ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
  #5  
ÞÏíã 17 Dec 2014, 11:48 PM
ßÑíã ÒäÊíÓí
ÒÇÆÑ
 
ÇáãÔÇÑßÇÊ: n/a
ÇÝÊÑÇÖí

Au nom d’Allah, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux


Ibn Taïmiya et l’istihlâl
(Partie 4)


8- Dawsarî ne donne pas le passage d’ibn Taïmiya en entier. Il met trois petits points de cette façon (…) à la place du passage qu’il n’a pas jugé bon de reproduire. En soi, ce n’est pas un problème, les auteurs le font souvent, à condition de ne pas altérer le texte et les intentions de l’auteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le cas de Dawsarî, mais je dirai qu’il est dommage qu’il n’ait pas pris la peine de donner une indication de taille, sur le sens que donne l’auteur de ce passage à ‘adam el iltizâm.


Voici le texte que cachaient ces trois fameux petits points : « Il reconnait en effet et donne foi à tous les enseignements d’Allah et de Son Messager à la manière des croyants. Cependant, il déteste et arbore ces enseignements, juste parce qu’ils ne vont pas dans le sens de ses passions et ses ambitions. Il dit : je ne les reconnais pas (iqrâr) et je n’y adhère pas (iltizâm). Je déteste leur vérité qui me repousse. » Nous comprenons mieux désormais ce qu’ibn Taïmiya entendait ici par ‘adam el iltizâm.


9- Malheureusement, certains ont compris des paroles de Dawsarî qu’il existait deux sortes d’istihlâl : l’une au niveau du cœur et l’autre au niveau des actes. Celui qui ne reconnaitrait pas la deuxième serait, à leurs yeux, un murji. Rien n’indique explicitement dans ces paroles qu’il rejoint cette idée. C’est pourquoi, il vaut mieux ne pas entrer dans les spéculations, mais une chose est sûre, c’est que tout son discours ne va pas dans ce sens. Au début de sa démonstration en effet, il souligne qu’il existe deux sortes d’istihlâl : 1- Croire qu’un interdit est licite et inversement, ce qui touche au qawl el qalb. 2- Ne pas adhérer (‘adam el iltizâm) à cet interdit, ce qui touche au ‘amal el qalb. Ainsi, ces deux formes d’istihlâl émanent du cœur. Cet argument va donc à l’encontre de ceux qui l’utilisent.


Quant à l’istihlâl des actes, Sheïkh el ‘Uthaïmîn nous en donne le statut : « L’istihlâl : c’est croire qu’une chose interdite par Allah soit autorisée… Quant à l’istihlâl des actes, il faut regarder : par exemple, quelqu’un qui pratique l’usure et qui récidive, il n’est pas considéré mécréant s’il n’est pas convaincu que son acte est licite, étant donné qu’il ne l’a pas autorisé moralement. »[1]


Quant au fait que les actes expriment les intentions, c’est encore un autre sujet, qui ne va pas à l’encontre de notre développement, wa Allah a’lam !


10- Ainsi, en mettant le texte d’ibn Taïmiya en entier, il sera plus facile de deviner ses intentions. Je mets entre crochets les passages que Dawsarî n’a pas repris : « [Si l’individu commet un péché en étant convaincu (i’tiqâd) qu’Allah le lui a interdit, et en étant convaincu qu’il doit se soumettre aux obligations et aux interdictions d’Allah, il ne devient pas un mécréant. En revanche, en étant convaincu qu’Allah ne le lui a pas interdit, ou que, bien qu’Il reconnaisse cette interdiction, il refuse (imtinâ’) de l’accepter et n’accepte pas (ibâ) de se soumettre à Allah (idh’ân/inqiyâd), il est dans ce cas soit un renieur (jâhid) soit un obstiné (mu’ânid).»


C’est la raison pour laquelle, selon les savants, celui qui désobéit à Allah par orgueil, comme Iblis est un mécréant, à l’unanimité. Et celui qui Lui désobéit en ayant succombé à ses passions ne devient pas mécréant pour les traditionalistes. Ce sont les kharijites qui considèrent qu’il est mécréant. Le désobéissant orgueilleux qui reconnait (tasdîq) qu’Allah est Son Seigneur, mais qui ensuite, s’obstine et s’oppose à lui, il remet littéralement en cause son tasdîq.]


En explication à cela, nous disons que celui qui commet des péchés tout en les autorisant moralement (mustahill) est un mécréant à l’unanimité. Celui qui autorise moralement les interdictions venues dans le Coran ne peut prétendre à la foi. Même chose pour celui qui les autorisent sans que cela se traduise dans la pratique (min ghaïr fi’l). L’istihlâl, c’est, parfois, de croire (i’tiqâd) qu’Allah ne les a pas interdites, et parfois, c’est de ne pas croire qu’Il les a interdites. Le fautif accuse une défaillance au niveau de la foi de la Seigneurie divine (imân bi e-ribûbiya), mais aussi de la mission prophétique (imân bi e-risâla). Dans ce cas, c’est un reniement (jahd) pur, sans n’être basé sur aucune prémisse. D’autres fois, il sait qu’Allah les a interdites et il sait que le Messager interdit uniquement ce qu’Il interdit, mais il refuse d’adhérer (imtinâ’ ‘an iltizâm) à cette interdiction, et renie (‘inâd) l’interdiction en question. Cette forme de mécréance est pire que la précédente. Il peut très bien être convaincu qu’en n’adhérant pas à cette interdiction, il est passible de la punition divine.


En outre, ce refus et cette inacceptation (imtinâ’ wa ibâ) proviennent soit d’une défaillance au niveau de la croyance qui touche à la Sagesse et à la Puissance divine, ce qui revient à démentir (‘adam e-tasdîq) l’un des Attributs d’Allah. Soit, le fautif est motivé, malgré qu’il ne dément aucune chose de la religion, par un esprit de rébellion ou par la recherche d’un intérêt personnel. En réalité, cela relève de la mécréance. [Il reconnait en effet et donne foi à tous les enseignements d’Allah et de Son Messager à la manière des croyants. Cependant, il déteste et arbore ces enseignements, juste parce qu’ils ne vont pas dans le sens de ses passions et ses ambitions. Il dit : je ne les reconnais pas (iqrâr) et je n’y adhère pas (iltizâm). Je déteste leur vérité qui me repousse.]


Cette forme de mécréance est différente de la première. Celle-ci est reconnue de façon élémentaire par les musulmans. De nombreux passages du Coran condamnent un tel individu à la mécréance et soulignent que son châtiment est pire que le premier. [Il est dit dans ce registre : « Le Jour de la résurrection, l’homme le plus châtié sera un savant dont le savoir ne lui aura pas été utile. »[2]


Il s’agit d’Iblis et de tous ceux qui suivent ses pas. Ainsi, on peut facilement distinguer entre ce cas et le désobéissant, qui est convaincu de devoir faire telle obligation, mais qui succombe à ses passions et à sa mauvaise volonté (nufra). C’est ce qui le pousse à ne pas s’y plier. Sa foi renferme le tasdîq, le khudhû’ et l’inqiyâd, qui relève du qawl et du ‘amal, mais sans parfaire le ‘amal.] »[3]


11- Ainsi, il devient beaucoup plus facile de comprendre les paroles d’ibn Taïmiya disant : « Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage. Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, ou sinon, de simples ignorants. »[4]


Il veut nous dire que ces personnes deviennent mécréantes soit au niveau du qawl el qalb (istihlâl, juhûd, takdhîb,) soit au niveau de ‘amal el qalb (‘inâd, istikbâr, ibâ, imtinâ’, etc.). En sachant qu’un même individu peut renfermer plusieurs annulations de l’Islam à la fois. En outre, il est possible, en autorisant moralement à appliquer des Lois contraires à celles d’Allah, d’être motivé par la non-adhésion du cœur, wa Allah a’lam !


12- L’Imâm Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb a fait un résumé de ce long passage de Manhâj e-sunna. Il en ressort que le Négus n’était pas en mesure de gouverner sur ces sujets par le Coran. De nombreux individus qui sont élus gouverneurs et juges dans les rangs des musulmans et des tatars ne sont pas en mesure de faire appliquer la justice ; en sachant que : [Allah n’impose rien au-dessus des capacités].[5] Ensuite, il met le passage cité ci-dessus : « Beaucoup de gens qui se convertissent à l’Islam ne se soumettent pourtant qu’à leurs traditions en usage. Dans la mesure où ces derniers savent pertinemment qu’il n’est pas permis de mettre de côté les Lois d’Allah, s’ils n’y adhèrent pas (iltazama), ou si au contraire ils autorisent moralement (istahallû) à appliquer des lois contraires, ils sont de vulgaires mécréants, ou sinon, de simples ignorants. » Il nous fait comprendre qu’il a déjà fait allusion à ces ignorants en question dans le passage du Négus, et des gouverneurs dans son genre.


Ensuite, il explique que ce sont les kharijites qui utilisent le Verset : [Non, par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant qu’ils ne te soumettent pas leurs litiges…][6] pour kaffar les gouverneurs qui n’appliquent pas les Lois d’Allah. Puis, il nous fait un résumé de ce long exposé en débutant par « Wa el maqsûd ». Il conclut qu’il incombe dans l’absolu de gouverner selon la justice.


Le hukm bi mâ anzala Allah est une forme de justice particulière, il incarne même la plus parfaite forme de justice. Ce hukm incombe à toute la communauté dans les affaires qui touchent à la croyance et dans les affaires pratiques de la religion. Ainsi, celui qui n’y adhère pas (c’est le ‘adam el iltizâm), est un vulgaire mécréant.[7] Il va sans dire que le Négus, qui ne pouvait gouverner selon les Lois d’Allah n’est pas concerné par ce statut. L’essentiel, c’est que sa foi renferme le tasdîq (le qawl el qalb), le khudhû’ et l’inqiyâd (‘amal el qalb).




À suivre…



[1] Voir : el bâb el maftûh (3/97).

[2] Hadîth faible ; il est rapporté par e-Tabarânî dans e-saghîr (1/182-183), selon Abû Huraïra.

[3] E-sârim el maslûl (p. 521-522). La dernière phrase n’est pas précise dans le texte original ; l’auteur dit en effet qui relève de la parole et de la parole. Le contexte laisse à penser que c’est une erreur, wa Allah a’lam !

[4] Manhâj e-sunna (5/130).

[5] La vache ; 286

[6] Les femmes ; 65

[7] Masâil lakhkhasahâ el imâm que renferme majmû’ el mu-allafât (2/2/88-89).

ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ