzala Allah ; déviances provenant des mouvements radicaux islamiques (djihadistes, takfiristes), qui perpétuent des attentats et le takfîr des pays musulmans pour défendre leur point de vue sur la question. »


Lettre d‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân


L’Imam ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan, l’un des fameux descendants de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb adressa une lettre à l’un de ses contemporains, qui ressemble étrangement à ceux d’aujourd’hui qui se réclament pourtant de la pensée wahhabite pure et dure. En voici quelques extraits :


De ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan à ‘Abd el Azîz el Khatîb : e-salâm ‘alâ man ittaba’a el hudâ wa ‘alâ ‘ibâd Allah e-sâlihîn !


Wa bar’d : J’ai bien lu ta lettre, j’en ai bien compris le contenu et le sens des excuses auxquelles tu fais allusion. Néanmoins, tu as tort de remettre en cause les reproches qui te furent imputés par mon père, notre Sheïkh (‘Abd e-Rahmân ibn Hasan ndt.), et disant que vous avez taxé de mécréants (kaffar) ceux qui suivent la bonne voie, et que vous êtes convaincus d’avoir fait le bon choix. Tu les remets ainsi en cause en clamant ton innocence. Tu prétends que tes frères de Naqî’ ne sont pas d’accord avec toi sur notre position. À leurs yeux, nous nous serions tus face à certains problèmes.


Tu sais pertinemment qu’un tel discours a souvent pour vocation de prendre à partie la bonne croyance (‘aqîda) et la bonne voie. Quant bien même ils n’afficheraient pas le takfîr ouvertement, il n’en demeure pas moins qu’ils tournent autour du pot. Qu’Allah nous préserve de l’égarement après que nous ayons connu le droit chemin !


En 1264 h. j’ai rencontré à el Ah deux hommes égarés de votre acabit qui avaient coupé avec la mosquée et la prière du jumu’â. Ils s’inspiraient des mêmes arguments que les vôtres pour kaffar les habitants musulmans de cette région. Ils les accusaient de s’asseoir et de fréquenter ibn Faïrûz, et d’autres personnes de son genre qui n’avaient pas renié le tâghût. Ce fameux ibn Faïrûz refusait également de kaffar ouvertement son grand-père,[10] Un farouche opposant de la prédication du Sheïkh Mohammed. Leur argument était : celui qui ne prononce pas ouvertement son takfîr est un kâfir comme lui, pour ne pas avoir renié le tâghût. Celui qui s’assoit avec lui a droit au même statut.


Ils firent suivre à ces deux prémices mensongères et égarées les mêmes implications que les règles de l’apostasie sur laquelle il ne règne aucune confusion. Ils décidèrent notamment de ne plus répondre à son salut. Leur affaire me fut alors soumise. J’ai demandé à ce que les deux accusés comparaissent devant moi. Je les ai menacés et ai utilisé un ton très sévère avec eux. Tout d’abord, ils prétendirent que leur croyance était conforme à celle du Sheïkh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et qu’ils avaient ses lettres en mains.


C’est alors que j’ai dévoilé leur conception erronée ; j’ai détruit leurs arguments tendancieux, en utilisant les miens, ceux qui me vinrent à l’esprit lors de cette audience. Je leur ai fait savoir que le Sheïkh n’avait aucun lien avec leur pensée et que ce dernier appliquait le takfîr uniquement sur des choses sur lesquels régnait le consensus des musulmans : la grande association (shirk akbar), renier les Versets et les signes d’Allah et de Son Messager, ou toute faute du genre.[11] Et cela, uniquement après avoir établi les preuves célestes contre le fautif et de les lui avoir fait parvenir de la façon qu’il convient.[12]
Ex. : le takfîr des adorateurs des saints en leur vouant une part de leurs invocations, et en faisant d’eux des rivaux au Seigneur dans des domaines que Lui Seul est digne de recevoir de la part de Ses créatures : la divinité et l’adoration.


Ces points font l’unanimité des savants. Toutes les tendances qui suivent scrupuleusement une école de fiqh consacrent à ce domaine un chapitre extraordinaire dans lequel ils établissent les règles de l’apostasie : ses causes, ses implications. Ils mentionnent [notamment] l’association. Ibn Hajar [el Haïthamî] consacra sur le sujet un ouvrage qu’il intitula el i’lâm bi qawâti’ el islâm.


Les deux Perses en question affichèrent alors le regret et se repentirent. Ils prétendirent que la vérité leur était devenue plus claire. Par la suite, ils se rendirent sur le littoral, et prêchèrent leur tendance. Nous apprîmes qu’ils avaient kaffar les gouverneurs musulmans et qu’ils avaient envoyé des courriers aux pouvoirs égyptiens. Ils allèrent jusqu’à kaffar les Sheïkh musulmans qui avaient des relations avec ceux auxquels ces courriers étaient adressés. Qu’Allah nous préserve de l’égarement après que nous ayons connu le droit chemin, et qu’Il nous préserve de passer d’une bonne à une mauvaise situation !


À suivre…







[1] El irshâd ilâ ma’rifa el ahkâm (p. 210).

[2] Voir : usûl wa dhawâbit fî e-takfîr de l’érudit ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan.

[3] La nuance entre le takdhîb et le juhûd se résume en deux points :
  • Le kufr juhûd consiste à démentir avec la langue, tout en ayant connaissance de la chose au fond de soi.
  • Le kufr juhûd est alimenté par l’obstination.

Voir : madârij e-sâlikîn d’ibn el Qaïyim (1/367).
[4] A’lâm e-sunna el manshûra (p. 175).

[5] 200 suâl wa jawâb fî el ‘aqîda (p. 99).

[6] tahkîm el qawânîn (p. 15).

[7] El fatâwa (1/80).

[8] Manhâj e-ta-sîs wa e-taqdîs (p. 70-71).

[9] Majmû’ el fatâwâ wa el maqâlât (28/271).

[10] L’un des détracteurs acharnés de la da’wâ salafiya.

[11] Voir : e-durar e-saniya (1/102).

[12] Voir : http://mizab.over-blog.com/article-l...-66690175.html

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