ÇáãæÖæÚ: Jahm ibn Safwân
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ÞÏíã 14 May 2013, 05:24 PM
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Jahm ibn Safwân
(Partie 3)


L’imam Ahmed : « Il incombe à toute personne qui s’initie à parler de figh d’éviter ces deux principes : les notions vagues et l’analogie. » Il a dit également : « La plupart des erreurs des gens proviennent de la mauvaise interprétation et de l’analogie. » [El qawâ’id e-nurâniya de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (2/437).]


Sa mise à mort


Son exécution eut lieu à l’extérieur des murs de Murû, sur les rives de la rivière Balkh, mardi 10 jumâdî el âkhira en l’an 128 h. ‘Abd Rabbih fut le nom du bourreau qui reçut l’ordre de condamnation de son maitre, Silm ibn Ahwaz, le chef de la garde de Nasr ibn Sayyâr. Ce dernier avait envoyé le propre fils du condamné chez les rebelles (qui avaient fait camp juste en dehors de la ville) pour pourparler avec lui et lui offrir l’amnistie.


Ce refus sonna l’assaut du camp où ses occupants furent passés au fil de l’épée. Jahm compta parmi les prisonniers et fut décapité sur place.[1]


Les spécialistes ne sont pas unanimes sur la raison de son exécution. Si la plupart avancent des raisons politiques comme nous venons de le voir, d’autres, à l’image d’ibn Taïmiya, relativisent quelque peu, en mettant en avant son hérésie qui déclencha les « foudres » du Sultan de l’époque.[2] Il avait osé dire notamment qu’Allah ne parla jamais à Mûsâ.[3]


L’Imâm Ahmed explique que les jahmites renient le caractère incréé du Coran. Lors de son fameux débat qui l’opposait à certains d’entre eux, il les entendit contester avec force qu’Allah parla à Moïse. Et lorsqu’il leur en demanda la raison, il eut pour réponse : « Allah n’a jamais parlé et ne parleras jamais. Il ne fit que concevoir une chose qui relata ses paroles ; il créa un son qu’il fit entendre en son nom. » Selon eux, poursuit l’Imâm, la parole n’est pas possible sans gosier, une langue et une bouche.[4]


Ibn Taïmiya explique que Jahm reprit l’idée à el Jahd, mais que, pour sauver sa peau, il fut obligé d’afficher son assentiment au crédo officiel qu’il détourna à l’aide d’un subterfuge en disant : « Il crée sa parole dans un endroit, comme le vent, et les feuilles des arbres. » [5] Il reconnut l’Attribut de la Parole pour échapper à l’inquisition, mais avec une nuance, en avançant qu’Allah parle, mais de façon imagée. Les philosophes sabéens disaient déjà que la parole était une émanation divine qu’Allah insuffle dans l’âme des prophètes.[6]
Philon, dont nous allons parler, commente l’épisode du mont Sinaï, en disant que ce jour-là, Yahvé fit un miracle bénit. Il ordonna la création d’un « son » invisible dans l’air. Ce « son » fut doué de la parole et se faisait entendre.[7]


Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de mal à conjuguer entre ces deux raisons, étant donné que Jahm était recherché par les armées omeyyades bien avant cette affaire, depuis l’époque où il délaissa la prière par scepticisme.[8] Ce fameux Silm ibn Ahwaz aurait même reçu une missive d’Hishâm ibn ‘Abd el Malik réclamant la tête de cet hérétique en fuite.[9]


L’influence du panthéisme hindouiste


Réf. Wiki : Le Dieu des Védas, dans l'acception panthéiste voire panenthéiste du terme, est le Brahman, qui est la Réalité Ultime, l'Âme Absolue ou Universelle (Paramatman), l'Un.
« Tu es la femme. Tu es l'homme. Tu es l'abeille bleue et le vert papillon aux yeux rouges. L'éclair est ton fils. Tu es les saisons et les mers. Tu es le Tout, tu es l'omniprésent ; tout ce qui est naît de toi. »
— Oupanishad.


Le Brahman est l'indescriptible, le neutre, l'inépuisable, l'omniscient, l'omniprésent, l'original, l'existence infinie, l'Absolu transcendant et immanent, l'éternel, l'Être, et le principe ultime qui est sans commencement et sans fin,– dans l'univers entier. Le Brahman (qui ne doit pas être confondu avec la divinité Brahmâou le nom des prêtres hindous, les brâhmanes) est vu comme l'Âme Cosmique.


Cet Absolu, que les hindous désignent aussi par le nom de tat en sanscrit (« Cela ») est par sa nature même impossible à représenter. L'Absolu est tantôt manifesté :Tat Tvam Asi (तत्त्वमसि : Tu es Cela), ou « Tout cela est Brahman » disent les Écritures, tantôt non-manifesté : « le Brahman est Vérité, le monde est Illusion », disent aussi les Écritures.
« Il se meut et il ne se meut pas, il est loin et il est proche. Il est au-dedans de tout et il est au-dehors de tout. »
— Iça Oupanishad.


Il est parfois évoqué un Brahman supérieur, le Parabrahman. Le Brahman peut en effet être considéré sans attributs personnels, sans forme (Nirgouna Brahman), d'une façon totalement abstraite, ou avec attributs, avec forme, au travers de la multitude des divinités (Sagouna Brahman).


« Si dans la Multitude nous poursuivons avec insistance l'Un, c'est pour revenir avec la bénédiction et la révélation de l'Un se confirmant dans le Multiple. »
— Shrî Aurobindo


Depuis Georges Dumézil qui a mis en lumière la fonction triadique dans les civilisations Indo-Européennes, un parallèle formel entre la trimurti et la trinité chrétienne peut être établi (ce qui n'induit pas un rapprochement théologique entre les traditions chrétiennes et hindoues) : en effet, en Inde, on représente la divinité comme triple, on appelle ce principe la trimurti dans le panthéon hindou : Brahma, Vishnu et Shiva, sont trois aspects du divin. Brahma désigne symboliquement le créateur, Vishnu représente le conservateur et Shiva représente le destructeur dans le cycle de l'existence. Cette triple Nature se rapprocherait de l'énoncé de l'européen médiéval : spiritus, anima, corpus.


On prendra garde à ne pas confondre Brahman, l’être suprême et la source ultime de toute énergie divine, et Brahma, le créateur du monde.


L’influence grecque dans la conception de la foi


Par souci de classification, la logique grecque établit des principes qui restent au stade de la pure représentation mentale, mais qui n’ont aucune place dans le monde réel.[10] Quand ils parlent de l’Homme, en tant qu’espèce et dans l’absolu, ils font allusion au genre humain, cet ensemble dans lequel entrent tous les membres de son espèce. C’est une conception purement abstraite. Elle reste dans le monde des idées, indépendamment de toute application concrète. Quand on prend un homme x, il n’est pas une partie de l’Homme absolu, étant donné que ce dernier n’existe pas.[11] Les philosophes les plus objectifs l’ont bien compris. Ils contestent ce que les anciens appelaient l’idéal platonicien. Sans entrer dans les détails, Platon avait imaginé un monde sans forme, purement utopique, et parallèle au nôtre.


Or, les conceptions absolues ne dépassent pas le stade de l’imagination, et celles-ci n’ont aucun lien avec la réalité.[12] Malheureusement, les mutakallimins ont repris ce principe pour l’appliquer au crédo musulman dans les domaines du tawhîd, des Attributs divins, du caractère incréé du Coran, et de… l’îmân.[13] Ils s’imaginent une foi absolue et imaginaire, et qui est une et indivisible. Ensuite, ils appliquent cette conception abstraite à un cas particulier qui est soumis aux lois de la nature et de la religion, et qui a ses propres caractéristiques. C’est ce qui les fait arriver à des conclusions aberrantes que les plus sensés d’entre eux ont cherché, souvent en vain, à pallier !


Ainsi, les jahmites se contentent de la ma’rifa sans l’iqrâr de la parole (qui est qawl e-zhâhir), qui est pourtant, la condition sine qua none pour gagner le salut et le bonheur éternel. C’est ce qui les différencie notamment avec les murjiya el fuqaha, pour qui le qawl e-lisân est indispensable.


Or, cela ne veut pas dire que pour eux, les actes ne sont pas obligatoires, comme nous l’avons démontré dans un article précédent.


Dans une analyse très pointue, ibn Taïmiya explique que les jahmites sont comparables aux philosophes grecs, bien que les jahmites soient plus proches de la vérité dans l’ensemble, car ils imposent les actes d’adoration et sont convaincus qu’ils sont utiles, contrairement aux philosophes et aux soufis ultras.


Le point commun entre les philosophes péripatéticiens et les jahmites, c’est qu’ils résument le bonheur dans la connaissance, soit mujarrad el ‘ilm wa e-tasdîq pour les seconds et la connaissance des choses telles qu’elles sont pour les premiers.[14]


À suivre…


Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/





[1] Târîkh e-Tabarî (7/333-335).

[2] Majmû’ el fatâwâ (35/414).

[3] Fath el Bârî d’ibn Hajar (13/358).

[4] E-sunna d’Abd Allah ibn Ahmed (1/172).

[5] Majmû’ el fatâwâ (6/477).

[6] Majmû’ el fatâwâ (12/352).

[7] The philosophy of the kalam Wolfson (p. 276)

[8] Sharh usûl el i’tiqâd de Lâlakâî (3/422).

[9] Sharh usûl el i’tiqâd de Lâlakâî (3/424).

[10] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/286).

[11] Majmû’ el fatâwâ (5/206).

[12] Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (1/301).

[13] Majmû’ el fatâwâ (7/405-407).

[14] Voir : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.












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