ÇáãæÖæÚ: Abâ Btîn
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  #4  
ÞÏíã 25 Dec 2014, 06:43 PM
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Ibn Bâbtîn
(Partie 4)


Ainsi, pour les savants de aimmat e-da’wa, le takfîr d’un cas particulier a lieu seulement après l’iqâma el hujja dès lors qu’il s’érige en ennemi de la religion de Mohammed.[1] Sheïkh ‘Abd Allah Abâ Btîn établit à ce sujet : « Le takfîr d’un cas particulier et sa mise à mort réclament de lui transmettre au préalable la preuve prophétique s’appliquant contre tous ceux qui s’y opposent. On ne devient pas forcément mécréant en ignorant un enseignement de la religion. »[2]


Il est faut de dire que les traditionalistes ne vouent personne à l’apostasie, mais ils soumettent leur jugement à des conditions. Sheïkh ‘Abd Allah Abâ Btîn établit à ce sujet : « … Auquel cas, nous lui sommons de se repentir, et s’il refuse, nous le mettons à mort. Or, la demande de repentir ne peut avoir lieu qu’avec un cas particulier. »[3] Certains savants de aimmat e-da’wa se sont abstenus de se prononcer sur certains cas particuliers, comme el Busaïrî, qui s’adonnaient à certaines pratiques païennes s’opposant clairement au dogme fondamental de la religion. La raison, c’est qu’ils n’avaient pas suffisamment d’éléments en mains pour les kaffar. Il existait en effet la forte probabilité qu’ils s’étaient imprégnés des conceptions erronées qui leur étaient difficiles d’évacuer.[4]


Or, Nous avons vu dans un précédent article qu’en fonction de savoir s’il provient d’un non-musulman ou d’un musulman, le kufr se divise en deux catégories pour lesquelles la loi prévoit des statuts différents :
  • Kufr as : qui sont les non-musulmans (qui se divisent en gens du livre et en païens)
  • Kufr târî : c’est l’apostasie (ridda) qui se vérifie au niveau du cœur, des paroles et des actes, et pour laquelle des lois spécifiques sont prévues.[5]


Sheïkh ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân explique : « … Les savants ont parlé au sujet du statut de ces gens-là (leur kufr leur shirk, et leur égarement). Il est connu de façon unanime chez les savants que l’auteur de tels actes qui prononcent les deux attestations de foi est taxé de kâfir et de murtadd après l’iqâma el hujja ; ils ne le considèrent nullement comme un mécréant d’origine. Je n’ai jamais vu quelqu’un le dire en dehors de Mohammed ibn Ismâ’îl dans sa risâla tajrîd e-tawhîd qui a pour titre tathîr el i’tiqâd. La raison qu’il avance, c’est que ces gens-là ne connaissent pas ce qu’exprime la parole de l’unicité, et par conséquent, ils ne sont pas entrés dans l’Islam pour ignorer le sens qu’elle exprime. Or, notre Sheïkh – en parlant d’ibn ‘Abd el Wahhâb – ne se range nullement avec lui sur ce sujet (ou lui concède nullement une telle opinion ndt.). »[6]


Cette opinion est donc shâdh (qui va à l’encontre de la grande majorité des savants ndt.) car en prononçant l’attestation de foi, l’individu devient musulman, du point de vue du statut terrestre (el hukm e-zhâhir) ; il incombe donc de se comporter avec lui comme avec les musulmans, tant que nous ne sommes pas sûrs du contraire. Auquel cas, il devient un apostat (murtadd). En revanche, en disant que c’est un mécréant d’origine, cela implique qu’il n’est même pas entré dans l’Islam sous prétexte qu’il n’ait pas compris le sens de la shahâda. Cette opinion va à l’encontre de la tendance que les savants ont établie, car comprendre son sens n’est pas une condition déterminant qu’une personne soit musulmane ou non. Cette condition est uniquement valable pour gagner le salut dans l’au-delà (el hukm el bâtin).[7]


L’apostasie (ridda) consiste à renoncer à la religion musulmane. Apostasier (irtadda) signifie : revenir en arrière, comme dans le Verset : [Ne tournez pas (lâ tartaddû) les talons, sinon, vous serez les vaincus].[8] Allah (I) révèle également : [Ceux qui reviennent sur leur religion, et qui meurent à l’état de mécréance, ils verront leurs œuvres s’annuler sur terre et dans l’au-delà ; ceux-là seront les habitants de l’Enfer où ils demeureront éternellement].[9] C’est une mise en garde redoutable faite aux croyants. [Ceux qui reviennent sur leur religion] : vous les croyants ; [et qui meurent à l’état de mécréance] : sans se repentir avant de mourir en revenant à l’Islam ; [ils verront leurs œuvres s’annuler] : supprimer ; [sur terre et dans l’au-delà ; ceux-là seront les habitants de l’Enfer où ils demeureront éternellement].


[Ceux qui tournent les talons, après que la bonne direction leur soit venue, ils se sont fait abusé par les promesses de Satan],[10] [Ô croyants ! S’il y en a parmi vous qui s’avisent à renier leur religion, alors sachez qu’Allah fera bientôt venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime ; ils seront humbles envers les croyants, fiers envers les infidèles, et ils combattront sur le sentier d’Allah sans craindre le blâme de personne].[11] [Ceux qui reviennent sur leur religion] : qui l’abandonnent. Ces Versets nous mettent en garde contre l’apostasie.


Au niveau des hadîth, le Prophète (r) a dit : « Le sang du musulman est sacré, sauf dans trois cas : l’homme marié adultère, le meurtrier, et l’apostat – C’est celui qui nous intéresse ici – qui s’écarte de la communauté. »[12] Un autre hadîth nous apprend : « Celui qui change de religion, tuez-le. »[13]


Dans la situation où les apostats forment un groupe, il faut prendre les armes contre eux, comme le fit Abû Bakr e-Siddîq (t), qui ramena les rebelles sous le joug de l’Islam. Certains apostats tombèrent au combat, d’autres se repentirent. Le premier khalife s’était ainsi conformé au Verset : [Ô croyants ! S’il y en a parmi vous qui s’avisent à renier leur religion, alors sachez qu’Allah fera bientôt venir un peuple qu’Il aime et qui l’aime ; ils seront humbles envers les croyants, fiers envers les infidèles, et ils combattront sur le sentier d’Allah sans craindre le blâme de personne].[14]


Les savants expliquent en exégèse à ce Verset qu’il fut révélé en l’honneur d’Abû Bakr et de ses hommes, les heureux vainqueurs contre la compagne d’apostasie. Ce Verset en effet parle d’un événement à venir. [S’il y en a parmi vous qui s’avisent à renier leur religion] : l’action est au futur ; [alors, sachez qu’Allah fera bientôt venir un peuple] : il s’agit d’Abû Bakr et des Compagnons du Messager d’Allah (r) qui matèrent la rébellion d’apostats.


Lorsqu’il s’agit d’un cas isolé, il faut le mettre aux arrêts, le sommer de se repentir sous peine de mise à mort. Son cas est différent du mécréant d’origine, pour avoir eu accès à la vérité, et embrassé l’Islam de plein gré. Il a reconnu que cette religion incarnait la vérité. En apostasiant, il démontre qu’il ne prend pas la chose au sérieux, et, dès lors qu’il n’a plus de circonstance atténuante, il faut le condamner à mort dans le but de préserver la croyance. La religion étant la première des cinq nécessités fondamentales. Celle-ci n’est pas un jeu ; il n’est pas permis d’y entrer et d’en sortir à sa guise. Son exécution a pour ambition de donner un exemple. Dans cette optique, en cas d’apostasie aggravée, le coupable est livré au supplice sans sommation. L’Islam cherche ainsi à préserver la première nécessité fondamentale de la vie humaine.


Il est donc très important d’étudier ces nawâqidh pour lesquelles les savants ont consacré des ouvrages, et des chapitres spéciaux dans le domaine du droit religieux (figh) qui s’intitulent : le statut de l’apostat. Chaque livre de figh est composé d’un chapitre ayant pour nom bâb hukm el murtadd ou kitâb hukm el murtadd. Cela concerne aussi bien les grands que les petits ouvrages.


Ceux-ci le définissent comme suit : renier sa croyance à l’Islam, soit au niveau de la croyance, soit par scepticisme sur des points qui touchent à la religion, soit au niveau des actes (prosternation, immolation, vœu consacré à une idole). Cela peut concerner également les paroles (blasphème contre Allah (I), le Messager (r), la religion musulmane) : [Dis : est-ce d’Allah, de Ses Versets, et de Son Messager que vous vous moquiez ? Il n’est pas la peine de vous excuser, car vous avez mécru après avoir connu la foi].[15]


L’apostasie a lieu au niveau des actes, de la croyance, ou ne serait-ce qu’en ayant un simple doute ; comme le fait de douter sur la légitimité de la prière, l’aumône légale, etc. Le doute peut porter sur l’Unicité. Il consiste à rester indécis entre deux choses. Bref, il y a de nombreuses sortes d’apostasie.[16]


À suivre…





[1] Voir : kashf e-shubhataïn de Sulaïmân ibn Sahmân (p. 75-76).

[2] Majmû’ e-rasâil wa el masâil (5/510).

[3] Majmû’ e-rasâil wa el masâil (5/510).

[4] Voir : e-durar e-saniya (1/34).

[5] Voir : e-takfîr wa dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

[6] Mish e-zhalâm (p. 22-23).

[7] Voir : nawâqid el îmân el i’tiqâdiya du D. Mohammed ibn ‘Abd Allah ibn ‘Alî el Wuhaïbî (1/284).

[8] Le repas céleste ; 21

[9] La vache ; 217

[10] Mohammed ; 25

[11] Le repas céleste ; 54

[12] Rapporté par el Bukhârî (6878) et Muslim (1676), selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd

[13] Rapporté par el Bukhârî (4/75), Abû Dâwûd (2/440), et e-Tirmidhî (6/243), selon ‘Abd Allah ibn Mas’ûd.

[14] Le repas céleste ; 54

[15] Le repentir ; 65-66

[16] Voir : sharh nawâqidh el Islâm de Sheïkh el Fawzân.

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