ÇáãæÖæÚ: Le destin
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ÞÏíã 26 Nov 2011, 04:07 PM
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Le destin
(Partie 2)


La chronologie de la prédestination


Dans son ouvrage shifâ el ‘alîl fî el qadhâ wa el qadar wa el hikma wa e-ta’lîl, ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – recense à un certain nombre de textes en relation avec ce sujet (notamment ceux ci-dessus) et il en fait une synthèse en disant :« Il s’agit du destin journalier qui vient après le destin annuel, qui, lui, vient après le destin personnel ».


- Le premier est déduit du Verset : [Chaque jour, Il est à l’ouvrage].
- Le deuxième est déduit du Verset : [Cette nuit-là, tout ordre sage est tranché].[1]
- Le troisième est déduit des hadîth qui parlent de la conception de l’enfant dans le ventre de sa mère.


Voici le passage en question en entier : « Il s’agit du destin journalier qui vient après le destin annuel, qui, lui, vient après le destin personnel ayant lieu le jour où l’âme entre en contact avec le corps ; celui-ci vient également après la première étape de sa formation à l’état d’embryon ; celui-ci vient après le destin antérieur à son existence, mais pas avant la création des cieux et de la terre ; c’est celui venant après qui est antérieur à leur création de cinquante mille ans. Chacun d’eux est la version détaillée du destin antérieur. Tous mettent en lumière la perfection du Savoir, de la Puissance, et de la Sagesse du Seigneur, et ils familiarisent un peu plus les anges et les pieux serviteurs avec Lui et Ses Noms. »


Puis, il enchaine : « Tous ces hadîthet ceux qui vont dans leur sens s’accordent à dire que le destin antérieur n’empêche nullement d’agir ni ne pousse à se reposer dessus. Il encourage plutôt à redoubler d’efforts. C’est pourquoi, lorsqu’un Compagnon en eut connaissance, il s’exclama : « Je n’ai jamais été autant motivé qu’aujourd’hui ! »


Abû ‘Uthmân e-Nahdî s’adressa à Salmân en ces termes :« Moi, je suis encore plus heureux de savoir qu’il y a une écriture antérieure que d’assister à sa concrétisation. »


Autrement dit, Allah décréta dans Sa prescience qu’il aura tel destin ; Il le lui facilita et Il le prépara pour y arriver. Il fut donc plus heureux de savoir qu’Il lui avait prédestiné tel destin que de connaitre les causes à l’origine de sa concrétisation. »[2]


« celui-ci vient également après la première étape de sa formation à l’état d’embryon » : il fait allusion au passage de Hudhaïda ibn Usaïd disant : « Une fois que la nutfa (goutte de sperme ndt.)est fixée dans l’utérus après quarante ou quarante-cinq nuits, l’ange lui rend visite. » En revanche, dans le hadîth d’Abd Allah ibn Mas’ûd, cette visite a lieu au moment de lui insuffler l’âme. Nous sommes donc confrontés à une divergence chronologique entre les deux textes.


« celui-ci vient après le destin antérieur à son existence, mais pas avant la création des cieux et de la terre » : il parle du destin général qui est antérieur à la création des hommes et qui est extrait de la Table gardée, comme le confirme l’anecdote d’Adam précédemment citée, et dans laquelle Allah prédit pour sa descendance : « Ceux-là sont pour le Paradis, et ceux-là sont pour l’Enfer » Ce destin vient après la création des cieux et de la terre, car c’est à cette période qu’Adam fut sorti du néant, comme en témoigne le hadîth selon lequel Allah passa Sa Main droite sur le dos d’Adam (u), et d’où Il sortit sa descendance.


« c’est celui venant après qui est antérieur à leur création de cinquante mille ans » : c’est la première écriture qui correspond au destin général.


Ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – a eu le génie de nous reconstituer toutes les étapes du destin en regroupant et en recoupant tous les hadîth sur le sujet avec une précision incroyable. Il nous apprend que tous les destins ultérieurs au premier registre qui se trouve dans la Table gardée en sont les écritures détaillées. Celles-ci sont d’une précision impeccable et elles ne se trompent jamais. Elles mettent en lumière la perfection du Savoir, de la Puissance, et de la Sagesse du Seigneur (I). Ce dernier les mit à la connaissance de Ses créatures afin qu’ils se familiarisent avec Lui et qu’ils s’attachent à Lui davantage. Ils pourront ainsi reposer leurs espoirs en Lui, redouter Son courroux et L’adorer de la plus belle façon.


Il en va de leur intérêt qu’ils sachent dans les moindres détails comment se décompose le destin afin qu’ils apprennent à connaitre le Seigneur qu’ils adorent. Qu’ils aient accès à une partie de Sa Sagesse infuse, de Ses lois cachées et des raisons de la création. Toutes ces réponses sont dans les textes du Coran et de la sunna traitant du sujet. Ceux qui les veulent se distingueront ainsi des animaux qui ignorent la raison pour laquelle ils sont sur terre. C’est ce qui explique le passage : « Tous mettent en lumière la perfection du Savoir, de la Puissance, et de la Sagesse du Seigneur, et ils familiarisent un peu plus les anges et les pieux serviteurs avec Lui et Ses Noms. »


« Tous ces hadîthet ceux qui vont dans leur sens s’accordent à dire que le destin antérieur n’empêche nullement d’agir ni ne pousse à se reposer dessus » :Tous ceshadîth, en effet, font mention des actes, ce qui veut dire qu’ils ne vont pas en contradiction avec le destin. Allah (Y) dota à l’homme la volonté et la capacité. Puis, dans Son infinie Bonté, Il lui montra le bon et le mauvais chemin et le laissa choisir entre les deux. Il ne lui est pas demandé d’être un simple spectateur, mais plutôt d’agir. La connaissance de toutes ces choses incite à redoubler d’efforts dans le bon sens et à se détourner du mauvais chemin.


« C’est pourquoi, lorsqu’un Compagnon en eut connaissance, il s’exclama :« Je n’ai jamais été autant motivé qu’aujourd’hui ! » : Les Compagnons (y) étaient perspicaces. Quand ils apprirent que le destin était préécrit, ils devinrent plus entrain à faire le bien, sans jamais, par défaitisme, se reposer sur leurs lauriers.


Le sixième pilier de la foi


Le destin relève des mystères divins. Allah a prédestiné toute chose qui soit déjà dans l’existence ou non. Tous les événements et créations jusqu’à la fin du monde ont été écrits par avance dans la Table gardée (lawh el mahzh) : [Nous avons créé toute chose selon une mesure].[3] Notre sort n’est pas le fruit du hasard : [Tous les malheurs qui surviennent sur terre ou qui touchent vos personnes sont consignés dans un livre avant que Nous les ayons créés ; cela est, pour Allah, très facile].[4] En d’autres termes, Nous avons consigné toute chose dans le lawh el mahzh avant de la sortir du néant.


Aux deux extrêmes opposés, nous avons les qadarites et les jabarites


Cette question, comme tant d’autres, créa des dissensions au sein des musulmans et engendra deux extrêmes : les qadarites et les jabarites.


Les qadarites, qui sont les mu’tazilites, renient le destin. Les adeptes de Wâsil ibn ‘Atâ doivent leur nom à l’anecdote selon laquelle ils s’isolèrent de l’assise d’el Hasan el Basrî – qu’Allah lui fasse miséricorde –. Il s’était constitué en groupe et adoptèrent une nouvelle conception du tawhîd qui prenait ses distances avec le traditionalisme. Même dans le domaine de la foi, ils innovèrent leurs propres fondements qui sont connus sous le nom des usûl el khamsa, et que voici :


1- L’unicité :ils entendent par là, la négation des Attributs, car les reconnaitre, selon eux, cela revient à avoir plusieurs divinités. C’est ce qui les pousse à taxer de polythéistes tous ceux qui adhèrent aux Noms et Attributs divins.


2- La justice :par laquelle ils renient la prédestination qui serait, à leurs yeux, une forme d’injustice. Comment le Très-Haut pourrait-ils, à leurs yeux, châtier un homme dont le destin aurait déjà été scellé à l’avance ?


3- La morale : ordonner le bien et interdire le mal qu’ils confinent dans la révolte contre les autorités en place qui font régner la débauche, mais sans sortir des limites de l’Islam. La morale se concrétise donc dans les coups d’État.


4- Le statut intermédiaire : (manzila baïna el manzilataïn) c’est à cause de cette question qu’ils rompirent avec Hasan el Basrî – qu’Allah lui fasse miséricorde –. Ce dernier avait été questionné sur le statut de l’auteur d’un grand péché. « C’est un croyant ayant une foi faible » établit-il. Sa réponse ne dérogea pas au crédo traditionaliste qui s’oppose à deux tendances extrêmes : les kharijites pour qui il est mécréant, et les murjites qui voient en lui un croyant ayant une foi pleine. Nous disons donc qu’il est croyant en raison de sa foi et pervers en raison de son péché. Ces sectateurs se firent connaitre par cette tendance qu’ils innovèrent.


5- L’exécution de la menace divine : à leurs yeux, quand on entre en Enfer, c’est pour y rester à jamais. Les auteurs des grands péchés n’auraient pas le droit d’en sortir, car on ne peut à la fois mériter le châtiment et la récompense divine.






Le principe de justice chez les mu’tazilites


Ici, nous nous attelons au second principe, la justice.


Nous disions donc que la justice, selon le concept mu’tazilite, revenait à renier la prédestination. Notons tout d’abord que tant les qadarites et les jabarites sont dans l’erreur ; l’un étant à l’extrême opposé de l’autre.


Les qadarites reconnaissent le libre arbitre à outrance, mais cela leur demande de renier le Décret divin qui fut inscrit au préalable dans la Table gardée (lawh el mahzh). Ainsi, l’homme aurait une totale liberté sur ses faits et gestes, et le hasard tiendrait une grande place dans son devenir. Les ultras vont jusqu’à remettre en question qu’Allah (I)puisse connaitre une chose avant qu’elle ne se produise. Ils s’attaquent ainsi à Son Savoir antérieur ; il va sans dire qu’ils n’ont plus aucun lien avec l’Islam. La majorité d’entre eux, cependant, ne vont pas aussi loin. Ils disent simplement qu’Il n’a rien prédestiné, et qu’une chose peut se produire sans Sa Volonté, bien qu’Il soit au courant de tout ce qui va se passer. Dans el wâsitiya, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya souligne que les ultras avaient, à son époque, disparu ou presque. La tendance de la majorité est encore en vogue aujourd’hui.


S’ils furent baptisés de qadarites, c’est qu’ils renient le destin (qadar) qui pourtant est le sixième pilier de la foi. Ils accordent une importance excessive au pouvoir de l’homme, et s’opposent rigoureusement à toute ingérence divine.


La conception du destin chez les jabarites


Pour les jabarites (déterministes), qui comptent notamment les jahmites et leurs disciples, c’est le contraire. Ils mettent trop l’accent sur le destin et la Volonté divine, et ils oublient d’attribuer à l’homme la moindre prérogative. Selon eux, l’homme n’aurait aucun rôle dans tous ses faits et gestes. Il serait comme une feuille qui irait là où le vent l’entrainerait ou comme un mort entre les mains de celui qui ferait son lavage. L’excès dont ils font preuve dans leur adhésion au destin les a fait sombrer dans un déterminisme outrancier, et à qui ils doivent leur nom de jabarites.


À suivre…







[1]La fumée ; 4
[2]shifâ el ‘alîl fî el qadhâ wa el qadar wa el hikma wa e-ta’lîl.
[3]La lune ; 49
[4]Le fer ; 22


ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ