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ÞÏíã 19 Feb 2011, 03:59 PM
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Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux




Ibn Taïmiya et le tarkîb I

(Partie 6)




Voir : el usûl e-latî banâ ‘alaïhâ el mubtadi’a madhhabuhum fî e-Sifât (3/147-210) du D. ‘Abd el Qâdir ibn Mohammed ‘Atâ Sûfî, qui, à l’origine, est une thèse universitaire ès Doctorat.




Conclusion générale de ce chapitre




Il reste à poser la question de savoir s’il est possible de parler réellement de tarkîb pour ces cinq formes de composition hérétique. En réponse, ibn Taïmiya explique qu’il est impossible de trouver une réalité qui existe par elle-même, qu’elle soit nécessaire ou possible, n’ayant aucune caractéristique ou aucune attribut. Pourtant, ces mêmes hérétiques prétendent le contraire, soit que cette forme de « composition » est impossible, bien qu’en réalité, cette désignation soit incorrecte. Ils ont donc faux sur toute la ligne ![1]




Notons également que la plupart de ces tarkîb sont percevables par l’imagination, mais impossibles dans la réalité concrète. Ce qui éloigne encore plus la pertinence de les désigner par le terme de « composition » pour en parler. Cependant, fort de ses analyses chirurgicales empruntées d’une aisance hors du commun, ibn Taïmiya joue leur jeu et se joue d’eux en s’adressant à eux avec le vocabulaire qu’ils comprennent. Cette condescendance princière montre à quel point, il maitrise son sujet ; mais c’est surtout une façon plus éloquente de tenir à la gorge ses adversaires – et quels adversaires ! – qui, acculés dans leur propre camp, et pris dans leur propre jeu, ne savent plus comment se débattre.




Bref, le terme « composition » fut choisi par pure convention ; ni dans la langue arabe, ni même dans aucune autre langue, il n’est utilisé dans ce sens, sinon il faudrait dire que tout ce qui est existe est composé.




Je m’explique.




•La connaissance de toute chose est relative ; si l’on s’en tient à la définition nouvelle de la « composition » entrant dans son ensemble tout ce qu’il est possible de connaitre en partie ; cela veut dire que tout ce qui est existe est composé.[2]




•La langue n’utilise pas également le tarkîb pour décrire ce qui se distingue par sa couleur, son odeur, et son goût. Ex. : la pomme ; ces caractéristiques ne sont pas ses parties ni ses composantes.[3]




•La langue n’utilise pas non plus le tarkîb pour parler de la hauteur, de l’épaisseur, et de la largeur d’un homme. Elle ne dit pas non plus qu’il est composé de sa vie et de sa parole, etc.[4]




Il faut rendre à ibn Taïmiya ce qui est à ibn Taïmiya. Il était un encyclopédiste ayant dans sa boite une mer sans rivage, un hérésiographe et historiographe hors pair. Il n’était pas un vulgaire obscurantiste ennemi de la raison. Il ne faisait aucun complexe devant ces penseurs. Il leur laissait le choix des armes ; s’ils voulaient parler religion, il était là, et s’ils voulaient parler philosophie, il était toujours là. Il était encore plus philosophe que les philosophes, et il avait l’avantage, fait extrêmement rare, de maitriser les deux domaines !




En l’occurrence, les confusions des uns et des autres ne remettent nullement en question les réalités des choses. La raison ne s’oppose nullement à la Révélation, à condition qu’elle soit saine. C'est pourquoi elle conçoit tout à fait que, distinct de Sa création, Allah (I) puisse avoir des Attributs. Elle admet l’existence d’un Être nécessaire en Lui-même et indépendant par excellence. Elle oblige même que cet Être soit Vivant, Savant, et Puissant ; qu’Il soit doté d’Attributs inhérents à Son Essence, et qu’Il soit séparé de Sa création.[5]




Les hérétiques n’ont pas le droit, au nom de la raison grecque, de se marginaliser non seulement par rapport à la Révélation, mais par rapport à la langue arabe et à celle de toutes les civilisations ! Pire, ils n’ont pas le droit de s’opposer à la Raison, la vraie, la raison saine et universelle.[6] Ces hérétiques sont partis tellement loin dans les délires de l’égarement qu’ils s’imaginent un Dieu n’ayant aucune réalité si ce n’est que dans le monde des idées, et, pire, qui serait moins parfait que n’importe quelle création fictive ![7]




En annexe :




Ibn Taïmiya a plus d’une flèche dans son carquois. Il est certes passé maitre dans l’art de retourner contre l’adversaire ses propres arguments, en utilisant son propre jargon et ses propres atouts ; mais, sa panoplie polémiste ne s’arrête pas là. Il a sa propre méthodologie contre les réfractaires à la Révélation, en utilisant les arguments des uns pour les retourner contre les autres. Au summum de l’investigation, celle-ci réclame un grand bagage culturel, des compétences intellectuelles et discursives contre toute épreuve, et surtout une mémoire infaillible. En un mot, c’est un génie !




Pour en venir au sujet, fort d’une objectivité exemplaire, il se permet de reprendre les arguments de certains innovateurs dans le domaine des Noms et Attributs divins pour les retourner contre d’autres innovateurs du même type.




L’un des meilleurs exemples, pour le sujet qui nous concerne, est celui de Ghazâlî. Le damascène reprit à son compte sa fameuse réfutation aux philosophes Tahâfut el falâsifa qui dévoile au grand jour leurs contradictions. Il est vrai qu’à son tour, ibn Rushd prit sa plume pour prendre le contre-pied d’Abû Hâmid, mais, ibn Taïmiya, arbitra, du moins, pour ce round, en faveur du dernier cité.[8] Ibn Taïmiya alla plus loin en ce faisant son commentateur pour certains passages qui méritaient de plus amples explications.[9]




Il y a un autre homme de qui Sheïkh el Islâm reprit certains des arguments, et qui avait une vaste connaissance de la philosophie et de ses faces cachées. Familiarisé à leur jargon, Râzî était tout désigné pour endosser le rôle de détracteur du tarkîb, car personne n’allait douter de sa crédibilité dans ce domaine. Son engagement apportait de l’eau au moulin et, ayant plus d’impact, son nihâyat el ‘uqûl était à même de faire vaciller les réfractaires les plus résistants. Notons que Razî emprunta le même raisonnement qu’el Ghazâlî pour affaiblir l’argumentation de l’adversaire. Raisonnement qu’approuvera ibn Taïmiya, bien qu’il fût loin de partager ses idées.[10]




Wa Allah a’lam !











[1]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (5/142).
[2]Idem. (1/281).
[3]Idem. (1/281).
[4]Idem. (5/147).
[5]Idem. (5/147).
[6]Idem. (5/147).
[7]E-safdiya (2/230).
[8]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (3/402).
[9]Idem. (3/402-403).
[10]Idem. (6/295-296).

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