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ÞÏíã 16 Dec 2014, 05:44 PM
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Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux



Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 3)


• L’auteur du fameux raf’ e-lâima ‘an fatwâ e-Lajna e-dâima, Mohammed ibn Sâlim e-Dawsârî explique pour sa part, qu’il existe deux sortes d’istihlâl : 1- Ce que j’appelle autoriser moralement un interdit ou rendre licite un interdit, qui consiste à croire qu’un interdit est licite et inversement. 2- Ne pas adhérer (‘adam el iltizâm) à cet interdit.


Pour appuyer son idée, il se réfère à un texte d’ibn Taïmiya que nous reproduisons ici :


« En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. Même chose pour celui qui les autorisent sans que cela se traduise dans la pratique (min ghaïr fi’l). L’istihlâl, c’est, parfois, de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites, et parfois, c’est de ne pas croire qu’Il les a interdites. Le fautif accuse une défaillance au niveau de la foi de la Seigneurie divine (imân bi e-ribûbiya), mais aussi de la mission prophétique (imân bi e-risâla). Dans ce cas, c’est un reniement (jahd) pur, sans n’être basé sur aucune prémisse. D’autres fois, il sait qu’Allah les a interdites et il sait que le Messager interdit uniquement ce qu’Il interdit, mais il refuse d’adhérer (imtinâ’ ‘an iltizâm) à cette interdiction, et renie (‘inâd) l’interdiction en question. Cette forme de mécréance est pire que la précédente. Il peut très bien être convaincu qu’en n’adhérant pas à cette interdiction, il est passible de la punition divine.


En outre, ce refus et cette inacceptation (imtinâ’ wa ibâ) proviennent soit d’une défaillance au niveau de la croyance qui touche à la Sagesse et à la Puissance divine, ce qui revient à démentir (‘adam e-tasdîq) l’un des Attributs d’Allah. Soit, le fautif est motivé, malgré qu’il ne dément aucune chose de la religion, par un esprit de rébellion ou par la recherche d’un intérêt personnel. En réalité, cela relève de la mécréance (…)


Cette forme de mécréance est différente de la première. Celle-ci est reconnue de façon élémentaire par les musulmans. De nombreux passages du Coran condamnent un tel individu à la mécréance et soulignent que son châtiment est pire que le premier. »[1]


Or, ce discours mérite de plus amples explications :






1- Il est vrai qu’ibn Taïmiya conteste aux murjites de confiner le kufr dans le tasdîq ou qawl el qalb, c’est pourquoi, il parle des deux formes de kufr émanant du cœur, soit le juhûd et le ‘inâd. Il suffit de se pencher juste un peu avant le passage précédent pour s’en rendre compte : « Si l’individu commet un péché en étant convaincu (i’tiqâd) qu’Allah le lui a interdit, et en étant convaincu qu’il doit se soumettre aux obligations et aux interdictions d’Allah, il ne devient pas un mécréant. En revanche, en étant convaincu qu’Allah ne le lui a pas interdit, ou que, bien qu’Il reconnaisse cette interdiction, il refuse (imtinâ’) de l’accepter et n’accepte pas (ibâ) de se soumettre à Allah (idh’ân/inqiyâd), il est dans ce cas soit un renieur (jâhid) soit un obstiné (mu’ânid). »


2- Selon certains chercheurs, la différence entre le juhûd, le takdhîb, l’istihlâl, et l’inkâr, est très subtile. C’est la raison pour laquelle, certains savants peuvent utiliser l’un de ces termes pour en désigner un autre. L’essentiel, c’est de savoir que toutes ces formes de kufr touchent au qawl el qalb. Le juhûd est souvent accompagné du ‘inâd qui en fait en est la motivation.[2] Selon ibn Taïmiya, les légistes qui parlent de renier (juhûd) le caractère obligatoire des piliers de l’Islam, font allusion à la fois au takdhîb (en démentant son caractère obligatoire) qui touche au qawl el qalb, et à l’imtinâ’ (refuser) de les reconnaitre et d’y adhérer (iltizâm), et qui touche au ‘amal el qalb.[3] C’est la raison pour laquelle, aux yeux d’ibn Taïmiya, on peut avoir un tasdîq correct, et en même temps être un mécréant, ce que ne conçoivent pas les murjites.


3- Pour mieux comprendre, il serait intéressant de revenir à la définition de la foi au niveau de la Langue. Dans kitab el imân, ibn Taïmiya part dans une longue démonstration pour prouver que la foi n’était pas synonyme de tasdîq, et que le terme lui convenant le mieux était « iqrâr ».


La différence entre l’iman et le tasdîq, c’est que le deuxième touche uniquement au domaine des informations ou des enseignements (khabar), tandis que le premier réclame, en plus de cela, de se soumettre à cet enseignement (inshâ), et qui touche au domaine des commandements (amr). C’est ce qu’on appelle l’iltizâm qui consiste à y adhérer avec le cœur, dans le sens où le cœur s’apaise et se réconforte à l’écoute de cet enseignement (tu-manîna, amn).
La deuxième étape consiste à s’engager (iltazâm) à obéir. On parle pour quelqu’un qui se contente de croire sans s’engager à obéir de tasdîq qui est l’antonyme de takdhîb non d’îmân qui est l’antonyme du kufr au niveau de la Langue.


C'est pourquoi il est plus adéquat de définir la foi par le terme iqrâr qui réclame deux étapes :
  • Le khabar, dans ce sens, il est synonyme du tasdîq et de la shahâda.
  • Insha el iltizâm qui touche au domaine du amr.


Ainsi, la foi touche aux deux domaines : le khabar et l’amr. La foi s’est donc l’iqrâr qui ne se confine pas dans le tasdîq, mais elle renferme le qawl el qalb (tasdîq) et le ‘amal el qalb (el inqiyâd).[4]


4- Nous venons de voir que l’origine de la foi, c’est le tasdîq et l’inqiyâd. En parallèle, l’origine du kufr touche à ses deux domaines, soit au qawl el qalb/’amal el qalb, contrairement à la pensée des murjites, comme le signale à juste titre e-Dawsarî.


Dans le passage qu’il reprend, ibn Taïmiya explique que l’istihlâl au sens strict provient du cœur, et plus exactement du qawl el qalb.


Qu’en est-il alors pour l’iltizâm. Il se charge lui-même d’y répondre un peu avant ce passage, à travers des paroles extraordinaires que voici : « La Parole d’Allah est composée des enseignements (khabar) et des commandements (amr). Les enseignements réclame de croire (tasdîq) aux paroles de l’interlocuteur, et les commandements réclame de s’y soumettre (el inqiyâd et l’istislâm), qui correspond aux actes du cœur (‘amal el qalb), renfermant la soumission totale (khudu’ et inqiyad) aux commandements, même sans les mettre en pratique (in lam yaf’al el ma-mur bihi). En répondant à l’enseignement par le tasdîq et au commandement par l’inqiyâd, on obtient l’origine de la foi dans le cœur, qui n’est autre que l’apaisement (tu-manîna) et l’iqrâr. »[5]


Il explique la page suivante : « La foi est composée des paroles et des actes – je veux dire à l’origine – des paroles du cœur (qawl el qalb) et des actes du cœur (‘amal el qalb). La foi, conformément aux Paroles d’Allah et à Sa Révélation renferme Ses enseignements et Ses commandements. L’individu croit aux enseignements (tasdîq), ce qui va engendrer un état dans le cœur dont l’intensité sera en fonction de l’enseignement. Le tasdîq est une forme de savoir et de qawl. Puis, il se soumet au commandement ; c’est l’inqiyâd et l’istislâm qui est une forme de volonté et d’acte (irâda wa ‘amal). Il ne peut être croyant sans fournir les deux en même temps. En délaissant (taraka) l’inqiyâd, il devient un orgueilleux et compte ainsi parmi les mécréants, quand bien même il fournirait le tasdîq. »[6]


5- Ainsi, on peut adhérer à un enseignement avec le cœur et le délaisser dans les actes. Nous avons vu dans la première partie de l’article qu’Iblîs, n’a pas refusé de se prosterner, car il reniait l’aspect obligatoire de l’ordre qu’il avait reçu ; Allah en effet s’était adressé à lui directement. Cependant, il fut motivé par l’orgueil et l’obstination et rejoignit ainsi les rangs des mécréants.[7] Juste après le passage que Dawsarî utilise, ibn Taïmiya donne plus de précision en disant : « Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’ et l’inqiyâd, qui relève du qawl et du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal. » Il parle pour le premier ‘amal, du ‘amal el qalb, et pour le second, du ‘amal el jawârih.


6- « C’est la raison pour laquelle, explique ibn Taïmiya, juste avant le passage qu’utilise e-Dawsarî, selon les savants, celui qui désobéit à Allah par orgueil, comme Iblis est un mécréant, à l’unanimité. Et celui qui Lui désobéit en ayant succombé à ses passions ne devient pas mécréant pour les traditionalistes. Ce sont les kharijites qui considèrent qu’il est mécréant. Le désobéissant orgueilleux qui reconnait (tasdîq) qu’Allah est Son Seigneur, mais qui ensuite, s’obstine et s’oppose à lui, il remet littéralement en cause son tasdîq. »


7- Nous avons vu également que ‘adam el iltizâm ne consiste pas à persister à faire une faute (soit en délaissant une obligation soit en commettant une interdiction à plusieurs reprises), contrairement à la pensée kharijite.


Ibn Abî Zamanaïn explique à ce sujet : « Tout musulman qui meurt sans s’être repenti de son péché est laissé à l’initiative et à la Volonté du Créateur ; il ne convient à personne de s’ingérer dans les mystères d’Allah et de renier Son destin en prétendant qu’Allah refuse de pardonner à la personne qui persévère dans sa faute de la même façon qu’Il ne châtie pas les repentants ! (Il ne nous appartient pas de nous initier dans cela, gloire à Toi ! Quelle énorme calomnie !)[8] »[9]


Les premiers à considérer que la récidive est synonyme de mécréance, c’est la secte Najdât affiliée aux Kharijites.[10] Ibn Hazm fait la différence entre celui qui s’obstine à ne pas suivre la vérité, après que la preuve céleste soit établie contre lui (iqâma el hujja), sans chercher à s’opposer à Allah et à Son Messager (mu’âridh), en taxant ce dernier de pervers ; et celui qui le fait par opposition. Dans ce dernier cas, c’est un mécréant apostat.[11]


À suivre…


Par : Karim Zentici
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[1] E-sârim el maslûl (p. 521-522).
[2] Voir : nawâqidh el îmân el i’tiqâdiya qui est une thèse universitaire du D. Mohamed el Wuhaïbî (2/57).
[3] Voir : majmû’ el fatâwa (20/97-98).
[4] Voir : majmû’ el fatâwa (7/638)
[5] E-sârim el maslûl (p. 521).
[6] E-sârim el maslûl (p. 522).
[7] Majmû’ el fatâwâ (20/97).
[8] La lumière ; 16
[9] Usûl e-Sunna (p. 257).
[10] Voir Maqalât el Islâmiyîn d’Abû el Hasan el Ash’arî (1/175).
[11] El fisal d’ibn Hazm (3/302).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ